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Guerre polono-ukrainienne

La guerre polono-ukrainienne est un conflit qui se déroule de à , entre la Pologne et la République populaire d'Ukraine occidentale pour le contrôle de la Galicie, après la dissolution de l'Autriche-Hongrie.

Guerre polono-ukrainienne
Description de cette image, également commentée ci-après
La frontière de mars 1919
Informations générales
Date 1918-1919
Lieu Galicie (actuellement partagée entre l'Ukraine et la Pologne)
Issue Victoire polonaise
Forces en présence
190 000 hommes75 000 hommes
Pertes
10 000 morts10 000 morts

Guerre polono-ukrainienne

Batailles

  • Przemyśl (en)
  • Lviv (en)
  • Chortkiv (en)
  • Lubaczów
  • Gniła Lipa

Prélude

En 1772, à l'occasion de la première partition de la Pologne, la Galicie devient une province autrichienne. Avec plus de 8 millions d'habitants au début du XXe siècle, c'est la plus importante province de l'empire et elle représente plus d'un quart de sa population. La partie occidentale de la Galicie, qui comprend Cracovie, ancienne capitale historique de la Pologne, a une population majoritairement polonaise alors que la partie orientale de la Galicie, qui inclut le cœur du territoire historique de la Galicie, compte une majorité de Ruthènes (Ukrainiens). L'histoire de la Galicie, depuis que le royaume ruthène médiéval de Galicie a été incorporé à la Pologne au XIVe siècle est marquée par la coexistence paisible non seulement entre les Ruthènes et les Polonais, mais également de nombreuses autres minorités, dont les Juifs et les Arméniens.

Au XIXe siècle, alors qu'une grande partie de la Pologne est sous administration russe et une autre sous administration prussienne, on observe en Galicie l'émergence du mouvement nationaliste polonais. Ce mouvement polonais bénéficie, en effet, du libéralisme des Habsbourg. Lwow (Lemberg en allemand) et Cracovie deviennent des foyers majeurs de la culture polonaise et attirent une importante immigration en provenance de l'Empire russe. De même, la Galicie accueille de nombreux nationalistes ukrainiens en exil.

Une grande majorité des Galiciens restent toutefois insensibles aux appels nationalistes, et jusqu'au début du XXe siècle, les Polonais et Ukrainiens s'opposent surtout lors des élections parlementaires. Tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les Ukrainiens tentent de persuader les Autrichiens de diviser la Galicie en province occidentale (polonaise) et en province orientale (ukrainienne). Ces efforts sont contrariés par la résistance des Polonais, qui craignent de perdre Lwow qu'ils considèrent comme l'une des capitales culturelles de la Pologne. Bien que la Galicie orientale soit peuplée d'environ 6o% d'Ukrainiens, Lwow, sa grande ville, compte en 1910 la moitié de Polonais, en quête d'identité alors que leur pays a été divisé par les puissances voisines. Il est pour eux impensable que la ville ne soit pas sous leur contrôle.

Les Autrichiens acceptent finalement de diviser la province, mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale les en empêche. En octobre 1916, l'empereur Charles Ier d'Autriche promet de le faire une fois la guerre terminée. Toutefois, l'Autriche-Hongrie subit une lourde défaite, et l'empire s'effondre. Dans ce contexte de confusion générale, les nationalistes polonais et ukrainiens se préparent à agir.

Le un Conseil national ukrainien (Rada) est formé, composé de membres ukrainiens du Parlement autrichien et des diètes régionales de Galicie et de Bucovine ainsi que des dirigeants politiques. Ce conseil annonce l'intention d'unir les terres de l'Ouest ukrainien dans un seul état.

Grâce à l'intervention de l'archiduc Guillaume de Habsbourg-Lorraine, qui adopte l'identité ukrainienne et se considère comme un patriote ukrainien, deux régiments ukrainiens arrivent en garnison à Lwow. Au cours de la nuit du 31 octobre au 1er novembre, avant que les Polonais ne prennent leurs propres dispositions, le capitaine Dmytro Vitovsky conduit ses troupes dans une action décisive et prend la ville. La République populaire d'Ukraine occidentale est proclamée le , avec Lwow pour capitale.

La proclamation de la nouvelle république, qui revendique sa souveraineté sur la Galicie orientale et les Carpates, jusqu'à la ville de Nowy Sącz, à l'ouest, ainsi que la Bucovine, est une surprise pour les Polonais. Les Ukrainiens, habitants de Lwow, approuvent la proclamation avec enthousiasme. L'importante minorité juive la soutient ou reste neutre, tandis que les Polonais préparent leur riposte.

La guerre

Cette peinture de Wojciech Kossak exposée au musée de l'armée polonaise à Varsovie, représente des jeunes polonais dans la défense du cimetière lors de la bataille de Lviv
La défense du cimetière par Wojciech Kossak (1926). Huile sur toile, Musée de l'armée polonaise, Varsovie

À Lwow, l'Armée ukrainienne de Galicie s'oppose avec succès aux unités polonaises formées principalement d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale et d'étudiants. Le 21 novembre, après deux semaines de combats incessants, une unité de l'armée polonaise, commandée par le lieutenant-colonel Michał Karaszewicz-Tokarzewski brise le siège et repousse les Ukrainiens. Toutefois, ceux-ci continuent à contrôler la plus grande partie de la Galicie orientale et menacent Lwow jusqu'en .

Aussitôt après la prise de la ville, à la fin du mois de novembre, les forces polonaises se livrent au pogrom des quartiers juifs et ukrainiens, faisant environ 340 victimes civiles. Ce pogrom est un rare épisode de violence vis-à-vis de la population civile au cours de cette guerre. Les Polonais retiennent également un certain nombre d'activistes ukrainiens dans des camps de détention. Le gouvernement ukrainien porte secours aux victimes juives de la violence et un bataillon juif est créé au sein de l'armée ukrainienne.

Sur cette photographie de 1918, Dmytro Vitovsky (au centre), premier commandant de l'armée ukrainienne de Galicie, est accompagné de deux ses officiers
Dmytro Vitovsky, premier commandant de l'armée ukrainienne de Galicie, flanqué de deux officiers, 1918
Cette photographie représente des soldats polonais et ukrainiens posant ensemble durant un cessez-le-feu en 1918
Soldats polonais et ukrainiens à Lwow, durant un cessez-le-feu en 1918

En , des troupes polonaises fraîches et bien équipées arrivent, commandées par le général Edward Rydz-Śmigły. L'offensive du général polonais en Volhynie et Galicie orientale commence le , aidée par l'Armée bleue du général Józef Haller récemment arrivée. Cette armée bien équipée par les alliés occidentaux et bénéficiant de conseillers militaires français a été formée afin de lutter contre les bolchéviks en Russie. La décision de l'utiliser en Galicie suscite bien quelques télégrammes de protestation de la part de l'Entente, mais ceux-ci demeurent ignorés.

Les lignes ukrainiennes sont rapidement brisées. Le 27 mai, les forces polonaises atteignent la ligne Zolota LypaBerejanyJeziernaRadziwiłłów. À la demande de l'Entente, l'offensive polonaise est arrêtée et les troupes du général Haller adoptent des positions défensives.

Le , les forces ukrainiennes commandées par Oleksander Hrekov (en), commencent une contre-offensive et au bout de trois semaines avancent jusqu'à la rivière Gniła Lipa et sur le cours supérieur de la Styr, mais le manque d'armes et de munitions les oblige à stopper leur avance. Le gouvernement ukrainien contrôle les champs pétroliers de Drohobytch, avec lesquels il prévoit d'acheter des armes à la Tchécoslovaquie. Mais bien que les forces ukrainiennes réussissent à repousser les Polonais d'environ 120 km, elles ne parviennent pas à se frayer un chemin vers la Tchécoslovaquie. Sans armes ni munitions, Hrekov (en) met fin à sa campagne.

Le 27 juin, Józef Piłsudski prend le commandement des forces polonaises et commence une nouvelle offensive avec deux nouvelles divisions. À court de munitions et en infériorité numérique, les Ukrainiens sont repoussés jusqu'à la rivière Zbroutch, frontière historique de la Galicie.

Épilogue

Mission diplomatique alliée en Pologne, Lviv, février 1919. Au premièr rang de gauche à droite : Stanisław Wańkowicz, Robert Howard Lord, le général Joseph Barthélemy, le général Tadeusz Rozwadowski, le général Adrian Carton de Wiart et le major Giuseppe Stabile

Contrairement à la brutalité typique des batailles qui se produisent à l'Est, dans les anciennes parties de l'Empire russe, la guerre entre la Pologne et les Ukrainiens de Galicie est menée des deux côtés par des forces disciplinées et professionnelles, ce qui entraîne relativement peu de pertes civiles. Environ 10 000 Polonais et 10 000 Ukrainiens, pour la plupart des soldats, sont morts pendant cette guerre. En particulier durant les combats de Lwow, les deux parties, s'accordent souvent des cessez-le-feu, pour permettre le ravitaillement des civils et l'évacuation des morts et des blessés.

Un cessez-le-feu est signé le . Les prisonniers de guerre ukrainiens sont détenus dans les anciens camps autrichiens de Dąbie, Łańcut, Pikulice, Strzałków et Wadowice. Le , le Haut Conseil de la Conférence de la paix de Paris accorde la Galicie orientale à la Pologne pour une période de vingt-cinq ans, après quoi un plébiscite décidera de la question.

Le gouvernement de la République populaire d'Ukraine occidentale s'exile à Vienne, où il bénéficie de l'appui de divers émigrés politiques galiciens, ainsi que des soldats de l'armée de Galicie internés en Bohême. Il continue à défendre la création de la République de Galicie représentant les Ukrainiens, Polonais et Juifs, les trois nations principales du pays. Les relations diplomatiques avec les gouvernements français et britannique s'engagent dans l'espoir d'obtenir un règlement équitable à Versailles. Le , le Conseil de la Société des Nations déclare que la Pologne n'a pas le mandat de mettre en place un contrôle administratif en Galicie et que la Pologne est simplement la puissance militaire occupante de la Galicie orientale, dont le sort sera déterminé par le Conseil des ambassadeurs auprès de la Société des Nations.

Après une longue série de négociations, le , il est décidé que la Galicie orientale serait incorporée à la Pologne « en prenant en considération que la Pologne a reconnu qu'étant donné les conditions démographiques, la partie orientale de la Galicie mérite pleinement son statut d'autonomie ». Cette autonomie ne sera jamais accordée à la Galicie. En effet, les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale souhaitent une Pologne forte, afin de créer un contrepoids à l'Allemagne.

En , dans le cadre de l'alliance conclue entre l'Allemagne et l'Union soviétique (cf. Pacte Molotov-Ribbentrop), la Galicie est envahie par les troupes soviétiques qui comprend des Ukrainiens de l'Est. Les forces polonaises, qui incluent également de nombreux soldats d'origine ukrainienne, sont rapidement submergées.

Sources

Notes et références

    Articles connexes

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