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Château de Lenzbourg

Le château de Lenzbourg (en allemand Schloss Lenzburg) domine la vieille ville de Lenzbourg dans le canton d'Argovie en Suisse. Château fort ancien et important, il est listĂ© comme bien culturel d'importance nationale. Le site occupĂ© depuis la prĂ©histoire est situĂ© Ă  508 mètres d'altitude sur le Schlossberg, une colline de molasse presque circulaire qui culmine Ă  une centaine de mètres au-dessus de la plaine. Le nom du château vient des comtes de Lenzbourg (de) qui Ă©tablirent vraisemblablement leur siège sur la colline au XIe siècle. Le château appartint aux Staufer Ă  partir de 1173 puis aux Kybourg Ă  partir de 1230 et aux Habsbourg dès 1273. Après la conquĂŞte de l'Argovie occidentale par Berne en 1415, le château fut le siège des baillis bernois pendant plus de 350 ans. PropriĂ©tĂ© du canton d'Argovie Ă  partir de 1804, l'Ă©difice abrita ensuite un collège de garçons et passa en mains privĂ©es en 1860. Une fondation crĂ©Ă©e par le canton d'Argovie et la ville de Lenzbourg achetĂ© le château en 1956 Ă  la veuve de l'explorateur polaire amĂ©ricain Lincoln Ellsworth et l'ouvrit au public.

Château de Lenzbourg
Image illustrative de l’article Château de Lenzbourg
Château de Lenzbourg vu depuis le sud-est.
Type Château fort
PropriĂ©taire initial Famille de Lenzbourg (de)
Propriétaire actuel Fondation du château de Lenzbourg
Destination actuelle Musée
Protection Bien culturel d'importance nationale
CoordonnĂ©es 47° 23′ 15″ nord, 8° 11′ 08″ est
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
RĂ©gion historique Canton d'Argovie
Localité Lenzbourg
GĂ©olocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Château de Lenzbourg
Site web Schlossberg

Le château entourĂ© d'un mur d'enceinte est composĂ© de sept bâtiments Ă©rigĂ©s entre le XIIe siècle et le dĂ©but du XVIIIe siècle. Principalement de styles baroque et gothique, ils sont diposĂ©s en forme de fer Ă  cheval autour d'une cour intĂ©rieure. Le château est depuis la fin d'un assainissement majeur en 1987 le siège du musĂ©e historique argovien, qui fait partie du musĂ©e argovien (Museum Aargau (de)) depuis 2007. L'habitat des anciens rĂ©sidents du château, les collections historiques du canton d'Argovie et des expositions temporaires y sont prĂ©sentĂ©es.

Situation

Le château se situe directement Ă  l'est de la vieille ville de Lenzbourg au sommet du Schlossberg, Ă  508 mètres d'altitude. La colline presque circulaire s'Ă©lève environ 100 mètres au-dessus du Seetal et son diamètre est d'environ 250 mètres. Au nord, Ă  l'ouest et au sud la colline est entourĂ©e d'un terrain plat. Ă€ l'est le terrain descend jusqu'Ă  environ 460 mètres d'altitude et remonte jusqu'au sommet du Goffersberg (ou Gofi) situĂ© Ă  507 mètres d'altitude. Du point de vue gĂ©ologique, le Schlossberg est constituĂ© Ă  sa base de marnes horizontales et de grès friables faisant partie de la molasse d'eau douce infĂ©rieure (en allemand Untere SĂĽĂźwassermolasse, USM). Dans sa partie supĂ©rieure il se compose de grès dur de la molasse marine supĂ©rieure (en allemand Obere Meeresmolasse, OMM), que la roche surplombe en partie. La colline a obtenu sa forme lors de la glaciation de Riss. Le Schlossberg et le Goffersberg sont des exemples rares en Suisse de roches moutonnĂ©es avec contact entre les couches USM et OMM[1].

Histoire

Préhistoire

Vue aérienne du château.

Le Schlossberg Ă©tait peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  une zone habitĂ©e pendant la prĂ©histoire. En 1959, pendant la construction d'un rĂ©servoir d'eau entre le Schlossberg et le Goffersberg, on dĂ©couvrit l'un des plus grands champs funĂ©raires de Suisse de la pĂ©riode nĂ©olithique (vers 3 000 ans av. J.-C.)[2]. Des recherches menĂ©es par l'office d'archĂ©ologie du canton d'Argovie entre 1981 et 1986 permirent la dĂ©couverte d'une couche archĂ©ologique s'Ă©tendant sur toute la surface du château et atteignant une Ă©paisseur de 2,5 mètres. La datation des vestiges reste cependant incertaine[3]. On retrouva les restes d'un fourneau prĂ©historique, de briques datant de la Rome antique et d'une maison du XIe siècle (Moyen Ă‚ge central). Les artĂ©facts les plus anciens sont un outil en silex et une hache fragmentĂ©e, datant tous les deux du NĂ©olithique. Les nombreux objets en cĂ©ramique dĂ©couverts indiquent un peuplement pendant l'Ă‚ge du bronze. Les vestiges romains datent des Ier et IIe siècles et sont liĂ©s au Vicus Lindfeld (de) situĂ© Ă  proximitĂ©. Un sanctuaire occupait peut-ĂŞtre le site[4].

Une légende raconte qu'un dragon vivait autrefois dans une grotte située sur le Schlossberg. Il aurait été vaincu par les chevaliers Wolfram et Guntram. Les paysans reconnaissants les auraient choisi comme comtes de Lenzbourg et leur auraient donné la permission de construire un château sur la colline du dragon[5].

Aristocratie

Vue depuis le nord.
Gravure de la ville et du château de Lenzbourg par Matthäus Merian, vers 1642.

Le premier membre connu avec certitude de la famille de Lenzbourg (de) est Ulrich Ier, aussi appelĂ© « le Riche Â». Il Ă©tait Reichsvogt (en) (reprĂ©sentant de l'empereur) Ă  Zurich et avouĂ© des abbayes de BeromĂĽnster et Schänis[6]. Un document datant de 1036 le mentionne comme comte en Argovie. La première source sĂ»re sur l'existence d'un château date de 1077 : Ulrich III, son petit-fils, prit le parti du roi Henri IV pendant la querelle des Investitures et fut deux fois lĂ©gat apostolique en six mois. Les comtes de Lenzbourg faisaient partie Ă  cette Ă©poque des seigneurs fĂ©odaux les plus importants du Plateau suisse et entretenaient des relations Ă©troites avec les souverains allemands[7].

La famille de Lenzbourg s'éteignit en 1173. Ulrich IV, dernier comte de Lenzbourg, désigna dans son testament l'empereur Frédéric Barberousse comme héritier. Ils étaient amis et avaient participé ensemble à la deuxième croisade. L'empereur régla personnellement la répartition de l'héritage du château de Lenzburg et attribua une grande partie des terres à son fils, le comte palatin Otton Ier de Bourgogne[8]. Après la mort d'Otto en 1200, les Staufer dont il faisait partie furent chassés d'Argovie. Par l'intermédiaire de deux familles nobles (Andechs-Meranien et Chalon (de)), Lenzburg passa par mariage aux Kybourg vers 1230. Ces derniers fondèrent une ville de marché fortifiée à l'ouest de la colline du château, devenue la ville actuelle de Lenzbourg.

Hartmann IV, dernier comte de Kybourg, mourut en 1264 sans descendants masculins. Rodolphe Ier, comte de Habsbourg et futur roi des Romains, prit en charge la tutelle de l'hĂ©ritière mineure Anna von Kyburg, qui incluait Ă©galement l'administration de la seigneurie. Anna se maria plus tard avec le cousin de Rodolphe, Eberhard Ier de Habsbourg-Laufenbourg. Rodolphe acquit en 1273 pour 14 000 marks-argent la propriĂ©tĂ© de son cousin dĂ©muni[9]. Deux ans plus tard, il organisa un Hoftag Ă  Lenzbourg. DiffĂ©rents ducs autrichiens ou leurs fonctionnaires rĂ©gnèrent ensuite. Le château devint cependant un siège administratif rĂ©gional car le pouvoir des Habsbourg se dĂ©plaça de plus en plus vers l'Autriche. Le duc FrĂ©dĂ©ric II de Habsbourg (de) habita le château Ă  partir de 1339. Il devait s'y marier avec Joan, fille du roi d'Angleterre Édouard III, et fit construire la Ritterhaus ou maison des chevaliers dans ce but. Le duc mourut en 1344 sans avoir vu sa future Ă©pouse. Les travaux de la maison des chevaliers restèrent inachevĂ©s[10].

Originaire de Seengen, les Ribi-Schultheiss, famille d'origine paysanne qui avait accédé à la petite noblesse, reçurent en fief le château de Lenzbourg en 1369[11]. Le château a résisté à un siège des Gugler (en) en 1375.

Bailliage bernois

Vue aérienne en 1624.
Projet de forteresse de 1628.

Les tensions latentes entre le roi allemand Sigismond et le duc autrichien Frédéric IV éclatèrent lors du Concile de Constance en 1415, lorsque Frédéric aida l'un des trois papes alors en fonction, Jean XXIII, à fuir la ville. Sigismond y vit une chance de nuire à son adversaire. Le 30 mars 1415, il appela les voisins des Habsbourg à prendre possession de leurs terres au nom de l'Empire. Berne conquit donc la partie occidentale de l'Argovie (plus tard appelée Argovie bernoise). Le 20 avril, la ville de Lenzbourg se rendit immédiatement à l'armée qui avançait et le château resta intact. Konrad von Weinsberg (de), le gouverneur royal, essaya de sécuriser le château pour l'empire et le prépara pour un siège. Mais dès le mois d'août, il abandonna ce plan sans espoir et confia le château à la famille Ribi-Schultheiss en 1418. Après de longues négociations, Berne put acheter les droits sur le comté de Lenzbourg en 1433 et le château en 1442[12].

En 1444, le premier bailli bernois (en allemand Landvogt) emménagea au château d'où il administrait le bailliage de Lenzbourg (en allemand Oberamt Lenzburg). Ce dernier comprenait le Seetal, le Wynental et le Suhrental. Les prérogatives des baillis comprenaient la perception des impôts, la mise en œuvre des mesures administratives, les pouvoirs judiciaires et policiers et le commandement militaire. Il était également responsable de l'entretien du château. Les baillis étaient élus pour quatre ans parmi les membres du Grand Conseil de la ville de Berne. Le plus connu d'entre eux fut Adrian Ier von Bubenberg de 1457 à 1461, devenu plus tard avoyer de Berne et héros de la bataille de Morat. Pendant les années 1509 et 1510 des travaux importants furent réalisés : on détruisit en partie la maison des chevaliers commencée en 1339 et on la reconstruisit. Un incendie important fit rage en 1518, mais on ne sait pas quels bâtiments furent détruits (le plus probable est l'« Aarburghaus » au nord). Le bailli reçut un nouveau logement en 1520, la Landvogtei ou maison du bailli[13].

Après l'adoption par Berne de la Réforme protestante en 1528, Lenzbourg gagna en importance stratégique car le château se situait à proximité de la frontière religieuse et on craignait des attaques des Lucernois catholiques via les Freie Ämter. Pendant les deux guerres de Kappel en 1529 et en 1531, le château servait de base opérationnelle pour les réformés. Il devint ensuite un fort frontalier important parce qu'on pouvait contrôler depuis là le passage sur la Reuss située à proximité[14].

En 1624, sous les ordres de l'ingĂ©nieur Valentin Friderich (de), Joseph Plepp (de) dessina les premiers plans et reprĂ©sentations exacts du château qui Ă  l'Ă©poque ressemblait plutĂ´t Ă  une ferme fortifiĂ©e. Les plans de Plepp servirent de base pour la modernisation des fortifications. Au vu de la guerre de Trente Ans qui durait depuis 1618, Berne se sentit obligĂ© d'adapter le château de Lenzbourg Ă  l'utilisation de l'artillerie. Un système de double porte avec zwinger (en) fut construit en 1625 sur le cĂ´tĂ© nord, et les remblais de terre des cĂ´tĂ©s est et sud furent rĂ©haussĂ©[15]. En 1628, Friderich planifia la construction de plusieurs bastions mais ce projet ne put pas ĂŞtre mis en Ĺ“uvre Ă  cause du manque du fonds. Un projet redimensionnĂ© de Niklaus Willading fut cependant rĂ©alisĂ© : entre 1642 et 1646, un rempart de onze mètres fut Ă©levĂ©[16]. Le bastion oriental ainsi crĂ©Ă© avait un grand inconvĂ©nient : l'eau de pluie fuyait Ă  travers les murs adjacents et rendait la maison du bailli inhabitable Ă  cause de l'humiditĂ© constante. Pour cette raison, on construisit un nouveau logement pour le bailli entre 1672 et 1674 dans l'aile nord[17].

Au XVIIIe siècle, les Bernois amĂ©nagèrent le château pour en faire un grand grenier. Une aile supplĂ©mentaire fut ajoutĂ©e entre 1705 et 1707 Ă  la « Hintere Haus ». En 1728 et 1729 on relia le donjon et la maison des chevaliers. En 1758, furent ajoutĂ©s Ă  la maison des chevaliers cinq Ă©tages intermĂ©diaires pour une utilisation maximale de l'espace et des lucarnes et fenĂŞtres supplĂ©mentaires pour une meilleure aĂ©ration. Ces mesures permirent de stocker plus de 5 000 tonnes de cĂ©rĂ©ales[18]. En mars 1798, Viktor von Wattenwyl, dernier bailli bernois, remit le château aux troupes françaises alors que l'ordre politique Ă©tabli s'effondrait. Le château servit d'hĂ´pital militaire pendant quelques mois avant que les soldats blessĂ©s soient dĂ©placĂ©s vers Königsfelden[19].

Collège de garçons

Le canton d'Argovie, fondé en 1803, entra en possession du château le . Mais une utilisation à des fins gouvernementales de ce symbole de la féodalité était hors de question, de sorte que le château resta vacant pendant plus de vingt ans, avec un entretien minimal afin d'éviter de peser sur les faibles finances cantonales. En 1810, le facteur d'orgues Johannes Heinrich Speisegger de Schaffhouse proposa de louer une partie du château, mais le gouvernement cantonal refusa. En 1818 le projet d’y établir l'École fédérale militaire centrale échoua, de même que la création d'une école cantonale d’instituteurs[20].

Enfin, le pédagogue Johann Karl Christian Lippe (de), de Hofwil, informa l'exécutif communal (Stadtrat) à l'automne 1822 qu'il se proposait d'installer un établissement d'enseignement pour garçons dans les lieux. Le gouvernement cantonal lui en accorda le bail pour un loyer annuel de 300 francs, avec un moratoire de cinq ans permettant au locataire d’effectuer toutes les remises en état nécessaires. L'Institut fut ouvert le 11 février 1823. Dans les années 1830, il compta jusqu'à 50 élèves et douze enseignants. Les principes éducatifs de Lippe étaient en grande partie identiques à ceux de Johann Heinrich Pestalozzi, dont il était l'ami. Sa clientèle comportait une majorité de jeunes protestants français venant d'Alsace[21] et du Sud de la France, dont les parents ne faisaient pas confiance aux écoles catholiques françaises. L'instabilité politique causée par les révolutions de 1848-1849 ayant provoqué une baisse de la fréquentation, Lippe dut s'endetter et fut incapable de rembourser. Le 30 septembre 1853, lendemain de date de fermeture du collège qui avait été convenue avec les créanciers, Lippe mourut[20].

Propriété privée

Vue du château et de la ville de Lenzbourg vers 1830.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1857 un hĂ´pital militaire se trouva dans le château pendant une courte pĂ©riode. En juin 1859, pendant la campagne d'Italie, 120 soldats autrichiens qui avaient fui vers la Suisse après les dĂ©faites de Magenta et de SolfĂ©rino furent internĂ©s dans le château. Le parlement cantonal argovien dĂ©cida en mars 1860 d'accepter l'offre d'achat du fabricant de soie zurichois Konrad Pestalozzi-Scotchburn. Le château et son domaine furent vendus pour 60 000 francs[22]. On ne sait pas si Pestalozzi y habita. Après la dĂ©faite française lors de la guerre franco-allemande, l'ArmĂ©e de l'Est, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Charles-Denis Bourbaki, entra en Suisse en fĂ©vrier 1871. La ville de Lenzbourg reçut l'ordre de prendre en charge 600 soldats. Seul le château pouvait accueillir rapidement autant de personnes. Il fallut en toute hâte installer des fours, livrer de la nourriture et mettre en place un hĂ´pital d'urgence. Les internĂ©s rentrèrent en France au dĂ©but du mois de mars 1871 et l'hĂ´pital resta en place jusqu'Ă  fin avril[23].

Les hĂ©ritiers de Pestalozzi, dĂ©cĂ©dĂ© entre-temps, qui voulaient vendre le château, le proposèrent sans succès au canton d'Argovie en septembre 1871. Friedrich Wilhelm Wedekind (de) en prit possession un an plus tard pour 90 000 francs. Il avait Ă©migrĂ© Ă  San Francisco en 1849 après l'Ă©chec de la rĂ©volution de Mars et fait fortune en spĂ©culant sur les terrains pendant la ruĂ©e vers l'or en Californie. Revenu en Europe en 1864, il Ă©migra vers la Suisse en 1871 pour protester contre l'Empire allemand dominĂ© par la Prusse, et s'installa dans le château avec sa femme Emilie Kammerer (de). Leurs six enfants, dont la future chanteuse d'opĂ©ra Erika Wedekind (de) et les Ă©crivains Frank Wedekind et Donald Wedekind (de), y passèrent leur jeunesse[24].

Friedrich Wilhelm Wedekind mourut en 1888 et la famille essaya ensuite de vendre le château. D'une part, une partie considĂ©rable de la fortune familiale avait Ă©tĂ© investie dans la propriĂ©tĂ©, d'autre part, les enfants firent pression pour recevoir le versement de leur part de l'hĂ©ritage. Pendant cette pĂ©riode de transition, Emilie Kammerer gĂ©rait une pension qui n'Ă©tait pas très rentable. En mars 1892, l'industriel amĂ©ricain August Edward Jessup acheta le château pour 120 000 francs. Jessup venait de Philadelphie mais il avait longtemps vĂ©cu en Angleterre. Il Ă©tait mariĂ© Ă  Mildred Marion Bowes-Lyon, la tante de la Reine mère Elizabeth Bowes-Lyon ; il Ă©tait donc liĂ© par mariage Ă  la famille royale britannique[25]. Dès le dĂ©but, le nouveau propriĂ©taire prĂ©voyait une restauration complète pour laquelle il se fit conseiller par l'historien de l'art Josef Zemp (de). Grâce au dĂ©mantèlement des extensions rĂ©centes et des installations militaires, le château fut largement restaurĂ© dans l'Ă©tat que Plepp avait illustrĂ© en 1624. En outre, Jessup fit installer des meubles prĂ©cieux et installa le chauffage central, l'eau et l'Ă©lectricitĂ©. Les travaux durèrent de 1893 Ă  1903 et coĂ»tèrent un demi-million de francs[26].

James William Ellsworth (en), industriel amĂ©ricain et collectionneur d'art du Moyen-Ă‚ge, apprit qu'une table datant de l'Ă©poque de l'empereur FrĂ©dĂ©ric Barberousse se trouvait au château de Lenzbourg. Il voulait l'ajouter Ă  sa collection et soumit une offre d'achat. Il ne pouvait cependant acquĂ©rir la table qu'avec l'ensemble du château. Il acheta donc l'Ă©difice en 1911 pour 550 000 francs[27]. Son fils, l'explorateur polaire Lincoln Ellsworth, hĂ©rita du château en 1925. Il n'y vivait qu'occasionnellement mais planifia plusieurs expĂ©ditions avec Roald Amundsen dans la « salle Amundsen Â» de la maison du bailli[28].

Histoire récente

Après la mort de Lincoln Ellsworth en 1951, sa femme Marie Louise Ellsworth-Ulmer hĂ©rita de la propriĂ©tĂ©. Elle voulut s'en sĂ©parer quelques annĂ©es plus tard Ă  cause des coĂ»ts d'entretien Ă©levĂ©s. Alors que plusieurs personnes se dĂ©claraient intĂ©ressĂ©es, le canton d'Argovie intervint et, en juillet 1955, proposa Ă  la ville de Lenzbourg d'acquĂ©rir le château en commun pour qu'il Ă©chappe Ă  la spĂ©culation. Le contrat d'achat conclu le 19 dĂ©cembre 1955 stipulait les conditions suivantes : la ville de Lenzbourg acheta pour 1,5 million de francs les parties de la propriĂ©tĂ© qui n'Ă©taient pas directement liĂ©es au château (terrain Ă  bâtir, exploitation agricole) et la « Fondation du château de Lenzbourg Â» crĂ©Ă©e par le canton et la ville acquit pour 500 000 francs la colline du château et les bâtiments qui s'y trouvaient ainsi que le mobilier et les collections. Le contrat entra en vigueur le 30 juin 1956[28].

La fondation Stapferhaus Lenzburg (en) emmĂ©nagea en 1960 dans la « Hintere Haus ». En avril 1970, le parlement argovien (Grosser Rat) approuva un crĂ©dit de 9,25 millions de francs pour un assainissement complet du château[29]. Après une longue prĂ©paration, celle-ci fut rĂ©alisĂ©e entre 1978 et 1986 sous la direction de l'architecte Dieter Boller et en collaboration avec les autoritĂ©s de protection des monuments du canton et de la confĂ©dĂ©ration. Les travaux permirent de prĂ©server la structure des bâtiments et de les adapter au futur musĂ©e. Parallèlement, le service cantonal d'archĂ©ologie effectua d'importantes recherches. Les fouilles archĂ©ologiques menèrent Ă  de nombreuses dĂ©couvertes[3]. Le musĂ©e historique argovien fut ouvert dans le château de Lenzbourg en 1987 (il est connu sous le nom de Museum Aargau (de) depuis 2007). L'institution reprit au canton les collections historiques qui Ă©taient en partie exposĂ©es au château depuis 1956, mais qui Ă©taient principalement stockĂ©es dans des dĂ©pĂ´ts[30]. Un nouvel assainissement concernant principalement les façades et les toitures fut rĂ©alisĂ© de 2018 Ă  2019 pour un montant de 3,8 millions de francs[31] - [32].

Liste des propriétaires

  • env. 1000 - 1173 : comtes de Lenzbourg (de)
  • 1173 : FrĂ©dĂ©ric Barberousse
  • 1173 - env. 1230 : Othon Ier de Bourgogne et famille proche
  • ca. 1230 - 1273 : comtes de Kybourg
  • 1273 - 1415 : dynastie des Habsbourg
  • 1415 - 1798 : Berne (pleine possession Ă  partir de 1433, siège du bailliage Ă  partir de 1444)
  • 1804 - 1860 : canton d'Argovie
  • 1860 - 1872 : Konrad Pestalozzi-Scotchburn
  • 1872 - 1893 : Dr. Friedrich Wilhelm Wedekind (de) (père de Frank Wedekind)
  • 1893 - 1911 : August Edward Jessup
  • 1911 - 1925 : James William Ellsworth (en)
  • 1925 - 1951 : Lincoln Ellsworth, fils du prĂ©cĂ©dent
  • 1951 - 1956 : Marie Luise Ellsworth-Ulmer, veuve de Lincoln
  • depuis 1956 : Fondation du château de Lenzbourg

Bâtiments

Plan d'ensemble.
Jardin.

Les sept bâtiments du château sont regroupés selon la forme d'un fer à cheval autour d'une cour intérieure ouverte vers le sud-ouest. La maison bernoise se situe au nord-ouest. L'aile nord comprend le système de portes et constitue l'unique accès. L'ancienne maison du bailli se trouve à l'angle nord-est et rejoint le bastion oriental. Le corps de logis et le donjon au sud-est sont la partie la plus ancienne du site et la maison des chevaliers se trouve au sud.

Le site préhistorique et le château de Lenzbourg sont listés comme biens culturels d'importance nationale[33].

Fortifications et cour intérieure

L'accès au château se situe sur le cĂ´tĂ© nord-ouest du site. En passant par un escalier ou par l'ancien chemin, on arrive Ă  la porte infĂ©rieure Ă©rigĂ©e en 1625. L'arc en plein cintre de la porte est bordĂ© de bossages carrĂ©s irrĂ©guliers. Au-dessus, il y a un relief avec les armoiries de Berne, de l'empire et du bailli Peter Bucher, flanquĂ© de lions avec orbe et Ă©pĂ©e. Un escalier traversant le zwinger (en) mène Ă  la porte intermĂ©diaire datant Ă©galement de 1625 et agrandie en 1761-1762. Il s'agit d'un bâtiment Ă  un Ă©tage avec toit en croupe, maçonnerie en relief, porte avec arc en plein cintre et embrasures. Au-dessus de l'arche se trouve un oriel soutenu par quatre consoles dĂ©corĂ©es. Lors de l'assainissement de 1978-1986, une liaison souterraine fut crĂ©Ă©e avec la cave de la maison bernoise. Le chemin du château tourne ensuite sur 180 degrĂ©s ; il mène au pont-levis et, par la porte supĂ©rieure, Ă  la cour intĂ©rieure[34] - [35]. Le mur d'enceinte se trouve directement sur la roche et suit son profil ; sa hauteur est donc variable. Il date environ de la seconde moitiĂ© du XVe siècle et a peu Ă©tĂ© modifiĂ©. Il est en partie constituĂ© de merlons biseautĂ©s et recouverts de tuiles[36].

Un jardin à la française s'étend à l'extrémité sud-ouest de la cour intérieure, devant la maison bernoise. Un jardin fut mentionné pour la première fois dans un document du bailliage datant de 1560. Au début du XVIIe siècle, il entouré d'une barrière et une armurerie. Samuel Steck, bailli de 1771 à 1778, fit modifier le jardin selon le modèle français avec deux chemins se croisant à angle droit qui divisent la pelouse en quatre parties de taille égale. Un pavillon fut en outre rattaché au mur d'enceinte. L'armurerie fut démolie vers 1890. Environ dix ans plus tard, le propriétaire du château Jessup effectua d'importants changements : il dota la cour intérieure d'une pelouse y planta des arbres et arbustes exotiques[37]. Au cours de l'assainissement du château en 1982, l'état original du jardin de Steck fut restauré et, deux ans plus tard, la pelouse de la cour intérieure fut remplacée par une zone de gravier. Au croisement des deux chemins du jardin se trouve une fontaine faite de roche calcaire nommée Mägenwiler Muschelkalk (de)[38].

  • Porte infĂ©rieure.
    Porte inférieure.
  • Blason de la porte infĂ©rieure.
    Blason de la porte inférieure.
  • Porte intermĂ©diaire.
    Porte intermédiaire.
  • Porte supĂ©rieure.
    Porte supérieure.

Aile nord

Blasons de la porte supérieure.

L'aile nord est un groupe de bâtiments connectés entre eux : la porte supérieure, les vestiges du Bergfried septentrional et le nouveau logement du bailli. La porte supérieure, seul accès à la cour intérieure, fut vraisemblablement construite après un incendie en 1518 sur des fondations plus anciennes. On pense que c'est l'emplacement de l'Aarburghaus construite en 1339, qui a été victime des flammes. Au-dessus du lintau se trouve un relief datant de 1596 avec les armoiries de Berne et de la famille d'Erlach[39] - [40].

Ă€ l'est de la porte se trouve le Bergfried septentrional, qui est reliĂ© aux bâtiments voisins par un toit en bâtière commun depuis la rĂ©novation de 1718-1720. C'Ă©tait le site de la porte et de la prison. Du bâtiment d'origine, seuls le mur ouest et des parties des fondations des murs sud et est furent conservĂ©s. Du cĂ´tĂ© de la cour intĂ©rieure, un relief en grès de 1720 montrant un ours rappelle la rĂ©novation ; les armoiries du bailli et du Säckelmeister (de) (gĂ©rant du trĂ©sor public) Ă©galement prĂ©vues ne furent pas exĂ©cutĂ©es[40].

Sur le site d'un bâtiment servant de corps de garde et de lavoir construit en 1625, une nouvelle résidence pour le bailli fut bâtie entre 1672 et 1674. La maison du bailli située à l'angle nord-est n'était plus habitable, parce que l'humidité pénétrait les murs après la réalisation du bastion oriental[41]. Côté cour, Daniel Stürler ajouta un escalier en 1731-1732[42]. Le bâtiment abrite actuellement l'administration du musée.

Maison du bailli

Maison du bailli.

La maison du bailli (Landvogtei) est un bâtiment de trois étages de style gothique tardif avec pignon à gradins et toit en bâtière raide. Elle servait de bureau et de logement aux baillis bernois, après que le bâtiment précédent datant du XIVe fut détruit par un incendie en 1518. Contrairement aux autres bâtiments, la maison du bailli n'est pas directement contiguë au mur d'enceinte ; il y a un espace d'un à deux mètres. Une petite tour ronde datant de 1626 au coin sud-est fait cependant exception. Elle remplaça un oriel en bois servant de toilettes[43] - [44].

La tour-escalier pentagonale, ajoutée à l'avant du bâtiment en 1630, remplaça un escalier plus raide situé à l'intérieur. On remplaça son clocher à bulbe par un toit en croupe en 1760. La façade sud dut être reconstruite en 1761-1762 à cause de dommages liés à l'humidité. Le hall d'entrée date en partie d'environ 1460. Au premier étage, une salle construite en 1565 s'étend sur toute le côté nord[44] - [45]. À partir de 1646, la maison du bailli devint inhabitable car l'humidité pénétrait le bâtiment. De 1902 à 1904 Jessup fit abaisser de deux étages la butte de terre du bastion oriental qui en était responsable, ce qui permit l'assainissement du bâtiment. La maison du bailli fut étendue vers la cour et reçut une façade de style néogothique[46].

Bastion oriental

Le bastion oriental.

Le bastion situé à l'est de la court intérieure fut créé entre 1642 et 1646 à la placé d'un boulevard érigé en 1582 qui était déjà obsolète au moment de sa construction. Grâce au comblement de l'écart entre la maison du bailli et le corps de logis, le château devait être protégé d'éventuels tirs de canon provenant de la colline du Goffersberg située en face. Les murs de l'ancien boulevard furent intégrés à la nouvelle construction. La maison du bailli adjacente fut protégée par une grande butte de terre et l'humidité qui pénétrait le bâtiment le rendit inhabitable. En 1659 le bastion oriental fut doté d'une tour horloge ; la flèche fut remplacée en 1760 par un clocher à bulbe[47] - [48]. Jessup fit abaisser le mur extérieur de six mètres en 1893-1894, exposant à nouveau les fenêtres de la façade sud de la maison du bailli. Une roseraie fut créée sur la surface de la butte abaissée. Pendant l'assainissement d'ensemble (1978–1986) ce qui restait de la butte de terre fut retiré et on creusa un sous-sol[47] - [48].

Un étroit escalier en colimaçon mène sur le mur qui atteint une hauteur de onze mètres au-dessus de la cour. Sur trois étages des salles jouxtent l'escalier comme l'indiquent les fenêtres de la façade côté cour. Un portail en arc en plein cintre avec des lésènes et un fronton bordé de sphères marque l'entrée. Un relief partiellement altéré est intégré à la façade ; on peut y reconnaître les armoiries des baillis Hans Weyermann et Daniel Lerber. Le cadran de l'horloge fut peint par H. J. Horer ; son mécanisme fut produit par Tobias Liechti. Sur le côté de la roseraie, une galerie relie la maison du bailli au corps de logis[49]

Corps de logis

Le corps de logis (ou palas (en)) avec toit en appentis fut construit vers 1100 sur ordre des comtes de Lenzbourg en tant que bâtiment rĂ©sidentiel renforcĂ© de quatre Ă©tages et d'une hauteur de 18 mètres. Le bâtiment construit Ă  partir de blocs de pierre superposĂ©s et de gravats mesure 13,8 mètres de long et 8 mètres de long. Avec le donjon adjacent, le corps de logis constitue l'ensemble le plus ancien du château. L'entrĂ©e se situait Ă  l'origine au deuxième Ă©tage et pouvait ĂŞtre atteinte depuis l'extĂ©rieur par un escalier en bois. L'Ă©tage principal avait une cheminĂ©e, le troisième Ă©tage servait de chambre et les deux Ă©tages infĂ©rieurs d'espaces de stockage. Ă€ l'Ă©poque des baillis bernois le bâtiment contenait la salle de torture s'y trouvait. Une entrĂ©e en arche fut ajoutĂ©e au rez-de-chaussĂ©e entre 1592 et 1599. Les rĂ©partitions des Ă©tages et les escaliers furent rĂ©organisĂ©s entre 1978 et 1986 pour les besoins du musĂ©e[50] - [51].

Donjon

Corps de logis et donjon.

Le donjon (ou Bergfried) est un bâtiment carrĂ© de dix mètres de cĂ´tĂ© dont les murs ont une Ă©paisseur de trois mètres. Elle fut ajoutĂ©e vers 1150 contre la façade ouest du corps de logis. Ă€ la mort de son constructeur Ulrich IV les travaux furent interrompus et le donjon resta inachevĂ© pendant plus de 170 ans. Elle ne fut terminĂ©e qu'en 1344 avec l'ajout de deux Ă©tages supplĂ©mentaires ayant des murs moins Ă©pais. Ă€ l'Ă©poque du bailliage bernois, Ă  partir environ du dĂ©but du XVIIe siècle, la prison se situait au premier Ă©tage[52] - [53].

Afin d'augmenter la capacité de stockage des céréales, le donjon et la maison des chevaliers ainsi que le puits situé entre les deux furent reliés en 1728-1729 par un bâtiment fonctionnel sans décoration. La façade nord du donjon dut être retirée car elle n'était pas alignée avec celle de la maison des chevaliers. En 1896, Jessup fit démolir le grenier et restaurer le donjon dans son état d'origine. Le puits mentionné pour la première fois en 1369 était à nouveau à l'air libre. Pendant l'assainissement d'ensemble (1978–1986) les étages et les escaliers furent réorganisés[53].

Maison des chevaliers

Salle supérieure de la maison des chevaliers.

La construction de la maison des chevaliers (Ritterhaus) commença en 1339. Le duc Frédéric II de Habsbourg (de) devait se marier au château de Lenzbourg avec la fille du roi d'Angleterre Édouard III et un bâtiment résidentiel de style gothique fut commandé. Le jeune duc mourut en 1344 peu avant la fin des travaux et les murs restèrent sans enduit[54]. La partie occidentale était en si mauvais état en 1509 qu'elle dut être démolie et reconstruite. Les murs extérieurs de la partie orientale restèrent mais l'intérieur dut être complètement refait. De nouvelles poutres et plusieurs piliers furent ajoutés pour renforcer la structure ; les murs étaient désormais plâtrés. La longueur du bâtiment fut réduite : le mur occidental fut détruit et reconstruit plus à l'est. Vers 1590, le bâtiment devenait une grange avec un grenier et un pressoir à vin ; des embrasures étaient ajoutées dans le même temps. L'intérieur du bâtiment est à nouveau entièrement réaménagé en 1758. Grâce à des nouveaux étages intermédiaires on put stocker davantage de céréales. Le bâtiment fut restauré le mieux possible selon son état d'origine en 1893. Les étages intermédiaires furent supprimés et la salle de l'étage supérieur retrouva sa fenêtre en arc brisé[55]. Actuellement, la salle peut louée pour l'organisation d'événements.

Le bâtiment de deux Ă©tages Ă  plan rectangulaire de dimensions 28 Ă— 17 mètres est dotĂ© d'un toit en demi-croupe massif. Alors que la salle supĂ©rieure occupe toute la largeur du bâtiment, la salle infĂ©rieure est situĂ©e Ă  cĂ´tĂ© d'un couloir. Une bande de fenĂŞtres gothiques Ă  arcades en plein cintre avec des fenĂŞtres jumelles en arc brisĂ© orne toute la longueur de la petite salle du cĂ´tĂ© sud, tandis que les arcades sont absentes des fenĂŞtres jumelles de l'Ă©tage supĂ©rieur. Les fenĂŞtres de la partie infĂ©rieure du mur nord sont rectangulaires. Le toit est recouvert de tuiles alsaciennes[56].

À côté de la maison des chevaliers se trouvait une petite chapelle consacrée à Saint-Fortunatus. Sa première mention écrite date de 1369. Après presque quatre siècles, elle était en si mauvais état qu'elle dut être démolie en 1762-1763[57].

Maison bernoise

La maison bernoise.

En 1600 fut crĂ©Ă© un nouveau bâtiment agricole de deux Ă©tages dans la partie sud-ouest du château, la « Hintere Haus » (« maison de derrière Â»). Ce fut le rĂ©sultat de la rĂ©unification de l'Ă©curie et du moulin sous un mĂŞme toit. Le bâtiment fut agrandi vers l'est en 1705-1707 en direction de l'aile nord pour augmenter la capacitĂ© de stockage du grain. Une partie de la façade sud dut ĂŞtre reconstruite en 1761-1762 Ă  cause de dommages causĂ©s par l'humiditĂ©. L'extension fut dĂ©molie en 1893 et remplacĂ©e par un chemin de ronde menant Ă  la porte supĂ©rieure[44]. Entre 1960 et 2018 le bâtiment Ă©tait occupĂ© par la fondation Stapferhaus Lenzburg (en). Le nom de la fondation et du bâtiment, « Stapferhaus Â», faisait rĂ©fĂ©rence au ministre de l'Ă©ducation sous la RĂ©publique helvĂ©tique Philipp Albert Stapfer. Depuis 2018 le bâtiment nommĂ© comme prĂ©cĂ©demment « Maison bernoise Â» (« Bernerhaus Â») abrite le restaurant et des salles de confĂ©rence et de rĂ©union.

Le bâtiment allongé de trois étages a un toit en croupe, recouvert de tuiles alsaciennes. Les fenêtres simples sont disposées de manière régulière. Trois loggias sont situées du côté est : celle du rez-de-chaussée est en maçonnerie, les deux autres en bois[58].

Musée du château de Lenzbourg

Le MusĂ©e du château de Lenzbourg, qui fait partie du musĂ©e argovien (Museum Aargau (de)) connu prĂ©cĂ©demment sous le nom de MusĂ©e historique argovien (Historisches Museum Aargau), est divisĂ© en quatre secteurs : le musĂ©e de l'habitat (dans la maison du bailli), la nouvelle exposition permanente (dans le corps de logis et le donjon), l'atelier historique et l'exposition temporaire (dans le bastion oriental) et le musĂ©e des enfants (au dernier Ă©tage de la maison du bailli). Environ 70 000 personnes personnes visitent le musĂ©e chaque annĂ©e, les classes scolaires reprĂ©sentant environ un tiers du total[59].

Habitat du XIXe siècle dans le musée du château.

Le musĂ©e de l'habitat, crĂ©Ă© 30 ans plus tĂ´t, fut complĂ©tĂ© en 2011 par des projections et enregistrements sonores qui donnent un aperçu de la vie des baillis Adrian von Bubenberg et Peter Bucher ainsi que de l'ancien propriĂ©taire du château August Edward Jessup et de sa femme Mildred Marion Bowes-Lyon[60]. Le rez-de-chaussĂ©e est consacrĂ© au Moyen Ă‚ge tardif. Dans l'une des pièces (le Taferstube), les murs et le plafond sont presque entièrement recouverts de boiseries. Dans la pièce se trouvent des meubles simples, dont une table de rangement pour les ustensiles d'Ă©criture, diverses chaises pliantes ainsi que des coffres et des armoires. Le salon contient un four Ă  dĂ´me reconstruit du XIVe siècle. La cuisine mĂ©diĂ©vale est situĂ©e Ă  son emplacement d'origine, avec le foyer reconstruit. Des ustensiles de cuisine originaux sont exposĂ©s[61]. L'habitat pendant la Renaissance et l'Ă©poque baroque sont prĂ©sentĂ©s au premier Ă©tage. Le sĂ©jour contient un lit Ă  baldaquin, un cabinet, des tapisseries et une cheminĂ©e. La cuisine reconstruite montre les progrès rĂ©alisĂ©s depuis le Moyen Ă‚ge tardif dans la conduite du mĂ©nage. Un poĂŞle de masse en faĂŻence et du matĂ©riel de chasse sont prĂ©sentĂ©s dans la pièce du bailli (Landvogtstube). La pièce d'Ă©criture y est rattachĂ©e[62]. L'habitat au XIXe siècle est prĂ©sentĂ© au deuxième Ă©tage. Des scènes d'animaux et des natures mortes composĂ©es de fleurs dominent le salon luxueux de style Louis XVI. On y trouve un poĂŞle de masse argovien datant de 1775. Des illustrations de paysages idylliques et de mondes fantastiques composent le plafond en stuc de la chambre Ă  coucher. Le mobilier date de l'Ă©poque rococo. La salle de musique est en grande partie restĂ©e dans son Ă©tat original[63].

Les collections historiques sont regroupées par sujet. Des explications sur le système juridique et pénal au XVIIe siècle sont données dans la prison située dans le donjon et largement conservée dans son état d'origine. On peut y voir les signes secrets sculptés dans le bois par les prisonniers pour communiquer entre eux et divers instruments de torture. Dans le donjon et le corps de logis sont présentés l'histoire ancienne du château avec les comtes de Lenzbourg, les comtes de Kybourg et les Habsbourg[64]. Le musée des enfants leur transmet l'histoire du château d'une manière adaptée à leur âge. Les enfants peuvent y assimiler de manière ludique les connaissances acquises pendant leur visite[65]. À l'étage supérieur, une exposition créée en coopération avec des enfants permet de découvrir la vie et le travail de l'explorateur polaire Lincoln Ellsworth, dernier propriétaire privé du château. La cave du bastion oriental accueille une salle d'exposition dans laquelle des ateliers historiques sont organisés pour les familles et les jeunes sur différents thèmes. Des expositions temporaires plus petites sur d'autres thèmes liés à l'histoire du château sont également présentées dans l'ancienne salle de protection du patrimoine culturel.

Autres utilisations

Le site est depuis 1956 le siège de la Fondation du château de Lenzbourg (Stiftung Schloss Lenzburg). Le canton y participe pour les trois quarts et la ville de Lenzburg pour un quart. Le but de la fondation est « de prĂ©server le caractère des biens du château, de rendre le site accessible au public et de mettre Ă  disposition les bâtiments pour des activitĂ©s culturelles ». La fondation doit financer ses besoins en grande partie elle-mĂŞme, c'est pourquoi elle loue la maison des chevaliers pour des Ă©vĂ©nements. Environ 160 Ă©vĂ©nements y sont habituellement organisĂ©s chaque annĂ©e (trois quarts par des privĂ©s et un quart par des institutions publiques) pour un total de 15 000 Ă  20 000 participants[66].

L'association créée en 1958 « Freunde der Lenzburg » soutient les objectifs de la fondation en « promouvant la vie culturelle et sociale du canton d'Argovie et en particulier de la ville de Lenzbourg par des événements appropriés ». Il s'agit notamment de concerts classiques et de représentations théâtrales organisés dans la cour intérieure ou dans la maison des chevaliers[67].

Festival folklorique de Lenzbourg (1975).

Le Festival folklorique de Lenzbourg (Folkfestival Lenzburg (de)) avait lieu dans le château de 1972 à 1980. C'était le premier festival de musique folk en Suisse et également le plus influent[68].

La fondation Stapferhaus Lenzburg (en) utilisait la « Hintere Haus » entre 1960 et 2018. Le nom « Stapferhaus Â» fait rĂ©fĂ©rence Ă  Philipp Albert Stapfer, ministre de l'Ă©ducation sous la RĂ©publique helvĂ©tique. La fondation se considĂ©rait d'abord comme un forum de discussion Ă  l'interface entre la culture et la science, et depuis 1992, elle organise Ă©galement des expositions sur des sujets contemporains[69]. La fondation dĂ©mĂ©nagea en 2018 dans un nouveau bâtiment construit Ă  cĂ´tĂ© de la gare de Lenzbourg[70]. La « Bernerhaus » ou « maison bernoise », comme s'appelait Ă  l'origine la « Hintere Haus » ou « maison de derrière Â», fut transformĂ©e et accueille maintenant un restaurant. Les espaces supĂ©rieurs sont des salles de rĂ©union et de confĂ©rence.

Notes et références

  1. (de) « Molasse-Rundhöcker Schlossberg und Gofi bei Lenzburg » [archive du ] [PDF], Académie suisse des sciences naturelles, (consulté le )
  2. Natur- und Heimatschutzkommission Lenzburg 2008, p. 26
  3. Frey 1987, p. 2
  4. Frey 1987, p. 3
  5. (de) « Die GrĂĽndersage der Lenzburg » [PDF], Museum Aargau (de) (consultĂ© le )
  6. Hans Stadler, « Ulrich Ier de Lenzbourg (le Riche) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  7. Dürst et Weber 1990, p. 15–16
  8. DĂĽrst et Weber 1990, p. 18
  9. (de) « Anna von Kyburg – die Geschichte einer Hochzeit », Museum Aargau (consulté le )
  10. DĂĽrst et Weber 1990, p. 18-20
  11. Veronika Feller-Vest, « Ribi (Schultheiss von Lenzburg) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  12. Dürst et Weber 1990, p. 21–22.
  13. DĂĽrst et Weber 1990, p. 23-24.
  14. DĂĽrst et Weber 1990, p. 25.
  15. DĂĽrst et Weber 1990, p. 28-29.
  16. DĂĽrst et Weber 1990, p. 30-31.
  17. DĂĽrst et Weber 1990, p. 32-33.
  18. DĂĽrst et Weber 1990, p. 33-34.
  19. Neuenschwander 1994, p. 21.
  20. Neuenschwander 1994, p. 493-503.
  21. Voir par exemple la biographie du poète alsacien Georges Zetter, issu de la bonne bourgeoisie protestante mulhousienne.
  22. Neuenschwander 1994, p. 504-505.
  23. Neuenschwander 1994, p. 506-507.
  24. Neuenschwander 1994, p. 507-508.
  25. Neuenschwander 1994, p. 510-511.
  26. Neuenschwander 1994, p. 512-513.
  27. Neuenschwander 1994, p. 515.
  28. Neuenschwander 1994, p. 517.
  29. (de) Peter Paul Stöckli, Die Freiräume von Schloss Lenzburg, vol. 24, coll. « Anthos: Zeitschrift für Landschaftsarchitektur », (lire en ligne).
  30. (de) « Geschichte Schloss Lenzburg », Museum Aargau (consulté le )
  31. (de) Stefania Telesca, « 2018 war das zweitbeste Jahr in der Geschichte von Museum Aargau – trotz Schloss-Umbau », Aargauer Zeitung, (consulté le ).
  32. (de) Janine Gloor, « Schloss-Sanierung soll im August fertig sein – wenn es nicht noch mehr Überraschungen gibt », Aargauer Zeitung, (consulté le ).
  33. (de) « Schloss und prähistorische Siedlungen », Office fédéral de la protection de la population (consulté le )
  34. Stettler et Maurer 1953, p. 128.
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  36. (de) « Schloss Lenzburg, übrige Mauern mit Befestigungsanlagen », Inventaire des monuments du canton d'Argovie.
  37. Natur- und Heimatschutzkommission Lenzburg 2008, p. 24–25.
  38. (de) « Schloss Lenzburg, Höfe mit Gärten », Inventaire des monuments du canton d'Argovie.
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  46. (de) « Schloss Lenzburg, Landvogtei », Inventaire des monuments du canton d'Argovie.
  47. Stettler et Maurer 1953, p. 132–133.
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  55. DĂĽrst 1992, p. 30.
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  59. Moosbrugger et al. 2001, p. 42, 45.
  60. Dettling et al. 2011, p. 3.
  61. Dettling et al. 2011, p. 4–8.
  62. Dettling et al. 2011, p. 10-16.
  63. Dettling et al. 2011, p. 18-22.
  64. Dürst 1992, p. 47–54.
  65. DĂĽrst 1992, p. 42.
  66. Moosbrugger et al. 2001, p. 41-42.
  67. Moosbrugger et al. 2001, p. 45.
  68. (de) Christine Burckhardt-Seebass, « "Gang, hol d'Gitarre... " : das Folk-Festival auf der Lenzburg 1972-1980 und die schweizerische Folk-Bewegung : eine Skizze. », Archives suisses des tradistions populaires,‎ , p. 156 (lire en ligne).
  69. (de) « Geschichte 1960–2014 », Stapferhaus Lenzburg (consulté le )
  70. (de) Ruth Steiner, « Stapferhaus-Leiterin: «Wir haben unser Traumhaus gebaut» », Aargauer Zeitung, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (de) Hans DĂĽrst et Hans Weber, Schloss Lenzburg und Historisches Museum Aargau, Aarau, AT-Verlag, (ISBN 3-85502-385-9)
  • (de) AndrĂ© Moosbrugger, Klaus Merz, Bruno Meier, Heiner Halder, Hans Ulrich Glarner, Daniela Ball et Gabriela Angehrn, Schloss Lenzburg, Lenzbourg, Kromer Medien,
  • (de) Heidi Neuenschwander, Historische Gesellschaft des Kantons Aargau, Schloss Lenzburg seit der KantonsgrĂĽndung, vol. 106, Aarau, Sauerländer, coll. « Argovia », (ISBN 978-3-7941-3778-7, lire en ligne)
  • (de) Hans DĂĽrst, Schloss Lenzburg, Historisches Museum Aargau, Berne, SociĂ©tĂ© d'histoire de l'art en Suisse, (ISBN 3-85782-509-X)
  • (de) Michael Stettler (de) et Emil Maurer, Die Kunstdenkmäler des Kantons Aargau, Bezirke Lenzburg und Brugg, Bâle, Birkhäuser Verlag,
  • (de) Peter Frey, Historische Gesellschaft des Kantons Aargau, Schloss Lenzburg, neue Erkenntnisse zur Bau- und Siedlungsgeschichte : Ergebnisse der archäologischen Forschungen von 1979-1984, vol. 60, Aarau, Association suisse Châteaux forts, coll. « Nachrichten des Schweizerischen Burgenvereins », (ISBN 978-3-7941-3778-7, lire en ligne)
  • (de) Angela Dettling, Stefan Hess (de) et Thomas Rorato, AusstellungsfĂĽhrer Wohnmuseum / Museum Aargau, Lenzbourg, Museum Aargau,
  • (de) Natur- und Heimatschutzkommission Lenzburg, Natur- und Kulturpfad Schloss- und Goffersberg,

Articles connexes

Liens externes

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