AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Jatropha curcas

Jatropha curcas ou médecinier purgatif[1] est une espÚce d'arbuste de la famille des Euphorbiaceae originaire du Brésil.

Bien que toxique, cette plante est cultivée notamment pour la production d'huile à usage principalement industriel.

Étymologie

LinnĂ© a dĂ©crit et nommĂ© l’espĂšce Jatropha curcas dans Species plantarum[2] (1753).

Le nom de genre Jatropha est composĂ© de deux noms grecs iatros ÎčÎ±Ï„ÏÎżÏ‚ « mĂ©decin » et trofĂ© Ï„ÏÎżÏ†Î· « nourriture » soit « nourriture de mĂ©decin ».

Le terme curcas a d’abord Ă©tĂ© utilisĂ© par un docteur portugais Garcia de Orta (1501-1568), dans le Coloquio 18 du Coloquios dos simples[3], 1563, qui dĂ©crit essentiellement le taro (Colocassia esculenta). Voir aussi le texte traduit en français sous le titre Histoire des Drogues espisceries et certains mĂ©dicaments simples[4]. Garcia de Orta sĂ©journa 30 ans Ă  Goa en Inde et y Ă©tudia la matiĂšre mĂ©dicale indienne.

DĂ©nominations locales

On le retrouve sous le nom de pourghĂšre en plusieurs endroits d'Afrique francophone.

En wolof, on le connaßt sous le nom de tabanani et en bambara sous le nom de bagani (« poison ») en raison de sa toxicité.

En CĂŽte d'Ivoire, on le nomme apromprom en baoulĂ© et frofro baka en godiĂ©, oĂč la plante sert Ă  conjurer le mauvais sort.

En Haïti, il est appelé Gwo Medsiyen.

En malgache, il est appelé Valavelogno (dans la partie Nord de Madagascar).

L’espĂšce est connue aux Antilles françaises sous le nom MĂ©decinier purgatif ou en crĂ©ole mĂ©dsinyĂ© bayĂš, mĂ©dsinyĂ© bĂ©ni, mĂ©dsinyĂ© blan (Fournier[5]).

À La RĂ©union, le nom local est pignon d’Inde ou pion d’Inde.

Synonymes

Selon The Plant List[6], les synonymes sont :

  • Castiglionia lobata Ruiz & Pav.
  • Curcas adansonii Endl.
  • Curcas drastica Mart.
  • Curcas indica A.Rich.
  • Curcas lobata Splitg. ex Lanj.
  • Curcas purgans Medik.
  • Jatropha acerifolia Salisb.
  • Jatropha afrocurcas Pax
  • Jatropha edulis SessĂ©
  • Jatropha tuberosa Elliot
  • Jatropha yucatanensis Briq.
  • Manihot curcas (L.) Crantz
  • Ricinus americanus Mill.
  • Ricinus jarak Thunb

Description

Jatropha curcas, Francisco Manuel Blanco, Flora de Filipinas

Le Jatropha curcas est arbrisseau ou un arbre de 2 Ă  m de haut, voire plus pour les vieux spĂ©cimens[5]. L’écorce des rameaux les plus rĂ©cents est grise verdĂątre et lisse. Ils sont succulents et marquĂ©s de nombreuses cicatrices. Les blessures des jeunes rameaux produisent un latex aqueux incolore, les plus ĂągĂ©es produisent un latex blanchĂątre[7].

Les feuilles sont persistantes ou dĂ©cidues, arrondies, angulaires ou Ă  3-5 lobes peu marquĂ©s, Ă  la base cordĂ©e. Le pĂ©tiole fait de 6 Ă  15 cm.

Les inflorescences bisexuĂ©es en cymes terminales sont dichotomes et contractĂ©es. Les fleurs sont monoĂŻques (fleurs mĂąles et femelles distinctes sur le mĂȘme pied). Le calice est 5-fide. La corolle est aussi 5-fide, avec des pĂ©tales jaunes ou jaune-verdĂątre, cohĂ©rents (soudĂ©s), intĂ©rieurement velus, Ă  la diffĂ©rence d’autres espĂšces de Jatropha proches (J. podagrica, J. integerrima, J. multifida etc.) dont les fleurs sont rouges ou roses[5]. La fleur mĂąle comporte 10 Ă  15 Ă©tamines. La fleur femelle comporte un style bifide, adnĂ© Ă  sa base.

Aux Antilles françaises, la floraison a lieu presque toute l’annĂ©e, et surtout en mars avril.

Le fruit est une capsule ovoĂŻde, subcharnue, pendante, de 3–4 cm, vertes puis noirĂątres Ă  maturitĂ©, contenant trois graines ellipsoĂŻdes, Ă  stries noires, saillantes, de cm de long. La plante dĂ©gage une mauvaise odeur.

  • Vieux spĂ©cimen de Jatropha curcas, assez haut (Mozambique)
    Vieux spécimen de Jatropha curcas, assez haut (Mozambique)
  • Haie vive de Jatropha curcas
    Haie vive de Jatropha curcas
  • Haie
    Haie
  • DiffĂ©rentes formes de feuilles
    Différentes formes de feuilles
  • Fleur femelle, pilositĂ© interne
    Fleur femelle, pilosité interne
  • Fleur femelle
    Fleur femelle
  • Fruit
    Fruit
  • Fruits et graines
    Fruits et graines

Distribution

Jatropha curcas est probablement originaire d’AmĂ©rique centrale[7]. Cette espĂšce est indigĂšne en AmĂ©rique du Sud, AmĂ©rique centrale et Mexique.

Elle a Ă©tĂ© introduite dans les rĂ©gions tropicales et subtropicales. Elle est maintenant pantropicale (AmĂ©rique, Asie, Afrique, Pacifique, Australie). Assez rare aux Antilles françaises d’aprĂšs Fournet[5].

Dans les rĂ©gions oĂč elle a Ă©tĂ© introduite, c’est une plante rudĂ©rale croissant dans les zones fortement perturbĂ©es par l’homme.

Histoire

En 1570, le botaniste espagnol Francisco HernĂĄndez, dĂ©crit l’usage du piñones purgativos (pignon purgatif, Jatropha curcas), comme purgatif son usage en Nouvelle-Espagne :

« Ses graines ont la vertu de purger toutes les humeurs, principalement les Ă©paisses et visqueuses, tant par le conduit supĂ©rieur que par l’infĂ©rieur ; c’est pourquoi on les administre contre les infirmitĂ©s chroniques...On les adoucit en les grillant, et on les dissout dans l’eau ou le vin en les y trempant un certain temps. » (Rerum medicarum novae Hispaniae thesaurus)

On ne connait pas exactement la date d’introduction du mĂ©decinier purgatif au Cap-Vert (golfe de GuinĂ©e) mais sa culture s’y rĂ©pandit trĂšs tĂŽt et s’adapta au climat sec. On extrayait l’huile des graines qui remplaça avantageusement les huiles animales pour fabriquer le savon. Les excĂ©dents Ă©taient envoyĂ©s Ă  Lisbonne qui les utilisaient pour alimenter ses rĂ©verbĂšres[8]).

Du Cap-Vert, le médecinier purgatif gagna le continent africain. Au Sénégal, les feuilles ont été utilisées dans le traitement de la syphilis et des maladies pulmonaires[9].

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siĂšcle, qu’il gagna l’Asie ; en Inde, il servit surtout Ă  produire de l’huile d’éclairage.

Culture

Plantation de jatropha au Paraguay

Le Jatropha curcas pousse en climat tropical Ă  subtropical. Par ses racines fortes et profondes, ainsi que par son tronc Ă  caudex qui constitue un rĂ©servoir d’eau, le jatropha est capable de rĂ©sister Ă  des pĂ©riodes de sĂ©cheresse prolongĂ©e. Il vit jusqu’à 50 ans, demande peu d’irrigation, et peut se contenter de terrains inappropriĂ©s pour la culture de plantes alimentaires[10]. Il peut commencer Ă  produire au bout d’un an.

Il faut 12 mois pour obtenir une plante adulte à partir de graines ou 9 mois à partir d'une bouture mais le pourghÚre atteint sa pleine productivité en 3 ou 4 ans selon la nature du sol et le climat. La plante vit plus de 50 ans[11].

La culture du jatropha requiert une prĂ©paration du sol lorsque l'horizon superficiel est indurĂ© (trou ou saillie de sous-solage d'au moins 30 cm de profondeur), mais ne demande pas de pesticides et autres produits polluants (grĂące Ă  ses qualitĂ©s insecticides et fongicides). Son Ă©norme avantage est de ne pas entrer en compĂ©tition avec les cultures vivriĂšres car son huile n'est pas alimentaire et il s'adapte aux sols arides ou semi-arides impropres Ă  la plupart des cultures vivriĂšres.

Un hectare peut permettre la culture de 1 500 Ă  2 500 pieds de jatropha et chaque arbre adulte donne entre 2 et kg de graines par an gĂ©nĂ©ralement en deux fructifications selon le cultivar utilisĂ© et la richesse du sol. 5 kilos de fruits donnent 1 litre de bio-carburant. On peut donc espĂ©rer entre 600 et 1 800 litres d'huile Ă  l'hectare.

En monoculture, la pression des ravageurs augmente. Il existe un risque Ă©levĂ© de pertes, allant jusqu’à la perte totale, par exemple par les criquets. L'espĂšce peut ĂȘtre attaquĂ©e par Lagocheirus undatus, Panthomorus femorauts, Leptoglossus zonatus, Pachycoris torridus et Nezara viridula.

Propagation

La multiplication du Jatropha curcas se fait par semis ou par bouture. Ce dernier mode de multiplication a l’avantage de permettre Ă  la plante de grandir plus rapidement et de donner des fruits plus tĂŽt. Le semis produit une racine pivotante plus adaptĂ©e aux besoins de la protection anti-Ă©rosive.

Les premiÚres expériences tendent à démontrer que, sur les sols pauvres de savane, la plante démarre bien aprÚs un brulis et plus difficilement aprÚs une culture vivriÚre.

La multiplication par semis donne des résultats trÚs variables en termes de productivité. C'est pourquoi on constate beaucoup d'échecs liés à une faible productivité sur des plantations issues d'un semis. Pour créer une plantation de jatropha, il est conseillé de passer par une étape intermédiaire de sélection et de multiplication végétative des plants sélectionnés.

Cette plante ne produisant que quelques fruits par branche (entre 10 et 20), il convient de la conduire en multicaulie pour augmenter la production. À cette fin, il est conseillĂ© de procĂ©der Ă  un Ă©tĂȘtage Ă  la fin de la premiĂšre saison sĂšche afin de stimuler la ramification prĂ©coce.

Toxicité

En dehors de la production d’huile vĂ©gĂ©tale, le Jatropha curcas produit Ă©galement, en situation de stress (notamment hydrique, mais aussi en cas de blessure ou de taille trop sĂ©vĂšre de la plante), la curcine (ou curcasine)[12], une toxalbumine trĂšs active, substance trĂšs toxique proche de la ricine, bloquant l’activitĂ© de synthĂšse ribonuclĂ©ique (destruction partielle des codons messagers de l’ARN, ce qui conduit au blocage complet de l’activitĂ© de la cellule puis Ă  sa mort rapide) ; cette propriĂ©tĂ© est utilisĂ©e en mĂ©decine comme agent antitumoral[13].

Le Jatropha curcas est un purgatif violent qui a Ă©tĂ© utilisĂ© par les Incas et les CaraĂŻbes[14]. Actuellement, il doit ĂȘtre Ă©vitĂ© en utilisation par voie interne dans les mĂ©decines traditionnelles. L’ingestion de graines provoque dans la demi-heure une sĂ©vĂšre irritation gastrique entrainant nausĂ©e, brĂ»lure de la gorge, sĂ©vĂšres douleurs abdominales, vomissements et diarrhĂ©es parfois sanguinolentes. Des intoxications ont Ă©tĂ© signalĂ©es au Venezuela et Ă  HawaĂŻ. Avec un goĂ»t agrĂ©able, les graines se laissent facilement croquer par les enfants. DĂ©cĂšs pour une consommation de 15 Ă  20 graines[9]

On retrouve des traces de cette puissante toxine dans l’huile vĂ©gĂ©tale (extraite de ses graines), qui est donc impropre Ă  la consommation normale humaine ou animale. La prĂ©paration de l’huile ou du diester expose aussi le prĂ©parateur Ă  ce produit toxique. Traditionnellement, les graines Ă©taient concassĂ©es et broyĂ©es, avant d'ĂȘtre brassĂ©es en pĂąte Ă©paisse dans l’eau, pour ĂȘtre ensuite fortement pressĂ©es pour extraire cette toxine (qui Ă©tait parfois utilisĂ©e pour confectionner des poisons utilisĂ©s sur des armes de guerre, pour la chasse, ou encore dispersĂ©e dans les lacs ou les riviĂšres pour la pĂȘche). L'huile Ă©tait sĂ©parĂ©e aprĂšs filtration pour la prĂ©paration d'onguents mĂ©dicinaux antiseptiques pour soigner les blessures infectĂ©es, mais la farine rĂ©siduelle reste trop toxique pour l'alimentation humaine.

Certains estiment que la toxicité du Jatropha curcas le rendrait trop dangereux à cultiver en milieu rural[15].

Utilisation de la plante

Haie de protection contre le bétail.

Sa graine, parfois appelĂ©e noix des Barbades (Barbados nut en anglais), contient 30 Ă  40 % d’une huile appelĂ©e huile de jatropha[10]. Cette graine Ă©tait utilisĂ©e dans la mĂ©decine traditionnelle, l'huile de jatropha entre dans la composition du savon de Marseille et la plante malodorante sert Ă  isoler les cultures de l'appĂ©tit du bĂ©tail[16].

La coque séchée des graines est combustible et peut remplacer le bois de feu, ce qui constituerait une solution à la déforestation en milieu rural.

Dans les années 2000, son usage pour produire des agrocarburants s'est développé, ce qui lui vaut le surnom d'« or vert du désert », mais ce débouché ne tient pas ses promesses.

Agrocarburant

Graines de jatropha.

Le biogazole (biodiesel) tirĂ© de l’huile de palme et le bioĂ©thanol tirĂ© de la canne Ă  sucre sont les deux principales sources de biocarburants ayant les meilleurs rendement Ă  l’hectare de plantes cultivĂ©es[10]. Ces biocarburants sont presque tous produits Ă  partir de denrĂ©es alimentaires utilisant des terres agricoles de grandes qualitĂ©.

Le Jatropha curcas offre de nombreux avantages par rapport aux autres graines olĂ©agineuses. Il peut en particulier ĂȘtre cultivĂ© sur des terres de piĂštres qualitĂ©s et n’entre pas en concurrence avec les ressources vivriĂšres. L’Inde est certainement le pays ayant le plus contribuĂ© Ă  la promotion de ce biogazole.

Les graines de Jatropha curcas contiennent 30–40 % d’huile qui peut facilement ĂȘtre extraite et raffinĂ©e pour produire du biodiĂ©sel[10].

Elles peuvent produire jusqu'Ă  2 000 litres de diester par hectare (bien plus que le colza ou le soja). Toutefois, au dĂ©but des annĂ©es 1990, une tentative de culture au Nicaragua sur 2 000 hectares n'a pas tenu ses promesses et s'est rĂ©vĂ©lĂ©e catastrophique, avec pour seul rendement 200 litres par hectare. En effet, bien que la plante soit en mesure de pousser sur des sols arides, il semblerait que son rendement chute si l'apport en eau et la qualitĂ© du sol sont insuffisants. Ce qui crĂ©e une pression sur le mode de culture, car viser un rendement optimal nĂ©cessite de planter sur un sol fertile et d'irriguer rĂ©guliĂšrement. Toutefois, des Ă©tudes ont mis en avant la possibilitĂ© de recourir aux eaux usĂ©es, ce qui permettrait de fertiliser et d'irriguer du mĂȘme coup sans poser de problĂšme sanitaire puisqu'il ne s’agit pas d’une plante comestible.

En 2007, en Inde, des scientifiques cherchent Ă  identifier les gĂšnes responsables de la production d'huile, en vue d'Ă©laborer un jatropha gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© qui devrait ĂȘtre prĂȘt d'ici Ă  2012[17].

L'Inde s'apprĂȘterait Ă  planter 40 millions d'hectares de jatropha curcas (ainsi que de karanj) d'ici Ă  2012[18], et a procĂ©dĂ© Ă  des tests intensifs de ce bio-carburant. Trois voitures alimentĂ©es en diester issu de l'huile de jatropha ont dĂ©jĂ  parcouru 30 000 kilomĂštres. Le projet est soutenu par DaimlerChrysler et par l'Association allemande pour l'Investissement et le DĂ©veloppement (Deutsche Investitions- und Entwicklungsgesellschaft (de), DEG).

En , un Boeing 747 d'Air New Zealand a effectué avec succÚs un vol test en utilisant, pour l'un de ses moteurs, l'huile de jatropha[19].

En 2009, une autre étude menée au Mozambique conclut que la culture du jatropha ne remplit pas les espoirs placés en elle[20].

En 2010, aprÚs quelques années de tests de culture en Inde et en Tanzanie, certains exploitants renoncent à la culture du jatropha, celui-ci ne produisant pas les quantités espérées[21].

La mĂȘme annĂ©e, un rapport publiĂ© par la FAO et l'IFAD (Fonds international de dĂ©veloppement agricole) confirme que, si la production de jatropha Ă  des fins Ă©nergĂ©tiques pourrait profiter aux agriculteurs pauvres, en particulier dans les zones semi-arides et isolĂ©es des pays en dĂ©veloppement, celle-ci ne se substituera pas au pĂ©trole. L'Ă©tude estime que « la plupart des investissements et des politiques engagĂ©s dans le jatropha ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sans connaissances scientifiques suffisantes ». La production de jatropha devrait davantage ĂȘtre destinĂ©e Ă  une utilisation locale, en remplacement de la biomasse traditionnelle[22].

En , le rapport Jatropha : l'argent ne pousse pas sur les arbres, publiĂ© par les Amis de la Terre International, Ă©tudie les performances de ces cultures et conclut que cette plante n’est pas Ă  la hauteur des espĂ©rances. Les rendements sont notamment bien en dessous des promesses[23].

En AlgĂ©rie, des essais devaient avoir lieu Ă  Hassi Messaoud, rĂ©gion aride, puisque le jatropha se contente de 400 mm d'eau. Cette plante appelĂ©e dandenhari ou dandebarou en arabe est trĂšs envisageable dans cette rĂ©gion comme alternative Ă©cologique au pĂ©trole fossile.

SystĂšme Jatropha

Le systĂšme Jatropha[24] est une approche de dĂ©veloppement rural intĂ©grĂ©. En plantant des haies vives de jatropha pour protĂ©ger les champs contre les vents et les animaux errants herbivores, on obtient des fruits. Par pressage des graines, on extrait de l'huile de jatropha qui pourra ĂȘtre employĂ©e pour la production de savon, pour l'Ă©clairage et la cuisine et comme combustible dans des moteurs diesel. Ainsi, ce systĂšme couvre 4 principaux aspects du dĂ©veloppement rural:

  • promotion des femmes (production locale de savon avec de la soude caustique, ou, de maniĂšre plus rustique, avec des cendres de bananes brĂ»lĂ©es);
  • rĂ©duction de la pauvretĂ© (protection des cultures par sa toxicitĂ© et vente de graines, d'huile et de savon).
  • lutte contre l'Ă©rosion (plantation de haies); elle fournit Ă©galement de l’humus et retient l’humiditĂ©.
  • approvisionnement en Ă©nergie pour les mĂ©nages (fabrication de bougies, Ă©clairage par lampe Ă  huile aprĂšs avoir filtrĂ© l’huile) et les moteurs dans les zones rurales (agrocarburants pour les moteurs diesel de vĂ©hicules et groupe Ă©lectrogĂšne, aprĂšs la transformation de l’huile vĂ©gĂ©tale brute en mĂ©thylester par transestĂ©rification qui est un processus industriel).

L'avantage Ă©vident de ce systĂšme est que toutes ces opĂ©rations peuvent ĂȘtre effectuĂ©es directement en zones rurales ou mĂȘme en village sans traitement centralisĂ© (Ă  la diffĂ©rence de l'industrie du coton par exemple).

Usage médicinal, recherche

Traditionnellement, on utilisait son huile comme un purgatif et sa racine contre la lĂšpre.

Comme les baies de raisin d'Amérique, l'extrait de Jatropha curcas serait un excellent molluscide, actif contre l'escargot hÎte de Schistosoma mansoni et Schistosoma haematobium, vecteurs de la bilharziose[25].

Jatropha curcas semble contenir des principes actifs ayant une activitĂ© dĂ©sinfectante[26], antifongique[27] et antiparasitaire, susceptible d'ĂȘtre utilisĂ©e contre la malaria[26].

Autres utilisations

L'huile de jatropha permet Ă©galement de fabriquer du vernis aprĂšs oxydation avec des oxydes de fer et un colorant.

De l'huile sont extraits des esters de phorbol, produits actifs dans la lutte contre certains insectes et mollusques nuisibles pour l'agriculture.

Le tourteau, un sous-produit du processus d’extraction de l’huile, peut ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ© et servir d'engrais organique grĂące Ă  sa teneur Ă©levĂ©e en azote. Correctement traitĂ©, le tourteau constitue une source de protĂ©ine Ă  haute valeur pour l'alimentation de bĂ©tail.

À Madagascar, dans les annĂ©es 1940, on exportait les graines de jatropha vers Marseille pour fabriquer le fameux savon de Marseille. Aujourd'hui, on y utilise l'arbre comme tuteur pour la culture de la vanille et de la grenadille.

En Haïti, le jatropha (connu là-bas sous le nom de Gwo Medsiyen) est utilisé depuis des générations dans les rituels vaudous (pour purger les esprits malins et libérer les ùmes des morts) et en médecine traditionnelle. Aujourd'hui, source de développement rural et des agrocarburants aux nombreuses qualités, il pourrait également contribuer au reboisement de l'ßle.

Notes et références

  1. Inventaire National du Patrimoine Naturel INPN, « Pignon d’Inde (français), Jatrophe curcas L. 1753 » (consultĂ© le )
  2. Référence Biodiversity Heritage Library : 359027#page/448
  3. Garcia de Orta (translate by Clements Markham), Colloquies on the simples & drugs of India, Edinburgh : R. & R. Clark, (lire en ligne)
  4. Garcia de Orta, Histoire Des Drogves Espisceries, Et De Certains Medicamens Simples, Qvi Naissent Ă©s Indes & en l'Amerique, Aux despens de Jean Pillehotte, Lyon, (lire en ligne)
  5. Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
    Tome 1 (ISBN 2-87614-489-1) ; Tome 2 (ISBN 2-87614-492-1).
  6. (en) Référence The Plant List : Jatropha curcas (source : KewGarden WCSP)
  7. (en) Référence Flora of North America : Jatropha curcas Linnaeus
  8. JosĂ© E. Mendes FerrĂŁo, Le voyage des plantes et les Grandes DĂ©couvertes (XVe – XVIIe siĂšcles), Chandeigne, , 284 p.
  9. Dominique Ansel, J-J Darnault, J L Longuefosse, Plantes Toxiques des Antilles, Éditions Exbrayat, , 94 p.
  10. Nicolas Carels, Mulpuri Sujatha, Bir Bahadur, Jatropha, Challenges for a New Energy Crop Vol 1 Farming, Economics and Biofuel, Springer, , 600 p.
  11. Jatropha curcas
  12. (en) [PDF] Wei Qin, Huang Ming-Xing, Xu Ying, Zhang Xin-Shen et Chen Fang, « Expression of a ribosome inactivating protein (curcin 2) in Jatropha curcas is induced by stress », J. Biosci., 30, 2005, p. 351-357.
  13. (en) [PDF] Lin Juan, Yan Fang, Tang Lin et Chen Fang, « Antitumor effects of curcin from seeds of Jatropha curcas », Acta Pharmacologica Sinica, 24 (3), mars 2003, p. 241-246.
  14. Jean-Louis Longuefosse, Plantes mĂ©dicinales caribĂ©ennes, tomme 2, Éditions Orphie, , 250 p.
  15. Nature 449, 652-655 (2007) | doi:10.1038/449652a
  16. Ibrahima Diedhiou, Djiby Dia et Cheickh Sadibou Fall, [Jatropha curcas L. au Sénégal : enjeux, état des lieux de sa culture et possibilités dans les aménagements de la Grande Muraille Verte], dans La Grande Muraille Verte. Partie V. Développement des communautés locales et gouvernance des ressources naturelles, p. 411-427.
  17. Jatropha, le nouvel or vert ?
  18. Jean-Daniel Pellet, Elsa Pellet, atropha curcas, le meilleur des biocarburants : Mode d'emploi, histoire et avenir d'une plante extraordinaire, Éditions Favre,
  19. Un avion qui carbure au Jatropha « Copie archivée » (version du 6 janvier 2009 sur Internet Archive)
  20. Jatropha, une aberration pour le Mozambique !
  21. (en)Seeds of discontent: the 'miracle' crop that has failed to deliver
  22. Richard Brittaine et NeBambi Lutaladio, Jatropha: A Smallholder Bioenergy Crop The Potential for Pro-Poor Development, dans Integrated Crop Management Vol. 8–2010.
  23. « Jatropha : désenchantement » (consulté le )
  24. Abdoul Karim Alpha Gado, Le "systÚme jatropha" pour l'écodéveloppement au sahel. Mémoire pour l'obtention du master en développement de l'Université Senghor, département environnement, spécialité «Gestion de l'environnement», le 18 avril 2011.
  25. Toxic activities of the plant Jatropha curcas against intermediate snail hosts and larvae of schistosomes
  26. AF Fagbenro-Beyioku, WA Oyibo
 (1998), Disinfectant/antiparasitic activities of Jatropha curcas ; East African medical journal, vol. 75, no9, p. 508-511 (18 ref.) ; (ISSN 0012-835X) (résumé cat.inist.fr)
  27. Antifungal activities of ethanolic extract from Jatropha curcas seed cake D Saetae, W Suntornsuk - Journal of microbiology and biotechnology, 2010 - cat.inist.fr
  • Jatropha Curcas, le meilleur des biocarburants, de Jean-Daniel & Elsa Pellet, Éditions Favre - (ISBN 9782828909420)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.