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Angine de poitrine

L'angine de poitrine , ou angor (en latin : angina pectoris ou angor pectoris, « constriction de la poitrine »), est un symptĂŽme cardiaque caractĂ©risant la maladie coronarienne et se manifestant par une douleur thoracique rĂ©sultant d'un manque d'apport d'oxygĂšne au myocarde, le plus souvent consĂ©cutive Ă  une diminution du dĂ©bit sanguin dans une artĂšre coronaire (on parle de stĂ©nose coronarienne). Ce manque d'oxygĂšne au niveau du cƓur est appelĂ© ischĂ©mie du myocarde. L'angine de poitrine est un symptĂŽme commun mais inconstant de l'ischĂ©mie du myocarde : cette douleur survient typiquement lors d'un effort et cesse Ă  l'arrĂȘt de ce dernier. C'est ce qui peut aider Ă  distinguer l'angine des autres types de douleurs thoraciques.

Angine de poitrine
Description de l'image AMI pain front.png.

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

L'angor stable entre dans le cadre du « syndrome coronarien chronique Â»[1].

Histoire

Au début du XVIIIe siÚcle, Giovanni Maria Lancisi décrivit des douleurs thoraciques d'effort qu'il estima liées à une anomalie cardiaque mais sans envisager son origine coronaire. Nicolas-François Rougnon décrivit en 1768 les manifestations de cette maladie à partir du cas du capitaine Charles, officier de cavalerie.

La paternité de la découverte est attribuée à William Heberden, qui en a fait une description plus complÚte à partir d'une vingtaine de cas, et qui lui a donné le nom d'angine de poitrine. Heberden fit sa description magistrale le avec description des symptÎmes, pronostic, etc. mais ne publia qu'en 1772 sous le nom d'Angina pectori[2].

L'origine coronaire de l'affection fut l'Ɠuvre d'Edward Jenner aprĂšs l'Ă©tude autopsique d'un cƓur aux coronaires calcifiĂ©es.

Physiopathologie

L'angor est dĂ» Ă  une ischĂ©mie myocardique, gĂ©nĂ©ralement consĂ©cutive Ă  une stĂ©nose coronarienne. Les artĂšres coronaires fournissent le sang et l'oxygĂšne au cƓur. Le rĂ©trĂ©cissement de ces artĂšres est trĂšs souvent provoquĂ© par la formation d’une plaque d’athĂ©rome (dĂ©pĂŽts gras et fibreux), ce qui rĂ©trĂ©cit le diamĂštre des artĂšres et entraĂźne une diminution du flux sanguin. Il en rĂ©sulte une inadĂ©quation entre les besoins en oxygĂšne du myocarde et les apports par la circulation coronarienne. Cette inadĂ©quation est d’autant plus importante lors d’un effort physique. Le systĂšme nerveux rĂ©agit en Ă©mettant des signaux de douleur, ce qui explique la douleur ressentie pendant l’effort.

Classiquement, l'ischémie est de courte durée et réversible lors d'un angor, sans destruction cellulaire. Elle est prolongée et responsable d'une destruction cellulaire significative lors d'un infarctus du myocarde.

Il peut exister une ischĂ©mie cardiaque (avec ou sans angine de poitrine) sans athĂ©rome coronarien. C'est le cas, par exemple, lors d'un angor de Prinzmetal oĂč les artĂšres coronaires se rĂ©trĂ©cissent brutalement par un spasme, le plus souvent transitoire. C'est le cas aussi au cours des cardiomyopathies hypertrophiques oĂč le rĂ©seau coronarien normal est insuffisant pour fournir une oxygĂ©nation adĂ©quate Ă  un muscle trĂšs augmentĂ© en volume et avec une demande d'oxygĂšne majorĂ©e.

Une ischémie myocardique transitoire peut n'entraßner aucune douleur : on parle alors d'« ischémie silencieuse ». elle peut se manifester par une altération de la contraction d'une ou de plusieurs parois cardiaques (visualisée par exemple lors d'une échocardiographie de stress) et par des perturbations de l'activité électrique (visualisée à l'électrocardiogramme lors d'une épreuve d'effort).

Classification

L'angine de poitrine est dite « stable » si les douleurs sont anciennes, survenant pour le mĂȘme type de circonstance, sans aggravation rĂ©cente. Il entre dans le cadre du « syndrome coronarien chronique »

L'angine de poitrine est dite « instable » (ou « syndrome de menace ») si la ou les douleurs sont d'apparition récentes, ou deviennent plus fréquentes ou apparaissent dans des circonstances pour lesquelles elles n'existaient pas auparavant. L'angor instable entre dans le cadre du syndrome coronarien aigu et nécessite une hospitalisation en urgence.

Suivant les circonstances d'apparition, on parle d'angor d'effort, de repos, de primodécubitus


La Canadian Cardiovascular Society a par ailleurs proposé une classification en fonction de la sévérité de l'angor :

  • classe 1 : les activitĂ©s quotidiennes ne sont pas limitĂ©es. L’angor survient lors d’efforts soutenus, abrupts ou prolongĂ©s ;
  • classe 2 : limitation discrĂšte lors des activitĂ©s quotidiennes. L’angor survient Ă  la marche rapide ou en cĂŽte (lors de la montĂ©e rapide d’escaliers), en montagne, aprĂšs le repas, par temps froid, lors d’émotions, au rĂ©veil ;
  • classe 3 : limitation importante de l’activitĂ© physique. L’angor survient au moindre effort (marche Ă  plat sur une courte distance, 100 Ă  200 m, ou lors de l’ascension Ă  pas lent de quelques escaliers) ;
  • classe 4 : impossibilitĂ© de mener la moindre activitĂ© physique sans douleur.

Facteurs de risque

Facteurs de risque non modifiables :

  • le sexe (les hommes sont davantage touchĂ©s par cette cardiopathie) ;
  • l'Ăąge ;
  • les antĂ©cĂ©dents familiaux.

Facteurs de risque sur lesquels il est possible d'agir en prĂ©vention, par ordre d’influence :

Autres facteurs, le stress[3] et la sédentarité qui sont bien établis mais qui posent le problÚme de leur mesure qui est difficile.

L'obésité est également un facteur de risque mais dont l'indépendance est discutée. L'obésité est fortement associée à l'hypertension artérielle, au diabÚte et à l'hypercholestérolémie ; c'est également le cas de l'élévation des triglycérides. L'ensemble de ces éléments constituant le syndrome métabolique.

Certains Ă©lĂ©ments pourraient avoir un effet protecteur : la consommation journaliĂšre de fruits et lĂ©gumes, la consommation modĂ©rĂ©e d’alcool, la pratique rĂ©guliĂšre d’exercice physique.

SymptĂŽmes

L'angine de poitrine stable survient typiquement Ă  l'effort. La douleur se situe le plus frĂ©quemment derriĂšre le sternum : elle est dite « rĂ©trosternale ». Souvent elle s’étend Ă©galement le long du bras gauche, dans le dos, sur les cĂŽtĂ©s, dans la rĂ©gion supĂ©rieure de l'abdomen, dans le bras gauche, le cou, la mĂąchoire ou mĂȘme les dents. Parfois, la douleur peut se produire dans ces rĂ©gions, mais pas dans la poitrine. Elle est souvent dĂ©crite soit comme un vague endolorissement, une pression ou comme une douleur constrictive (sensation d'Ă©tau). Elle est prolongĂ©e d'au moins quelques minutes. Ainsi, il est peu probable qu'une douleur de quelques secondes soit liĂ©e Ă  une douleur angineuse.

On peut l'estimer en nombre d'Ă©tages ou en distance de marche qui la provoque.

Il existe d'autres circonstances de déclenchement :

  • le primo-dĂ©cubitus (ou premier coucher) (retour accĂ©lĂ©rĂ© du sang vers le cƓur) ;
  • la digestion (consommation d'Ă©nergie par le systĂšme digestif) ;
  • les rapports sexuels ;
  • les Ă©motions.

La crise doit céder en quelques minutes (pour un angor stable), surtout s'il y a prise de trinitrine (vasodilatateur coronaire).

Si les crises reviennent souvent, deviennent pire que d'habitude à un niveau d'effort donné, se manifestent au repos ou persistent, il s'agit plutÎt d'un angor instable (appelé aussi syndrome de menace), faisant craindre la survenue d'un infarctus du myocarde.

Si la douleur persiste, il peut s'agir d'un infarctus du myocarde en cours de constitution, requérant une prise en charge médicale urgente.

La douleur est fréquemment atypique.

Examen clinique

Il peut ĂȘtre totalement normal. On doit rechercher les facteurs de risque par l'interrogatoire (tabagisme, antĂ©cĂ©dents familiaux, bilans sanguins prĂ©cĂ©dents) et la mesure de la pression artĂ©rielle.

Certains signes peuvent conforter le diagnostic, notamment en cas d'atteinte d'autres axes vasculaires (abolition d'un pouls, présence d'un souffle vasculaire), ou orienter vers une cause précise (présence d'un souffle cardiaque évocateur d'un rétrécissement aortique).

Diagnostic

L’interrogatoire est un Ă©lĂ©ment clĂ© du diagnostic. GrĂące aux caractĂ©ristiques de la douleur, aux antĂ©cĂ©dents cardiaques et vasculaires du patients et aux facteurs de risque associĂ©s, on va pouvoir estimer une probabilitĂ© plus ou moins Ă©levĂ©e de diagnostic d'angor.

L'électrocardiogramme de repos est normal en dehors des crises et si le patient n'a jamais fait d'infarctus. La biologie est normale avec un taux bas de troponine dans le sang, une élévation de cette derniÚre signifiant souvent une évolutivité de la maladie et requérant un avis spécialisé rapide, voire une hospitalisation.

En cas de doute diagnostiquĂ©, les explorations sont poursuivies par un test d'ischĂ©mie. Le plus simple est l'Ă©preuve d'effort oĂč un Ă©lectrocardiogramme est rĂ©alisĂ© Ă  diffĂ©rentes phases d'un effort de plus en plus important. Cet examen tend Ă  ĂȘtre remplacĂ© par une scintigraphie myocardique ou par une Ă©chographie de stress[1]. En cas d'impossibilitĂ© de rĂ©aliser un effort, peuvent ĂȘtre faites une Ă©chocardiographie dobutamine (injection d'un mĂ©dicament qui va accĂ©lĂ©rer la frĂ©quence cardiaque) ou une scintigraphie myocardique-dipyridamole.

Une autre possibilitĂ© est de visualiser directement les artĂšres coronaires, soit par un scanner coronaire, soit par une coronarographie. Ce dernier examen reste l'examen de rĂ©fĂ©rence et permet de proposer parfois dans un mĂȘme temps un traitement spĂ©cifique, l'angioplastie coronaire.

Traitement

La prise en charge de l'angine de poitrine stable a fait l'objet de la publication de recommandations par des sociétés savantes internationales. Celles de l'European Society of Cardiology datent de 2019[1], celles, américaines, de 2014[4].

Traitement de la crise

Afin de stopper la douleur, il faut le plus rapidement possible arrĂȘter l'effort et prendre un dĂ©rivĂ© nitrĂ© par voie sublinguale (ex : trinitrine ou nitroglycĂ©rine). C’est un vasodilatateur qui dilate les artĂšres pĂ©riphĂ©riques, diminuant ainsi le travail du myocarde. Une administration sous la langue permet Ă  la substance active de pĂ©nĂ©trer plus rapidement dans le sang et de soulager plus rapidement la douleur.

Traitement de fond

Le traitement a deux intĂ©rĂȘts :

  • diminuer ou supprimer toute douleur ;
  • rĂ©duire le risque de survenue d'un accident cardiaque : angor instable, infarctus, mort subite


Certains traitements ne jouent que sur l'un des deux aspects, ce qui explique la nécessité d'un traitement combiné.

Le choix entre un traitement médicamenteux et une revascularisation dépend du type des lésions sur les artÚres coronaires et la sévérité des symptÎmes, ainsi que du terrain. En premiÚre intention, une attitude invasive (coronarographie suivie de revascularisation) n'a pas démontré de supériorité par rapport à un traitement simplement médicamenteux[5].

Lutte contre les facteurs de risque

Le seul moyen d'inverser le cours de la maladie est d'adopter un mode de vie sain[6] :

Dans tous les cas, une statine est prescrite, mĂȘme si le taux de cholestĂ©rol sanguin est normal, l'adjonction de ce type de molĂ©cule ayant prouvĂ© une diminution du risque de survenue d'un accident cardiaque ultĂ©rieur.

Traitements anti-angineux et anti-agrégants

Les bĂȘta-bloquants et quelques inhibiteurs calciques comme le mibĂ©fradil rĂ©duisent les besoins en oxygĂšne du cƓur. Ils ralentissent la frĂ©quence cardiaque et abaissent la pression artĂ©rielle.

Les dĂ©rivĂ©s nitrĂ©s aident Ă  dilater les artĂšres pĂ©riphĂ©riques et Ă  diminuer la charge du cƓur, rĂ©duisant de fait sa consommation d'oxygĂšne, de mĂȘme que les inhibiteurs calciques.

D'autres mĂ©dicaments permettent Ă©galement d'amĂ©liorer les symptĂŽmes : l'isradipine permet de ralentir le cƓur lorsque les bĂȘta-bloquants sont contre-indiquĂ©s ou pas assez efficaces. La trimĂ©tazidine, comme la ranolazine (ce dernier n'Ă©tant pas disponible en France), a un effet anti-ischĂ©mique.

Les antiagrégants plaquettaires comme l'aspirine sont donnés pour prévenir la formation de caillots qui bloqueraient les artÚres coronaires. Ils n'ont pas d'effet sur les symptÎmes de l'angine mais diminuent le risque d'accident évolutif.

Revascularisation

L’angioplastie consiste en la dilatation de l’artùre puis la mise en place d’un stent pour conserver ce nouveau diamùtre.

Le pontage coronarien est une opĂ©ration chirurgicale oĂč on rattache des vaisseaux d’une autre partie du corps aux artĂšres coronaires rĂ©trĂ©cies.

Le choix entre ces deux techniques dépend du nombre et du type des lésions sur les artÚres coronaires, du terrain (ùge et maladies associées).

Ni l'angioplastie ni le pontage ne retirent les plaques. Si les facteurs de risque en cause ne sont pas pris en compte, il est probable que les artĂšres s'obstruent de nouveau.

Notes et références

  1. Knuuti J, Wijns W, Saraste A et al. 2019 ESC guidelines for the diagnosis and management of chronic coronary syndromes: The Task Force for the diagnosis and management of chronic coronary syndromes of the European Society of Cardiology (ESC), Eur Heart J, 2020;41:407–477
  2. (en)Heberden W, Some account of a disorder of the breast. Heberden W. Some account of a disorder of the breast, Medical Transactions, 1772;2:59-67.
  3. (en) Linden W, Stossel C, Maurice J, « Psychosocial interventions for patients with coronary artery disease: a meta-analysis », Arch Intern Med., vol. 156, no 7,‎ , p. 745–52 (PMID 8615707).
  4. Fihn SD, Blankenship JC, Alexander KP et al. 2014 ACC/AHA/AATS/PCNA/SCAI/STS Focused update of the guideline for the diagnosis and management of patients with stable ischemic heart disease, Circulation, 2014;130:1749-1767.
  5. Maron DJ, Hochman JS, Reynolds HR et al. Initial invasive or conservative strategy for stable coronary disease, N Engl J Med, 2020;382:1395-1407
  6. Balazs I Bodai, Therese E Nakata, William T Wong et Dawn R Clark, « Lifestyle Medicine: A Brief Review of Its Dramatic Impact on Health and Survival », The Permanente Journal, vol. 22,‎ (ISSN 1552-5767, PMID 29035175, PMCID PMC5638636, DOI 10.7812/TPP/17-025, lire en ligne, consultĂ© le )
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