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Stanisław Maczek

Stanisław Maczek, né le à Szczerzec et mort le à Edimbourg, est un général et héros polonais. Vétéran de la première Guerre mondiale, de la guerre polono-ukrainienne de 1918, de la guerre soviéto-polonaise de 1920, de la campagne de Pologne de 1939 et de bataille de France de 1940, il s'est illustré en tant que commandant de la 1re division blindée polonaise victorieuse aux combats de la Poche de Falaise-Chambois en 1944[1], puis en Belgique, aux Pays-Bas[2] (libération de Bréda) et enfin, en Allemagne, où elle prend le port de Wilhelmshaven et reçoit la capitulation de la garnison entière.

Stanisław Maczek
Stanisław Maczek

Surnom Baca
Naissance
Chtchyrets (Galicie, Autriche-Hongrie)
DĂ©cès (Ă  102 ans)
Édimbourg (Royaume-Uni)
Origine Drapeau de la Pologne Pologne
Grade Général d'armée
Années de service 1914 – 1947
Conflits Première Guerre mondiale
Guerre soviéto-polonaise
Campagne de Pologne (1939)
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Ordre de l'Aigle blanc Virtuti Militari (III Class) Virtuti Militari (IV Class) Virtuti Militari (V Class) Polonia Restituta (I Class) Polonia Restituta (III Class) Croix de la Vaillance Croix d'or du mérite (avec des épées) Grand Officier de l'ordre de la Couronne avec palmes (Belgique) Croix de guerre avec palmes (Belgique) Commandeur de la Légion d'honneur Croix de guerre avec palmes Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 (France) Commandeur de l'Ordre d'Orange-Nassau (Pays-Bas) Commandeur de l'Ordre de l'Étoile de Roumanie Commandeur de l'Ordre du Bain (Royaume-Uni) Ordre du Service distingué (Royaume-Uni)

Biographie

Fils du juge Witold Maczek de Drohobycz et de Anna née Czerny, Stanisław Maczek est né dans une petite bourgade près de Lwów, alors le grand centre culturel de cette partie de la Pologne annexée par l'Autriche. Sa famille est d'origine croate, et Maczek est le cousin du leader du parti paysan Vladko Maček.

Engagement patriotique

Après avoir obtenu son baccalauréat à Drohobycz, il entame en 1910 des études de lettres à l'université de Lwów, d'où il sort diplômé en philosophie et en belles lettres polonaises en 1914. Il a parmi ses professeurs quelques-uns des plus grands philologues de l'époque, dont Wilhelm Bruchnalski, et Józef Kallenbach (en). Il assiste également à des conférences données par Kazimierz Twardowski. En 1911, il suit trois mois de cours d'officier de réserve, puis s'engage dans l'Association du tir, organisation paramilitaire commandée par Józef Pilsudski.

Première Guerre mondiale

Lorsque la Première Guerre mondiale Ă©clate, Maczek est mobilisĂ© dans l'armĂ©e autrichienne, oĂą il complète son instruction d'officier de rĂ©serve Ă  l'Ă©cole du IIIe corps d'armĂ©e de Graz. Il est affectĂ© aux chasseurs tyroliens. En 1915, son rĂ©giment est transfĂ©rĂ© sur le front italien oĂą il reste jusqu'en 1918.

En 1916, le lieutenant Maczek est instructeur à l'école d'officiers attachée au XIVe corps d'armée, puis en octobre il retourne dans son régiment où il prend le commandement de la 8e compagnie qu'il mène aux combats le long de la rivière Isonzo. Blessé durant l'hiver 1917-1918, il passe trois mois de convalescence durant lesquels il obtient un diplôme universitaire. Il retourne au front à l'été 1918[3].

Au service de la Pologne indépendante

À l'annonce de l'armistice le , Maczek quitte son régiment et retourne dans la Pologne qui vient de recouvrir son indépendance. Si le jeune État voit son existence confirmée à la conférence de Versailles, ses frontières ne sont pas définies et ce sont les faits d'armes qui finiront par déterminer les contours de la jeune République de Pologne. Maczek rejoint l'Armée polonaise en formation, où il prend le commandement de la compagnie Krosno qui combat contre les forces de la République populaire d'Ukraine occidentale pour reconquérir la ville de Lwów. Les deux états se disputent cette région qui, avant les partages, appartenait à la Pologne. Faute d'un soutien suffisant et malgré de premières victoires, l'offensive polonaise tourne court et la guerre polono-ukrainienne s'enlise dans une guerre de tranchées jusqu'à la fin de l'hiver.

Au début de 1919, la compagnie de Maczek est versée au bataillon de Sanok et le lieutenant Maczek prend le commandement de l'ensemble. En , utilisant la mobilité et le facteur surprise, il prend et assure la défense de Drohobycz, puis passe à l'attaque et poursuit l'ennemi, prenant Kalusz et le pont sur la rivière Lomnica. La route de Stanisławów est ouverte et durant les derniers combats de la guerre polono-ukrainienne, Maczek est promu capitaine.

Lors de l'invasion bolchevique de la Pologne en 1920, il combat la cavalerie rouge de Boudienny à Lwów, puis se distingue à Oserdów où il repousse une brigade de cavalerie bolchevique, lui infligeant de lourdes pertes. Après le traité de paix de Riga, en , le capitaine Maczek est décoré de l'ordre de Virtuti Militari Ve classe et de la Croix de la Vaillance.

En 1922, il est promu major et affectĂ© comme officier d'Ă©tat-major au quartier gĂ©nĂ©ral de la 5e division d'infanterie de Lwow. En 1923-1924, il suit le cours annuel de formation complĂ©mentaire de l'École de guerre de Paris sous la direction du colonel Faury. En 1924, il se rend Ă  l'École d'Ă©tat-major de Varsovie d'oĂą il sort 5e de sa classe, et il est promu lieutenant-colonel. Il passe trois annĂ©es Ă  Lwow comme chef du Service de renseignement, Ă  la recherche de renseignements sur les agissements de l'URSS dans les rĂ©gions des frontières sud-est.  

De 1927 à 1929, il est adjoint au chef de corps du 76e régiment d'infanterie à Lida. De 1929 à 1935, il est chef de corps du 81e régiment d'infanterie à Grodno. En 1931, il est promu colonel.

En 1930, il épouse Zofia née Kurys.

En 1935, le colonel Maczek est nommé adjoint au commandant de la 7e division d'infanterie à Częstochowa. Il est décoré de la croix d'or du Mérite et de l'Ordre Polonia Restituta de 3e classe.

En automne 1938, Maczek est commandant de la première unité motorisée de l’armée polonaise, la 10e brigade de la cavalerie, au sein de l'armée " Cracovie " sous le commandement du général Antoni Szylling[4].

En Pologne

Lors de l'invasion allemande du , la brigade de Maczek combat dans les Beskides puis sur la rivière San. Son unitĂ© tient tĂŞte au 23e corps blindĂ© nazi et rĂ©ussit Ă  ralentir l’avancĂ©e allemande. Du 13 au , elle assure la dĂ©fense de Lwow, mais lorsque l'ArmĂ©e rouge envahit le territoire polonais le , le colonel Maczek reçoit l'ordre de quitter la Pologne.

Général Maczek

En France

Dans la nuit du 18 au , la brigade se regroupe et passe en Hongrie. Le colonel Maczek passe la frontière hongroise avec 1 500 hommes et tout le matĂ©riel, sans ĂŞtre vaincu par les Allemands. Il demande Ă  ses soldats de rejoindre la France par petits groupes pour Ă©viter d'ĂŞtre fait prisonniers. Ils gagnent la France oĂą se reconstitue l'armĂ©e polonaise sous l'Ă©gide du gĂ©nĂ©ral Sikorski, le commandant en chef et le premier ministre du gouvernement polonais en exil. Promu gĂ©nĂ©ral, Maczek prend le commandement du camp militaire de CoĂ«tquidan, centre de formation des unitĂ©s polonaises qui participeront Ă  la bataille de France. En , il quitte CoĂ«tquidan pour la rĂ©gion d'Orange-Bollène en prĂ©vision de la crĂ©ation d'une brigade motorisĂ©e[5].  

L'offensive allemande de amène un changement de situation et la 10e Brigade de cavalerie blindĂ©e du gĂ©nĂ©ral Maczek est appelĂ©e Ă  intervenir sur le front de la Marne. Avec un effectif rĂ©duit, puisqu'un seul bataillon de chars a perçu son matĂ©riel, la brigade combat sur le front de la Marne du 10 au , avec la mission de couvrir les divisions françaises qui se replient vers le Sud. Elle livre des combats Ă  Champaubert, Montmirail et s'illustre par la prise de Montbard. Ă€ partir du , sans carburant ni approvisionnement, son matĂ©riel est rendu inutilisable et abandonnĂ©. Les Polonais refusent la dĂ©faite française et le gĂ©nĂ©ral donne l'ordre Ă  ses unitĂ©s de gagner la zone libre pour embarquer vers la Grande Bretagne.

Maczek Ă  Falaise

Il passe par la Tunisie, le Maroc et Gibraltar pour se rendre en Grande Bretagne et plus prĂ©cisĂ©ment en Écosse. En , il est nommĂ© commandant de la 1re division de cavalerie blindĂ©e qui, en , est forte de 885 officiers et 15 210 soldats polonais avec Ă  leur disposition 381 chars de combat et 473 canons[6]. Le , la division polonaise dĂ©barque Ă  Arromanches et Courseulles-sur-Mer et intègre le 2e corps de la 1re ArmĂ©e canadienne[5]. Elle se voit confier la mission de contrer la dĂ©fense allemande dans la rĂ©gion Caen-Falaise.

Pour couper les axes de repli de l’armĂ©e allemande en dĂ©route, le gĂ©nĂ©ral Maczek dĂ©cide de s'appuyer sur les derniers contreforts du Pays d'Auge qui dominent la vallĂ©e sur la cote 262 nord Ă  Montormel et Coudehard. Les Polonais attaquent le et dix jours plus tard, ils ferment l’anneau encerclant la 5e armĂ©e blindĂ©e allemande dans la rĂ©gion de Chambois. La poche se forme : Canadiens et Polonais au nord, Anglais Ă  l'ouest, AmĂ©ricains et Français au sud. 100 000 Allemands se trouvent encore dans la poche que les Polonais viennent de clore, l'essentiel se trouvant sur la rive ouest de la Dive. Pour s'Ă©chapper de la poche, les Allemands doivent absolument conserver les ponts et ils contre-attaquent. Les Polonais offrent une rĂ©sistance farouche. IsolĂ©s sur la cote 262 nord du Mont Ormel, ils rĂ©sistent avec dĂ©termination et hĂ©roĂŻsme pendant trois jours Ă  tous les assauts de l'adversaire au prix de pertes sĂ©vères, en dĂ©fendant la colline Ă  la baĂŻonnette quand les munitions viennent Ă  manquer. Finalement, le Ă  12 h, les Canadiens rejoignent les Polonais : la poche est fermĂ©e. En refermant la poche de Falaise, les Forces alliĂ©es permettent un tournant dĂ©cisif du conflit mondial contre l’Allemagne. FĂ©licitĂ© par le marĂ©chal Montgomery, le gĂ©nĂ©ral Maczek dit Ă  ses officiers « Quand il s’agit de la vie et du sang des soldats, on se doit d’apprendre l’avarice » et encore « Un soldat polonais peut se battre pour la libertĂ© de toutes les nations - il ne meurt que pour la Pologne »

La division de Maczek continue la poursuite de l'ennemi jusqu'à l'Allemagne et libère sur son passage les villes françaises d'Abbeville, Hesdin, Saint Omer, Aire-sur-la-Lys et prend la direction d'Ypres en Belgique le 6 septembre. Les villes de Gand, Lokeren, Saint-Nicolas, réservent aux Polonais un accueil enthousiaste[7].

Après la campagne de Belgique la 1re division blindĂ©e de Maczek libère Merxplas, Baale-Nassau et Alphen. Elle occupe Reijen et enfin Breda le . La dernière Ă©tape de la route du gĂ©nĂ©ral Maczek l’amène en Allemagne du 17 avril au . Elle se termine dans la forteresse de la Kriegsmarine de Wilhelmshaven oĂą se trouvent plus de 200 navires allemands.

À la suite de la capitulation allemande, le général Maczek prend le 20 mai le commandement du 1er corps polonais en Écosse, puis de l’ensemble des unités polonaises en Grande Bretagne. Le général Klemens Rudnicki devient alors le commandant de la 1re division blindée. Pendant deux ans, les vétérans de la division occupent les régions du nord de l’Allemagne. En , ils rentrent en Angleterre où ils sont désarmés et démobilisés.

Buste de Stanisław Maczek au mémorial de Montormel (Orne).

Exil

Le , il est relevé de ses obligations militaires. Le général Maczek ne reçoit aucune pension, ni du Royaume-Uni, ni de la Pologne communiste, qui lui retire sa nationalité polonaise. Il gagne sa vie comme barman à l’hôtel Learmouth à Édimbourg[1] - [8].

En 1961, il publie ses mémoires de guerre dans un livre intitulé Od podwody do Czołga (Avec mes blindés) et reçoit pour cet ouvrage en 1965 un prix décerné par la société Sikorski de Glasgow et le cercle de l’association des anciens combattants polonais en Ecosse.

Pour ses 80 ans, en 1972, le Prince Bernhard des Pays Bas l'honore par un concert de l'orchestre de Brabant, Ă  Londres. En 1989, le dernier gouvernement communiste de Pologne, dirigĂ© par le Premier ministre MieczysĹ‚aw Rakowski, lui prĂ©sente des excuses publiques

Pour ses 100 ans, le PrĂ©sident Lech WaĹ‚esa le dĂ©core de l'ordre de l'Aigle Blanc.

Mort Ă  102 ans en 1994 Ă  Édimbourg[1], il est inhumĂ©, conformĂ©ment Ă  sa dernière volontĂ©, au cimetière militaire polonais de Breda parmi ses hommes morts au combat.

Notes et références

  1. Tomasz Mlynarski, « 75 ans après la fin de la guerre, n’oublions pas la contribution des Polonais à la victoire sur le nazisme », sur FigaroVox, (consulté le )
  2. « Le général polonais Maczek reçoit la légion d'honneur et la croix de guerre », La Croix,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  3. Jean Hutin-Sroka, « Stanisław Maczek », sur museedelaresistanceenligne.org
  4. « Stanisław Maczek », sur liberationroute.fr
  5. « L’Armée Polonaise à Coëtquidan : 12/09/1939 - 18/06/1940 », sur guer-coetquidan-broceliande.fr
  6. « La 1ère division blindée des forces armées polonaises », sur europeremembers.com
  7. Eric de Grandmaison, « Le général polonais, oublié, est devenu serveur », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  8. « Le général polonais, oublié, est devenu serveur », sur ouest-france, (consulté le )

Bibliographie

  • StanisĹ‚aw Maczek, Avec mes blindĂ©s, Pologne, France, Belgique, Hollande, Allemagne, Presses de la CitĂ©, , 345 p. (prĂ©sentation en ligne)
  • F Skibinski Pierwsza pancerna Warszawa 1974
  • T.Wysocki 1 Polska Diwizja Pancerna 39-45 Warszawa 1994
  • R. Zienkiewicz Stanislaw Maczek un gĂ©nĂ©ral inconnu 1995
  • Z. Biernacik General S. Maczek 1998
  • Zytka, Baud et Rypert, Les lions de Maczek, Kazenplus Ă©ditions, (ISBN 978-2-9549623-0-6)

Articles connexes

Liens externes

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