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Moschorhinus

Moschorhinus kitchingi

Moschorhinus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Vue d'artiste de Moschorhinus kitchingi selon Dimitri Bogdanov.
254–247 Ma

Genre

† Moschorhinus
Broom, 1920

EspĂšce

† Moschorhinus kitchingi
Broom, 1920

Moschorhinus est un genre éteint et fossile de thérapsides thérocéphales appartenant à la famille également éteinte des akidnognathidés. Une seule espÚce est connue, Moschorhinus kitchingi, décrit par le paléontologue Robert Broom dÚs 1920 et désormais bien connu avec vingt-sept collections de fossiles enregistrées selon Paleobiology Database en 2022.

L'animal possÚde un museau large et émoussé qui porte de longues canines droites. Moschorhinus semble avoir chassé un peu comme un grand félin actuel et avoir remplacé écologiquement les gorgonopsiens carnivores. La comparaison avec la panthÚre nébuleuse actuelle a été évoquée scientifiquement.

Bien qu'il soit le plus abondant Ă  la fin du Permien, il survit au dĂ©but du Trias, donc aprĂšs l'extinction du Permien, mais en rapetissant en taille. Il vit environ 11 millions d'annĂ©es, entre 254 et 247 millions d'annĂ©es avant notre Ăšre, dans ce qui est aujourd'hui l'Afrique du Sud.

DĂ©couverte et Ă©tymologie

Carte schématique des affleurements du supergroupe du Karoo en Afrique australe. L'emplacement et la structure simplifiée de la ceinture plissée du Cap sont également représentés.
Carte schématique des affleurements du supergroupe du Karoo en Afrique australe. L'emplacement et la structure simplifiée de la ceinture plissée du Cap sont également représentés.

Le spécimen holotype est un crùne découvert par James Kitching dans le supergroupe du Karoo en Afrique du Sud, prÚs du village de Nieu-Bethesda et décrit par le paléontologue Robert Broom en 1920[1].

Le nom de genre Moschorhinus provient du grec ancien ÎŒÏŒÏƒÏ‡ÎżÏ‚ / moskhos « veau » et áż„ÎčΜός / rhinĂłs « nez » pour donner littĂ©ralement « nez de veau », en rĂ©fĂ©rence Ă  la longueur du museau de l'animal. L'Ă©pithĂšte spĂ©cifique kitchingi fait quant Ă  elle rĂ©fĂ©rence Ă  James Kitching, le palĂ©ontologue ayant dĂ©couvert le spĂ©cimen holotype[1].

De nos jours, c'est l'un des thérapsides les plus connus et les plus reconnaissables de cette zone[2]. Les restes de Moschorhinus sont trouvables principalement dans le groupe de Beaufort sur une période allant du Permien supérieur au Trias inférieur[2] - [3] - [4].

Description

Description simplifiée

Vue latĂ©rale de la tĂȘte de M. kitchingi montrant les « dents de sabre » et l'amplitude des mouvements de la mĂąchoire.

D'aprÚs les fossiles découverts en Afrique du Sud, Moschorhinus mesure environ deux mÚtres de long, faisant de lui l'un des plus grands thérocéphales connus. Le crùne est similaire à celui des gorgonopsiens, avec de grandes fosses temporales et un palais convexe. La taille du crùne est comparable à celle d'un varan et montrent la présence de trÚs grands incisives de forme similaires à celles des célÚbres tigres à dents de sabre datant de la fin du Cénozoïque[5] - [6].

Museau

Le museau de Moschorhinus est typiquement court et large. L'extrĂ©mitĂ© Ă©moussĂ©e du museau prĂ©sente une crĂȘte descendant le long de la ligne mĂ©diane jusqu'Ă  l'os frontal[5] - [3]. Le museau supĂ©rieur dĂ©passe un peu les incisives chez les juvĂ©niles[3].

Les narines sont larges et positionnées vers le bout du museau[3].

Dentition

Moschorhinus a une formule dentaire de I6.C1.M3, c'est-à-dire six incisives, une canine et trois dents postcanines de chaque cÎté de la mùchoire supérieure[1].

Les incisives sont logées dans les prémaxillaires. Ils sont grands, légÚrement incurvés et ont une section transversale en forme de cloche. Ils ont des surfaces de coupe lisses et, contrairement à ceux des autres thérocéphales, manquent de facettes ou de stries résultant de l'abrasion et de l'usure[5].

PanthÚre nébuleuse.
PanthÚre nébuleuse.

Les grandes canines en forme de sabre sont maintenues dans les maxillaires et figurent parmi les caractéristiques rapidement identifiables de Moschorhinus. Ces grandes canines sont particuliÚrement épaisses et résistantes, et de section transversale uniquement circulaire. En longueur, ces sabres sont comparables aux gorgonopsiens. Bien qu'il n'y ait pas de véritable analogue moderne, l'exemple vivant le plus similaire serait celle de la PanthÚre nébuleuse[5].

Comme les autres thérocéphales, Moschorhinus a un nombre réduit de postcanines logées dans le maxillaire. Chez la plupart des thérocéphales, les « dents », ou plutÎt la projection en forme de dent (denticulations) des os ptérygoïdiens, sont considérablement réduites ou manquantes, et chez Moschorhinus elles sont absentes[3] - [7].

Toit crĂąnien

Traçant le toit crĂąnien, Moschorhinus possĂšde de petits os prĂ©frontaux situĂ© au-dessus des yeux, suivis de grands os frontaux Ă©largis. Les os pariĂ©taux forment une crĂȘte sagittale Ă©troite le long de la ligne mĂ©diane du crĂąne, qui abrite un foramen pinĂ©al trĂšs basique[1] - [3]. Des indentations peuvent ĂȘtre observĂ©es dans les fosses temporales, des dĂ©pressions de chaque cĂŽtĂ© de la crĂȘte, indiquant la prĂ©sence de nombreux vaisseaux sanguins et nerfs alimentant le cerveau[8].

Orbites

L'os lacrymal est plus gros que le prĂ©frontal rĂ©duit et forme la majoritĂ© de l'orbite. Le lacrymal a un bossage osseux sur l'orbite et un grand foramen vers sa face interne. Le bord infĂ©rieur de l'orbite est formĂ© par l'os jugal et le maxillaire[1]. Le jugal se termine Ă  l'orbite de l'Ɠil et n'est pas convexe, comme chez plusieurs thĂ©rocĂ©phales ultĂ©rieurs[3].

Palais

Dans l'ensemble, le palais est convexe, avec un large vomer triangulaire, avec des tubercules appariĂ©s, des projections arrondies pointant vers le ventral[5] - [3] semblable Ă  d'autres akidnognathidĂ©s[1]. Les os palatins, formant l'arriĂšre du toit de la bouche, sont Ă©largis et Ă©pais, en particulier sur leurs bords externes oĂč ils sont joints au maxillaire. Sur leurs bords internes, les palatins sont reliĂ©s au ptĂ©rygoĂŻde et au vomer sur le nez, faisant partie de la circonfĂ©rence de la cavitĂ© nasale. Entre le palatin et le maxillaire, juste derriĂšre les canines, se trouvent de grands foramens, vraisemblablement pour permettre le passage des nerfs. Une crĂȘte inclinĂ©e le long du milieu du palais soutient vraisemblablement un palais mou, ce qui permet Ă  l'air de circuler entre le nez et les poumons[5].

Les canines en formes de sabres nĂ©cessitent que la bouche s'ouvre largement pour ĂȘtre utilisĂ©es, ce qui rend l'alimentation difficile. Le genre apparentĂ© Promoschorynchus prĂ©sente des plis raides (crĂȘte choanale) Ă  la frontiĂšre du passage nasal et de la gorge, utilisĂ©s pour le maintenir ouvert et pour permettre la respiration en mangeant. Le dĂ©veloppement d'un palais secondaire dans le crĂąne a progressivement Ă©voluĂ© chez les thĂ©rocĂ©phales, et la crĂȘte choanale est prĂ©sente chez tous les thĂ©rocĂ©phales ultĂ©rieurs[7].

Classification

Moschorhinus est un thérocéphale classé dans la famille des akidnognathidés, des thérapsides carnivores possédants des crùnes solides et de grandes canines sur la mùchoire supérieure[5].

Ci-dessous, les résultats simplifiés de l'analyse phylogénétique des Therocephalia basée d'aprÚs Liu et Abdala (2022)[9] :

Paléobiologie

Reconstitution d'un Moschorhinus dévorant un Lystrosaurus.
Reconstitution d'un Moschorhinus dévorant un Lystrosaurus.

Les paléontologues supposent que Moschorhinus aurait été un superprédateur ayant un mode de vie semblable à celui des félins, capable de percer la peau et de s'accrocher à des proies en difficulté avec ses longues incisives. Il s'agit du premier fossile connu montrant ce type de technique de chasse. Compte tenu de son museau épais et robuste, de ses canines énormes et de ses puissants muscles de la mùchoire, Moschorhinus semble avoir été un prédateur remarquable[5].

Paléoécologie

De nombreux fossiles de vertĂ©brĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le bassin du Karoo. D'autres thĂ©rocĂ©phales du mĂȘme niveau rocheux sont Tetracynodon et Promoschorhynchus[2]. Les spĂ©cimens de Moschorhinus sont les seuls grands thĂ©rocĂ©phales trouvĂ© dans cette rĂ©gion[10] - [3].

Moschorhinus reprend la niche autrefois contrĂŽlĂ©e par les gorgonopsiens. Les deux groupes sont construits un peu comme des grands fĂ©lins. À la suite de l'extinction de Moschorhinus durant le Trias, les cynodontes prennent le contrĂŽle d'une niche similaire[5].

Le genre semble s'ĂȘtre Ă©teint au Trias infĂ©rieur peu de temps aprĂšs l'extinction du Permien[11] - [12], les preuves fossiles montrent que les reprĂ©sentants du Trias ont grandi plus rapidement que ceux datant du Permien, ce qui a entraĂźnĂ© une rĂ©duction de la taille du corps chez ce dernier, ce qui est largement considĂ©rĂ© comme un effet de la variabilitĂ© environnementale plus sĂ©vĂšre aprĂšs l'extinction du Permien (effet Lilliput (en))[2] - [3] - [13]. Les crĂąnes fossiles datant du Permien mesurent en moyenne 207 mm de longueur, tandis que celles datant du Trias ne mesure que 179 mm[2]. NĂ©anmoins, malgrĂ© la lĂ©gĂšre diffĂ©rence de taille, Moschorhinus, figure parmi les plus grands thĂ©rocĂ©phales de son temps[2] - [10].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Moschorhinus » (voir la liste des auteurs).

      Références

      1. (en) Broom R, « On Some New Therocephalian Reptiles from the Karroo Beds of South Africa », Proceedings of the Zoological Society of London,‎ , p. 351–354 (lire en ligne)
      2. (en) Huttenlocker AK, Botha-Brink J, « Body size and growth patterns in the therocephalian Moschorhinus kitchingi (Eutheriodontia) before and after the end-Permian extinction in South Africa », Paleobiology, vol. 39, no 2,‎ , p. 253–77 (DOI 10.1666/12020)
      3. (en) Adam Huttenlocker, « The Paleobiology of South African Therocephalian Therapsids (Amniota, Synapsida) and the Effects of the End-Permian Extinction on Size, Growth, and Bone Microstructure », UniversitĂ© de Washington,‎ (lire en ligne)
      4. (en) B. S. Rubidge et C. A. Sidor, « Evolutionary Patterns Among Permo-Triassic Therapsids », Annual Review of Ecology and Systematics, vol. 32,‎ , p. 449–480 (DOI 10.1146/annurev.ecolsys.32.081501.114113)
      5. (en) van Valkenburgh B, Jenkins I, « EVOLUTIONARY PATTERNS IN THE HISTORY OF PERMO-TRIASSIC AND CENOZOIC SYNAPSID PREDATORS », Paleontological Society Papers, vol. 8,‎ , p. 267–88 (lire en ligne [archive du ] [PDF])
      6. (en) Huttenlocker Adam, « An investigation into the cladistic relationships and monophyly of therocephalian therapsids (Amniota: Synapsida) », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 157, no 4,‎ , p. 865–891 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00538.x AccĂšs libre, S2CID 84603632)
      7. (en) Maier W, van den Heever J, Durand F, « New therapsid specimens and the origin of the secondary hard and soft palate of mammals », Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research, vol. 34,‎ , p. 9–19 (DOI 10.1111/j.1439-0469.1996.tb00805.x)
      8. (en) Durand J F, « A revised descripction of the skull of moschorhinus (therapsida, therocephalia) », Annals of the South African Museum, vol. 99,‎ , p. 381–413 (lire en ligne)
      9. (en) J. Liu et F. Abdala, « The emblematic South African therocephalian Euchambersia in China: a new link in the dispersal of late Permian vertebrates across Pangea », Biology Letters, vol. 18, no 7,‎ , p. 20220222 (ISSN 1744-957X, PMID 35857894, PMCID 9278400, DOI 10.1098/rsbl.2022.0222 AccĂšs libre)
      10. (en) Christian A. Sidor, Roger M. H. Smith, Adam K. Huttenlocker et Brandon R. Peecook, « New Middle Triassic Tetrapods from the Upper Fremouw Formation of Antarctica and Their Depositional Setting », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 34, no 4,‎ , p. 793–801 (DOI 10.1080/02724634.2014.837472)
      11. (en) Peter D Ward, Jennifer Botha, Roger Buik, Michiel O. De Kock, Douglas H. Erwin, Geoffrey H Garrison, Joseph L Kirschvink et Roger Smith, « Abrupt and Gradual Extinction Among Late Permian Land Vertebrates in the Karoo Basin, South Africa », Science, vol. 307, no 5710,‎ , p. 709–714 (PMID 15661973, DOI 10.1126/science.1107068 AccĂšs libre, CiteSeerx 10.1.1.503.2065)
      12. (en) Botha J, Smith RM, « Rapid vertebrate recuperation in the Karoo Basin of South Africa following the End-Permian extinction », Journal of African Earth Sciences, vol. 45, nos 4–5,‎ , p. 502–14 (DOI 10.1016/j.jafrearsci.2006.04.006, lire en ligne)
      13. (en) Richard J Twitchett, « The Lilliput effect in the aftermath of the end-Permian extinction event », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 252, nos 1–2,‎ , p. 132–144 (DOI 10.1016/j.palaeo.2006.11.038, lire en ligne)
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