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Histoire du Salvador

Le Salvador, un pays d'Amérique centrale peuplé d'environ sept millions d'habitants, présente de nombreux faits saillants dans son histoire.

Époque prĂ©colombienne

Les trois royaumes amérindiens.

Avant la conquĂȘte espagnole, le territoire qui est maintenant le Salvador Ă©tait divisĂ© en trois grands États indigĂšnes :

  • Le royaume PayaquĂ­ au nord : cette confĂ©dĂ©ration d'origine maya Ă©tait trĂšs fortement influencĂ©e par la culture Pipile.
  • Le royaume de Cuzcatlan Ă  l'ouest : il Ă©tait composĂ© d'une population pipile et organisĂ© en systĂšme cacique, c'Ă©tait l'État le plus important de la rĂ©gion Ă  l'arrivĂ©e des espagnols. Le cacique dominant Ă©tait celui de Cuzcatlan (situĂ© dans la rĂ©gion de San Salvador) et les autres caciques (des royaumes d'Izalco, Apaneca, AhuachapĂĄn, Guacotecti, ÄȘxtēpetl, Apastepeque et TehuacĂĄn) lui versaient un tribut.
  • La principautĂ© de Najochan Ă  l'est : rĂ©unissant une population maya et lenca, cette principautĂ© Ă©tait fortement influencĂ©e par la citĂ© de CopĂĄn.

La population indigÚne majoritaire était Pipile, une tribu nomade de Nahuatls établis depuis longtemps au centre du Mexique. TÎt au cours de leur histoire, ils sont devenus l'un des seuls groupes indigÚnes d'Amérique centrale à avoir aboli le sacrifice humain. Leur culture est proche de celle de leurs voisins aztÚques et mayas. Des restes de la culture amérindienne se retrouvent dans certaines ruines telles que Tazumal (prÚs de Chalchuapa), San Andrés, et Joya de Cerén.

ConquĂȘte espagnole (1524-1530)

Pedro de Alvarado.

Le premier conquistador Ă  dĂ©couvrir les terres aujourd'hui salvadoriennes est Gil GonzĂĄlez DĂĄvila qui longeait la cĂŽte Pacifique de l'AmĂ©rique centrale Ă  la recherche d'un passage maritime communiquant avec l'Atlantique. Mais la premiĂšre expĂ©dition pour conquĂ©rir le territoire fut menĂ©e par Pedro de Alvarado, venant de ce qui est aujourd'hui le Guatemala, qui dĂ©cida de conquĂ©rir Cuzcatlan en 1524. À l'arrivĂ©e des espagnols et de leurs alliĂ©s indiens (250 soldats espagnols pour 6 000 autochtones), les pipils s'enfuyaient des villages pour se rĂ©fugier dans les montagnes. Le premier combat se dĂ©roula Ă  Acaxual (aujourd'hui la ville d'Acajutla) oĂč les Pipils avaient rĂ©ussi Ă  encercler l'armĂ©e espagnole. Durant la bataille le cacique d'Izalco, Atonal, arriva Ă  blesser Pedro de Alvarado Ă  la cheville (le laissant boiteux pour le reste de sa vie) obligeant l'armĂ©e espagnole Ă  se replier malgrĂ© la victoire. La deuxiĂšme bataille eut lieu dans les environs de Sonsonate oĂč l'armĂ©e pipile subit de grosses pertes car les soldats avaient prĂ©fĂ©rĂ© se munir de protections en coton (qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es inefficaces) aux dĂ©pens de la mobilitĂ©. À la suite de cette bataille, Alvarado reçu une proposition de paix de la part du cacique de Cuzcatlan mais le conquistador refusa la proposition et marcha vers la ville de Cuzcatlan. Une ville qu'il trouva vide, les pipils ayant fui une nouvelle fois dans les montagnes. Les espagnols s'y installĂšrent mais furent obligĂ©s de repartir en juillet 1524 dans les rĂ©gions guatĂ©maltĂšques Ă  cause du climat.

En 1525, Alvarado retourna Ă  Cuzcatlan et la ville de San Salvador fut fondĂ©e au mois d'avril de la mĂȘme annĂ©e, dans la mĂȘme vallĂ©e oĂč Ă©tait situĂ©e la ville de Cuzcatlan. Mais les pipils l'attaquĂšrent en et l'incendiĂšrent, obligeant les espagnols Ă  s'enfuir. Une nouvelle expĂ©dition espagnole, menĂ©e par le frĂšre de Pedro de Alvarado - Diego, partit du Guatemala pour refonder la ville de San Salvador (dans la mĂȘme vallĂ©e mais pas Ă  l'endroit exacte de la premiĂšre ville) en 1528 et les espagnols s'y installĂšrent dĂ©finitivement. Une autre expĂ©dition partit en 1530 conquĂ©rir la principautĂ© de Najochan, Ă  l'est du pays, et la rĂ©sistance menĂ©e par le chef cacique lenca, Lempira, fut vaincue en 1537. Les espagnols contrĂŽlĂšrent alors tout ce qui allait devenir le Salvador, mais les attaques sur San Salvador des Pipils de Cuzcatlan, toujours rĂ©fugiĂ©s dans les montagnes, ne cessĂšrent qu'en 1539 et la rĂ©gion ne fut entiĂšrement pacifiĂ©e qu'en 1540.

« La lĂ©gende de Atlacatl » : Atlacatl est le cacique de Cuzcacatlan ayant proposĂ© la paix Ă  Pedro de Alvarado avant de lui rĂ©sister et de harceler la ville de San Salvador. On sait aujourd'hui qu'en nahuatl Atlcatl ne dĂ©signe pas une personne mais un lieu, l'erreur de traduction proviendrait de travaux de Charles Étienne Brasseur de Bourbourg. La connaissance de cette erreur de traduction n'est pas encore trĂšs rĂ©pandue au Salvador et Atlacatl reste le symbole national de la rĂ©sistance amĂ©rindienne face Ă  la conquĂȘte espagnole. C'est Pedro de Alvarado qui a nommĂ© ce territoire « San Salvador » (« le Saint Sauveur » - en rĂ©fĂ©rence Ă  JĂ©sus Christ).

Époque coloniale (1530-1821)

La région fut intégrée à l'Empire espagnol et faisait partie de la Nouvelle-Espagne dÚs 1535. En 1540 la Capitainerie générale du Guatemala fut créé et la région du Salvador y fut intégrée. De 1532 à 1786, la région était divisée en trois communes (« Alcaldia Mayor » en espagnol) : la commune de Sonsonate à l'ouest,a commune de San Salvador au centre, et La commune de San Miguel à l'est. Puis, de 1786 à 1821 la région était divisée en deux : la commune de Sonsonate, et l'Intendance de San Salvador (« Intendencia de San Salvador » en espagnol) regroupant les deux autres anciennes communes

À la suite de la conquĂȘte, les Espagnols introduisirent des animaux et des cultures europĂ©ennes. Il y eut aussi de grands efforts pour convertir les Indiens au catholicisme et au mode de vie europĂ©en en gĂ©nĂ©ral. Ainsi, les ordres religieux, en particulier les franciscains et les dominicains, collaborĂšrent Ă©troitement avec les autoritĂ©s espagnoles pour Ă©vangĂ©liser les indigĂšnes. Le systĂšme d'encomienda fut Ă©tabli pour pouvoir contrĂŽler la population indienne et rĂ©compenser les conquistadors pour les services rendus Ă  la Couronne ; mais il dut ĂȘtre abandonnĂ© aprĂšs les « Nouvelles Lois » (en espagnol : Leyes Nuevas) et l'interdiction de l'esclavage d'indiens en 1542.

La sociĂ©tĂ© coloniale salvadorienne Ă©tait divisĂ©e en classes sociales fondĂ©es sur l'origine des personnes. La classe supĂ©rieure et dirigeante Ă©tait composĂ©e par les espagnols nĂ©s en mĂ©tropole, venait ensuite les crĂ©oles (les blancs nĂ©s dans les colonies) qui Ă©taient propriĂ©taires des facteurs de production (les terres en particulier), les mĂ©tis et enfin les indiens. À la suite de l'interdiction de l'esclavage d'Indiens, des esclaves africains furent introduits en petit nombre pour le travail dans les mines mais s'assimilĂšrent trĂšs vite aux mĂ©tisses blancs/indiens. Ces derniers constituaient la plus grande partie de la population salvadorienne lors de l'indĂ©pendance.

De 1550 à 1600, la région était principalement productrice de cacao dans la région occidentale (Sonsonate et Izalco) et d'un baume spécifique à la région dans la région cÎtiÚre. Au XVIIe siÚcle, la culture du cacao fut remplacée par celle de l'indigotier pour la production de teintures indigo (dont la région fut un des grands producteurs mondiaux avant l'apparition des colorants synthétiques).

Indépendance (1811-1821)

Éruption du volcan Ilopango au Salvador.

DĂšs la fin du XVIIe siĂšcle, dans diffĂ©rentes rĂ©gions d'AmĂ©rique latine, des rĂ©voltes contre la domination espagnole Ă©clatent. Le commerce des colonies d'AmĂ©rique Ă©tait sous le monopole de la mĂ©tropole, les colonies ne pouvaient exporter que vers la mĂ©tropole qui se chargeait par la suite de rĂ©exporter les produits vers le reste du monde (en particulier aux États-Unis et en Grande-Bretagne). InspirĂ©s par les LumiĂšres (dont les Ă©crits Ă©taient interdits dans l'Empire espagnol), les crĂ©oles voient dans l'indĂ©pendance des États-Unis et la RĂ©volution française des exemples Ă  suivre. Au dĂ©but du XIXe siĂšcle les autoritĂ©s coloniales espagnoles promulguĂšrent des lois Ă©conomiques et fiscales impopulaires dans les colonies pour financer les guerres europĂ©ennes de la Couronne espagnole. Ces mesures augmentĂšrent la volontĂ© d'indĂ©pendance des crĂ©oles.

L'Ă©vĂšnement dĂ©clencheur des soulĂšvements indĂ©pendantistes en AmĂ©rique latine, et en AmĂ©rique centrale en particulier, est l'invasion napolĂ©onienne de la mĂ©tropole. La ConfĂ©rence de Bayonne, oĂč la Dynastie des Bourbons abdiqua en faveur de Joseph Bonaparte, et la Guerre d'indĂ©pendance espagnole sapĂšrent l'autoritĂ© espagnole et rendirent les colonies plus autonomes. Durant cette pĂ©riode (1808-1814) l'Intendance de San Salvador connaĂźtra plusieurs soulĂšvements:

  • Le soulĂšvement du : connu comme le « Premier cri d'indĂ©pendance » (Primer Grito de Independencia), il dĂ©bute dans la ville de San Salvador avant de se propager dans les autres villes de la rĂ©gion durant tout le mois de novembre. Ce soulĂšvement fut menĂ© par les crĂ©oles JosĂ© MatĂ­as Delgado, Manuel JosĂ© Arce et les deux frĂšres Aguilar. Deux autres soulĂšvements Ă©clatĂšrent le 24 novembre et le 20 dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e. Finalement, la dĂ©claration d’indĂ©pendance de 1811 Ă©choua car la vice-royautĂ© du Guatemala envoya des troupes Ă  San Salvador dans le but d’étouffer le mouvement.
  • Le soulĂšvement du Ă  San Salvador n'eut pas plus de succĂšs et les dirigeants furent arrĂȘtĂ©s.

En mai 1814, Ferdinand VII retrouva le trÎne d'Espagne et réinstalla une monarchie absolue ; en Amérique centrale les indépendantistes et les libéraux subirent alors de plein fouet la répression. En 1820 la constitution de Cadiz, plus libérale, fut rétablie. Le capitån general du Guatemala Carlos Urrutia s'y rallia, provoqua des élections municipales et législatives et accepta la liberté de la presse. C'est à cette période que naquirent le mouvement libéral et le mouvement conservateur qui animeront la vie politique du Salvador, et de toute l'Amérique centrale, jusqu'à l'apparition du communisme au début du XXe siÚcle. En août 1821 la nouvelle de l'indépendance du Mexique arriva en Amérique centrale et, devant cette nouvelle situation (rappelons que la Capitainerie générale du Guatemala était dépendante de la Nouvelle Espagne - c'est-à-dire le Mexique nouvellement indépendant), le Capitaine général Gabino Gaínza convoqua les représentants des différentes provinces centre-américaines en assemblée à Ciudad de Guatemala. Le , à Ciudad de Guatemala, les provinces centre-américaines proclamÚrent leur indépendance vis-à-vis de l'Espagne et un gouvernement provisoire fut formé sous la présidence de Gabino Gaínza. La nouvelle de l'indépendance arriva à San Salvador le .

Empire mexicain et République Fédérale d'Amérique centrale (1821-1840)

AprÚs la déclaration d'indépendance, trois choix politiques s'offrirent à l'ancienne Capitainerie générale: son rattachement à l'Empire mexicain d'Iturbe, la formation d'un pays fédéral ou l'indépendance complÚte des différentes municipalités. Le gouvernement provisoire décida de consulter les municipalités qui votÚrent toutes le ralliement au Mexique, sauf les communes de San Salvador et de San Miguel. Le l'annexion fut proclamée et des troupes mexicaines, menées par le général Vicente Filísola, furent envoyées par Augustin Ier du Mexique pour soumettre l'ancienne Intendance de San Salvador. Les troupes entrÚrent à San Salvador en février 1823 à la suite de la bataille de Mejicanos et la région fut annexée au Mexique. Mais en mars 1823 Augustin Ier abdiqua : Vicente Filísola, fidÚle à son empereur et non pas au Mexique, fit convoquer les députés centre-américains.

Le est dĂ©clarĂ©e l'indĂ©pendance des Provinces Unies d'AmĂ©rique centrale vis-Ă -vis de l'Espagne, du Mexique ou de toute autre nation. La fĂ©dĂ©ration prendra comme nom officiel la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'AmĂ©rique centrale en 1824. Le la commune de Sonsonate et l'Intendance de San Salvador se mirent d'accord pour s'unir, et l'État du Salvador, membre de la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'AmĂ©rique centrale, fut proclamĂ© le . L'assemblĂ©e constituante fĂ©dĂ©rale, prĂ©sidĂ©e par JosĂ© MatĂ­as Delgado, promulgua la premiĂšre constitution fĂ©dĂ©rale le . Mais la fĂ©dĂ©ration connaĂźtra de longues confrontations armĂ©es entre conservateurs et libĂ©raux. La constitution du Salvador fut promulguĂ©e le et l'indĂ©pendantiste Juan Manuel RodrĂ­guez fut Ă©lu chef de l'État du Salvador.

Francisco Morazån Président de la République Fédérale d'Amérique centrale (1830-1834 et 1835-1839) et du Salvador (1839-1840).

En 1830, le conservateur JosĂ© MarĂ­a Cornejo fut Ă©lu chef d'État et s'opposa violemment au PrĂ©sident fĂ©dĂ©ral, issu du parti libĂ©ral, Francisco MorazĂĄn; Cornejo ira jusqu'Ă  dĂ©clarer l'indĂ©pendance du Salvador en 1832. Les troupes fĂ©dĂ©rales envahirent alors le Salvador et Cornejo fut destituĂ© par Morazan pour mettre Ă  la place le libĂ©ral Mariano Prado. Prado instaura un impĂŽt devant ĂȘtre payĂ© par tous les citoyens, mais cela provoqua un soulĂšvement indien menĂ© par Anastasio Aquino Ă  Izalco et San Miguel. Prado fut alors obligĂ© de dĂ©missionner en 1833 et il fut remplacĂ© par JoaquĂ­n de San MartĂ­n qui dĂ©clara l'indĂ©pendance du Salvador. Morazan envahit de nouveau le Salvador et installa en 1834 la capitale fĂ©dĂ©rale Ă  San Salvador pour mieux contrĂŽler la rĂ©gion. San Salvador restera la capitale fĂ©dĂ©rale jusqu'en 1839 et la fin de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale.

Le , et sans jamais renoncer au fĂ©dĂ©ralisme, Morazan devint chef d'État du Salvador. Les pays voisins jugĂšrent que Morazan, en tant que symbole du fĂ©dĂ©ralisme, Ă©tait trop dangereux Ă  la tĂȘte du Salvador ou d'un autre pays de la rĂ©gion. AprĂšs plusieurs batailles contre les armĂ©es honduriennes, nicaraguayennes et guatĂ©maltĂšques, Morazan dĂ©missionna et fuit au Costa Rica en 1840. Un gouvernement conservateur prit le pouvoir et en fĂ©vrier 1841 l'assemblĂ©e constituante approuva un dĂ©cret Ă©tablissant la sĂ©paration entre le Salvador et la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'AmĂ©rique centrale et proclamant la RĂ©publique indĂ©pendante et souveraine du Salvador.

Affrontements entre libéraux et conservateurs (1841-1876)

Les trente annĂ©es suivant l'indĂ©pendance furent le thĂ©Ăątre d'une instabilitĂ© politique au Salvador due aux affrontements entre libĂ©raux et conservateurs, aux conflits avec les États voisins et au manque de cohĂ©sion nationale. C'est une pĂ©riode de guerre civile quasi permanente entre les deux factions politiques qui faisaient rĂ©guliĂšrement appel aux armĂ©es des États voisins pour renverser le gouvernement. Les libĂ©raux promouvaient les libertĂ©s individuelles et commerciales, ils Ă©taient aussi fĂ©dĂ©ralistes et laĂŻcs. Les conservateurs promouvaient les institutions issues du systĂšme colonial, l'importance du catholicisme dans la vie politique et luttaient contre le fĂ©dĂ©ralisme. Les deux mouvements Ă©taient menĂ©s par des caudillos et possĂ©daient leurs propres armĂ©es - qui devenaient l'armĂ©e nationale lorsque le mouvement qu'elles appuyaient Ă©tait au pouvoir.

Le premier caudillo au pouvoir du Salvador indépendant fut le conservateur Francisco Malespín, il soutint les Présidents Norberto Ramírez, Juan Lindo et Juan José Guzmån entre 1840 et 1844 en tant que Commandant des Armées de l'Etat, avant de devenir Président en 1844. Quelques jours aprÚs avoir pris le pouvoir, il partit envahir le Nicaragua et le libéral Gerardo Barrios prit le pouvoir. Malgré son retour victorieux, Malespín fut destitué par l'assemblée législative en 1845 aprÚs que l'armée ne le reconnaisse plus comme Président du Salvador. Malespín fuit au Honduras puis tenta de reprendre le pouvoir en 1846, aprÚs avoir levé une armée grùce au Président guatémaltÚque Rafael Carrera, mais il fut assassiné avant d'arriver à San Salvador.

Entre 1845 et 1851 trois caudillos libĂ©raux furent au pouvoir, mais le prĂ©sident Doroteo Vasconcelos dĂ©cida de mener une politique hostile au conservateur Rafael Carrera en ne reconnaissant pas son gouvernement et en soutenant les libĂ©raux guatĂ©maltĂšques. Il envahit le Guatemala Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e composĂ©e de troupes du Salvador et du Honduras mais durement battu par Carrera Ă  la bataille de la Arada le , il dĂ©missionne de ses fonctions. Entre 1851 et 1871 six conservateurs furent au pouvoir. En 1856, le Salvador participa Ă  la guerre contre William Walker et le Chef des armĂ©es salvadoriennes destinĂ©es au Nicaragua, Gerardo Barrios, prit le pouvoir en 1859 grĂące Ă  son retour victorieux. Les relations entre Barrios et Rafael Carrera se dĂ©gradĂšrent rapidement et le Guatemala envahit de nouveau le Salvador en 1863, le PrĂ©sident Francisco Dueñas (dĂ©jĂ  PrĂ©sident aprĂšs la premiĂšre invasion guatĂ©maltĂšque) et l'assemblĂ©e du Salvador furent alors contrĂŽlĂ©s de prĂšs par Rafael Carrera jusqu'en 1871. Les libĂ©raux reprirent le pouvoir en 1871 et permirent l'installation de la RĂ©publique cafĂ©iĂšre.

République caféiÚre (1876-1931)

Drapeau actuel du Salvador créé en 1912.

Le café fut introduit au Salvador dans les années 1860 pour suppléer à la production d'indigo qui commençait à diminuer depuis les années 1850, aprÚs que des colorants synthétiques furent découverts en Europe. Les années 1880 au Salvador virent l'arrivée d'européens qui s'enrichirent rapidement dans la production de café grùce à leurs connaissances des marchés internationaux et aux lois de 1881 et 1882 qui abrogeaient les ejidos et les terres communales au profit des grandes exploitations terriennes. Cette élite économique prit le pouvoir et mit en place une République caféiÚre stable par rapport à la période des caudillos.

Cette Ă©lite est connue sous le nom des 14 familles (elles Ă©taient en rĂ©alitĂ© plus nombreuses mais le nombre 14 reprĂ©sente les 14 dĂ©partements du pays - chacun censĂ© ĂȘtre contrĂŽlĂ© par une famille) ou de l'Oligarchie crĂ©olle. Les intĂ©rĂȘts particuliers de cette Ă©lite Ă©taient protĂ©gĂ©s par la RĂ©publique cafĂ©iĂšre dont les prĂ©sidents Ă©taient directement nommĂ©s par cette Ă©lite, c'est ainsi que la famille MelĂ©ndez-Quiñonez fut au pouvoir entre 1913 et 1927 (par les deux frĂšres Carlos et Jorge MelĂ©ndez et leur beau-frĂšre Alfonso Quiñónez Molina) et 42 des 70 siĂšges de l'assemblĂ©e nationale Ă©taient dĂ©tenus par des grands propriĂ©taires fonciers.

Durant cette pĂ©riode, l'État salvadorien et l'idĂ©e d'une nation salvadorienne s'imposĂšrent: le drapeau salvadorien actuel fut adoptĂ© et une armĂ©e nationale remplaça les milices des caudillos.

SoulĂšvement paysan de 1932

AprĂšs la Dynastie MelĂ©ndez-Quiñonez, PĂ­o Romero Bosque devint PrĂ©sident de la RĂ©publique et mena des rĂ©formes agraires en faveur des grands propriĂ©taires terriens. Mais avec le krach de 1929 et la chute du prix du cafĂ©, le Salvador connu une crise Ă©conomique et sociale importante, Romero Bosque fut obligĂ© d’organiser une Ă©lection prĂ©sidentielle libre et abandonna le pouvoir au profit du travailliste Arturo Araujo en mars 1931. Celui-ci Ă©tait influencĂ© par les idĂ©es sociale-dĂ©mocrates du parti travailliste anglais et dĂ©veloppa la vie dĂ©mocratique du pays : le Parti Communiste Salvadorien (PCS) fut fondĂ© et reconnu par les autoritĂ©s et la libertĂ© de la presse fut admise. MĂȘme si Araujo ne modifia pas les rĂ©formes agraires, l’oligarchie salvadorienne organisa un coup d’État en dĂ©cembre 1931. Ce fut alors le GĂ©nĂ©ral Maximiliano Hernandez Martinez qui fut dĂ©signĂ© comme PrĂ©sident de la RĂ©publique, il prit ses fonctions le pour les abandonner le .

Depuis les annĂ©es 1920, la rĂ©gion occidentale du pays faisait face Ă  des soulĂšvements sporadiques de paysans, trĂšs majoritairement indiens. Face Ă  une forte rĂ©pression militaire contre ces petites insurrections locales et dĂ©sorganisĂ©es, le mouvement paysan s’organisa pour dĂ©finir un objectif commun mais sans systĂšme hiĂ©rarchique. ParallĂšlement Ă  ces rĂ©voltes, le Parti Communiste Salvadorien dirigĂ© par Agustin Farabundo Marti Ă©tait trĂšs actif et profita de la libertĂ© de la presse pour diffuser ses idĂ©es dans les milieux les plus dĂ©favorisĂ©s de la sociĂ©tĂ©. C’est ainsi que, sans un programme clairement dĂ©fini, le PCS dĂ©cida de participer aux Ă©lections municipales de (pour lesquels on devait dĂ©clarer aux autoritĂ©s son intention de vote avant de pouvoir s’inscrire sur les listes Ă©lectorales). À la suite des rĂ©sultats dĂ©favorables, le mouvement communiste dĂ©nonça des Ă©lections frauduleuses et abandonna la voix Ă©lectorale pour planifier un soulĂšvement Ă  la fin du mois de .

Zone du soulĂšvement.

Le des milliers de paysans armĂ©s de machettes attaquĂšrent les fermes des grands propriĂ©taires terriens et des casernes militaires, prenant ainsi le contrĂŽle de villages de Juayuva, Nahuizalco et Izalco. Le bilan de ce premier jour de soulĂšvement est estimĂ© Ă  20 civils (propriĂ©taires terriens et maires de village) et 30 militaires tuĂ©s ainsi que plusieurs viols. La rĂ©ponse des autoritĂ©s fut immĂ©diate, le prĂ©sident Maximiliano Hernandez Martinez ordonna l’exĂ©cution de toutes personnes se rebellant contre le rĂ©gime. La propagande dĂ©finit la rĂ©volte comme un soulĂšvement communiste et monta en Ă©pingle les cas de viols et de dĂ©gradation des propriĂ©tĂ©s privĂ©es. Selon des tĂ©moignages, toutes personnes ayant une machette ou des vĂȘtements indiens et tous ceux ayant des origines indiennes marquĂ©es Ă©taient jugĂ©s comme subversifs et coupables. Dans le village d’Izalco, toutes les personnes n’ayant pas participĂ© Ă  la rĂ©volte furent invitĂ©es Ă  se faire enregistrer pour se voir dĂ©livrer des documents assurant leur innocence, une nouvelle fois ceux ayant des traits indiens furent arrĂȘtĂ©s, fusillĂ©s et enterrĂ©s dans des fosses communes (le mĂȘme sort fut rĂ©servĂ© Ă  leur famille).

Dix jours aprĂšs le soulĂšvement, deux bateaux de guerre britanniques et un amĂ©ricain jetĂšrent l’ancre dans le port d’Acajutla pour protĂ©ger leurs ressortissants et leurs intĂ©rĂȘts nationaux et proposĂšrent leur aide Ă  Martinez. Celui-ci leur envoya un tĂ©lĂ©gramme leur assurant que la situation Ă©tait sous contrĂŽle, « l’offensive communiste » ayant Ă©tĂ© stoppĂ©e et bientĂŽt exterminĂ©e et que dĂ©jĂ  4 800 « bolcheviques » avaient Ă©tĂ© tuĂ©s. Le , Agustin Farabundo Marti et les autres dirigeants communistes furent exĂ©cutĂ©s Ă  la suite d'un conseil de guerre.

Conséquences du soulÚvement

La dĂ©termination de faits historiques est encore aujourd’hui trĂšs difficile car ce soulĂšvement a toujours des rĂ©percussions politiques. Le parti conservateur ARENA se tient encore Ă  la version officielle de l’époque (une rĂ©volte purement communiste) et lance chaque campagne Ă©lectorale Ă  partir du village d’Izalco avec comme hymne du parti « Le Salvador sera la tombe oĂč les rouges tomberont » ; le parti issu de la guĂ©rilla d’extrĂȘme-gauche, le FMLN, considĂšre cet Ă©vĂšnement comme une rĂ©pression au mouvement communiste mais aussi comme un gĂ©nocide Ă  l’encontre des indiens menĂ© par un rĂ©gime fasciste et dont ARENA en est l’hĂ©ritier. Ainsi, le nombre de morts lors du soulĂšvement et de la rĂ©pression est encore inconnu, alors que certains parlent de moins de 10 000 morts d’autres les estiment jusqu’à 40 000 (des Ă©tudes historiques plus neutres penchent pour 25 000 morts), et la coordination entre une tentative de coup d’État du PCS et un soulĂšvement spontanĂ© des paysans n’est toujours pas confirmĂ©e ou infirmĂ©e. Il a cependant Ă©tĂ© annoncĂ© en 2007 qu’une commission sera crĂ©Ă©e pour Ă©claircir ces zones d’ombre.

Quoi qu’il en soit, la rĂ©pression de ce soulĂšvement a eu comme rĂ©sultat une assimilation rapide et forcĂ©e au mode de vie occidental des indiens survivants pour Ă©viter une autre tuerie. Aujourd’hui, la langue Nahuatl, les traditions (fĂȘte, vĂȘtement, etc.) et le systĂšme cacique (qui n’était pas reconnu officiellement avant 1932 mais qui structurait encore la sociĂ©tĂ© indienne) ont complĂštement ou quasiment disparu du pays. Le Salvador est ainsi le pays du nord de l’AmĂ©rique centrale (rĂ©gion oĂč la population prĂ©colombienne Ă©tait trĂšs forte) oĂč la population indienne est la plus faible.

Autoritarisme militaire (1931-1979)

Le GĂ©nĂ©ral Maximiliano Hernandez MartĂ­nez mena pendant treize ans une politique dictatoriale fascisante. AttirĂ© par les succĂšs de l'Italie de Mussolini et de l'Allemagne nazie dans les annĂ©es 1930, il ne s'aligna avec les AlliĂ©s que sous la pression des États-Unis et dĂ©clara la guerre au Japon en 1941 et Ă  l'Allemagne en 1942. ObligĂ© par les AlliĂ©s de libĂ©raliser le pays en autorisant des associations de travailleurs et d'Ă©tudiants, la dictature fut peu Ă  peu fragilisĂ©e et la grĂšve gĂ©nĂ©rale de 1944 fit tomber MartĂ­nez qui ne put trouver d'excuses pour rĂ©primer le mouvement car celui-ci Ă©tait pacifiste. AprĂšs la fuite de Maximiliano Hernandez MartĂ­nez au Guatemala en , le GĂ©nĂ©ral AndrĂ©s Ignacio MenĂ©ndez prit le pouvoir grĂące Ă  l'appui de l'Ă©lite Ă©conomique et de l'armĂ©e. Mais ces derniers le lĂąchĂšrent cinq mois plus tard car ils voulaient organiser des Ă©lections libres. Une Ă©lection prĂ©sidentielle eut lieu en 1945 et l'opposition dĂ©clara la victoire de son candidat, mais l'armĂ©e mit au pouvoir le GĂ©nĂ©ral Salvador Castaneda Castro qui poursuivit la politique dictatoriale de MartĂ­nez.

Le , un coup d'État menĂ© par la branche rĂ©novatrice de l'armĂ©e mit en place le Conseil de Gouvernement RĂ©volutionnaire. En 1950 une nouvelle constitution fut rĂ©digĂ©e et le nouveau parti officiel, le PRUD (Parti RĂ©volutionnaire d'Unification Nationale), fut crĂ©Ă©. Entre 1950 et 1960 les deux prĂ©sidents militaires issus du PRUD menĂšrent une politique d'inspiration sociale-dĂ©mocrate en crĂ©ant une sĂ©curitĂ© sociale, en industrialisant le pays et en construisant de grandes infrastructures routiĂšres et des barrages hydrauliques. Le PRUD put mener cette politique grĂące aux prix du cafĂ© hauts durant la dĂ©cennie et Ă  la nouvelle culture de coton ; lorsque les prix du cafĂ© commencĂšrent Ă  chuter le gouvernement du PRUD fut fragilisĂ© pour ĂȘtre finalement renversĂ© en 1960. La nouvelle constitution promulguĂ©e en 1962 interdit les doctrines anarchistes et contraires Ă  la dĂ©mocratie, cela permit au nouveau parti officiel, le PCN (Parti de Conciliation Nationale), d'interdire le parti communiste salvadorien et les autres mouvements de gauche. Le Salvador adhĂ©ra Ă  l'Alliance for Progress, un programme amĂ©ricain d'aide au dĂ©veloppement pour les pays d'AmĂ©rique latine et cherchant Ă  lutter contre l'influence de Fidel Castro, ce qui permit de financer de grands projets d'infrastructures (routes, aĂ©roport international, port, hĂŽpital, etc.). Dans le mĂȘme temps, et toujours avec l'appui amĂ©ricain, des groupes paramilitaires dirigĂ©s par l'Organisation DĂ©mocratique Nationaliste (ORDEN - soit ordre en espagnol) furent crĂ©Ă©s pour lutter contre les mouvements de gauche. En juillet 1969, le Salvador envahit le Honduras durant la courte guerre du Football.

Durant les annĂ©es 1970, la situation politique commença Ă  se dĂ©mĂȘler. L’élection prĂ©sidentielle de 1972, les opposant au rĂ©gime militaire s'unirent derriĂšre JosĂ© NapoleĂłn Duarte, le chef du Parti DĂ©mocratique ChrĂ©tien (PDC). Au milieu de la fraude, le mouvement de Duarte, largement basĂ© sur la rĂ©forme, fut battu. À la suite, protestations et attentats se multipliĂšrent et Duarte s'exila. Ces Ă©vĂ©nements Ă©rodĂšrent l'espoir de rĂ©forme Ă  travers la voie dĂ©mocratique et persuadĂšrent donc ceux qui s'opposaient au gouvernement que l'insurrection armĂ©e Ă©tait la seule solution pour parvenir au changement.

Guerre civile (1979-1992)

Par consĂ©quent, les groupes de gauche dopĂ©s par le mĂ©contentement social gagnĂšrent en force. En 1979, la guĂ©rilla Ă©clata dans les villes et les campagnes, dĂ©butant ainsi 12 annĂ©es de guerre civile. Un cycle de violence s'installa, des escadrons de la mort d'extrĂȘme-droite firent des milliers de victimes. La Force ArmĂ©e Salvadorienne (ESAF) s'engagea Ă©galement dans la rĂ©pression et les massacres aveugles.

Le , un groupe d'officiers militaires et de dirigeants civils Ă©vincĂšrent le gouvernement de droite du gĂ©nĂ©ral Carlos Humberto Romero (1977 – 1979) et formĂšrent une junte. Duarte, le chef du PDC, joignit la junte en , prenant la tĂȘte du gouvernement provisoire jusqu'aux Ă©lections de . Dans le souci de donner une image plus modĂ©rĂ©e, la junte initia un programme de rĂ©forme du pays et nationalisa les banques et le marchĂ© du cafĂ© et du sucre. Cependant, au mĂȘme moment, la junte autorisa des membres des « escadrons de la mort », groupes paramilitaires possĂ©dant de forts liens avec l'armĂ©e, Ă  mener une campagne de terreur contre les dissidents politiques. Les escadrons de la mort exĂ©cutĂšrent alors plusieurs meurtres de hautes personnalitĂ©s. Ainsi l'archevĂȘque Óscar Romero, engagĂ© au cĂŽtĂ© des paysans dans la lutte politique, fut assassinĂ© par des membres des escadrons de la mort salvadoriens en 1980 dans la chapelle de l'hĂŽpital la providence de San SalvadoraprĂšs avoir publiquement pressĂ© le gouvernement amĂ©ricain de ne pas fournir une aide militaire au gouvernement salvadorien. Quatre religieuses furent Ă©galement violĂ©es et tuĂ©es Ă  cette mĂȘme occasion. Le successeur d'Óscar Romero, Arturo Rivera y Damas, dĂ©clare alors: « Les pays Ă©trangers, dans leur dĂ©sir d'hĂ©gĂ©monie mondiale, fournissent les armes. Le peuple salvadorien fournit les morts[1]. » Ce sont plusieurs milliers de salvadoriens qui furent assassinĂ©s par les escadrons de la mort. En , environ six cents personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, sont noyĂ©es ou abattues par balles par l'armĂ©e salvadorienne en tentant de franchir le fleuve Sumpul pour se rĂ©fugier au Honduras[2]. Lors du massacre d'El Mozote en , l'armĂ©e exĂ©cute un millier de civils, dont plus de la moitiĂ© Ă©taient des enfants[3].

Les États-Unis sont favorables Ă  l’anĂ©antissement du mouvement rebelle, plus particuliĂšrement aprĂšs l'arrivĂ©e de Ronald Reagan Ă  la Maison Blanche. Washington forme, arme, finance l’armĂ©e salvadorienne, dont le bataillon Atlacatl, une unitĂ© d’élite entraĂźnĂ©e Ă  la contre-insurrection par les soldats amĂ©ricains[3].

Pendant cette pĂ©riode, les partis politiques furent de nouveau autorisĂ©s Ă  fonctionner. Le , les salvadoriens dĂ©signĂšrent une nouvelle assemblĂ©e constituante. AprĂšs les Ă©lections, l'autoritĂ© fut transfĂ©rĂ©e Ă  Álvaro Magaña Borja, prĂ©sident provisoire choisi par l'assemblĂ©e. La constitution de 1983, rĂ©digĂ©e par l'assemblĂ©e, renforça nettement les droits individuels, Ă©tablit un garde-fou contre les dĂ©tentions provisoires et les perquisitions excessives, Ă©tablit Ă©galement une forme rĂ©publicaine et pluraliste de gouvernement. Elle renforça, aussi, la branche lĂ©gislative et l'indĂ©pendance judiciaire. Elle codifia le code du travail, particuliĂšrement pour les ouvriers agricoles. Cependant, en dĂ©pit de ces rĂ©formes symboliques, dans la pratique les Droits de l'homme, ratifiĂ©s par le Salvador, continuĂšrent d'ĂȘtre bafouĂ©s par la campagne de terreur instituĂ©e par les brigades de la mort. De cette maniĂšre, les changements n'ont pas satisfait les mouvements de guĂ©rilla, qui se sont unifiĂ©s sous le nom de Front de LibĂ©ration National Farabundo MartĂ­ (FMLN). Duarte gagna les Ă©lections en face du candidat de la droite Roberto D'Aubuisson de l'Alliance RĂ©publicaine Nationaliste (ARENA) avec 54 % des voix et devint ainsi le premier prĂ©sident du Salvador librement Ă©lu en plus de 50 ans. Craignant une victoire de d'Aubuisson, la CIA utilisa environ 2 millions de dollars pour soutenir la candidature de Duarte. D'Aubuisson avec son parti ARENA entretenait d'Ă©troits liens avec les brigades de la mort, et fut dĂ©crit comme un « tueur pathologique » par l'ancien ambassadeur amĂ©ricain Robert White. En 1989, Alfredo Cristiani appartenant Ă  l'ARENA remporta l’élection prĂ©sidentielle avec 54 % des voix. Son investiture le reprĂ©sente la premiĂšre passation pacifique du pouvoir d'un dirigeant civil librement Ă©lu Ă  un autre.

En 1986, la Commission Salvadorienne des Droits de l'Homme publia un rapport de 165 pages sur la prison de Mariona. Le rapport rĂ©vĂ©la l'usage courant d'au moins 40 pratiques de torture sur les prisonniers politiques. Des militaires amĂ©ricains auraient supervisĂ© ces actes. Le , Herbert Ernesto Anaya, chef de la Commission Salvadorienne des Droits de l'Homme, fut assassinĂ©. En dĂ©pit des controverses concernant la rĂ©pression et la brutalitĂ© des Forces ArmĂ©es Salvadoriennes, les États-Unis continuĂšrent d'apporter de l'aide au Salvador, ce qui vaut Ă  Reagan les critiques de Brzezinski, pourtant guĂšre conciliant avec le FMLN[1] - [4]. Pourtant, la situation chaotique du pays ne s'arrangea guĂšre.

Fin de la Guerre civile

Les États-Unis stoppĂšrent l’aide militaire fournie au Salvador, Ă  la suite de la multiplication des pressions internes s’opposant Ă  la poursuite cette aide par le gouvernement de George H. W. Bush. ConsĂ©cutivement le gouvernement salvadorien fut forcĂ© d’adopter une approche diffĂ©rente face Ă  l’insurrection. Lors de son investiture en , le prĂ©sident Cristiani appela Ă  un dialogue direct dans le but de mettre fin Ă  la dĂ©cennie de conflits entre le gouvernement et les guĂ©rilleros. Un processus de dialogue mettant en place des rĂ©unions mensuelles entre les deux camps, fut lancĂ© en , il dura jusqu'Ă  ce que le FMLN lance une offensive sanglante et dans tout le pays en novembre de la mĂȘme annĂ©e.

DĂ©but 1990, suivant une demande des prĂ©sidents d’AmĂ©rique centrale, les Nations unies firent l’effort d’engager des mĂ©diations directes entre les deux camps. AprĂšs une annĂ©e de peu de progrĂšs, le gouvernement et le FMLN acceptĂšrent une invitation du SecrĂ©tariat GĂ©nĂ©ral de l’ONU pour une rencontre Ă  New York. Le , les deux camps signĂšrent l’Acte de New York. Qui lança un processus de nĂ©gociation en crĂ©ant le ComitĂ© pour la Consolidation de la Paix (COPAZ), constituĂ© de reprĂ©sentants du gouvernement, du FMLN, et de partis politiques, avec des observateurs de l’ONU et de l’Église catholique. Le , le gouvernement et le FMLN Ă©bauchĂšrent un accord de paix sous les auspices du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU Javier PĂ©rez de CuĂ©llar. Les accords finaux, appelĂ©s les Accords de Paix de Chapultepec, furent signĂ©s Ă  Mexico le . Un cessez-le-feu de 9 mois prit effet le et ne fut jamais rompu.

Une cérémonie, le , marqua la fin officielle des conflits, concordant avec la démobilisation des derniÚres structures militaires du FMLN et la suppression du statut de parti politique du FMLN. En juillet 2002, un jury détermina que les deux anciens ministres salvadoriens de la défense, José Guillermo García et Carlos Eugenio Vides Casanova étaient responsables des tortures pratiquées sur trois hommes par les escouades de la mort dans les années 1980. Les victimes poursuivirent les anciens commandants grùce à une loi américaine permettant de telles poursuites. Ces commandants furent condamnés à payer 54,6 millions de dollars aux victimes.

Depuis 1992

Le Salvador se bat pour se sortir de la violence des gangs, perpĂ©trĂ©e par des groupes tels que Mara Salvatrucha et le Gang de la 18e Rue. La violence est exacerbĂ©e par d'importants troubles sociaux, la dĂ©vastation Ă©conomique due Ă  la guerre civile, la disparition des structures familiales et sociales, et la prĂ©sence de rĂ©fugiĂ©s, qui se tournent vers les gangs. RĂ©fugiĂ©s qui reviennent dans leur pays depuis les États-Unis ou qui ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s au Salvador aprĂšs 1996.

Le prĂ©sident Armando CalderĂłn Sol adopte en 1995 un plan de rĂ©formes Ă©conomiques qui prĂ©voit la levĂ©e du contrĂŽle des changes, l'instauration d'une monnaie convertible, la rĂ©duction des tarifs douaniers et la cession de certaines entreprises publiques. L'annĂ©e suivante, la peine de mort est rĂ©tablie et les peines de prison alourdies afin de combattre la dĂ©linquance. Francisco Flores, le candidat du parti au pouvoir ARENA (Alliance rĂ©publicaine nationaliste, droite) remporte l'Ă©lection prĂ©sidentielle en 1999 et poursuit une politique de rigueur dont les consĂ©quences sur les franges les plus pauvres de la population provoquent de nombreuses manifestations. Le pays est frappĂ© en 2001 par deux sĂ©ismes qui font un millier de morts (accusĂ© d’avoir dĂ©tournĂ© 15 millions de dollars d'aides internationales, Francisco Flores dĂ©cĂ©dera en 2016 avant la tenue de son procĂšs). La dollarisation de l'Ă©conomie, engagĂ©e en 2001, s'Ă©tend en 2003 Ă  la totalitĂ© de la monnaie et des avoirs financiers du pays. Sur les questions de politique internationales, le Salvador est alignĂ© sur les États-Unis et envoie en 2003 quelques centaines de soldats participer Ă  l'occupation de l'Irak. Antonio Saca, Ă©galement membre de l'ARENA, est Ă©lu prĂ©sident en 2004 et poursuit la politique Ă©conomique de ses prĂ©dĂ©cesseurs. Le traitĂ© de libre-Ă©change entre les pays d'AmĂ©rique centrale et les États-Unis (CAFTA) entre en vigueur en 2006[5].

En 2004 le Salvador lança un projet appelĂ© Mano Dura, qui consiste en un strict contrĂŽle des gangs tel le Mara Salvatrucha. Ce projet a paradoxalement entraĂźnĂ© une augmentation du taux de criminalitĂ© en exacerbant la fracture sociale et ne s'attaquant pas Ă  l'exclusion. De plus, la lutte contre les gangs a servi de prĂ©texte pour faire passer de nombreuses mesures Ă  caractĂšre autoritaire. Le comportement des autoritĂ©s, en particulier face aux accusĂ©s, pose des questions de respect des Droits de l’Homme. Aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 2009, les Salvadoriens Ă©lisent le candidat soutenu par le FMLN, un ancien journaliste, Mauricio Funes comme prĂ©sident et Salvador Sanchez Ceren comme vice-prĂ©sident. C'est la premiĂšre fois qu'un prĂ©sident de gauche gouverne le pays. Les deux hommes prennent leur fonction le .

Lui succĂšde Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique Salvador SĂĄnchez CerĂ©n membre du FMLN, qui dirige le jusqu'en 2018, puis Nayib Bukele, membre du mĂȘme parti jusqu'en 2017, puis au Grande alliance pour l'unitĂ© nationale, un parti de centre-droit.

Notes et références

  1. Pierre Blanchet, « Le cauchemar des dominos », Le Nouvel Observateur, 20 février 1982
  2. Oscar Martinez Penate, Le soldat et la guérillera. Une histoire orale de la guerre civile au Salvador, Sylepse, , p. 18
  3. « Au Salvador, les fantĂŽmes du massacre impuni d’El Mozote », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  4. Voir aussi position de Brzezinski en 1979, telle que prĂ©sentĂ©e par Robert Kagan in A twilight struggle: American power and Nicaragua, 1977-1990, Ă©d. Verlag fĂŒr die Deutsche Wirtschaft AG, 1996, p.108-109 [lire en ligne]
  5. Les Essentiels d'Universalis volume 23, Le Monde, pages 542-545, 2009

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