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Dollarisation

La dollarisation est l'adoption par un État du dollar américain comme monnaie d'échange officielle, et à l'abandon concomitant de la monnaie nationale.

Elle est souvent pratiquée par des petits États. La dollarisation prend deux formes : la dollarisation intégrale, où le dollar remplace totalement la monnaie nationale, et la dollarisation partielle, où le dollar maintient une parité fixe avec la monnaie nationale. La monnaie est alors étudiée comme un élément d'influence dans le rayonnement culturel des États-Unis dans le monde.

Concept

La dollarisation est, au sens strict, l’abandon d’une monnaie domestique au profit du dollar américain[1].

Par analogie et pour éviter l'ambiguïté terminologique en français[2], il a été proposé en 2005 le terme de « xénomonétisation ». Le terme d'euroïsation a été introduit depuis les années 2000, et désigne l'utilisation de l'euro hors de la seule zone euro. On peut également parler, selon le cas, de dollarisation ou d'euroïsation partielle lorsque deux ou plusieurs monnaies sont utilisées conjointement sur un même territoire : Russie avec le dollar, Maghreb avec l'euro, ou des zones frontalières situées en Europe, par exemple Genève, certaines parties d'Irlande du Nord ou Gibraltar.

ConsidĂ©rer qu’une Ă©conomie est dollarisĂ©e n’apporte aucune prĂ©cision sur le degrĂ© d’imprĂ©gnation de la devise Ă©trangère dans les pratiques monĂ©taires d’une Ă©conomie. Il existe une multitude de rĂ©gimes de dollarisation[3]. La dollarisation concerne tout aussi bien les Ă©conomies oĂą une monnaie Ă©trangère circule parallèlement Ă  la monnaie domestique, que les Ă©conomies dĂ©pourvues de monnaie propre et dans lesquelles le dollar prĂ©vaut en tant que signe monĂ©taire exclusif. Dans le premier cas, on parle de dollarisation partielle. Dans ces situations, la souverainetĂ© est dĂ©jĂ  Ă©rodĂ©e car la monnaie nationale est concurrencĂ©e par une monnaie Ă©trangère. La lĂ©gitimitĂ© de l’unitĂ© de compte nationale ayant cours lĂ©gal est contestĂ©e.  Dans le second cas, la dollarisation dĂ©signe un phĂ©nomène d’exclusivitĂ© monĂ©taire ; on la qualifiera de dollarisation intĂ©grale, il n’y a plus de monnaie nationale en circulation.

Reste Ă  savoir si cette intrusion d’une monnaie est acceptĂ©e, tolĂ©rĂ©e, voire officialisĂ©e par l’Etat souverain. C’est pourquoi il convient de considĂ©rer un second niveau de distinction  entre d’une part les cas oĂą la monnaie Ă©trangère est utilisĂ©e par les agents Ă©conomiques malgrĂ© son interdiction ou l’absence de son cours lĂ©gal, et d’autre part les cas oĂą l’usage de cette monnaie est reconnu officiellement par les autoritĂ©s pour certains usages, voire complĂ©tement lĂ©galisĂ©e. Dans le premier cas, on parlera de dollarisation de facto ou de dollarisation officieuse. Dans le second cas, on parlera de dollarisation de jure ou de dollarisation officielle ; ici, la dollarisation est institutionnalisĂ©e et traduit un choix des autoritĂ©s publiques.

En tant que la dollarisation prive le pays de toute souveraineté monétaire, elle a souvent été adoptée comme moyen de dernier ressort par des États convaincus de ne pas pouvoir gérer leur propre monnaie[4].

Effets

Cette évolution a des conséquences profondes pour l'économie du pays qui adopte cette politique, puisque l'État abandonne tout ou partie de sa souveraineté monétaire et donc sa capacité à ajuster les fluctuations de l'économie par sa politique monétaire et de taux de change. Il ne peut plus faire de création monétaire afin de réguler son endettement par les mécanismes d'inflation et de déflation ; il perd la capacité à dévaluer ou à réévaluer sa monnaie ; et c'est aussi une perte économique pour la perception des droits de seigneuriage inhérent à la création de monnaie par une banque centrale.

La stabilité et la force de parité de la monnaie de référence parmi les nombreuses devises internationales, avec un risque de crise de change très limité, motivent ce choix. En général, une fois un pays dollarisé, le phénomène est présenté comme difficilement réversible sinon au prix d'un changement radical de politique.

Le phénomène de dollarisation est décrié par le mouvement altermondialiste car il porte atteinte à la souveraineté des États économiquement faibles, mais présente aussi certains avantages économiques (crédibilité internationale, facilité des échanges).

Le nombre de monnaies constituant une réserve de change à l'international est restreint : le dollar américain, l'euro, la livre sterling, le yen, le franc suisse, et le rouble en font partie. Seul le yen ne sert pas de référence aux autres monnaies et n'est accepté qu'au Japon. Ces cinq monnaies précitées font l'objet d'une utilisation commerciale dans tous les pays où cela n'est pas légalement interdit : il s'agit d'une facilité et non d'une obligation au profit des touristes et entités commerciales.

Il y a « dollarisation rampante», quand, dans un pays, le pourcentage des dépôts bancaires en dollars américains s'approche ou dépasse le taux de 50 %[5].

Histoire

L'un des premiers pays à « dollariser » son économie monétaire fut le Panama dès 1904[6]. Le Libéria, pour des raisons historiques, vivait jusqu'en 1994, sous le régime de la dollarisation à parité fixe.

Liste des Ă©conomies officiellement « dollarisĂ©es Â» avec une autre monnaie

Carte de l'utilisation mondiale du dollar américain et de l'euro:
  • États Unis d'AmĂ©rique
  • Utilisateurs extĂ©rieurs du dollar amĂ©ricain
  • Monnaies liĂ©es au dollar amĂ©ricain
  • Monnaies liĂ©es au dollar amĂ©ricain avec une marge de fluctuation
  • Eurozone
  • Utilisateurs extĂ©rieurs de l'euro
  • Monnaies liĂ©es Ă  l'euro
  • Monnaies liĂ©es Ă  l'euro avec une marge de fluctuation

Dollar américain

États et aires utilisatrices du dollar américain comme monnaie officielle

États et aires utilisatrices d'une monnaie liée au dollar américain à parité fixe

Autres unions monétaires et zones à communauté d'intérêt monétaire

Nouvelle-Zélande (Dollar néo-zélandais)

Australie (Dollar australien)

Afrique du Sud (Rand)

Russie (Rouble)

Suisse (Franc suisse)

Singapour

Grande Bretagne (Livre Sterling)

Inde (Roupie)

Unions monétaires internationales existantes

Notes et références

  1. Pierre Salama, La dollarisation : Essai sur la monnaie, l'industrialisation et l'endettement des pays sous-développés, La Découverte, 1989, p. 8.
  2. « La dollarisation intégrale : une option monétaire de dernier ressort pour l'Amérique latine ? » par Alexandre Minda, in: Mondes en développement, 2005/2 (no 130), pp. 16 — sur Cairn.info.
  3. Jean-François Ponsot, « Économie politique de la dollarisation: », Mondes en développement, vol. n° 188, no 4,‎ , p. 51–68 (ISSN 0302-3052, DOI 10.3917/med.188.0051, lire en ligne, consulté le )
  4. Henri Bourguinat et Larbi Dohni, « La dollarisation comme solution en dernier ressort », Revue française d'économie, vol. 17, no 1,‎ , p. 57–96 (DOI 10.3406/rfeco.2002.1455, lire en ligne, consulté le )
  5. Minda (2005), p. 27.
  6. Minda (2005), p. 16-17.

Voir aussi

Liens externes

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