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Histoire de la Louisiane

L'histoire de la Louisiane remonte à la période amérindienne. S'ensuit la colonisation européenne, principalement française, jusqu'à la perte de la Nouvelle-France par Louis XV puis, après la récupération de la Louisiane occidentale, sa vente en 1803 par Napoléon Ier aux États-Unis, nouvellement créés.

Carte des États-Unis, où figure en rouge l'actuel État de Louisiane.
Territoires contrôlés par la France entre 1534 et 1763.

Les Amérindiens

Les Amérindiens sont les premiers habitants de la région. Ils vivaient des ressources de la pêche, de la chasse et de l'agriculture.

L'arrivĂ©e des EuropĂ©ens signifia leur dĂ©clin, notamment dĂ©mographique par les contaminations virales (variole). Les Atakapa rĂ©sidaient et rĂ©sident dans le sud-ouest, soit dans les paroisses d'IbĂ©rie, de Saint-Martin, de Sainte-Marie, de Vermilion, de l'l'Acadie (Acadia), de CamĂ©ron, de Jefferson Davis, de Lafayette et de Calcasieu. Les Chitimachas rĂ©sidaient et rĂ©sident dans le sud-est, soit dans les paroisses d'IbĂ©rie, de l'Assomption, de Sainte-Marie, de Saint-Martin, de Terrebonne, de Lafourche, de Saint-Jacques, de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Charles, de Jefferson, d'OrlĂ©ans, de Saint-Bernard, et des Plaquemines. Les Bayougoulas, l'une des nations Choctaw, Ă©taient dissĂ©minĂ©s dans les paroisses de Sainte-HĂ©lène, de Tangipahoa, de Washington, de Bâton-Rouge Est, de Paroisse de Bâton-Rouge Ouest, de Livingston et de Saint-Tammany. Les Houmas se trouvaient sur les paroisses de FĂ©licianne et de la Pointe-CoupĂ©e. La localisation originelle est Ă  160 km au nord de la ville d'Houma. L'expansion coloniale poussait les Houmas de plus en plus vers cette ville. Les Houmas actuels sont majoritairement bilingues anglais/français cadien et se trouvent le long de la cĂ´te des paroisses Terrebonne et Lafourche. Certaines zones des paroisses des Avoyelles et de Concordie au bord du Mississippi Ă©taient peuplĂ©es par les Avoyelles et les Natchez. Les Tunicas rĂ©sident au nord-est, dans les paroisses des Tensas, de Madison, d'East Caroll et de West Caroll. Les autres rĂ©gions du nord et du centre de l'État Ă©taient peuplĂ©es par la nation Caddo[1].

L'exploration et l'expansion coloniale européennes

À partir du XVe siècle et du XVIe siècle, les puissances européennes sont en quête de nouveaux territoires pour affirmer leur puissance d'une part, et pour disposer de nouvelles ressources (naturelles, humaines, etc.) d'autre part. Le « Nouveau Monde » est alors peu exploré et encore peu habité, ce qui conduit à faire venir dans cette région de nombreux explorateurs et colons européens. Se mettent alors sur pied des colonies, et la Louisiane, cet immense territoire et ce carrefour commercial entre le Canada, les Grands Lacs et le golfe du Mexique, devient l'objet des prétentions françaises et espagnoles en Amérique.

La Louisiane française

Malgré sa découverte très tôt par Cavelier de la Salle, venu de la Nouvelle-France, qui explore le bassin du Mississippi jusqu'à son embouchure et donne en 1682 à cet immense territoire le nom de Louisiane en l'honneur du roi de France Louis XIV, le territoire reste inhabité par les Blancs jusqu'au XVIIIe siècle. Il est pourtant immense et s'étend des Grands Lacs jusqu'au golfe du Mexique, incluant dès lors une bonne partie de ce qui va devenir le centre-ouest des États-Unis, dont dix États américains actuels (Arkansas, Dakota du Sud, Dakota du Nord, Iowa, Kansas, Missouri, Montana, Nebraska, Oklahoma, et la Louisiane actuelle) ainsi que des parcelles des futurs Colorado, Wyoming, Minnesota et Texas.

La Louisiane n'a ainsi toujours que 200 habitants en 1708[2], dont une moitié de soldats[2]. En 1712 le Roi la vend à Antoine Crozat sous la forme d"une concession de 15 ans[2]. Il crée la Compagnie du Mississippi, y introduit des esclaves noirs, fonde en 1714 les Natchitoches avec Louis Juchereau de Saint-Denis et en 1716 le Fort Rosalie à Natchez, puis la revend après seulement cinq ans, à la mort de son protecteur Louis XIV[2].

Les explorations sans lendemain

La Compagnie du Mississippi fonde ensuite, en 1718, La Nouvelle-OrlĂ©ans, baptisĂ©e ainsi en l'honneur du RĂ©gent Philippe d'OrlĂ©ans. Elle devient capitale de la Louisiane en 1722, tandis qu'en 1719 Jean-Baptiste BĂ©nard de la Harpe remonte la Rivière rouge, frĂ©quente les Comanches puis explore l'Oklahoma et une partie du Colorado. Une autre expĂ©dition rencontre les Indiens Canzes (Kansa) et signe un traitĂ© de paix avec les belliqueux Padoucas. Entre-temps, la Compagnie du Mississippi envoie 7 000 colons[2], surtout des Alsaciens, au cours de ses quatre premières annĂ©es d'existence[2], grâce Ă  des publicitĂ©s, dont environ un sixième de soldats[2]. Mais ils ne restent pas et les maladies les dĂ©ciment[2].

L'exploitation du plomb, nouvel Ă©chec

Le relais doit ĂŞtre pris en 1723 par une Compagnie des Indes française qui avec soldats et colons explore et dĂ©veloppe son activitĂ© commerciale jusqu'en 1731, en cumulant les Ă©checs[2]. Environ 5 800 esclaves noirs y sont envoyĂ©s entre 1719 et 1732[2], date oĂą ils sont deux fois plus nombreux que les Blancs[2], mais leur prĂ©sence ne suffit pas Ă  exploiter le très important gisement des mines de plomb du sud du Missouri, identifiĂ© quinze ans plus tĂ´t par le missionnaire jĂ©suite canadien Jacques Gravier, susceptible d'apporter aussi des sous-produits recherchĂ©s, comme l'argent-mĂ©tal. La Compagnie d'Occident et son directeur des opĂ©rations minières Philip François Renault, arrivent en 1720 au Pays des Illinois, avec 200 travailleurs et mĂ©caniciens et 500 esclaves de Saint Domingue pour travailler dans ces mines. Les gisements de plomb, nombreux mais Ă©loignĂ©s, resteront pour beaucoup superficiels et en friche autour de Saint-Louis, car trop dispersĂ©s et exposĂ©s Ă  des raids amĂ©rindiens rĂ©currents. Ils fondent en 1720 le village de Bonne Terre puis en 1723 le village de Saint-Philippe. Sainte-Geneviève (Missouri) naĂ®t au milieu des annĂ©es 1730, fondĂ© par des Canadiens français, comme port fluvial pour le transport de plomb, utilisĂ© comme matĂ©riau de couverture. Philip François Renault repart en France en 1749 et y cède ses droits miniers.

Ce n'est qu'en 1773 que Francois Azor, alias Breton, découvrira un nouveau filon, appelé « la mine à Breton », qui attire les mineurs des autres sites proches[3]. Les deux décennies de la fin du XVIIIe siècle verront de nouveaux arrivages de Français du Missouri dans le secteur de « La Vieille Mine », près de la ville de Potosi dans le sud-est de l’État. La « mine à Breton » compte déjà 26 familles françaises pour l'exploiter en 1804[3] mais il faudra attendre 1818 pour que le site compte 70 bâtiments[3].

La RĂ©volte des Natchez

L'exploitation sévère des esclaves par les Français inquiète les Amérindiens, qui participent à la Révolte des Natchez, dès , quand les plantations du Nachez District, aux alentours de Fort Rosalie, où travaillent 430 Blancs et 289 Noirs sont encerclées. Les Indiens qui avaient été réduits en esclavage à la fin du siècle précédent dans l'arrière-pays de la Caroline du Sud par des trafiquants de peaux de daim se sont alliés avec les esclaves noirs travaillant dans le Natchez District.

Cet assaut cause la mort de 248 colons français, soit les trois quarts des Blancs, les Indiens emmenant les autres comme prisonniers. Deux expéditions punitives du gouverneur Étienne de Perier y répondent. C'est la vengeance du massacre de Natchez en 1732, quand le fort des Natchitoches est assiégé 22 jours par une bande de guerriers Natchez survivants. Son commandant Louis Juchereau de Saint-Denis ne répond pas à leur attaque. Exaspérés, les Natchez brûlent vive une femme française, provoquant une sortie de 140 hommes dont 40 soldats blancs et 100 Amérindiens alliés.

La bataille de la colline Sang pour Sang s'engage : 92 guerriers et 4 de leurs chefs sont tués. Les survivants sont poursuivis jusqu'au bord d'un lac aujourd'hui à sec, à Derry près de Clouterville. Ils sont alors exterminés par les Français et en 1731 avec 427 Natchez emmenés à Saint-Domingue, les autres massacrés, les survivants se fondent dans les Creeks.

Les conflits entre européens

RĂ©sultat des terribles guerres indiennes, en 1732, la Louisiane ne compte plus que 1 720 Blancs[2], dont la moitiĂ© Ă  la Nouvelle OrlĂ©ans[2]. En 1739, quand la Grande-Bretagne dĂ©clare la guerre Ă  l’Espagne, la GĂ©orgie et la Caroline du Sud Ă©chouent Ă  s’emparer de la ville espagnole de Floride, Saint Augustine[2], mais repoussent une tentative d’invasion espagnole[2]. En 1743, la France dĂ©clare la « guerre du Roi George » Ă  la Grande-Bretagne[2], et ses corsaires attaquent la Caroline du Sud, oĂą le gouverneur James Glen Ă©choue Ă  convaincre les Cherokees et les Creeks de l’aider[2] mais reçoit le soutien cĂ´tĂ© Choctaw du chef Red Shoes, pour Ă©vincer la France de la Louisiane[2]. La tentative de James Glen de monopoliser le commerce avec eux fait Ă©chouer l'affaire[2] et diminue encore le crĂ©dit des Blancs auprès des Indiens.

En 1746, la colonie française de Louisiane ne compte au total que 3 200 Blancs et 4 700 Noirs[2], bien qu'un seul navire nĂ©grier y ait accostĂ©[2], après quinze annĂ©es d'accroissement dĂ©mographique naturel des esclaves[2].

La guerre de Sept Ans

Les Virginiens prĂ©cèdent la guerre de Sept Ans en 1754, en envoyant une expĂ©dition qui Ă©choue Ă  capturer un fort français Ă  la jonction de la rivière Ohio et du Mississippi[2], au cours de laquelle George Washington agit pour son intĂ©rĂŞt personnel car il est investisseur dans la Ohio Company[2], qui avait reçu une concession de 200 000 acres sur la rivière[2]. Nouvel Ă©chec pour une opĂ©ration similaire l’annĂ©e suivante, du gĂ©nĂ©ral britannique Edward Braddock[2], avec le mĂŞme George Washington aux commandes des troupes de Virginie[2]. Autres prĂ©mices de la guerre de Sept Ans, au cours de la mĂŞme annĂ©e 1755, la DĂ©portation des Acadiens de Nouvelle-Écosse dont 300 sur 15 000 atterrissent rapidement vers la Louisiane, rejoints par les 1 200 acadiens dĂ©portĂ©s vers le Maryland et la Pennsylvanie quelques annĂ©es plus tard. C'est Ă  cause de la provenance de ces immigrants que les Louisianais français dans l'ensemble ont plus tard Ă©tĂ© appelĂ©s Cadiens et Cajuns.

Les colons du Sud des États-Unis jouent relativement peu de rĂ´le dans la guerre pendant les quatre annĂ©es suivantes[2], et la Caroline du Sud s'enlise dans un conflit indien Ă  sa frontière : en 1760 et 1761, ses colons dĂ©truisent les villages cherokees[2]. Après avoir perdu entre 5 000 et 10 000 habitants sur 20 000, les tribus Cherokees attaquĂ©es acceptent les conditions d’un traitĂ©[2], mais refusent de livrer quatre chefs pour exĂ©cution[2], laissant un climat d'insĂ©curitĂ©[2]. La Floride espagnole voisine, est plus en sĂ©curitĂ©[2] car elle ne compte que quelques centaines d'esclaves[2] et accueille les fugitifs qui se convertissent au catholicisme[2] tandis qu'un village fortifiĂ© d'ex-esclaves libres de 100 habitants[2], Mose, y est tolĂ©rĂ©[2]. La Louisiane n'a toujours qu'environ 5 000 esclaves en 1760, autant que de colons Blancs[2], mais aucune culture importante n'y a trouvĂ© un marchĂ© extĂ©rieur[2] et aucun esclave n'y a Ă©tĂ© importĂ© depuis 1731[2].

Le traité de 1763 permet à la Grande-Bretagne de prendre[2], de fait[2], le contrôle de la Floride[2] et à l'Espagne éprouvée[2] de s'emparer quand même d'une Louisiane enclavée et quasi-déserte. Les Cherokees, les Choctaws, les Chickasaws et les Creeks sont à partir de cette date affaiblis[2] parce qu’ils ont désormais beaucoup moins de capacité à jouer des rivalités entre européens[2].

Chronologie

Louisiane espagnole et américaine

Le traité de Paris, la France cède à l'Angleterre la partie orientale de la Louisiane. La partie occidentale, déserte, devient espagnole. Les Indiens houmas, francophones, sont repoussés vers l'extrême sud, dans la paroisse de Lafourche où ils deviennent proche des Acadiens, qui s'installent en Louisiane bien souvent sans savoir que le territoire n'est plus français. Denis-Nicolas Foucault les installe dans les prairies des Attakapas avec les familles créoles récemment arrivées de Fort Toulouse et de Mobile.

Une nouvelle vague d'Acadiens

Une nouvelle vague d'Acadiens, plus importante, arrive de France vingt ans plus tard, quand la poussĂ©e dĂ©mographique du cĂ´tĂ© britannique et la pĂ©nurie de coton causĂ©e par la Guerre d'indĂ©pendance des Etats-Unis et les progrès techniques dans l'industrie textile de Manchester causent une spĂ©culation intense sur les rives du Mississippi et de la rivière Tombigbee. Des aventuriers montent des opĂ©rations dans ce sens, comme le gĂ©nĂ©ral James Wilkinson qui dĂ©missionne en 1782, accusĂ© de corruption, devient Brigadier-gĂ©nĂ©ral de la milice et dĂ©putĂ© de Pennsylvanie puis dĂ©mĂ©nage dans le district du Kentucky en 1784, oĂą il rĂ©clame l'indĂ©pendance de la Virginie. En 1784 c'est la spĂ©culation immobilière dite du Yazoo Land ou comtĂ© Bourbon, dans le District de Natchez, oĂą un recensement fait Ă©tat de 1 500 habitants britanniques devenus amĂ©ricains après la guerre, dont 498 esclaves noirs. La mĂŞme annĂ©e les Espagnols vont chercher en France 1 598 Acadiens qui s'y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s, pour coloniser l'extrĂŞme-sud de la Louisiane et assĂ©cher les marais par la technique des aboiteaux[4]. Les transactions avec Charles Gravier de Vergennes aboutissent en : les frais de transports seront payĂ©s par l'Espagne, la France rĂ©glera ses arriĂ©rĂ©s de pensions aux Acadiens. Sept navires sont armĂ©s et partent de Nantes en 1785 pour la Nouvelle-OrlĂ©ans. Les Acadiens, appelĂ©s aujourd'hui les Cajuns, sont transportĂ©s ainsi sur le Bon Papa et le Saint-RĂ©my armĂ©s par Jean Peltier Dudoyer, la Bergère armĂ©e par Joseph Monesron Dupin, la Caroline commandĂ©e par Nicolas Baudin, le Beaumont, l'AmitiĂ© et la Ville d'Arcangel.

Cette population renforcĂ©e, mĂŞme si elle reste Ă  l'extrĂŞme-sud, permet aux Espagnols de faire de la Louisiane une zone tampon entre les possessions espagnoles du Mexique et les États-Unis car en 1785 La Nouvelle-OrlĂ©ans n'a toujours que 4 985 habitants, pour un total de seulement 32 000 dans toute la Louisiane, alors espagnole et englobant la partie occidentale de la Floride, en particulier le secteur de Biloxi[5].

Poussée démographie et impact de la Révolution haïtienne

La spéculation sur les riches terres agricoles du Natchez District, à 400 kilomètres au nord de l'embouchure du fleuve, s'intensifie en 1785 quand le gouverneur de Géorgie George Mathews signe le Bourbon County Act qui organise l'attribution de terres le long du Mississippi et des Yazoo River, autour du site actuel de Natchez. C'est le début du Scandale de Yazoo Land dans lequel est impliqué le général James Wilkinson, déjà actif dans les spéculations au Kentucky. En 1786 Esteban Rodríguez Miró, gouverneur espagnol de Louisiane, interdit l'importation d'esclaves nés dans la Caraïbe (la limitant à ceux qui viennent d'Afrique). En 1790, il interdit plus particulièrement d'en importer des îles françaises. Dans un mémoire, Pierre-Louis Berquin-Duvallon explique que ceux nés aux Antilles sont « plus vicieux et débauchés »[6].

Lors de la RĂ©volution haĂŻtienne qui dĂ©marre en 1791 et dans les annĂ©es suivantes, plus de 15 000 Blancs fuient et deviennent les rĂ©fugiĂ©s français de Saint-Domingue en AmĂ©rique et Ă  Cuba. Une partie va en Louisiane en plusieurs vagues. Dès 1794 Le Moniteur de la Louisiane de Louis Duclot, premier journal francophone publiĂ© sur place, joue un rĂ´le moteur dans l'histoire de la presse francophone en Louisiane. En 1795 une rĂ©volte inspirĂ©e par celle de Saint-Domingue, Ă  Pointe CoupĂ©e, entraĂ®ne la mort de 25 esclaves[7].

Chronologie

  • 1763 : TraitĂ© de Paris ;
  • 1765 : nouvelle arrivĂ©e d'Acadiens ;
  • 1784 : le gĂ©nĂ©ral James Wilkinson veut l'indĂ©pendance de la Virginie ;
  • 1784 : les Espagnols vont chercher en France 1 598 Acadiens[4] ;
  • 1785 : Bourbon County Act et dĂ©but du scandale de Yazoo Land ;
  • 1786 : la Louisiane interdit l'importation d'esclaves nĂ©s dans la CaraĂŻbe ;
  • 1790 : elle interdit plus particulièrement d'en importer des Ă®les françaises.
  • 1787 : Wilkinson vient Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans proposer d'accorder au Kentucky un monopole sur le Mississippi en Ă©change de la dĂ©fense des intĂ©rĂŞts espagnols dans l'Ouest ;
  • 1788 : le nouvel État fĂ©dĂ©ral annule le Bourbon County Act, lieu du scandale de Yazoo Land ;
  • 1793 : Eli Whitney invente une Ă©greneuse pour sĂ©parer la graine du coton de sa fibre ;
  • 1793 : la RĂ©volution française abolit l'esclavage ;
  • 1794 : la spĂ©culation immobilière du Natchez District tourne au scandale de Yazoo Land ;
  • 1794 : Le Moniteur de la Louisiane lance l'histoire de la presse francophone en Louisiane ;
  • 1795 : le Natchez District a l'autorisation de naviguer sur le Mississippi ;
  • 1796 : interdiction de toute importation d'esclaves, quelle que soit leur origine ;
  • 1798 : le Natchez District a 5 400 habitants Ă  lui seul ;
  • 1800 : Les planteurs lancent une pĂ©tition contre le gouverneur espagnol qui a interdit d'importer des esclaves.

La Louisiane à nouveau française

Le boom du coton s'amplifie

Pendant les trois annĂ©es qui voient la Louisiane redevenue française, la culture du coton continue Ă  progresser et ne fait que doper la valeur des terres cette fois des deux cĂ´tĂ©s du Mississippi car il apparaĂ®t que si la Louisiane est Ă  nouveau française, cela n'est que temporaire et permet de rĂ©aliser une très importante plus-value Ă  NapolĂ©on. Ainsi en 1800, c'est la restitution secrète par l'Espagne de la Louisiane Ă  la France dans le cadre du traitĂ© de San Ildefonso, nĂ©gociĂ© par NapolĂ©on qui vient d'arriver au pouvoir. Mais en 1800 aussi, la zone de culture de coton appelĂ©e le Natchez District a dĂ©jĂ  6 587 habitants Ă  elle seule, en rive orientale du fleuve, dont 2 987 esclaves, + 50 % en deux ans.

L'importation d'esclaves à nouveau autorisée

Conséquence de l'achat français, l'importation d'esclaves, autorisée de nouveau en Louisiane après avoir été réclamée par les planteurs à la fin de l'époque espagnole, inquiète aussi d'autres planteurs. Certains craignent l'arrivée d'esclaves martiniquais, jugés indociles. D'autres y sont favorables par solidarité avec les planteurs martiniquais. La Louisiane n'est alors plus espagnole et n'englobe donc plus la partie occidentale de la Floride et le secteur de Biloxi. Ce sont les terres à l'ouest du fleuve que les États-Unis achètent en 1803 à prix d'or ; ils vont rapidement s'emparer de celles au sud-est, comme la Floride et le futur Alabama, via l'épisode de la République de Floride.

Chronologie

  • 1800 : restitution par l'Espagne de la Louisiane Ă  la France ;
  • 1800 : l'importation d'esclaves autorisĂ©e Ă  nouveau en Louisiane ;
  • 1800 : le Natchez District a 6 587 habitants Ă  lui seul, dont 2 987 esclaves : + 50 % en deux ans ;
  • 1802 : la libre navigation suspendue sur le Mississippi ;
  • 1802 : la libre navigation restaurĂ©e après la colère des rĂ©sidents anglophones du Natchez District[7] ;
  • 1803 : l'expĂ©dition de Saint-Domingue lancĂ©e par NapolĂ©on tourne au fiasco ;
  • : NapolĂ©on vend la Louisiane pour 15 millions de dollars aux États-Unis, qui doivent s'endetter lourdement ;
  • 1803 : l'Ă©chec de l'expĂ©dition de Saint-Domingue entraĂ®ne une vague d'immigration française en Louisiane ;
  • 1804 : La Nouvelle-OrlĂ©ans a doublĂ© sa population en vingt ans avec 8 056 habitants. Total de 49 073 habitants pour toute la Louisiane[5].

XIXe siècle, la Louisiane américaine

Carte de la Louisiane en 1800.
Carte de la Louisiane en 1800.

Une carte du territoire de la Louisiane, telle qu'elle existait en tant que territoire de la Nouvelle-Espagne à partir de 1763 grâce à son transfert à Napoléon, empereur des Français en 1803 et sa vente presque immédiate aux Américains, après seulement trois ans de détention. Seule une petite partie de ce vaste territoire deviendra plus tard le futur État américain de la Louisiane à l'extrême sud. L'année d'après la transaction, en 1804, la Louisiane est divisée en deux territoires, celui de La Nouvelle-Orléans et celui qui englobe le reste de la Louisiane[7].

L'importation d'esclaves Ă  nouveau interdite

Dès sa nomination, le nouveau gouverneur américain Isaac Brigg y interdit la traite négrière, et le congrès des États-Unis lui emboîte le pas en 1806. Il s'agit en particulier d'éviter l'importation d'esclaves des Antilles qui inspirent l'inquiétude. Lors du siècle précédent, les Français avaient renoncé à y recourir en Louisiane en raison de la très violente Révolte de Nachez qui avait vu des esclaves noirs aider les Amérindiens à encercler les plantations françaises. Les planteurs vont alors acheter des esclaves au XIXe siècle sur le marché des planteurs de Virginie qui depuis 1795 abandonnent une culture du tabac trop peu rémunératrice pour financer l'entretien et la surveillance des esclaves.

Une expansion immédiatement très rapide

Le Mississippi n'en est pas moins devenu une zone de dynamisme Ă©conomique et d'inventions. Dès 1805, Samuel Brigg, le frère du gouverneur amĂ©ricain Isaac Brigg vend son premier bateau Ă  vapeur tandis que Benjamin Latrobe a crĂ©Ă© une pompe Ă  eau Ă  vapeur. En quatre ans, le trafic sur le Mississippi augmente de 115 % pour dĂ©passer 1 600 navires par an. Verrou de la navigation et futur grand port, la La Nouvelle-OrlĂ©ans connaĂ®t une croissance forte. Si le le recensement ne fait Ă©tat que de 8 475 rĂ©sidents permanents, dont 3 551 Blancs (41,9 %), 1 566 libres de couleur (18,5 %) et 3 105 esclaves (36,6 %), les annĂ©es qui suivent, notamment après les Ă©meutes anti-françaises de mars 1809 Ă  Cuba, la Louisiane voit arriver plus de 10 000 rĂ©fugiĂ©s français de Saint-Domingue Ă  Cuba, selon Carl A. Brasseaux, historien et directeur du centre d'Ă©tudes louisianaises de Lafayette. Non loin, Ă  Cuba, les quinze annĂ©es qui ont suivi 1792, date de l'introduction du commerce libre, ont fourni plus d'esclaves que les deux siècles et demi prĂ©cĂ©dents.

Les années 1810

La zone agricole cotonière du Natchez District, Ă  500 kilomètres au nord, sur le Mississippi, dans le futur État du Mississippi a dĂ©jĂ  28 787 habitants Ă  lui seul en 1810, soit un quadruplement en une dĂ©cennie[8]. La moitiĂ© du total de la population de la Louisiane vit alors dĂ©jĂ  dans le Natchez District.

Cette expansion de la population fait que la Louisiane remplit rapidement les critères pour être admise au sein de l’Union, le , devenant ainsi le 18e État américain. À cette époque, la Louisiane est le premier et le seul État de l’Union dans lequel un groupe non anglophone, les descendants d’Acadiens — les Cadiens — et de Français et d'Espagnols — les Créoles —, constitue une majorité linguistique. Grâce au juriste Louis Moreau-Lislet, un Code civil, plus complet que le précédent basé sur la Coutume de Paris et reposant sur le Code Napoléon, est adopté par le législateur du nouvel État. Ce code a été rédigé en français, puis traduit en anglais. Le texte français prime encore aujourd'hui en cas de problèmes d'interprétation de la version anglaise.

Entretemps, toute la région est animée par des conflits avec les planteurs d'origine française et de la spéculation immobilière, qui en 1810 déclenchent sur les terres espagnoles la proclamation de la République de Floride occidentale, et 1811, la milice réprime brutalement une insurrection dans la paroisse Saint-Charles, la Révolte de La Nouvelle-Orléans.

C'est aussi l'époque de la Guerre de 1812 à nouveau menée contre les Britanniques. Son temps fort dans la région est en 1815, lorsque la bataille de La Nouvelle-Orléans est gagnée par le général Andrew Jackson avec l'aide du pirate Jean Laffite[7]. Au cours de la même année, l'empereur français Napoléon Ier, abdique. Charles Lallemand et un groupe d'officiers napoléoniens créent la Vine and Olive Colony dans le futur État de l'Alabama sur 370 kilomètres carrés. Cent vingt d'entre eux créent une autre colonie, près de Galveston dans le futur État du Texas.

La Guerre de SĂ©cession

en 1861, l'État refuse de libĂ©rer ses esclaves qui travaillent dans les plantations et assurent les richesses des blancs. En 1862, les troupes fĂ©dĂ©rales entrent en Louisiane et commencent Ă  investir les forts Pike, Jackson et St. Philip. Après la guerre de SĂ©cession, la Louisiane tout entière est parcourue de bandes armĂ©es qui fouettent, battent ou tuent des Noirs impunĂ©ment. Selon le gĂ©nĂ©ral Philip Sheridan, gouverneur militaire de la rĂ©gion, plus de 3 500 Noirs sont massacrĂ©s dans les dix ans qui suivirent la guerre[9].

En , onze Italiens sont lynchés par plusieurs milliers de personnes. La couverture de l’événement par la presse américaine est largement complaisante, et les responsables du lynchage ne seront jamais poursuivis. Le New York Times félicite les meurtriers, car la mort des Italiens « accroît la sécurité des biens et de la vie des habitants de La Nouvelle-Orléans ». Le Washington Post assure que le lynchage mettra un terme au « règne de la terreur » qu’imposeraient les Italiens. Selon le Saint Louis Globe Democrat, les lyncheurs n'ont fait qu'exercer « les droits légitimes de la souveraineté populaire ». Le massacre a de graves répercussions diplomatiques. L’Italie suspend ses relations diplomatiques avec les États-Unis après le refus du président Benjamin Harrison d'ouvrir une enquête fédérale. La presse et la rumeur publique propagent l'idée que la marine italienne s’apprêtait à attaquer les ports américains, et des milliers de volontaires se présentent pour faire la guerre à l'Italie. Les persécutions visant les Italiens se poursuivent ailleurs en Louisiane ; six autres personnes sont tuées dans un lynchage en 1891[9].

Chronologie

XXe siècle

Signalisation routière bilingue à l'entrée de la Louisiane.

Le boom énergétique

La croissance économique et démographique se poursuit au XXe siècle dans l’État de Louisiane, tout au Sud de la puissante artère fluviale du Mississippi, où s'installent des raffineries après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1980, qui voient se développer l'exploitation du pétrole brut dans les gisements à coûts plus élevés du Golfe du Mexique et dans le Texas voisin.

La francophonie revisitée

La région renoue un peu plus tôt avec ses racines historiques francophones. Ainsi à partir de 1968, le CODOFIL (Conseil pour le développement du français en Louisiane), organisme d'État chargé de promouvoir le français en Louisiane est créé, à l'initiative de James Domengeaux, représentant (député) et avocat francophone. Par la suite, la Louisiane devient officiellement bilingue et l'enseignement du français comme deuxième langue à l'école devient obligatoire. Les lois de 1968 en faveur de la renaissance francophone sont votées à l'unanimité par la Chambre des représentants et le Sénat de la Louisiane.

Chronologie

  • 1916 : Interdiction d'utiliser le français dans les Ă©coles et dans les foyers ;
  • 1921 : La constitution louisianaise n'autorise l'usage que de la seule langue anglaise ;
  • 1968 : Le CODOFIL est fondĂ© Ă  l'initiative de James Domengeaux ;
  • 1971 : Edwin Edwards est le premier gouverneur francophone de la Louisiane au XXe siècle.

Bibliographie

  • Charles GayarrĂ©, Histoire de la Louisiane, Magne et Weisse, New Orleans, 1885 (1re Ă©d. 1846).
  • Antoine-Simon Le Page du Pratz, Histoire de Louisiane
  • Tugdual de Langlais, Marie-Étienne Peltier, Capitaine corsaire de la RĂ©publique, Éd. Coiffard, 2017, 240 p. (ISBN 9782919339471).

Notes et références

  1. Sturdevent, William C. (1967)
  2. "The Making of the American South: A Short History, 1500–1877", par J. William Harris, en janvier 2006. Editions Blacwell Publishing
  3. "The Ozarks, land and life, par Milton D. Rafferty, page 126
  4. « http://cyberacadie.com/index.php?%2Fdiaspora%2FLouisiane-Cadien-%2FCajun.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  5. Richard Bizier, La Nouvelle-Orleans, , 344 p. (ISBN 978-1-4556-0975-8, lire en ligne), p. 20.
  6. (en) Adam Rothman et Associate Professor of History Adam Rothman, Slave Country, , 296 p. (ISBN 978-0-674-01674-3, lire en ligne), p. 219.
  7. (en) United States. Works Progress Administration (La.), Louisiana; a Guide to the State ..., , 746 p. (ISBN 978-1-60354-017-9, lire en ligne), p. 695.
  8. (en) Thomas Dionysius Clark, The Old Southwest, 1795-1830 : Frontiers in Conflict, , 335 p. (ISBN 978-0-8061-2836-8, lire en ligne), p. 165.
  9. Frank Browning, John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 271, 378
  10. http://www.hnoc.org/pdf/LA_territorial.pdf

Annexes

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