Crise finale du règne d'Isabelle II
La crise finale du règne d’Isabelle II est la quatrième et dernière période du règne d’Isabelle II d’Espagne selon une division commune dans l’historiographie. Elle commence en mars 1863 avec la chute du gouvernement de l’Union libérale du général Leopoldo O'Donnell et termine avec la révolution de 1868 qui mit fin à la Monarchie des Bourbon, avec l'exil de la reine et le début d’une nouvelle étape de l’histoire politique contemporaine de l’Espagne, le Sexenio Democrático (« les six ans démocratiques », 1868-1874).
Contexte : chute d’O'Donnell
Ă€ partir de 1861, la cohĂ©sion interne du parti qui soutenait le gouvernement O’Donnell commença Ă s’affaiblir en raison du manque d’une claire base idĂ©ologique, ses actions Ă©tant essentiellement basĂ©es sur la communautĂ© d’intĂ©rĂŞts. la signature en 1861 du traitĂ© de Londres par lequel l’Espagne s’engageait dans l’expĂ©dition du Mexique avec le Royaume-Uni et la France avait dĂ©jĂ suscitĂ© un vif dĂ©bat au Parlement sur la constitutionnalitĂ© de l’accord dans lequel certains dĂ©putĂ©s de l’Union libĂ©rale n’avaient pas soutenu le gouvernement. Le fractionnement du parti gouvernemental apparut Ă©galement lorsque fut votĂ©e le 16 dĂ©cembre 1861 une motion de confiance au gouvernement Ă laquelle environ 80 dĂ©putĂ©s refusèrent d’apporter leur soutien, parmi lesquels un des fondateurs de l’Union libĂ©rale, l’ancien ministre RĂos Rosas, qui comme les autres unionistes dissidents critiquaient le style personnaliste du gouvernement d’O’Donnell. Peu Ă peu ce groupe s’élargit Ă des figures importants au sein du parti comme Antonio Cánovas del Castillo, Alonso MartĂnez ou le gĂ©nĂ©ral Concha[1]. D’autres personnalitĂ©s se joignirent au secteur critiques, comme Alejandro Mon et les anciens progressistes « resellados » menĂ©s par Manuel Cortina et le gĂ©nĂ©ral Prim, qui finirent par rĂ©intĂ©grer les rangs du Parti progressiste[2].
De même émergea l’opposition des progressistes « purs » — ceux qui, à différence des progressistes « resellados » n'avaient pas intégré l'Union libérale à sa fondation en 1858 —, comme cela apparut en décembre 1861 lorsque le leader progressiste « pur » Salustiano de Olózaga dénonça devant les Cortès l’influence de la camarilla cléricale de la reine — menée par Sor Patrocinio (es) et à laquelle s’était jointe le père Claret, nouveau confesseur de la reine, et dont faisait également partie le nouveau « favori » de celle-ci Miguel Tenorio — qu’il accusait d’exercer une énorme influence sur le gouvernement d’O’Donnell, empêchant par exemple la reconnaissance par l’Espagne du royaume d'Italie car il était en conflit avec le pape de Rome, et d’être responsable du fait que les progressistes soient exclus du gouvernement par la Couronne. Son discours s’acheva avec une phrase célèbre : « Il y a des obstacles traditionnels qui s’opposent à la liberté de l’Espagne »«_
Vers le même moment commencèrent à émerger les dénonciations de corruption. Combinées à la pression de Napoléon III pour que le gouvernement condamne la conduite du général Prim qui avait ordonné unilatéralement le retrait du contigent espagnol dans l’expédition du Mexique, elles finirent par provoquer une crise de gouvernement à la mi-janvier 1863[4].
Début mars 1863, O’Donnell demanda à la reine la dissolution des Cortès, qui étaient ouvertes depuis 4 ans, afin de disposer d’un parlement plus favorable en mettant fin à la dissidence qui était apparue au sein de l’Union libérale[2]. Mais Isabelle II refusa, notamment en raison de l’opposition du gouvernement à ce que la reine mère Marie-Christine de Bourbon revienne en Espagne. O’Donnell présenta alors sa démission, qui fut acceptée par la reine, marquant la fin du « gouvernement long » de l’Union libérale[4].
Retour des modérés au pouvoir (1863-1865)
Gouvernement Miraflores et retrait des progressistes
Pour décider de qui remplacerait O'Donnell, la reine convoqua au palais le président du Congrès des députés, Diego López Ballesteros, et celui du Sénat, Manuel Gutiérrez de la Concha, qui lui conseillèrent de nommer un progressiste à la tête d’un nouveau gouvernement. La reine accepta la proposition mais lorsqu’elle s'entretint avec un commission du Parti progressiste incluant le « resellado » Manuel Cortina et le « pur » Pascual Madoz, ceux-ci ne donnèrent aucun nom pour présider l'exécutif et lui demandèrent du temps pour réorganiser le parti. Les deux secteurs progressistes se réunirent le 19 mars 1863 pour réunifier le parti devant l’imminence de son entrée au gouvernement. Lors de la réunion, on envisagea le général Juan Prim, qui maintenait d’excellentes relations avec la reine et qui avait de plus été l’homme politique progressiste qu’O’Donnell lui-même avait proposé à Isabelle II pour le remplacer[5].
Néanmoins la reine ne trouvait aucune figure politique volontaire pour prendre la tête du gouvernement avec un Parlement où l’Union libérale avait la majorité, sachant qu’elle ne pouvait octroyer le décret de dissolution des Cortès car elle l'avait déjà refusé à O'Donnell, ce qui aurait causé la démission de ce dernier. Elle fut ainsi contrainte de faire appel à l'ancien modéré, le marquis de Miraflores, qafin qu’il gouverne avec les Cortès telles quelles. Comme cela était prévisible, Miraflores du faire face à une forte opposition parlementaire, ce qui l’amena à suspendre les sessions du Parlement le 6 mai, avant de finalement obtenir de la reine le décret de dissolution à la mi-août 1863[6].
Miraflores se rĂ©unit avec le leader progressiste Salustiano de OlĂłzaga, Ă qui il offrit entre 50 et 70 dĂ©putĂ©s aux Nouvelles Cortès, qui auraient une majoritĂ© modĂ©rĂ©e et unioniste, mais OlĂłzaga, « après une première acceptation, finit par refuser cette manĹ“uvre »Las_razones_[de_OlĂłzaga]_pudieron_ser_el_purismo_ideolĂłgico,_o_el_rechazo_de_las_falsificaciones_electorales,_aunque_si_hubiera_sido_por_este_motivo_se_habrĂa_opuesto_desde_el_principio._Pudo_ser_por_cuestiones_polĂticas,_esto_es,_forzar_a_la_reina_y_a_los_otros_partidos_a_reconocer_la_injusticia_del_"desheredamiento_histĂłrico",_y_asegurar_su_gobierno_exclusivo_antes_de_las_elecciones,_y,_por_tanto,_mostrar_que_la_direcciĂłn_de_su_polĂtica_de_oposiciĂłn_desde_1858_habĂa_sido_correcta._Finalmente,_quizá_fueron_razones_personales,_pues_iba_a_ser_Prim,_un_reciĂ©n_llegado,_el_que_recogiera_el_fruto_de_su_labor_opositora,_e_incluso,_el_propio_[[Baldomero_Espartero|Espartero]],_que_OlĂłzaga_reconocĂa_más_popular_que_Ă©l''»_7-0">[7]. Miraflores avait posĂ© comme condition Ă la concession d’autant de dĂ©putĂ©s le renoncement des progressistes Ă la Milice nationale et au principe selon lequel le pouvoir lĂ©gislatif incomberait exclusivement au Parlement, et non au « Parlement avec le roi » commele stipulait la Constitution de 1845, ce qu’OlĂłzaga refusa[8].
Le ministre du Gouvernement Florencio RodrĂguez Vaamonde envoya alors des circulaires aux gouverneurs civils dans lesquelles, afin d´éviter que les progressistes obtiennent plus de sièges que ceux qu’avait pensĂ© lui « octroyer » le gouvernement, le droit de rĂ©union Ă©tait exclusivement restreint aux personnes ayant le droit de vote — soit 17 900 personnes dans toute l’Espagne, sur une population totale d’environ 17 millions d’habitants —[9]. Ces circulaires ordonnaient Ă©galement que la police exerce l’« influence morale » du gouvernement pour que soient Ă©lus les candidats qui avaient sa prĂ©fĂ©rence. Elles provoquèrent la rupture entre progressistes et modĂ©rĂ©s, rendant impossible la possibilitĂ© d’une alternance pacifiĂ©e des deux partis Ă la prĂ©sidence du gouvernement. Le 23 aoĂ»t 1863, un groupe de progressistes protestait publiquement contre les circulaires et annonçait qu’ils renonçaient Ă se rĂ©unir, et en attribuèrent la responsabilitĂ© des consĂ©quences au gouvernement. Le gĂ©nĂ©ral Prim s’entretint avec la reine Ă trois occasions afin de faire pression sur l'exĂ©cutif pour qu’il retire les circulaires, et sur la reine pour qu’elle les rectifie, mais il Ă©choua, si bien que le comitĂ© central du Parti progressiste rĂ©uni le 7 septembre 1863 dĂ©cida de retirer ses candidats des Ă©lections, ce qui affecta grandement la lĂ©gitimitĂ© du Parlement issue de ces dernières[10].
Retour de Narváez
Le gouvernement Miraflores ne dura que 10 mois, jusqu’au 17 janvier 1864. La raison de sa brièvetĂ© fut l’absence de soutien de la part des factions qui constituaient le Parti modĂ©rĂ©, si bien que lorsqu’il prĂ©senta devant les Cortès son projet de rĂ©forme de la Constitution de 1845 — prĂ©tendant introduire comme en 1853 les sĂ©nateurs hĂ©rĂ©ditaires —, il ne reçut pas l’appui de son propre parti. Ă€ Miraflores succĂ©da Lorenzo Arrazola, qui se prĂ©senta au Parlement comme le reprĂ©sentant du « parti modĂ©rĂ© historique » mais son gouvernement ne resta en fonctions que 40 jours. Il chuta car plusieurs ministres choisirent de dĂ©missionner plutĂ´t que cĂ©der Ă la pression du roi consort François d'Assise de Bourbon qui souhaitait la signature d’une concession de chemin de fer au financier JosĂ© de Salamanca, dont il allait recevoir une importante commission[11]. La reine choisit pour lui succĂ©der le vĂ©tĂ©ran modĂ©rĂ© Alejandro Mon. Ă€ la suite de cette dĂ©cision, les progressistes se sentirent trahis, la Couronne leur ayant promis de les appeler pour former un gouvernement. Lors du banquet organisĂ© le 3 mai 1864, qui rĂ©unit trois-mille personnes, fut adoptĂ© le slogan « Tout ou rien » (« O todo o nada »), exprimant que s’ils n’accĂ©daient pas au gouvernement ils maintiendraient leur retrait du Parlement. Ă€ cette occasion, Práxedes Mateo Sagasta parla de « dynastiques allant vers leur exil » (« dinastĂas marchando a su destierro »)[12].
Le gouvernement d’Alejandro Mon intégrait des modérés et des unionistes, si bien qu’il avait une base parlementaire plus large que les deux exécutifs précédents, en dépit de quoi il ne se parvint à se maintenir au pouvoir que 6 mois, jusqu’à ce qu’en septembre 1864 les ministres de l’Union libérale démissionnent afin de provoquer sa chute. Sa seule mesure importante fut l’approbation d’une nouvelle loi sur l’imprimerie, qui remplaça celle de Cándido Nocedal et fut rédigée par Antonio Cánovas del Castillo, dans laquelle était placée sous juridiction militaire les articles de presse qui « tendraient à relâcher la fidélité ou la discipline des forces armées »[13].
Selon Juan Francisco Fuentes, « Avec la démission d’Alejandro Mon prenait fin une période d’un an et demi d’instabilité présidé par des gouvernements au profil bas, aux bonnes intentions et maigre appui politique. […] On ne peut pas non plus dire que la reine et son entourage le plus conservateur montrât un excessif enthousiasme pour ce modérantisme en demi-teinte [un « modérantisme teinté d'unionisme »] »[14]. Des années plus, tard, l’écrivain Juan Valera décrivit ainsi la situation politique d’alors : « La couronne était sans nord, le gouvernement sans boussole, le Congrès sans prestige, les partis sans drapeau, les fractions sans cohésion, les individualités sans foi, le trésor exigu, le crédit à terre, les impôts dans les nuages, le pays dans l’inquiétude »[15].
Le 16 novembre 1864, la reine nomma finalement le général Narváez, seul politique qui pouvait réunir derrière lui un Parti modéré très divisé, afin qu’il forme, pour la sixième fois, un gouvernement — au moment même où le général Prim ne parvenait pas à faire abandonner aux progressistes leur pratique de retrait parlementaire —. Il est fort probable que la décision de la reine de nommer Narváez fût influencée par la reine mère Marie-Christine de Bourbon, qui pensa qu’il était capable de mettre fin au retrait des progressistes en annulant les circulaires restrictives du droit de réunion et en leur promettenat des élections propres — dans la mesure du possible pour cette époque —. Selon Jorge Vilches, Marie-Christine en vint à s'entretenir avec le général Espartero afin qu’il infléchisse la posture des progressistes, sans succès, et tenta même de faire en sorte que la reine Isabelle II renvoie la camarilla cléricale de son entourage — ce qui était un autre des arguments des progressistes pour motiver leur refus de participer aux institutions de la Monarchie —, mais elle essuya un refus de sa fille[16].
Narváez poursuivit la politique conciliatrice des gouvernements antérieurs — à peine nominé, il se déclara « plus libéral que Riego » —. Pour ce faire, il négocia avec O’Donnell l’alternance au pouvoir entre modérés et unionistes et prit quelques mesures d’ouverture, comme le maintien des fonctionnaires à leurs postes ou une amnistie pour les délits d'opinion, afin que les progressistes reviennent au Parlement[15].
Toutefois, lorsque Narváez convoqua des élections les progressistes choisirent de maintenir leur posture, affirmant qu’ils n’en changeraient que si la reine les appelait pour former un gouvernement, répétant le « tout ou rien » qu’ils avaient ratifiés en octobre à Madrid dans une assemblée des comités provinciaux du parti, au cours de laquelle 61 représentants s’étaient exprimés pour le retrait, et seulement 4 — Prim et ses suiveurs — contre. La politique de retrait rapprocha les progressistes avec le secteur libéral-démocratique du Parti démocrate mené par Emilio Castelar et qui défendait l’abstention de son propre parti et l’alliance avec les progressistes pour « humilier et vaincre les ennemis de la liberté »[17].
Narváez réagit en mettant fin rapidement à la politique de conciliation et se rapprocha de postures autoritaires, ce qui radicalisa encore davantage les progressistes, de plus en plus favorables à la méthode de l'insurrection et à un véritable régime démocratique, par exemple en développant un discours clairement anti-dynastique. Le progressiste Carlos Rubio déclara en 1865 : « La démocratie est aujourd’hui la théorie du parti progressiste ; le parti progressiste est la pratique de la démocratie »[18].
Un autre problème auquel dut faire face le gouvernement de Narváez fut la question romaine car Isabelle II s’opposait à l’intention du gouvernement et à toute la classe politique libérale de reconnaître le nouveau royaume d'Italie, en conflit avec la papauté à cause de l’« usurpation injuste » des États pontificaux — comme l’écrivit le pape Pie IX à la reine — par la monarchie italienne unifiée. « La question, qui trainait depuis 1861, contribua à donner de nouveaux arguments à la légende noire sur l’influence de la camarilla cléricale au Palais, à augmenter le discrédit personnel d’Isabelle II et, en dernier lieu, à affaiblir encore plus un système déjà en soi très fragile à cause de ses divisions internes et de la force croissante de l’opposition. La figure de la reine fut ainsi mise au centre même du débat public. Ceux qui questionnaient ouvertement non seulement son rôle politique — les fameux « obstacles traditionnels » — mais aussi pour sa conduite privée, marquée de façon contradictoire par son irrépressible vie amoureuse et par sa dévotion supersticieuse envers des figures comme le père Claret et sœur Patrocinio (es), connue populairement comme la religieuse des plaies »[19].
« Nuit de la Saint-Daniel » et chute de Narváez
Le déclencheur de la crise connue sous le nom de « nuit de la Saint-Daniel » fut la publication, les 21 et 22 février 1865, par le journal La Democracia de deux articles d’Emilio Castelar critiques envers la reine Isabelle II, respectivement intitulés ¿De quién es el patrimonio real? (« À qui est le patrimoine royal ? ») et El rasgo (« Le trait », en référence au « trait de générosité » attribué à la reine par certains[20]), qui faisaient référence à la décision de la reine de vendre certaines propriétés du patrimoine de la Couronne (es), céder 75 % du bénéfice résultant à l'État et garder pour elle-même 25 %. Selon les mots de Narváez, il s’agit là d’un geste « tellement grand, tellement extraordinaire, tellement sublime » qui fut applaudi par la majorité des députés qui qualifièrent Isabelle II d’« émule d’Isabelle la Catholique » et par la presse dynastique qui se perdit aussi en éloges. Au contraire, Emilia Castelar pensait qu’il n’y avait pas un tel « geste », ou de « trait [de générosité] », comme il le qualifia avec ironie, car en réalité la reine n’avait rien fait d’autre que s’approprier 25 % d’un patrimonione qui était « du pays […]. La maison royale rend au pays une propriété qui est au pays », et que le soi-disant « trait » était en réalité une « tromperie, une infraction à la loi, une menace […], et de tous les points de vue, l’une de ces manœuvres dont le parti modéré se vaut pour se maintenir au pouvoir que la volonté de la nation maudit »[21]. Ainsi, les articles de Castelar « mirent au jour le mystère [de la supposée générosité de la reine] : Isabelle, accablée par les dettes, se réservait 25 % du produit de la vente de biens qui, dans leur majorité, n’étaient pas de son patrimoine, mais de la nation »[22].
La réaction du gouvernement Narváez fut d’une grande virulence. Il destitua Castelar de sa chaire d’Histoire de l’université de Madrid, ainsi que les professeurs comme Nicolás Salmerón qui se montrèrent solidaires avec lui, ainsi que le recteur de l’université, Juan Manuel Montalbán, car il refusa de mettre en application ces destitutions. Le ministre du Gouvernement (Gobernación) Luis González Bravo déclara l’état de guerre en prévision d’incidents. Le 10 avril, jour de la Saint-Daniel, lorsque le nouveau recteur devait prendre solennellement possession de son poste, les étudiants manifestèrent dans les rues de la capitale espagnole en défense de Montalbán[23].
Le gouvernement fit alors intervenir la Garde civile à pied et à cheval, et lorsque les gardes arrivèrent à la Puerta del Sol, selon témoin, « sans recourir à l’intimation ou avertissement d’aucune sorte, ils se lancèrent avec une rage aveugle à utiliser leurs armes et à chasser la foule déconcertée ». Il y eut onze morts et 193 blessés, dans leur majorité des passants qui ne participaient pas au soulèvement étudiant, parmi lesquels des personnes âgées, des femmes et des enfants. En revanche, la Garde civile ne déplora qu’un seul blessé, une sentinelle à cheval qui avait reçu un jet de pierre — ce qui n’empêcha pas au ministre González Bravo d’assurer devant les Cortès qu’avait été « versé le sang de nos soldats » —. Selon Josep Fontana, ces évènements tragiques furent la conséquence d’« une attaque de fureur de Narváez et González Bravo, qui se considéraient défiés par les manifestants et incitèrent à l’attaque brutale »[24].
Les Ă©vènements de la nuit de la Saint-Daniel provoquèrent la chute du gouvernement de Narváez. Le lendemain le conseil des ministres se rĂ©unit et donna lieu Ă un intense dĂ©bat entre le ministre de l’Équipement — dont dĂ©pendait tout ce qui concernait l'Ă©ducation —, le vĂ©tĂ©ran libĂ©ral Antonio Alcalá Galiano et González Bravo, au cours duquel Alcalá Galiano souffrit d’une angine de poitrine et mourut peu après. Des dĂ©putĂ©s de l’Union libĂ©rale, comme Cánovas del Castillo, Posada Herrera et RĂos Rosas adressèrent Ă©galement leurs critiques Ă González Bravo — RĂos Rosas provoqua une commotion au Congrès des dĂ©putĂ©s lorsqu’il affirma : « ce sans pèse sur vos tĂŞtes » —[25]. Cette situation convainquit la reine qu’elle devait destituer Narváez, bien qu’elle attendĂ®t deux mois avant de faire de nouveau appel Ă O’Donnell en 21 juin 1865La_reina_no_tardĂł_en_retirar_su_confianza_al_general_Narváez,_cuyo_desaforado_autoritarismo_parecĂa_volverse_contra_los_intereses_de_la_corona._Se_imponĂa_un_discreto_giro_hacia_posiciones_más_templadas,_que_nadie_podĂa_encarnar_mejor_que_el_general_Leopoldo_O'Donnell''»_26-0">[26]. Isabelle II n’écouta pas O’Donnell qui lui avait manifestĂ© son souhait de se retirer de la politique et de partir Ă l’étranger, et ne suivit pas non plus les conseils de sa mère Marie-Christine de faire appel aux progressistes afin qu’ils rĂ©intègrent le rĂ©gime monarchique et cessent de conspirer contre elleLa_reina,_consciente_de_que_tan_sĂłlo_recurriendo_a_la_UniĂłn_Liberal_podĂa_manejar_aquella_compleja_situaciĂłn_sin_efectuar_cambios_polĂticos_importantes,_le_volviĂł_a_encargar_que_formase_gobierno''»_27-0">[27].
Retour de l'Union Libérale d'O'Donnell (1865-1866)
O'Donnel forma un gouvernement de l'Union libĂ©rale incluant notamment JosĂ© Posada Herrera au portefeuille de la GobernaciĂłn (Ă©quivalent de l’actuel celui de l’IntĂ©rieur) et Antonio Cánovas del Castillo Ă l’Outre-mer — le gĂ©nĂ©ral Serrano resta hors de l’exĂ©cutif pour occuper la capitainerie gĂ©nĂ©rale de Nouvelle-Castille qui incluait Madrid —[28]. La politique d’O’Donnell, influencĂ© par RĂos Rosas, chercha Ă consolider son parti comme alternative libĂ©rale du rĂ©gime isabellin, tandis que le Parti modĂ©rĂ© reprĂ©sentait l’alternative conservatrice, posant ainsi la base d’une alternance pacifique au pouvoir entre les deux partis « dynastiques », et ainsi consolider la Monarchie constitutionnelle d’Isabelle II. Dans ce but il commença Ă mettre en application une bonne partie du pouvoir des progressistes : division par deux du cens afin d’élargir le corps Ă©lectoral — qui passa de 170 000 Ă 400 000 individus —, l’établissement de la circonscription provinciale (contre les districts uninominaux), la dĂ©rogation de la loi sur l’imprimerie des modĂ©rĂ©s, particulièrement restrictive, l’établissement de jurys pour juger les dĂ©lits de presse, la poursuite du dĂ©samortissement des biens ecclĂ©asiastiques et la reconnaissance du royaume d’Italie. Les deux derniers points entraĂ®nèrent la protestation et furent condamnĂ©s par la hiĂ©rarchie de l'Église espagnole[29][30].
O'Donnell alla jusqu’à tenter de former un gouvernement de coalition entre unionistes et progressistes, proposition qui fut acceptĂ©e par Prim et LĂłpez Grado — directeur du pĂ©riodique El Progreso Constitucional — mais rejetĂ©e par Angel Fernández de los RĂos et Práxedes Mateo Sagasta, respectivement directeurs de La SoberanĂa Nacional y de La Iberia, si bien que le projet fut abandonnĂ©. O’Donnell « offrit » ensuite Ă Prim un groupe parlementaire important pour les progressistes s’il parvenait Ă mettre fin au retrait de ses membres du Parlement, mais sa proposition fut rejetĂ©e lors de la rĂ©union du comitĂ© gĂ©nĂ©ral du parti cĂ©lĂ©brĂ©e en novembre 1865 avec 12 votes pour et 83 contre[31].
Le général Prim opta alors pour la voie du pronunciamiento pour être nommé par la reine président du gouvernement, tentant de renouveler l’expérience de la Vicalvarada de 1854, sur les conseils d’O’Donnell lui-même[32]. Ainsi, le 3 janvier 1866 lança un pronunciamiento sans en informer le comité central du Parti progressiste, dans la localité madrilène de Villarejo de Salvanés. Prim prétendait mener un coup exclusivement militaire, sans appuis de civils car leur participation donnait lieu selon lui à « la perturbation qui amènent les juntes, qui s’établissent jusque dans les hameaux » et qui rendent difficiles « de rétablir le principe d'autorité »[33].
Le général Prim, à la tête des régiments de Calatrava et de Bailén stationnés à Aranjuez et Ocaña, tenta de se rendre de Villarejo à Madrid pour provoquer un changement forcé de gouvernement et éviter « que le peuple jette le trône par le balcon » ; « avec ses soldats, ilencerclerait Madrid ; la cour se rendrait et le pays aurait un gouvernement qui, sans sang ni trouble, aurait réalisé le changement politique ». Finalement le pronunciamiento échoua car d’autres unités militaires qui étaient censées être impliquées dans le coup ne s’y joignirent pas si bien que « les pronunciados passèrent plusieurs jours à virer dans les terres castillanes, dans l'attente vaine que d’autres forces les rejoignent, et finirent par passer au Portugal, sans attaquer Madrid »[34].
L’échec du pronunciamiento de Villarejo de Salvanés amena Prim à appuyer la ligne majoritaire de son parti, consistant en un retrait parlementaire et une alliance avec les démocrates. Dorénavant, il se consacra entièrement à fomenter une insurrection qui abatte la Monarchie d’Isabelle IIEl_fracaso_de_su_intentona_le_llevó_a_un_peregrinaje_por_diversas_capitales_europeas,_donde_se_dedicó_a_conspirar_abiertamente_con_progresistas_y_demócratas_en_pos_del_derrocamiento_de_Isabel_II''»_35-0">[35]. « Ainsi, Prim devint le leader, non seulement du progressisme, mais aussi du mouvement révolutionnaire, qui avait jusqu’alors manqué d’un homme de prestige à sa tête »[36].
Crise financière de 1866
Début 1866 éclata la première crise financière de l’histoire du capitalisme espagnol, provoquée par les compagnies ferroviaires, qui entraînèrent avec elles les banques et sociétés de crédit. À la suite de l’approbation au cours du Biennat progressiste de la loi sur les chemins de fer de 1855, de nombreux investisseurs avaient investi leurs capitaux dans les compagnies ferroviaires dont le cours des actions connaissait une forte augmentation, alimentant ainsi une spirale spéculative. Lorsque les lignes construites entrèrent en fonctionnement, il s'avéra que les attentes de bénéfices des investisseurs étaient exagérées — étant donné le bas niveau de développement de l'économie espagnole, les marchandises comme les passagers à transporter étaient peu nombreux — et la valeur des actions des compagnies s’effondra[37].
Deux ans auparavant, il apparaissait clairement que le cycle d’expansion de la période des gouvernements de l'Union libérale avait touché à sa fin. Cependant, rien n’avait été fait pour résoudre les problèmes de base de l’économie espagnole, puisque la croissance s’était basée « plus que sur une structure productive bien articulée », « sur la spéculation dans les chemins de fer et les finances ». Certains historiens placent ainsi en 1864 « la première crise moderne du système économique espagnol »[38]. Le premier secteur affecté fut l’industrie textile catalane, comme conséquence de la rareté du coton provoquée par la guerre de Sécession nord-américaine, que suivirent les compagnies ferroviaires, à cause de leur manque de rentabilité après la fin de la première phase de construction du réseau, et qui se reporta immédiatement sur le système bancaire, étant donnée l’étroite imbrication entre les deux milieux, avec d’importantes conséquences, comme des banqueroutes, un manque de liquidité, une baisse de la production de fer et, plus largement, une récession économique généralisée[39].
Le 1er février 1866, un groupe d’hommes politiques, de militaires et de financiers adressèrent à la reine un exposé sur la grave crise qui menaçait les secteurs ferroviaire et bancaire, et proposaient comme solution la concession de nouvelles subventions publiques aux compagnies de chemin de fer pour les sauver du dépôt de bilan. Parmi les signataires figuraient quelques un des principaux chefs d’entreprise du pays — Ignacio Bauer, Jaime Girona, José Campo Pérez, Bertrán de Lis — et des hommes politiques comme Alejandro Mon, José de Salamanca, Bravo Murillo ou le général Serrano, dont le nom apparaissait en premier. Il est certain que depuis les années 1850 avait commencé la création de liens étroits entre le monde des affaires et les principaux partis politiques — « La listes des politiques et généraux qui avaient prêté leur nom et leur influence aux banquers et compagnies ferroviaires serait interminable » —[40].
Les premières faillites de sociĂ©tĂ©s de crĂ©dit liĂ©es aux compagnies ferroviaires se produisirent en 1864, comme celle de la Caisse gĂ©nĂ©rale de crĂ©dit française, avec un siège Ă Madrid, qui suspendit les paiements en raison de la faible rentabilitĂ© de la ligne SĂ©ville-Jerez-Cadix dont elle Ă©tait le principal actionnaire, ou la Banque de Valladolid. En mai 1866, la crise affecta deux importantes sociĂ©tĂ©s de crĂ©dit de Barcelone, la Catalane gĂ©nĂ©rale de crĂ©dit et le CrĂ©dit mobilier barcelonais, ce qui causa une vague de paniqueEl_pánico_se_extendiĂł_por_todo_el_paĂs,_donde_afectĂł_inicialmente_a_sociedades_de_crĂ©dito_y_a_bancos,_que_arrastraban_en_su_caĂda_a_otras_empresas_que_se_encontraban_sin_liquidez_y_con_una_demanda_reducida,_como_consecuencia_de_la_ruina_de_quienes_habĂan_colocado_sus_ahorros_en_obligaciones_de_bancos_y_ferrocarriles''»_41-0">[41]. Le mois suivant se produisait le soulèvement manquĂ© de la caserne d'artillerie de San Gil, ce qui ajouta la crise politique Ă la crise Ă©conomique, compliquant encore cette dernièrela_pĂ©rdida_de_credibilidad_de_las_instituciones_polĂticas_añadĂa_aĂşn_mayor_dramatismo_a_la_situaciĂłn_econĂłmica''_42-0">[42].
En janvier 1867, Pascual Madoz, ministre du Budget durant le Biennat progressiste décrivait ainsi la situation politique de l’Espagne dans une lettre envoyée à son ami le général Prim[43] :
« La situation du pays est mauvaise, extrêmement mauvaise. Le crédit à terre[…] Les affaires, perdues […]. Personne ne paie parce que personne ne peut payer […]. L’Espagne est arrivée à une grande décadence, et moi, comme bon Espagnol, je souhaiterais qu’il y eût d’habiles moyens d’élever le prestige et la dignité de ce peuple, qui mérite un meilleur sort. »
Soulèvement de la caserne de San Gil et chute d’O’Donnell
Le 22 juin 1866 eut lieu à Madrid le soulèvement de la caserne de San Gil, protagonisé par des sergents et qui fut un échec retentissant. « Le fait est que les artilleurs de la caserne de San Gil, qui avaient prévu de surprendre leurs officiers de garde pour les enfermer, durent faire face au fait que l’un d’entre eux résistait et leur tirait dessus, ce qui donna lieu à un carnage et et déconcerta les plans d’actions prévus. En sortant en désordre de la caserne, environ 1 200 hommes errèrent dans les rues de Madrid avec 30 pièces d’artillerie, pendant que les deux-mille civils [progressistes et démocrates] qui s’étaient soulevés luttaient avec héroïsme dans les barricades, pour finir par succomber au milieu de la confusion générale »[44].
Le soulèvement Ă©choua mais O’Donnell se trouva dans une situation difficile Ă©tant donnĂ© que plusieurs officiers avaient Ă©tĂ© tuĂ©s par les insurgĂ©s — la version officielle fut que les sergents avaient « assassinĂ© leurs chefs » —, ce qui l’obligeait Ă appliquer une dure rĂ©pression[36]. Il mit en avant le fait que les sergents avaient « distribuĂ© des fusils aux civils prolĂ©taires qui accouraient pour les recevoir », ce qui lui sembla le dĂ©but d’une rĂ©volution sociale, si bien qu’il en arriver Ă affirmer devant les Cortès quelques jours plus tard que « les horreurs de la rĂ©volution française n’auraient Ă©tĂ© rien comparĂ© Ă ce qui se serait passĂ© ici […] ici il n’y avait d’autres principes ni d’autre objet que le saccage, l'assassinat et la disparition des fondements sociaux » et conclut son invervention en pressant les dĂ©putĂ©s d’oublier « nos petites dissensions […] pour faire face Ă la rĂ©volution sociale ». Selon Josep Fontana, « C’était une panique extravagante, car il s’agissait d’un soulèvement de progressistes et dĂ©mocrates, pas très diffĂ©rent dans son essence de celui de 1854, qui se proposait d’installer un gouvernement formĂ© par Prim, Sagasta, Ruiz Zorrilla ou Rivero (es) »Era_un_pánico_disparatado,_ya_que_se_trataba_de_un_levantamiento_de_progresistas_y_demĂłcratas,_no_muy_distinto_en_esencia_del_de_1854,_que_se_proponĂa_instalar_un_gobierno_formado_por_los_Prim,_Sagasta,_Ruiz_Zorilla_o_Rivero''»_45-0">[45].
La répression du soulèvement fut très dure. 66 personnes furent fusillées, dans leur grande majorité des sergents d’artillerie, ainsi que quelques soldats, en plus d’un civil et d’un carliste. la reine insista auprès d’O’Donnell pour que l’ensemble des détenus, près d’un millier, soient fusillés immédiatement, ce à quoi se refusa le chef du gouvernement[46].
D’autre part, le soulèvement révéla clairement que les progressistes s’étaient placés hors du système et avaient opté pour la voie révolutionnaire, ce qui indiquait l'échec de la stratégie de l’Union libérale et d’O'Donnell lui-même de les intégrer à travers une politique très libérale, en assumant un grand nombre de leurs propositions, dans la finalité de former avec eux le parti libéral du régime isabellin qui alternerait au pouvoir avec le parti conservateur, que représentaient les modérés. La reine destitua O’Donnell et fit de nouveau appel à Narváez afin de former un gouvernement. Selon Josep Fontana, le motif de la destitution était que la reine reprocha à O'Donnell avait été trop indulgent dans la répression du soulèvement des sergents[47]. « On dit que cela avait été la pire décision politique prise par la reine au long de son règne, derrière laquelle nombreux furent ceux qui virent l’influence de son confesseur, le père Claret, partisan résolu d’une politique autoritaire et ultramontaniste […] [et qui n’avait jamais pardonné] à O’Donnell la reconnaissance du royaume d’Italie »[48].
Derniers gouvernements modérés et fin de la Monarchie d’Isabelle II (1866-1868)
Dernier gouvernement de Narváez (juillet 1866-avril 1868)
Le septième gouvernement du gĂ©nĂ©ral Narváez opta pour une poltique autoritaire et rĂ©pressive. Il ne laissa pas de place au doute Ă ce sujet, lorsque dès le premier jour de son entrĂ©e en fonction le gĂ©nĂ©ral dĂ©clara devant les Cortès que la prioritĂ© Ă©tait « la question de l’ordre public, celle qui intĂ©resse tous les Espagnols », avant de suspendre les garanties constitutionnelles et de dĂ©crĂ©ter la fermeture temporaire du Parlement. Parmi les principales victimes de la rĂ©pressions se trouvèrent les professeurs de l’universitĂ© de Madrid, bien que plusieurs mois soient passĂ©s depuis la nuit de la Saint-Daniel, car un grand nombre d’entre eux Ă©taient krausistes, qui Ă©taient considĂ©rĂ©s par les nĂ©o-catholiques — prĂ©dominants dans l’entourage de la reine et dans le gouvernement modĂ©rĂ© — comme une espèce de secte qui voulait abattre la religion et la monarchie. Ainsi, le 22 janvier 1867, le nĂ©o-catholique Manuel Orovio, ministre de l’Équipement (Fomento), dĂ©crĂ©ta la destituton de leurs chaires des professeurs Emilio Castelar, Julián Sanz del RĂo, Fernando de Castro et Nicolás SalmerĂłn. Cette dĂ©cision et d’autres abus amenèrent un groupe de dĂ©putĂ©s Ă tenter de faire parvenir leur protestation Ă la reine mais le gouvernement les en empĂŞcha et le manifeste fut saisi. La spirale rĂ©pressive en vint Ă atteindre jusqu’aux prĂ©sidents du Congrès et du SĂ©nat — deux unionistes de poids : Antonio de los RĂos Rosas et le Serrano —, qui furent dĂ©tenus et exilĂ©s[49]. On leur reprocha d’avoir cautionnĂ© un Ă©crit prĂ©sentĂ© Ă la reine par une commission de parlementaires demandant la rĂ©ouverture des Cortès avant la fin de l’annĂ©e, conformĂ©ment Ă la Constitution espagnole de 1845. Ses signataires furent exilĂ©s aux BalĂ©ares et aux Canaries sur ordre du gouvernement, bien que Serrano, initialement enfermĂ© dans un château militaire, fĂ»t autorisĂ© Ă se rendre Ă l’étranger grâce Ă l’intercession de la reine[50].
La politique autoritaire et répressive du gouvernement Narváez rendit impossible l’alternance au pouvoir avec l’Union libérale d’O’DOnnell, qui opta pour faire le « vide au Palais » — selon l’expression d’O’Donnell lui-même —, autrement dit se retirer du Sénat. O’Donnell en arriva même à envisager l’abdication de la reine Isabelle II en faveur de son fils Alphonse — le futur Alphonse XII —, âgé de seulement neuf ans. En revanche, il refusa catégoriquement de négocier toute initiative avec les progressistes, pour qui il se sentait « meurtri en raison des évènements de la caserne de San Gil, et spécialement pour Prim ». C’est seulement après la mort d’O’Donnell en novembre 1867O'Donnell_falleció_de_tifus_el_5_de_noviembre_de_1867_y_en_sus_funerales_solemnes_en_Madrid,_donde_Narváez_hizo_su_elogio,_no_hubo_ni_siquiera_representación_de_la_familia_real''»_51-0">[51] que l’Union libérale — alors menée par le général Serrano — se joignit au pacte d'Ostende qu’avaient signé un an auparavant progressistes et démocrates[52].
Ce dernier, nommé d’après la ville de Belgique où il fut signé le 16 août 1866, comprenait deux points«_
_2Âş,_nombramiento_de_una_asamblea_constituyente,_bajo_la_direcciĂłn_de_un_Gobierno_provisorio,_la_cual_decidirĂa_la_suerte_del_paĂs,_cuya_soberanĂa_era_la_ley_que_representase,_siendo_elegida_por_sufragio_universal_directo.
« 1º, détruire ce qui existe dans les hautes sphères du pouvoir ;
2º, nomination d’une assemblée constituante, sous le direction d’un gouvernement provisoire, qui déciderait du sort du pays, dont la souveraineté était la loi qui le représentât, étant élue au suffrage universel direct. »
La rĂ©daction ambigĂĽe du premier point permettait d’incorporer au système d'autres personnalitĂ©s et forces politiques. Ainsi, après la mort d'O'Donnell, Prim et Serrano — paradoxalement, le mĂŞme militaire qui avait dirigĂ© la rĂ©pression du soulèvement de la caserne de San Gil — signèrent un accord en mars 1868 dans lequel l’Union libĂ©rale se joignait au manifesteCon_esto_la_UniĂłn_Liberal_aceptaba_la_entrada_en_un_nuevo_proceso_constituyente_y_en_la_bĂşsqueda_de_una_nueva_dinastĂa,_y,_segĂşn_el_punto_segundo_[del_pacto_de_Ostende],_la_soberanĂa_Ăşnica_de_la_naciĂłn_y_el_sufragio_universal''»_54-0">[54]Serrano_estaba_dolido_por_la_ofensa_que_se_le_habĂa_hecho_al_arrestarle_y_le_preocupaba_además,_como_presidente_del_consejo_de_administraciĂłn_de_Ferrocarriles_del_Norte,_conseguir_auxilios_del_gobierno_para_una_empresa_cuya_cuenta_general_de_explotaciĂłn_registrĂł_pĂ©rdidas_en_1866_y_1867._Todo_lo_cual_facilitĂł_su_aproximaciĂłn_al_grupo_de_progresistas_y_demĂłcratas_que_habĂan_negociado_el_Pacto_de_Ostende''»_55-0">[55].
Le Parlement fermé en juillet 1866 ne réouvrit pas car il fut dissout et de nouvelles élections furent convoquées pour le début de 1867. L’« influence morale » du gouvernement donna une majorité si écrasantes aux députés le représentant que l’Union libérale, qui était ce qui se rapprochait le plus d'une opposition parlementaire, se trouva réduite à quatre députés. De plus, dans le nouveau règlement des Cortès approuvé en juin 1867, trois mois après leur ouverture, le vote de censure à l'exécutif fut supprimé, ce qui réduisit considérablement ses facultés de contrôle de l'action gouvernementale[56]. Les Cortès déclarèrent malgré tout le gouvernement « libre de toute responsabilité » pour tout ce qu'il avait fait lors de sa fermeture, ce qu’un député de l'oppisition qualifia de « coup d'État »[57].
Crise de subsistance de 1867-1868
À la crise financière de 1866 vint s’ajouter une grave crise de subsistance les deux années suivants, en raison des mauvaises récoltes de ces années, dans un moment où « le pays se trouva totalement dépourvu de réserves car les exportations à Cuba, en France ou en Angleterre l'avaient pratiquement vidé »[58]. La première montée du prix du blé se produisit en septembre 1866 à cause de la rareté de cette céréale, dont d’importantes quantités avaient été exportées pour réduire le déficit de la balance commerciale après deux ans d'excellentes récoltes. Le problème s'aggrava avec la mauvaise récolte de 1867. « Le prix du blé monta au cours de l’année agricule de 1867-1868 de 37 % par rapport à l'année antérieure, et de 64 % par rapport à 1865-1856 ». Pour tenter de pallier la crise, le dernier gouvernement de Narváez approuva un décret en mars 1868 qui mettait fin à la traditionnelle politique protectionniste et laissait totalement libre de frais de douane les importations de blé et de farines — la mise en œuvre de cette mesure n’était pas justifiée par une adhésion aux principes du libéralisme économique mais pour répondre au mécontentement populaire et aux révoltes sociales de 1868 —[59].
Ceux qui furent affectés par la crise de subsistance ne furent pas les hommes d’affaires ou politiques, comme dans la crise financière, mais les classes populaires en raison de la rareté et de la cherté de produits basiques comme le pain. Des émeutes populaires eurent lieu dans différentes grandes villes, comme à Séville, où le prix du blé en vint à être multiplié par six, ou à Grenade, au cri de « pain à huit [réaux] ». La crise de subsistance se vit aggravée par l'augmentation du chômage provoqué par la crise économique qui suivit la crise financière et affecta surtout deux secteurs qui offraient le plus de travail, les travaux publics — y compris les chemins de fer — et la construction. Ainsi, comme l’a souligné les historiographie économique, ces années connurent la confluence de deux types de crise, une moderne de type capitaliste qui générait du chômage et une autre tradictionnelle, de subsistance, qui provocait inflation et pénurie. La coïncidence des deux crise créait « des conditions explosives qui donnaient des arguments aux secteurs populaires pour s’incorporer à la lutte contre le régime isabellin »[60].
Le problème affectait particulièrement les villes d’une certaine importance, comme le reflètent les actes du conseil municipal de Madrid, dans lesquels apparaissent les problèmes qu’il avait pour tenter de rémédier à la situation ainsi que les mesure qui furent mises en place, qui rappelaient certaines adoptées par les autorités durant l’Ancien Régime : « depuis la mise en vente de pain de qualité infâme et les souscriptions aurpès des habitants afin de donner des rations quotidiennes aux classes nécessiteuses, jusqu’à la traditionnelle distribution de potage dans les centres de bienfaisance »[61].
Derniers gouvernements de la Monarchie (avril-septembre 1868)
Le 23 avril 1868 mourut le général Narváez, quelques mois après O'Donnell, ce qui laissa la reine avec peu de possibilités. Celle-ci nomma alors l'ultra-conservateur et ministre du Gouvernement (Gobernación) Luis González Bravo nouveau président du gouvernement. À ce moment, « La Monarchie s'était située à un point de non-retour. Morts O’Donnell et Narváez et les principaux généraux unionistes en pleine débandade, comme Prim — passé au progressisme —, Serrano — ancien favori de la reine — ou Dulce, la solitude politique de la reine était incontestable. Selon Carmen Llorca, avec la mort de Narváez le règne d’Isabelle II pouvait être virtuellement considéré comme terminé. Devant un tel panorama, le choix de la reine fut de renforcer encore plus la tournure autoritaire en confiant à Luis González Bravo la formation d’un nouveau gouvernement »[62].
Lorsque ce dernier se présenta devant les Cortès il définit son gouvernement comme une « résistance à toute tendance révolutionnaire ». Il ferma immédiatement le Parlement et ordonna la détention et l'exil des principaux généraux de l’Union libérale — Francisco Serrano, Domingo Dulce, Fernando Fernández de Córdova et Antonio Caballero y Fernández de Rodas —. La réponse de l'opposition antidynastique fut le pacte de Bruxelles du 30 juin 1868 dans lequel furent ratifiés les objectifs du pacte d’Ostende[63].
Une preuve supplémentaire de l'isolement du régime fut le décret que promulgua le gouvernement en juillet 1868 qui ordonnait l'exil du duc de Montpensier et de son épouse, la sœur de la reine, car on soupçonnait qu’il aspirait au trône une fois qu’il se serait trouvé vacant après le succès du pronunciamiento que l’on savait en gestation. Montpensier était le candidat qui avait la préférence des généraux unionistes dans l'hypothèse d’une chute prochaine d’Isabelle II, si bien que cette décision amena davantage de commandements militaires, parmi eux l'amiral Juan Bautista Topete, à ce joindre au mouvement opposé à la reine[64].
Revolution de 1868
Le 16 septembre, le général Prim arriva à Cadix en provenance de Londres via Gibraltar. Deux jours plus tard, l'amiral Juan Bautista Topete se soulevait à la tête d’une escadre. Le 19, après l’arrivée du général Serrano des Canaries et du reste des généraux unionistes impliqués, Topete lut un manifeste rédigé par l’écrivain unioniste Adelardo López de Ayala qui justifiait le pronunciamiento et se concluait par le cri « Vive l’Espagne avec honneur ! » (« ¡Viva Españ con honra! ») qui passa à la postérité. Dans les jours suivants, le soulèvement s’étendit dans le reste du pays, à commencer par l’Andalousie[65].
Le jour mĂŞme de la publication du manifeste des insurgĂ©s, suivant le conseil Ă la reine du prĂ©sident du gouvernement Luis González Bravo conseilla de le remplacer par un militaire afin de mener au mieux la lutte armĂ©e, le gĂ©nĂ©ral JosĂ© GutiĂ©rrez de la Concha fut nommĂ© Ă la tĂŞte de l’exĂ©cutif. Ce dernier maintint presque tous les ministres en place et nomma González bravo au portefeuille de la GobernaciĂłn — Ă©quivalent du ministère de l’IntĂ©rieur —, poste qu’il avait dĂ©jĂ occupĂ© Ă trois reprises par le passĂ©. Concha organisa comme il put une armĂ©e dans la capitale, Ă©tant donnĂ© le manque de soutien qu’il trouva parmi les commandements militaires, qu’il envoya en Andalousie sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Manuel PavĂa y Lacy, marquis de Novaliches, afin de mettre fin Ă la rĂ©bellion. Concha conseilla dans un premier temps Ă la reine, qui passait ses vacances estivales Ă Saint-SĂ©bastien de rentrer Ă Madrid, mais peu de temps après le dĂ©but de son voyage en train, il lui envoya un tĂ©lĂ©gramme lui demandant Ă prĂ©sent de rester sur place car la situation des forces loyales au rĂ©gimes avaient dorĂ©navant empirĂ©[66].
Le 28 septembre eut lieu la dĂ©cisive bataille du pont d'Alcolea (province de Cordoue), remportĂ©e par les forces insurgĂ©es sous le commandement de Serrano, avec le soutien de milliers de volontaires armĂ©s. Le lendemain, le soulèvement triomphait Ă Madrid et le surlendemain Isabelle II abandonnait l’Espagne depuis Saint-SĂ©bastienEl_30_de_septiembre,_a_las_once_de_la_mañana,_saliĂł_para_la_frontera_francesa,_en_medio_de_la_indiferencia_general,_el_tren_que_llevaba_al_exilio_a_la_reina,_acompañada_de_su_familia_(el_rey_consorte_la_abandonarĂa_muy_pronto,_para_irse_a_vivir_con_[[Antonio_RamĂłn_Meneses|Meneses]])_y_de_toda_su_[[Cour_des_Miracles|corte_de_los_milagros]]''»._67-0">[67]. La rĂ©sistance des forces loyales Ă la reine s’évanouit dès lors et le 8 octobre fut formĂ© un gouvernement provisoire prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral Serrano, et incluant le gĂ©nĂ©ral Prom et l’amiral Topete, marquant le triomphe de la rĂ©volution de 1868 — « La Glorieuse » —[68].
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Crisis final del reinado de Isabel II » (voir la liste des auteurs).
- Fuentes 2007, p. 221.
- Vilches 2001, p. 59.
- «_
Hay_obstáculos_tradicionales_que_se_oponen_a_la_libertad_de_España. _»-3" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 305-306. « Hay obstáculos tradicionales que se oponen a la libertad de España. » - Fontana 2007, p. 306.
- Vilches 2001, p. 59-61.
- Fontana 2007, p. 315-316.
- Las_razones_[de_OlĂłzaga]_pudieron_ser_el_purismo_ideolĂłgico,_o_el_rechazo_de_las_falsificaciones_electorales,_aunque_si_hubiera_sido_por_este_motivo_se_habrĂa_opuesto_desde_el_principio._Pudo_ser_por_cuestiones_polĂticas,_esto_es,_forzar_a_la_reina_y_a_los_otros_partidos_a_reconocer_la_injusticia_del_"desheredamiento_histĂłrico",_y_asegurar_su_gobierno_exclusivo_antes_de_las_elecciones,_y,_por_tanto,_mostrar_que_la_direcciĂłn_de_su_polĂtica_de_oposiciĂłn_desde_1858_habĂa_sido_correcta._Finalmente,_quizá_fueron_razones_personales,_pues_iba_a_ser_Prim,_un_reciĂ©n_llegado,_el_que_recogiera_el_fruto_de_su_labor_opositora,_e_incluso,_el_propio_[[Baldomero_Espartero|Espartero]],_que_OlĂłzaga_reconocĂa_más_popular_que_Ă©l''»-7" class="mw-reference-text">Vilches 2001, p. 61. «Las razones [de OlĂłzaga] pudieron ser el purismo ideolĂłgico, o el rechazo de las falsificaciones electorales, aunque si hubiera sido por este motivo se habrĂa opuesto desde el principio. Pudo ser por cuestiones polĂticas, esto es, forzar a la reina y a los otros partidos a reconocer la injusticia del "desheredamiento histĂłrico", y asegurar su gobierno exclusivo antes de las elecciones, y, por tanto, mostrar que la direcciĂłn de su polĂtica de oposiciĂłn desde 1858 habĂa sido correcta. Finalmente, quizá fueron razones personales, pues iba a ser Prim, un reciĂ©n llegado, el que recogiera el fruto de su labor opositora, e incluso, el propio Espartero, que OlĂłzaga reconocĂa más popular que Ă©l»
- Vilches 2001, p. 61-62.
- Fontana 2007, p. 317.
- Vilches 2001, p. 62-63.
- Fontana 2007, p. 317-318.
- Fontana 2007, p. 319.
- Fontana 2007, p. 318.
- Fuentes 2007, p. 222-223.
- Fuentes 2007, p. 223.
- Vilches 2001, p. 65-66.
- Vilches 2001, p. 66-67.
- Fuentes 2007, p. 224.
- Fuentes 2007, p. 224-225.
- (es) Luis de Sosa (es), « "El Rasgo": Un incidente universitario en nuestro siglo XIX », Revista de estudios polĂticos, nos 17-18,‎ (ISSN 0048-7694, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Fuentes 2007, p. 225.
- Fontana 2007, p. 321.
- Fuentes 2007, p. 225-226.
- Fontana 2007, p. 321-322.
- Fontana 2007, p. 322.
- La_reina_no_tardĂł_en_retirar_su_confianza_al_general_Narváez,_cuyo_desaforado_autoritarismo_parecĂa_volverse_contra_los_intereses_de_la_corona._Se_imponĂa_un_discreto_giro_hacia_posiciones_más_templadas,_que_nadie_podĂa_encarnar_mejor_que_el_general_Leopoldo_O'Donnell''»-26" class="mw-reference-text">Fuentes 2007, p. 226. «La reina no tardĂł en retirar su confianza al general Narváez, cuyo desaforado autoritarismo parecĂa volverse contra los intereses de la corona. Se imponĂa un discreto giro hacia posiciones más templadas, que nadie podĂa encarnar mejor que el general Leopoldo O'Donnell»
- La_reina,_consciente_de_que_tan_sĂłlo_recurriendo_a_la_UniĂłn_Liberal_podĂa_manejar_aquella_compleja_situaciĂłn_sin_efectuar_cambios_polĂticos_importantes,_le_volviĂł_a_encargar_que_formase_gobierno''»-27" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 323. «La reina, consciente de que tan sĂłlo recurriendo a la UniĂłn Liberal podĂa manejar aquella compleja situaciĂłn sin efectuar cambios polĂticos importantes, le volviĂł a encargar que formase gobierno»
- Fuentes 2007, p. 226.
- Vilches 2001, p. 67.
- Fontana 2007, p. 323-324.
- Vilches 2001, p. 68.
- Vilches 2001, p. 69-70.
- Fontana 2007, p. 323.
- Fontana 2007, p. 325.
- El_fracaso_de_su_intentona_le_llevó_a_un_peregrinaje_por_diversas_capitales_europeas,_donde_se_dedicó_a_conspirar_abiertamente_con_progresistas_y_demócratas_en_pos_del_derrocamiento_de_Isabel_II''»-35" class="mw-reference-text">Fuentes 2007, p. 226. «El fracaso de su intentona le llevó a un peregrinaje por diversas capitales europeas, donde se dedicó a conspirar abiertamente con progresistas y demócratas en pos del derrocamiento de Isabel II»
- Vilches 2001, p. 70.
- Fuentes 2007, p. 229-230.
- Suárez Cortina 2006, p. 19.
- Suárez Cortina 2006, p. 19-20.
- Fuentes 2007, p. 230-231.
- El_pánico_se_extendiĂł_por_todo_el_paĂs,_donde_afectĂł_inicialmente_a_sociedades_de_crĂ©dito_y_a_bancos,_que_arrastraban_en_su_caĂda_a_otras_empresas_que_se_encontraban_sin_liquidez_y_con_una_demanda_reducida,_como_consecuencia_de_la_ruina_de_quienes_habĂan_colocado_sus_ahorros_en_obligaciones_de_bancos_y_ferrocarriles''»-41" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 330. «El pánico se extendiĂł por todo el paĂs, donde afectĂł inicialmente a sociedades de crĂ©dito y a bancos, que arrastraban en su caĂda a otras empresas que se encontraban sin liquidez y con una demanda reducida, como consecuencia de la ruina de quienes habĂan colocado sus ahorros en obligaciones de bancos y ferrocarriles»
- la_pĂ©rdida_de_credibilidad_de_las_instituciones_polĂticas_añadĂa_aĂşn_mayor_dramatismo_a_la_situaciĂłn_econĂłmica''-42" class="mw-reference-text">Fuentes 2007, p. 232. «la pĂ©rdida de credibilidad de las instituciones polĂticas añadĂa aĂşn mayor dramatismo a la situaciĂłn econĂłmica
- Fuentes 2007, p. 232.
- Fontana 2007, p. 326.
- Era_un_pánico_disparatado,_ya_que_se_trataba_de_un_levantamiento_de_progresistas_y_demĂłcratas,_no_muy_distinto_en_esencia_del_de_1854,_que_se_proponĂa_instalar_un_gobierno_formado_por_los_Prim,_Sagasta,_Ruiz_Zorilla_o_Rivero''»-45" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 326-327. «Era un pánico disparatado, ya que se trataba de un levantamiento de progresistas y demĂłcratas, no muy distinto en esencia del de 1854, que se proponĂa instalar un gobierno formado por los Prim, Sagasta, Ruiz Zorilla o Rivero»
- Fontana 2007, p. 327.
- Fontana 2007, p. 328.
- Fuentes 2007, p. 227.
- Fuentes 2007, p. 227-228.
- Fontana 2007, p. 342-343.
- O'Donnell_falleció_de_tifus_el_5_de_noviembre_de_1867_y_en_sus_funerales_solemnes_en_Madrid,_donde_Narváez_hizo_su_elogio,_no_hubo_ni_siquiera_representación_de_la_familia_real''»-51" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 328. «O'Donnell falleció de tifus el 5 de noviembre de 1867 y en sus funerales solemnes en Madrid, donde Narváez hizo su elogio, no hubo ni siquiera representación de la familia real»
- Vilches 2001, p. 70-71.
- «_
1º,_destruir_lo_existente_en_las_altas_esferas_del_poder; _»-53" class="mw-reference-text">Vilches 2001, p. 71. « 1º, destruir lo existente en las altas esferas del poder;
_2Âş,_nombramiento_de_una_asamblea_constituyente,_bajo_la_direcciĂłn_de_un_Gobierno_provisorio,_la_cual_decidirĂa_la_suerte_del_paĂs,_cuya_soberanĂa_era_la_ley_que_representase,_siendo_elegida_por_sufragio_universal_directo.
2Âş, nombramiento de una asamblea constituyente, bajo la direcciĂłn de un Gobierno provisorio, la cual decidirĂa la suerte del paĂs, cuya soberanĂa era la ley que representase, siendo elegida por sufragio universal directo. » - Con_esto_la_UniĂłn_Liberal_aceptaba_la_entrada_en_un_nuevo_proceso_constituyente_y_en_la_bĂşsqueda_de_una_nueva_dinastĂa,_y,_segĂşn_el_punto_segundo_[del_pacto_de_Ostende],_la_soberanĂa_Ăşnica_de_la_naciĂłn_y_el_sufragio_universal''»-54" class="mw-reference-text">Vilches 2001, p. 71. «Con esto la UniĂłn Liberal aceptaba la entrada en un nuevo proceso constituyente y en la bĂşsqueda de una nueva dinastĂa, y, segĂşn el punto segundo [del pacto de Ostende], la soberanĂa Ăşnica de la naciĂłn y el sufragio universal»
- Serrano_estaba_dolido_por_la_ofensa_que_se_le_habĂa_hecho_al_arrestarle_y_le_preocupaba_además,_como_presidente_del_consejo_de_administraciĂłn_de_Ferrocarriles_del_Norte,_conseguir_auxilios_del_gobierno_para_una_empresa_cuya_cuenta_general_de_explotaciĂłn_registrĂł_pĂ©rdidas_en_1866_y_1867._Todo_lo_cual_facilitĂł_su_aproximaciĂłn_al_grupo_de_progresistas_y_demĂłcratas_que_habĂan_negociado_el_Pacto_de_Ostende''»-55" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 343-344. «Serrano estaba dolido por la ofensa que se le habĂa hecho al arrestarle y le preocupaba además, como presidente del consejo de administraciĂłn de Ferrocarriles del Norte, conseguir auxilios del gobierno para una empresa cuya cuenta general de explotaciĂłn registrĂł pĂ©rdidas en 1866 y 1867. Todo lo cual facilitĂł su aproximaciĂłn al grupo de progresistas y demĂłcratas que habĂan negociado el Pacto de Ostende»
- Fuentes 2007, p. 228.
- Fontana 2007, p. 343.
- LĂłpez-CordĂłn 1976, p. 2.
- Suárez Cortina 2006, p. 20-21.
- Fuentes 2007, p. 233.
- LĂłpez CordĂłn 1976, p. 3.
- Fuentes 2007, p. 229.
- Fuentes 2007, p. 227; 229.
- Fontana 2007, p. 348-349.
- Fontana 2007, p. 351-352.
- Fontana 2007, p. 352-353.
- El_30_de_septiembre,_a_las_once_de_la_mañana,_saliĂł_para_la_frontera_francesa,_en_medio_de_la_indiferencia_general,_el_tren_que_llevaba_al_exilio_a_la_reina,_acompañada_de_su_familia_(el_rey_consorte_la_abandonarĂa_muy_pronto,_para_irse_a_vivir_con_[[Antonio_RamĂłn_Meneses|Meneses]])_y_de_toda_su_[[Cour_des_Miracles|corte_de_los_milagros]]''».-67" class="mw-reference-text">Fontana 2007, p. 354. «El 30 de septiembre, a las once de la mañana, saliĂł para la frontera francesa, en medio de la indiferencia general, el tren que llevaba al exilio a la reina, acompañada de su familia (el rey consorte la abandonarĂa muy pronto, para irse a vivir con Meneses) y de toda su corte de los milagros».
- Fuentes 2007, p. 235.
Annexes
Bibliographie
- (es) Josep Fontana, Historia de España, vol. 6 : La Ă©poca del liberalismo, Barcelone-Madrid, CrĂtica/Marcial Pons, (ISBN 978-84-8432-876-6)
- (es) Juan Francisco Fuentes, El fin del Antiguo RĂ©gimen (1808-1868). PolĂtica y sociedad, Madrid, SĂntesis, (ISBN 978-84-975651-5-8)
- (es) MarĂa Victoria LĂłpez-CordĂłn, La revoluciĂłn de 1868 y la I RepĂşblica, Madrid, Siglo XXI, (ISBN 84-323-0238-4)
- (es) Manuel Suárez Cortina, La España Liberal (1868-1917) : PolĂtica y sociedad, Madrid, SĂntesis,
- (es) Jorge Vilches, Progreso y Libertad : El Partido Progresista en la Revolución Liberal Española, Madrid, Alianza Editorial, (ISBN 84-206-6768-4)