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LĂ©on Boyer

Léon Boyer (nom complet : André, Pierre, Léon Boyer) est un polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées français, né le à Florac (Lozère) et mort le à Panama.

LĂ©on Boyer
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de LĂ©on Boyer.
Nom de naissance André Pierre Léon Boyer
Naissance
Florac
DĂ©cès (Ă  35 ans)
Panama
Nationalité française
Profession
Activité principale
Formation
Distinctions

Il est connu pour ĂŞtre Ă  l'origine de la crĂ©ation et la conception des viaducs de Garabit et de la Crueize sur chemin de fer de Marvejols Ă  Neussargues, puis pour sa courte pĂ©riode comme directeur gĂ©nĂ©ral du canal de Panama de 1885 Ă  sa mort, Ă  35 ans, due Ă  la fièvre jaune.

Biographie

Famille et formation

AndrĂ© Pierre LĂ©on Boyer est nĂ© le Ă  Florac, citĂ© de Lozère. Il est le fils d'une riche famille bourgeoise de cette mĂŞme ville, son père François Gaston Boyer (37 ans) est notaire et sa mère Henriette Françoise Jaffard (31 ans)[1] - [2] a pour origine une famille de la bourgeoisie industrielle d'Ispagnac[3]. La fratrie comptera trois garçons, ses frères Paul et Auguste Boyer deviendront magistrats[4].

Le jeune Gaston Boyer quitte Florac pour faire des Ă©tudes, qualifiĂ©es de brillantes, dans le lycĂ©e de Lyon[5]. En 1869, il intègre Ă  18 ans l'École polytechnique Ă  Paris. NommĂ© sous-lieutenant le , il est mis Ă  la disposition de l'amiral La Roncière-Le Noury et attachĂ© au Fort de Romainville pendant le siège de Paris. Après cette pĂ©riode militaire, il est nommĂ© Ă©lève ingĂ©nieur des Ponts et chaussĂ©es le . Il termine ses Ă©tudes, Ă  23 ans, le jour de sa nomination comme ingĂ©nieur ordinaire des ponts et chaussĂ©es de 3e classe[6].

Il épouse Esther Adrienne Marguerite Merle le à Alès, ils auront deux enfants. Marguerite Boyer, née le à Marvejols (elle épouse en 1906 Pierre de Retz, polytechnicien et ingénieur des mines, futur directeur des Mines de potasse d'Alsace de 1919 à 1936)[7] et Gaston Henri Boyer, né le à Paris 7e (polytechnicien, inspecteur des finances, mort le au Chili où il exerce le rôle de conseiller financier du gouvernement)[8] - [9].

Léon Boyer meurt à Panama, le soir du , à 6 h 30[10], de la fièvre jaune[11] trois mois après son arrivée dans l'isthme[5], et quelques jours après avoir appris que sa femme lui eût donné un fils[12]. La nouvelle de sa mort arriva à Paris le [13].

Ingénieur des ponts et chaussées

Il commence sa carrière, comme ingĂ©nieur ordinaire des ponts et chaussĂ©es de 3e classe, dans l'Orne oĂą il est nommĂ© attachĂ© au service ordinaire de l'arrondissement d'Alençon. Après un peu plus d'un an Ă  ce poste, il obtient un retour dans sa rĂ©gion d'origine avec une affectation le dans l'arrondissement de Marvejols, Ă  53 kilomètres de Florac, comme chargĂ© des Ă©tudes et travaux des chemins de fer de Mende Ă  SĂ©verac et de Marvejols Ă  Neussargues[6]. SituĂ©es dans une rĂ©gion au relief difficile pour l'implantation de voies ferrĂ©es, il va devoir trouver des solutions et rĂ©aliser de nombreux ouvrages d'art, viaducs et tunnels. C'est dans les monts de la Margeride sur la ligne de Neussargue qu'il va pouvoir exprimer au mieux ses compĂ©tences face Ă  des « difficultĂ©s exceptionnelles Â»[5].

Viaduc de la Crueize en 1883.

Pour presque tous ces viaducs, LĂ©on Boyer choisit un mode de construction traditionnel en maçonnerie. En 1891, Charles Talansier, secrĂ©taire de la rĂ©daction de la revue Le GĂ©nie civil[14], sortira du lot ceux de Piou (long. 169,50 m, haut. 45 m), SĂ©nouard (long. 231 m, haut. 50 m), Chanteperdrix (long. 235 m, haut. 43 m), mais il porte une attention particulière Ă  celui de Crueize, Ă©difiĂ© dans la vallĂ©e de l'Enfer, qu'il juge particulièrement intĂ©ressant par sa hauteur 63,30 m et la qualitĂ© de son exĂ©cution[15]. Point que relèvera Ă©galement Paul SĂ©journĂ© qui le prĂ©sente comme un aboutissement de la technique de la pile profilĂ©e au point qu'il n'hĂ©site pas Ă  le qualifier de « plus beau viaduc de France Â»[16]. Plus d'un siècle plus tard, ce viaduc sera retenu par les auteurs de l'ouvrage encyclopĂ©dique sur le « patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français Â», notamment du fait de cette « hauteur inhabituelle pour une construction en maçonnerie Â»[17].

Il proposa notamment de franchir la vallĂ©e de la Truyère par un viaduc de 123 m de hauteur ; c'est Ă  cette fin qu'il demanda Ă  Gustave Eiffel de construire le viaduc de Garabit[18], le plus haut du monde Ă  l'Ă©poque[5]. Il fut nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d'honneur en 1880[19].

En 1883, Léon Boyer a été adjoint au directeur de la construction des chemins de fer au sein du ministère des Travaux publics, où il prit une part active à l'étude des conventions avec les grandes compagnies de chemins de fer, et s'occupant en même temps du Métropolitain de Paris[19].

En 1884, il devint ingĂ©nieur en chef des Ponts et chaussĂ©es et fut nommĂ©, en novembre de l'annĂ©e suivante, Directeur gĂ©nĂ©ral des travaux du canal de Panama par Ferdinand de Lesseps, en remplacement de Jules Dingler[18]. Comme près de 4 000 autres personnes lors de la construction de ce canal, il meurt de la fièvre jaune quelques mois après son arrivĂ©e.

Homme politique

Il est élu, le , conseiller général du canton de Florac (Lozère), son élection donna lieu à un recours rejeté par une décision du Conseil d'État[20].

Il s'est présenté, au sein du département de la Lozère, aux élections législatives de 1881 et 1885, en tant que candidat républicain, mais échoua à l'issue de chacun de ces scrutins[5].

Hommages

Publication posthume

  • Chemin de fer de MarvĂ©jols Ă  Neussargues, viaduc de Garabit, sur la Trueyre (prĂ©f. LĂ©on LĂ©vy, postface Maurice LĂ©vy, publiĂ© Ă  titre posthume avec une notice nĂ©crologique), Paris, Vve Ch. Dunod, , 398 et album de 74 planches (prĂ©sentation en ligne).

TĂ©moignage

Gaston Tissandier, Ă  l'annonce de son dĂ©cès, Ă©crivit notamment: « LĂ©on Boyer, dont nous avions l’honneur d’être l’ami, joignait Ă  une intelligence d’élite toutes les qualitĂ©s d’un beau caractère. Il avait l’entrain du mĂ©ridional, la fougue et l’élan de la jeunesse ; il se passionnait pour tout ce qui est grand et pour tout ce qui est noble.

Il est mort au nom de la science, pour laquelle il combattait. Comme le soldat qui tombe au champ d’honneur, il trouvera des frères d’armes qui vengeront sa mĂ©moire en achevant la conquĂŞte commencĂ©e. Â»[12].

Monuments et lieu à sa mémoire

Son nom a été donné à une rue de la commune de Mende reliant la place Chaptal à la place Urbain V, et une statue de lui est présente à Panama, et plus précisément sur la Plaza de Francia, aux côtés de Ferdinand de Lesseps, Armand Reclus, Napoléon Bonaparte Wise, et Pedro Sosa[21]. Elle a été conçue par le sculpteur Denys Puech[9] et a certainement été inaugurée le , ou 1923[22].

Une autre statue de lui est présente à Florac, sa commune natale (place Boyer/esplanade Marceau-Farelle[23]). Elle a été inaugurée le lors d'une cérémonie présidée par le sénateur Théophile Roussel. Le monument est composé d'un buste de l'ingénieur, supporté par un piédestal armé de bas-reliefs représentant la science en deuil, une vue de Panama et une vue de profil du viaduc de Garabit[24]. Il a notamment été réalisé par l'architecte François Germer-Durand, son beau frère[25] - [26].

Il y aurait aussi un autre monument de lui au sein de la commune de Figeac[27].

  • SĂ©pulture oĂą reposent LĂ©on Boyer et sa famille (Florac).
    SĂ©pulture oĂą reposent LĂ©on Boyer et sa famille (Florac).
  • Monument situĂ© Ă  Florac (place Boyer).
    Monument situé à Florac (place Boyer).
  • Buste situĂ© Ă  Panama (Plaza de Francia).
    Buste situé à Panama (Plaza de Francia).

Notes et références

  1. « Extrait acte de naissance », sur Base Léonore, (consulté le ).
  2. [image] Son acte de naissance aux AD de la Lozère (page 13).
  3. « Archives privées : Fonds Boyer - Jaffard (1364-1880). Cotes : 8J », sur Archives départementales de la Lozère (consulté le ).
  4. « Boyer (Paul-Gaston) », dans Dictionnaire biographique du Gard, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (BNF 35031733), p. 107.
  5. La Grande Encyclopédie, 1885-1902, p. 916.
  6. « Résumé des services de M. Boyer André, Pierre, Léon, Ingénieur des Ponts et chaussées, nommé chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur par décret du 12 juin 1879 », sur Base Léonore, (consulté le ).
  7. Yves Frey, Polonais d'Alsace : pratiques patronales et mineurs polonais dans le bassin potassique de Haute-Alsace, 1918-1948, Presses Univ. Franche-Comté, , 598 p. (ISBN 978-2-84867-012-6, lire en ligne), p. 133.
  8. Michel Margairaz, Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (lire en ligne), p. 1217-1218.
  9. Le Gaulois : littéraire et politique, (lire en ligne), p. 04.
  10. Henri Barboux (1834-1910),..., Discours et plaidoyers. Tome 2, A. Rousseau (Paris), (lire en ligne)
    Consultable à: Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 8-F-5448 (2)
    .
  11. (es) David McCullough, Un camino entre dos mares, La creacion del canal de Panama, Espasa libros, , 550 p. (ISBN 978-84-670-3885-9), Page 166.
  12. « Léon Boyer (1851-1886) - Gloubik Sciences », sur sciences.gloubik.info (consulté le ).
  13. « Léon Boyer et le viaduc de Garabit », sur ozeriens-de-paris.com (consulté le ).
  14. « Nécrologie : Charles Talansier », Le Génie Civil, t. LXXXIX, no 2291,‎ , p. 29 (lire en ligne, consulté le ).
  15. Charles Talansier, « Travaux publics : le viaduc de Crueize sur la ligne du chemin de fer de Marvéjols à Neussargues », Le Génie civil : revue générale des industries française & étrangères, t. XVIII, no 10,‎ , p. 145-146 (lire en ligne, consulté le ).
  16. Paul Séjourné, Grandes voutes, t. IV : Pratique des voutes, Bourges, Imprimerie Veuve Tardy-Pigelet et Fils, (lire en ligne), p. 61.
  17. « La ligne des Causses : viaduc de la Crueize », dans Jean-Luc Flohic (direction), Le Patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, t. I, Paris, Flohic éditions, coll. « Le patrimoine des institutions économiques », (ISBN 2-84234-069-8), p. 132.
  18. « Léon Boyer (1851-1886) », sur structurae (consulté le ).
  19. Lami, Eugène-Oscar (1839-19..), Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels.... Suppl. : par E.-O. Lami et A. Tharel,..., Lami, Tharel et Cie (Paris), 1881-1891, p. 419
    Source: Bibliothèque nationale de France
    .
  20. Recueil des décisions du Conseil d'État statuant au contentieux et du Tribunal des Conflits et des jugements des tribunaux administratifs ..., Société anonyme du Recueil Sirey, , p. 850.
  21. Panama, Petit futé, 2012-2013 (lire en ligne).
  22. France-Amérique : revue mensuelle du Comité France-Amérique, Comité France-Amérique (Paris), , p. 47
    Document en provenance de la Bibliothèque nationale de France.
    .
  23. « Monument à Léon Boyer – Florac » (consulté le ).
  24. « Le monument de Léon Boyer », Le Petit Parisien: Journal quotidien du soir,‎ .
  25. LĂ©on (1830-1916) Auteur du texte Charvet, Lyon artistique. Architectes : notices biographiques et bibliographiques avec une table des Ă©difices et la liste chronologique des noms : par E.-L.-G. Charvet,..., (lire en ligne)
  26. François Delmas, « La famille Boyer de Florac. », Revue du Gévaudan des Causses et des Cévennes, nos 1990-2,‎ , pp. 38-52.
  27. Paul Joanne (dir.), Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies. 3, E-K, Hachette, 1890-1905 (lire en ligne), p. 1480.

Voir aussi

Bibliographie

  • Notice nĂ©crologique sur LĂ©on Boyer, par LĂ©on LĂ©vy, avec une note de M. Maurice LĂ©vy sur le viaduc de Garabit, exposĂ©e Ă  l'appui de la prĂ©sentation de l'ouvrage de LĂ©on Boyer Ă  l'AcadĂ©mie des sciences, et un compte rendu du mĂŞme ouvrage par M. T. Seyrig, extrait de la Revue scientifique, impr. Chaix, Paris, 1888, 30 p.
  • Marcellin Berthelot (dir.), Hartwig Derenbourg (dir.) et al., La Grande EncyclopĂ©die : Inventaire raisonnĂ© des sciences, des lettres et des arts par une sociĂ©tĂ© de savants et de gens de lettres, t. 7 : Bobino - Bricci, Paris, H. Lamirault, 1885-1902 (1re Ă©d. 1885), 1200 p. (lire en ligne), « Boyer (AndrĂ©-Pierre-LĂ©on) », p. 916.
  • Un camino entre dos mares, La creacion del canal de Panama, Davis McCullough, Espaza Libros, 2011, 550 p.
  • Olivier Alle et al., « Le viaduc de Garabit a cent ans », Lou PaĂŻs - revue rĂ©gionaliste, Association les amis du PaĂŻs et l'Escolo Gabalo, no 268 « LĂ©on Boyer : nĂ© Ă  Florac. IngĂ©nieur des Ponts et ChaussĂ©es qui conclut le projet du viaduc de Garabit (1851-1886) »,‎ .
  • La famille Boyer de Florac. / DELMAS François in Revue du GĂ©vaudan des Causses et des CĂ©vennes, 2 (1990) - p. 38-52.

Articles connexes

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