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Invasion mongole de l'Europe

L’invasion mongole de l'Europe au XIIIe siĂšcle (1236-1242) dĂ©signe l'action militaire d'une puissance asiatique, l'Empire mongol, pour envahir et conquĂ©rir des parties de l'Europe grĂące Ă  son armĂ©e. Elle est la suite de l'invasion mongole de la Rus' de Kiev (1223-1240) et accompagne celles de la Pologne (1240-1288) et de la Hongrie (1241-1286).

Expansion de l'Empire mongol de 1206 à 1294 et rétrécissement de la Horde d'or entre 1279 et 1294.

Elle provoque la destruction des principautĂ©s slaves et des grandes villes, comme Kiev et Vladimir[1]. Les invasions mongoles touchent Ă©galement l'Europe centrale, notamment la BohĂȘme-Moravie, la Pologne (bataille de Legnica, 1241), la Moldavie, la Valachie, la Transylvanie, la Hongrie (bataille de Mohi, 1241) et la Bulgarie.

Les opĂ©rations sont dirigĂ©es par le gĂ©nĂ©ral SubötaĂŻ et commandĂ©es par Batu et Khadan, deux petits-fils de Gengis Khan. À la suite des invasions, un grand nombre des territoires conquis sont soumis Ă  la Horde d'or. Ces invasions sont dirigĂ©es par les mongols mais d'autres peuples cavaliers de diverses origines, notamment turcophones, y ont participĂ©. Leurs raids figurent parmi les conflits les plus violents de cette pĂ©riode, car Ă  l'invasion succĂšde le pillage systĂ©matique, l'incendie des localitĂ©s et l'esclavage des populations capturĂ©es. Au moins 20 Ă  40 % de la population meurt, massacrĂ©e ou Ă  la suite des Ă©pidĂ©mies. Roger des Pouilles, un moine italien et chroniqueur qui se trouvait en Hongrie au moment de l'invasion, a soulignĂ© non seulement les « massacres de masse » de l’occupation, mais aussi que les Mongols « trouvent du plaisir » Ă  humilier les femmes[2]. Les princes europĂ©ens jusque-lĂ  divisĂ©s et belliqueux entre eux, se rendent compte de la nĂ©cessitĂ© de coopĂ©rer face Ă  l'invasion mongole et suspendent les conflits locaux dans plusieurs parties de l'Europe centrale, pour reprendre une fois la menace Ă©cartĂ©e[3] - [4],

Invasion et conquĂȘte de la Rus' de Kiev

Invasion mongole de la Rus'
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
L'armée Mongole en train de prendre et piller une ville de la Rus' de Kiev.
Informations générales
Date 1223, 1236–1240
Lieu Territoires se trouvant actuellement en Russie, Ukraine et Biélorussie
Changements territoriaux Annexion des principautés de la Rus' de Kiev par l'empire Mongol
Forces en présence
20 000 soldats en 1223
Plus de 35 000 soldats mongols accompagnĂ©s de plus de 40 000 auxiliaires turcs en 1236
80 000 en 1223
Pertes
Plus de 7 000500 000, soit entre 6 et 7 % de la population de la Rus'[5]

ConquĂȘtes mongoles

Le retour à Vladimir de Iaroslav II de Vladimir aprÚs la destruction de la ville par les Mongols. Extrait d'annales médiévales russes.

Le Khan ÖgedeĂŻ donne l'ordre Ă  Batu de conquĂ©rir la Rus' de Kiev en 1235. La force principale, dirigĂ©e par le fils de Djötchi et ses cousins, GĂŒyĂŒk et Möngke, arrive Ă  Riazan en . La ville refuse de se rendre et est saccagĂ©e par les Mongols, qui rĂ©servent le mĂȘme sort Ă  Souzdal. Pour contrer cette invasion, une coalition formĂ©e de nombreux princes de la Rus' affronte les Mongols le , lors de la bataille de la riviĂšre Sit (en). C'est un Ă©chec sanglant pour les Rus' et le Grand Prince Youri est tuĂ© lors des combats. AprĂšs cette dĂ©faite, des grandes villes telles que Vladimir, Torjok et Kozelsk sont prises et pillĂ©es par les Mongols.

AprĂšs les villes, les Mongols tournent leur attention vers les peuples de la steppe pontique : ils Ă©crasent les Coumans et les Alains, puis pillent la CrimĂ©e, qui devient ensuite l'un des khanats tatars. Batu arrive en Ukraine actuelle en 1239 et met Ă  sac les villes de PereĂŻaslav et Tchernihiv. La plupart des princes de la Rus' de Kiev s'enfuient quand il devient Ă©vident que toute rĂ©sistance est inutile. Les Mongols prennent et incendient Kiev le , avant de ravager Galitch et Volodymyr-VolynskyĂŻ. Batu envoie un petit dĂ©tachement en Pologne pour tester les Polonais, avant de marcher personnellement sur l’Europe centrale. Si le petit dĂ©tachement est vaincu par les Polonais, le gros des troupes Ă©crase l'armĂ©e polonaise avant de repartir[6].

Lorsque dĂ©bute cette invasion, les Mongols utilisent dĂ©jĂ  la poudre noire inventĂ©e par les Chinois, et ils l'utilisent avec succĂšs lors des combats pendant l’invasion de l’Europe[7].

Invasion de l'Europe centrale

L’attaque contre l’Europe est planifiĂ©e et exĂ©cutĂ©e par SubötaĂŻ, qui atteint peut-ĂȘtre le sommet de sa gloire et de sa renommĂ©e avec ces victoires. AprĂšs avoir ravagĂ© les principautĂ©s de la Rus', il envoie des espions en Pologne et en Hongrie et mĂȘme en Autriche orientale, en prĂ©vision d’une attaque au cƓur de l’Europe. GrĂące aux rapports de ses espions, il a une image claire des royaumes europĂ©ens et se prĂ©pare Ă  les attaquer. En thĂ©orie, cette attaque est commandĂ©e par Batu, le fils de Djötchi, et deux autres princes de la famille de ce dernier. Mais sur le terrain, c'est SubötaĂŻ qui est, de fait, le stratĂšge et le commandant des opĂ©rations. À ce titre, il est prĂ©sent dans les deux campagnes du Nord et du Sud contre les principautĂ©s de la Rus' de Kiev. Il commande la colonne centrale qui attaque la Hongrie. Alors que l'armĂ©e du Nord de Kadan remporte la bataille de Legnica et que celle de GĂŒyĂŒk triomphe en Transylvanie, SubötaĂŻ les attend dans la plaine hongroise. L’armĂ©e nouvellement rĂ©unifiĂ©e se rend sur les rives du fleuve Sajo, oĂč elle inflige une dĂ©faite dĂ©cisive au roi BĂ©la IV de Hongrie Ă  la bataille de Mohi. Encore une fois, c'est SubötaĂŻ qui a orchestrĂ© l’opĂ©ration, qui s’avĂšre ĂȘtre une de ses plus grandes victoires.

PremiĂšre invasion de la Pologne

Invasion mongole de la Pologne
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Les Mongols paradant la tĂȘte de Henri II aprĂšs la bataille de Legnica.
Informations générales
Date Premiùre invasion : fin 1240–1241, seconde invasion : 1259, troisiùme invasion : 1287
Lieu Régions situées au sud et à l'est de la Pologne
Changements territoriaux Le royaume de Pologne devient la cible de raids mongols réguliers
Belligérants
Horde d'or Duchés polonais, puis Royaume de Pologne et divers alliés
Commandants
Baidar (peut-ĂȘtre †)
Kadan
Orda
Daniel de Galicie (c)
Nombreux participants aux combats, le plus important Ă©tant Henri II le Pieux †
Forces en présence
un tumen, soit environ 10 000 soldats[8]entre 10 000 et 30 000[9]+ au moins 500 soldats de l'Ordre du Temple
Pertes
NĂ©gligeablesLourdes

ConquĂȘtes mongoles

Henri II le pieux, qui perd la vie lors de la bataille de Legnica. Peinture du XIXe siĂšcle de Jan Matejko.

Les Mongols envahissent l’Europe centrale avec trois armĂ©es. Le , lors de la bataille de Legnica, une de ces armĂ©es bat Ă  plate couture une armĂ©e dirigĂ©e par Henri II le Pieux, duc de SilĂ©sie et composĂ©e des troupes des grandes familles nobles polonaises et des membres de diffĂ©rents ordres militaires chrĂ©tiens[10].

AprÚs le saccage de Kiev[11], Batu envoie un petit groupe de soldats en Pologne. Là, ils détruisent Lublin et battent une armée polonaise inférieure en nombre par rapport aux Mongols. Par contre, un autre groupe de soldats mongols, qui ne fait pas partie de la force principale, est mis en difficulté par des défenseurs locaux prÚs de la frontiÚre entre la Pologne et la Galicie.

Les Mongols arrivent ensuite Ă  Polaniec, oĂč ils Ă©tablissent leur camp. C'est lĂ  qu'ils sont attaquĂ©s par le voĂŻvode qui gouverne la rĂ©gion, accompagnĂ© des derniers chevaliers cracoviens encore en vie. Ces assaillants sont peu nombreux, mais dĂ©terminĂ©s Ă  vaincre l’envahisseur ou mourir. Au dĂ©but, l'effet de surprise avantage les Polonais et ils rĂ©ussissent Ă  tuer de nombreux soldats mongols. Mais les chevaliers polonais, confiants aprĂšs leur victoire initiale, se dĂ©tournent du champ de bataille pour se livrer au pillage. Quand les envahisseurs rĂ©alisent la faiblesse numĂ©rique de leurs ennemis, ils se regroupent, contre-attaquent, traversent les rangs polonais et remportent la victoire. Au cours des combats, de nombreux prisonniers de guerre polonais rĂ©ussissent Ă  s’échapper et Ă  se cacher dans les bois voisins.

Invasion de la BohĂȘme et de la Moravie

Invasion mongole de la BohĂȘme et de la Moravie
Informations générales
Date 1241
Lieu BohĂȘme et Moravie
Changements territoriaux certaines régions du royaume de Hongrie passent sous le contrÎle des Mongols
Forces en présence
Ancienne estimation:
70 000[12]
Nouvelle estimation:
30 000[13]
Ancienne estimation:
80 000[14]
Nouvelle estimation:
25 000[13]
en incluant la cavalerie lourde hongroise, les chevaliers de l'Ordre du Temple, des nomades mercenaires (cavalerie légÚre) et des soldats serbes. Plusieurs centaines de Coumans.
Pertes
Quelques centaines de morts[13].entre 15 et 25 % de la population est tuée[13]

ConquĂȘtes mongoles

AprĂšs la dĂ©faite de la coalition polonaise Ă  Legnica, les Mongols continuent de piller les royaumes voisins de la Pologne, en particulier la SilĂ©sie et la Moravie. ArrivĂ© trop tard pour participer Ă  la bataille de Legnica, le roi Venceslas Ier de BohĂȘme repart immĂ©diatement pour protĂ©ger son royaume, aprĂšs avoir dĂ©couvert les ravages causĂ©s en Pologne par les Mongols. Sur le chemin du retour, il rassemble des renforts venant de Thuringe et de Saxe. Une fois arrivĂ© dans son royaume, il poste ses troupes dans les rĂ©gions montagneuses de BohĂȘme, lĂ  oĂč les Mongols ne sont pas en mesure d’utiliser efficacement leur cavalerie[15].

À ce stade des opĂ©rations, les forces mongoles sont divisĂ©es en deux armĂ©es :

  • La premiĂšre est commandĂ©e par Batu et SubötaĂŻ qui ont l’intention d’envahir le Royaume de Hongrie ;
  • La seconde est commandĂ©e par Baidar et Kadan qui marchent sur la SilĂ©sie et la Moravie en ravageant tout ce qui se trouve sur leur chemin.

Quand la seconde armĂ©e arrive en BohĂȘme, les dĂ©fenses du Royaume dĂ©couragent Baidar et Kadan qui, au lieu d’attaquer, se replient sur la ville d'Othmachau[16] - [15]. Une petite troupe de soldats mongols attaque bien la ville de KƂodzko, mais la cavalerie de Venceslas rĂ©ussit Ă  les repousser[17] - [18]. Les Mongols tentent ensuite de prendre la ville d’Olomouc, mais Venceslas rĂ©ussit Ă  obtenir l’aide du duc d’Autriche et, ensemble, ils repoussent l’invasion mongole[15] - [19] - [20]. La BohĂȘme de Venceslas est l'un des rares royaumes d'Europe de l'Est et d'Europe centrale Ă  n'avoir jamais Ă©tĂ© conquis ou ravagĂ©, alors que la plupart des royaumes autour d’elle, comme la Pologne et de la Moravie, sont pillĂ©s[15]. Le succĂšs du roi est tel que les chroniqueurs envoient des messages Ă  l’empereur Frederick II sur sa « victorieuse dĂ©fense »[21]. AprĂšs ces tentatives infructueuses, Baidar et Kadan continuent de lancer des raids en Moravie avant d’aller enfin vers le sud pour rejoindre Batu et SubötaĂŻ en Hongrie.

Invasion du royaume de Hongrie

Invasion mongole de la Hongrie
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La bataille de Mohi (Hongrie, 1241)
Informations générales
Date PremiĂšre invasion: 11 avril 1241, Seconde invasion : 1285
Lieu Royaume de Hongrie
Changements territoriaux Le Second Empire bulgare devient un vassal des Mongols
Commandants
Batu
Kadan
BĂ©la IV de Hongrie
Coloman de Galicie(s'enfuit, puis meurt des suites de ses blessures)
l'ArchevĂȘque Ugrin CsĂĄk †
l'ArchevĂȘque Matthias RĂĄtĂłt †
Palatine Denis Tomaj †

ConquĂȘtes mongoles

Les Hongrois sont mis au courant de l'existence de la menace mongole en 1229, quand le roi AndrĂ© II de Hongrie accorde l’asile Ă  des Boyards russes et moldaves qui se sont enfuis face Ă  l'avancĂ©e des Mongols. Certains Magyars, qui Ă©taient restĂ©s Ă  l'Est des Carpates lors de la HonfoglalĂĄs de 895, vivaient encore sur les rives de la Volga supĂ©rieure[22]. En 1237, un moine dominicain nommĂ© Julianus, part en expĂ©dition pour les ramener et est renvoyĂ© auprĂšs du roi BĂ©la IV de Hongrie avec une lettre de Batu. Dans cette lettre, il appelle le roi de Hongrie Ă  une reddition sans condition Ă  l'Empire mongol, sous peine de subir une destruction complĂšte. BĂ©la ne rĂ©pond pas et deux autres messages arrivent en Hongrie. Le premier, en 1239, est envoyĂ© par les Coumans, un peuple nomade vaincu par les Mongols. Ils demandent l'asile en Hongrie, qui leur est accordĂ©. Le second est envoyĂ© en par les princes polonais vaincus.

Ce n'est qu'Ă  ce moment-lĂ  que le roi BĂ©la invite ses magnats Ă  rejoindre son armĂ©e pour dĂ©fendre le pays. Il demande aussi de l'aide de la papautĂ© et aux dirigeants europĂ©ens occidentaux. L'aide Ă©trangĂšre arrive sous la forme d’un petit dĂ©tachement de cavalerie sous la direction du duc FrĂ©dĂ©ric II d'Autriche. Ces renforts sont bien trop maigres pour changer l’issue de la campagne et la majoritĂ© des magnats hongrois ne rĂ©alisent pas l’urgence de la situation. Certains espĂšrent mĂȘme qu’une dĂ©faite de l’armĂ©e royale forcerait BĂ©la Ă  interrompre ses efforts de centralisation et ainsi renforcer leur propre pouvoir.

Bien que le danger mongol soit rĂ©el et imminent, la Hongrie n’est pas prĂȘte Ă  y faire face. Dans l’esprit d’un peuple qui a vĂ©cu Ă  l’abri des invasions des peuples nomades lors des derniers siĂšcles, une invasion semble impossible. À cela, il faut rajouter que la Hongrie n’était plus une grande puissance militaire. Seuls les nobles sont formĂ©s au combat comme cavaliers lourds et cela fait longtemps que les Hongrois ont oubliĂ© l'art du combat avec la cavalerie lĂ©gĂšre, qui Ă©tait la tactique favorite de leurs ancĂȘtres. Face Ă  eux, les Mongols maĂźtrisent parfaitement ce type de combat.

Cependant, si l’armĂ©e hongroise est mal prĂ©parĂ©e Ă  faire face aux Mongols, c'est plus une question de mĂ©connaissance de l’ennemi que de faiblesse intrinsĂšque. À la veille de la bataille de Mohi, elle est forte d'environ 60 000 soldats. Elle est composĂ©e de chevaliers ayant des connaissances tactiques, elle est disciplinĂ©e et elle a des chefs talentueux. Conscient que ses troupes manquent d’expĂ©rience en matiĂšre de guerre contre les peuples nomades, le roi BĂ©la accueille en Hongrie Kuthen, le roi des Coumans, et ses combattants. Cependant, l'accueil des Coumans se rĂ©vĂšle ĂȘtre une arme Ă  double tranchant. En effet, leur prĂ©sence en Hongrie sert de justificatif Ă  Batu pour envahir le pays, car pour lui ce sont des rebelles et des traĂźtres Ă  l’Empire mongol. Pire, des rumeurs commencent Ă  circuler en Hongrie voulant que les Coumans soient des agents des Mongols, ce qui conduit des Hongrois Ă  attaquer le camp des Coumans et tuer leur roi. Furieux, ils ripostent en partant vers le sud pour piller le pays, ravager la campagne et tuer les civils hongrois qui ne se doutent de rien. Enfin, les maigres troupes autrichiennes se retirent vers l’Autriche peu aprĂšs, pour obtenir plus d’aide occidentale. Finalement, les Hongrois se retrouvent seuls pour dĂ©fendre leur pays.

Représentation médiévale (1280c) de la bataille de Mohi.
Pillage mongol aprĂšs la bataille de Mohi, d'aprĂšs la Chronica Hungarorum (1488) de Johannes de Thurocz.

L’armĂ©e hongroise arrive sur les rives de la riviĂšre SajĂł le et y installe son campement, sans avoir Ă©tĂ© ouvertement attaquĂ©e par les Mongols. Ces derniers passent Ă  l'attaque dĂšs la nuit suivante et trĂšs vite il est clair que les Hongrois ont perdu. Alors que le roi s’échappe avec l’aide de ses gardes du corps, le reste de l’armĂ©e hongroise est impitoyablement tuĂ© par les Mongols ou noyĂ© dans la riviĂšre pour les soldats qui essayent de s’échapper. AprĂšs cette victoire, les Mongols occupent la grande plaine hongroise, le versant nord des Carpates et la Transylvanie. Lorsqu’ils font face Ă  une rĂ©sistance locale, les Mongols massacrent sans pitiĂ© la population. Et lorsque les habitants n’offrent aucune rĂ©sistance, ils forcent les hommes Ă  servir dans l’armĂ©e mongole. Pourtant, des dizaines de milliers de Hongrois Ă©vitent de tomber sous la domination mongole en se rĂ©fugiant derriĂšre les murs des quelques forteresses existantes ou en se cachant dans les forĂȘts et les grands marais prĂ©sents le long des riviĂšres. Au lieu de partir envahir l'Europe de l'Ouest en passant par la Pannonie et en laissant derriĂšre eux des Hongrois impuissants et sans dĂ©fense, les Mongols passent tout l'Ă©tĂ© et tout l’automne Ă  sĂ©curiser et pacifier les territoires occupĂ©s. Esztergom, la capitale et le centre Ă©conomique du royaume, tombe le jour de NoĂ«l 1241. Les Mongols dĂ©truisent la ville, forçant le roi Ă  dĂ©placer la capitale Ă  Buda|[23]. Mais dĂšs le de la mĂȘme annĂ©e, Buda tombe Ă  son tour aprĂšs l'usage des « flĂšches de feu », une arme Ă  base de poudre noire que les Mongols ont ramenĂ©e de Chine[24].

Au cours de l’hiver, allant Ă  l’encontre de la stratĂ©gie traditionnelle des armĂ©es de nomades qui entament des campagnes militaires uniquement au printemps, les Mongols traversent le Danube et continuent leur Ɠuvre d'occupation systĂ©matique du pays, y compris la Pannonie. Ils atteignent finalement les frontiĂšres autrichiennes et les cĂŽtes de l’Adriatique en Dalmatie. Les Mongols nomment un darugachi en Hongrie et commencent Ă  frapper des piĂšces de monnaie au nom du Khagan[25]. Selon Michael Prawdin, la Hongrie avait Ă©tĂ© donnĂ©e en apanage Ă  Orda par Batu. Mais si les Mongols prĂ©tendent contrĂŽler la Hongrie, ils n'arrivent pas Ă  occuper des villes fortifiĂ©es comme FehĂ©rvĂĄr, VeszprĂ©m, Tihany, GyƑr, Pannonhalma, Moson, Sopron, VasvĂĄr, Újhely, Zala, LĂ©ka, Pozsony, Nyitra, KomĂĄrom, FĂŒlek et AbaĂșjvĂĄr.

Au moment du départ des Mongols de Hongrie, Batu ordonne l'exécution des prisonniers pour ne pas ralentir son retour en ayant à gérer une telle masse humaine. Il laisse derriÚre lui l'Europe centrale et l'Europe de l'Est dépeuplées et en ruines.

Une fois revenu en Hongrie, le roi BĂ©la IV tire les leçons de cette invasion : mĂȘme si les Mongols ont dĂ©truit les campagnes et les fortifications en bois, les forts et villes protĂ©gĂ©s par des murs de pierre ont survĂ©cu. Donc, afin d’amĂ©liorer les capacitĂ©s de dĂ©fense du pays pour l’avenir, le roi BĂ©la IV investit dans des fortifications, non seulement sur les frontiĂšres, mais aussi Ă  l’intĂ©rieur du pays. Le pays Ă©tant ravagĂ©, BĂ©la fait face Ă  une pĂ©nurie d’argent au moment de lancer la reconstruction. Pour renflouer les caisses de l'État, il accueille des colonies de familles juives, des investisseurs et des commerçants en leur accordant la citoyennetĂ© hongroise. Le roi accueille Ă©galement des dizaines de milliers de Coumans, qui avaient fui le pays avant l’invasion. Au cours des derniĂšres dĂ©cennies du XIIIe siĂšcle et tout au long du XIVe siĂšcle, les rois font don de terres royales aux magnats, Ă  la condition qu’ils y construisent des forts pour assurer la dĂ©fense desdites terres.

Invasion du royaume de Croatie

Invasion mongole de la Croatie
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La forteresse de Klis, devant laquelle les Mongols sont vaincus en 1242.
Informations générales
Date 1241
Lieu Royaume de Croatie
Changements territoriaux la confédération des Kiptchaks-Coumans est annexée par l'empire Mongol

ConquĂȘtes mongoles

Pendant le Moyen Âge, le royaume de Croatie est un royaume en union personnelle avec la Hongrie dont le roi est alors BĂ©la IV[26] - [27] - [28].

AprĂšs sa dĂ©route face aux Mongols sur les rives de la riviĂšre de Sajo en 1241, BĂ©la IV se rĂ©fugie Ă  Zagreb, qui est actuellement la capitale de la Croatie. Batu envoie quelques tumens, soit environ 20 000 soldats, sous les ordres de Khadan, Ă  la poursuite de BĂ©la. L’objectif principal n’est pas la conquĂȘte du pays mais la capture du roi en fuite. Mal fortifiĂ©e, Zagreb est incapable de rĂ©sister face aux Mongols. La ville est prise, dĂ©truite et sa cathĂ©drale incendiĂ©e par les Mongols[29].

BĂ©la IV s'Ă©chappe de Zagreb et les Mongols le poursuivent de ville en ville Ă  travers toute la Dalmatie, tandis que la noblesse croate et les villes dalmates, comme Trogir et Rab, aident le roi Ă  s’échapper. Seule la ville de Split n'aide pas BĂ©la IV dans sa fuite devant les Mongols. Pendant cette poursuite, les Mongols subissent une dĂ©faite majeure Ă  la forteresse de Klis, en [30]. AprĂšs leur dĂ©faite contre les soldats croates, les Mongols se retirent et BĂ©la IV rĂ©compense la noblesse et les villes croates. Selon certains historiens, le relief montagneux de la Dalmatie croate fut fatal pour les Mongols Ă  cause des pertes importantes provoquĂ©es par les embuscades croates dans les cols de montagne[31]. Quelle que soit la raison du retrait des Mongols, mĂȘme si une grande partie de la Croatie a Ă©tĂ© pillĂ©e et dĂ©truite, ils n'ont pas rĂ©ussi Ă  occuper durablement le pays.

AprÚs le retrait des Mongols et pour préparer la ville à une éventuelle seconde invasion, les dirigeants de la ville obtiennent une Charte royale (ou chrysobulle) en 1242 du roi Béla IV. Grùce à leurs nouveaux privilÚges, les citoyens de Zagreb peuvent s'engager dans la construction de murailles et tours pour protéger leur ville et leurs habitations[31].

Il faut noter que sainte Marguerite ( – ), la fille de BĂ©la IV et Maria Laskarina, est nĂ©e dans la forteresse de Klis pendant cette invasion mongole[32].

Impact sur les pays roumains

Invasion mongole des pays roumains
Informations générales
Date PremiĂšre invasion : 1242, Raids tardifs : 1274, 1280 et 1285
Lieu Territoires situés au nord du Second Empire bulgare
Commandants
Ioan Asan II

ConquĂȘtes mongoles

L’invasion mongole de 1241 touche la Transylvanie, la Moldavie (alors marches hongroises) et la Valachie (alors partie du royaume bulgaro-valaque), qui se trouvent respectivement Ă  l’ouest, Ă  l’est et au sud des Carpates. Des dizaines de milliers de Valaques (comme l’on appelait alors les Roumains) perdent la vie en dĂ©fendant ces territoires contre les Mongols. Selon les chroniques de l'Ă©poque, il semble que comme ailleurs, prĂšs la moitiĂ© de la population meurt durant cette invasion et la plupart des habitations sont brĂ»lĂ©es.

Par contrecoup, une grande partie de tout ce qui a trait Ă  la culture et Ă  l'Ă©conomie des pays roumains de cette pĂ©riode disparaĂźt dans les flammes. DivisĂ©s, les Valaques offrent peu de rĂ©sistance aux Mongols[33], car ils sont surpris par la rapiditĂ© de l'invasion et contraints Ă  battre en retraite et se cacher dans les forĂȘts et les vallĂ©es closes des Carpates. MalgrĂ© leurs destructions, les Mongols se contentent de passer sans chercher Ă  s'implanter, car la cible principale de l'invasion est le Royaume de Hongrie proprement-dit.

La principale consĂ©quence de l'invasion mongole de l'Europe pour les Roumains est l'installation durable des Tatars dans leur voisinage immĂ©diat, dans le Boudjak, en CrimĂ©e et dans la steppe pontique (actuelle Ukraine mĂ©ridionale) ainsi qu'en Dobroudja. Pendant tout le Moyen Âge et jusqu'en 1788, tous les trente ans environ, ces Tatars passĂ©s du tengrisme Ă  l'islam et devenus les alliĂ©s des Ottomans, continueront Ă  faire des raids de pillage dans les principautĂ©s roumaines de Moldavie et Valachie en 1337, 1411, 1422, 1484, 1517, 1521, 1536, 1552-55, 1570-72, 1589-93, 1640, 1666-67, 1671, 1688 et 1713, le tout dernier ayant lieu la veille de la rĂ©volution française. Leurs dĂ©prĂ©dations et l'hĂ©morrhagie dĂ©mographique des habitants emmenĂ©s en esclavage (et vendus en Asie occidentale ou en Anatolie) ont maintenu les pays roumains dans un Ă©tat chronique de faiblesse Ă©conomique et politique qui n'a permis aux Roumains de constituer leur propre État indĂ©pendant qu'au XIXe siĂšcle. Au sein de cet État, les descendants des Tatars sont toujours prĂ©sents de nos jours parmi les minoritĂ©s du pays[34].

Attaque de l'Autriche

Invasion mongole de l'Autriche
Informations générales
Date 1241
Lieu Territoires situés au sud du Duché d'Autriche

ConquĂȘtes mongoles

L’assujettissement de la Hongrie ouvre pour les Mongols le chemin de l'Autriche. Selon des sources mĂ©diĂ©vales d'authenticitĂ© douteuse, les Autrichiens et leurs alliĂ©s auraient remportĂ© diverses victoires sur les Mongols : en 1241 Wiener Neustadt, une ville situĂ©e au sud de Vienne, aurait Ă©tĂ© secourue par une troupe commandĂ©e par le roi de BohĂšme, le patriarche d'AquilĂ©e, les ducs d'Autriche et de Carinthie, et le margrave de Bade[35] - [36].

Les chevaliers autrichiens auraient aussi infligĂ© une autre dĂ©faite aux Mongols au bord de la Morava, dans le district de Theben[36]. Si ces combats (cĂ©lĂ©brĂ©s par la suite comme de grandes victoires) ont rĂ©ellement eu lieu, ils n'ont en tout cas concernĂ© que de faibles effectifs : le duc FrĂ©dĂ©ric II d'Autriche donne des chiffres de 300 et 700 hommes pour les pertes mongoles, tandis que ses troupes en ont seulement perdu 100.[35]

Tactiques des Européens face aux Mongols

Selon certains auteurs, la forme traditionnelle de guerre en usage en Europe, à savoir une guerre basée sur des combats au corps à corps entre chevaliers, aurait tourné à la catastrophe lorsqu'elle fut utilisée contre les forces mongoles. En effet, avec leur mobilité et leurs archers montés, les Mongols sont capables de garder leurs adversaires à distance, tout en les surclassant en nombre. Cette citation en anglais extraite du volume 29 de la New EncyclopÊdia Britannica résume bien cette opinion :

anglais : Employed against the Mongol invaders of Europe, knightly warfare failed even more disastrously for the Poles at the Battle of Legnica and the Hungarians at the Battle of Mohi in 1241. Feudal Europe was saved from sharing the fate of China and Muscovy not by its tactical prowess but by the unexpected death of the Mongols' supreme ruler, Ögedei, and the subsequent eastward retreat of his armies[37].

Cependant, au cours de la premiĂšre invasion mongole et lors des raids ultĂ©rieurs, les chevaliers lourdement protĂ©gĂ©s et la cavalerie lourde se rĂ©vĂšlent plus efficace pour lutter contre les Mongols que la cavalerie lĂ©gĂšre. Ainsi, au cours de la bataille de Mohi, tandis que la cavalerie lĂ©gĂšre hongroise et l’infanterie sont dĂ©cimĂ©es par les forces mongoles, les chevaliers protĂ©gĂ©s par de lourdes armures de plaques, comme ceux de l’ordre des Templiers, s'en tirent beaucoup mieux[38]. De mĂȘme, au cours de la bataille de Legnica, la petite centaine de Templiers engagĂ©s au combat ne perd que trois chevaliers et deux sergents face aux Mongols[3]. Sans oublier les chevaliers autrichiens du duc FrĂ©dĂ©ric II qui infligent deux dĂ©faites aux envahisseurs[36].

AprĂšs sa dĂ©faite, le roi BĂ©la IV recrute des Chevaliers de Saint-Jean pour qu'ils l'aident Ă  amĂ©liorer la formation de ses propres chevaliers et qu'ils participent Ă  la construction de fortifications, le tout en prĂ©vision d'une seconde invasion mongole de la Hongrie[39]. AprĂšs des dĂ©cennies de raids mongols sur les fermes et villages europĂ©ens, les armĂ©es occidentales et en particulier la Hongrie, commencent Ă  s’adapter aux tactiques des Mongols en construisant des fortifications en pierre qui rĂ©sistent mieux aux armes de siĂšge et en amĂ©liorant leur cavalerie lourde[40].

Introduction en Europe des armes Ă  poudre chinoises par les Mongols

Plusieurs sources mentionnent l'utilisation par les Mongols d'armes Ă  feu et d'armes Ă  poudre Ă  canon venant de Chine, lors de la bataille de Mohi. Ces armes sont utilisĂ©es sous diverses formes, y compris des bombes lancĂ©es par l’intermĂ©diaire de catapultes[41] - [42] - [43]. Le professeur Kenneth Warren Chase met au crĂ©dit des Mongols l’introduction de la poudre Ă  canon, et des armes associĂ©es, en Europe[44].

Plus tard, bien aprÚs la fin des invasions mongoles, naßt en Europe une légende voulant que la poudre ait été inventée par un mystérieux Berthold Schwarz au XVe siÚcle ; légende relayée et largement propagée par la littérature européenne du XIXe siÚcle[45]. Si cette légende n'a aucun fondement solide, le voyage en Asie du missionnaire flamand Guillaume de Rubrouck est bien documenté. Il se rend à la Cour du Khan Möngke à Karakorum, puis retourne en Europe en 1257. Ce missionnaire est un ami du philosophe anglais Roger Bacon, qui a consigné la plus ancienne formule connue en Europe de la poudre à canon dans son Opus Majus de 1267[46] - [47]. Cette formule est consignée par écrit plus de deux siÚcles aprÚs la premiÚre description chinoise connue de la formule de la poudre à canon, en 1044[48] - [49].

Fin de l'avancée mongole

Raisons du repli de 1242

Au cours de l’étĂ© et l’automne 1241, la plupart des forces mongoles sont au repos dans la grande plaine hongroise ; Ă  la fin du mois de , ils commencent Ă  se replier. Les vĂ©ritables motifs du retrait des Mongols ne sont pas entiĂšrement connus, et il existe plusieurs explications plausibles.

Selon une opinion ancienne et rĂ©pandue[50] - [10] - [37] mais remise en cause, c'est la mort du grand Khan ÖgedeĂŻ le qui serait le principal motif de la retraite, en contraignant les Mongols Ă  rentrer en Mongolie afin que les princes du sang puissent ĂȘtre prĂ©sents pour rejoindre le qĂŒriltaĂŻ qui devait Ă©lire le nouveau Khan.

Cette obligation de repartir en Mongolie pour l'Ă©lection n'est attestĂ©e que par une seule source primaire : la chronique de Giovanni da Pian del Carpine. AprĂšs avoir visitĂ© la Cour mongole, Carpine dĂ©clare que les Mongols se sont retirĂ©s pour cette raison et que Dieu a causĂ© la mort du grand Khan pour protĂ©ger la chrĂ©tientĂ© latine[51]. D'aprĂšs les chroniques de Carpine, il faut au minimum trois mois Ă  un messager de l'Ă©poque pour faire le voyage de la Mongolie Ă  l’Europe centrale. Ce dĂ©lai n'est pas cohĂ©rent avec le reste des Ă©crits de Carpine ; qui explique que le messager portant la nouvelle du dĂ©cĂšs du Khan est arrivĂ© en janvier, ce qui signifie qu’il a mis environ un mois pour faire ce trajet, au beau milieu de l’hiver. À titre de comparaison, Carpine lui-mĂȘme accompagne un groupe de Mongols dans un voyage beaucoup plus court entre Kiev et la Mongolie, durant l’étĂ© et l’automne 1246. Ce groupe « voyage Ă  grande vitesse », afin d'arriver Ă  temps pour la cĂ©rĂ©monie et chaque voyageur change plusieurs fois de cheval pour pouvoir avancer presque tous les jours et presque toutes les nuits. MalgrĂ© ce rythme effrĂ©nĂ©, il leur faut cinq mois pour arriver Ă  destination[52].

Selon une autre explication, l'invasion mongole se serait essoufflĂ©e, empĂȘtrĂ©e dans une sĂ©rie de siĂšges coĂ»teux et frustrants, se heurtant Ă  une vive rĂ©sistance et ayant perdu un grand nombre d’hommes malgrĂ© leurs victoires. Les Mongols, dispersĂ©s et donc peu efficaces dans les diffĂ©rents thĂ©Ăątres d'opĂ©rations europĂ©ens, devaient en plus faire face Ă  une rĂ©bellion des Coumans dans ce qui est aujourd'hui le sud de la Russie et le Caucase[53]. Batu est obligĂ© de quitter l'Europe centrale pour rĂ©primer cette rĂ©volte, ce qui lui prend toute une annĂ©e[53].

Certains historiens se demandent si les Mongols auraient vĂ©ritablement pu, ou mĂȘme souhaitĂ©, continuer leur invasion vers l'Europe de l’Ouest depuis la plaine hongroise[54]. Pour justifier ce doute, ils mettent en avant la situation logistique en Europe et le besoin pour les Mongols d'avoir le plus grand nombre possible de chevaux disponibles pour conserver leur mobilitĂ© stratĂ©gique.

Une autre thĂ©orie est alimentĂ©e par les donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques que l'on peut dĂ©duire des cernes des arbres de l'Ă©poque. Les climatologues ont pu ainsi repĂ©rer une sĂ©rie d’étĂ©s chauds et secs dans la rĂ©gion qui durent jusqu’en 1242. AprĂšs cette date, les tempĂ©ratures chutent, les prĂ©cipitations augmentent, et le climat local devient donc plus humide et plus froid. Ces changements provoquent des inondations dans les prairies autrefois sĂšches et crĂ©ent des terrains marĂ©cageux. Ces nouvelles conditions climatiques et topologiques auraient Ă©tĂ© moins bonnes pour la cavalerie mongole nomade et leurs campements, car elles auraient rĂ©duit leur mobilitĂ© et les pĂąturages disponibles pour les chevaux, rĂ©duisant d'autant leur capacitĂ© Ă  envahir l'Europe de l’Ouest[55]. C'est ainsi que, manquant d'herbe pour leurs chevaux, les Mongols se seraient repliĂ©s vers la Russie Ă  la recherche de meilleurs pĂąturages[56]. Cette thĂ©orie est soutenue, entre autres, par l'historien sir John Keegan :

« [The Mongol armies], ferocious though they were, ultimately failed to translate their light cavalry power from the semi-temperate and desert regions where it flourished in to the high-rainfall zone of Western Europe. Whenever [they] encountered... peoples living by intensive agriculture, accumulating thereby food surpluses which enabled them to sustain campaigns longer than the foraging nomads ever could, and breeding on their rich grasslands horses which outmatched the nomad pony in battle, [they] had to admit defeat. Light cavalry conquerors were in time either forced back into the arid environment where nomadism flourished, as on the borders of Western Europe, or, as in China, corrupted by the softness of agricultural civilization and absorbed by it. »

— John Keegan, The Mask of Command[57]

« [Les armĂ©es mongoles], pour fĂ©roces qu'elles Ă©taient, Ă©chouĂšrent finalement Ă  rendre leur cavalerie lĂ©gĂšre aussi puissante dans les zones pluvieuses d'Europe occidentale que dans les rĂ©gions semi‑tempĂ©rĂ©es et dĂ©sertiques oĂč elle s'Ă©tait Ă©panouie. Partout oĂč [elles] rencontraient [
] des peuples vivant d'agriculture intensive, accumulant des rĂ©serves de nourriture leur permettant de tenir des campagnes plus longues que celles dont elles Ă©taient capables, et Ă©levant sur des terres riches des chevaux surclassant militairement le poney nomade, elles Ă©taient battues. Les conquĂ©rants Ă  la cavalerie lĂ©gĂšre Ă©taient alors soit contraints de retourner aux espaces arides oĂč le nomadisme fleurissait, comme aux marches de l'Europe occidentale, soit, comme en Chine, corrompus par la douceur de la civilisation agricole et absorbĂ©s par elle. »

— The Mask of Command[58]

L’historien Jack Weatherford affirme que la survie de l'Europe est due Ă  la rĂ©ticence des Mongols Ă  mener des combats dans les principautĂ©s allemandes plus densĂ©ment peuplĂ©es et oĂč les conditions mĂ©tĂ©orologiques plus humides dĂ©gradent la colle et les tendons des arcs composites mongols. Toutefois, cette affirmation ne tient pas compte du fait qu'au mĂȘme moment, les Mongols n'ont aucune rĂ©ticence Ă  se battre dans les zones bien plus densĂ©ment peuplĂ©es de la Chine des Song et de l’Inde. De plus, quelques annĂ©es plus tard, les Mongols ont rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir la Chine du Sud, dont le climat subtropical est bien plus humide que ce que l'on peut trouver en Europe.

Une autre raison avancĂ©e est que le territoire de l’Europe occidentale a plus de forĂȘts et de chĂąteaux que les autres zones de guerre des Mongols, ce qui offre plus de possibilitĂ©s de contre-attaque Ă  la cavalerie lourde europĂ©enne en cas de dĂ©faite initiale. Pour mĂ©moire, il faut rappeler que les Avars et les Hongrois, d'autres guerriers venant des steppes d'Asie qui utilisaient les mĂȘmes tactiques que les Mongols, ont Ă©tĂ© finalement vaincus par les royaumes d'Europe occidentale au IXe et Xe siĂšcle. Enfin, un nombre non nĂ©gligeable de chĂąteaux et de villes de Hongrie ont rĂ©sistĂ© aux techniques de siĂšge des Mongols grĂące Ă  leurs murs de pierre. L'Europe de l'Ouest ayant alors bien plus de chĂąteaux et de villes avec des fortifications en pierre que l'Europe de l'Est, les Mongols se seraient retrouvĂ©s avec des troupes totalement dispersĂ©es et bloquĂ©es par la multiplication des siĂšges.

Quelles que soient leurs raisons, les Mongols se sont complĂštement retirĂ©s d’Europe centrale vers mi-1242, bien qu’ils continuent de lancer des opĂ©rations militaires vers l’Ouest Ă  la mĂȘme Ă©poque, plus particuliĂšrement l’invasion mongole de l'Anatolie en 1241-1243.

Rivalités inter-mongoles

De 1241 Ă  1248, les Mongols doivent faire face Ă  une situation de quasi-guerre civile au sein de leur empire, Batu et GĂŒyĂŒk, le fils d’Ögödei, Ă©tant Ă  deux doigts de l'affrontement direct pour savoir qui va devenir le nouveau Khagan. Durant cette pĂ©riode, la rĂ©gence de l'Empire mongol est assurĂ©e par Töregene Khatun, la veuve d'Ögedei, dont le seul but est de faire de son fils GĂŒyĂŒk le nouveau grand khan. Il y a tellement d’amertume entre les deux branches de la famille que GĂŒyĂŒk meurt en 1248 alors qu'il est en route pour affronter Batu pour lui faire accepter son autoritĂ©. Durant les derniĂšres annĂ©es de son rĂšgne, il doit faire face Ă  une rĂ©volte de la PrincipautĂ© de Galicie-Volhynie, dont le souverain, Daniel de Galicie, adopte une politique de rejet de la tutelle de la Horde d'or, le Khanat que Batu a fondĂ© en 1243. Daniel repousse des attaques mongoles en 1254 et n'est vaincu qu'en 1259, par les troupes de BerkĂ©, le frĂšre et troisiĂšme successeur de Batu. En fait, Batu n'a pas pu tourner son attention vers l'ouest et l'Europe avant 1255, car si Möngke devient grand Khan en 1251, il faut quatre ans de manƓuvres diplomatiques et d'apaisement pour normaliser les relations entre les deux hommes. Mais, alors qu'il commence Ă  planifier et prĂ©parer la fin de l’invasion de l’Europe, Batu meurt. Son fils Sartak le remplace comme nouveau Khan de la Horde d'or, mais il meurt en 1256, sans avoir eu le temps de mettre en Ɠuvre le plan d'invasion de l'Europe Ă©tablit par son pĂšre et SubötaĂŻ. Ulakchi, le fils de Sartak, monte alors sur le trĂŽne Ă  son tour, mais meurt en 1257. Finalement, c'est BerkĂ© qui devient le Khan de la Horde d'Or et l'Europe est loin d'ĂȘtre sa principale prĂ©occupation. Nouvellement converti Ă  l'Islam, BerkĂ© est horrifiĂ© par la destruction de Bagdad et du califat abbasside, le chef spirituel de l’Islam, par son cousin Houlagou, le Khan et fondateur de l'Ilkhanat. Il craint que son cousin ne dĂ©truise la Terre Sainte, ce qu'il veut Ă©viter Ă  tout prix. GrĂące Ă  leurs espions, les Mamelouks d’Égypte, qui ont recueilli le calife aprĂšs la chute de Bagdad, apprennent que BerkĂ© est musulman et qu'il n’aime pas son cousin. Ils se rapprochent alors de lui dans l'espoir de nouer une alliance entre les deux puissances. Les deux royaumes sont musulmans, les mamelouks sont d'origine turque, tout comme les sujets et les guerriers de BerkĂ©[59] et ils ont un ennemi commun. L'alliance est rapidement conclue et dĂšs lors, l'attention des Khans de la Horde d'or est tournĂ©e vers le Sud et l'Est pour plusieurs dĂ©cennies. L'Europe est relĂ©guĂ©e au second plan et BerkĂ© ne lance que deux raids de faible envergure contre l'Europe en 1259 et 1265, pour faire du butin afin de financer les guerres qu'il mĂšne contre Houlagou en 1262 et 1265.

Campagnes ultérieures

Parmi ces campagnes, on peut distinguer celles que la Horde d'or dĂ©clenche durant les annĂ©es 1280 en Bulgarie, Hongrie et Pologne, qui sont Ă  une bien plus grande Ă©chelle que n’importe quelle campagne depuis l’invasion de 1241-1242. En effet, grĂące Ă  l’absence de guerre civile dans l’Empire mongol ou de conflit majeur impliquant la Horde d'Or, les dirigeants de ce Khanat peuvent lever des armĂ©es de grande taille pour leurs opĂ©rations en Europe. Ces campagnes sont parfois collectivement dĂ©nommĂ©es « la seconde invasion mongole de Europe », ou « la seconde invasion tataro-mongole de Europe centrale et du sud-est »[60].

Contre la Pologne (1259 et 1287)

Le martyre de Sadok et de 48 Dominicains de Sandomierz durant la seconde invasion mongole de la Pologne.

En 1259, dix-huit ans aprĂšs la premiĂšre attaque, deux tumens (soit Ă  peu prĂšs 20 000 hommes) de la Horde d’or, attaquent la Pologne sur ordre de BerkĂ©, aprĂšs avoir lancĂ© des raids en Lituanie. Cette attaque est commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Burundai, accompagnĂ© des jeunes princes NogaĂŻ et Talabuga. Les villes de Lublin, Sieradz, Sandomierz, Zawichost, Cracovie et Bytom sont ravagĂ©es et pillĂ©es. BerkĂ© n'a pas l’intention d’occuper ou de conquĂ©rir la Pologne, juste de faire du butin, et il repart donc aprĂšs avoir mis Ă  sac le pays. AprĂšs ce raid, le pape Alexandre IV essaye sans succĂšs d’organiser une croisade contre les Tatars.

Un nouveau raid est lancĂ© en 1287, sous le commandement de Talabuga et NogaĂŻ. Les troupes d'invasions sont composĂ©es de trois tumens (soit Ă  peu prĂšs 30 000 hommes), rĂ©partis en deux colonnes :

  • un tumen, composĂ© de 10 000 cavaliers mongols, commandĂ© par NogaĂŻ ;
  • deux tumens, composĂ© de 20 000 guerriers mongols et ruthĂšnes, commandĂ©s par Talabuga.

La colonne de Talabuga doit passer par le Nord de la Petite-Pologne, en direction de Sandomierz, pendant que Nogai part vers le sud en direction de Cracovie, le point de rendez-vous final des deux armĂ©es. Si les villes de Lublin, Mazovie et Sieradz sont prises et pillĂ©es, Cracovie et Sandomierz rĂ©sistent et les attaques des Mongols contre ces citĂ©s sont repoussĂ©es. MĂȘme si les attaques dĂ©vastent une partie de ces villes, les Mongols n'en subissent pas moins de lourdes pertes et sont Ă  chaque fois obligĂ©s de lever le siĂšge. Voyant qu'il n'arrive Ă  rien en agissant ainsi, Talabuga change de tactique et forme des petits groupes de soldats pour piller les campagnes et terroriser la population. C'est donc avec un effectif rĂ©duit qu'il affronte Lech II le Noir, le duc de Sandomierz, lors de la bataille de ƁagĂłw, oĂč il est vaincu. AprĂšs ce revers sĂ©vĂšre, Talabuga met fin aux raids, rassemble ses troupes et quitte la Pologne avec le maigre butin qu'il a rĂ©ussi Ă  rĂ©cupĂ©rer. De son cĂŽtĂ©, NogaĂŻ, aprĂšs avoir subi de lourdes pertes lors de l’assaut sur Cracovie, divise lui aussi son armĂ©e en plus petits groupes pour piller les campagnes au nord et au sud de la ville. Il envoie un dĂ©tachement vers la ville de Stary Sącz, un autre vers PodolĂ­nec et plusieurs autres dans le DuchĂ© de Sieradz. Le premier dĂ©tachement est surpris et battu par les Polonais et leurs alliĂ©s hongrois lors de la bataille de Stary Sącz, tandis que le second dĂ©vaste la rĂ©gion de Podhale tout en multipliant les escarmouches avec les habitants. AprĂšs la dĂ©faite de Stary Sącz, NogaĂŻ rassemble ses troupes et se retire en RuthĂ©nie[61].

Dans les Balkans (multiples opérations de 1241 à 1337)

Avant l'intervention de 1265, les Mongols lancent un premier raid dans les Balkans pendant le rĂšgne de BerkĂ©, mais il s'agit d'une attaque Ă  petite Ă©chelle pour faire rapidement du butin. Durant l’hiver 1265, le tsar du Second Empire bulgare, Konstantin Ier Tikh Asen, demande aux Mongols de l'aider contre les Byzantins. NogaĂŻ rĂ©pond Ă  cette demande en prenant la tĂȘte de deux tumens de cavaliers mongols pour attaquer les Grecs en Thrace orientale au printemps 1265. L'empereur byzantin Michel VIII PalĂ©ologue vient au-devant des Mongols, mais l'affrontement tourne trĂšs vite Ă  la dĂ©route pour les Grecs : le basileus doit battre en retraite et ne s'Ă©chappe que de justesse Ă  bord d'une nef gĂ©noise qui l'emmĂšne d'Aheloos Ă  Constantinople tandis que l’armĂ©e de Nogai pille toute la Thrace. À la suite de cette dĂ©faite, l’empereur byzantin dĂ©cide de s'allier avec la Horde d’or, en donnant sa fille Euphrosine en mariage Ă  NogaĂŻ et en versant un tribut sous forme de tissus prĂ©cieux. Nogai accepte et finalement, ce sont les Mongols qui tirent le plus d'avantages de cette alliance[62] et cela n'empĂȘchera pas, plus tard, le Khan Özbeg de la Horde d'or de lancer Ă  son tour des raids en Thrace en 1324 et 1337[54].

Comme on l'a dĂ©jĂ  vu prĂ©cĂ©demment, aprĂšs la mort d'Ögedei, Batu quitte la Hongrie pour rentrer en Mongolie. Durant ce voyage, une partie de son armĂ©e envahit le Royaume bulgaro-valaque, mais est vaincue par l’armĂ©e du roi Ioan Asan II. AprĂšs sa mort, le royaume doit verser un tribut Ă  la Horde d’or. En 1271, NogaĂŻ Khan lance un raid fructueux contre le pays, qui devient ensuite un vassal de la Horde d’or. La Bulgarie, la Valachie et la Moldavie restent vassales des Mongols et des Tatars jusqu’au dĂ©but du XIVe siĂšcle, ce qui n'empĂȘche pas ceux-ci d'y mener des raids en 1274, 1280 et 1285. En 1278-1279 le tsar bulgare IvaĂŻlo prend la tĂȘte d'une armĂ©e et Ă©crase une tentative de raid mongol, avant d’ĂȘtre encerclĂ© Ă  Silistra. AprĂšs un siĂšge de trois mois, il rĂ©ussit Ă  vaincre une fois de plus les forces d'Ă©lite mongoles et tatares, qui sont obligĂ©es de battre en retraite au nord du Danube, dans le Boudjak oĂč elles s'installent et vivront jusqu'en 1812.

En 1280, une rĂ©bellion des boyards bulgares inspirĂ©e par l'Empire byzantin laisse Ivailo sans soutien. ChassĂ© du pouvoir, il s’enfuit au camp de NogaĂŻ et lui demande de l’aide. Cependant, Ioan Asan III, un autre candidat au trĂŽne bulgaro-valaque, rĂ©ussit Ă  corrompre Nogai, qui fait exĂ©cuter IvaĂŻlo. Finalement, c'est un boyard bulgare du nom de Georges Terter qui devient tsar sous le nom de Georges Ier Terter, grĂące au soutien de la noblesse qui ne veut pas d'un tsar aux ordres de Byzance. Georges accepte que la Bulgarie soit Ă  nouveau vassale des Mongols et ce n'est que sous le rĂšgne de ThĂ©odore Svetoslav que la menace mongole prend fin.

L'invasion mongole de la Hongrie de 1285.

Contre la Hongrie (1285)

En 1285, NogaĂŻ et Talabuga organisent une invasion de la Hongrie. Tout comme ils le feront deux ans plus tard en Pologne, ils prennent chacun la tĂȘte d'une partie de l'armĂ©e et se sĂ©parent pour ravager le pays.

NogaĂŻ pille avec succĂšs la Transylvanie : des villes comme Reghin, Brașov et Bistrița sont prises et ravagĂ©es. Cependant, Talabuga, qui dirige l’armĂ©e principale au nord de la Hongrie, est bloquĂ© par la neige dans les Carpates, puis est vaincu prĂšs de Pest par l’armĂ©e royale de Ladislas IV[63]. Il dĂ©cide de se replier, mais tombe dans une embuscade tendue par les Sicules sur le chemin du retour[63]. AprĂšs ses victoires initiales, Nogai subit de graves pertes aprĂšs des affrontements avec des troupes locales composĂ©es de guerriers Saxons et Valaques. Il dĂ©cide Ă  son tour de se replier, mais il est harcelĂ© sur tout le trajet du retour par l’armĂ©e royale, qui est aurĂ©olĂ©e de gloire aprĂšs sa victoire sur Talabuga.

Cette invasion est donc repoussĂ©e assez facilement par les Bulgares, tout comme le seront les invasions de la Pologne en 1287 et de la Serbie en 1291, et les Mongols perdent dans les combats une grande partie de leur force d’invasion. Ce rĂ©sultat contraste fortement avec celui de l’invasion de 1241, et est principalement dĂ» aux rĂ©sultats des rĂ©formes de BĂ©la IV : les Mongols n'ont rien pu faire contre l'armĂ©e rĂ©formĂ©e et les fortifications en pierre des Hongrois.

L’attaque manquĂ©e de la Horde d'or sur la Hongrie affaiblit sa puissance militaire et bientĂŽt les Mongols vont cesser de s'en prendre aux royaumes europĂ©ens[64].

Contre la Serbie (1291)

Le roi de Serbie UroĆĄ II Milutin aprĂšs sa victoire sur les Mongols.

En 1291, une alliance mongolo-bulgare attaque la Serbie, mais le roi serbe Stefan UroĆĄ II Milutin rĂ©ussit Ă  les vaincre. Cependant, peu aprĂšs, ce mĂȘme roi serbe se fait vassal de NogaĂŻ et envoie son fils en otage auprĂšs des Mongols pour empĂȘcher de nouvelles hostilitĂ©s.

En effet, les effectifs de la coalition vaincue par les Serbes Ă©taient assez restreints et quand NogaĂŻ menace de prendre personnellement la tĂȘte d'une expĂ©dition punitive de grande ampleur, Stefan prĂ©fĂšre ne pas prendre le risque de voir son royaume ravagĂ©[65].

Campagnes des princes européens dans les territoires pris par la Horde d'Or

À la moitiĂ© du XIVe siĂšcle, l'emprise de la Horde d'or sur l'Europe centrale et orientale commence Ă  s'affaiblir. Plusieurs royaumes europĂ©ens commencent Ă  lancer des incursions dans les terres contrĂŽlĂ©es par les Mongols, dans le but de reconquĂ©rir les territoires prĂ©cĂ©demment perdus et de s'en emparer d'autres. Des groupes de Tatars, en butte Ă  l'hostilitĂ© des paysans sĂ©dentaires dont ils avaient pillĂ© les ancĂȘtres, deviennent eux-mĂȘmes cultivateurs et Ă©leveurs et choisissent l'assimilation. Dans certains cas, l'assimilation est partielle car les Tatars deviennent mercenaires des princes chrĂ©tiens mais gardent leur langue et leur religion (tengrisme ou islam) : c'est par exemple le cas des Tatars de Podlachie. Dans d'autres cas, elle est totale : les familles tatares choisissant de passer au christianisme et devenant moldaves (famille Cantemir) ou russes (familles Tazi ou Fasli)[66] - [67]. Les Roms aussi, jusque-lĂ  charrons, maquignons, marĂ©chaux-ferrants, chaudronniers, tanneurs, et Ă©claireurs des Tatars (татаротоĐșĐ° Đ ĐŸĐŒĐ° : « Roms des Tatars »), choisissent d'offrir leurs services aux princes (халаЎОтОĐșĐ° Đ ĐŸĐŒĐ° : « Roms princiers » ou « militaires ») et aux monastĂšres (ĐŒĐŸĐœĐ°ŃŃ‚Ń‹Ń€Ń‚ĐžĐșĐ° Đ ĐŸĐŒĐ°) russes, moldaves, valaques, hongrois ou tchĂšques (d'oĂč leur surnom de « BohĂ©miens » en Occident)[68].

Le Royaume de Géorgie est réunifié par le roi Georges V le brillant, qui chasse les Mongols du Caucase occidental avec l'aide de l'Empire de Trébizonde[69]. Les Mongols, Tatars et Nogaïs restants, s'établissent dans ce qui deviendra l'Azerbaïdjan.

La Lituanie, catholique, profite des querelles internes Ă  la Horde d'or pour repousser les Mongols et les battre lors de la Bataille des Eaux-Bleues. Bien accueillis par les populations slaves orientales asservies, les Lituaniens font reculer l'emprise de la Horde d'or jusqu'au fleuve Dniepr, avant d'ĂȘtre stoppĂ©s par leur dĂ©faite Ă  la bataille de la riviĂšre Vorskla[70] - [71]. Encore mieux accueillie en tant que puissance orthodoxe, la Grande-principautĂ© de Moscou commence aussi Ă  prendre son indĂ©pendance et rĂ©cupĂšre de nombreux territoires qui appartenaient Ă  la Rus' avant l'invasion mongole : les princes de Moscou y gagnent le titre de « tzars de toutes les Russies ». En 1345, le Royaume de Hongrie chasse Ă  son tour les Mongols de Moldavie[72] qui redevient une marche hongroise sous le voĂŻvodat de Dragoș de Marmatie[73].

À la fin, certaines armĂ©es d’Europe occidentale vont Ă©galement attaquer les Mongols sur leurs terres. Ainsi, en CrimĂ©e, lorsque les Mongols commandĂ©s par Janibeg assiĂšgent la colonie gĂ©noise de Caffa aprĂšs une longue guerre, des renforts gĂ©nois arrivent et vainquent les Mongols, tuant 15 000 de leurs soldats. Un an plus tard, les GĂ©nois bloquent l'accĂšs aux ports mongols de la rĂ©gion, obligeant Janibeg Ă  se replier et rĂ©tablissant, en 1347, leur colonie de La Tana[74].

Galerie

Voir aussi

Notes et références

  1. Michel Heller : Histoire de la Russie et de son Empire, 2015, Éd. Tempus Perrin, (ISBN 978-2262051631)
  2. (en) Richard Bessel et Dirk Schumann, Life after death: approaches to a cultural and social history of Europe during the 1940s and 1950s, Cambridge University Press, , 143– (ISBN 978-0-521-00922-5, lire en ligne)
  3. Jackson 2005, p. 205.
  4. (en) Francis Dvornik, The Slavs in European History and Civilization, Rutgers UP, (lire en ligne), p. 26
  5. Colin McEvedy, Atlas of World Population History (1978)
  6. (en) Eddie Austerlitz, History of the Ogus, (lire en ligne), p. 27
  7. Odette Keun, Continental stakes : marshes of invasion, valley of conquest and peninsula of chaos, Letchworth printers ltd., (lire en ligne), p. 53
    « anglais : Ogdai Khan continued this stupendous career of conquests. He swept his hosts, organized to a very high level of efficiency, armed with a Chinese invention, gunpowder, that they used in small field-guns, and commanded with a sense of strategy quite beyond the capacity of any European general through Russia to Poland. »
  8. Suivant les sources les estimations de la taille de l'armĂ©e mongole varie entre 10 000 et 50 000 soldats.
  9. René Grousset The Empire of Steppes
  10. Hildinger, Erik. Mongol Invasions: Battle of Liegnitz. First published as: "The Mongol Invasion of Europe" in Military History, (juin 1997).
  11. The Destruction of Kiev
  12. Selon Carey (p. 128), Batu a 40 000 soldats sous ses ordres dans le corps d'armĂ©e principal et donne l'ordre Ă  SubötaĂŻ de prendre 30 000 hommes avec lui dans une manƓuvre d’encerclement. Batu commande le gros des troupes lors du triple assaut des Mongols sur l’Europe. Ce nombre semble correct en comparaison avec les chiffres rapportĂ©s lors de la bataille de Legnica au nord et celle de Mohi au sud. Les deux victoires mongoles ont lieu la mĂȘme semaine.
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Source de traduction

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Liens externes

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