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Herman Braun-Vega

Herman Braun-Vega est un artiste peintre franco-péruvien né le à Lima, Pérou, et mort à Paris le [1] - [2].

Herman Braun-Vega
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activités
Lieu de travail
Site web

Si son Ɠuvre a toujours Ă©tĂ© figurative, elle fut d’abord (avant 1970) proche de l’abstraction. Elle connaĂźt un tournant dĂ©cisif lorsque l’artiste vient s’installer dĂ©finitivement Ă  Paris en 1968. Au contact des Ɠuvres des grands maĂźtres de la peinture, Braun-Vega dĂ©veloppera l’art de la citation picturale. Il dĂ©cide de ne pas limiter sa peinture Ă  une recherche esthĂ©tique, mais d'adopter un langage pictural clair accessible Ă  des non spĂ©cialistes mĂȘme si ses Ɠuvres prĂ©sentent souvent plusieurs niveaux de lecture. Sa peinture enrichie de rĂ©fĂ©rences Ă  l’histoire de l’art[3], met souvent en scĂšne des personnages, des paysages, des fruits et lĂ©gumes de son PĂ©rou natal. Il affirme ses origines mĂ©tissĂ©es Ă  travers une Ɠuvre syncrĂ©tique souvent trĂšs colorĂ©e, parsemĂ©e de messages politiques Ă  travers notamment des transferts de coupures de presse. Certains le diront engagĂ©. L’artiste qui s’était fixĂ© pour ligne de conduite de ne pas peindre pour ne rien dire, se dĂ©finit plutĂŽt comme un tĂ©moin qui veut activer la mĂ©moire du spectateur. Sa production artistique s'inscrit dans les tendances de la nouvelle figuration[4] et de la figuration narrative[5].

Biographie

Famille

Herman Braun est le deuxiĂšme fils de Francisco Braun Weisbrod, juif austro-hongrois nĂ© en 1902 dans la ville de Stuhlweissenberg (Hongrie) et d’Armida Vega Noriega, pĂ©ruvienne orthodoxe, mĂ©tisse espagnole et indienne, originaire d’Iquitos (PĂ©rou). Ses origines mĂ©tissĂ©es tiendront un rĂŽle de premier plan dans son Ɠuvre. Son frĂšre aĂźnĂ©, Max, sera le premier Ă  vouloir devenir peintre. Ses autres frĂšres et sƓur, ont tous une inclination pour les arts graphiques (Herbert (dit Berti), architecte-urbaniste; Alex, dĂ©corateur; Aurora, peintre et dessinatrice)

Formation

En 1950 il devient l’élĂšve de Carlos Quizpez AsĂ­n Ă  l’école des beaux-arts de Lima[6]. Mais dĂšs la fin de l’annĂ©e 1951, il rejoint Ă  Paris son frĂšre Max, devenu le peintre Fernando Vega[7]. PrĂ©sentĂ© par son frĂšre au poĂšte Jean SĂ©nac, il baigne dĂšs son arrivĂ©e dans le milieu artistique parisien d'une façon privilĂ©giĂ©e en tant que rĂ©sident de l'hĂŽtel du Vieux-Colombier, alors gĂ©rĂ© par Maria Manton et Louis Nallard. A Paris, il a pour la premiĂšre fois l’occasion de voir des Ɠuvres originales de grands maĂźtres qu’il ne connaissait jusqu’alors qu’à travers des reproductions. À partir de ce moment il poursuivra sa formation en autodidacte, au contact d’autres artistes, et en Ă©tudiant les Ɠuvres des grands maĂźtres de la peinture dans les musĂ©es.

Lima-Paris

En 1952, d’une liaison passagĂšre avec une jeune française, Camille MĂŒlder, modĂšle du photographe Albert Monier frĂ©quentant assidĂ»ment Saint-Germain-des-PrĂ©s, naĂźt son fils Eric. Il met alors entre parenthĂšses sa vocation d’artiste peintre et travaille au service de Jean RoyĂšre pour le compte duquel il se retrouve chargĂ© d’ouvrir une agence de dĂ©coration au PĂ©rou. En 1955, emmenant son fils, il retourne Ă  Lima ou il s’associe Ă  l’architecte Juan GĂŒnther Doering pour fonder cette agence. Mais bientĂŽt, en dĂ©pit du succĂšs de l’entreprise, l’envie de peindre se fait Ă  nouveau sentir. A Lima, il rencontre Nicole Boussel, jeune mĂšre de deux enfants blonds. La famille recomposĂ©e qu’il forme avec son fils , Nicole et ses deux garçons sera une source d’inspiration rĂ©currente dans les annĂ©es 63 Ă  66[8].

Un péruvien à Paris

Mais c’est seul avec son fils qu’il retourne vivre Ă  Paris en 1967. Il y rencontre Lisbeth Schaudinn, jeune allemande, fonctionnaire de l’UNESCO, qui deviendra la femme de sa vie. C’est avec elle qu’il dĂ©couvre en 1968, en visitant le musĂ©e Picasso de Barcelone, la sĂ©rie que le maĂźtre a consacrĂ© aux mĂ©nines de VĂ©lasquez. Cette dĂ©couverte marquera un tournant dĂ©cisif dans son Ɠuvre. Lisbeth, sa femme, son modĂšle[9], apporte Ă  Herman un soutien logistique qui lui permet de se consacrer entiĂšrement Ă  son art. RĂ©sidant Ă  Paris, il n’en oublie pas pour autant le PĂ©rou et fait de nombreux aller-retour Ă  Lima. La presse pĂ©ruvienne se fait trĂšs vite l’écho du succĂšs de l’enfant du pays auprĂšs de la critique parisienne[10]. Il expose Ă  Paris, Lima, New-York, Bruxelles... Dans les annĂ©es 1970, d’expositions en expositions, il dĂ©veloppe de nouvelles techniques, de nouveaux thĂšmes qui reviendrons enrichir ses futures Ɠuvres. Il voyage beaucoup et ses aller-retour au PĂ©rou son si frĂ©quents qu’il s’y fait construire une maison. À partir des annĂ©es 1980, son Ɠuvre ressemble Ă  sa vie, partagĂ©e entre la culture europĂ©enne et ses origines latino-amĂ©ricaines.

Arcueil

En 1999, lassĂ© de faire des aller-retours quotidiens entre son appartement de la rue des Apennins et son atelier de Saint-Denis, il dĂ©cide de tout vendre pour acheter Ă  Arcueil, non loin de la maison de son ami Antonio Segui et de l’atelier de son ami Vladimir Velickovic, une ancienne usine qu’il transforme pour y installer Ă  la fois sa rĂ©sidence et son atelier[11]. MalgrĂ© l’ampleur du projet dont il dessine lui-mĂȘme l’architecture, le rythme de sa production artistique ne faiblit pas. Mais les ennuis de santĂ© commencent. En 2009, sa femme Lisbeth est emportĂ©e par la maladie. AprĂšs cet Ă©pisode douloureux, Il finira par retrouver une compagne beaucoup plus jeune que lui, Violette Wojcik, une admiratrice enthousiaste, qui se dĂ©couvre atteinte d’une leucĂ©mie quelques mois seulement aprĂšs leur rencontre. Lui mĂȘme atteint de la maladie de Parkinson il achĂšve pĂ©niblement ses derniers tableaux en 2014. DĂ©vastĂ© par la perte de Violette en 2016, son Ă©tat de santĂ© ne lui permet pas d’assister aux funĂ©railles. MalgrĂ© tout il se montre dĂ©terminĂ© et affirme avoir son prochain tableau en tĂȘte, mais il ne peindra plus jusqu’à sa mort le 2 avril 2019.

ƒuvre

La figuration abstraite

Le jeune Herman Braun pratique une peinture qui intĂšgre parfaitement les leçons de l’art moderne[12] et qui se nourrit de certains de ses mouvements comme le cubisme (Naturaleza muerta con botella de tinto, 1949) oĂč l’impressionnisme (Platanales, 1951) qui le gardent Ă©loignĂ© de toute tentation d’une reprĂ©sentation photographique. On trouve dans sa production des traces de son premier sĂ©jour Ă  Paris (La Seine, 1952) . Mais l’essentiel de l’Ɠuvre de cette pĂ©riode est produit Ă  Lima Ă  partir de 1963. Il adopte trĂšs vite une technique trĂšs gestuelle et trĂšs libre. Si libre que sa figuration frĂŽle l’abstraction (Nature morte au bougeoir, 1960; La jaula 1963). Mais bientĂŽt les considĂ©rations purement esthĂ©tiques (Palomas en vuelo, 1963) ne lui suffisent plus, il a aussi besoin de s’exprimer Ă  travers sa peinture.

La peinture qui parle

Ainsi il lui arrive de donner la parole Ă  certains de ses personnages (Adam et Eve, 1965; Encuentro en el campo, 1965), oĂč de dĂ©couper son tableau en cases Ă  la maniĂšre d’une planche de bande dessinĂ©e afin d’y insĂ©rer un contenu narratif (El artista y su modelo, 1968)[9].

En 1966, il rĂ©alise de son frĂšre Max, le peintre Fernando Vega brutalement disparu Ă  Ibiza Ă  l’age de 33 ans d’un arrĂȘt cardiaque liĂ© Ă  une overdose, un portrait dĂ©chirant de douleur. Le visage de son frĂšre est encadrĂ©, en grosses lettres, par la mention « MI HERMANO MAX » (« mon frĂšre Max » en espagnol) . L’irrĂ©gularitĂ© de ces lettres et des coups de pinceau qui composent le portrait trahissent le mouvement de colĂšre. A l’endroit du cƓur, un dĂ©chirement laisse apparaĂźtre les lettres du lieu du drame : IBIZA. Si ce tableau reste singulier dans l’émotion qu’il exprime, il est particuliĂšrement reprĂ©sentatif d’une peinture fougueuse, vigoureuse, portĂ©e par l’émotion, guidĂ©e par l’intuition. Mais c’est aussi une peinture qui parle, qui tĂ©moigne (dans le cas prĂ©sent, d’un drame personnel).

En faisant parler sa peinture, il rĂ©vĂšle Ă©galement un humour trĂšs personnel. Ainsi dans sa version de l’Annonciation (La anunciaciĂłn, 1966), l’ange Gabriel demande « Est-tu vierge ? » (« Eres virgen ? » en espagnol) et Marie lui rĂ©pond « Pas encore » (« todavia no » en espagnol).

L’effet narratif obtenu en dĂ©coupant son tableau en cases (La mort d'un pompier, 1969) , il l’obtient de mĂȘme en produisant un polyptyque (BodegĂłn, 1967) ou chaque panneau correspond Ă  la case d’une planche de bande dessinĂ©e. C’est ainsi qu’en mai 1968, il produit un triptyque (LibertĂ© ? ÉgalitĂ© ? FraternitĂ© ?) qui pour la premiĂšre fois dans son Ɠuvre tĂ©moigne d’un Ă©vĂ©nement de l’actualitĂ© de son Ă©poque.

L’appropriation des grands maütres de la peinture (1968-1978)

En juin 1992, dans un entretien avec Eduardo Arroyo et Jorge Semprun, Braun-Vega dĂ©clare « Picasso est mon pĂšre, il m'a fait comme je suis. VĂ©lasquez est mon maĂźtre, il m'a formĂ© en tant que peintre ». C’est en effet Ă  Picasso qu’il doit la grande mĂ©tamorphose qui commence dans son Ɠuvre Ă  partir de 1968 et qui aboutit au dĂ©but des annĂ©es 1980. Il l’explique de la maniĂšre suivante : « Faire mienne l'Ɠuvre des autres, c'est la grande leçon que m'a donnĂ©e Picasso ». Et c’est en effet en dĂ©couvrant La sĂ©rie des MĂ©nines au musĂ©e Picasso de Barcelone en 1968 qu’il rĂ©alise qu’il ne faut pas craindre de s’approprier l’Ɠuvre des autres.

La série Vélasquez (1968)

De sorte que dĂšs son retour Ă  Paris, se lançant Ă  lui mĂȘme un dĂ©fi[13], il exĂ©cute, en deux mois et demi comme Picasso (mais sans l'imiter)[14], une sĂ©rie de tableaux intitulĂ©e VĂ©lasquez mis Ă  nu accompagnĂ© des mĂ©nines en cinquante-trois tableaux. Il s’agit d’une Ă©tude cinĂ©matique ("une sorte de dessin animĂ©")[15] aux lumiĂšres latĂ©rales vives et aux couleurs contrastĂ©es[16], des instants qui ont supposĂ©ment prĂ©cĂ©dĂ©s la mise en place des personnages dans la pose du fameux tableau de VĂ©lasquez. Herman Braun reprend la technique du polyptyque expĂ©rimentĂ©e les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes pour obtenir l’effet narratif voulu. Il expose Ă  Paris Ă  la galerie 9. La critique parisienne est sĂ©duite. Claude Bouyeure, pour la Galerie des Arts, juge l’ « Exercice de style rĂ©ussi »[17]. Suzanne TENAND, pour la Tribune des Nations, y voit « des peintures pleines d'esprit, d'entrain et de talent »[18]. Paule GAUTHIER, pour Les Lettres françaises, reste « confondue devant la justesse du systĂšme de Braun »[19]. Jean-Jacques LĂ©vĂȘque, dans Les Nouvelles littĂ©raires, y voit la preuve « qu’un grand avenir est encore possible pour la ‘surface peinte’ »[20] et salue, dans Le Nouveau Journal « une Ă©tonnante virtuositĂ© dans la perspective de mise en page et d'animation propres Ă  la figuration narrative »[21]. Carold Cutler, Herald Tribune, remarque « Une performance Ă©poustouflante »[22]. FrĂ©dĂ©ric Megret, Le Figaro LittĂ©raire, trouve le « peintre captivant »[23]. Monique DittiĂšre, L'Aurore, salut « une grande audace » et un pari « gagnĂ© »[24]. Philippe Caloni, Combat, rĂ©sume « Sur le fond, grande intelligence. Sur la forme, maĂźtrise parfaite »[25]. Le principal multiptyque de la sĂ©rie, composĂ© de 17 panneaux est exposĂ© au MusĂ©e d'Antioquia, Ă  MedellĂ­n, en Colombie, dans la collection Coltejer.

Picasso et Manet (1969-1970)

AprĂšs avoir Ă©tĂ© inspirĂ© par Picasso pour Ă©tudier VĂ©lasquez, c’est Ă  prĂ©sent Picasso lui-mĂȘme qu’il Ă©tudie et son rapport Ă  Manet , avec une nouvelle exposition Ă  la galerie 9, intitulĂ©e Pour l’amour de l’art oĂč l’on voit, dans une sĂ©rie pleine d’humour[26] intitulĂ©e Picasso dans un dĂ©jeuner sur l’herbe, Picasso exprimer son amour des femmes en prenant la place de l’un des personnages du dĂ©jeuner sur l’herbe . Ce qui conduit John Canaday Ă  qualifier cette sĂ©rie de « sĂ©rieusement hilarante »[27]. On y dĂ©cĂšle pour autant « ni ironie ni agressivitĂ© » mais plutĂŽt « une volontĂ© de montrer le processus Ă©volutif de l'art »[28]. Cette sĂ©rie lui vaut d'ĂȘtre qualifiĂ© de « virtuose avec un goĂ»t pour le pastiche » dans le International Herald Tribune[29]. Braun se livre pour la premiĂšre fois Ă  la pratique de la citation picturale en reproduisant certains Ă©lĂ©ments des tableaux de Picasso dans ses propres Ɠuvres comme le miroir de la Jeune fille devant un miroir dans son tableau Picasso dans la baignoire[30], ou mĂȘme un tableau entier comme La casserole Ă©maillĂ©e dans son diptyque Picasso Ă  Mougin[31]. La critique apprĂ©cie. XaviĂšre Gaetan, pour La Galerie des Arts, trouve « remarquable [...] l'hommage, plein d'amour, rendu Ă  Picasso »[32]. Quant Ă  Monique DittiĂšre, L'aurore, au regard de cette exposition voit en Braun « Un jeune chef de file de la Nouvelle Figuration »[33]. Le tableau Les invitĂ©s sur l’herbe , sorte de synthĂšse entre sa sĂ©rie VĂ©lasquez mis Ă  nu accompagnĂ© des mĂ©nines et la sĂ©rie Picasso dans un dĂ©jeuner sur l’herbe rejoint dĂšs la fin de l’annĂ©e 1970 la collection du MusĂ©e d’Art Moderne de la Ville de Paris[34].

CĂ©zanne (1970)

De son Ă©tude de CĂ©zanne rĂ©sulte un grand triptyque[35] dont chaque panneau rempli encore une fois la fonction d’une case de planche de bande dessinĂ©e. Dans ce triptyque, Braun Ă©tablit un rapprochement entre la pomme d’Adam et Ève et les pommes des natures mortes de CĂ©zanne, plaçant ce dernier dans un rĂŽle de « pĂšre crĂ©ateur », faisant un parallĂšle entre la crĂ©ation au sens biblique et la crĂ©ation artistique[36]. Chaque panneau du triptyque reprĂ©sente le mĂȘme intĂ©rieur Ă  diffĂ©rentes Ă©tapes de la narration. AccrochĂ© au mur se trouve reproduite une nature morte aux pommes de CĂ©zanne. La fenĂȘtre laisse apparaĂźtre un paysage de la montagne Sainte-Victoire, une autre Ɠuvre de CĂ©zanne. Ces deux Ɠuvres subiront des transformations d’un panneau Ă  l’autre, renforçant ainsi l’effet narratif de l’ensemble. Braun avait dĂ©jĂ  mis un tableau dans un tableau dans son diptyque Picasso Ă  Mougin. Ce qui est nouveau ici, c’est l’utilisation d’une fenĂȘtre, d’une ouverture, pour laisser apparaĂźtre un paysage, une autre maniĂšre d’insĂ©rer un tableau dans le tableau. C’est quelque chose qu’il utilisera beaucoup quand il sera devenu Braun-Vega et qui n’est sans doute pas Ă©tranger au choix du titre FenĂȘtres d’art, d’ñme et de vie par le critique d’art Christian Noorbeergen pour la derniĂšre exposition organisĂ©e du vivant de l’artiste Ă  la maison de l’UNESCO Ă  Paris en 2018[37].


Ingres (1971-1972)

Dans sa sĂ©rie sur Le Bain Turc, Braun analyse les influences plastiques et esthĂ©tiques de l’Ɠuvre d’Ingres dans certaines tendances de l'art contemporain (abstraction gĂ©omĂ©trique, hyper-rĂ©alisme). Cette sĂ©rie, destinĂ©e Ă  ĂȘtre exposĂ©e Ă  la Galerie Lerner-Heller Ă  New-York s’intitule Le bain turc Ă  New-York . C’est la premiĂšre fois qu’il fait dans un de ses tableaux (Ingres et ses modĂšles Ă  Manhattan) un clin d’Ɠil Ă  la ville qui accueille son exposition, mais pas la derniĂšre... Il y a d’ailleurs beaucoup de premiĂšres fois dans cette sĂ©rie, ce qui explique peut ĂȘtre ce commentaire de Picture on exhibit qui salut le « tour de force » que reprĂ©sentent ces variations autour du bain turc allant du simple dessin jusqu’à l’utilisation des techniques les plus diverses[38]. En effet parmi les techniques expĂ©rimentĂ©es par Braun dans cette sĂ©rie, on trouve les cadres en bois polychromes qui font partie intĂ©gralement de l’Ɠuvre, dĂ©bordant sur celle-ci et contribuant Ă  sa mise en scĂšne, technique qu’il rĂ©utilisera abondamment dans les annĂ©es 90, mais aussi des effets de trompe-l'Ɠil qu’il dĂ©veloppera en particulier dans sa sĂ©rie suivante sur Poussin. On notera en particulier l’apparition, en contre-point, du quotidien politique et social contemporain, par l’intĂ©gration de coupures de presse. Le quotidien pĂ©ruvien El Comercio qui se fait l’écho des bonnes critiques de la presse spĂ©cialisĂ©e de New York[39], rapporte en particulier que William D. Case estime que, contrairement Ă  un grand nombre d’artistes sud amĂ©ricains qui ont pour travers la nĂ©gligence et la caricature, Braun surmonte les deux « en Ă©quilibrant une exĂ©cution spontanĂ©e avec un bonne dose de planification et en dĂ©veloppant la caricature Ă  un degrĂ© comparable Ă  celui de Picasso ou Bacon »[40].

Poussin (1973-1974)

Depuis la dynamique entamĂ©e en 1968 aprĂšs la dĂ©couverte des MĂ©nines de Picasso, Braun n’a jamais cessĂ© tout en Ă©tudiant les grands maĂźtres de la peinture d’expĂ©rimenter de nouvelles techniques qui Ă  chaque fois viennent augmenter son bagage. Il est maintenant prĂ©sentĂ© comme le peintre qui a fait de la peinture le sujet de sa peinture. Toutefois il explique sa motivation profonde dans l’entretien Ă  l’atelier avec Jorge Semprun et Eduardo Arroyo : « Vers les annĂ©es soixante-sept, soixante-huit, j'ai traversĂ© une crise, je me suis interrogĂ© sur la raison pour laquelle je peignais comme je peignais alors, c'Ă©tait une peinture confidentielle, pour des spĂ©cialistes. Le grand public n'y avait pas accĂšs [...]. C'est de lĂ  qu'est venu ce besoin que j'ai ressenti de clartĂ© formelle et conceptuelle [...] . Je me suis soumis Ă  la discipline la plus orthodoxe possible du langage visuel. » et c’est avec la sĂ©rie de tableaux intitulĂ©e L'enlĂšvement des sabines d'aprĂšs Poussin, une Ă©tude technique et iconographique du tableau L'enlĂšvement des Sabines du MusĂ©e du Louvre, que devient parfaitement Ă©vidente l’acquisition de cette clartĂ© du langage pictural recherchĂ©e par Braun.

Dans cette sĂ©rie dont la facture froide et efficace "Ă  la Poussin", est baignĂ©e d’une chromatique chaleureuse, Braun porte un regard ironique sur notre « culture de la consommation » en insĂ©rant en trompe l’Ɠil des objets de consommation courante. Mais surtout , en insĂ©rant des coupures de presse comme des indices pour dĂ©chiffrer sa composition, il mĂȘle Ă  la violence de l’agression de civils par des militaires que reprĂ©sente le tableau de Poussin , la violence d’évĂšnements de son Ă©poque comme le coup d’État contre Allende au Chili, ou l’attentat du drugstore de Saint-Germain Ă  Paris. Dans d’autres tableaux, Il se fait aussi le tĂ©moin de la situation politique, Ă©conomique et sociale en France. Marie-Claude Volfin, pour Les Nouvelles LittĂ©raires, fait remarquer que « Contrairement au propos d'Equipo Cronica qui cherche Ă  dĂ©mystifier la notion de chef-d'Ɠuvre, il n'y a pas parodie dans l'excellent travail d'Herman Braun mais un transfert de valeurs »[41]. En effet, Monique DittiĂšre, pour l’Aurore, souligne que l’étude des anciens pour Braun, une fois encore, n’est qu’un prĂ©texte pour « dĂ©montrer d'abord la continuitĂ© dans l'art »[42]. Issu de cette sĂ©rie, le tableau Poussin au quartier de porc rejoint la collection du Fonds National d’Art Contemporain[43]. Cinq autres tableaux de cette sĂ©rie (Reconstitution de l'attentat, De ce jour date une Ăšre nouvelle, TĂ©moin d'un attentat, EnlĂšvement Ă  la chilienne II et Tout est rĂ©cupĂ©rable[44]) faisaient partie de la collection de Daniel Cordier.

Rembrandt, Vermeer, Hals (1975-1977)

Poursuivant son exploration des grands maĂźtres de la peinture, Braun Ă©tudie l’Ɠuvre graphique de Rembrandt au Louvre et au Rijksmuseum. A Amsterdam, il Ă©tudie Ă©galement Vermeer et Hals. Alors que depuis 1966 il a choisi de peindre Ă  l’acrylique qui convient mieux Ă  son rythme de travail plutĂŽt qu’à l’huile qu’il a trĂšs vite abandonnĂ©e, il centre cette fois son travail sur des techniques complĂštement diffĂ©rentes. La production d’estampes n’est pas nouvelle pour lui, mais sur les 2 sĂ©ries qu’il rĂ©alise Ă  cette occasion, la premiĂšre, un Album de sept estampes (technique mixte gravure sur cuivre et sĂ©rigraphie) dont le titre AGRESSIONS... MUTILATIONS... ET FAUX (REMBRAUN) est motivĂ© par une rĂ©flexion sur les falsifications qui affectent la diffusion de la gravure, est rĂ©alisĂ©e en collaboration avec Rigmor Poenaru, Henri Patez, Baldomero Pestana et Alain Jouffroy qui en Ă©crit le texte de prĂ©sentation. La seconde est une sĂ©rie de tableaux en technique mixte (aquarelle, crayon, collage et spray sur plexiglas) intitulĂ©e LE PORTRAIT DES CHOSES. Si la technique ne sera pas rĂ©utilisĂ©e dans ses Ɠuvres futures, les natures mortes, en revanche, tiendront un rĂŽle considĂ©rable dans ce qui deviendra sa thĂ©matique rĂ©currente « le syncrĂ©tisme culturel ». Avec son album d’estampe, Braun confirme un fort parti pris politique qui suscite l’intĂ©rĂȘt de Rouge, quotidien de la Ligue communiste rĂ©volutionnaire. Il y Ă©tabli pour la premiĂšre fois un parallĂšle entre la leçon d’anatomie de Rembrandt et la photo du Che mort, qu’il reprendra quelques annĂ©es plus tard dans sa « leçon Ă  la campagne ». Braun confirme ce qui Ă©tait dĂ©jĂ  apparu clairement dans sa sĂ©rie Poussin : pour lui, le pastiche est aussi un moyen de faire une critique de la rĂ©alitĂ©. Le Museo Nacional de Artes Visuales Ă  Montevideo (Uruguay) possĂšde un exemplaire complet de l'album de sept estampes[45].

Les portraits collaboratifs (1978-1980)

À partir de 1978, Herman Braun-Vega commence Ă  peindre des portraits, notamment ceux de ses amis peintres qu'il invite Ă  participer Ă  la gestation des tableaux : Vladimir Veličković et Baldomero Pestana en 1978, Wifredo Lam (collection du Fonds National D'Art Contemporain[46]), Gilles Aillaud et Eduardo Arroyo en 1979, ErrĂł en 1978-1982, Jean Dewasne en 1982, S. William Hayter en 1983, GĂ©rard Fromanger en 1984. Il peint aussi plusieurs Ă©crivains : Alain Jouffroy, Jorge SemprĂșn, Ribeyro[47], Alfredo Bryce Echenique, Jean-Michel Ribes. C’est Ă  cette Ă©poque qu’il prend conscience de l’intĂ©rĂȘt de la photographie pour son travail aprĂšs avoir infligĂ© Ă  son ami Julio RamĂłn Ribeyro de longues sĂ©ances de pose.

Il avait dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© les portraits du photographe JosĂ© Casals et de l'Ă©crivain Pablo Neruda en 1965, mais il s’agissait de portraits trĂšs stylisĂ©s. Cette fois, poursuivant son objectif de clartĂ© du langage pictural, Braun rĂ©alise des portraits « criants de vĂ©ritĂ© »[48], entre rĂ©alisme et hyper-rĂ©alisme. Cependant au delĂ  de la « virtuositĂ© du peintre »[49], MaĂŻten Bouisset, dans Le Matin de Paris, souligne que l’intĂ©rĂȘt de ces portraits rĂ©side dans la collaboration entre le peintre et le modĂšle de sorte que ces portraits ne se rĂ©sument pas Ă  la restitution de l’aspect physique du modĂšle mais lĂšvent Ă©galement le voile sur sa psychologie, son environnement, ses goĂ»ts, son histoire, son activitĂ©, etc.... Ainsi, Arroyo compose avec des objets personnels la nature morte qui est sur la table devant lui, tandis que Fromanger peint directement sur son portrait les confettis de couleur qui s’échappent du journal.

DĂ©s 1979, son portrait de Veličković[50] est remarquĂ© par le critique Jean-Marie Dunoyer Ă  l'occasion du salon Grands et jeunes d'aujourd'hui au Grand Palais[51]. Pendant 2 ans Braun se consacre presque exclusivement Ă  la rĂ©alisation de portraits, puis continuera Ă  en faire occasionnellement jusqu’en 2014 avec le portrait de Gilles Ghez. En 1980, il reprĂ©sente le PĂ©rou Ă  la 39e biennale de Venise avec une dizaine de ses portraits[52].

Le métissage et le syncrétisme

Si on peut voir une forme de syncrĂ©tisme dans ses portraits parce qu’ils rĂ©sultent d’échanges avec ses contemporains, c’est dans l’exposition de 1981 Ă  Lima que la thĂ©matique rĂ©currente du mĂ©tissage et du syncrĂ©tisme culturel s’ancre dĂ©finitivement et ostensiblement dans son Ɠuvre. Les Ɠuvres prĂ©sentĂ©es dans cette exposition tĂ©moignent de l’aboutissement de la mĂ©tamorphose du peintre (« J’ai travaillĂ© 12 ans pour prĂ©parer cette exposition »[53] confie-t-il Ă  La Prensa). On y trouve presque tous les Ă©lĂ©ments si caractĂ©ristiques de son Ɠuvre Ă  venir :

  • ClartĂ© du langage pictural
  • Appropriation systĂ©matique des Ɠuvres d’autres artistes (« Qu’un peintre utilise comme thĂšmes de ses tableaux des Ɠuvres d’autres peintres n’est pas une nouveautĂ©. La nouveautĂ©, c'est [...] d'en faire [...] un systĂšme. » Julio RamĂłn Ribeyro)
  • Confrontation avec la rĂ©alitĂ© politique, sociale, Ă©conomique, culturelle ou quotidienne contemporaine[54]
  • Inclusion de coupures de presse qui au delĂ  de l’effet esthĂ©tique, donne des indications sur l’histoire que se raconte le peintre Ă  travers le tableau.

L’appropriation de l’Ɠuvre d’un grand maĂźtre n’a plus pour objet de commenter l’Ɠuvre (« On pourrait parler [...] de mĂ©tapeinture, [...] mais cette dĂ©finition est rĂ©ductrice si l’on tient compte de l’évolution de son Ɠuvre. » Julio RamĂłn Ribeyro) comme c’était le cas avec la sĂ©rie VĂ©lasquez mis Ă  nu, mais de servir un autre message comme on peut le faire en littĂ©rature avec une citation. On peut maintenant parler de citations picturales. Ces derniĂšres se trouvent confrontĂ©es Ă  des personnages, paysages, objets contemporains souvent latino-amĂ©ricains, crĂ©ant ainsi un contraste de temps et de lieu. Cette confrontation fonctionne soit par analogie comme dans Bonjour Monsieur Poussin oĂč la prĂ©sence d’un char dans les rues d’une ville et l’enlĂšvement des sabines de Poussin reprĂ©sentent tous deux des agressions militaires envers des civils[54], soit par opposition comme dans "Buenos dias Vermeer" oĂč l’univers feutrĂ© de la Jeune Femme Ă  l'aiguiĂšre de Vermeer se retrouve face Ă  une atmosphĂšre de bidonville sud-amĂ©ricain.

La thématique Nord-Sud

A partir de 1981 apparaissent, dans certaines de ses Ɠuvres, les points cardinaux Nord et Sud, parfois discrĂštement, comme sur le papier que tient Ă  la main le pape Innocent X de VĂ©lasquez dans le tableau I love the neutron bomb[55], ou comme dans le tableau Buenos dias Vermeer[56], sous forme de graffiti sur la tranche du mur sĂ©parant l’univers de Vermeer de l’univers latino-amĂ©ricain, parfois de façon beaucoup plus Ă©vidente avec des lettres rouges comme sur le dessin Nord-sud de la collection FRAC Normandie Caen[57], ou comme sur les dessins Le bain... d'aprĂšs Ingres I[58] et Le bain... d'aprĂšs Ingres II[59]. Dans ces trois derniers dessins, l’axe Nord-Sud sĂ©pare symboliquement les personnages d’Ingres, personnifiant le Nord, et jouissant des plaisirs du bain, des personnages contemporains sud-amĂ©ricains qui pendant ce temps s’affairent aux tĂąches mĂ©nagĂšres. Ainsi ces dessins sont des allĂ©gories de la relation Nord-Sud ou les pays du Nord jouissent du dur labeur des pays du Sud. Cet usage de la confrontation de personnages tirĂ©s de la peinture occidentale et de personnages de la rĂ©alitĂ© quotidienne du peintre pour symboliser les relations Nord-Sud devient rĂ©currente. C’est une clĂ© de lecture possible de certaines de ses Ɠuvres, mĂȘme si ces derniĂšres ne montrent pas explicitement les points cardinaux Nord et Sud, comme c’est le cas du tableau Les tricheurs (d’aprĂšs de La Tour)[60], dans lequel la servante du tableau Le tricheur Ă  l’as de carreau de Georges de La Tour est remplacĂ©e par une paysanne pĂ©ruvienne symbolisant la servitude des pays du Tiers-Monde vis Ă  vis des pays riches, les tricheurs autour de la table. De cette façon, le peintre livre un tĂ©moignage ironique et critique sur son Ă©poque[61].

L’art tĂ©moin

Car Braun Ă  travers son art revendique ĂȘtre un tĂ©moin actif de son Ă©poque quelle que soit la technique utilisĂ©e. Et pour lui, l’exploration d’une nouvelle technique doit ĂȘtre l’occasion de produire un nouvel effet plastique. En 1982, mettant trĂšs provisoirement de cotĂ© son art de la citation picturale pour se concentrer exclusivement Ă  la dimension testimoniale de son Ɠuvre, il explore une technique nouvelle par laquelle il produit une sĂ©rie de reliefs sur papier intitulĂ©e « testimonio ». Dans cette sĂ©rie le mot tĂ©moignage prend un double sens. D’une part l’empreinte laissĂ©e sur le papier par les vĂȘtements de civils sous l’effet de la presse tĂ©moigne de l’existence de l’objet. D’autre part les graphismes ajoutĂ©s Ă©voquant le relevĂ© d’une scĂšne de crime se veulent le tĂ©moin des violences faites Ă  des civils Ă  travers le monde. Cette sĂ©rie est exposĂ©e Ă  la galerie Forum Ă  Lima accompagnĂ©e de dessins et d’estampes dans une exposition exclusivement consacrĂ©e Ă  ses Ɠuvres sur papier. Deux estampes retiennent particuliĂšrement l’attention de la critique. Celles qu’il a produites en collaboration Ă©troite avec son grand ami l’écrivain Julio RamĂłn Ribeyro.

« Il ne s’agissait pas seulement pour lui, de bien peindre : “encore fallait-il ne pas peindre pour ne rien dire”, selon les mots de Jean-Luc Chalumeau[2]. »

TĂ©moin de son Ă©poque, l’art de Braun-Vega se veut aussi tĂ©moin de la mĂ©moire historique avec la rĂ©alisation en 1983, Ă  l’occasion du bicentenaire de la naissance de Bolivar, d’un diptyque intitulĂ© "Bolivar, luz y penumbras". En 1984, Ă  l’occasion de la 1Ăšre biennale de la Havane, Il fait don de ce diptyque Ă  son ami Arnold Belkin pour le Museo del Chopo dont il Ă©tait le directeur.

Braun devient Braun-Vega

La production artistique d’Herman Braun dont les ressorts sont dĂ©sormais solidement dĂ©finis se dĂ©veloppe maintenant sur des toiles de grand format (2m × 3m) pour une exposition intitulĂ©e Paysages MĂ©moire au ThĂ©Ăątre du Rond-Point Ă  Paris en 1984.

DĂ©sormais, comme pour acter sa mĂ©tamorphose, il signe non plus HB ou Herman Braun, mais Herman Braun-Vega[62]. Au nom de son pĂšre Austro-hongrois, il accole Ă  la maniĂšre espagnole le nom de sa mĂšre pĂ©ruvienne comme pour affirmer ses origines mĂ©tissĂ©es. La thĂ©matique du mĂ©tissage et du syncrĂ©tisme ainsi directement associĂ©e Ă  l’artiste lui mĂȘme restera omniprĂ©sente dans tout le reste de son Ɠuvre.

Sensible Ă  la capacitĂ© de Braun-Vega de restituer librement l’esprit des artistes dont il nourrit sa peinture, le critique Jean-Luc Chalumeau qui apprĂ©cie son « irrĂ©alisme flamboyant », souligne l’habiletĂ© avec laquelle il joue avec le grain de la toile Ă©crue comme s’il s’agissait d’une couleur Ă  part entiĂšre sur sa palette. C’est une autre caractĂ©ristique technique rĂ©currente dans sa peinture, laissant apparaĂźtre par endroit la matiĂšre brute du support, Ă©galement lorsqu’il peint sur panneau en bois.

Les huit grands format de la sĂ©rie « Paysages MĂ©moire » qu’il expose en 1985 Ă  la 18Ăšme biennale de Sao Paulo font de lui « la vedette de la biennale » selon les dires de la commissaire de l’exposition. Parmi ceux-ci, on peut citer Pourquoi pas eux, plaidoyer irrĂ©vĂ©rencieux pour la vulgarisation de la culture, oĂč la Grande Odalisque d’Ingres est offerte Ă  la curiositĂ© des enfants (collection du musĂ©e de la ville de Maubeuge) et La leçon... Ă  la campagne, inspirĂ© par l’analogie entre la leçon d’anatomie de Rembrandt et la photo de la dĂ©pouille du Che (collection du MĂ©morial de l’AmĂ©rique latine Ă  Sao Paulo).

Le nu, révélateur de diversité

Dans le prolongement de sa sĂ©rie Paysages MĂ©moire, sa nouvelle exposition en 1987 Ă  Paris Ă  la galerie Pascal Gabert intitulĂ©e MĂ©moires dĂ©nudĂ©es Ă©largit son champ d’investigation en faisant une large place au nu. Il y avait dĂ©jĂ  des nus dans sa sĂ©rie Paysages mĂ©moire, mais ils Ă©taient en quelque sorte imposĂ©s par les citations de ses maĂźtres en peinture comme le nu du dĂ©jeuner sur l’herbe de Manet ou la baigneuse d’Ingres. Cette fois il dĂ©shabille Ă©galement ses contemporains. Au delĂ  des considĂ©rations esthĂ©tiques, c’est aussi pour Braun-Vega le moyen de montrer ses contemporains dans leur diversitĂ© ethnique[63]. Il surprend le spectateur en mettant la Diane de Boucher en prĂ©sence de deux mĂ©tisses nues[64] et exprime ainsi, d’aprĂšs Julio Ramon Ribeyro, l’émergenge d’un monde multiracial et multiculturel issu du mĂ©tissage et du syncrĂ©tisme[65]. Cela n’excluant pas une certaine dose d’humour comme dans le tableau Don Alfredo ou la Venus dans la chambre rouge[66] oĂč il reprĂ©sente le romancier pĂ©ruvien Alfredo Bryce Echenique ajustant ses lunettes pour mieux se dĂ©lecter de la vue de la VĂ©nus au miroir de VĂ©lasquez[67]. Et cela n’excluant pas non plus d’ajouter d’autres messages comme dans cette reprise des MĂ©nines de 1987 ou il remplace dans le miroir du fond de la piĂšce, les reflets du roi et de la reine, symboles Ă  cet endroit de l’omniprĂ©sence du pouvoir, par le pape recevant Kurt Waldheim et tenant en mĂȘme temps Ă  la main le journal LibĂ©ration titrant sur la condamnation de Klaus Barbie. Ce tableau intitulĂ© Double Ă©clairage sur occident[68] dĂ©nonce le pouvoir de l’Église d’exonĂ©rer un ancien nazi de ses fautes et en mĂȘme temps reprĂ©sente la diversitĂ© ethnique existant dans un pays comme la France[69].

La rétrospective de Madrid.

AprĂšs deux premiĂšres expositions rĂ©trospectives en France, Ă  Montluçon et ChamaliĂšres en 1987 et Ă  Maubeuge en 1989, celle de Madrid en 1992 est organisĂ©e par le Centre National des Expositions du MinistĂšre de la Culture Espagnol au MusĂ©e Espagnol d'Art Contemporain dans le contexte du cinquiĂšme centenaire de la dĂ©couverte de l'AmĂ©rique par Christophe Colomb, Ă©vĂšnement qui du cĂŽtĂ© amĂ©ricain est plutĂŽt vu comme la rencontre entre deux mondes[70]. L'Ɠuvre de Braun-Vega qui depuis 1980 fait dialoguer ces deux mondes en mettant les Ɠuvres des grands maĂźtres de la peinture europĂ©enne au contact de la rĂ©alitĂ© quotidienne, sociale et politique du PĂ©rou, Ă©tait donc parfaitement adaptĂ©e pour commĂ©morer cet Ă©vĂ©nement. NĂ©anmoins, Braun-Vega produit spĂ©cialement pour la circonstance une sĂ©rie intitulĂ©e PĂ©rou-Espagne: mĂ©moires dĂ©nudĂ©es dans laquelle il s’intĂ©resse plus particuliĂšrement aux consĂ©quences de cette rencontre, aussi brutale fut elle, et au mĂ©tissage ethnique et culturel qui en a rĂ©sultĂ©[71]. Dans la prĂ©sentation du catalogue de l'exposition, Federico Mayor, directeur gĂ©nĂ©ral de l'UNESCO, souligne l'efficacitĂ© du vecteur pictural que sont les Ɠuvres de Braun-Vega pour Ă©veiller les consciences de l'Europe aux rĂ©alitĂ©s de l'AmĂ©rique Latine[72].

Pour la premiÚre fois dans cette nouvelle série, apparaissent des références au chroniqueur péruvien Felipe Guamån Poma de Ayala, métis ayant parcouru le Pérou pour témoigner des conditions de vie des autochtones sous la domination espagnole. Les transferts d'encre des dessins de Felipe Guamån Poma de Ayala estompent la frontiÚre entre les références historiques qu'on y trouve et les références artistiques aux gravures de Goya, entre l'histoire de la colonisation espagnole et l'actualité des transferts d'articles de presse[73]. L'un des tableaux de cette série, consacré à Inca Garcilaso de la Vega, autre figure du métissage, qui contrairement à Felipe Guamån Poma de Ayala, a quitté le Pérou pour partir vivre en Espagne, fait partie de la collection de la Casa de América de Madrid. Un autre, intitulé La realidad...es asi ! n°2[74] a rejoint la collection du Musée de l'HÎtel Bertrand de Chùteauroux. Une grande partie des autres tableaux de cette série ont été achetés par les musées Ralli et en particulier, le triptyque La familia informal que l'on trouve dans l'exposition permanente du musée Ralli Marbella en Espagne.

Des natures mortes, objets syncrétiques

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, Braun-Vega introduit dans son Ɠuvre un grand nombre de natures mortes dans des tableaux, souvent de plus petite taille, peints sur des panneaux en bois augmentĂ©s de reliefs qui s’harmonisent avec les volumes et la perspective du tableau[75]. Ce faisant, il renoue avec cette technique qu’il avait explorĂ© en 1972 dans sa sĂ©rie Le bain turc Ă  New-York, oĂč le cadre fait partie intĂ©grante de l’Ɠuvre, dĂ©bordant sur celle-ci et vice versa. Mais pour autant, Braun-Vega n’abandonne pas tout ce dont il a enrichi son Ɠuvre entre-temps. Ainsi certaines de ses natures mortes entrent en dialogue avec celles de CĂ©zanne comme dans BodegĂłn con piña[76] (1991) ou Nature exotique[77] (1993). Mais elles peuvent aussi ĂȘtre le premier plan d’un dialogue avec Toulouse-Lautrec comme dans La Factura[78] (1993), Picasso comme dans Nature tragique n°1[79], ou Goya comme dans La realidad...es asi ! N°2[74] (1992) de la collection du MusĂ©e Bertrand de ChĂąteauroux. Dans tous les cas, ce que tient Ă  souligner le peintre Ă  travers ces ensembles de fruits et lĂ©gumes plus ou moins exotiques, c’est que certains parmi ceux qui nous paraissent les plus familiers sont en rĂ©alitĂ© originaires d’autres continents[80]. La dimension syncrĂ©tique de ses natures mortes, il la revendique sans relĂąche, mĂȘme bien plus tard lorsqu’il fait apparaĂźtre une nature morte au milieu d’une composition beaucoup plus vaste comme c’est le cas dans le tableau Rencontres inattendues sur le Vieux Port[81] (d'aprĂšs VĂ©lasquez)[82].

Sa collaboration avec l'Éducation Nationale

Dans le cadre d'un projet de l'Éducation Nationale relatif Ă  l’éducation artistique se donnant pour objet de rendre la culture accessible Ă  tous, l'acadĂ©mie d'OrlĂ©ans-Tours organise entre 1995 et 1996 une sĂ©rie d'expositions des Ɠuvres d'Herman Braun-Vega dans 7 villes françaises (OrlĂ©ans, Tours, ChĂąteauroux, RezĂ©, Besançon, Bourges et Blois). C'est parce que sa peinture, tout en livrant une vision de la la culture europĂ©enne venue d'un autre continent est perçue comme une invitation Ă  dĂ©couvrir d'autres cultures, qu'elle a intĂ©ressĂ© les organisateurs de ce programme cherchant Ă  valoriser la culture comme un vecteur d'harmonie[83].

Braun-Vega s'implique sans rĂ©serve dans le projet. Il accepte volontiers de venir expliquer ses tableaux aux Ă©lĂšves des Ă©coles qui visitent les expositions[84]. Il tĂ©moigne de ses origines mĂ©tissĂ©es, expliquant qu'il ne serait pas lĂ  si les Espagnols n'avaient pas dĂ©couvert le continent amĂ©ricain, condamnant non pas la venue des Espagnols mais seulement la violence qui l'a accompagnĂ©e et revendiquant le mĂ©tissage culturel qui en a rĂ©sultĂ© et qui apparaĂźt de maniĂšre Ă©vidente dans ses Ɠuvres[85]. Il revendique le devoir de mĂ©moire pour Ă©viter de tomber dans la barbarie, fait de sa peinture un vĂ©ritable moyen de connaissance et endosse trĂšs consciencieusement son rĂŽle d'artiste pĂ©dagogue, allant jusqu'Ă  participer aux activitĂ©s des Ă©lĂšves[86].

Le peintre de la mémoire

QualifiĂ© de « maĂźtre de l'interpicturalitĂ© » par l'auteur chilien Roberto Gac[87], Braun-Vega construit son Ɠuvre autour du syncrĂ©tisme et du mĂ©tissage artistique et culturel, ethnique et politique. Il cherche Ă  activer la mĂ©moire du spectateur, la mĂ©moire historique Ă  travers l'iconographie des grands maĂźtres, la mĂ©moire sociale et politique Ă  travers l'introduction de situations contemporaines et aussi la mĂ©moire du vĂ©cu individuel.

Herman Braun-Vega recevant son diplĂŽme de Docteur Honoris Causa de l'UniversitĂ© SĂŒleyman Demirel Ă  Isparta en Turquie.

Distinctions

Expositions personnelles récentes

Notes et références

  1. (es) « Fallece el pintor peruano Herman Braun-Vega a los 85 años », El Comercio,‎ (lire en ligne)
  2. « Le peintre Herman Braun-Vega manque aux amateurs d’art orlĂ©anais », Mag'Centre,‎ (lire en ligne)
  3. (es) JosĂ© Tsang, « El pintor que jugĂł con la historia del arte » [« Le peintre qui jouait avec l'histoire de l'art »], LUCES, El Comercio,‎ , p. 2
  4. Jean-Luc Chalumeau, La Nouvelle Figuration : Une histoire, de 1953 Ă  nos jours, Figuration narrative - Jeune Peinture - Figuration critique, Paris, Ă©d. Cercle d’Art, , 222 p. (ISBN 978-2702206980), p. 138-141 :
    « Braun-Vega aborde de front le problÚme de la temporalité dans l'image peinte et [...] il en tire des solutions particuliÚrement convaincantes presque toujours reliées à une réflexion d'ordre politique. Braun-Vega participe ainsi de plein droit à l'histoire de la Nouvelle figuration en France depuis les années soixante. »
  5. Jean-Luc Chalumeau, Figuration narrative, Paris, Éditions Cercle d'Art, (ISBN 978-2-702-20780-2), p. 14-15 :
    « Chez Braun-Vega, la virtuosité dans le métissage des styles et des thÚmes aboutit à la création d'un style narratif original. »
  6. (es) « Braun Vega expone en Francia » [« Braun Vega expose en France »], Dominical, Suplemento de "El Comercio" N° 52, Lima,‎ (lire en ligne) :
    « Braun Vega se inicio el año de 1950, estudió en la Escuela Nacional de Bellas Artes, bajo la dirección del maestro Carlos Quíspez Asín. »
  7. (es) Pepe Ludmir, « Dos jĂłvenes pintores peruanos desean consagrar se en Paris », El Comercio,‎ , p. 10 (lire en ligne) :
    « Dos muchachos limeños salieron hace dos años con rumbo al paraĂ­so de todo artista: ParĂ­s.[...] Son Max y Herman Braun.[...]. Max —que ahora cambiĂł su nombre por el de Fernando Vega, para evitar confusiones— y su hermano Herman, viven en ParĂ­s modestamente, sin las comodidades que disfrutaron en Lima, pero felices porque asimilan cada dĂ­a algo nuevo. »
  8. « 2 + 3 = Lima », Huile sur toile, 60 x 130 cm, ; « Eric, Philippe et Bernard », Huile sur toile, 72 × 120 cm, ; « Nicole au miroir », ; « Eric », Acrylique sur toile, 52 x 42 cm, ; « Nicole y los girasoles », ; « Eric y el perro », Acrylique sur toile, 92 × 120 cm,
  9. « El artista y su modelo », Acrylique sur toile, 98 × 130 cm,
  10. (es) L.A.M., « Braun y sus series parisinas » [« Braun et ses sĂ©ries parisiennes »], El Comercio, Lima,,‎ (lire en ligne) :
    « Un joven pintor peruano, Herman Braun, estå alcanzando en París inusitados elogios de crítica mediante una original idea de trabajos seriados de titulos y temas atractivos y de muy buena factura. »
  11. Françoise Prima, « Activer la mĂ©moire », Arcueil Notre CitĂ© - NumĂ©ro 115,‎ , p. 18, 19 (lire en ligne) :
    « Un vaste atelier mitoyen à la maison familiale abrite le travail d'Herman Braun-Vega. C'est là que l'artiste peint. Installé à Arcueil depuis un an, il y a trouvé un lieu de travail à la mesure de ses attentes. »
  12. Pierre HENRY, « Comment un peintre convoque dans son tableau quelque chose de plus que la peinture : RĂ©trospective d'Herman Braun-Vega (1950-89) », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne) :
    « Il Ă©tait donc une fois dans les annĂ©es 50, un peintre qui avait intĂ©grĂ© les leçons de l'art moderne et reconstituait le monde en autant d'objets picturaux, des objets bien entendus Ă©trangers Ă  la reprĂ©sentation figurative de ce monde puisqu'il ne faisait alors aucun doute que la peinture Ă©tait aussi Ă©loignĂ©e de la photographie que la carpe peut l'ĂȘtre du lapin. »
  13. (es) Rodrigo VillacĂ­s Molina, « Los artistas no creamos, recreamos... », El Comercio, Lima,‎ (lire en ligne) :
    « Entonces yo me fui a París e hice una especie de desafío a mi padre espiritual que es Picasso, y pinté igual cantidad de cuadros, en dos meses y medio como Picasso y sobre el mismo tema de Las Meninas »
  14. RenĂ© Barotte, « Herman Braun », Paris-Presse,‎ :
    « H. Braun [...] donne les plus attachantes variantes sur le thÚmes des "Ménines" de Velasquez et cela aprÚs Picasso qu'il n'imite pas. »
  15. « Du cĂŽtĂ© d'Herman Braun », L'impartial, Suisse,‎ (lire en ligne) :
    « [la peinture des Ménines] de Vélasquez, ce jeune artiste va la tournebouler, la tourner et retourner dans tous les sens pour en faire une sorte de dessin animé à peu prÚs comme au cinéma. »
  16. (en) « Herman Braun », Pictures on exhibit, june-sept 1969,‎ :
    « The acrylic painting of Herman Braun at the galerie 9 presents a series of vivid sidelights and contrasted colour in a suite of fifty-three compositions taken from Velazquez' Meninas. »
  17. Claude Bouyeure, « Herman Braun », Galerie des Arts,‎ (lire en ligne) :
    « Exercice de style réussi puisqu'il surprend et divertit le spectateur. »
  18. Suzanne TENAND, « Herman Braun expose chez Antoinette Mondon », Tribune des Nations,‎ (lire en ligne)
  19. Paule GAUTHIER, « Herman Braun et VĂ©lasquez », Les Lettres Françaises, Paris,‎ , p. 30 (lire en ligne) :
    « Le temps des « Ménines » est un instant privilégié de pures visions picturales, qui nous laisse confondu devant la justesse du systÚme de Braun. Un artiste, un grand plasticien. »
  20. Jean-Jacques LEVEQUE, « A coup de gomme », Les Nouvelles LittĂ©raires, Paris,‎ (lire en ligne) :
    « Les Cassandres qui clament la mort de l’art, qui tyrannisent le public en assurant qu’aujourd’hui la peinture n’est plus qu’un exercice rĂ©trograde auront grand intĂ©rĂȘt Ă  passer rue des Beaux-Arts. Ils y verront deux expositions : [Giacometti (galerie Claude Bernard) et Herman Braun (galerie « 9 »)], qui leur montreront qu’un grand avenir est encore possible pour la « surface peinte », »
  21. Jean-Jacques LÉVÊQUE, « Herman BRAUN Ă  la Galerie 9 », Le Nouveau Journal,‎ (lire en ligne)
  22. (en) Carold Cutler, « Herman Braun interprets Velazquez's "Las Meninas" », Herald Tribune,‎ (lire en ligne) :
    « The young Peruvian artist has done an admirable thing by now making the characters breathe. [...] The total effect is vital and rich. A stunning performance. »
  23. FrĂ©dĂ©ric Megret, « Herman BRAUN », Le Figaro LittĂ©raire,‎ (lire en ligne) :
    « Un peintre captivant, ce Herman Braun, qui sait Ă  la fois peindre d'un Ɠil vigilant et repenser une rĂ©alitĂ© toujours en Ă©volution. »
  24. Monique DittiĂšre, « Herman BRAUN », L'Aurore,‎ (lire en ligne) :
    « C'était d'une grande audace que d'aborder pour la premiÚre fois le public parisien avec une série de 53 tableaux, représentant, fragmentée et interprétée au travers de sa propre optique, la célÚbre toile de Vélasquez : "Les Ménines". Le jeune peintre péruvien Herman Braun a gagné la partie »
  25. Philippe CALONI, « Les jeux de l'esprit », Combat,‎ , p. 9 (lire en ligne) :
    « Sur le fond, grande intelligence. Sur la forme, maĂźtrise parfaite, re-crĂ©ation sur la crĂ©ation. A nous qui cherchons, depuis quelque temps, la lueur fulgurante de l'esprit dans le monde misĂ©rable de l'art d'aujourd'hui, Braun pourrait bien ĂȘtre celui par qui l'intelligence, et la beautĂ©, arrivent. »
  26. « Au 9 : HERMAN BRAUN », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  27. (en) John CANADAY, « Herman Braun », the New York Times,‎ , p. 25 (lire en ligne) :
    « Mr. Braun has turned out a dark horse of a show that I can only describe as a series of seriously hilarious take-offs. »
  28. « HERMAN BRAUN », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  29. (en) « Around the Paris Galleries », International Herald Tribune,‎ (lire en ligne) :
    « Herman Braun is a virtuoso with a taste for pastiche who has devoted this entire exhibition to portraying Picasso »
  30. Herman Braun-Vega, « Picasso dans la baignoire », Acrylique sur toile, 130 x 162 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  31. Herman Braun-Vega, « Picasso à Mougins », Diptyque, acrylique sur toile, 195 x 130 cm x 2, sur braunvega.com, (consulté le )
  32. XaviĂšre GAETAN, « "Pour l'amour de l'art" », La Galerie des Arts,‎ (lire en ligne)
  33. Monique DITTIERE, « Un Jeune chef de file de la Nouvelle Figuration », L'aurore,‎ (lire en ligne)
  34. « Les invités sur l'herbe | Paris Musées », sur www.parismuseescollections.paris.fr (consulté le )
  35. Herman Braun-Vega, « Une affaire de pommes n°2 (d'aprÚs Cézanne) », Triptyque, 200 x 200 cm x 3, acrylique sur toile, sur braunvega.com,
  36. « Herman Braun », Les Nouvelles LittĂ©raires,‎ , p. 14 (lire en ligne) :
    « Dans la sĂ©rie de CĂ©zanne, [...] j'utilise la lĂ©gende biblique d'Adam et Eve. J'Ă©tablis un parallĂšle entre l'histoire de la pomme — crĂ©ation de l'espĂšce humaine— et les pommes de CĂ©zanne [...] en dĂ©montrant aussi son rĂŽle comme « pĂšre crĂ©ateur » des diffĂ©rents courants plastiques qui se prolongent jusqu'Ă  aujourd'hui. »
  37. Jean-Luc Chalumeau, « Herman Braun-Vega, fenĂȘtres d'art, d'Ăąme et de vie », [verso-hebdo],‎ (lire en ligne)
  38. (en) « Gallery Previews in New York », Pictures on Exhibit,‎ , p. 10 (lire en ligne) :
    « Drawing, collage, photographic vision, relief, trompe l'oeil, shaped canvases - everything is put to use to ring changes on the central theme. [...] A tour de force, to be seen through November at Lerner-Heller Gallery. »
  39. (es) « Braun en el "Baño Turco" », El Comercio,‎ (lire en ligne) :
    « La favorable crítica de la prensa especializada de Nueva York acerca de la obra artística de Braun, tuvo como evidente comprobación la casi total adquisición de las obras expuestas »
  40. (en) William D. Case, « Herman Braun », Arts Magazine,‎ (lire en ligne) :
    « A great many South American artists seem to suffer from two vices in particular: sloppiness and caricature. But Braun has overcome both, balancing a spontaneous execution with a great deal of planning and developing caricature to a degree comparable with that of Picasso or Bacon. »
  41. Marie-Claude VOLFIN, « Herman Braun », Les Nouvelles LittĂ©raires,‎ (lire en ligne)
  42. Monique DITTIERE, « HERMAN BRAUN A BRUXELLES », L'aurore,‎ (lire en ligne)
  43. « BRAUN-VEGA, Poussin au quartier de porc, 1973 | Cnap », sur www.cnap.fr (consulté le )
  44. (es) DamiĂĄn BAYÓN, Artistas ContemporĂĄneos de AmĂ©rica Latina, Paris-Barcelona, Ediciones del Serbal/UNESCO, (lire en ligne), p. 51-52
  45. (es) « Herman Braun Vega en el Museo Nacional de Artes Visuales », sur mnav.gub.uy (consulté le )
  46. « Herman BRAUN-VEGA, Portrait de Wilfredo Lam | Cnap », sur www.cnap.fr (consulté le )
  47. (en) « Julio Ramon Ribeyro (1929-94), 1978 (acrylic on wood) », sur www.bridgemanimages.com (consulté le )
  48. « Le Portrait retrouvĂ© », Elle,‎ (lire en ligne) :
    « Les portraits de peintres d'Herman Braun sont criants de vérité, ils sont plus ressemblants que les photos qui, souvent, les ont inspirés. Braun met le peintre en scÚne. [...] Grùce à lui, le portrait, qui avait perdu la face, retrouve son cérémonial. »
  49. MaĂŻten BOUISSET, « Les portraits d'Herman Braun », Le Matin de Paris,‎ , p. 21 (lire en ligne) :
    « on peut saluer la virtuositĂ© du peintre [mais] l'intĂ©rĂȘt de cette sĂ©rie est tout autre. Car ce n'est pas la figure de ses modĂšles qui a intĂ©ressĂ© Herman Braun mais bien plutĂŽt l'analyse d'un certain type de peinture. »
  50. « Velickovic » (Acrylique sur bois), sur braunvega.com, (consulté le )
  51. Jean-Marie Dunoyer, « Coexistence pacifique des grands et des jeunes », Le Monde,‎ , p. 7 (lire en ligne) :
    « je citerai tout de mĂȘme [...], Ă  dĂ©faut des cauchemars de Velickovic, son portrait « avec la participation du modĂšle dans le tableau » par Hermann Braun. »
  52. La Biennale, Visual Arts 80, General catalogue, Venise, La Biennale di Venezia, , 288 p. (ISBN 88-208-0265-1, lire en ligne), p. 166
  53. (es) « Braun: J'ai travaillĂ© 12 ans pour prĂ©parer cette exposition », La Prensa,‎ (lire en ligne)
  54. (es) Juan Voos, « L’art comme reflet de son Ă©poque », La CrĂłnica,‎ (lire en ligne)
  55. « I love the neutron bomb », Acrylique sur toile, 100 x 81 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  56. « Buenos dias Vermeer », Acrylique sur toile, 100 x 81 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  57. « Nord-sud », Crayon et acrylique sur papier, 98,5 x 59 cm, sur Frac Normandie Caen, (consulté le )
  58. « Le bain... d'aprÚs Ingres I », Crayon sur papier, 100 x 90 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  59. « Le bain... d'aprÚs Ingres II », Crayon sur papier, 100 x 90 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  60. « Bonjour Monsieur de la Tour », Acrylique sur toile, 89 x 116 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  61. (es) SEYMOUR, « Herman Braun: Pintura, Historia e ironĂ­a crĂ­tica » [« Herman Braun : Peinture, Histoire et ironie critique »], SupplĂ©ment dominical de "El Comercio",‎ (lire en ligne) :
    « je [...] remplace la servante du tableau original, qui est une jeune paysanne française, par une femme pĂ©ruvienne qui, dans notre sociĂ©tĂ©, remplit le mĂȘme rĂŽle : celui de la servitude. C’est donc le seul personnage pĂ©ruvien qui apparaĂźt dans le tableau. Vu qu’il rempli une double fonction : au niveau international, avec les pays riches, les tricheurs autour de la table, et la reprĂ©sentante du tiers monde, dont ils espĂšrent qu'elle continue Ă  servir. Et au niveau national, l’autosatisfaction de nos classes privilĂ©giĂ©es, que nous pourrions asseoir autour de cette table. »
  62. « Expositions / 1984 Théùtre du Rond-Point / Catalogue », sur braunvega.com (consulté le )
  63. Jacques BINSZTOK, « Herman Braun-Vega: le peintre de la mĂ©moire », Newmen, no 13,‎ , p. 16-17 (lire en ligne) :
    « Je veux rappeler Ă  travers la nuditĂ© de tous mes personnages que nous sommes dans une sociĂ©tĂ© oĂč les mĂ©langes, les brassages font partie de notre vie quotidienne. »
  64. « Diane des tropiques (d'aprĂšs Boucher) », Acrylique sur toile, 130 × 163 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  65. (es) Eduardo Moll, « Braun‑Vega expone en ParĂ­s », El Comercio, Lima,‎ (lire en ligne) :
    « Tout en appréciant leur virtuosité formelle, que peut-on lire dans ces tableaux ? A mon avis, deux choses : L'avancée à chaque fois plus visible du Tiers-Monde dans le territoire privilégié de l'Occident; et la prémonition d'une civilisation nouvelle issue de la promiscuité, du contact, du croisement, du métissage ethnique et du syncrétisme culturel. »
  66. « Don Alfredo ou la Venus dans la chambre rouge (d'aprĂšs VĂ©lasquez) », Acrylique sur toile, 114 × 146 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  67. (es) Jorge NĂĄjar, « Memorias desnudas de un pintor peruano » [« Les mĂ©moires dĂ©nudĂ©es d’un peintre pĂ©ruvien »], La RepĂșblica,‎ (lire en ligne) :
    « Dans la parodie de [la Venus de VĂ©lasquez] il inclut un Ă©lĂ©ment humoristique de haut vol : le romancier Alfredo Bryce Echenique intĂ©ressĂ© par "La VĂ©nus au Miroir" et exprimant presque sa disposition Ă  s’introduire dans le divan de la belle. »
  68. « Double Ă©clairage sur Occident (d'aprĂšs VĂ©lasquez et Picasso) », Acrylique sur toile, 195 × 262 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  69. (es) « La pintura como gran diĂĄlogo », La RepĂșblica, Lima,‎ (lire en ligne) :
    « En el espejo del fondo, donde se refleja el poder, y supuestamente el modelo del pintor se ve el Papa recibiendo a Waldheim. El Papa tiene en sus manos un periódico, donde se ve una foto de Barbie (repito, es siempre una referencia, al poder: en este caso, el poder el la Iglesia, de exonerarle sus culpas a un nazi). Se ven ademås niños, uno rubio, uno mestizo. Con este cuadro quiero representar la multiracialidad que se vive hoy en día en países como Francia. »
  70. (es) Yolanda Vaccaro, « Herman Braun-Vega expone en Madrid », El Comercio, Lima,‎ (lire en ligne) :
    « [...] la muestra retrospectiva de Herman Braun-Vega [...] ha concitado el interés madrileño precisamente en este año conmemorativo del Quinto Centenario de "encuentros y desencuentros". »
  71. (es) Fietta Jarque, « Wifredo Lam y Herman Braun Vega, mestizaje y contaminaciĂłn », El PaĂ­s,‎ , p. 7 (lire en ligne) :
    « No se trata de simples y comunes citaciones histĂłricas que avalan mĂĄs o menos una composiciĂłn anecdĂłtica. Braun Vega recrea y expresa una profunda contaminaciĂłn pictĂłrica y la hace legible. Las relaciones histĂłricas entre España y PerĂș desde el fin de la colonia funcionan como un paralelo y una fuente inmensa de referencias a un mestizaje que penetra la vida y el arte. »
  72. (es) David Casado, « "PerĂș-España: memorias al desnudo": ExposiciĂłn antolĂłgia sobre la obra de Herman Braun‑Vega », El Punto de las artes,‎ , p. 4 (lire en ligne) :
    « Tal y como señala Federico Mayor Zaragoza, director general de la UNESCO, en la presentaciĂłn del catĂĄlogo de la muestra, "el mensaje lĂșcido y clarividente del pintor reinterpreta lo que grandes literatos han descrito, irrumpiendo con ello en las conciencias de Europa con mĂĄs eficacia que el flujo de datos alienantes que llegan desde allende el AtlĂĄntico, sobre un continente tan fuertemente vinculado a España, a Europa y, sin embargo, tan desconocido". »
  73. (es) Alfredo Bryce Echenique, « Libertad y rebeldĂ­a en la capital cultural del 92 », Diario de Mallorca,‎ , p. 18 (lire en ligne) :
    « Al margen, en los marcos polícromos se pueden ver informaciones periodísticas contemporåneas sobre los desastres considerados como "naturales" (el cólera, por ejemplo) en un tercer mundo que parece volverse cuarto. A menos que se trate de atentados o agresiones perpetrados diariamente. Y, en contrapunto con estas informaciones, los dibujos de Guamån-Poma (Waman Puma) de Ayala (!!!) nos recuerdan que lo que se vive en esos lares tampoco es un fenómeno reciente... »
  74. « La realidad...es asi ! n°2 », Acrylique sur bois, 150 x 200 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  75. « BRAUN-VEGA : HIER POUR DEMAIN », Pariscope,‎ (lire en ligne) :
    « Et pour marquer les distances, faire jouer la lumiÚre entre le présent et le passé, unifier la composition dans sa complexe construction, il introduit des reliefs en bois peints qui accusent les profondeurs, les perspectives, les volumes. »
  76. « BodegĂłn con piña », Acrylique sur toile et cadre polychrome, 82 × 92 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  77. « Nature exotique », Acrylique sur bois, 51 x 42 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  78. « La Factura », Acrylique sur bois, 75 × 91 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  79. « Nature tragique n°1 », Acrylique sur bois, 75 x 90 cm, sur braunvega.com, (consulté le )
  80. « Le peintre pĂ©ruvien Braun Vega Ă  la Galerie Wam », Ouest France,‎ (lire en ligne) :
    « Dans sa communication avec nos ancĂȘtres, [...] le peintre sĂšme en pagaille humoristique, tomates et pommes de terre d'AmĂ©rique du sud, oranges d'Asie...[...] une production que nous nous sommes appropriĂ©e en oubliant au prix de quelles conquĂȘtes elle Ă©tait arrivĂ©e dans notre assiette. »
  81. « Rencontres inattendues sur le Vieux Port », Acrylique sur toile, 146 × 146 cm, sur braunvega.com, (consultĂ© le )
  82. « Les Ă©tonnants personnages de Herman Braun‑Vega », Espaces Latinos, no 262,‎ (lire en ligne) :
    « on peut apercevoir des oranges qui viennent d'Asie, des bananes, qui viennent d'Afrique, des tomates, du maïs, des avocats et des pommes de terre, qui ont été cultivés en Amérique latine bien avant l'arrivée des Espagnols, et qui, par exemple, durant les XVIIIe et XIXe siÚcles, ont sauvé de la famine les populations européennes. Voilà un exemple de syncrétisme pacifique. »
  83. Braun-Vega, peintures et dessins, Wamani, , 72 p. (ISBN 2-909496-05-8, lire en ligne)
  84. Jean-Jacques ALLEVI, « La double exposition de Braun-Vega », La Nouvelle RĂ©publique,‎ (lire en ligne) :
    « Braun-Vega a en outre acceptĂ© de venir expliquer ses Ɠuvres aux Ă©lĂšves des Ă©coles castelroussines car "un artiste doit initier et ne pas rester dans sa tour d'ivoire". »
  85. Philippe DELALANDE, « Braun-Vega Ă  tous les Ă©tages », La Nouvelle RĂ©publique du Centre-Ouest,‎ (lire en ligne) :
    « [Braun-Vega] revendique le mĂ©tissage culturel, au mĂȘme titre que celui qui lui a Ă©tĂ© imposĂ© par la dĂ©couverte de l'AmĂ©rique. Ce n'est pas l'intrusion des Espagnols qu'il condamne, c'est la suite : la litanie des massacres, l'intolĂ©rance, le gĂ©nocide d'une culture. "J'en tĂ©moigne, c'est tout", dit-il. Et le plus clairement possible. »
  86. « Braun Vega revu par des collĂ©giens », Ouest France,‎ (lire en ligne) :
    « En présence du peintre Herman Braun Vega, les élÚves du collÚge de la Petite-Lande ont présenté hier, au Théùtre de Rezé, un spectacle consacré au travail de l'artiste péruvien. L'aboutissement réussi d'un original projet d'action éducative. »
  87. Roberto Gac, « Braun-Vega, maßtre de l'interpicturalité », sur Sens public, (consulté le )

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