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Nayib Bukele

Nayib Bukele Ortez, nĂ© le Ă  San Salvador, est un homme d'État salvadorien. Il est prĂ©sident de la RĂ©publique depuis le .

Nayib Bukele
Illustration.
Nayib Bukele en 2019.
Fonctions
Président de la république du Salvador
En fonction depuis le
(4 ans, 1 mois et 3 jours)
Élection
Vice-président Félix Ulloa
Prédécesseur Salvador Sånchez Cerén
Maire de San Salvador
–
(2 ans, 11 mois et 29 jours)
Prédécesseur Norman Quijano
Successeur Ernesto Muyshondt
Maire de Nuevo CuscatlĂĄn
–
(2 ans, 11 mois et 29 jours)
Prédécesseur Álvaro Rodríguez
Successeur Michelle Sol
Biographie
Nom de naissance Nayib Armando Bukele Ortez
Date de naissance
Lieu de naissance San Salvador (Salvador)
Nationalité Salvadorienne
Parti politique FMLN (2012-2017)
GANA (2019)
NI (depuis 2019)
Conjoint Gabriela RodrĂ­guez

Signature de Nayib Bukele

Maires de San Salvador
Maires de San Salvador (en)
Présidents de la république du Salvador

D’abord membre du Front Farabundo MartĂ­ de libĂ©ration nationale (FMLN), il est Ă©lu maire de Nuevo CuscatlĂĄn en 2012 puis de San Salvador, la capitale, en 2015.

Lors de l'élection présidentielle de 2019, se présentant sous l'étiquette de la Grande alliance pour l'unité nationale (GANA), il est élu au premier tour avec 53 % des voix, à 37 ans. Il devient ainsi le premier président depuis la fin de la guerre civile, en 1992, à ne représenter aucun des deux principaux partis salvadoriens (ARENA et FMLN).

LibĂ©ral au niveau Ă©conomique et conservateur sur le plan sociĂ©tal, il mĂšne notamment une politique sĂ©curitaire en rupture avec l’État de droit qui conduit Ă  une rĂ©duction importante du taux d'homicides. Cette action lui permet d’atteindre un niveau record de popularitĂ©. Sa prĂ©sidence est Ă©galement marquĂ©e par un tournant autoritaire.

AprĂšs avoir composĂ© Ă  ses dĂ©buts avec un Parlement lui Ă©tant hostile, il voit son nouveau parti, Nouvelles IdĂ©es (NI), remporter largement les Ă©lections lĂ©gislatives de 2021, ce qui semble acter la fin du bipartisme dans le pays. La mĂȘme annĂ©e, il fait face Ă  une crise politico-judiciaire.

La Cour suprĂȘme, dont il a fait renouveler la composition, l’autorise en parallĂšle Ă  briguer un second mandat en 2024 – une situation inĂ©dite au Salvador – Ă  la condition qu’il dĂ©missionne juste avant l’expiration de son mandat[1].

Situation personnelle

Nayib Bukele et son Ă©pouse, Gabriela RodrĂ­guez de Bukele, en 2016.

Né le à San Salvador, Nayib Bukele est le fils d'Olga Ortez de Bukele et d'Armando Bukele Kattån, un homme d'affaires d'origine palestinienne, chrétien converti à l'islam et devenu imam, et figure influente dans la vie politique et de la communauté musulmane du pays[2].

En 2014, il épouse Gabriela Rodríguez[3]. Le couple a une fille, Layla, née en [4].

Alors qu'il est le fils d'un musulman et d'une chrĂ©tienne, les opinions religieuses de Nayib Bukele sont l'objet de nombreuses spĂ©culations lors de l’élection prĂ©sidentielle de 2019, notamment lors de la diffusion par le journal salvadorien El Liberal de photos le montrant prier dans une mosquĂ©e de la ville de Mexico. Bukele dĂ©clare n'appartenir Ă  aucune religion mais croire en JĂ©sus-Christ[5] - [6].

Ascension politique

Premiers mandats

Nayib Bukele en 2015.

Membre du Front Farabundo MartĂ­ de libĂ©ration nationale Ă  partir de 2012, il est Ă©lu maire de la municipalitĂ© de Nuevo CuscatlĂĄn en 2012 avec 49,72 % des voix[7]. En 2015, il est Ă©lu maire de la capitale, San Salvador, avec 48,47 % des voix, toujours sous l'Ă©tiquette du FMLN[8] - [7]. Il est exclu du parti en 2017 aprĂšs avoir lancĂ© une pomme au visage d’une conseillĂšre municipale[9].

Élection prĂ©sidentielle de 2019

Il se prĂ©sente comme candidat de la Grande alliance pour l'unitĂ© nationale (GANA), un parti conservateur classĂ© au centre droit, Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2019[10]. S'affichant comme « anti-systĂšme », il domine le dĂ©bat en se focalisant sur l'importante criminalitĂ© due notamment aux gangs, ainsi que sur la pauvretĂ© que connait le pays. ÂgĂ© de 37 ans, il mĂšne une campagne axĂ©e sur les jeunes gĂ©nĂ©rations, trĂšs dure avec le personnel politique classique.

DÚs le premier tour, le , il est élu, avec 53 % des voix exprimées[11].

Président de la République

Investiture

Nayib Bukele prend ses fonctions le , succĂ©dant Ă  Salvador SĂĄnchez CerĂ©n[12] - [13]. Depuis la fin de la guerre civile (1992), il est la premiĂšre personnalitĂ© Ă  accĂ©der Ă  la tĂȘte du pays sans appartenir Ă  aucun des deux principaux partis salvadoriens (ARENA et FMLN). À 37 ans, il est le plus jeune chef d’État du continent amĂ©ricain[14].

Politique sécuritaire

Nayib Bukele met sur pied en 2019 un « plan de contrĂŽle territorial » visant Ă  confier Ă  l'armĂ©e des tĂąches de sĂ©curitĂ© publique dans les quartiers aux mains des organisations criminelles[15], tandis qu'un accord conclu entre la MS-13 et Barrio 18, les principales maras du pays, aurait conduit Ă  une diminution des rĂšglements de compte dans le pays[10]. Le prĂ©sident salvadorien met en avant la baisse de 2 398 meurtres en 2019 Ă  1 147 en 2021[16], soit un taux d'homicides de 17,6 pour 100 000 habitants, le plus faible depuis des dĂ©cennies[15].

Le site d’investigation El Faro indique en que Nayib Bukele nĂ©gocie secrĂštement depuis un an un accord avec le plus puissant gang du pays, la Mara Salvatrucha. Le journal El PaĂ­s estime que la baisse des homicides dans le pays n’est pas due Ă  la politique sĂ©curitaire du gouvernement mais « Ă  un Ă©change de bons services » : en contrepartie d’un assouplissement des conditions de dĂ©tention de ses membres et d’autres promesses, le gang se serait engagĂ© Ă  rĂ©duire le nombre d'assassinats et Ă  soutenir la formation politique de Nayib Bukele lors des Ă©lections[17]. Nayib Bukele a dĂ©menti avec vigueur et annoncĂ© peu aprĂšs l'ouverture d'une enquĂȘte pour « une grave affaire de blanchiment d'argent » concernant le mĂ©dia en ligne El Faro. Il a Ă©galement Ă©tĂ© accusĂ© par Laura Andrade, la directrice de l'Institut sur l'opinion publique de l'UniversitĂ© centroamĂ©ricaine, d'essayer d'« affaiblir » plusieurs titres de presse indĂ©pendante (notamment la revue Factum, le quotidien La Prensa Grafica et la revue Gato Encerrado, selon Oscar Martinez, l'un des directeurs d'El Faro) et ONG critiques envers son gouvernement[18].

Pour Jeannette Aguilar, consultante sur les thĂšmes de sĂ©curitĂ© et justice, les discours du prĂ©sident relĂšvent du « marketing mĂ©diatique », affirmant que « Bukele se prĂ©sente comme l’homme fort qui soumet les criminels, mais lorsqu’il Ă©tait maire de la capitale, il avait conclu des accords avec les gangs pour gouverner en paix[9]. »

La trĂȘve entres les gangs criminels et le gouvernement est rompue en mars 2022 avec une vague de 87 assassinats en seulement trois jours. En rĂ©action, Nayib Bukele a dĂ©clarĂ© la « guerre contre les gangs » et dĂ©crĂ©tĂ© le rĂ©gime d’exception qui autorise des arrestations sans mandat judiciaire. PrĂšs de 70 000 personnes (en date de juin 2023) ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es dans ce cadre, hissant le Salvador au rang de pays affichant le plus haut taux de dĂ©tention au monde (estimĂ© Ă  1 086 personnes pour 100 000 habitants par le World Prison Brief et Ă  1 220 pour 100 000 habitants par La Prensa GrĂĄfica, le journal le plus important du Salvador). Selon l'ONG salvadorienne Cristosal, des milliers d'innocents se trouvent parmi les dĂ©tenus et des dizaines de personnes sont mortes Ă  cause des violences subies lors de leur interrogatoire. « La plupart des arrestations sont arbitraires. Il n'y a pas eu d'enquĂȘte prĂ©alable ni de mandat d'arrĂȘt », indique l'ONG[19].

Fin janvier 2023 est inaugurĂ© le Centre de confinement du terrorisme » (CECOT), une gigantesque prison pour 40 000 dĂ©tenus. En dĂ©pit des critiques des ONG de dĂ©fense des droits de l’Homme pour les abus commis, la « guerre contre le crime » vaut au prĂ©sident Bukele une « Ă©crasante popularitĂ© »[20]. L'ensemble des organisations civiles et internationales, dont Amnesty International et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCR), dĂ©noncent des dĂ©tentions arbitraires, tortures et mauvais traitements infligĂ©s dans les centres de dĂ©tention[19].

Le taux d'homicides dans le pays chute Ă  un niveau historiquement bas de 7,8 pour 100 000 habitants en 2022[21]. Pour autant, son bilan en matiĂšre de sĂ©curitĂ© publique est Ă  nuancer. Son administration a modifiĂ© la publication des chiffres des homicides pour en exclure les corps trouvĂ©s dans des fosses communes clandestines. Le nombre de disparus, en hausse constante depuis 2018, dĂ©passe le nombre d'homicides, ce qui suggĂšre que la diminution rĂ©elle des meurtres pourrait ĂȘtre significativement moins importante que celle mise en avant par les chiffres officiels[15]. D'autre part, le Salvador connaissait avant mĂȘme l'arrivĂ©e de Nayib Bukele au pouvoir une trĂšs forte baisse de la criminalitĂ©, avec une chute du taux d'homicides pour 100 000 habitants de 103 en 2015 Ă  36 en 2019[21].

A la suite du succÚs de sa stratégie de lutte contre la criminalité, outre les critiques relatives aux droits de l'homme, il est considéré comme un référent pour une partie de la droite latino-américaine[22].

Tensions avec le Parlement

À ses dĂ©buts, il doit composer avec une AssemblĂ©e lĂ©gislative, le parlement monocamĂ©ral du pays, dominĂ©e par des partis de droite[23] - [24]. En , alors que les dĂ©putĂ©s ne sont pas suffisamment nombreux pour approuver un emprunt de 109 millions de dollars, il se rend Ă  l'AssemblĂ©e lĂ©gislative, oĂč ses partisans sont en minoritĂ©, accompagnĂ© par des militaires Ă©quipĂ©s de fusils et gilets pare-balles pour intimider les parlementaires et les somme d’approuver sa dĂ©cision, et appelle Ă  « l’insurrection populaire ». InstallĂ© Ă  la tribune, le prĂ©sident menace alors de dissoudre l'assemblĂ©e avant d'Ă©clater en sanglots et d'effectuer une brĂšve priĂšre. Annonçant solennellement avoir entendu Dieu lui parler pour l'encourager Ă  faire preuve de patience, il renonce Ă  dissoudre l'assemblĂ©e, puis s'adresse Ă  une foule de partisans aux portes du bĂątiment dans un discours enflammĂ© oĂč il dĂ©crit les dĂ©putĂ©s comme des « voleurs et des scĂ©lĂ©rats »[25] - [26]. S'ensuit une vague de dĂ©sapprobation : « Le dĂ©ploiement policier et militaire au sein de l’AssemblĂ©e lĂ©gislative nous rappelle les Ă©poques les plus sombres de l’histoire du Salvador », rĂ©agit Amnesty International[10].

Composition de l’AssemblĂ©e lĂ©gislative Ă  la suite des Ă©lections de 2021 :

En vue des Ă©lections lĂ©gislatives de fĂ©vrier 2021, Nayib Bukele porte en avant son parti rĂ©cemment crĂ©Ă©, Nouvelles IdĂ©es (N ou NI), dirigĂ© par son cousin Xavier Zablah Bukele. Ce dernier se retrouve rapidement en tĂȘte des sondages avant de largement creuser l’écart avec ses concurrents, une situation inĂ©dite dans un pays dominĂ© depuis des dĂ©cennies par l'Alliance rĂ©publicaine nationaliste (ARENA) et le Front Farabundo MartĂ­ de libĂ©ration nationale (FMLN). Dans un contexte de participation en hausse (50,3 %), NI l’emporte avec 66,5 % des suffrages exprimĂ©s, obtenant 56 des 84 siĂšges de dĂ©putĂ©s Ă  pourvoir.

Tournant autoritaire

À la suite de cette victoire, les autoritĂ©s prennent une sĂ©rie de dĂ©cisions interprĂ©tĂ©es comme une dĂ©rive autoritaire : les membres de la Cour suprĂȘme et le procureur gĂ©nĂ©ral sont rĂ©voquĂ©s et remplacĂ©s par des fidĂšles du prĂ©sident, les juges ĂągĂ©s de plus de soixante ans sont mis Ă  la retraite[27], la commission anti-corruption mise en place par l'Organisation des États amĂ©ricains est dissoute, des ministres appartenant Ă  l'ancien gouvernement sont arrĂȘtĂ©s et la Constitution est amendĂ©e afin de permettre au prĂ©sident d'effectuer plusieurs mandats[28].

Le 11 janvier 2023, le gouvernement salvadorien ordonne l'arrestation de cinq figures de la lutte contre les mines et la dĂ©fense de l'eau, qui avaient jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans la campagne pour l'interdiction miniĂšre de 2017. Sous l'administration de Bukele, le Salvador semble proche d'annuler l’interdiction miniĂšre et a rejoint le Forum intergouvernemental sur l'exploitation miniĂšre financĂ© par le gouvernement canadien et a adoptĂ© une loi pour crĂ©er une Direction des hydrocarbures, de l'Ă©nergie et des mines[29].

Politique Ă©conomique

Divers Ă©conomistes ont pointĂ© la faiblesse des politiques du gouvernement salvadorien dans ce domaine. Aucune vĂ©ritable politique visant Ă  combattre la pauvretĂ©, les inĂ©galitĂ© et l’absence d’accĂšs aux services de base n'a Ă©tĂ© mise sur pied au cours du premier mandat de Salvador Bukele. La pauvretĂ© a augmentĂ© entre 2019 et 2022, plus de la moitiĂ© de la population ne mange pas Ă  sa faim et le Salvador prĂ©sente, en 2023, le taux de croissance le plus bas d'AmĂ©rique centrale (1,6 %)[30] - [19].

Cryptomonnaies

Nayib Bukele fait en septembre 2021 du bitcoin la monnaie officielle au Salvador au mĂȘme titre que le dollar amĂ©ricain. Les autoritĂ©s mettent en place un premier fonds de 150 millions de dollars afin de garantir la convertibilitĂ© automatique du bitcoin en dollars, font installer quelque 200 distributeurs automatiques permettant d’échanger des bitcoins et lancent une application devant permettre de procĂ©der Ă  des paiements ou virements en bitcoins. Ses usagers recevront une prime de l’équivalent de 30 dollars en bitcoins[31]. Le Fonds monĂ©taire international (FMI) a cependant mis en garde le gouvernement salvadorien contre les risques du Bitcoin : « Compte tenu de la haute volatilitĂ© du Bitcoin, son utilisation en tant que monnaie officielle gĂ©nĂšre des risques importants pour la protection du consommateur, pour l’intĂ©gritĂ© du systĂšme financier et pour la stabilitĂ© financiĂšre[32]. » L'opposition de gauche manifeste contre cette dĂ©cision[33].

Le prĂ©sident Bukele annonce en novembre 2021 la crĂ©ation Ă  venir d'une Bitcoin City, qui constituerait une zone Ă©conomique spĂ©ciale avec des avantages fiscaux pour les investisseurs[34]. Il explique que « zones rĂ©sidentielles, zones commerciales, services, musĂ©es, divertissements, bars, restaurants, aĂ©roport, port, chemin de fer – tout [sera] consacrĂ© au Bitcoin », et que toutes les taxes autres que la TVA seront supprimĂ©es dans la ville. Le gouvernement prĂ©voit d’émettre une obligation d'un milliard de dollars en 2022 pour financer le projet. La moitiĂ© des fonds sera convertie en Bitcoins et l’autre moitiĂ© sera utilisĂ©e pour les infrastructures et le minage de Bitcoins. La ville, dont la forme circulaire Ă©voquera une piĂšce de monnaie, s’élĂšvera dans l’est du pays et recevra son approvisionnement Ă©nergĂ©tique du volcan de Conchagua, lequel devrait fournir l’énergie nĂ©cessaire aux activitĂ©s de minage, trĂšs Ă©nergivores[32].

En 2023, cette politique apparait comme un échec. Dans la capitale, presque aucun commerce n'accepte les paiements en cryptomonnaie, et seuls 2 % des transferts effectués par la diaspora sont passés par ce biais. En outre, face à la chute du cours du bitcoin, les fonds publics que le gouvernement détiendrait dans la cryptomonnaie ont perdu plus de la moitié de leur valeur initiale. Lors d'un entretien accordé à la chaine américaine Fox News, en novembre 2022, Nayib Bukele soutient que l'adoption du bitcoin était avant tout une opération de communication destinée à l'international[19].

Politique Ă©trangĂšre

Nayib Bukele et le président américain Donald Trump le .

Peu aprĂšs son investiture, Nayib Bukele rompt les relations diplomatiques avec le Venezuela, expulse les diplomates vĂ©nĂ©zuĂ©liens et reconnaĂźt l'opposant Juan GuaidĂł comme nouveau prĂ©sident de ce pays. Sa dĂ©cision est saluĂ©e par l'ambassade des États-Unis[35].

Il rompt aussi les relations avec la RĂ©publique sahraouie, refuse l’ouverture d’une ambassade palestinienne, et supprime les programmes cubains d'aide mĂ©dicale[36].

Ses rapports avec les États-Unis se dĂ©tĂ©riorent en 2021, Ă  la suite d'un rapprochement commercial avec la Chine, qui a procurĂ© au Salvador des vaccins contre la Covid-19 et une aide Ă©conomique. Les autoritĂ©s amĂ©ricaines publient en rĂ©action une liste de « fonctionnaires corrompus » appartenant Ă  l'entourage de Nayib Bukele, incluant notamment son chef de cabinet, l'ancien ministre de la SĂ©curitĂ© et le prĂ©sident du parti GANA[37].

Style, communication et popularité

DĂ©crit comme un excellent communicant, Nayib Bukele Ă©tait, avant de faire son entrĂ©e en politique, Ă  la tĂȘte de l'entreprise publicitaire fondĂ©e par son pĂšre, Obermet, qui organisait des campagnes Ă©lectorales pour le comptes de partis politiques[19].

Il fait une campagne présidentielle « post-idéologique » en 2019, dénonçant la corruption et les partis politiques traditionnels, tout en bénéficiant d'une image jeune et irrévérencieuse[28].

À l’instar du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump, il communique essentiellement sur les rĂ©seaux sociaux[14], ce qui lui vaut le surnom de «prĂ©sident Millenium»[38] - [39]. Il se dĂ©marque notamment pour son utilisation de Twitter lors de la campagne pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2019[40]. Il reste, aprĂšs son Ă©lection, particuliĂšrement actif sur les rĂ©seaux sociaux[19].

La presse internationale est généralement séduite par sa communication, voyant en lui un « candidat antisystÚme » ou encore « un nouveau Macron ». Le Washington Post salue son positionnement « non idéologique » et son tempérament « rafraßchissant »[19].

En matiĂšre de communication non verbale, il se dĂ©marque de ses prĂ©dĂ©cesseurs en dĂ©rogeant rĂ©guliĂšrement Ă  la tradition du costume. Bukele apparait ainsi souvent dans les instances gouvernementales avec un style dĂ©contractĂ© (jeans, t-shirt, dĂ©bardeur) afin que les citoyens s’identifient Ă  lui par son apparence[39]. El PaĂ­s AmĂ©rica relĂšve Ă  son sujet en 2021 : « VĂ©ritable prĂ©sident du XXIe siĂšcle proche du peuple, selon ses partisans, provocateur qui distille un discours de haine, selon ses opposants, Nayib Bukele est un personnage clivant qui a bouleversĂ© la politique salvadorienne en moins de deux ans. Et bĂ©nĂ©ficie d’un taux de popularitĂ© unique dans l’histoire du pays[14]. »

Il bĂ©nĂ©ficie d'une popularitĂ© Ă©valuĂ©e entre 70 et 80 % et jusqu'Ă  92%[22], record sur le continent amĂ©ricain[30]. Il s'auto-proclame ironiquement le « dictateur le plus cool du monde »[41]. Alors que, par le passĂ©, les prĂ©sidents du Salvador Ă©taient inconnus Ă  l'Ă©chelle internationale, Nayib Bukele inspire au-delĂ  des frontiĂšres de son pays. De nombreux dirigeants politiques d'AmĂ©rique latine promettent ainsi de reproduire dans leur pays ses politiques sĂ©curitaires[19].

Prises de position

Souvent considéré comme un libéral-conservateur, Nayib Bukele est présenté comme ni de droite ni de gauche par El País América[14].

Il dĂ©fend des conceptions Ă©conomiques plutĂŽt libĂ©rales, estimant que « plus d'impĂŽts [signifie] moins d'opportunitĂ©s » et indiquant ne pas ĂȘtre « en faveur de la rĂ©duction des libertĂ©s Ă©conomiques. » Il considĂšre que la pauvretĂ© doit ĂȘtre combattue au moyen de mesures de lutte contre la corruption (« il y a assez d'argent quand personne ne vole ») plutĂŽt que par la mise en Ɠuvre de politiques redistributives[42].

Sur le plan sociĂ©tal, il est opposĂ© au mariage homosexuel et Ă  l'avortement, Ă  l'exception du cas oĂč la vie de la mĂšre est en danger[43].

Notes et références

  1. « Salvador: la Cour suprĂȘme autorise le prĂ©sident Bukele Ă  se reprĂ©senter », sur RFI, (consultĂ© le )
  2. « Mayor with Palestinian roots becomes president of El Salvador », sur dailysabah.com (consulté le ).
  3. (es) « Así es Nayib Bukele, el presidente mås joven (y hipster) de Latinoamérica », sur elmundo.es, (consulté le ).
  4. (es) « Presidente Bukele anuncia el nacimiento de su hija Layla », sur elmundo.sv, (consulté le ).
  5. (es) elmundo.sv, « Polémica por imågenes de Bukele en oración dentro de una mezquita », sur elmundo.sv, (consulté le ).
  6. (es) « Periódico de México filtra foto de candidato de GANA en mezquita », sur laprensagrafica.com (consulté le ).
  7. (es) « Élection municipale de Nuevo CuscatlĂĄn », sur tse.gob.sv, (consultĂ© le ).
  8. « Nayib Bukele, d’origine palestinienne, Ă©lu prĂ©sident du Salvador », sur francemaghreb2.fr (consultĂ© le ).
  9. Emmanuelle Steels, « Salvador : Nayib Bukele, un an de populisme punitif et de popularité record », sur libération.fr, .
  10. François-Xavier Gomez, « Salvador : l'inquiétante dérive du président », sur libération.fr, .
  11. « Salvador : Nayib Bukele, 37 ans, devient le nouveau président », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  12. « Avec Nayib Bukele, le Salvador se choisit à son tour un président «hors-systÚme» », sur libération.fr, (consulté le ).
  13. « Salvador : Nayib Bukele, 37 ans, devient le nouveau prĂ©sident », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  14. « Le président Nayib Bukele met le Salvador sens dessus dessous », sur courrierinternational.com, (consulté le ).
  15. « Au Salvador : « Sans corps, pas de crime » », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  16. Salvador: Bukele, le président "millenium" devenu en 3 ans chef de guerre anti-crime, lepoint.fr, 1er juin 2022
  17. « Criminalité. Salvador : le président Bukele aurait (aussi) négocié avec les gangs », sur courrierinternational.com, .
  18. « Salvador: menacé par la justice, le président Bukele s'attaque à la presse », sur france24.com, .
  19. « Au Salvador, bitcoins, gangs et buzz présidentiel », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  20. Le président salvadorien Bukele vante sa gigantesque prison pour 40 000 criminels présumés, journaldemontreal.com, 1er février 2023
  21. « Salvador. Baisse drastique du taux de criminalité », sur Magazine Raids,
  22. « Le Salvador sous l’emprise du « systĂšme Bukele » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  23. Salvador : le candidat antisystÚme Nayib Bukele remporte la présidentielle
  24. Salvador: Nayib Bukele l'anti-systÚme remporte la présidence
  25. (es) « Petitions are processed to remove President of Salvador Nayib Bukele », cadenagramonte.cu,‎ (lire en ligne).
  26. « Salvador : les députés de droite mettent en doute la santé mentale du président Nayib Bukele », sur lefigaro.fr, .
  27. AFP, « Crise politique au Salvador aprĂšs la destitution de juges de la Cour suprĂȘme », sur Challenges, (consultĂ© le )
  28. Hilary Goodfriend, « Rien ne va plus au paradis salvadorien du Bitcoin », sur lvsl.fr,
  29. (en) Owen Schalk et Pedro Cabezas / January 21, « El Salvador arrests anti-mining activists as transnational companies eye investment », sur canadiandimension.com (consulté le )
  30. « Salvador: Nayib Bukele, président depuis 4 ans d'un pays économiquement à la dérive », sur RFI, (consulté le )
  31. « Au Salvador, des centaines d’opposants au bitcoin comme monnaie lĂ©gale dans la rue », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  32. « Le Salvador annonce la construction d’une « Bitcoin City » », sur www.20minutes.fr,
  33. « Cryptomonnaie. L’adoption du bitcoin comme monnaie officielle divise le Salvador », sur Courrier international,
  34. « À la Une: fin de campagne minĂ©e par la violence au Honduras », sur RFI,
  35. (en-GB) « El Salvador expels Maduro's Venezuela diplomats », BBC News,‎ (lire en ligne).
  36. (en-US) « El Salvador’s Democracy Was Hard-Won. Now President Nayib Bukele Threatens It. », sur jacobin.com
  37. (es) « El Salvador firma millonario acuerdo de cooperación con China y se pone en la mira de EE. UU. », sur eluniverso.com, (consulté le ).
  38. « Salvador: le président Bukele s'affuble du nom de «dictateur» sur Twitter », sur LEFIGARO, (consulté le )
  39. (en-US) « El Salvador’s president is remaking the government’s social media in his image », sur Rest of World, (consultĂ© le )
  40. https://revistas.unav.edu/index.php/communication-and-society/article/view/39038/34141 The communications strategy via Twitter of Nayib Bukele: the millennial president of El Salvador]
  41. « La rĂ©daction – Nayib Bukele, le «dictateur le plus cool du monde» », sur 24 heures (consultĂ© le )
  42. (en-US) « El Salvador’s New Savior », sur upsidedownworld.org, .
  43. (es) Claudia Marín, « Nuevo presidente de El Salvador se opone al matrimonio igualitario y al aborto », sur elmundo.cr, (consulté le ).

Liens externes

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