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Corylus avellana (Noisetier)

Corylus avellana, communément appelé le Noisetier ou le Coudrier, est une espÚce d'arbustes de 5 à 8 mÚtres de hauteur et appartenant au genre Corylus et à la famille des Bétulacées[1].

Les quinze espĂšces du genre Corylus qui donnent toutes des fruits Ă  coque contenant une amande comestible, sont aussi nommĂ©es en français « noisetier ». Deux espĂšces de Corylus sont indigĂšnes en Europe, Corylus avellana et Corylus colurna, le « Noisetier de Byzance », prĂ©sent dans les Balkans, la Roumanie et la Turquie. Pour distinguer Corylus avellana des autres, on l’appelle gĂ©nĂ©ralement « Noisetier commun » ou « Noisetier europĂ©en »[2].

Le Noisetier commun est un arbuste spontanĂ© dans l’ensemble de l’Europe jusqu’à l’Oural et l’Anatolie du Nord. C’est une plante des bois, des haies et des jardins qui donne un fruit comestible apprĂ©ciĂ©, la noisette. Il a un bois souple.

Il a été la source de nombreux cultivars en Europe et en Turquie qui furent sélectionnés à partir des populations locales de noisetiers sauvages. Une variété à gros fruits est parfois appelée « Avelinier ».

La Turquie est depuis longtemps le premier producteur et exportateur mondial de noisettes, avec 67 % de la production mondiale en 2017. En seconde position vient l’Italie, avec 13 %. La filiĂšre de la noisette est aussi bien dĂ©veloppĂ©e aux États-Unis et en Chine, deux pays oĂč Corylus avellana n’est pas indigĂšne.

Étymologie

En 1753, Carl LinnĂ© nomme le Noisetier commun Corylus avellana qu’il classe dans les Monoecia polyandria[3] (Species plantarum, 1753). Le nom de genre Corylus vient de Corolus, nom latin du noisetier[n 1] qui dĂ©riverait du grec Korus (ÎșÎżÏÎčς), « casque », en rĂ©fĂ©rence Ă  la forme des cupules membraneuses et frangĂ©es qui entourent la noisette.

L’épithĂšte spĂ©cifique Avellana se rapporterait Ă  la ville italienne d'Avella, dans la province d'Avellino (Campanie, Italie), dont les noisettes Ă©taient rĂ©putĂ©es[4], Ă  moins qu'il ne dĂ©rive du gaulois Aballo, « pomme »[5]. Une « aveline » est une grosse noisette presque ronde[6] et « avelinier » le nom ancien de cette sorte de noisetier[7].

L’arbuste produisant des « petites noix » (noisettes) a Ă©tĂ© d’abord dĂ©signĂ© en français par les termes de coldre (XIe siĂšcle), coudre (1179), couldrier (1503) puis coudrier (1555, Ronsard). Puis en 1530, apparaĂźt en français noisettier (avec deux t), car le terme est dĂ©rivĂ© de noisette (« petite noix ») par le suffixe -ier* sur le modĂšle de : abricot > abricotier, amande > amandier. L’EncyclopĂ©die de Diderot (publiĂ©e de 1751 Ă  1772, Ă  l’époque de LinnĂ©) , dĂ©nomme l’espĂšce sauvage « coudrier » et la variĂ©tĂ© cultivĂ©e pour son fruit comestible le « noisettier » [8]. Parmi ces derniers sont distinguĂ©s sept types diffĂ©rents dont le noisetier Ă  gros fruit rond (l’aveline qui ne mĂ»rit bien que dans les pays chauds), le noisettier Ă  grapes, le noisettier d’Espagne, le noisettier du Levant, etc. On dĂ©cĂšle Ă  cette Ă©poque l'extension des acceptions de noisettier Ă  l'espĂšce sauvage. L'article coudrier de l'EncyclopĂ©die indique « petit arbre qui est trĂšs-commun dans les bois...; On l'appelle aussi noisettier, quoique ce nom convienne plus particuliĂšrement aux autres espĂšces de cet arbre que l'on cultive pour leur fruit ». L’édition de 1762 du Dictionnaire de l’AcadĂ©mie française entĂ©rine la synonymie de noisetier et coudrier[9].

Description

Le noisetier commun est un arbrisseau formant une touffe de 10 Ă  12 troncs pouvant atteindre 2 Ă  5 (rarement jusqu'Ă  8) mĂštres de haut[10] - [11]. Il rejette de souche et drageonne.

  • Inflorescences mĂąles (chatons).
    Inflorescences mĂąles (chatons).
  • Fleur femelle d'oĂč Ă©merge une houppe de stigmates rouges.
    Fleur femelle d'oĂč Ă©merge une houppe de stigmates rouges.
  • Bourgeon feuille et fleur fertilisĂ©e.
    Bourgeon feuille et fleur fertilisée.
  • Des grains de glace recouvrent des petits batons qu pendent d'une tige.
    Fleurs de Corylus avellana sous le gel en Allemagne.

Son Ă©corce est lisse, brune cuivrĂ©e et marquĂ©e de fines lenticelles blanchĂątres horizontales. Elle peut s’enlever en pellicules horizontales trĂšs minces selon les variĂ©tĂ©s. les jeunes rameaux pubescents sont hĂ©rissĂ©s de poils glanduleux, crochus, rougeĂątres, de 1 Ă  mm de long[12].

Ses feuilles alternes, caduques, sont courtement pĂ©tiolĂ©es et peuvent se confondre avec celles du tilleul. De forme cordĂ©e, ovales Ă  obovale arrondie, elles sont Ă©chancrĂ©es Ă  la base, aiguĂ«s au sommet (feuilles acuminĂ©es), finement velues. Le pĂ©tiole pubescent est couvert de poils glanduleux. Leur marge est dĂ©coupĂ©e en grandes dents, elles-mĂȘmes bordĂ©es de plus petites, velues[12].

Le noisetier est une espĂšce monoĂŻque, c’est-Ă -dire avec des fleurs mĂąles et femelles sur le mĂȘme pied. Les fleurs mĂąles, jaunĂątres, comportent 2 bractĂ©oles avec 4 Ă©tamines bifides[13], forment des Ă©pis pendants ou chatons de 5-10 cm, et les fleurs femelles, condensĂ©es en glomĂ©rules, portent 2 longs styles rouges et forment des Ă©pis dressĂ©s. Les Ă©tamines libĂšrent des grains de pollen qui sont emportĂ©s par le vent. Les chatons mĂąles se forment dĂšs le dĂ©but de l’étĂ© et fleurissent de la mi-dĂ©cembre Ă  dĂ©but mars, bien avant le dĂ©bourrement. La pĂ©riode de pollinisation peut donc varier considĂ©rablement d’une annĂ©e Ă  l’autre[14]. Les fleurs femelles apparaissent en mars-avril quelques semaines aprĂšs les fleurs mĂąles.

La noisette est un akĂšne dotĂ© d’un pĂ©ricarpe ligneux et renfermant une seule graine (l'amande) qui occupe toute la cavitĂ© interne du pĂ©ricarpe. Ce fruit Ă  coque, de forme plus ou moins ovoĂŻde, peut atteindre 3 cm de long et 2 de diamĂštre; il est protĂ©gĂ© avant maturitĂ© complĂšte par une enveloppe de forme tubulaire, l’involucre de bractĂ©es, d’aspect foliacĂ© et divisĂ©e en lobes irrĂ©guliers Ă  son extrĂ©mitĂ©. L'involucre est plus ou moins enveloppant selon les variĂ©tĂ©s.

Il existe de nombreuses variĂ©tĂ©s et cultivars, mais Corylus avellana L. sensu stricto (Corylus avellana var. avellana) a des fruits Ă  involucre court et profondĂ©ment divisĂ© en lobes ovales, laissant tomber le fruit Ă  maturitĂ©, ce qui est un avantage en rĂ©colte mĂ©canique[13]. Il est sauvage dans toute l’Europe et a Ă©tĂ© abondamment cueilli depuis la PrĂ©histoire. Par contre, Corylus avellana var. pontica[15](synonyme Corylus pontica K. Koch) est un arbuste de 3-5 m qui donne de petits fruits Ă  involucre tubulaire et est originaire de Turquie et des bords de la mer Noire [16].

Biologie

Port d'un noisetier cultivé. Débourrement à la fin du mois d'avril.
Trois noisettes jeunes dans leurs involucres.
Noisette mûre dans son involucre.
Jeune noisetier commun issu d'une noisette ayant germé.

Le noisetier fleurit de dĂ©cembre Ă  mars (selon les variĂ©tĂ©s et les rĂ©gions). Il est autostĂ©rile ce qui nĂ©cessite une fĂ©condation croisĂ©e, effectuĂ©e grĂące au vent. Toutefois les abeilles sont nombreuses Ă  rĂ©colter les grains de pollen lorsque la tempĂ©rature est suffisamment Ă©levĂ©e pour leur permettre de quitter la ruche Ă  la fin de l’hiver[14]. De fait, au dĂ©but de la saison apicole (de janvier Ă  mars), elles rĂ©coltent prĂ©fĂ©rentiellement le pollen de plusieurs espĂšces ligneuses telles que les aulnes (Alnus spp.), les saules (Salix spp.), le gui (Viscum album) en plus du noisetier[17].

Les noisettes sont gĂ©nĂ©ralement groupĂ©es en petites grappes appelĂ©es « trochets » formĂ©es de deux ou trois fruits. Peu avant la maturitĂ© du fruit, l’involucre s’assĂšche et s’ouvre Ă  une extrĂ©mitĂ©, exposant le pĂ©ricarpe Ă  l’air oĂč il va durcir et se colorer, pendant que la graine se concentre en sucres, en huile et en minĂ©raux. Cette maturation a lieu en automne, et la cueillette peut avoir lieu entre la fin du mois d’aoĂ»t et en septembre, lorsque les trochets se dĂ©tachent facilement des branches.

Les fruits sont sensibles au balanin des noisettes et aux pucerons (puceron jaune du noisetier et puceron vert du noisetier).

Distribution et habitat

Le noisetier commun est spontanĂ© dans l’ensemble de l’Europe, de l’Asie mineure (Anatolie) et du Caucase, Ă  l’exception des rĂ©gions les plus septentrionales. La distribution gĂ©ographique s’étend des cĂŽtes mĂ©diterranĂ©ennes de l’Afrique du Nord, vers le nord jusqu’aux Ăźles britanniques et la pĂ©ninsule scandinave, vers l’est jusqu’à l’Oural en Russie, les montagnes du Caucase, l’Iran et le Liban [2].

En France, il est commun dans le centre, l’est et le nord-est et plus rare dans l’ouest, le sud-ouest et la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne[14]. On le trouve jusqu’à 1 700 m. En Suisse, on le rencontre sur l'ensemble du territoire Ă  l'exception de la Haute-Engadine[18].

À l’état sauvage, il se trouve surtout sur les sols basiques Ă  lĂ©gĂšrement acides, assez frais. Il est trĂšs commun dans les bois au climat tempĂ©rĂ©. C’est une espĂšce de demi-ombre ou d’ombre[12] poussant en lisiĂšre des bois et dans les haies. EspĂšce pionniĂšre, il est un des premiers arbustes Ă  coloniser les espaces perturbĂ©s pour former des fourrĂ©s, des taillis, des haies forestiĂšres et des bois de feuillus.

Il est largement cultivĂ©, trĂšs au-delĂ  de son aire naturelle. La Turquie est le premier pays producteur et exportateur de noisettes, avec 67 % de la production mondiale en 2017. La zone de production se trouve sur une bande cĂŽtiĂšre de 60 km de large longeant les rives de la mer Noire[19] et plus particuliĂšrement dans les provinces d’Ordu, Giresun et Trabzon. Elle est suivie par l’Italie qui en a produit 13 % sur un total mondial de un million de tonnes. Deux autres gros producteurs, les États-Unis et la Chine, sont des pays oĂč le noisetier commun a Ă©tĂ© introduit rĂ©cemment et n’était pas indigĂšne.

Reproduction

Chaton (botanique) de Corylus avellana.

Le noisetier se multiplie par marcottage ou drageonnage, ou bouturage, il est en pleine production Ă  partir de l'Ăąge de 8-12 ans et peut vivre jusqu'Ă  60 ans.

En Europe, les écureuils sont un élément important dans la reproduction du noisetier. Ils enterrent les noisettes loin de l'arbre, afin de se faire des réserves alimentaires, mais n'utilisent pas l'intégralité de ces réserves.

L'autostérilité de cette espÚce est due à un phénomÚne de protandrie. Lors de la culture domestique du noisetier, il est donc conseillé de planter différentes variétés de noisetiers, à des distances réduites, afin de multiplier les chances de pollinisation, et ainsi multiplier le nombre de noisettes.

Histoire démographique des populations

Les nombreuses Ă©tudes polliniques effectuĂ©es en Europe ont permis de reconstruire l’évolution de la vĂ©gĂ©tation au Quaternaire. Les premiers arbres Ă  se rĂ©pandre entre le dernier glaciaire et l’holocĂšne sont le genĂ©vrier, le bouleau et le pin. À l’ultime fin de la derniĂšre pĂ©riode glaciaire (au Dryas rĂ©cent), ces arbres reculent au profit de la steppe puis laissent la place Ă  la propagation des arbres tempĂ©rĂ©s[20] - noisetiers et chĂȘnes, essentiellement.

Durant la derniĂšre pĂ©riode glaciaire, le noisetier commun trouva refuge en Europe du Sud. En 1983, Huntley et Birks[21] ont suggĂ©rĂ© que le sud de l’Italie et le sud-ouest de la France (autour du golfe de Gascogne) ont abritĂ© les refuges glaciaires les plus importants. Au dĂ©but de l’HolocĂšne (il y a 11 700 ans), les premiers arbres tempĂ©rĂ©s Ă  se propager durant les deux Ă  trois premiers millĂ©naires, sont le Noisetier (Corylus avellana) et les chĂȘnes (Quercus sp.), comme tĂ©moignent les grandes quantitĂ©s de pollens retrouvĂ©es dans les sĂ©diments.

La distribution actuelle du Noisetier couvrant la plus grande partie de l’Europe jusqu’à l’Oural, le nord de la Turquie et le Caucase, s’est Ă©tablie il y a 7 000 ans BP (avant le prĂ©sent). Auparavant, entre 10 000 et 9 000 ans BP, on a observĂ© une croissance rapide des quantitĂ©s de pollen de Corylus avellana[2].

Pour complĂ©ter les analyses de pollens, depuis le dĂ©but des annĂ©es 2 000, une nouvelle technique gĂ©nĂ©tique basĂ©e sur l’étude des marqueurs SSR des chloroplastes a permis d’étudier l’origine et la diffusion des arbres fruitiers. En 2002, PalmĂ© et Vendramin[22] observent sur 26 populations de noisetiers rĂ©parties sur l’aire de distribution de C. avellana, que les plus grands niveaux de variations des marqueurs microsatellites divisent l’Europe en deux aires : l’Italie et les Balkan d’une part et le reste de l’Europe d’autre part. Ils retiennent comme scenario le plus probable, une extension du noisetier du sud-ouest de la France vers le reste de l’Europe, sauf l’Italie et les Balkans.

Dans ces transferts de matĂ©riel gĂ©nĂ©tique, l’homme a jouĂ© un rĂŽle de plus en plus important depuis 3 000 ans. Il est possible que les tribus mĂ©solithiques aient transportĂ© des noisettes lors de migration. Puis, les contacts commerciaux entre l’Est et l’Ouest de la MĂ©diterranĂ©e se sont dĂ©veloppĂ©s, comme l’attestent les dĂ©couvertes archĂ©ologiques Ă  partir de la pĂ©riode de la civilisation mycĂ©nienne (1 500 Ă  1 100 an av. J.-C. À l’époque historique, de nombreux textes grĂ©co-romains ont laissĂ© des tĂ©moignages de la culture du noisetier en Italie du Sud. Avec le dĂ©veloppement du commerce Ă  partir du Ier siĂšcle av. J.-C., alors que Rome domine quasiment tout le bassin mĂ©diterranĂ©en, les variĂ©tĂ©s productives de noisettes sĂ©lectionnĂ©es en Italie furent ensuite dissĂ©minĂ©es dans les terres conquises.

En 2009, Boccacci et Bota[2] publient leur Ă©tude gĂ©nĂ©tique de 75 cultivars prĂ©levĂ©s en Espagne, Italie, Turquie et Iran. Ils observent un accroissement du nombre de chlorotypes (haplotypes de chloroplastes) et de la diversitĂ© en allant de l’Espagne Ă  l’ouest et en se dirigeant vers l’est en passant par l’Italie, la Turquie puis l’Iran. Ce qui suggĂšre un flux de gĂšnes de l’est vers l’ouest ainsi qu’une base gĂ©nĂ©tique commune des cultivars d’Espagne et d’Italie. Par contre, les cultivars turcs forment un groupe isolĂ©, suggĂ©rant que la culture du noisetier ne fut pas introduite en Italie et en Espagne Ă  partir de la MĂ©diterranĂ©e orientale par les Grecs ou les Arabes.

Plusieurs auteurs Romains mentionnent la culture des noisetiers, comme Caton l’Ancien (-243 ; -149), Columelle (+4 ; +70), Pline l’Ancien (+23 ; +79). La zone principale de culture Ă©tait la Campanie (rĂ©gion de Naples), lĂ  oĂč se trouve la ville d’Abella (l’actuelle Avella) qui a donnĂ© son nom au noisetier en latin abella[2]. Les donnĂ©es tant historiques qu’archĂ©ologiques indiquent que la culture du noisetier Ă©tait d’une ampleur significative durant la pĂ©riode romaine.

De ces donnĂ©es historiques, palynologiques et gĂ©nĂ©tiques, Boccacci et Bota[2] avancent l’hypothĂšse que le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique du noisetier italien fut transportĂ© dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique (-150 Ă  -100) et dans une moindre mesure en Asie mineure (-133) durant l’expansion romaine. La Campanie en Italie du Sud fut probablement un centre d’origine et de diffusion des cultivars de noisetiers. L’influence romaine a Ă©tĂ© particuliĂšrement forte dans la rĂ©gion de Tarragone en Catalogne, zone principale de culture du noisetier. Si les cultivars de la Campanie romaine se sont diffusĂ©s vers la rĂ©gion espagnole de Tarragone, il semble que les variĂ©tĂ©s cultivĂ©es en Turquie et en Iran soient indĂ©pendantes.

Ainsi, contrairement au cas de la culture de la vigne et de l’olivier, il semble que les Grecs eurent peu d’influence sur la culture du noisetier en l’Europe occidentale. L’hypothĂšse d’une domestication sĂ©parĂ©e des noisetiers en Anatolie et Perse et d’échanges limitĂ©s de matĂ©riel gĂ©nĂ©tique avec les rĂ©gions d’Europe occidentale, demandera d’autres Ă©tudes des chloroplastes des cultivars pour amĂ©liorer la comprĂ©hension de la diffusion des cultivars[2].

Utilisations

Variétés cultivées

Séchage des noisettes dans la région de Giresun (bord de la mer Noire, Turquie)

Au IVe siĂšcle av. J.-C., le naturaliste grec, ThĂ©ophraste, indique que le noisetier sauvage peut ĂȘtre domestiquĂ© « en produisant un fruit de meilleure qualitĂ© » (Recherches sur les plantes, III, 15). Plusieurs auteurs latins, Caton l’Ancien, Columelle, ou Pline l’Ancien parlent de la culture du noisetier dans diffĂ©rentes rĂ©gions d’Italie[2].

Actuellement, on distingue de nombreuses variétés cultivées (cultivars) de noisetiers, d'aprÚs la taille et la forme du fruit, dont :

  • Corylus avellana
    • Bergeri ou « Louis Berger » ou « Noisette bergĂšre », origine belge.
    • Blanche longue (synonymes : Aveline Ă  pellicule blanche - Blanche de Lombardie - Franche blanche), origine des rĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes.
    • Butler, origine amĂ©ricaine, fruit assez court, Ă  la belle couleur havane clair, assez parfumĂ©e, Ă  croquer.
    • Çakıldak, cultivar turc plantĂ© Ă  moyenne et haute altitude Ă  Ordu, plus tardive que Tombul
    • Casina, origine amĂ©ricaine.
    • Corabel, sĂ©lection française.
    • Coxford (synonymes : Cosford - Prolifique Ă  coque tendre), origine anglaise.
    • Daviana ou Davidiana, floraison prĂ©coce
    • Ennis, origine amĂ©ricaine, trĂšs gros fruits, chair ferme moyennement parfumĂ©e; Ă  croquer.
    • Fertile de Coutard (synonymes : Aveline d’Alger - Aveline de Provence - Barcelona - Commun Ă  fruits striĂ©s - Grosse romaine - Pellicules blanches - Rouge ronde - White Filbert) origine française, de coque Ă©paisse, assez parfumĂ©e, Ă  croquer.
    • FoƟa, cultivar turc, faisant 18-20 mm, plus tardif que Tombul, cultivĂ© principalement dans les provinces de Trabzon et Samsun [23]
    • Gunslebert (synonymes : Gunslegen - Gunslegener - Zellernuss), floraison prĂ©coce.
    • Hall's giant, origine amĂ©ricaine.
    • ImpĂ©ratrice EugĂ©nie, floraison tardive.
    • ImpĂ©riale de TrĂ©bizonde (synonymes : Fondouk de TrĂ©bizonde - Kargalak), origine turque.
    • Jemtegaard, variĂ©tĂ© pollinisatrice.
    • Longue d'Espagne .
    • Merveille de Bolwiller (synonymes : GĂ©ante des halles - Hallesche Riensen), origine de la variĂ©tĂ© Alsace, floraison tardive.
    • Negret (synonymes : Alforga - La Maso - La Selva - Montroig - Pobla de Mafumet), origine espagnole, floraison prĂ©coce.
    • Noisetier tortueux ou noisetier tortillard, Corylus avellana contorta avec ses rameaux tortueux et enchevĂȘtrĂ©s (1,5 Ă  2,5 m).
    • Nottingham.
    • Pauetet ou Pawetet, sĂ©lection française, rĂ©sistant.
    • Ronde du PiĂ©mont (synonymes : Aveline de PiĂ©mont - Tonda gentile delle Langhe - Aveline du PiĂ©mont - Ronde gentille des Langhes - Gentile del Langhe), origine italienne.
    • Rouge longue Synonymes : Aveline Ă  pellicule rouge - Rouge de Lombardie
    • Segorbe, vigoureux et rustique, amandes d'excellente qualitĂ© gustative, du Sud-Ouest de la France, Portugal
    • Sivri, cultivar turc, cultivĂ© traditionnellement dans la province de Giresun, trĂšs productif[19]
    • Tombul, variĂ©tĂ© turque la plus importante, rĂ©putĂ©e pour sa qualitĂ©, noix ayant une taille de 17-18 mm, cultivĂ©e Ă  Giresun, Trabzon et Ordu
    • Tonda di Giffoni, Floraison prĂ©coce, origine sud de l'Italie.
    • Tonda Romana, Floraison prĂ©coce, origine rĂ©gion du nord de Rome.
    • Yuvarlak badem et Yassı badem, cultivars turcs, avec un fruit long, pointu et une coquille mince[23].

Variétés ornementales

  • Corylus avellana
    • Contorta
    • Fuscorubra[24]

Les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques des cultivars de noisetiers indiquent trois centre primaires de diversitĂ© dans le bassin mĂ©diterranĂ©en : le nord-ouest de l’Espagne (Tarragone), l’Italie du Sud (Campanie) et la mer Noire en Turquie[25].

Autres utilisations

Coupe d'une tige de noisetier commun mettant en Ă©vidence les cernes et la structure du bois (vaisseaux et rayons ligneux).

Les racines du noisetier vivent en symbiose avec des champignons, notamment la truffe. Le chĂȘne est parfois prĂ©fĂ©rĂ© au noisetier pour la culture des truffes.

Les branches souples du coudrier servent aux sourciers pour détecter la présence de l'eau.

Bois facile à tailler, flexible et résistant. Utilisé autrefois en vannerie, en tonnellerie, fabrication de cannes et traverses.

Avec son port buissonnant, le noisetier peut former de trĂšs belles haies utiles dans les vergers. En effet, il a l'avantage de servir d'excellents remparts contre le vent, de refuge aux petits animaux tout en leur fournissant une alimentation de qualitĂ© grĂące Ă  ses noisettes. Le noisetier, comme le sureau, est l'hĂŽte d’un puceron spĂ©cifique. Ces pucerons n’infestent pas les autres arbres fruitiers mais nourrissent une population diversifiĂ©e d’auxiliaires potentiellement actifs contre les parasites des vergers.

Ce noisetier est peu utilisĂ© en phytothĂ©rapie et pourtant il a des usages mĂ©dicinaux (feuilles[26] macĂ©rĂ©es ou infusĂ©es, chatons, Ă©corce en dĂ©coction, fruits ou rameaux) pour des propriĂ©tĂ©s rĂ©putĂ©es ĂȘtre amaigrissantes, antihĂ©morragiques, antisudorales, dĂ©puratives, astringentes, fĂ©brifuges, vaso-constrictrices. Il a donc Ă©tĂ© utilisĂ© contre les fiĂšvres, l'obĂ©sitĂ©, les varices, la phlĂ©bite, l'ƓdĂšme, l'Ă©pistaxis, certains problĂšmes de peau et pour soigner les plaies[27] - [28].

Traditions populaires

Pour les Celtes, le coudrier est un arbre liĂ© Ă  la magie druidique, Ă  la divination et Ă  la parole prophĂ©tique[29]. Dans les textes irlandais, le sorbier et le coudrier (nommĂ© coll), qui ne sont pas toujours bien distinguĂ©s sur le plan lexical, sont des arbres magiques[30]. Ils sont employĂ©s par les druides ou par les poĂštes comme support d’incantation. L’emploi le plus notable est la gravure sur bois des ogham (lettres magiques).

En Catalogne, on plantait des branches de noisetier autour des bergeries pour Ă©loigner les loups et les serpents. Quelques feuilles dans le lait permettaient aussi d'Ă©viter les mauvais sorts. En Roussillon, les branches permettaient de se protĂ©ger des sorciĂšres et, plantĂ© autour des champs, de la grĂȘle[31].

LĂ©pidoptĂšres ayant pour hĂŽte le noisetier

Noisetier dans la forĂȘt prĂšs de Kiev en hiver.

Les chenilles des papillons de nuit (hétérocÚres) suivants se nourrissent des feuilles du noisetier :

Champignons du bois de noisetier

Le noisetier est l'hĂŽte de nombreuses espĂšces de champignons[33], parmi lesquels on peut mentionner :

  • Hypoxylon fuscum, qui forme de petites boules noires sur l'Ă©corce des branches mortes du noisetier surtout tombĂ©es au sol[34];
  • Encoelia furfuracea, l'EncĂ©lie furfuracĂ©e ou PĂ©zize du noisetier, qui forme de petits plis ou coupes sur les branches mortes encore attachĂ©es Ă  l'arbre[35];
  • Vuilleminia coryli, sur les branches Ă©corcĂ©es[36];
  • Daedaleopsis confragosa, une espĂšce de polypore, sur le bois pourri;
  • Datronia mollis, sur les branches en voie de mourir;
  • Diatrypella favacea, sur l'Ă©corce;
  • Exidia glandulosa, sur son bois mort tombĂ© ou non, Ă©galement de hĂȘtre et de chĂȘne;
  • Fomitiporia punctata (ou Phellinus punctatus), en plaques veloutĂ©es brunes[37].
  • Fuscoporia ferrea (ou Phellinus ferreus) et Fuscoporia ferruginosa (ou Phellinus ferruginosus), sortes de croutes rousses sur le bois mort;
  • Gloeocystidiellum porosum, sur le bois dĂ©composĂ©;
  • Hapalopilus nidulans, sur le bois pourrissant;
  • Hymenochaete tabacina et Hymenochaete corrugata, sur le bois mort;
  • Hypoxylon howeanum, petites boules rousses sur les branches mortes;
  • Macrotyphula contorta, se nourrit de la litiĂšre de noisetier ou de bouleau;
  • Phyllactinia guttata, un oĂŻdium des feuilles du noisetier;
  • Plicaturopsis crispa, sur le bois mort;
  • Sistotremastrum niveocremeum, un champignon en forme de croute, sur le bois pourrissant;
  • Skeletocutis nivea, sur le bois en dĂ©composition;
  • Spongiporus (ou Postia) subcaesius, un petit polypore blanc bleuĂątre sur les branches;
  • Stereum rugosum, en plaques grisĂątres sur l'Ă©corce des troncs vivants ou morts[38];
  • Tremella mesenterica, la trĂ©melle mĂ©sentĂ©rique, sur des branches mortes non tombĂ©es Ă  terre;

Symbolique

Calendrier républicain

Notes et références

Notes

  1. employé par Caton Agri. 18, 9 ; Virgile B. 1, 14, G. 2, 75, etc., Pline 16, 74, etc. voir Jacques André, Les Noms des plantes dans la Rome antique, Les Belles Lettres, , 334 p.

Références

  1. Sous-famille des Coryloïdées (certains auteurs classent le Noisetier dans la famille des Corylacées)
  2. Paolo Boccacci, Roberto Botta, « Investigating the origin of hazelnut (Corylus avellana L.) cultivars using chloroplast microsatellites », Genet Resour Crop Evol, vol. 56,‎ , p. 851-859 (lire en ligne)
  3. Carl von Linné, Lars Salvius, Species plantarum :exhibentes plantas rite cognitas 
, Holmiae : Impensis Laurentii Salvii, (lire en ligne)
  4. Aline Raynal-Roques, Agenda botanique 2010, Belin, 2009 (ISBN 978-2-7011-5361-2)
  5. Jean-Claude Rameau et al., Flore forestiĂšre française : guide Ă©cologique illustrĂ©, tome 2 : Montagnes, coĂ©d. Paris, Institut pour le dĂ©veloppement forestier : Direction de l'espace rural et de la forĂȘt - Nancy, École nationale du gĂ©nie rural des eaux et des forĂȘts, 1993 (ISBN 2-904740-41-4), p. 509 (aperçu en ligne sur Google Livres)
  6. Article « Aveline » du TLFi sur le portail lexical du CNRTL
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  26. Comestibles lorsqu'elles sont jeunes, elles ont comme principes actifs des tanin qui leur donnent leur astringence, des proanthocyanidols et un flavonoïde (rhamnoside du myricétol, la myricitrine ou myricitroside). La cuisson quelques minutes des feuilles adultes réduit cette astringence. Cf Jean Bruneton, Pharmacognosie, Lavoisier, , p. 471.
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