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Les Rose

Les Rose est un documentaire, sorti en 2020, du cinĂ©aste quĂ©bĂ©cois FĂ©lix Rose. Rose y raconte l’histoire de sa famille, d'origine ouvriĂšre, qui fut au cƓur de la crise d’Octobre 1970. Le film, coproduit par Babel Films et l’Office national du film du Canada (ONF), offre notamment une perspective intime sur le parcours des frĂšres Paul et Jacques Rose, figures incontournables du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec (FLQ), de mĂȘme que celui de leur mĂšre Rose Rose, militante pour la libĂ©ration des prisonniers politiques.

Les Rose

RĂ©alisation FĂ©lix Rose
Scénario Félix Rose
Musique Philippe Brach et La Controverse
Sociétés de production Babel Films
Office national du film (ONF)
Pays de production Canada
Genre Documentaire
Durée 127 minutes
Sortie 2020

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le documentaire reçoit une attention mĂ©diatique notable, notamment du New-York Times, qui s’intĂ©resse au dĂ©bat passionnĂ© autour du film et le qualifie de «succĂšs surprise et de phĂ©nomĂšne au QuĂ©bec»[1]. Il remporte le Prix du public au Gala QuĂ©bec CinĂ©ma 2021.

Synopsis

En , des membres du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec (FLQ) enlĂšvent le ministre Pierre Laporte, dĂ©clenchant du mĂȘme coup une crise politique sans prĂ©cĂ©dent au QuĂ©bec. Cinquante ans plus tard, FĂ©lix Rose tente de comprendre ce qui a pu mener son pĂšre et son oncle Ă  commettre de tels actes[2].

À propos du film

Résumé

Le , les membres de la cellule ChĂ©nier du FLQ (dont font partie Paul et Jacques Rose) enlĂšvent Pierre Laporte, ministre de l'Immigration, ministre du Travail et de la Main-d'Ɠuvre et vice premier-ministre du QuĂ©bec. S’ensuivront des Ă©vĂ©nements qui marqueront le QuĂ©bec Ă  jamais : l’appel Ă  l’armĂ©e canadienne, la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre, l’emprisonnement d’environ 500 personnes et la mort de Pierre Laporte. Tout en dĂ©plorant cette tournure tragique, les ravisseurs ne se repentiront jamais, prĂ©fĂ©rant assumer la responsabilitĂ© totale de leurs gestes[3] - [4] - [5] - [6].

Cinquante ans plus tard, FĂ©lix Rose, qui tente de comprendre ce qui a pu mener son pĂšre Paul et son oncle Jacques Ă  commettre de tels actes, plonge dans l’histoire familiale. Les Rose, famille ouvriĂšre de Ville Jacques-Cartier, se retrouveront dans l’Ɠil de la tempĂȘte sociale et politique quĂ©bĂ©coise pendant plus de dix ans, en particulier Rose Rose et ses fils.

GrĂące aux confidences de son oncle Jacques, qui accepte pour la premiĂšre fois de s’exprimer sur le sujet, aux traces prĂ©cieuses laissĂ©es par son pĂšre et Ă  la marque profonde imprimĂ©e par la grand-mĂšre dans le cƓur de ses enfants, FĂ©lix Rose fait revivre la richesse des liens familiaux et de l’hĂ©ritage d’une famille tĂ©moin du QuĂ©bec d’avant la RĂ©volution tranquille[2] - [3] - [4] - [6].

En suivant le fil de l’histoire familiale, depuis l’aĂŻeul employĂ© de la Redpath, de Saint-Henri aux taudis de Ville Jacques-Cartier, des ateliers du Canadien National (CN) aux comitĂ©s citoyens de la fin des annĂ©es 1960, Les Rose redonne Ă  la crise d’Octobre et Ă  l’action du FLQ leur dimension sociale. La lutte ouvriĂšre reprenant sa juste place dans le rĂ©cit, le film permet de toucher du doigt l’ampleur du «blocage social» tel qu’il Ă©tait vĂ©cu par une jeunesse rĂ©cemment scolarisĂ©e, alerte, et rĂ©voltĂ©e par les injustices endurĂ©es par la gĂ©nĂ©ration de ses parents[2] - [7] - [8] - [9].

Alors que la violence et le terrorisme semblent ĂȘtre un cul-de-sac Ă©vident pour sa gĂ©nĂ©ration, FĂ©lix Rose tente d’entrevoir, sans l’excuser, l’état d’esprit qui a pu rendre ces mĂ©thodes attirantes pour certains militants des annĂ©es 1960. Il fait le rĂ©cit d'une Ă©poque oĂč, selon le FLQ, les « voies dĂ©mocratiques Ă©taient bloquĂ©es », et oĂč on considĂ©rait les droits, en particulier ceux des « petits », comme Ă©tant rĂ©guliĂšrement bafouĂ©s. Des combats sont mis en lumiĂšre : luttes ouvriĂšres, campagnes pour l’amĂ©lioration des conditions de dĂ©tention dans les prisons, mouvements pour l'Ă©galitĂ© des femmes dans le systĂšme judiciaire, etc.

Le documentaire permet la redĂ©couverte du personnage de Rose Rose, femme du peuple peu scolarisĂ©e, mais d’une vive intelligence, profondĂ©ment consciente des injustices sociales, qui, comme des milliers d’autres femmes d’une Ă©poque charniĂšre, aurait pu rester dans l’anonymat, n’eĂ»t Ă©tĂ© le destin dramatique de ses fils. Fruit de milliers d’heures de recherche et d’entrevues Ă©talĂ©es sur prĂšs de huit ans, ce documentaire, Ă  travers l’histoire d’une famille au passĂ© controversĂ©, apporte un Ă©clairage nouveau sur les luttes sociales et politiques d’une Ă©poque pas si lointaine[2] - [10] - [11].

Intervenants

Félix Rose, qui assume sa subjectivité, a choisi de nommer les protagonistes du documentaire selon la nature de leur relation avec lui:

Plusieurs personnalités publiques québécoises y font une apparition, notamment Jacques Ferron, Gilles Vigneault, Michel Chartrand, Charlotte Boisjoli, Louis Laberge, René Lévesque, Gaston Miron, Robert Charlebois, Armand Vaillancourt, Amir Khadir, Plume Latraverse, Yvon Deschamps, Pauline Julien et Pierre Falardeau.

Fiche technique

Réalisation et scénario Félix Rose
Direction de la photographie Éric Piccoli
Images additionnelles Vincent Allard
Montage Michel Giroux
Musique Philippe Brach et La Controverse
Prise de son Rosalie Rose
Conception sonore Jean-Philippe Goyette et Peak Media
Consultant à la scénarisation Simon Beaulieu
Colorisation Yannick Carrier
Productrice ONF Colette LoumĂšde
Producteurs Babel Films FĂ©lix Rose, Éric Piccoli,

Philippe-A. Allard et Marco Frascarelli

Productrice déléguée Mélanie Lasnier
Attachée de presse Nadine Viau
Distribution Office national du film (ONF)
Sociétés de production Babel film et l'Office national du film (ONF)
Durée 127 minutes
Sortie en salle [12]

GenĂšse du film

En 2011, aprĂšs une dizaine d’annĂ©es de recherches gĂ©nĂ©alogiques, FĂ©lix Rose et son pĂšre Paul Rose rĂ©alisent un rĂȘve commun, Ă  savoir parcourir l’Irlande, terre de leurs ancĂȘtres. Le duo pĂšre-fils dĂ©couvre que la famille provient du comtĂ© de Mayo et que leur patronyme s’écrivait « Rouse » avant d’ĂȘtre francisĂ© en AmĂ©rique. Paul Rose Ă©tait dĂ©jĂ  connu des Irlandais car il a fait une grĂšve de la faim en solidaritĂ© avec Bobby Sands, prisonnier politique irlandais dĂ©cĂ©dĂ© en 1981. À Belfast (Irlande du Nord), les Rose sont accueillis par les membres du Sinn FĂ©in, parti politique nĂ© d'une scission avec l’Irish Republican Army (IRA)[13] - [14] - [15]. Ce voyage ne se dĂ©roule toutefois pas sans embĂ»ches, puisque Paul Rose, dĂ©jĂ  aveugle d'un Ɠil, perd soudainement la vue.

De retour au QuĂ©bec, FĂ©lix Rose dĂ©cide de monter un projet documentaire pendant que son pĂšre se reconstruit une santĂ©. Ce dernier rĂ©cupĂšre la vue Ă  la suite d’une opĂ©ration[14] - [13]. Quelques mois aprĂšs le tournage du film Avec la gauche, FĂ©lix Rose prĂ©sente le projet du film Les Rose Ă  son pĂšre. AprĂšs avoir discutĂ© de la crise d’Octobre avec son fils, Paul Rose est victime d’un accident cardio-vasculaire (AVC) et est hospitalisĂ© Ă  l’hĂŽpital SacrĂ©-CƓur. À son chevet, FĂ©lix lui fait la promesse d’aller au bout sa dĂ©marche. Paul Rose dĂ©cĂšde deux jours plus tard, soit le [16] - [17] - [18] - [19]. FĂ©lix Rose prĂ©sentera la mort de son pĂšre comme dĂ©terminante dans la poursuite de son projet[20]:

« Je me suis senti investi d’une mission. Encore plus qu’avant. Je me suis aussi senti coupable de ne pas avoir [eu le temps] d’enregistrer son tĂ©moignage. Cette culpabilitĂ© s’est transformĂ©e en obsession. »

Jacques Rose, oncle de FĂ©lix Rose et ex-felquiste, n’a jamais voulu s’exprimer sur les Ă©vĂ©nements d’Octobre et fut initialement rĂ©ticent Ă  participer au documentaire de son neveu. Il aura fallu deux ans Ă  FĂ©lix Rose pour le persuader. En , Jacques Rose a besoin d’aide pour poser des fenĂȘtres. FĂ©lix accepte alors de l'aider en Ă©change de deux heures d’entrevue par jour, aprĂšs les travaux. Au fil des annĂ©es, FĂ©lix Rose s’est entourĂ© d’artistes reconnus, comme le directeur photo Éric Piccoli, dont la camĂ©ra discrĂšte et Ă  l’affĂ»t permet de saisir toute l'intimitĂ© des Ă©changes avec son oncle. AccompagnĂ© de Piccoli, il entame alors une semaine d’échanges intimes avec Jacques Rose. Cette semaine de tournage constituera le fil narratif du film Les Rose, qui sortira cinq ans plus tard[18] - [16] - [14] - [21].  

Un peu plus tĂŽt, en , FĂ©lix Rose rencontre la productrice de l’Office national du film (ONF) Colette LoumĂšde lors d’un Ă©vĂšnement organisĂ© pendant les Rencontres internationales du documentaire de MontrĂ©al (RIDM). Convaincue par son approche, LoumĂšde accepte de coproduire Les Rose en collaboration avec la maison de production Babel Films, dont FĂ©lix Rose est actionnaire. Au fil des annĂ©es, le projet obtient le soutien de la SociĂ©tĂ© de dĂ©veloppement des entreprises culturelles (SODEC), de TĂ©lĂ©film Canada (en post-production), du Fonds Rogers, de TVA ainsi que des commandites octroyĂ©es par Location d’outils Simplex et de la ConfĂ©dĂ©ration des syndicats nationaux (CSN), qui permettent de boucler la structure financiĂšre. Le rĂ©alisateur a accumulĂ© plus de 500 heures de matĂ©riel d’archives trouvĂ© chez des particuliers et des institutions dont Radio-Canada, TVA, TĂ©lĂ©-QuĂ©bec, Archives nationales du Canada, BibliothĂšque et Archives nationales du QuĂ©bec (BaNQ), la CinĂ©mathĂšque quĂ©bĂ©coise, Le VidĂ©ographe et le Centre de recherche en imagerie populaire (CRIP), Ă  l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al (UQAM). Souvent conservĂ©es sur de vieux formats, les archives ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©es et restaurĂ©es par l’ONF[22]. FĂ©lix Rose puisera Ă©galement beaucoup dans les archives personnelles de sa famille[23]:

« Ce sont souvent les mĂȘmes archives que nous voyons quand nous parlons de la crise d’Octobre alors j’ai dĂ©cidĂ© d’aller beaucoup plus loin. J’ai fouillĂ© dans les archives personnelles de mon pĂšre et j’ai fait plein de trouvailles. MĂȘme chose chez mes tantes. [
] C’était comme un Ă©norme casse-tĂȘte et pendant 8 ans, j’ai cherchĂ© toutes les piĂšces pour pouvoir raconter mon histoire. »

C’est avec Éric Piccoli et Vincent Allard qu’il tourne une quarantaine d’entrevues avec d'anciens felquistes entre 2013 et 2018, Ă  des fins de recherche et par devoir de mĂ©moire. Plusieurs de ces entrevues seront utilisĂ©es pour la sĂ©rie documentaire Le dernier felquiste, co-rĂ©alisĂ©e par FĂ©lix Rose, Éric Piccoli et Flavie Payette-Renouf. Le monteur Michel Giroux (La mĂ©moire des anges, La part du diable) entremĂȘle images d’époque et images rĂ©centes, ajoutant une dimension poĂ©tique au film. Le montage, qui s’est dĂ©roulĂ© sur une pĂ©riode d'un an, fut l’un des derniers projets complĂ©tĂ©s dans les anciens locaux de l’ONF, Ă  Ville Saint-Laurent (l'agence dĂ©mĂ©nage au centre-ville par la suite). Les artistes Philippe Brach et La Controverse se chargent de la bande sonore[2] - [22].

Distribution

Le , Les Rose est finalement prĂ©sentĂ© en ouverture du festival Les PercĂ©ides, qui bat un record d'affluence avec la prĂ©sence de 500 personnes rĂ©unies dans un cinĂ©parc (150 voitures), une formule choisie pour respecter les rĂšgles sanitaires qu'impose la pandĂ©mie de Covid-19[21]. Le film est un succĂšs critique et populaire. Il obtient une place enviable au box-office pendant plusieurs semaines[24]. Les Rose figure au 5e rang des films quĂ©bĂ©cois ayant rapportĂ©s le plus d'argent en 2020 avec des revenus de 220 789 dollars[25]. FĂ©lix Rose, qui accorde une importance Ă  la distribution en rĂ©gion, effectue une tournĂ©e Ă  travers le QuĂ©bec et prĂ©sente son film dans 20 villes en quelques semaines.

Rose fera plus d’une centaine d’entrevues sur une pĂ©riode de deux mois. DĂšs le , le film est disponible gratuitement sur le site de l’ONF et sur la plate-forme payante de Club illico, ce qui coĂŻncide avec le 50e anniversaire de la crise d’Octobre[26] - [27]. Le mĂȘme jour, FĂ©lix Rose est invitĂ© Ă  la premiĂšre de la 17e saison de la populaire Ă©mission Tout le monde en parle et son entrevue se dĂ©roule quelques minutes avant la diffusion d’une version courte du film Les Rose sur les ondes de TVA[28]. Cette diffusion Ă  TVA obtient une cote d'Ă©coute de 224 000 tĂ©lĂ©spectateurs[29].Les Rose est le film francophone le plus visionnĂ© de l'annĂ©e 2020 sur la plateforme de l'ONF[30]. C'est Ă©galement le film le plus visionnĂ© de l'histoire de la plateforme, avec plus de 70 000 visionnements[30]. Depuis , le film est Ă©galement diffusĂ© aux États-Unis Ă  travers Amazon Prime. En , le documentaire traverse l'Atlantique pour ĂȘtre prĂ©sentĂ© en avant-premiĂšre française au festival Doc-CĂ©vennes situĂ© dans le village de Lasalle en France[31].

RĂ©ception

Les Rose est nommĂ© comme l'un des cinq meilleurs films de l'annĂ©e par l'Association quĂ©bĂ©coise des critiques de cinĂ©ma (AQCC) et se retrouve dans les onze coups de cƓur culturels de l'annĂ©e dans La Tribune. À Radio-Canada, il fait partie du palmarĂšs des films qui ont fait l'annĂ©e 2020 dans le monde. Il est le recipiendaire du Prix du Public au Gala QuĂ©bec-CinĂ©ma.

MalgrĂ© certaines controverses, le film est gĂ©nĂ©ralement bien reçu par la critique francophone, ce qui explique notamment le succĂšs du film en salle, surprenant pour un documentaire. On souligne les qualitĂ©s cinĂ©matographiques et les perspectives historiques du film, qui explore un pan mĂ©connu de l'histoire du QuĂ©bec. Le personnage de Rose Rose, la grand-mĂšre du cinĂ©aste, est pour plusieurs la rĂ©vĂ©lation du documentaire. À l'international, il faut Ă©galement souligner la couverture du New-York Times, qui qualifie Les Rose de «succĂšs surprise et de phĂ©nomĂšne au QuĂ©bec» (surprise hit and sensation in Quebec)[32].

  • « Le rĂ©cit est limpide, trĂšs personnel, extrĂȘmement rĂ©vĂ©lateur des valeurs qui guident les frĂšres Rose, de la place qu’occupe la mĂšre de ces deux frĂšres, Rose Rose, une femme toute impressionnante, ce n’est pas toute l’histoire, mais c’est assurĂ©ment une leçon d’histoire[33]. » - Michel Coulombe, Radio-Canada
  • « Mes attentes n’ont absolument pas Ă©tĂ© déçues, je dirais le contraire [
] La grande dĂ©couverte de ce film-lĂ  est Rose Rose, la mĂšre de Paul Rose, qui est une femme sans beaucoup d’instruction, mais avec un charisme, un engagement et une gĂ©nĂ©rositĂ© incroyables [
]  C’est un travail titanesque de montage [
] C’est un cours d’histoire sur l’histoire moderne du QuĂ©bec, ce qui Ă  construit le QuĂ©bec[34]. »  - Nathalie Petrowski dans « PĂ©nĂ©lope », Radio-Canada
  • « Les Rose se rĂ©vĂšle un documentaire important [
] Ce documentaire n’est pas le premier film de FĂ©lix Rose et il a rĂ©alisĂ© un solide travail de contexte et de vulgarisation. Certains moments se rĂ©vĂšlent particuliĂšrement Ă©clairants sur l’époque[35]. » - Éric Moreault,  Le Soleil
  • « L’émotion est palpable Ă  plusieurs occasions dans le film de FĂ©lix Rose, pendant les entretiens de son oncle, mais aussi notamment lors de l’allocution bouleversante de Paul, Ă  ce moment toujours emprisonnĂ©, aux funĂ©railles de sa mĂšre. CoĂŻncidant avec les 50 ans de la crise d’Octobre la sortie de Les Rose risque de ramener dans l’espace public de sĂ©rieuses discussions dont le QuĂ©bec ne peut plus - et n’aurait jamais dĂ» - faire abstraction[36]. » - Jean-Philippe Desrochers, Revue SĂ©quences
  • « Les Rose, fruit de huit ans de recherches, enrichit notre vision de l’histoire [
][37]» - Marc-AndrĂ© Lussier, La Presse
  • « FĂ©lix Rose a pris la posture du documentariste en rĂ©alisant ce film sur son pĂšre. Il permettra peut-ĂȘtre ainsi Ă  toute une gĂ©nĂ©ration de redĂ©couvrir un pan de son histoire[38]. » - Caroline Montpetit, Le Devoir
  • « Alors qu’on commĂ©more les cinquante ans de la crise d’Octobre, le film Les Rose vient brasser des choses complexes en nous[39]. » - Claude Villeneuve, Journal de MontrĂ©al
  • « Plus qu’un simple documentaire historique, Les Rose touche la corde sensible Ă  plusieurs reprises, grĂące notamment Ă  des extraits inĂ©dits de petits films familiaux qui montrent les Rose dans des moments de bonheur [
] Difficile de ne pas s’attacher aux membres de cette famille qui ressemble, malgrĂ© tout, Ă  plusieurs autres familles quĂ©bĂ©coises. Les Rose, dans le fond, c’est la petite histoire qui raconte aussi la grande[40]. » - Maxime Demers, Journal de MontrĂ©al
  • « Mine de rien, c’est un film qui montre absolument des personnages extraordinaires, je pense Ă©videmment surtout Ă  Rose Rose, la mĂšre de la famille qui est une femme extraordinaire qui, avec son mari, forme un couple typiquement quĂ©bĂ©cois, le pĂšre on le voit tout le temps, il est dans les marches, les manifs, mais il ne dit jamais rien et la mĂšre c’est celle qui tient la famille debout, qui prend la parole, c’est celle qui va se battre pour libĂ©rer les enfants[41]. » - George Privet, Radio-Canada
  • « En plus de rĂ©habiliter avec nuances la mĂ©moire de son controversĂ© paternel, FĂ©lix Rose a produit une synthĂšse prĂ©cieuse et Ă©toffĂ©e de l’histoire du QuĂ©bec moderne. Disposant d’une abondance de films de famille et de documents d’archives souvent inĂ©dits, le cinĂ©aste les a agencĂ©s de maniĂšre alerte avec ses Ă©clairants tĂ©moignages de premiĂšre main[42]. »  - Journal MĂ©tro
  • « Les Rose rĂ©vĂšle l’aspect humain derriĂšre les faits historiques. Ce n’est pas donnĂ© Ă  tous de rĂ©aliser avec tant de talent un documentaire sur son pĂšre, que l’histoire rĂ©duit Ă  une dimension[43]. » - Pierre Nantel, Journal de MontrĂ©al
  • « NĂ© en 1987, FĂ©lix Rose a appris trĂšs jeune l’implication de son pĂšre Paul dans la Crise d’octobre de 1970. DĂšs lors, il a voulu mieux le connaĂźtre, comprendre ses motivations et explorer son histoire familiale. Il en a fait un documentaire. Une dĂ©marche de cinĂ©aste et personnelle Ă  travers laquelle il assume Ă  la fois son statut de « fils de » et son entiĂšre indĂ©pendance[44]. »  - AndrĂ© Duchesne, La Presse
  • « Le film devient rapidement trĂšs touchant, c’est une lettre d’amour d’un fils Ă  son pĂšre[41]. » - HĂ©lĂšne Faradji, Radio-Canada
  • « Sur le strict plan cinĂ©matographique, ce documentaire est passionnant, bien tournĂ© et nous propose des scĂšnes d’archives inĂ©dites. C’est tout un pan refoulĂ© de notre histoire qui remonte Ă  la surface. Mais surtout la rĂ©flexion sur l’histoire du QuĂ©bec qui devrait nous interpeller[45]. » - Mathieu Bock-CĂŽtĂ©, Journal de MontrĂ©al

Controverses

Dans les médias

De par le sujet controversĂ© qu'il aborde, Les Rose est, sans surprise, Ă  l'origine de dĂ©bats dans les mĂ©dias. MalgrĂ© la rĂ©ception gĂ©nĂ©ralement positive, certains journalistes et chroniqueurs reprochent au documentaire une complaisance envers la gravitĂ© des Ă©vĂšnements abordĂ©s. C'est le cas des chroniqueurs politiques Marc Cassivi, Lise Ravary et Denise Bombardier, qui dĂ©noncent le manque de recul du cinĂ©aste par rapport Ă  sa famille, lui reprochant de montrer une version romantique de l’histoire du FLQ, de faire la glorification d’assassins et de ne pas avoir insistĂ© davantage auprĂšs de son oncle sur les circonstances exactes de la mort de Pierre Laporte[46] - [47] - [48]. Dans La Presse, Cassivi s'inquiĂšte[48]:

« Le danger, c’est que cette version Ă©dulcorĂ©e de l’histoire se substitue Ă  terme, par la force du cinĂ©ma, Ă  l’histoire rĂ©elle. Celle dont seul Jacques Rose connaĂźt la vĂ©ritĂ©. »

DĂ©jĂ , en 2018, Ravary se disait outrĂ©e du fait que FĂ©lix Rose obtienne du financement public pour son film. La chroniqueuse du Journal de MontrĂ©al insistait alors sur ce qu'elle considĂšre ĂȘtre l'absence de remords des frĂšres Rose[49]:

« La derniĂšre qui me fait hurler? La subvention Ă  FĂ©lix Rose, fils de Paul Rose et neveu de Jacques Rose du FLQ, pour rĂ©aliser un documentaire sur sa famille. MalgrĂ© les controverses entourant leurs agissements pendant la crise d’Octobre, les frĂšres Rose n’ont jamais exprimĂ© de regret pour l’enlĂšvement et la mort de Pierre Laporte. »

La réception du documentaire dans la presse anglophone est également plus mitigée. Dans la Montreal Gazette, le chroniqueur Dan Macpherson reproche au documentaire ses biais et l'assimile à de la propagande felquiste[50]:

« I’ve seen the film. It’s a one-sided, selective history of Quebec’s first family of politically motivated crime, told exclusively by them, and produced by Paul Rose’s son. In short, it’s pro-FLQ propaganda. »

Le , FĂ©lix Rose rĂ©pond pour la premiĂšre fois aux critiques Ă  la populaire Ă©mission Tout le monde en parle. Devant plus d'un million de tĂ©lĂ©spectateurs, il explique qu'il n'a jamais voulu banaliser les gestes commis et qu'il n'approuve ni l'enlĂšvement, ni la mort d'un homme. Sa quĂȘte personnelle viserait plutĂŽt Ă  tenter de comprendre les raisons derriĂšre les gestes commis[51]:

« Je suis pas un militant, je porte un regard d’un fils sur son pĂšre. Évidemment j’ai pas de recul. C’est mon pĂšre, mon pĂšre je l’aime. Mais j’ai pas la prĂ©tention de faire un film objectif. D’entrĂ©e de jeu, je pars de moi pis je dis « je vous raconte l’histoire tel que je la connais», pis l’idĂ©e c’était pas de les glorifier. Moi l’idĂ©e c’était de les humaniser, parce que c’est pas des hĂ©ros, mais c’est des gens profondĂ©ment humains. Moi je viens d’une famille trĂšs aimante, pis quand on comprend que ces gens-lĂ  Ă©taient des humains qui ont fait des gestes graves, lĂ  tu te poses des questions sur pourquoi ils l’ont fait. Les motivations, pis lĂ  ça revient Ă  l’histoire du QuĂ©bec, l’époque, pis tu te dis c’est une Ă©poque trĂšs violente pis Ă  force de recevoir des coups, tu peux comprendre que des gens dĂ©cident d'en donner. »

Dans l'arĂšne politique

Le documentaire anime Ă©galement les dĂ©bats et suscite la controverse dans l'arĂšne politique. Le , lors d’une projection spĂ©ciale Ă  QuĂ©bec, la dĂ©putĂ©e de QuĂ©bec solidaire (QS) Catherine Dorion lĂšve le poing devant l’affiche du film (voulant recrĂ©er le mĂȘme geste de Paul Rose en 1971). AprĂšs la diffusion de la photo dans les mĂ©dias, la dĂ©putĂ©e du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec (PLQ) Marie Montpetit reproche Ă  Dorion « d’honorer les terroristes » et d'avoir «manquĂ© profondĂ©ment de respect Ă  la famille de Pierre Laporte»[52]. Le dĂ©putĂ© de QS Gabriel Nadeau-Dubois prend alors la dĂ©fense de Dorion Ă  l'AssemblĂ©e nationale, estimant qu'il est lĂ©gitime pour tout Ă©lu de visionner un « film historique puis de se prendre en photo devant l'affiche » et que Dorion n'avait pas l'intention de manifester «une forme d'appui Ă  la violence»[52]. Dans une lettre ouverte dans La Presse, Christian Picard, un Ă©tudiant au doctorat en science politique, reproche mĂȘme Ă  certaines politiciens et personnalitĂ©s publiques de faire l’apologie du terrorisme par leur «adhĂ©sion» aux actions de Paul Rose[53].

Les Rose a de la visibilitĂ© jusqu'au niveau fĂ©dĂ©ral, alors que les dĂ©putĂ©s du Bloc quĂ©bĂ©cois visionnent le film lors d'une projection spĂ©ciale organisĂ©e Ă  Beloeil. Au mĂȘme moment, Ă  l'occasion des 50 ans de la crise d'Octobre, les dĂ©putĂ©s bloquistes exigent du gouvernement fĂ©dĂ©ral des excuses pour l'application de la Loi sur les mesures de guerre en 1970. Cette initiative est alors soutenue par François Legault, premier ministre du QuĂ©bec, mais se heurte Ă  l'opposition du gouvernement fĂ©dĂ©ral (Parti libĂ©ral du Canada) et du Parti conservateur (PLC). Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dont le pĂšre, Pierre Elliott Trudeau, occupait le mĂȘme poste lors de la crise d'Octobre 50 ans plus tĂŽt, explique qu'il se souvient surtout de Pierre Laporte, « enlevĂ© et assassinĂ© par une cellule terroriste » et soutient qu'il s'agissait des «évĂ©nements de la crise d’Octobre dont nous devons nous souvenir »[54].

AuprĂšs des ex-felquistes

À un plus petite Ă©chelle, Les Rose suscite Ă©galement la controverse et rĂ©veille des tensions entre les protagonistes du documentaire: certains ex-felquistes des cellules ChĂ©nier et LibĂ©ration. Les anciens membres de la cellule LibĂ©ration reprochent en particulier Ă  Jacques Rose le portrait peu flatteur qu'il fait de leur groupe dans le documentaire. Ce dernier leur a notamment reprochĂ© d'ĂȘtre allĂ© «emmerder Fidel Castro» lors de leur exil Ă  Cuba aprĂšs la crise. Jacques LanctĂŽt, leader de la cellule LibĂ©ration, signe un texte dans le Journal de MontrĂ©al oĂč il reproche au documentaire de vouloir faire des Ă©vĂšnements d'Octobre une «histoire de famille»[55]:

« Or, Octobre 1970 n’est pas une histoire de famille. Ni la mienne ni celle des Rose. Nos actions avaient Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es et planifiĂ©es de longue date. Ce n’est pas un Ă©vĂ©nement improvisĂ© ou prĂ©cipitĂ©, comme l’a laissĂ© entendre un critique du Devoir.

L’enlĂšvement du diplomate britannique s’inscrivait dans toute une sĂ©rie d’actions rĂ©volutionnaires au QuĂ©bec et ailleurs dans le monde, et plus prĂ©cisĂ©ment en AmĂ©rique latine, oĂč des actions similaires avaient Ă©tĂ© couronnĂ©es de succĂšs, avec la libĂ©ration de prisonniers politiques. »

Dans le mĂȘme article, mĂȘme s'il indique ne pas encore avoir vu le film, LanctĂŽt reproche Ă©galement au documentaire de ne pas aborder l'impact qu'a eu la mort de Laporte, alors entre les mains de la cellule ChĂ©nier, sur l'opinion publique [55]:

« Mais une chose est sĂ»re. C’est que ce bel Ă©lan de sympathie Ă  notre Ă©gard est mort avec Pierre Laporte. Cela, je doute que le film le souligne »

Jacques Cossette-Trudel, un autre ancien felquiste de la cellule LibĂ©ration, fait quant Ă  lui une sortie Ă©tonnante dans les mĂ©dias. Dans une entrevue accordĂ©e Ă  Radio-Canada, Cossette-Trudel affirme que Paul Rose aurait voulu que la cellule LibĂ©ration tue leur otage, le diplomate britannique James Richard Cross[56]. C'est lors d'une rencontre entre les deux cellules chez Louise Verreault, sympathisante felquiste et ancienne amie de cƓur de Paul Rose, que la demande aurait Ă©tĂ© faite aprĂšs que Rose ait posĂ© son revolver sur la table[56]. Dans la mĂȘme entrevue, Cossette-Trudel reproche Ă©galement aux Rose de «sĂ©questrer l’Histoire» en ne dĂ©voilant pas les circonstances exactes de la mort de Pierre Laporte[56].

La version des faits de Cossette-Trudel a Ă©tĂ© contredite par Louise Verreault, seule autre tĂ©moin de la rencontre entre les deux cellules du FLQ. Alors qu'elle n'avait jamais accordĂ© d'entrevue Ă  la presse, Verreault sort de son silence et s'entretient avec Radio-Canada. Bien qu'elle affirme ne pas avoir assistĂ© Ă  l'entiĂšretĂ© de la rencontre entre les deux hommes (mais qu'il s'agissait d'un petit logement oĂč tout s'entend), elle conteste entiĂšrement le rĂ©cit de Cossette-Trudel[57]:

« Je ne me souviens pas des mots exacts de ce qui a Ă©tĂ© dit [ce jour-lĂ ], mais s’il avait Ă©tĂ© question de tuer quelqu’un, ça, je m’en serais souvenue. Et si Paul avait eu un revolver, moi, je ne l’aurais pas tolĂ©rĂ©. »

La version de Cossette-Trudel ne correspond pas non-plus aux conclusions du Rapport DuchaĂźne (1980), oĂč on affirme qu'il n'a jamais Ă©tĂ© question d'exĂ©cuter les otages lors de cette rencontre chez Louise Verreault[58]. Dans une entrevue accordĂ©e Ă  La Presse, l'homme derriĂšre le rapport, Jean-François DuchaĂźne, se dit convaincu que Cossette-Trudel «exagĂšre dans son rappel des faits» et n'accorde pas beaucoup de crĂ©dibilitĂ© Ă  sa version des Ă©vĂšnements[59]:

« J’ai longuement interrogĂ© Paul Rose. Je suis convaincu que ce gars-lĂ  n’était pas quelqu’un capable de tuer de sang-froid. La mort de Pierre Laporte n’avait rien de prĂ©mĂ©ditĂ© »

Cossette-Trudel maintient sa version des faits, expliquant que Louise Verreault n'Ă©tait pas dans la mĂȘme piĂšce lorsque Paul Rose lui aurait demandĂ© d'exĂ©cuter l'otage[57]. Louise LanctĂŽt, ex-conjointe de Cossette-Trudel et ex-felquiste de la cellule LibĂ©ration, corrobore ces propos dans son livre Une sorciĂšre parmi les felquistes (Le Scriptorium, 2020)[57]. Elle y explique que Cossette-Trudel, Ă  son retour de la rencontre avec Paul Rose, aurait « fait part [...] de l’objectif du groupe de Paul [Rose] d’exĂ©cuter Pierre Laporte, comme tout groupe de guĂ©rilla le faisait, en nous demandant de faire de mĂȘme avec James Richard Cross»[57].

Paul Rose ne pouvant pas donner sa version des faits puisqu'il est décédé en , c'est son fils Félix qui se charge de répliquer, affirmant que la version de Cossette-Trudel ne «tient pas la route» et qu'elle «ne correspond pas à la cinquantaine de témoignages d'une cinquantaine de felquistes» qu'il a interrogé dans la décennie précédent la sortie de son documentaire[58]. Deux membres de la cellule Chénier, Jacques Rose et Bernard Lortie, font également des sorties publiques pour défendre Paul Rose. Dans Le Devoir, Jacques Rose dénonce un «mensonge»[60] alors que Lortie, s'adressant au journaliste, nie toute volonté d'exécuter les otages: «Compte tenu de l'organisation, tu sais, c'était du bluff»[61].

Gala Québec-Cinéma

Une controverse Ă©clate Ă  la suite du dĂ©voilement des nominations du Gala QuĂ©bec-CinĂ©ma en . Le cinĂ©aste Jules Falardeau et l’auteur-compositeur-interprĂšte Émile Bilodeau publient une lettre ouverte dans Le Devoir, dĂ©plorant le fait que Les Rose soit le « grand oubliĂ© des prix Iris » malgrĂ© son succĂšs critique et commercial[62] - [63].

« Pour quelles raisons le jury des catĂ©gories documentaires aux prix Iris, composĂ© de "sept professionnels nommĂ©s par les associations professionnelles de l'industrie, a choisi d’ignorer les qualitĂ©s cinĂ©matographiques Ă©videntes et reconnues de ce film? Leur dĂ©cision a-t-elle pu ĂȘtre motivĂ©e par une aversion pour le film politique ou une « peur de diviser »? »

— Jules Falardeau et Émile Bilodeau

On se questionne Ă©galement sur l’absence du film dans la catĂ©gorie Prix du public (Gala QuĂ©bec-CinĂ©ma), composĂ© des cinq plus gros film du box-office de l’annĂ©e. Les Rose Ă©tait pourtant en cinquiĂšme position du palmarĂšs, une situation inĂ©dite pour un documentaire[64]. Le film est nĂ©anmoins disqualifiĂ© parce que les documentaires n’y sont pas admissibles. Pourtant, en soutien Ă  l’industrie cinĂ©matographique, qui fut fortement Ă©branlĂ©e par la pandĂ©mie de Covid-19, l'organisme QuĂ©bec-CinĂ©ma avait exceptionnellement dĂ©cidĂ© d’inclure dans la catĂ©gorie les seize fictions sorties en salle en 2020. Falardeau et Bilodeau demandent qu’on fasse preuve de la mĂȘme solidaritĂ© envers les documentaires[62] - [63].  Leur lettre ouverte est appuyĂ©e par 28 personnalitĂ©s de diffĂ©rents milieux dont les cinĂ©astes Hugo Latulippe, Simon Beaulieu et Luc Bourdon, la productrice Bernadette Payeur, les distributeurs Benjamin Hogues (Les Films du 3 Mars) et Louis Dussault (K-Films AmĂ©rique), le rappeur Biz, les politiciens Catherine Dorion, Denis Trudel, Alexandre Leduc et Pascal BĂ©rubĂ©, le comĂ©dien SĂ©bastien Ricard ainsi que l’humoriste Guillaume Wagner[63].

SĂ©golĂšne Roederer, directrice gĂ©nĂ©rale de QuĂ©bec-CinĂ©ma, dĂ©fend son organisation et rĂ©fute l’hypothĂšse que Les Rose soit Ă©cartĂ© pour des raisons politiques. Pour ce qui est du Prix du public, on se dit ouvert Ă  revoir les rĂšglements des prochaines Ă©ditions afin d'y inclure les documentaires, mais pas pour le gala de 2021: « La volontĂ© de QuĂ©bec CinĂ©ma est de s’assurer de ne pas rĂ©agir Ă  des choses et de ne pas changer les rĂšgles en cours de route. Ce sont des rĂšglements qui doivent Ă©voluer avec un processus[65] - [66]. »

À la suite d’une pĂ©tition de 1313 signatures, QuĂ©bec-CInĂ©ma dĂ©cide finalement d’intĂ©grer treize documentaires dans la catĂ©gorie Prix du public, dont Les Rose. Ce revirement de situation est saluĂ© par les mĂ©dias et documentaristes[67] - [68].

« C’est une belle victoire pour Les Rose, mais surtout pour le documentaire comme genre cinĂ©matographique. Plusieurs documentaires ont connu un grand succĂšs au cinĂ©ma cette annĂ©e, ça montre que les QuĂ©bĂ©cois ont un appĂ©tit grandissant pour ce genre. Le documentaire n’est pas un sous-genre, et mĂ©rite entiĂšrement sa place dans la catĂ©gorie prix du public de ce gala. »

— FĂ©lix Rose au Le Devoir

AprĂšs un premier tour de vote en ligne, le public choisit les cinq finalistes, trois fictions et deux documentaires : La dĂ©esse des mouches Ă  feu, Jusqu’au dĂ©clin, Club Vinland, Je m’appelle humain et Les Rose[69]. Lors de la 23e cĂ©rĂ©monie du Gala QuĂ©bec-CinĂ©ma, Les Rose remporte le Prix du public. À la rĂ©ception de son Iris, FĂ©lix Rose lance un cri du cƓur pour la reconnaissance du documentaire. Selon le chroniqueur culturel Richard Therrien, il s’agit de l’un des moments marquants de la soirĂ©e[70]. On parle mĂȘme d’une douce revanche pour Rose[71]:

« Le genre documentaire, fondateur de notre cinĂ©ma, est populaire. Donnons-lui davantage de visibilitĂ©, et ce, dans toutes les rĂ©gions du QuĂ©bec. J’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©mu par le fort achalandage chez les jeunes qui m’ont souvent rĂ©pĂ©tĂ©  « On ne connaĂźt pas notre histoire et on veut en savoir plus ». Pour permettre la transmission, il faut donner plus d’outils aux crĂ©ateurs et surtout, rendre notre patrimoine accessible. La rĂ©alitĂ©, c’est que les archives, ça coĂ»te la peau des fesses. Nous n’avons pas les moyens de nous raconter. Aidez-nous Ă  creuser notre passĂ© afin de mieux Ă©clairer notre prĂ©sent »

— FĂ©lix Rose au Gala QuĂ©bec-CinĂ©ma

[72]Rose remercie sa famille, notamment son pÚre Paul qui lui a transmis le goût du pays. Pendant que la musique sur scÚne se faisait de plus en plus pressante, il dédie son prix à ses grands-mÚres et à sa fille en terminant son discours avec une référence au documentaire Pour la suite du monde[73]. Deux jours plus tard, par le biais d'une motion à la Chambre des communes, Félix Rose est félicité par le Bloc québécois[74]:

« Monsieur le Président, le documentaire québécois, Les Rose du réalisateur Félix Rose, fils de Paul Rose, a récemment reçu l'Iris prix du public, lors du Gala Québec Cinéma. N'ayant pas reçu les nominations attendues, ce sont les pétitions, les lettres d'opinion de cosignataires du milieu et son succÚs exceptionnel en salle qui auront incité Québec Cinéma à le porter finalement en nomination. D'une grande justesse, sans masque, sans filtre, en toute objectivité, Les Rose a connu un immense succÚs, et ce prix du public démontre encore une fois à quel point ce passage de notre histoire a marqué les Québécois. Félix Rose, qui nous offre le regard de son pÚre pendant la période tumultueuse entourant la crise d'Octobre, nous rappelle l'importance capitale du cinéma documentaire dans le paysage de la culture québécoise. De Pierre Perrault, avec Pour la suite du monde, en passant par Denys Arcand, avec Le confort et l'indifférence, jusqu'à Les Rose, le documentaire au Québec est porteur de ce qui nous définit, nous raconte, nous immortalise. Au nom du Bloc québécois, pour le courage, l'audace et le grand souci de mémoire, je dis bravo et félicitations à Félix Rose! »

— Caroline Desbiens du Bloc quĂ©bĂ©cois

RĂ©compenses

Notes et références

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Annexes

Articles connexes

Liens externes

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