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PoĂȘle de masse

Un poĂȘle de masse, poĂȘle Ă  accumulation ou foyer de masse est un appareil de chauffage principal. Ce type de poĂȘle Ă  bois bĂ»che (certains modĂšles peuvent aussi fonctionner avec des granulĂ©s de bois[1] - [2]) pĂšse entre 1 et 6 tonnes[3] - [4] suivant sa conception. Sa masse constituĂ©e de matĂ©riaux lourds (pierre, brique ou bĂ©ton) stocke l'Ă©nergie d'une flambĂ©e quotidienne unique et intense (entre 1 et 3 h) et restitue longuement la chaleur une fois le feu Ă©teint[5] (jusqu'Ă  plus de 36 h)[4].

PoĂȘle de masse, Maison Hoecker, Pologne, 1880
PoĂȘle cĂ©ramique
PoĂȘle de masse dans une ferme allemande
SergueĂŻ Prokoudine-Gorski. PoĂȘle en faĂŻence dans le "Knyazhye Terem" Rostov. Cour mĂ©tropolitaine (XVIIIe siĂšcle) du Kremlin.

Toute la quantitĂ© de bois nĂ©cessaire (de 6 Ă  40 kg suivant la taille du foyer) pour chauffer l'habitat est brĂ»lĂ©e en une seule fois, ce qui induit des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es dans le foyer et permet d'obtenir une combustion complĂšte et peu polluante. L'accumulateur est conçu pour absorber une majoritĂ© d'Ă©nergie issue de la combustion. Quand elles quittent le poĂȘle, les fumĂ©es sont donc considĂ©rablement refroidies[6].

La chaleur accumulĂ©e est diffusĂ©e principalement par rayonnement et dans un pourcentage moindre par convection sur une durĂ©e allant jusqu'Ă  plus de 24h. Avec un rendement pour la plupart supĂ©rieur Ă  80 %, ces poĂȘles font partie des appareils de chauffage au bois les plus performants.

Description générale des principes de fonctionnement

Le rendement de la combustion dĂ©termine la performance de la combustion. Le rendement utile dĂ©signe la capacitĂ© du poĂȘle Ă  absorber la chaleur. Plus la tempĂ©rature des fumĂ©es est faible en sortie de circuit, plus le rendement utile sera Ă©levĂ©. Un poĂȘle Ă  bois classique en fonte peut avoir un rendement de combustion trĂšs Ă©levĂ© et laisser la plupart de la chaleur s'Ă©chapper par le conduit de fumĂ©e. Pour les poĂȘles de masse, le rendement utile va de 70 Ă  92 % selon les configurations (70 % est le taux minimum exigĂ© par la loi française pour les appareils neufs).

Un poĂȘle de masse est un appareil de chauffage principal. La plupart des habitations disposant d'un poĂȘle Ă  accumulation n'ont pas besoin d'appareil de chauffage supplĂ©mentaire. Mais ce mode de chauffage par rayonnement implique qu'il soit placĂ© au centre de l'habitat. La plupart des poĂȘles de masse actuels sont placĂ©s dans la piĂšce principale ouverte sur le salon, la salle Ă  manger et la cuisine.

Avec un poĂȘle Ă  accumulation, on prĂ©voit pour le lendemain, la quantitĂ© de bois nĂ©cessaire en fonction des tempĂ©ratures extĂ©rieures prĂ©vues. Sa masse lui confĂšre une inertie thermique propice Ă  attĂ©nuer la courbe de tempĂ©ratures de l’intĂ©rieur d'un bĂątiment (ce qui vaut Ă  ces poĂȘles d'ĂȘtre aussi nommĂ© "poĂȘles Ă  inertie"). Le poĂȘle est gĂ©nĂ©ralement dimensionnĂ© afin d'obtenir en une flambĂ©e, une tempĂ©rature de confort agrĂ©able durant 24h, ce qui permet de ne faire qu'une flambĂ©e par jour.

La flambée

Ce n'est pas une combustion lente comme dans un insert. C'est une flambĂ©e rapide et intense. (un poĂȘle standard ou un insert consomme 1 Ă  kg de bois Ă  l'heure contre 8 Ă  plus de 25 kg de bois brĂ»lĂ© Ă  l'heure pour un poĂȘle ou une cuisiniĂšre de masse).

GrossiĂšrement, on peut dire que le bois est composĂ© Ă  20 % de masse sĂšche et Ă  80 % de gaz. lors de la pyrolyse du bois, ces gaz vont ĂȘtre libĂ©rĂ©s, et l'enjeu d'une bonne combustion sera de brĂ»ler ces gaz qui reprĂ©sentent 60 % de l'Ă©nergie contenue dans le bois. Le fait de brĂ»ler ces gaz est connu sous le nom de combustion secondaire.

Pour brûler ces gaz, il faut plusieurs conditions réunies :

  • tempĂ©ratures dans le foyer entre 650 et 850 °C — si la tempĂ©rature est supĂ©rieure Ă  850 °C, on assiste alors Ă  la formation d'oxydes d'azote qui sont des polluants de l'atmosphĂšre,
  • apport d'air suffisant mais pas trop grand ; les fabricants conçoivent leur appareils avec un excĂšs d'air compris entre 1,5 et 3 fois l'apport d'air idĂ©al — dit stƓchiomĂ©trique,
  • un foyer qui permet un bon mĂ©lange des gaz et de l'air,
  • un tirage maĂźtrisĂ© afin de ne pas assister Ă  des variations de l'apport d 'air et de la vitesse de mĂ©lange dans le foyer.

Contrairement Ă  une idĂ©e rĂ©pandue, il n'y a pas forcĂ©ment besoin de foyer secondaire pour avoir une combustion secondaire. Les poĂȘles offrant les meilleures performances de combustion n'ont pas de tels foyers secondaires, comme les poĂȘles Grundofen, poĂȘles autrichiens et suisses.

L'accumulation de chaleur

L'accumulateur est ce qui constitue la masse du poĂȘle Ă  proprement parler. La chaleur est stockĂ©e dans l'accumulateur, qui fait office de conduits de fumĂ©e. Les fumĂ©es partent du foyer et passent dans l'accumulateur oĂč elles lui cĂšdent la chaleur (en d'autres termes, l'accumulateur capte l'Ă©nergie sous forme de chaleur). La chaleur des fumĂ©es est donc rĂ©cupĂ©rĂ©e avant son Ă©vacuation par le conduit.

La restitution de chaleur par rayonnement

La chaleur est restituĂ©e par rayonnement sous forme de chaleur douce. En effet les parois externes du poĂȘle ont des tempĂ©ratures de surface maximales de l'ordre de 50 Ă  70°C. Le rayonnement infrarouge chauffe les corps solides. On dit que le poĂȘle de masse chauffe "tout ce qu'il voit", un peu comme le soleil. Ce qui est dans l'ombre du poĂȘle de masse sera donc chauffĂ© par convection et par rayonnement des cloisons prĂ©alablement chauffĂ©es par le poĂȘle mais avec un dĂ©phasage important. Pour cette raison, un poĂȘle de masse est de prĂ©fĂ©rence construit au centre de l'habitation dans une piĂšce commune assez grande.
Le chauffage par rayonnement permet aussi une bonne rĂ©gulation de l'hygromĂ©trie intĂ©rieure de l'habitation (le taux d'humiditĂ© relative de l'air d'une habitation doit ĂȘtre comprise entre 40 et 60 %).

En pĂ©riode de grand froid, si la capacitĂ© maximale du poĂȘle ne permet pas d'atteindre des tempĂ©ratures de confort voulues avec des flambĂ©es espacĂ©es de 24h, il peut ĂȘtre nĂ©cessaire de faire des flambĂ©es espacĂ©es de 12h, soit deux flambĂ©es par jour.

Caractéristiques

Générales

Un poĂȘle de masse se caractĂ©rise par son poids total. Son poids caractĂ©rise sa capacitĂ© Ă  stocker l'Ă©nergie. Suivant la nature des matĂ©riaux le composant, la rapiditĂ© d'accumulation de la chaleur et la capacitĂ© maximale de stockage vont lĂ©gĂšrement varier. La taille de son foyer est dĂ©terminĂ©e en fonction de la quantitĂ© de bois nĂ©cessaire pour chauffer l'habitat durant 24h. La gestion de la post-combustion peut ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente suivant la conception et le type de foyer. L'emploi de matĂ©riaux rĂ©fractaires aux points les plus chauds du poĂȘle est indispensable Ă  sa durabilitĂ©.

Le foyer

Le foyer, c'est l'espace oĂč a lieu le chargement et la combustion du bois.
Il est dimensionné en fonction de la quantité de bois nécessaire pour chauffer l'habitat durant 24h.

Les matériaux

On distingue plusieurs types de matériaux traditionnels :

  • Les Kacheln, ce sont des carreaux (cm d'Ă©paisseur) en cĂ©ramique rĂ©fractaire faĂŻencĂ©e. Ils servent Ă  la fois d'Ă©lĂ©ments de montage et de dĂ©cors.
  • La brique de terre cuite pour les poĂȘles finlandais, suĂ©dois, danois
  • La chamotte, l'argile
  • les pierres (grĂšs, calcaires, stĂ©atite, etc.)

Historique

PoĂȘle en cĂ©ramique, MusĂ©e Alexander Pushkin, Vilnius

Le poĂȘle de masse ou foyer de masse est originaire de l'espace frontalier du Rhin-supĂ©rieur (Alsace, Bade-Wurtemberg et Nord de la Suisse). Il y est appelĂ© « Kachelofen Â» qui traduit littĂ©ralement signifie « poĂȘle recouvert de carreaux Â». Des fouilles archĂ©ologiques rĂ©alisĂ©es en 1990 Ă  Strasbourg (Place des Bateliers) ont permis de dĂ©couvrir des Kacheln (carreaux en cĂ©ramique rĂ©fractaire, 22 Ă— 22 Ă— 8 cm Ă©maillĂ© sur un cĂŽtĂ©) datant du XIIe siĂšcle. Ce sont les Kacheln les plus anciens trouvĂ©s en Europe[7]

Il n’y a pas Ă  proprement parler un « poĂȘle de masse » mais plusieurs types de poĂȘle de masse dĂ©veloppĂ©s depuis plusieurs siĂšcles. Il existe diffĂ©rentes conceptions qui influent directement sur la forme finale du poĂȘle et qui correspondent Ă  des origines gĂ©ographiques diffĂ©rentes.

  • le poĂȘle de masse de type germanique : ces poĂȘles sont le fruit d'une longue tradition artisanale (avec notamment la premiĂšre Ă©cole au monde crĂ©Ă©e en Suisse en 1889), et sont basĂ©s sur une technique qui a su s'adapter aux nĂ©cessitĂ©s de notre Ă©poque; Aussi, aujourd'hui, il est possible grĂące aux efforts des corporations suisses et autrichiennes de concevoir des poĂȘles sur mesure (industriels ou artisanaux) avec une garantie de performances Ă©quivalentes aux 7 Ă©toiles du label français flamme verte. Ces poĂȘles sont construits Ă  partir de matĂ©riaux rĂ©fractaires. En allemand, ces poĂȘles sont appelĂ©s « Grundofen » si l'habillage est rĂ©alisĂ© en briques ou est enduit, ou encore « Kachelofen » si l'habillage est rĂ©alisĂ© en carreaux de faĂŻence. Le terme Kachelofe se retrouve Ă©galement en alsacien.
  • Le poĂȘle finlandais Ă  contre-courant : invention de H. Taivannen Ă  la fin des annĂ©es 1970, ce poĂȘle a Ă©tĂ© en France le plus connu jusqu'Ă  peu grĂące aux efforts de communication de grands fabricants finlandais. ComposĂ© d'un foyer principal, d'un goulet d'Ă©tranglement donnant sur une seconde chambre de combustion/dĂ©tente, les gaz sont d'abord mis sous pression et, butant sur la dalle de fermeture du haut, sont forcĂ©s de redescendre dans les canaux de fumĂ©e jusqu'en bas du poĂȘle. Ce faisant, les gaz perdent petit Ă  petit leur chaleur qui est transmise aux murs latĂ©raux. Cette circulation anormale des gaz vers le bas a donnĂ© le nom de poĂȘle de masse Ă  contre courant (contraflow). Leur architecture est assez cadrĂ©e et permet peu de variations. C'est un modĂšle en quelque sorte standard. Pour un bon fonctionnement de ces poĂȘles, il faut adapter le conduit de fumĂ©e, afin que ce dernier ait un tirage adaptĂ© au bon fonctionnement du poĂȘle. Ce modĂšle est trĂšs prisĂ© des auto-constructeurs, mĂȘme si la majoritĂ© des modĂšles n'apportent souvent pas de garantie sur la qualitĂ© de la combustion.
  • Le Kakelugn suĂ©dois : En forme de colonne ou d'une apparence parfois similaire au finlandais et d'une conception assez proche de celui-ci, seuls les canaux de fumĂ©e interne varient, il est composĂ© de plusieurs chicanes verticales forçant les gaz Ă  descendre et Ă  monter.
  • Les petchka : Europe de l'Est, Russie. GĂ©nĂ©ralement assez massif, les chicanes sont plutĂŽt horizontales. Ces poĂȘles sont dĂ©veloppĂ©s notamment par Alex Chernov et Kuznetsov.

Évolutions

Comme dit prĂ©cĂ©demment, les techniques dĂ©veloppĂ©s par les artisans-poĂȘliers suisses et autrichiens ont permis de concevoir des poĂȘles avec des performances garanties, que ce soit au niveau du rendement, des Ă©missions de CO, de NOx ou encore de particules fines. Ces diffĂ©rentes techniques ont Ă©tĂ© validĂ©es par les travaux de recherche effectuĂ©s en partenariat avec des universitĂ©s ou d'autres organismes et font l'objet d'Ă©tudes scientifiques poussĂ©es dans plusieurs pays, participant ainsi Ă  l'amĂ©lioration des normes en vigueur.

Des artisans et des industriels conçoivent et fabriquent ces poĂȘles dans tout l'hĂ©misphĂšre Nord, en Europe, au Canada, au QuĂ©bec, aux États-Unis et en Russie. Il en existe certainement en Asie.

Plusieurs Ă©coles ont donc aujourd’hui dĂ©veloppĂ© leur systĂšme, mais le principe reste le mĂȘme.

Les matériaux

Les matĂ©riaux d'un poĂȘle Ă  accumulation varie selon leur usage dans le poĂȘle. Dans les parties les plus exposĂ©es, on trouve du bĂ©ton rĂ©fractaire ou de la brique rĂ©fractaire, car leur rĂ©sistance mĂ©canique aux fortes tempĂ©ratures et leur capacitĂ© Ă  absorber les chocs thermiques est gage de durabilitĂ© et de performance. Les parties moins exposĂ©es (l'habillage ou le parement) peuvent quant Ă  elles recevoir une palette plus large de matĂ©riaux comme la brique de terre cuite, la brique de terre crue compressĂ©e (communĂ©ment nommĂ©e BTC), du bĂ©ton, de la pierre.

Les matĂ©riaux utilisĂ©s peuvent donc ĂȘtre de plusieurs sortes : briques rĂ©fractaires haute densitĂ©, dalles rĂ©fractaires, briques rĂ©fractaires courantes, briques de terre cuites, chamotte, briques de terre crue (BTC), argile et toute la gamme des pierres (suivant les rĂ©gions grĂšs, granit, stĂ©atite, pierre de Caen, pierre sĂšche etc.).

La BTC locale pour le parement (disponible auprĂšs des briqueteries traditionnelles) est Ă©conome en Ă©nergie grise et a de ce fait un intĂ©rĂȘt Ă©cologique certain.

Dans la plupart des constructions actuelles la brique réfractaire haute densité (avec un taux d'alumine compris entre 25 et 60 %) est utilisée pour le compromis qu'elle offre face au couple température / choc thermique. De plus sa capacité de chaleur massique permet une premiÚre accumulation de l'énergie produite.

Gestion de la dilatation

Les foyers modernes sont en majoritĂ© constituĂ©s de plusieurs couches de matĂ©riaux diffĂ©rents et sĂ©parĂ©es les unes des autres par une mince couche de fibre minĂ©rale ou un vide d'air permettant la dilatation des zones les plus chaudes et Ă©vitant ainsi la fissuration des matĂ©riaux. Dans le cas d'un foyer maçonnĂ©, les briques rĂ©fractaires forment le foyer, des briques semi-rĂ©fractaires forment les canaux de fumĂ©es (de l'accumulateur secondaire), et des briques de parements viennent habiller les faces externes du poĂȘle.

Amélioration de la combustion

La post-combustion nĂ©cessite un mĂ©lange des gaz visqueux avec de l'air prĂ©chauffĂ© par le poĂȘle. Cet air prĂ©chauffĂ©, dit air secondaire, peut ĂȘtre amenĂ© de diffĂ©rentes façons et arriver Ă  diffĂ©rents niveaux du foyer suivant la conception du poĂȘle. Dans l'idĂ©al, un poĂȘle bien conçu implique que la gestion du tirage, de la quantitĂ© d'air primaire et de la quantitĂ© d'air secondaire n'a pas Ă  ĂȘtre rĂ©glĂ©e par l'utilisateur. La particularitĂ© de cette technique est la combustion Ă  trĂšs haut rendement rĂ©el (entre 98 et 99,5 % du PCI - pouvoir calorifique infĂ©rieur du bois), ou post-combustion, rĂ©duisant les Ă©missions de monoxyde de carbone, particules fines et autres polluants habituellement gĂ©nĂ©rĂ©s par la combustion au bois.

Les foyers

Il existe deux types de foyers.

Les foyers entiÚrement maçonnés et les foyers en fonte avec un chemisage en réfractaires.

La principale diffĂ©rence ente les deux types de foyer est que les foyers maçonnĂ©s peuvent ĂȘtre sur mesure, contrairement aux foyers fonte qui sont standardisĂ©s.

L'accumulateur et le parement

L'accumulateur est traditionnellement disposĂ© autour du foyer et de la chambre de double combustion. C'est ce qui fait la masse du poĂȘle, bien que le foyer reprĂ©sente dĂ©jĂ  en lui-mĂȘme une certaine masse qui souvent est tiĂšde lors de l'allumage (c'est pourquoi on l'appelle le cƓur du poĂȘle).

Un accumulateur secondaire (voire plusieurs) peut se placer entre le poĂȘle et le conduit d'Ă©vacuation sous la forme d'un banc chauffant, d'un encadrement pour le stockage du bois, d'un muret, d'un mur.

Les matériaux de l'accumulateur et du parement sont choisis en fonction de plusieurs critÚres[6] :

  1. leur capacité thermique, c'est l'aptitude d'un matériau à stocker l'énergie ;
  2. leur diffusivité, qui détermine la vitesse avec laquelle la chaleur va passer des parois internes aux parois externes ;
  3. leur effusivité, touche la capacité de surface d'un matériau, un habillage fin change l'effusivité d'une paroi.

Les poĂȘles artisanaux actuels

Les poĂȘles artisanaux offrent une esthĂ©tique naturelle plus variĂ©e et dans le cas de poĂȘles maçonnĂ©s un habillage n'est pas nĂ©cessaire. Ils peuvent s'adapter Ă  la morphologie d'un bĂątiment et au rythme de vie des habitants. Certains artisans construisent des poĂȘles escaliers. Ils sont propres Ă  laisser une part de crĂ©ativitĂ© dans leur construction. Certains sont de vĂ©ritables Ɠuvres d'art.

Four

Un four pour faire cuire les aliments est souvent présent. Il existe deux types de fours : le four "noir" ou le four "blanc".

Le four noir
comme son nom ne l'indique pas, c'est un four propre. Le principe est de faire la flambĂ©e dans le four Ă  la maniĂšre d'un four Ă  pain traditionnel ou d'un four Ă  gueulard. Le fait de faire le feu directement dans le four permet d'obtenir des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es qui permettent toutes les cuissons (de la pizza Ă  400 °C jusqu'au tajine mijotĂ©, en passant par les pains cuits aux environs de 250 °C). Selon la conception, le foyer peut ĂȘtre utilisĂ© comme un four noir. Bien sĂ»r, on ne peut utiliser ce type de four pendant la flambĂ©e ; une flambĂ©e durant 1h30 Ă  5 heures, cela fait que le four est chaud et utilisable 19 Ă  22h30 par jour (si le poĂȘle est conçu pour une autonomie de 24 heures).
Le four blanc
est hermétique. Les fumées en sortie de goulet passent au-dessus et en dessous via une dalle qui chauffe le four à des températures pouvant monter à 250 °C en fin de flambée. La cuisson est donc possible à n'importe quel moment. Les températures sont inférieures à celle du foyer. On y privilégie donc les cuissons lentes pour des plats de type poissons, viande, tajine, haricots, lentilles, etc. Mais aussi le pain, les gùteaux, le gratin pour des cuissons juste aprÚs la flambée.

Tout comme les diffĂ©rents types de poĂȘles (lĂ©gers ou lourds, Ă  simple peau et Ă  double peau), il n'y a pas de type de four meilleur qu'un autre, l'important Ă©tant de choisir un four permettant de rĂ©pondre aux besoins d'utilisation : le four blanc ne sera pas adaptĂ© aux cuissons demandant de hautes tempĂ©ratures, et inversement le four noir sera souvent trop chaud pour pouvoir sĂ©cher des pommes au cƓur de l'hiver.

Il est possible d'incorporer les deux types de fours Ă  la mĂȘme construction.

Autres particularités

  • Un by-pass en fonte tient parfois lieu de « starter » Ă  l'allumage. En position ouverte, il permet aux gaz de suivre un trajet court (foyer-conduit d'Ă©vacuation) au lieu d’un trajet long lorsqu’il est en position fermĂ©e (foyer-accumulateur-accumulateur secondaire-conduit d'Ă©vacuation).
  • Un clapet coupe-circuit en fonte est parfois placĂ© soit dans le poĂȘle afin de rĂ©duire les pertes de chaleur une fois la flambĂ©e terminĂ©e et les braises dissipĂ©es. il est conseillĂ© que ce dispositif de fermeture soit placĂ© au niveau de l'arrivĂ©e d'air du poĂȘle plutĂŽt qu'Ă  la sortie du poĂȘle ; en effet, un clapet situĂ© en sortie de poĂȘle peut ĂȘtre dangereux en cas de mauvaise manipulation (fermeture du clapet quand il y a encore des braises) et engendrer une intoxication au monoxyde de carbone.
  • quand le poĂȘle est bien conçu, des trappes sont disposĂ©es aux endroits stratĂ©giques de l'accumulateur afin de pouvoir ramoner, si nĂ©cessaire, l'intĂ©gralitĂ© des circuits de fumĂ©es.
  • La production d'eau chaude sanitaire est possible avec un poĂȘle de masse. Il peut s'agir d'un rĂ©cupĂ©rateur de chaleur Ă  la sortie du foyer avec un contact direct avec les fumĂ©es ou encore d'un Ă©changeur plaquĂ© contre le foyer mais pas au contact des fumĂ©es.
  • Le support de ce genre de poĂȘle n'est pas Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre au vu des masses considĂ©rĂ©es (de 1 Ă  6 tonnes suivant le modĂšle). Il est en gĂ©nĂ©ral constituĂ© d'une dalle en bĂ©ton dimensionnĂ©e comme une fondation de mur. Elle pourra ensuite ĂȘtre recouverte d'une couche d'isolant incompressible pour Ă©viter un pont thermique sous le poĂȘle. Certains poĂȘles relativement lĂ©gers peuvent ĂȘtre supportĂ©s par des poutres mĂ©talliques scellĂ©es dans un mur plein, permettant ainsi d'installer un poĂȘle Ă  l'Ă©tage sur un plancher bois sans pour autant construire une colonne de soutien.
  • Le ramonage n'est pas nĂ©cessaire si le poĂȘle est utilisĂ© correctement, mais une vĂ©rification visuelle par un professionnel reste indispensable. La production de cendres est minime, de l'ordre d'un seau par mois.
  • Certains poĂȘles nĂ©cessitent un feu de prĂ©chauffage pour amĂ©liorer le tirage. c'est souvent le cas en intersaison si le poĂȘle ne dispose pas d'un by-pass.

Remarques

Il n'y a pas dans l'absolu de poĂȘle meilleur qu'un autre, il n'y a que des poĂȘles adaptĂ©s Ă  des situations donnĂ©es. Il est des maisons oĂč un poĂȘle lĂ©ger sera plus profitable qu'un poĂȘle lourd, et vice-versa.

Fonctionnement

Toujours utiliser du bois parfaitement sec, c’est-Ă -dire Ă  20 % d’humiditĂ© maximum (c’est la meilleure garantie de longĂ©vitĂ© d'un poĂȘle et de rendement calorifique). L’usage d’un hygromĂštre rĂ©sistif (Ă  pointes) est recommandĂ© en cas de doute.

La vitre du foyer n'a pas besoin d'ĂȘtre nettoyĂ©e car elle ne noircit pas.

Inconvénient

L'inertie (et donc le dĂ©phasage) des poĂȘles de masse est Ă  la fois leur point fort et leur principal inconvĂ©nient, car s'ils sont capables d'accumuler la chaleur pour la restituer lentement, ils ne permettent pas de disposer instantanĂ©ment de fortes puissances pour rĂ©chauffer rapidement un habitat qui se serait refroidi pendant une absence prolongĂ©e.

Il existe nĂ©anmoins des poĂȘles hybrides qui peuvent jouer sur les deux paramĂštres.

PoĂȘlier, un mĂ©tier

Le mĂ©tier de poĂȘlier est un mĂ©tier sĂ©culaire, rĂ©glementĂ©, qui nĂ©cessite un apprentissage long (3 ans minimum, 5 ans dans l'idĂ©al). Ce mĂ©tier est rĂ©pertoriĂ© dans les mĂ©tiers d'art par le ministĂšre de l'artisanat. Il nĂ©cessite des connaissances assez poussĂ©es dans des domaines tels que : thermique du bĂątiment, en fumisterie, en maçonnerie traditionnelle, en maçonnerie-fumiste.

Il existe en France une fĂ©dĂ©ration regroupant les artisans poĂȘliers, la FĂ©dĂ©ration Française des PoĂȘliers et Atriers. Cette fĂ©dĂ©ration est menĂ©e par les poĂȘliers alsaciens qui sont les tenants de la tradition du mĂ©tier en France. Elle s'appuie sur la compĂ©tence de la corporation des poĂȘliers et atriers de l'Est qui existe depuis plusieurs dĂ©cennies et dispense des formations diplĂŽmantes (3 ans pour devenir ouvrier-poĂȘlier, et 2 ans supplĂ©mentaires pour devenir poĂȘlier)

Il existe Ă©galement, l’Association Française du PoĂȘle MaçonnĂ© Artisanal (AFPMA) qui regroupe un grand nombre de professionnels et de sympathisants sur tout le territoire Français. Cette association trĂšs active organise des formations en interne ainsi que des temps de partage de savoir faire.

Elle a pour objet dans ses statuts :

  • le partage de connaissances, de techniques, de savoir-faire et d’expĂ©riences relatives aux professions de poĂȘlier et fournier.
  • la reconnaissance, la structuration, le dĂ©veloppement, la promotion, la valorisation, et la dĂ©fense des professions de poĂȘlier et fournier.
  • la participation Ă  la rĂ©glementation, l’accompagnement, la formation et la qualification professionnelle relatives aux professions de poĂȘlier et fournier.
  • la dĂ©fense des droits et des intĂ©rĂȘts de ses membres qualifiĂ©s.

Les problĂ©matiques environnementales sont au cƓur des prĂ©occupations de l’AFPMA et ses membres dĂ©veloppent des conceptions innovantes, notamment Ă  l’aide d’outils de calcul informatique, en rĂ©ponse aux futures rĂ©glementations sur les Ă©missions polluantes. L’AFPMA a par essence dĂ©velopper la formation « partagĂ©e » Ă  l’intĂ©rieur de son rĂ©seau de professionnels afin d’augmenter en compĂ©tence collectivement.

Il est Ă  noter, qu'Ă  l’instar de ce qui s'est passĂ© dans la construction en paille, il y a un rĂ©el engouement pour ce moyen de chauffage, et on assiste Ă  de nombreuses naissances de "vocations" pas toujours professionnelles. Aussi, on peut trouver sur internet nombre de "poĂȘliers" improvisĂ©s, qui n'ont pas eu la chance d'effectuer un rĂ©el apprentissage, et se sont formĂ©s lors de "formations" informelles et qui ne mesurent pas toujours les dangers associĂ©s Ă  leur pratique. Aussi, nous ne saurions trop conseiller aux lecteurs de se renseigner sur la formation des personnes Ă  qui ils s'adressent.

En attendant la mise en place de davantage de formation qualifiante pour les futurs poĂȘliers, le rĂ©seau de l'AFPMA permet Ă  travers sa carte des membres d'avoir un rĂ©seau de poĂȘliers partenaires au sein d'une mĂȘme structure.

Le poĂȘlier a pour principal partenaire le ramoneur, tous deux se retrouvant sur la fumisterie. Le poĂȘlier maĂźtrise la combustion, et le ramoneur maintient les appareils, et s'assure de leur bonne utilisation.

Autoconstruction

Concevoir et construire un poĂȘle demande de fortes compĂ©tences, et le proverbe dit qu'"on ne joue pas avec le feu !". L'auto-construction menĂ©e en amateur peut ĂȘtre dangereuse :

Les risques peuvent ĂȘtre :

  • le dĂ©gagement de fumĂ©es dans la maison, intoxications au CO et au CO2. Contrairement Ă  une installation oĂč la fumĂ©e suit un parcours strictement montant, dans un poĂȘle de masse il est possible de trouver des pressions positives, dues au fait qu'une colonne chaude montante est suivie d'une colonne moins chaude descendante. Les fuites dans ce cas s'exprime de l’intĂ©rieur du poĂȘle vers la piĂšce. Ce risque est particuliĂšrement important en prĂ©sence d'un clapet de fermeture du poĂȘle situĂ© en sortie de poĂȘle.
  • un feu de poĂȘle et de cheminĂ©e, et donc potentiellement de la maison. En effet mĂȘme si l'absence de rĂ©gime ralenti limite grandement l'accumulation d’imbrĂ»lĂ©s dans le cheminement de fumĂ©e, un poĂȘle mal conçu dans lequel la combustion n'est pas de bonne qualitĂ© ou insuffisamment ramonĂ© peut prendre feu.
  • Inflammation de matĂ©riaux Ă  proximitĂ© du poĂȘle par non-respect des distances de sĂ©curitĂ©.
  • une explosion du poĂȘle, due Ă  une mauvaise conception de l'installation qui ne permet pas un tirage suffisant au dĂ©marrage, entraĂźnant une forte concentration de gaz imbrĂ»lĂ©s dans le cheminement de fumĂ©e, et parfois leur inflammation brutale qui peut atteindre une violence suffisante pour faire sauter les trappes et mĂȘme Ă©ventrer le poĂȘle. Ce phĂ©nomĂšne peut aussi se produire si l'utilisateur in-averti dĂ©cidait de mettre son bois Ă  sĂ©cher dans le foyer.

Pour rappel, l'auto-constructeur est responsable de sa rĂ©alisation pendant 10 ans. Donc en cas d'incendie, sa responsabilitĂ© va ĂȘtre interrogĂ©e, mĂȘme en cas de revente de la maison au prĂ©alable[8].

Aussi, avant d'entreprendre tout travaux, il est conseillĂ© de demander conseil Ă  un professionnel, sinon de participer Ă  un stage d'auto-construction de poĂȘle de masse dans un Ă©co-centre ou une association compĂ©tente. Le nombre de formations Ă©tant devenu plĂ©thorique[9] - [10] - [11], il est vivement conseillĂ© de demander aux formateurs toutes les assurances, et preuves du bien-fondĂ© du savoir transmis (conformitĂ© aux normes en vigueur NF EN 15544, NF EN 13384, DTU 24.1 notamment).

Normes

La norme NF EN 15544 est une norme issue des travaux scientifiques de l'institut technologique de Vienne en Autriche. Elle garantit les performances (tirage, non-pollution, rendement) des poĂȘles.

La norme NF EN 15250 est une norme industrielle.

La norme NF EN 13384 est une rĂšgle de calculs qui permet de vĂ©rifier qu'il y a un Ă©quilibre entre le tirage du conduit de fumĂ©e et le poĂȘle.

L’agrĂ©ment QUALIBOIS est dĂ©cernĂ© aux professionnels qui justifient de toutes les assurances obligatoires et dĂ©montrent leurs compĂ©tences et leur sĂ©rieux. Leurs installations sont conformes aux normes en vigueur et rĂ©guliĂšrement contrĂŽlĂ©es par un organisme indĂ©pendant.

Le DTU 24.1[12] permet de s'assurer que le conduit de fumée est aux normes de sécurité.

Voir aussi

Notes et références

  1. [PDF] Document Technique d'Application, sur le site du CSTB, voir en particulier le tableau p. 8, consulté le 24 mai 2014.
  2. [PDF] Se chauffer au bois, guide ADEME 2012, tableaux p. 4, 9.
  3. Association Oxalis, « Les plans »
  4. Adrien Maridet, « PoĂȘle de masse : tout savoir sur ce poĂȘle qui chauffe longtemps » AccĂšs libre, sur Habitatpresto mag, (consultĂ© le )
  5. Association Oxalis, « Support de formation » [PDF], p. 21
  6. PoĂȘle Ă  accumulation, le meilleur du chauffage au bois, de Vital Bies et Marie Milesi, aux Ă©ditions Terre Vivante, avril 2010
  7. Madeleine ChĂątelet, « Strasbourg, place des Bateliers. La cĂ©ramique de poĂȘle du Haut Moyen Age », Etude des Civilisations de l'AntiquitĂ©,‎ , p. 15.31 (ISSN 1266-7706)
  8. article de loi sur les responsabilités des constructeurs (autoconstructeurs compris)
  9. Association OXalis, « Formations »
  10. « Stages poĂȘle de masse » (consultĂ© le )
  11. « PoĂȘle de masse », sur La Maison en Paille (consultĂ© le )
  12. norme NF DTU 24.1 , AFNOR

Bibliographie

  • Eva Roth Heege; Ofenkeramik und Kachelofen – Typologie, Terminologie und Rekonstruktion im deutschsprachigen Raum (CH, D, A, FL); Édition Schweizerischer Burgenverein, Basel. (ISBN 978-3-908182-23-8)
  • Unger, Ingeborg; Kölner Ofenkacheln. Die BestĂ€nde des Museums fĂŒr Angewandte Kunst und desKölnischen Stadtmuseums. Köln1988. (ISBN 3-927396-01-X).
  • PoĂȘle Ă  accumulation, le meilleur du chauffage au bois, de Vital Bies et Marie Milesi, aux Ă©ditions Terre Vivante, (ISBN 978-2-914717-80-9) aperçu
  • The Book of masonry stove, rediscovering an Old Way of Warming, de David Lyle

Articles connexes

Liens externes

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