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Scandale de Yazoo Land

Le scandale de Yazoo Land est un épisode de l'histoire des États-Unis : il a déclenché en 1785 une violente polémique contre l'attribution à d'ex-généraux de l'armée américaine de terres vierges, un peu au nord de l'embouchure du Mississippi, dans le district de Nachez, autour de l'ex-Fort Rosalie construit du temps des Français. Plusieurs fois annulées, ces attributions de terre, qui serviront aux premières grandes plantations de coton, seront finalement déclarées légales par la Cour Suprême au nom du principe juridique de la continuité des contrats.

Alors que la dĂ©claration d'indĂ©pendance des États-Unis de 1776 avait amenĂ© l'Angleterre Ă  promettre aux AmĂ©rindiens de ne jamais franchir les Appalaches pour rallier leur soutien dans la guerre d'indĂ©pendance, le scandale de Yazoo Land dĂ©marre en 1785 au tout dĂ©but de la conquĂŞte de l'Ouest. C'est l'Ă©poque oĂą la population blanche des États-Unis se limite Ă  deux millions de personnes, dont seulement 150 000 esclaves, habitant Ă  95 % sur moins de 4 % de l'actuel territoire des États-Unis, essentiellement sur la cĂ´te nord-est, derrière la frontière naturelle des Appalaches.

La création du Comté de Bourbon

En 1785, le gouverneur de Géorgie George Mathews signe le Bourbon County Act, du nom des rois de France qui possédaient auparavant, via leur financier Antoine Crozat, le secteur agricole de Fort Rosalie, pris aux indiens lors de la guerre des Natchez là où les terres commencent à être protégées des crues du Mississippi. Cet éphémère comté est bien différent des deux actuels comtés de Bourbon, dans le Kansas et le Kentucky. La loi organise l'attribution à un groupe de généraux et de parlementaires de terres, le long du Mississippi et de ses affluents, les Yazoo River, autour du site actuel de Natchez. Une société secrète appelée Combined Society est formée, avec pour but de gagner de l'argent en usant de l'influence sur les politiciens de l'État de Géorgie.

En 1788, le nouvel Ă©tat fĂ©dĂ©ral annule le Bourbon County Act et dissout le comtĂ© de Bourbon dont les terres environnantes doivent rester aux mains des Espagnols, pour partie, et des AmĂ©rindiens. Mais en 1789, trois nouvelles compagnies sont crĂ©Ă©es, The South Carolina Yazoo Company, The Virginia Yazoo Company, dirigĂ©e par Patrick Henry et la Tennessee Company pour acheter de la terre auprès de l'assemblĂ©e de Georgie, l'autoritĂ© politique la moins Ă©loignĂ©e. Le gouverneur Telfair signe un texte leur donnant 80 000 kilomètres carrĂ©s pour seulement 2,50 dollars par kilomètre carrĂ©. Comme elles paient en vieille monnaie dĂ©valuĂ©e, l'accord est annulĂ©.

Il s'agissait d'investissement spéculatif pour valoriser les terres vierges aux États-Unis[1], au même titre que la Transylvania Company, qui finança les expéditions de Daniel Boone ou la Holland Land Company, fondée en 1791 et cotée à la Bourse d'Amsterdam.

La spéculation sur les terres à coton s'accélère en 1793

En 1793, Eli Whitney invente une égreneuse pour séparer la graine du coton de sa fibre, facilitant une tâche qui exigeait alors beaucoup de main-d’œuvre et relançant la spéculation sur les terres à coton, d'autant que la Bourse de Wall Street s'est constituée en 1792 de façon informelle, à New York, sous la forme d'une assemblée de courtiers. La même année, la Révolution française abolit l'esclavage (ce n'est pas en 1792 que la France abolit - une première fois- l'esclavage, mais le , par un vote de l'Assemblée). Des milliers de blancs français fuient Saint-Domingue dans laquelle les esclaves ont entamé le l'insurrection qui aboutira, le , à la fondation d'Haïti. C'est sûrement cette insurrection qui est à l'origine de la fuite des blancs qui s'installent à La Nouvelle-Orléans.

La Louisiane, qui ne deviendra l'un des États des États-Unis qu'en 1803 voit progressivement arriver plus de 10 000 crĂ©oles blancs d'HaĂŻti, selon Carl A. Brasseaux, historien et directeur du Centre d'Ă©tudes louisianaises[2] de Lafayette. Ils apportent leurs capitaux et leur connaissance de l'Ă©conomie de plantation, tandis que l'histoire de la culture du coton accĂ©lère grâce aux succès des premiers entrepreneurs du coton britannique, qui contribue aussi Ă  la spĂ©culation sur les actions des sociĂ©tĂ©s opĂ©rant des canaux, la canalmania, exactement Ă  la mĂŞme Ă©poque, mais Ă  la Bourse de Londres.

Une bataille judiciaire historique pour le droit américain

En 1794, quatre autres sociĂ©tĂ©s voient le jour, la Georgia Company, la Georgia-Mississippi Company, l'Upper Mississippi Company et la new Tennessee Company, qui tentent d'obtenir 160 kilomètres carrĂ©s pour 500 000 dollars. Cette opĂ©ration est dĂ©noncĂ©e par le futur sĂ©nateur James Jackson, qui se fait Ă©lire grâce Ă  une virulente campagne contre le scandale. Le texte est symboliquement brĂ»lĂ© en public, dès qu'il est Ă©lu, en 1796.

La bataille se poursuit devant les tribunaux. La Cour Suprême décide en 1810, dans le célèbre arrêt Fletcher contre Peck que le gouvernement ne peut se dédire aussi violemment et rapidement. Les acheteurs de terre peuvent les récupérer. Les juges veulent rappeler à la jeune république américaine, soumise à l'émergence de phénomènes de corruption, qu'elle doit assurer la cohérence, la transparence et la continuité de ses décisions. Son feu vert à l'annexion des terres accélère la spéculation sur les terres à coton dans tout le sud des États-Unis, jusqu'à la déportation en 1830 des indiens à l'ouest du Mississippi.

Voir aussi

Références

  1. (en) Jerry W. Markham, A Financial History of the United States : From Christopher Columbus to the Robber Barons (1492-1900), , 1936 p. (ISBN 978-0-7656-0730-0, lire en ligne), p. 103.
  2. Center for Louisiana Studies

Liens externes

  • {eng} A financial history of the United States, de Jerry W. Markham.
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