FrĂšres d'Italie (parti politique)
FrĂšres d'Italie (en italien : Fratelli d'Italia, abrĂ©gĂ© en FdI) est un parti politique italien d'extrĂȘme droite, dirigĂ© par Giorgia Meloni depuis 2014.
La formation est créée en , à la suite d'une scission entre le Peuple de la liberté et le courant national-conservateur de l'ancien parti Alliance nationale. Son premier président est Ignazio La Russa. Il est membre de la coalition de centre droit, avec la Ligue du Nord et Forza Italia.
Se prĂ©sentant comme un mouvement de droite conservateur, le parti milite pour la souverainetĂ© nationale, la lutte contre l'immigration, ainsi que pour la prĂ©servation des « traditions nationales ». Les mĂ©dias et les politologues l'ont dĂ©crit comme Ă©tant d'extrĂȘme droite, populiste de droite[25], national-conservateur[26] - [27], eurosceptique, nativiste[28] - [29], anti-immigrants et post-fasciste[14], bien que ce dernier terme â surtout utilisĂ© Ă l'Ă©tranger â ne fasse pas l'unanimitĂ©[30].
Histoire
Le parti est fondé en par plusieurs cadres de l'Alliance nationale, qui avait été absorbée en 2009 dans Peuple de la liberté (PdL) de Silvio Berlusconi, alors président du Conseil. Cependant, la fusion se déroule mal : Gianfranco Fini, assumant désormais une position libérale et europhile, rompt avec Berlusconi en 2010 et soutient le gouvernement Monti en 2011, laissant esseulée la faction national-conservatrice de l'ancien parti, nommée Droite protagoniste (Destra Protagonista), représentée par Ignazio La Russa et Maurizio Gasparri.
La Russa et Gasparri soutenaient la candidature d'Angelino Alfano à la primaire qui devait se dérouler au sein de la coalition berlusconienne en vue des élections de février 2013. à la suite de l'annulation de la primaire, ils décident de constituer un nouveau parti d'abord nommé FrÚres d'Italie - Centre droit national (FdI-CN), afin de peser au sein de la coalition de Silvio Berlusconi.
Lors de sa création, le parti compte onze députés, onze sénateurs, constitués en un groupe parlementaire sénatorial, et deux députés européens. Son président est Ignazio La Russa, secondé par Giorgia Meloni et par Guido Crosetto.
à l'issue des élections générales italiennes de 2013, qui ont lieu deux mois aprÚs sa création, le parti obtient 667 000 voix (2,0 %) et neuf députés à la Chambre des députés, mais aucun sénateur. Ces neuf députés obtiennent une dérogation pour former un groupe parlementaire avec pour nom « FrÚres d'Italie » et se placent dans l'opposition au gouvernement Letta puis au gouvernement Renzi.
En 2014, FdI-CN devient FrÚres d'Italie - Alliance nationale (FdI-AN), en référence à l'appellation de l'ancien parti Alliance nationale. Giorgia Meloni est élue présidente du parti et affiche alors sa proximité avec le Front national en France[31].
Lors des élections européennes de 2014, les listes de FrÚres d'Italie remportent 1 007 000 voix, mais restent, avec 3,66 %, en dessous du seuil de 4 % lui permettant d'envoyer des députés.
Depuis 2015, il a pour organe officiel Secolo d'Italia, qui était par le passé l'organe du MSI et de l'AN.
Fin 2017, le parti est rebaptisĂ© « FrĂšres d'Italie » (Fratelli d'Italia, abrĂ©gĂ© en FdI), ce qui Ă©tait l'appellation couramment utilisĂ©e depuis sa crĂ©ation. Ce nom renvoie Ă lâincipit de lâhymne italien[32].
Aux Ă©lections de 2018, le parti atteint 4,4 % des voix, plus du double qu'en 2013, et envoie 32 dĂ©putĂ©s et 18 sĂ©nateurs au Parlement. Il obtient ses meilleurs rĂ©sultats dans le Latium. Le parti concourait avec Forza Italia et la Lega dans la coalition de centre droit arrivĂ©e en tĂȘte (37 %), mais cette derniĂšre fut incapable de trouver une majoritĂ©.
Deux mois aprÚs les élections, le Mouvement 5 étoiles (32 %) fait un pacte de gouvernement avec la Lega de Matteo Salvini (17 %). FrÚres d'Italie ne vote pas la confiance au Gouvernement Conte, jugeant le Mouvement 5 étoiles « structurellement de gauche »[33], mais votant les décrets et les lois qui lui paraissent favorables.
En , comme Direzione Italia, FrĂšres dâItalie adhĂšre au Parti des conservateurs et rĂ©formistes europĂ©ens en vue des Ă©lections europĂ©ennes de mai 2019.
Seul parti de droite ou dâextrĂȘme droite Ă ne pas participer au gouvernement de Mario Draghi, FrĂšres dâItalie rĂ©alise une percĂ©e dans les sondages Ă partir de 2021, bĂ©nĂ©ficiant du rejet du gouvernement dans l'opinion publique. D'aprĂšs la politologue Sofia Ventura, « les dĂ©cisions adoptĂ©es par les deux gouvernements qui se sont succĂ©dĂ© depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie ont alimentĂ© le mĂ©contentement des catĂ©gories les plus touchĂ©es par la crise, qui rejettent aujourdâhui les autres partis politiques de droite et le Mouvement 5 Ă©toiles [M5S] et se tournent dĂ©sormais vers Fratelli dâItalia ». La communication et la personnalitĂ© de Giorgia Meloni semblent Ă©galement contribuer Ă ce succĂšs alors que les Ă©lecteurs potentiels paraissent mĂ©connaitre le programme du parti[34].
Lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales anticipĂ©es de 2022, Giorgia Meloni conduit son parti au sein d'une coalisation des droites qui regroupe principalement la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi. Pendant la campagne, les sondages donnent constamment cette alliance vainqueur des Ă©lections[35]. Le , FrĂšres d'Italie arrive en tĂȘte du scrutin, avec 26 % des suffrages, loin devant ses alliĂ©s de la Ligue (9 %) et de Forza Italia (8 %). La coalition de centre droit devançant largement la coalition de centre gauche et le Mouvement 5 Ă©toiles, Giorgia Meloni est la personne la plus susceptible de succĂ©der Ă Mario Draghi Ă la prĂ©sidence du Conseil des ministres.
Idéologie
Héritage et positionnement général
Ses références politiques se rattachent au nationalisme italien, au national-conservatisme et à la droite sociale[36]. Selon l'universitaire Piero Ignazi, spécialiste de Fratelli d'Italia, « son identité est en grande partie liée à des traditions post-fascistes. Mais son programme mélange cette tradition à certains éléments conservateurs et libéraux, comme la liberté d'entreprise et de licenciement »[14].
D'aprĂšs ses statuts, FrĂšres d'Italie se dĂ©finit comme « un mouvement qui vise Ă mettre en Ćuvre un programme politique qui, sur la base des principes de souverainetĂ© populaire, de libertĂ©, de dĂ©mocratie, de justice, de solidaritĂ© sociale, de mĂ©rite et de justice fiscale, s'inspire de la vision spirituelle de la vie, des valeurs des traditions nationales libĂ©rales et populaires, et participe Ă la construction de l'Europe des peuples »[37] - [38].
Le parti se veut le successeur de la formation d'extrĂȘme droite dâinspiration nĂ©ofasciste Mouvement social italien (MSI) de Gianfranco Fini et de son Alliance nationale (AN), ainsi qu'en tĂ©moigne le logo choisi en 2014 par les militants, composĂ© d'une mise en abyme des logos des deux anciens partis[39] - [40]. Selon le chercheur Pietro Castelli Gattinara, « la flamme tricolore que lâon voit sur leur logo reprend le symbole originaire du MSI, qui reprĂ©sentait la rĂ©surgence de lâesprit fasciste des vĂ©tĂ©rans de la RĂ©publique sociale italienne »[32]. Le logo est simplifiĂ© en 2017.
- Logo de 2014 Ă 2017.
- Logo depuis 2017.
Des cadres de FdI sont issus des formations de jeunesse du MSI et restent Ă des degrĂ©s divers nostalgiques de la dictature fasciste[41]. En , le parti organise un dĂźner Ă lâoccasion de l'anniversaire de la marche sur Rome, avec notamment Francesco Acquaroli, devenu ensuite prĂ©sident des Marches. En , le maire d'Ascoli Piceno fait distribuer Ă des Ă©coles des bandes dessinĂ©es fascistes, tandis que le dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© de l'Ă©ducation des Marches envoie une lettre aux Ă©lĂšves dans laquelle il indique que « nous devons nous souvenir des morts de la [Seconde] Guerre [mondiale] sans distinction de leur camp »[42]. FrĂšres dâItalie conserve des liens avec de petits partis ouvertement fascistes, comme CasaPound et Forza Nuova[43].
Giorgia Meloni propose d'abolir la fĂȘte nationale du (LibĂ©ration lors de la Seconde Guerre mondiale) et celle du (Festa della Repubblica), qui selon elle « sĂšment la division », pour les remplacer par une date jugĂ©e plus neutre et unificatrice : le 4 novembre (armistice de la PremiĂšre Guerre mondiale)[44].
Union européenne et international
Longtemps eurosceptique, Fratelli dâItalie a finalement renoncĂ© Ă militer pour la sortie de l'euro et de l'Union europĂ©enne.
Le parti est favorable à l'OTAN et défend une position atlantiste[34].
Lutte contre lâimmigration
Le parti est hostile Ă l'introduction du droit du sol, Ă l'abrogation du dĂ©lit d'immigration clandestine et Ă lâimmigration en gĂ©nĂ©ral[45]. Il souhaite Ă©galement interdire l'accĂšs aux ports pour les navires des ONG ayant repĂȘchĂ©s des migrants en mer, multiplier les centres de surveillance et expulser les migrants clandestins[34].
Ăconomie et fiscalitĂ©
FrĂšres d'Italie dĂ©fend une vision protectionniste[46] et nĂ©olibĂ©rale[32]. Selon le chercheur Lorenzo Castellani, « ses propositions sont un mĂ©lange particulier de rĂ©forme fiscale pour les producteurs (moins dâimpĂŽts), de corporatisme (aversion Ă la libĂ©ralisation) et dâinterventionnisme Ă©tatique (protectionnisme et industrie dâĂtat) »[47].
Il appelle Ă l'abrogation du pacte budgĂ©taire europĂ©en[48]. En 2014, Giorgia Meloni affirme quâil « ne convient pas au pays de rester dans la monnaie unique »[49]. En 2021, elle prĂ©cise quâelle nâa « jamais proposĂ© la sortie unilatĂ©rale de l'Italie de la zone euro » mais quâelle « pense que les monnaies sont un outil, pas un dieu » et que « l'euro a pĂ©nalisĂ© certaines Ă©conomies », notamment celle de lâItalie[50].
Le parti souhaite la suppression du revenu de citoyennetĂ© destinĂ© aux plus dĂ©favorisĂ©s, introduire la prĂ©fĂ©rence nationale dans l'accĂšs Ă lâemploi et au logement[34], et promet une politique fiscale favorable aux patrimoines et aux hauts revenus avec l'instauration dâun impĂŽt sur le revenu Ă taux unique et en rejetant l'idĂ©e d'un impĂŽt sur la fortune[51].
Giorgia Meloni est perçue comme la favorite des milieux d'affaires lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 2022[52]. Son parti est rejoint, dans les mois prĂ©cĂ©dents le scrutin, par de nombreux reprĂ©sentants patronaux et dâĂ©conomistes nĂ©olibĂ©raux auparavant proches de Silvio Berlusconi ou de Matteo Salvini. Giulio Tremonti, ministre de lâĂconomie et des Finances de Berlusconi, s'est ainsi affichĂ© lors de conventions organisĂ©es par les FrĂšres d'Italie[43].
Famille, droits des femmes et LGBT
La vision défendue par le parti est celle d'une famille « traditionnelle »[53] - [32]. FrÚres d'Italie s'oppose ainsi à la mise en place d'une union civile pour les couples homosexuels[54], au mariage homosexuel[55] et à l'adoption par de tels couples, une revendication que Giorgia Meloni a qualifiée de « caprice » car en opposition au « droit naturel d'avoir un pÚre et une mÚre »[56]. En 2022, FrÚres d'Italie dépose une proposition de loi faisant de la gestation pour autrui un crime passible de prison[32]. Le parti s'est par ailleurs opposé au vote de lois pénalisant des actes discriminatoires « fondés sur le sexe, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre »[57].
FrÚres d'Italie souhaite l'introduction du quotient familial, des crÚches gratuites, des allocations familiales de 400 euros par mois et des congés parentaux indemnisés à hauteur de 80 %, les deux pendant les six premiÚres années, l'application d'un taux de TVA réduit à 4 % sur les produits pour enfants et la déduction fiscale par reçus[58].
FrĂšres d'Italie est opposĂ© au droit Ă l'avortement et propose de mettre en place « un fonds pour supprimer les causes Ă©conomiques et sociales qui peuvent pousser les femmes Ă ne pas terminer leur grossesse », mettant en avant lâargument de la « prĂ©vention » et de la lutte contre la baisse de dĂ©mographie[32] - [59]. FrĂšres d'Italie entrave le droit Ă lâavortement dans plusieurs rĂ©gions dont il dirige lâexĂ©cutif : dans le PiĂ©mont, des aides financiĂšres sont prĂ©vues pour convaincre les femmes de ne pas avorter, et les associations antichoix sont soutenues ; la rĂ©gion des Marches refuse d'appliquer une directive nationale pour autoriser les femmes Ă subir des avortements non chirurgicaux en ambulatoire jusquâĂ neuf semaines de grossesse ; le conseil rĂ©gional des Abruzzes a organisĂ© un vote pour mettre en place des sĂ©pultures pour les fĆtus avortĂ©s[59]. Dans ces rĂ©gions, lâaccĂšs Ă la pilule du lendemain est quasi impossible alors qu'il est autorisĂ© par la loi[59].
Dirigeants
- â : Ignazio La Russa
- : Giorgia Meloni
DĂ©nomination
- â : FrĂšres d'Italie - Centre droit national (FdI-CN)
- â : FrĂšres d'Italie - Alliance nationale (FdI-AN)
- depuis le : FrĂšres d'Italie (FdI)
RĂ©sultats Ă©lectoraux
Ălections parlementaires
Année | Chambre des députés | Sénat | Coalition | Position | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Rang | SiĂšges | Voix | % | Rang | SiĂšges | |||
2013 | 666 035 | 2,0 | 8e | 9 / 630 |
590 083 | 1,9 | 7e | 0 / 315 |
Centre droit | Opposition |
2018 | 1 429 550 | 4,4 | 5e | 32 / 630 |
1 286 606 | 4,3 | 5e | 18 / 315 |
Opposition | |
2022 | 7 302 517 | 26,00 | 1er | 119 / 400 |
7 167 136 | 26,01 | 1er | 65 / 200 |
Meloni |
Ălections europĂ©ennes
Année | Chef de file | Voix | % | Rang | SiÚges | Groupe |
---|---|---|---|---|---|---|
2014 | Giorgia Meloni | 1 006 513 | 3,66 | 7e | 0 / 73 |
â |
2019 | 1 726 162 | 6,45 | 5e | 6 / 76 |
CRE |
Notes et références
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Voir aussi
Liens externes
- (it) Site officiel
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :