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Jean Ferré

Jean Ferré, né le à Saint-Pierre-les-Églises et mort le à Saint-Germain-en-Laye, est un journaliste et essayiste français.

Jean Ferré
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Fonction
Président
Radio Courtoisie
-
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière de Saint-Martin-la-Rivière (d)
Nationalité
Activités
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A travaillé pour
Distinction
Prix Daudet ()

Engagé à droite, il fonde en 1987 Radio Courtoisie, qu'il préside jusqu'à sa mort.

Biographie

Études

Ă€ partir de 1942, Jean FerrĂ© effectue ses Ă©tudes secondaires au collège Saint-Stanislas de Poitiers (collège de JĂ©suites). Après avoir passĂ© le baccalaurĂ©at de mathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires (dit « math Ă©lem Â»), il entre Ă  l’École spĂ©ciale de mĂ©canique et d'Ă©lectricitĂ© (ESME Sudria). Il ne terminera pas ses Ă©tudes.

Le radioamateur

Fin 1945, Jean Ferré fabrique un émetteur-récepteur ondes courtes à double changement de fréquence à lampes. Ce goût pour la radio ne le quittera jamais.

En 1949, il devient radioamateur sous le matricule F9OV. Dans cette activitĂ©, il contacte souvent K2UN, un radioamateur amĂ©ricain, plus connu sous le nom de Barry Goldwater, qui en 1964 sera candidat malchanceux Ă  la prĂ©sidence des États-Unis. K2UN Ă©mettait du toit de l'Ă©difice des Nations unies avec un matĂ©riel très performant : il Ă©tait toujours Ă©tonnĂ© de parvenir Ă  contacter Jean FerrĂ© qui ne disposait que d'un petit Ă©metteur de 10 watts. Un jour que K2UN Ă©tait en France, Jean FerrĂ© demanda Ă  le rencontrer. Son ancien correspondant se souvenait de lui. Pour Barry Goldwater, Jean FerrĂ© Ă©tait « Mister 10 watts ! ».

Les débuts dans le journalisme

En 1952, avec Alain Tête, Jean Ferré traverse, à bord d'un véhicule de tourisme[Note 1], le Rio de Oro et devient le premier à atteindre la ville interdite de Smara. Il relatera cette aventure dans Au désert interdit[1].

La même année, il se lie d'une grande amitié avec l'éditeur Bernard Grasset. Pendant deux ans, ils dînent ensemble presque tous les soirs. C'est Bernard Grasset qui fait apprécier à Jean Ferré l'œuvre de Henry de Montherlant.

Début 1956, il participe à l'hebdomadaire Notre Époque, créé à l'instigation d'investisseurs catholiques désireux de constituer un pendant, à droite, de la Vie Catholique illustrée. Mais cet hebdomadaire cesse de paraître au bout de cinq mois.

En juin 1956, il crée le mensuel d'actualité C'est-à-dire. Par sa ligne éditoriale, le périodique se veut résolument à droite. Pour la maquette, son modèle est Time Magazine. Sur le plan du format, C'est-à-dire préfigurait ce qu'on appelle aujourd'hui news magazine : Le Point, Valeurs actuelles, L'Express, Le Nouvel Observateur[Note 2] - [2]. Participent à la création du mensuel Jean-François Chiappe, Jean-Luc de Carbuccia ou encore l'homme de théâtre Jacques Hébertot. Jean Ferré bénéficie également du soutien et de l'amitié de Louis Pauwels et de la participation de Nicole de Buron. Avec son aîné Jean Dauven, Ferré avait réuni parmi ses collaborateurs Stephen Hecquet, Pierre-Antoine Cousteau, Pierre Fontaine, Lucien Rebatet.

En 1958, il crée Artaban avec le directeur de théâtre Jacques Hébertot. Dans cette dernière publication se côtoient des plumes prestigieuses : Jean de La Varende, Stephen Hecquet, Pierre Gaxotte, Thierry Maulnier, Henry de Montherlant[3].

Jean Ferré et l'Algérie, l'exil en Espagne

Jean Ferré est partisan de l'Algérie française. Il est sur ce point en désaccord avec le Général de Gaulle.

Il demande à son équipe d'éviter les polémiques. Mais, dans un article, Jean-François Chiappe met violemment en cause le Général de Gaulle (le qualifiant de « paranoïaque », au « délire intermittent »). La revue est alors saisie pour offense au chef de l'État. Jean Ferré continue quelque temps à l'éditer sous la forme d'une lettre confidentielle ronéotypée qui est à son tour saisie.

Fin 1960, il rend visite au général Salan réfugié en Espagne, avec qui il entame alors une collaboration.

Le 19 ou , c'est lui qui transmet à Salan le plan du futur putsch des généraux (source : Radio Courtoisie, émission de Catherine Gourin du ). Cette collaboration lui vaut d'être poursuivi et Jean Ferré entre dans la clandestinité.

Fin septembre 1961, recherché pour sa participation au putsch, pour son soutien à l'OAS et pour offense au chef de l'État, Jean Ferré est interpellé et conduit à la prison de la Santé, où il commence une grève de la faim. Puis, il reçoit le statut d'« interné administratif », selon la formule du Ministre de l'Intérieur de l'époque Roger Frey, formule qui désigne un suspect qui n'a pas encore été jugé. À ce titre, Jean Ferré est incarcéré au camp militaire de Saint-Maurice-l'Ardoise, à Saint-Laurent-des-Arbres dans le Gard. Il y est chargé, par ses co-détenus, de lire les journaux chaque matin et de leur livrer une analyse politique de la situation[4].

En 1962, il est libéré. Mais il est à nouveau menacé par la justice française. Cependant, le juge Schweig l'avertit de son arrestation imminente et de la peine de dix ans de réclusion déjà préétablie à son encontre; grâce à quoi il évite le procès et s'exile en Espagne, où il fréquente des personnalités du régime franquiste, dont notamment la sœur du Caudillo . Par ailleurs, il se lie d'amitié avec le futur premier président du Sénat de l'Espagne démocratique, le défenseur des droits de l'homme Antonio Fontan.

À Madrid, il travaille notamment à la rédaction d'un ouvrage sur Antoine Watteau qui sera publié en 1972 sous la forme de quatre volumes aux éditions Athéna.

Le Figaro Magazine et Radio Solidarité

De retour en France, Jean Ferré retrouve ses anciens amis de C’est-à-dire. Il reprend ses activités de journaliste, notamment de chroniqueur radio et télévision au Figaro, puis dans le Figaro Magazine, dont il fut l'un des fondateurs avec Louis Pauwels.

En septembre 1981, Bernadette d'Angevilliers et Philippe Malaud, ancien ministre du général de Gaulle et de Georges Pompidou, créent Radio Solidarité. Cette radio libre, de droite, est proche du RPR et de l'UDF. Grâce à ses chroniques radiophoniques qui leur sont favorables, ils remarquent Jean Ferré et lui proposent de collaborer avec eux à la radio.

En mai-juin 1982, Jean FerrĂ©, qui veut ouvrir la radio Ă  « toutes les droites », imagine de confier chaque soir un « Journal attendu Â» Ă  un titre de la presse d'opposition au pouvoir. On donne la parole pendant une heure et demie Ă  un invitĂ© appartenant Ă  la droite politique. C'est ainsi que l'Ă©quipe de Minute, dont Serge de Beketch est alors le rĂ©dacteur en chef, se voit confier un micro le vendredi soir.

À la suite des élections européennes de 1984, cette ouverture vaut à la radio l'accusation d'avoir favorisé la percée du Front national. Serge de Beketch est alors sommé de partir, puis Jean Ferré qui cherchait à le défendre[5].

Radio Courtoisie

Jean Ferré a alors l'idée de créer le Comité de défense des auditeurs de Radio Solidarité (CDARS). Les adhérents du CDARS envoyèrent des pétitions à la haute Autorité de l'audiovisuel pour demander l'attribution d'une fréquence[Note 3]

C'est sous ce nom, dĂ©clarĂ© Ă  la prĂ©fecture de police, qu'il fonde Radio Courtoisie, dont la première Ă©mission aura lieu le . Son but est de crĂ©er une radio culturelle qui soit « sur le plan culturel ouverte Ă  tous les talents et sur le plan politique Ă  toutes les Droites Â». Pour cela, il invente la formule des libres journaux animĂ©s par des reprĂ©sentants de diffĂ©rents courants de pensĂ©e de droite, indĂ©pendants les uns des autres, permettant ainsi Ă  Radio Courtoisie de faire cohabiter des personnalitĂ©s d'opinions diverses et parfois mĂŞme opposĂ©es[6] : gaullistes comme Philippe de Saint-Robert et antigaullistes comme le commandant Pierre Guillaume, libĂ©raux comme Jacques Garello et antilibĂ©raux comme Benjamin Guillemaind, royalistes et rĂ©publicains, nationalistes comme Paul-Marie CoĂ»teaux et partisans de l'unitĂ© europĂ©enne comme Jean-Gilles Malliarakis.

À partir de 1987 et jusqu'à la fin de sa vie, Jean Ferré a dirigé Radio Courtoisie en lui consacrant tout son temps. Sous la direction de Jean Ferré, Radio Courtoisie travaille à la défense et illustration de la Droite française dans sa diversité intellectuelle et idéologique. Chaque lundi soir, il y anima lui-même un Libre Journal, sans interruption jusqu'au , date de sa dernière émission. Il accueillait une chronique de Jean Dutourd.

Il meurt le , des suites d'un cancer du rein ; il est retrouvé inanimé chez lui par Lydwine Helly[7]. Il est enterré dans le caveau familial à Saint-Martin-la-Rivière (Vienne)[8].

Prises de position

Jean Ferré a toujours exprimé son opposition à ce qu'il appelait la pensée unique et l'idéologie politiquement correcte.

Se situant lui-même dans la lignée de Charles Maurras, Jean Ferré était favorable à la royauté et prônait un catholicisme traditionnel. Il a toujours exprimé sa volonté de défendre la langue et la civilisation françaises. Résolument à droite, il s'est lui-même présenté comme anti-communiste.

Dans cette optique, Radio Courtoisie a été conçue par lui comme un moyen de faire avancer ses idées et celles de ses invités.

Comme il l'affirmait lui-même sur les ondes (par exemple dans son émission du ), il souhaitait « rassembler tous les patriotes » et réconcilier tous les Français.

Il se définissait lui-même volontiers comme un humaniste. Il condamna ainsi vigoureusement la violence meurtrière de tous les totalitarismes, celle d'Hitler et du nazisme (par exemple dans les émissions du et du ) mais aussi celle de Staline et du communisme.

Défendant une conception chrétienne du droit à la vie, il était opposé aussi bien à la peine de mort qu'à l'interruption volontaire de grossesse. À plusieurs reprises, il a invité sur les ondes le professeur Jérôme Lejeune et les représentants de la Fondation Jérôme-Lejeune.

Notes et références

Notes

  1. Une limousine Simca-Aronde.
  2. À l'époque, L'Express et Le Nouvel Observateur existaient déjà mais avaient la présentation de quotidiens, format tabloïd, sans rapport avec la présentation qu'ils ont adoptée depuis.
  3. Pendant ce temps, les adhésions à Radio Solidarité s'étaient effondrées ; après l'échec de la vente d'espaces publicitaires, la radio déposa le bilan et la fréquence fut supprimée.

Références

  1. Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Grand Sud Marocain 2016, Petit Futé (avec cartes, photos + avis des lecteurs), 2015, 304 pages, p. 302.
  2. Marc Laudelout, « Jean FerrĂ© et CĂ©line Â», Le Libre Journal de la France Courtoise, n° 389, 19 octobre 2006, p. 7.
  3. Lectures françaises, n° 595, novembre 2006.
  4. Frédéric Charpier, Génération Occident, Le Seuil, 2005, 400 pages.
  5. Serge de Beketch, « Jean FerrĂ© 1929-2006, Comment fut fondĂ©e Radio Courtoisie Â», Le Libre Journal de la France Courtoise, n° 389, 19 octobre 2006, p. 3.
  6. Marc Laudelout, « Jean Ferré et Céline », Le Libre Journal de la France Courtoise, n° 389, 19 octobre 2006, p. 7.
  7. Laurent Poultier du Mesnil, « Libre Journal de la vie française du 18 mai 2016 : « Henry de Lesquen, un parcours au service de la France », sur radiocourtoisie.fr, .
  8. Message d'Henry de Lesquen, vice-président de Radio Courtoisie - 11 octobre 2006.

Ĺ’uvres

Livres

  • Au dĂ©sert interdit, 1re Ă©dition : A. Bonne, Paris, 1954 [pagination non connue]. RĂ©Ă©dition en fac-similĂ© (avec un avant-propos du gĂ©nĂ©ral de Boisboissel et une postface de l'auteur) : L'Ă‚ge d'Homme, Lausanne et Paris, 2000, 235 p. + 12 p. de planches (ISBN 2-8251-1375-1)
  • Watteau (4 volumes), Éditions Athena, 1972
  • Lettre ouverte Ă  un amateur d'art pour lui vendre la mèche, Albin Michel, coll. « Lettre ouverte », Paris, 1974, 214 p. (ISBN 2-226-00139-5)
  • Vie et Ĺ“uvre de Jean-Antoine Watteau, Éditions de Vergennes, coll. « A l'Ă©cole des grands peintres » no 2 (sous la dir. de Gilles NĂ©ret), Paris, 1980, 56 p. [ISBN erronĂ© selon la Bibliothèque nationale de France]
  • Watteau : 60 chefs-d'Ĺ“uvre (prĂ©f. Jean Guitton, postface Alain Decaux), Viloe, Paris, 1984, 68 p. (ISBN 2-7191-0223-7)
  • Fidèle au poste : journal d'un critique 1978-1986, Albin Michel, Paris, 1986, 382 p. (ISBN 2-226-02531-6)

Préfaces

  • Pierre-Marie Gallois, Mots et maux de l'an 2000 : mĂ©moire des ondes : chroniques radiodiffusĂ©es, L'Ă‚ge d'homme, 2001, 158 p.
  • Pierre-Marie Gallois, L'AnnĂ©e des guerres : mĂ©moire des ondes 2002, L'Ă‚ge d'homme, 2003, 134 p.
  • Pierre-Marie Gallois, L'AnnĂ©e des fiascos : mĂ©moire des ondes 2003, L'Ă‚ge d'homme, 2004, 149 p.

Prix

Liens externes

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