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ForĂȘt alluviale de Leipzig

La forĂȘt alluviale de Leipzig[3] - [4] (Leipziger Auwald [ˈlaÉȘÌŻpˌtÍĄsÉȘɥɐ ˈaÊŠÌŻËŒvalt][5]) est une des plus grandes forĂȘts alluviales et feuillues d'Europe centrale[6]. C'est une forĂȘt urbaine qui se situe presque intĂ©gralement dans le pĂ©rimĂštre d'une grande ville, celle de Leipzig dans le Land de Saxe en Allemagne. Elle constitue le cƓur forestier du bassin lipsien, sinon presque entiĂšrement dĂ©boisĂ©.

ForĂȘt alluviale de Leipzig
Image illustrative de l’article ForĂȘt alluviale de Leipzig
L'Ă©tang Papitzer Lachen dans la forĂȘt alluviale lipsienne
Localisation
CoordonnĂ©es 51° 19â€Č 02″ nord, 12° 21â€Č 24″ est
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Saxe
Commune Schkeuditz, Leipzig, Markkleeberg
GĂ©ographie
Superficie 2 424 ha[2]
Longueur 30 km
Largeur 2,5 km
Compléments
Statut domaniale et privée
GĂ©olocalisation sur la carte : Saxe
(Voir situation sur carte : Saxe)
ForĂȘt alluviale de Leipzig
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
ForĂȘt alluviale de Leipzig

GĂ©ographie

C'est une aire protĂ©gĂ©e par le Bundesamt fĂŒr Naturschutz, l'Office fĂ©dĂ©ral de protection de la nature. De catĂ©gorie V[7] dans la classification de l'union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l'espace protĂ©gĂ© s'Ă©tend sur 5 897 hectares (carte) mĂȘme si la surface densĂ©ment arborĂ©e n'est estimĂ©e qu'Ă  2 424 hectares dont 1 978 hectares de surface domaniale gĂ©rĂ©e par la commune de Leipzig[1].

Elle s'Ă©tend du nord au sud de Leipzig le long de l'Elster blanche, de la Pleiße et de leurs nombreuses anastomoses. Elle se rĂ©trĂ©cit au centre-ville dans une ripisylve rĂ©amĂ©nagĂ©e en espace vert, le parc Clara-Zetkin. On distingue donc la forĂȘt alluviale septentrionale de sa partie mĂ©ridionale.

MĂȘme si l'ensemble est un paysage protĂ©gĂ© (Landschaftsschutzgebiet) de l'UICN, il est composĂ© de diffĂ©rentes rĂ©serves naturelles (Naturschutzgebiete) aux normes plus pointues. La partie septentrionale de la forĂȘt, situĂ©e Ă  Schkeuditz, Leipzig-LĂŒtzschena-Stahmeln, Leipzig-Böhlitz-Ehrenberg, Leipzig-Wahren, Leipzig-Möckern, Leipzig-Leutzsch et Leipzig-Zentrum-Nordwest, renferme les rĂ©serves Luppeaue (598 ha) et Burgaue (270 ha).

La partie mĂ©ridionale de la forĂȘt, situĂ©e Ă  Leipzig-Schleußig, Leipzig-Connewitz, Leipzig-Großzschocher et Markkleeberg renferme les rĂ©serves de Elster- und Pleiße-Auwald (67 ha) au point de confluence entre la Pleiße et la dĂ©rivation infĂ©rieure de l'Elster blanche, et de Lehmlache Lauer (49 ha) aux abords du lac de Cospuden.

Ses points culminant sont les monts artificiels du Fockeberg (153 m) Ă  Leipzig-SĂŒdvorstadt et au nord le Nahleberg (143 m) Ă  Leipzig-Möckern et la RosentalhĂŒgel (128 m) Ă  Rosental, dans Leipzig-Zentrum-Nordwest.

Les sols sont légÚrement acides à neutres, d'un pH de 6 à 7[6].

Histoire

Le bassin lipsien s'est Ă©tabli pendant les deux derniers millions d'annĂ©es. Les strates de sĂ©diments atteignent dans la forĂȘt alluviale une Ă©paisseur de 10 Ă  20 mĂštres, composĂ©es de loam, de marne, de sable, de grave et d'argile. Pendant la glaciation elstĂ©rienne, de lacs d'une superficie pouvant aller jusqu'Ă  30 kmÂČ se sont formĂ©s dans la rĂ©gion dĂ©posant des alluvions de galets et de pierrailles. On observe aussi des reliquats de tillite issus d'une moraine de fond de la glaciation saalienne. Pendant la derniĂšre glaciation, la glaciation vistulienne, la calotte glaciaire ne s'Ă©tendait pas jusqu'Ă  Leipzig, mais les dĂ©pĂŽts fluviaux qui en ont rĂ©sultĂ© ont amenĂ© de la vase Ă  granulomĂ©trie fine qui explique la fertilitĂ© remarquable de la plaine[6].

Sur ces couches sĂ©dimentaires issues des pĂ©riodes glaciaires s'est superposĂ© il y a 7 000 ans une couche de loam alluvionnaire (Auelehm en allemand) de 2 Ă  4 mĂštres d'Ă©paisseur d'origine anthropique. La dĂ©forestation et le dĂ©frichage dans le bassin versant supĂ©rieur des cours d'eau lipsiens par les premiers peuplements rubanĂ©s[8] a entraĂźnĂ© la dĂ©gradation des sols et l'eau pluviale a transportĂ© des quantitĂ©s importantes de loam qui se sont dĂ©posĂ©es dans la plaine lipsienne en contrebas Ă  la faveur des crues.

C'est depuis la fondation de la ville au XIIe siĂšcle que la forĂȘt alluviale est affectĂ©e par les activitĂ©s humaines. Du loam est prĂ©levĂ© du lit majeur du fleuve pour la formation de briques, des lits de dĂ©rivations sont construits pour Ă©viter les inondations et des arbres sont abattus pour ĂȘtre transportĂ©s sur le fleuve jusqu'Ă  la vente sur la place du marchĂ© de Leipzig. Depuis le Moyen Âge, la forĂȘt alluviale est exploitĂ©e comme futaie par la ville. C'est Ă  partir du XIXe siĂšcle avec la rĂ©volution industrielle et l'essor dĂ©mographique de la ville que la forĂȘt ne subit plus d'intervention humaine et est relativement prĂ©servĂ©e, malgrĂ© l'augmentation de la pollution des eaux. Depuis 1912, les efforts lĂ©gaux pour protĂ©ger la forĂȘt se multiplient. C'est en 1963, pendant la mise en place du bassin minier du Sud-Lipsien, que la forĂȘt est classĂ©e rĂ©serve naturelle par les autoritĂ©s de la RDA et inscrite sur le registre de l'union internationale pour la conservation de la nature.

Flore, fonge et faune

La forĂȘt alluviale lipsienne tapissĂ©e d'ail des ours.

Le peuplement forestier a beaucoup Ă©voluĂ© ces 130 derniĂšres annĂ©es. PeuplĂ©e initialement de bois tendres comme l'aulne glutineux, le peuplier noir, le saule blanc ou le saule fragile, elle Ă©volue climaciquement vers une forĂȘt alluviale mĂ»re Ă  bois durs peuplĂ©e d'ormes, de chĂȘnes, d'Ă©rables ou de frĂȘnes (Querco-Ulmetum pour les phytosociologues). Mais d'autres facteurs bouleversent Ă©galement l'Ă©cosystĂšme : la graphiose a dĂ©cimĂ© de nombreux ormes champĂȘtres Ă  partir des annĂ©es 1960. De mĂȘme, les chĂȘnes pĂ©donculĂ©s qui constituent les arbres les plus ĂągĂ©s de la forĂȘt ne reprĂ©sentent dĂ©sormais plus que 20 % du peuplement forestier. À l'inverse, les jeunes peuplements de frĂȘnes Ă©levĂ©s (30 %), d'Ă©rables planes (20 %), d'Ă©rables sycomores, de tilleuls Ă  grandes feuilles ou de merisiers Ă  grappes tendent Ă  s'imposer. La prolifĂ©ration Ă©rabliĂšre est un symptĂŽme du manque de rĂ©gularitĂ© des crues, car cette essence supporte mal l'eau stagnante[9]. Les variations cycliques et saisonniĂšres du niveau d'eau que connaissait autrefois la forĂȘt sont remplacĂ©es par des crues plus incidentes entraĂźnant des fluctuations soudaines qui amĂšnent les sols Ă  s'assĂ©cher. L'inondation de l'ensemble de la forĂȘt a eu lieu lors de la crue de ou dans une moindre mesure en .

Quelques essences exogĂšnes Ă  la forĂȘt sont aussi prĂ©sentes comme le chĂȘne rouge d'AmĂ©rique, le robinier faux-acacia, le hĂȘtre commun ou le marronnier d'Inde. Dans les sous-bois, on trouve de nombreux spĂ©cimens de cornouiller sanguin, de fusain d'Europe, de sureau noir ou d'Ă©pine blanche[9]. Parmi les fleurs printaniĂšres qui poussent sur le sol, on trouve de la ficaire fausse-renoncule, du primevĂšre des bois et surtout de la nivĂ©ole de printemps, une espĂšce rare et rigoureusement protĂ©gĂ©e dont la densitĂ© dans la forĂȘt alluviale lipsienne est une des plus fortes d'Allemagne[10]. La forĂȘt lipsienne renferme Ă©galement une plante unique au monde : une espĂšce hybride entre l'anĂ©mone fausse renoncule et l'anĂ©mone sylvie nommĂ©e Anemone × lipsiensis Beck, soit l'anĂ©mone lipsienne. On trouve en outre du fumeterre creux, de l'arum tachetĂ©, des pulmonaires, des stellaires holostĂ©es, du lierre terrestre, des violettes, des myosotis des bois et surtout des tapis d'ail des ours[9]. Les plantes nitrophiles comme les solidages ou les orties sont aussi lĂ©gion dĂ» Ă  un apport d'azote en augmentation.

On estime Ă  environ 400 le nombre d'espĂšces de champignons prĂ©sents dans la forĂȘt, par exemple le tricholome de la Saint-Georges ou la vesse-de-loup gĂ©ante ou des parasites du bois comme le polypore soufrĂ©[9].

Les plus grands animaux vivant dans la forĂȘt sont le chevreuil et le daim. Il existe une importante population de sangliers qui peuvent parfois faire des dĂ©gĂąts. On rencontre Ă©galement nombre de renard roux, blaireau europĂ©en, grand campagnol, de hĂ©risson et d'Ă©cureuil.

Les espĂšces animales menacĂ©es prĂ©sentes dans la forĂȘt sont la loutre d'Europe, les chauves-souris grand murin et barbastelle d'Europe, le crapaud sonneur Ă  ventre de feu, le triton crĂȘtĂ©, le poisson bouviĂšre, la libellule ophiogomphe serpentin, les papillons azurĂ© des paluds, azurĂ© de la sanguisorbe et damier du frĂȘne ainsi que le scarabĂ©e pique-prune[11].

Usage

Environ 1163 ha de forĂȘt appartiennent Ă  la municipalitĂ© de Leipzig. Certaines parties de la forĂȘt qui jouxtent le centre-ville disposent d'un maillage de sentiers presque comparable Ă  un parc. La forĂȘt est donc trĂšs accessible Ă  tous les randonneurs, les cyclistes ou les cavaliers. Les vĂ©hicules Ă  moteurs y sont par contre interdits. La forĂȘt est entretenue de façon discrĂšte Ă  Leipzig pour minimiser l'impact humain : 8 000 m3 d'arbres sont abattus en moyenne chaque annĂ©e dans l'ensemble des forĂȘts lipsiennes. En 2016, 11 000 m3 ont Ă©tĂ© abattus car de nombreux frĂȘnes atteints de chalarose menaçaient de chuter sur les promeneurs[12].

Certains rassemblements informels sont parfois organisĂ©s en forĂȘt[13], particuliĂšrement dans le prĂ© aux nonnes (Nonnenwiese) dans le bois aux nonnes (Nonnenwald) Ă  Leipzig-Schleußig prĂšs du parc Clara-Zetkin. Cet endroit nommĂ© d'aprĂšs un ancien couvent de nonnes est particuliĂšrement riche en mythes et lĂ©gendes[14].

La forĂȘt renferme de nombreuses destinations touristiques comme le parc animalier (Wildpark) Ă  Leipzig-Connewitz, le Schlobachs Hof, ancien domaine seigneurial et actuel centre Ă©questre, le parc du chĂąteau de LĂŒtzschena (Schlosspark LĂŒtzschena), l'auberge Domholz (DomholzschĂ€nke) ou le lac alluvial (Auensee) de 12 ha Ă  Leipzig-Wahren.

Panorama

Image panoramique
Panorama de la forĂȘt alluviale Elster-Pleiße (Elster- und Pleißeauwald) depuis Fockeberg.

Articles connexes

Notes et références

  1. (de) « Stadtwald und Auenwald », sur leipzig.de,
  2. [1]
  3. Le sol vivant : Base de pédologie-biologie des sols, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Science et ingénierie de l'environnement », , 844 p. (ISBN 978-2-88074-718-3, lire en ligne), p. 555
  4. Mathias Merforth, Lukas Sroka, Lena Osswald, « La forĂȘt alluviale, nommĂ©e Auwald » [PDF], sur german-sustainable-mobility.de,
  5. Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
  6. (de) « Leipziger Auwald », sur mwiedemann.net
  7. (en) « Leipziger Auwald », sur protectedplanet.net
  8. (de) Judith GlĂ€ser, « Historische Auenwaldentwicklung im Leipziger Auenwald. » [PDF], sur Zentrum fĂŒr Umweltforschung Helmholtz,
  9. (de) « Fauna und Flora im Leipziger Auwald », sur Ökolöwe.de,
  10. (de) Der Leipziger Auwald : ein verkanntes Juwel der Natur, IĂ©na, Urania-Verlag, (ISBN 3-332-00538-3)
  11. (de) Philipp Steuer, « Der Auwald – Fauna, Flora, Habitate » [PDF], sur jimcontent.com
  12. (de) Lyn, « Eschentriebsterben in Leipzig: Stadt muss zahlreiche BÀume fÀllen », sur Leipziger Volkszeitung,
  13. (de) Evelyn Vehn, « Raus aus der Grauzone: Global Space Odyssey kĂ€mpft fĂŒr Sommerpartys am Lindenauer Hafen », sur Leipziger Volkszeitung,
  14. (de) Alexander Blöthner, Magische Orte in Leipzig und Umgebung : Sagen, Mythen, Legenden und AltertĂŒmer, vorzeitliche Flurnamen und FundstĂ€tten, heidnische Kult- und KultverdachtsplĂ€tze, vol. 1, Books on Demand Norderstedt, , 276 p. (ISBN 978-3-7412-9290-3, lire en ligne), p. 28
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