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Juan GuaidĂł

Juan GuaidĂł MĂĄrquez [hwaƋ ÉŁwaiˈðo ˈmaÉŸkes][1] , nĂ© le Ă  La Guaira, est un homme d'État vĂ©nĂ©zuĂ©lien.

Juan GuaidĂł
Illustration.
Juan GuaidĂł en 2020.
Fonctions
Président de la république bolivarienne du Venezuela[note 1]
(autoproclamé, intérim)
–
(3 ans, 11 mois et 13 jours)
Nommé par Assemblée nationale
Président de l'Assemblée nationale du Venezuela[note 2]
–
(2 ans)
Élection
Réélection (contestée)
Vice-président Edgar Zambrano (2019)
Stalin GonzĂĄlez (2019)
Juan Pablo Guanipa (2020)
Carlos Berrizbeitia (2020)
Prédécesseur Omar Barboza
Successeur Luis Parra (contesté)
Jorge RodrĂ­guez
Dinorah Figuera (en exil)
Biographie
Nom de naissance Juan Gerardo Antonio GuaidĂł MĂĄrquez
Date de naissance
Lieu de naissance La Guaira (Venezuela)
Nationalité Vénézuélienne
Parti politique Volonté populaire (2009-2020)
Conjoint Fabiana Rosales
DiplÎmé de Université catholique Andrés Bello
Université George-Washington

Signature de

Juan GuaidĂł
Présidents de l'Assemblée nationale du Venezuela
Présidents de la république bolivarienne du Venezuela

Membre du parti VolontĂ© populaire de 2009 Ă  2020, il est prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale depuis le . Alors que l’investiture de NicolĂĄs Maduro pour un second mandat est contestĂ©e, invoquant la Constitution, il s'autoproclame prĂ©sident de la RĂ©publique par intĂ©rim le suivant, sans toutefois possĂ©der de pouvoir effectif. Cette crise prĂ©sidentielle provoque une sĂ©rie de manifestations et de conflits. GuaidĂł reçoit la reconnaissance de l'AssemblĂ©e nationale et d'une cinquantaine de pays, mais l'armĂ©e vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, le Tribunal suprĂȘme de justice et l'AssemblĂ©e nationale constituante continuent de soutenir Maduro.

En 2020, il est rĂ©Ă©lu Ă  la tĂȘte du Parlement dans un vote qui ne rĂ©unit qu'une partie des dĂ©putĂ©s, et est contestĂ© par Luis Parra, Ă©lu par d'autres dĂ©putĂ©s. L’élection de ce dernier est cependant reconnue par le Tribunal suprĂȘme de justice.

Le 4 janvier 2022, il est rĂ©Ă©lu prĂ©sident par intĂ©rim pour un mandat d'un an, par l'AssemblĂ©e nationale vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, Ă©lue en 2015[2]. Les États-Unis, qui reconnaissent l'autoritĂ© de cette assemblĂ©e, soutiennent Juan Guaido, comme « prĂ©sident par intĂ©rim »[3]. Il est cependant progressivement contestĂ© par la majeure partie de l'opposition, qui vote la fin de son mandat en 2022.

Biographie

Situation personnelle

Juan GuaidĂł avec sa femme et sa fille.

Il est originaire de l'État de La Guaira, dans lequel a lieu en 1999 la tragĂ©die de Vargas, une catastrophe naturelle Ă  laquelle il survit[4].

Marié à Fabiana Rosales, une diplÎmée en communication qui l'accompagne dans son combat politique, il est pÚre d'une fille[5] - [6].

Parcours politique

Membre du parti VolontĂ© populaire depuis 2009[7], il est dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©ral Ă  l'AssemblĂ©e nationale pour l'État de La Guaira depuis le . L'homme politique Leopoldo LĂłpez est considĂ©rĂ© comme son mentor[8] et d'aprĂšs le spĂ©cialiste de l'AmĂ©rique latine Christophe Ventura il est celui qui a permis son ascension politique[9].

Président du Parlement et crise présidentielle de 2019-2020

Le , l'AssemblĂ©e nationale le dĂ©signe Ă  sa tĂȘte et refuse de reconnaĂźtre le nouveau mandat prĂ©sidentiel de NicolĂĄs Maduro, dĂ©clarĂ© vainqueur de l’élection prĂ©sidentielle contestĂ©e de 2018[10] - [11]. Sans succĂšs, le groupe de Lima annonce ne pas reconnaĂźtre le nouveau mandat de NicolĂĄs Maduro, l'appelant Ă  transfĂ©rer le pouvoir Ă  l'AssemblĂ©e nationale[12].

Juan GuaidĂł est dĂšs lors poussĂ© par sa majoritĂ© Ă  assumer la rĂ©alitĂ© du pouvoir en tant que chef d'un gouvernement de transition. Juan GuaidĂł affirme alors que la Constitution lui donne ce pouvoir d'assumer la conduite d'un gouvernement de transition[13] - [14] notamment sur la base des articles 233, 333 et 350, qui prĂ©voient le transfert provisoire des pouvoirs au prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale lorsque le prĂ©sident est dĂ©clarĂ© indisponible avant sa prise de fonction[15]. Selon ce mĂȘme article 233, Il doit ĂȘtre par ailleurs procĂ©dĂ© Ă  une nouvelle Ă©lection dans un dĂ©lai de 30 jours aprĂšs l'indisponibilitĂ© dĂ©clarĂ©e[15].

Maduro raille un « coup d’État twittesque » tandis que la ministre des Services pĂ©nitentiaires le menace d’emprisonnement[13].

Juan GuaidĂł est briĂšvement arrĂȘtĂ© par les services de renseignement vĂ©nĂ©zuĂ©lien (Sebin) le , alors qu'il se rend Ă  un meeting[16]. AprĂšs sa libĂ©ration, la justification de celle-ci reste trĂšs confuse (acte incontrĂŽlĂ© du Sebin selon le ministre de la Communication Jorge RodrĂ­guez, protection contre un attentat selon une autre source gouvernementale)[17]. Christophe Ventura, directeur de recherche Ă  l'IRIS, affirme : « Cette arrestation, cette libĂ©ration, c'est en fait une forme d'avertissement. Le gouvernement n'est pas complĂštement idiot, il l'a manifestement libĂ©rĂ© pour ne pas donner Ă  ses opposants ce qu'ils attendent »[18].

Autoproclamation
Carte illustrant, lors de la crise présidentielle, le soutien à :
NicolĂĄs Maduro ;
Juan GuaidĂł ;
l'Assemblée nationale;
Neutralité;
Sans déclaration officielle;
Venezuela.

Le , Juan GuaidĂł s'autoproclame « prĂ©sident en exercice » du Venezuela et prĂȘte serment au cours d'une manifestation organisĂ©e Ă  Caracas[19]. Il obtient immĂ©diatement la reconnaissance des États-Unis, du Canada, du BrĂ©sil, de la Colombie et du PĂ©rou[20] - [21]. AprĂšs l'expiration d'un ultimatum lancĂ© Ă  NicolĂĄs Maduro pour convoquer des Ă©lections libres, plusieurs pays de l'Union europĂ©enne reconnaissent officiellement Juan GuaidĂł comme « chef de l'État par intĂ©rim »[22]. D'autres pays, notamment la Chine, la Russie ou la Turquie, assurent leur soutien Ă  NicolĂĄs Maduro aprĂšs l'autoproclamation de GuaidĂł[23] - [24].

Le , Guaidó dit ne pas exclure de demander une intervention militaire américaine pour renverser le régime, invoquant la crise humanitaire en cours[25] - [26].

Il effectue une tournée en Amérique latine du au , malgré l'interdiction de sortie du territoire dont il fait l'objet pour avoir discuté avec Donald Trump fin [27] - [28].

Selon Ronal RodrĂ­guez, professeur de sciences politiques Ă  l'universitĂ© du Rosaire de Bogota, « s'il est vrai que GuaidĂł a obtenu une reconnaissance internationale, la rĂ©alitĂ© du pouvoir est toujours entre les mains de Maduro »[29]. Juan Guaido contrĂŽle en revanche les immenses actifs vĂ©nĂ©zuĂ©liens de l’extĂ©rieur, comme les rĂ©serves d’or Ă  Londres[30].

Poursuites judiciaires

Le , il est visĂ© par une enquĂȘte du parquet vĂ©nĂ©zuĂ©lien pour « sabotage » concernant une panne Ă©lectrique dont le pays a Ă©tĂ© victime pendant plusieurs jours[31].

Le , le contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral, Elvis Amoroso, dĂ©cide d'interdire Ă  GuaidĂł d'occuper son poste de prĂ©sident du Parlement et le dĂ©clare inĂ©ligible Ă  tout poste public pour 15 ans[32]. Le contrĂŽleur, explique qu'« il a effectuĂ© plus de quatre-vingt-onze voyages hors du territoire pour un coĂ»t supĂ©rieur Ă  310 millions de bolivars [quelque 84 000 euros au taux actuel], sans justifier l’origine de ces fonds »[32]. GuaidĂł rejette cette sanction en considĂ©rant que l'AssemblĂ©e nationale est le seul organisme qui peut dĂ©signer un contrĂŽleur et considĂšre la dĂ©cision d'Amoroso comme illĂ©gitime[32]. Les États-Unis, les gouvernements europĂ©ens et de l'AmĂ©rique latine du Groupe de contact international (CGI) sur le Venezuela condamnent la dĂ©cision du contrĂŽleur[32]. Les juristes constitutionnels Juan Manuel Raffalli (en) et JosĂ© Vicente Haro remarquent que la dĂ©cision va Ă  l'encontre de l'immunitĂ© diplomatique de GuaidĂł et expliquent que le contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral est un organisme administratif incapable de prendre ce type de dĂ©cisions sans la validation d'un organisme juridique[33].

Le 1er avril, le prĂ©sident du Tribunal suprĂȘme de justice de Venezuela, Maikel Moreno, demande Ă  l'AssemblĂ©e nationale constituante (ANC), qui est exclusivement composĂ©e de partisans de Maduro et non reconnue par l'AssemblĂ©e nationale, de lever l'immunitĂ© de GuaidĂł[34] - [35]. Le , l'ANC lĂšve l'immunitĂ© de GuaidĂł et autorise les poursuites pĂ©nales pour usurpations de fonctions[36]. L'Union europĂ©enne condamne la dĂ©cision prise par l'ANC[37].

Le , le parquet vénézuélien lance à son encontre des poursuites pour « haute trahison »[38].

Tentative de soulĂšvement militaire
Juan Guaidó prononçant un discours le (photo de Voice of America).

Pendant le mois d’avril, GuaidĂł annonce l'OpĂ©ration LibertĂ©, une sĂ©rie de protestations ayant pour objectif de chasser Maduro du pouvoir le 1er mai[39] - [40]. La veille, Leopoldo LĂłpez, homme politique arrĂȘtĂ© en 2014 et en rĂ©sidence surveillĂ©e, apparaĂźt Ă  cĂŽtĂ© de GuaidĂł devant la base aĂ©rienne de La Carlota Ă  Caracas. GuaidĂł publie une vidĂ©o en ligne oĂč, accompagnĂ© de LĂłpez et d’un nombre rĂ©duit de forces policiĂšres, il appelle les VĂ©nĂ©zuĂ©liens et l'armĂ©e Ă  le soutenir pour mettre fin « dĂ©finitivement Ă  l'usurpation » de Nicolas Maduro[41] - [42]. Le ministre de l’intĂ©rieur Jorge RodrĂ­guez s'exprime : « Nous informons le peuple du Venezuela qu'en ce moment, nous affrontons et neutralisons un petit groupe de traĂźtres de l'armĂ©e qui a pris position sur l'Ă©changeur autoroutier d'Altamira pour mener un coup d'État »[42]. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Jorge Arreaza, dĂ©ment qu'il s'agit d'une « tentative de coup d’État militaire » et accuse les États-Unis d'organiser l'opĂ©ration[43].

GuaidĂł obtient le soutien de quelques militaires et du chef du Sebin, Manuel Cristopher Figuera (en), mais le chef des forces armĂ©es ne brise pas sa fidĂ©litiĂ© envers Nicolas Maduro[44]. Les manifestations et les confrontations continuent pendant deux jours encore ; au total, au moins quatre personnes sont mortes et 200 autres sont blessĂ©es[45]. 25 militaires rebelles demandent l’asile Ă  l’ambassade du BrĂ©sil[46], et LĂłpez trouve refuge Ă  l'ambassade d'Espagne[47]. GuaidĂł finit par reconnaĂźtre son Ă©chec Ă  rallier la majoritĂ© des militaires[48] et appelle Ă  une grĂšve gĂ©nĂ©rale et Ă  une poursuite des manifestations en mai[49] - [50].

À partir du soulĂšvement ratĂ©, les manifestations baissent en intensitĂ©. Le rassemblement le plus important dĂšs lors a lieu le , avec 5 000 personnes, soit beaucoup moins qu'en dĂ©but d'annĂ©e[51].

Accusation de liens avec un groupe paramilitaire de narcotrafiquants

En , le procureur gĂ©nĂ©ral Tarek William Saab dĂ©voile des photos prises en oĂč GuaidĂł est identifiĂ© aux cĂŽtĂ©s des membres de Los Rastrojos, un groupe narcotrafiquant et paramilitaire colombien. Ces photos suscitent une polĂ©mique en Colombie et au Venezuela[52]. Elles ont Ă©tĂ© prises en fĂ©vrier, alors que GuaidĂł, sous le coup d'une interdiction de quitter le Venezuela aprĂšs s’ĂȘtre proclamĂ© prĂ©sident, Ă©tait passĂ© clandestinement en Colombie pour superviser un envoi d'aide humanitaire au Venezuela[53]. GuaidĂł ne nie pas avoir Ă©tĂ© pris en photo avec ces personnes, mais affirme ne pas avoir connu leur identitĂ©[52]. Wilfredo Cañizares, propriĂ©taire des photos et membre d'une ONG colombienne, repousse l'explication de GuaidĂł. Il ne « croi[t] pas que Juan GuaidĂł ait nĂ©gociĂ© directement son entrĂ©e sur le territoire colombien avec les Rastrojos » : il estime que l'opĂ©ration a Ă©tĂ© coordonnĂ©e par les autoritĂ©s colombiennes et demande Ă  celles-ci de « dire la vĂ©ritĂ© »[52]. Le prĂ©sident colombien, IvĂĄn Duque, soutient la version de GuaidĂł[52].

Soupçons de corruption envers son entourage

En , neuf dĂ©putĂ©s d'opposition sont accusĂ©s de corruption par le site d'information vĂ©nĂ©zuĂ©lien armando.info, avec des entrepreneurs colombiens qui participent au programme d'aide alimentaire « Clap », mis en place par Maduro[54]. GuaidĂł annonce l'ouverture d'une commission d'enquĂȘte parlementaire, Ă©crivant sur Twitter : « Je ne permettrai pas que la corruption mette en pĂ©ril tout ce que nous avons sacrifiĂ© »[54]. Les principaux partis d'opposition, Primero Justicia et VolontĂ© populaire, excluent les cinq dĂ©putĂ©s concernĂ©s par l’enquĂȘte des commissions auxquels ils appartenaient au Parlement[54].

RĂ©Ă©lection contestĂ©e Ă  la tĂȘte du Parlement

Le , Juan GuaidĂł, les mĂ©dias et les dĂ©putĂ©s d'opposition sont empĂȘchĂ©s par la police d'accĂ©der aux locaux du Parlement. Luis Parra se proclame prĂ©sident du CongrĂšs avec le soutien des dĂ©putĂ©s chavistes et d’une fraction de l'opposition, qui l'ont Ă©lu Ă  main levĂ©e[55], tandis que GuaidĂł est rĂ©Ă©lu par une centaine de dĂ©putĂ©s de l'opposition dans les locaux d'El Nacional[56]. Luis Parra a Ă©tĂ© exclu de Primero Justicia en dĂ©cembre en raison d’une affaire de corruption[56].

Le , Juan GuaidĂł quitte VolontĂ© populaire[57]. Le lendemain , alors que les forces policiĂšres lui faisaient barrage, il parvient Ă  l'intĂ©rieur de l'hĂ©micycle de l'AssemblĂ©e et prĂȘte serment comme prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale aprĂšs la fin de la sĂ©ance prĂ©sidĂ©e par son rival Parra[58].

Fin mars 2020, les États-Unis proposent, en Ă©change de la levĂ©e des sanctions, la mise en place d'un Conseil d'État composĂ© de membres du Parlement issus des deux camps, afin d’organiser un scrutin lĂ©gislatif et prĂ©sidentiel dans les six Ă  douze mois et auquel GuaidĂł et Maduro pourraient participer[59].

Mis en cause par le général à retraite et opposant Cliver Alcala, qui préparait un putsch contre le gouvernement, Juan Guaidó est convoqué par la justice vénézuélienne le 2 avril 2020 pour des accusations de tentative de putsch et de tentative d'assassinat de Maduro et Cabello, aprÚs la découverte en Colombie d'un arsenal militaire appartenant à Cliver Alcala[60].

Fin de mandat constitutionnel et contestations

AprÚs la tenue des élections législatives vénézuéliennes de 2020, la législature sortante décide de se maintenir au pouvoir pour une année supplémentaire sous la forme d'une commission déléguée pour assurer la continuité législative. La nouvelle législature, dominée par le PSUV et ses alliés, s'installe le 5 janvier 2021[61].

AprĂšs la fin du mandat de l'AssemblĂ©e nationale Ă©lue en 2015, l'Union europĂ©enne cesse de reconnaĂźtre GuaidĂł comme prĂ©sident par intĂ©rim. La Colombie et l'administration Biden continuent Ă  soutenir celui-ci[62]. Il perd aussi le soutien de pays comme l’Argentine, le Mexique, le PĂ©rou et la Colombie, aprĂšs le basculement de ces pays de la droite Ă  la gauche[63].

En 2021, Juan Guaido a perdu une grande partie de son leadership sur l'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lienne et apparait trĂšs impopulaire auprĂšs de la population (environ 10 % de soutien dans les enquĂȘtes d’opinion locales). Une partie de l'opposition lui dĂ©sobĂ©it et participe aux Ă©lections lĂ©gislatives de 2020, et aux rĂ©gionales et municipales de 2021. Henrique Capriles et Henri Falcon, favorables Ă  la voie Ă©lectorale contre le chavisme, critiquent la stratĂ©gie du boycott, la considĂ©rant « stĂ©rile, incapacitante et dĂ©mobilisatrice »[64].

Des figures marquantes de l'opposition lĂąchent Juan GuaidĂł, lui demandant de mettre fin Ă  une « prĂ©sidence intĂ©rimaire » trop discrĂ©ditĂ©e dans la population[30]. En dĂ©cembre 2021, Julio Borges, qui Ă©tait son ministre des Affaires Ă©trangĂšres, dĂ©missionne Ă  son tour et demande la fin du cabinet intĂ©rimaire, affirmant que « nous ne pouvons plus continuer avec une bureaucratie, qui l’an dernier a atteint les 1 600 personnes » et dĂ©nonçant trop « d’erreurs et de scandales »[30].

En dĂ©cembre 2022, 69 des 112 dĂ©putĂ©s d'opposition rĂ©clament la fin du « gouvernement par intĂ©rim »[63]. Le 27 dĂ©cembre, trois partis d'opposition (le G3 : Action dĂ©mocratique, Justice d’abord et Un nouveau temps) se prononcent en faveur de la fin de ce gouvernement[65].

Prises de position

Dans un entretien accordĂ© au Monde en , Juan GuaidĂł dĂ©finit ainsi son positionnement politique : « Je suis de centre gauche sur les questions sociales. Je partage une grande partie des valeurs de la social-dĂ©mocratie, en particulier sur les questions liĂ©es Ă  la diversitĂ©, les avancĂ©es en matiĂšre de droits. Sur le plan Ă©conomique, on peut dire que je suis du centre, tendance libĂ©rale »[66]. Il affirme alors que ses prioritĂ©s dans le domaine social sont « la mise en place de politiques d’assistance sociale, d’inclusion, d’autonomisation et d’égalitĂ© des sexes » et dans le domaine Ă©conomique « la libre entreprise de marchĂ©, l’autonomisation de l’entrepreneuriat et la compĂ©titivitĂ© »[66].

Dans un entretien accordĂ© au Grand Continent en , Juan GuaidĂł refuse que l'on puisse considĂ©rer l'opposition entre NicolĂĄs Maduro et lui-mĂȘme comme l'expression d'un clivage entre la droite et la gauche : « Le Venezuela n’est pas une question de droite ou de gauche, mais de dictature ou de dĂ©mocratie. Ce n’est pas non plus une question d’aspiration ou de caprice personnel. C’est le dĂ©sir d’un peuple de pouvoir respirer librement »[67].

D'aprĂšs le professeur Ă©mĂ©rite de civilisation amĂ©ricaine, Pierre Guerlain, dans une chronique publiĂ©e dans la revue Recherches internationales, « GuaidĂł est le visage avenant qui cache ses soutiens d’extrĂȘme-droite : son projet politique n’est pas humanitaire ou dĂ©mocratique mais proche de Bolsonaro et d'Abrams »[68]. Selon l'analyste Phil Gunson de l'International Crisis Group, Juan GuaidĂł est un modĂ©rĂ©[69]. Le gouvernement de Maduro classe selon LibĂ©ration VolontĂ© populaire, le parti de GuaidĂł jusqu'en 2020, Ă  l'extrĂȘme droite, une classification qui est contestĂ©e par l'opposition (comme le dĂ©putĂ© et militant LGBT Rosmit Mantilla) et plusieurs mĂ©dias (Le Monde, Le Huffington Post) qui le placent parfois au centre gauche. LibĂ©ration prĂ©cise finalement : « D'aprĂšs plusieurs spĂ©cialistes interrogĂ©s pour l’occasion, le terme d’extrĂȘme droite est avant tout europĂ©en, et n’est effectivement pas appropriĂ© a fortiori pour dĂ©crire adĂ©quatement l'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lienne »[70].

Pour la politologue Julia Buxton, qui identifie trois grandes tendances au sein de l'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lienne, celle emmenĂ©e par Juan GuaidĂł et son parti VolontĂ© populaire (VP) incarne « l’aile la plus radicale, la plus proche de Washington et la moins ouverte au compromis ». Soutenue financiĂšrement par l'Agence des États-Unis pour le dĂ©veloppement international (Usaid) et la Fondation nationale pour la dĂ©mocratie (NED), elle bĂ©nĂ©ficie d'un accĂšs privilĂ©giĂ© aux mĂ©dias amĂ©ricains et europĂ©ens. Elle refuse gĂ©nĂ©ralement de participer aux Ă©lections afin de ne pas donner de lĂ©gitimitĂ© Ă  un « rĂ©gime autoritaire » et mise sur le renversement du gouvernement par des mĂ©thodes musclĂ©es[71].

Juan Guaidó se rend à Lima lors des élections de 2021 au Pérou pour faire campagne avec la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, appelant à « sauver le pays » du candidat de gauche Pedro Castillo[72].

Il envoie une vidéo de soutien à Jair Bolsonaro pour la présidentielle de 2022 au Brésil[73].

Notes et références

Notes

  1. En concurrence avec NicolĂĄs Maduro.
  2. Pendant cette période, Juan Guaidó se considÚre toujours en fonction comme président de l'Assemblée nationale, ainsi que la majorité des députés élus en 2015. En concurrence avec Luis Parra à partir du 5 janvier 2020.

Références

  1. Prononciation en espagnol d'Amérique retranscrite selon la norme API.
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