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Brigades spéciales

Les brigades spéciales (BS) étaient, à la préfecture de police de Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale, une police spécialisée dans la traque des « ennemis intérieurs», principalement communistes, rarement dissidents, prisonniers évadés, et réfractaires au STO. Créées en 1941 par Pierre Pucheu, elles dépendaient de la direction centrale des Renseignements généraux (RG) et travaillaient en étroite collaboration avec les polices allemandes, sur la base de textes répressifs français[1]. Si les affaires juives étaient suivies par ces mêmes RG, la recherche des Juifs était principalement entre les mains de la brigade spécialisée de la Police judiciaire.

Confusion

Les brigades spéciales de Vichy ne doivent pas être confondues avec la Brigade Spéciale du Quai des Orfèvres.

En 1942, le service de sûreté éclate en une dizaine de districts et il ne reste à Paris qu’une brigade spéciale forte d’environ 300 hommes. Cette brigade est divisée en trois sections. À la première section, dite BS1, on confie les enquêtes de sang. C’est l’ancêtre de la brigade criminelle. La BS2, est chargée de réprimer les vols et la BS3 traite des escroqueries, des abus de confiance et de la fausse monnaie.

Après la Libération, pour éviter le moindre quiproquo avec les calamiteuses brigades spéciales de Vichy, l’appellation « brigade spéciale » disparaît du vocabulaire policier.

Siège

Le siège des brigades spéciales était situé au 2e étage, salle 35 de la préfecture de police de Paris, aile actuellement occupée par la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC).

Les chefs

  • Commissaire Fernand David, responsable de la BS1 (pièce 47), surnommĂ© « David les Mains Rouges », fusillĂ© après la LibĂ©ration le [1]
  • Commissaire RenĂ© (dit Jean) HĂ©noque, responsable de la BS2 (pièce 29) spĂ©cialisĂ©e dans la traque des communistes[2]
  • Baldini (pièce 27)
  • Inspecteur Gaston Barrachin
  • Blancard (pièce 38)
  • Bouton
  • Inspecteur Chauveau (pièce 37)
  • ClĂ©vy (pièce 41)
  • Inspecteur DaimĂ© (pièce 37)
  • Decorty (pièce 40)
  • DĂ©sauniĂ© (pièce 45)
  • Leblanc (pièce 27)
  • Maupin
  • Portalès - secrĂ©taire (pièce 44), par ailleurs reconnu comme rĂ©sistant.
  • Rochet - secrĂ©taire (pièce 42)
  • ThĂ©venard - secrĂ©taire (pièce 46)

Affectation

Les agents affectés aux brigades spéciales (BS) sont majoritairement des inspecteurs de la police de Paris, complétés par des gardiens de la paix promus, occasionnellement recrutés sur concours avant 1937. Ils sont pour la plupart, comme beaucoup de leurs collègues, d'origine provinciale et nés avant la première guerre mondiale. Ces policiers intègrent les RG ou les BS parfois à partir de , puis à l'été 1941 et enfin en 1942. Le recrutement s'avère alors difficile faute de volontaires. Même de très jeunes inspecteurs fraîchement recrutés seront versés de force dans ces unités.
Les premiers sont des inspecteurs volontaires issus des RG ou de la PJ, puis ils sont rejoints par des gardiens de la paix, détachés comme inspecteurs auxiliaires de la DRG à la déclaration de guerre et qui se retrouvent versés dans les BS. Titularisés inspecteurs spéciaux, ils constituent l'ossature de la BS2.
Les seconds sont des gardiens de la paix, de la BS1. Les plus zélés se trouvent dans les 3e et 4e groupes de la BS2 commandés par Jean Bouton, membre du PPF, de Doriot et Gaston Barrachin.

Ceux de 1942 sont soit de jeunes policiers, certains membres du PPF ou du RNP entrés à la police de Paris par idéologie, soit des jeunes devenus policiers pour échapper au STO et affectés aux BS.
La plupart de ces inspecteurs sont et vivent dans un climat xénophobe, antisémite et anticommuniste, à l'image de l'État de Vichy et d'une partie de la population. Les volontaires ne sont pas nombreux après 1942, malgré l'assurance de gratifications (primes, médailles, etc.) et d'un avancement rapide (même en cas d'échec aux concours).
La politique collaborationniste du rĂ©gime de Vichy permet une coopĂ©ration Ă©troite entre les forces rĂ©pressives allemandes et françaises. C'est ainsi que le , RenĂ© Bousquet, prĂ©fet et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police de Vichy, et Carl Oberg, Höherer SS- und PolizeifĂĽhrer (« chef supĂ©rieur de la SS et de la police allemande ») pour la France, signent un accord de coopĂ©ration. Mais l'essentiel des arrestations se font sur la base de textes français d'avant-guerre, les « dĂ©crets Daladier ».
Les brigades spéciales travaillent ainsi avec les différents services de sécurité allemands (Geheime Feld Polizei, Ordnungspolizei, Kripo, Gestapo, Sicherheitsdienst...), afin de démanteler les groupes de guérilla, à Paris en particulier, qui entretiennent un sentiment d'insécurité au sein des troupes occupantes.

MĂ©thodologie

Les principales méthodes étaient déjà pratiquées depuis de nombreuses années : Fichiers, indicateurs puis filatures, arrestation, interrogatoire, passage à tabac, torture...

Les inspecteurs chargĂ©s d’une surveillance marchaient en binĂ´mes. Ils devaient tĂ©lĂ©phoner au chef de groupe quotidiennement, afin de rendre compte et recevoir des ordres. Tous les deux jours, ils devaient prĂ©senter des rapports. Une fois les personnes connues, une seconde Ă©quipe, voire une troisième, Ă©tait jointe Ă  la première afin d’identifier la personne filĂ©e. L’identification connue, la BS cherchait Ă  repĂ©rer sa, ou ses, planques. S’il s’agissait de surveiller un lieu fixe oĂą le camouflage Ă©tait difficile, ils utilisaient des camions bâchĂ©s ou des camionnettes. La filature s’effectuait par des Ă©quipes dont les membres Ă©taient Ă©chelonnĂ©s de 50 mètres de part et d’autre du trottoir. Les policiers pouvaient ĂŞtre camouflĂ©s en ouvriers, en employĂ©s des PTT ou de la RATP, voire en clochards.

Des résistants ont signalé avoir été suivis par des individus portant l'étoile jaune. Aucun camouflage n’était tabou. La filature pouvait durer plusieurs mois, afin d’être la plus efficace possible. Lorsqu’un résistant se sentait traqué, les inspecteurs relâchaient la surveillance afin qu’il doute de son sentiment. Les policiers désignaient souvent leurs cibles par un pseudo relatif à l'endroit où elles avaient été repérées pour la première fois. Les spécialistes dressaient ensuite des organigrammes détaillés qui permettaient d'établir aisément des rapprochements.

Une fois arrêté le résistant était amené dans les locaux des brigades spéciales à la préfecture de police. Dans un premier temps, il y était interrogé et torturé puis il était interné, déporté ou exécuté.

Lutte contre la MOI

Histoire de la première filature

: les BS effectuent la première filature dont la cible est l’organisation communiste de la jeunesse juive et son appareil de propagande des FTP-MOI.

Le , les policiers suivent deux résistants de la jeunesse juive, qui rencontrent une jeune fille accompagnée d’une fillette que les inspecteurs n’ont pas encore identifiés mais dont ils connaissent les « surnoms » : Lucien, Bertrand et Martine. Les BS perdent leurs traces lorsque le groupe rentre dans un immeuble à plusieurs sorties (qu’ils ignoraient).
Le , la police retrouve la trace de Bertrand et le suivent jusqu'à sa planque 8, rue Stanislas-Meunier à Paris. Bertrand ressort accompagné de Martine. Désormais ces deux résistants sont logés.
Voici les portraits parlés de Bertrand et Martine par les inspecteurs de la BS2 :
Bertrand : 22 ans, 1,70 m, mince, nez long, visage type sĂ©mite, cheveux châtain clair rejetĂ©s en arrière, retombant sur le cĂ´tĂ©. Pardessus bleu marine Ă  martingale, pantalon noir, souliers jaunes, chaussettes grises.
Martine : 20 ans, 1,60 m, corpulence moyenne, cheveux châtain moyen relevĂ©s sur le devant et retombant sur la nuque. Nez lĂ©gèrement retroussĂ©, teint mat, non fardĂ©e, vĂŞtue d’un manteau beige avec fronces dans le dos, bas blancs ; elle porte un sac Ă  provision gris et un sac Ă  main noir. Elle est accompagnĂ©e d’une fillette.

Le , Henri Krasucki dit Bertrand, l'un des quatre membres de la direction de la jeunesse juive, et sa compagne Paulette Sliwka dite Martine (la petite fille était Lilli Krasucki sa sœur) sont arrêtés ainsi que 57 autres jeunes Juifs de nationalité étrangère, qui sont ensuite déportés, sous l’inculpation d’assassinats, menées terroristes et complicité.

Histoire de la seconde filature

: Les BS effectuent une seconde filature dont la cible est la branche politique de la MOI.

La nouvelle filature commence à partir du dénommé Maroc, qui faisait partie de ceux qui avaient été laissés en réserve, au cours de précédentes arrestations, pour servir de point de départ (à son insu bien entendu) pour de nouvelles opérations.
Le 24 avril, Maroc rencontre Henri, dont les BS font le portrait parlé :
Henri : 32 ans environ, 1,60 m, corpulence moyenne, teint clair, visage juif, cheveux bruns, coiffĂ© d’un chapeau marron clair Ă  bords larges, lĂ©gèrement relevĂ© sur le derrière, pardessus gris beige Ă  martingale avec des raies longitudinales marron, pantalon gris, souliers noirs, genre Ă©lĂ©gant.
Les BS identifient rapidement Henri ; il s’agit d'Adam Rayski responsable de l’organisation juive de la MOI, le 2e détachement qui était composé d'une quarantaine de juifs.
Début , l’adjoint d'Adam Rayski, Idel Barszczewski dit Korman, dit Orléans, est pris en filature, identifié et une de ses planques logées (square du Tarn).
Le 27 mai, Adam Rayski, Idel Barszczewski, Jacques Rawine (responsable de la zone sud), Techka Tenenbaum et Edouard Kowalski (membres de la direction des MOI) se rendent, par groupes séparés, à une réunion au 32 rue Guyot pisté par les inspecteurs de la BS2. Cette réunion regroupait donc les membres de la direction nationale juive de la MOI. Toutefois, les policiers n’interviennent pas.

Fin , sur plus de 150 militants filés, 71 sont arrêtés et déportés, sauf les combattants du 2e détachement qui sont remis par la police française aux Allemands de la Geheime Feldpolizei.

Histoire de la troisième filature

26 juillet 1943 : les BS effectuent une troisième filature dont la cible est la branche politique de la MOI.

La 3e filature commence, fortuitement, à partir de Marcel Rayman, qui n’avait pu être appréhendé en raison de sa très grande méfiance.
Le 21 octobre 1943 la BS prend en filature à la gare de l’Est un commando de dérailleurs (Léon Goldberg, Mosze Fingercweig, Jonas Geduldig dit Martiniuk, Thomas Elek, Joseph Boczor, Wolf Wajsbrot et Ildo Stanzani) qui partent en opération. Tous (à l’exception des deux derniers) prennent un train, par groupe de deux pour Nangis. Le groupe traverse Saint-Julien-les-Villas et les inspecteurs de la BS les « perdent » de vue. Les policiers se rendent bien compte que l’équipe se dirige vers le lieu de l’opération sans pour autant l’en empêcher.

Le commando fera dérailler, à Grandpuits près de Mormant un train se composant de 51 wagons dont 27 seront détruits et obstrueront les deux voies, occasionnant la destruction de blé, bois, divers colis et des moteurs d’avions. Deux convoyeurs militaires allemands sont tués et le chef de train est légèrement blessé.

Le 16 novembre 1943 un vaste coup de filet est lancé par les brigades spéciales.

Soixante-huit résistants sont arrêtés; Parmi les premiers à tomber, Missak Manouchian et Joseph Epstein sont arrêtés à la gare d’Évry Petit Bourg.

Bilan des 3 filatures

  • 1re filature : janvier Ă  mars 1943, 57 arrestations et dĂ©mantèlement de l’organisation politique de la jeunesse juive et de l'appareil de propagande.
  • 2e filature : mars Ă  juin 1943, 71 arrestations et dĂ©mantèlement de l’organisation politique juive des MOI et du 2e dĂ©tachement juif des FTP-MOI.
  • 3e filature : juillet Ă  novembre 1943, 68 arrestations et dĂ©mantèlement des FTP-MOI et de son appareil logistique. Parmi les 68 rĂ©sistants arrĂŞtĂ©s la BS constate qu’il y a 33 « aryens » dont 19 Ă©trangers, 35 Juifs dont 30 Ă©trangers et 21 femmes dans l’ensemble.

Les spécialités des BS

  • La filature : elle Ă©tait parfaitement maĂ®trisĂ©e par les inspecteurs des brigades spĂ©ciales. Cette science policière Ă©tait très importante ainsi que l’art du portrait parlĂ©.
  • Portrait parlĂ© : il s’agissait de mĂ©moriser en quelques instants le portrait du filĂ©, jusqu’au plus petit dĂ©tail vestimentaire, tel que la couleur des chaussures voire des chaussettes…
  • L’interrogatoire : particulièrement brutal, matraquages, coups de poing, de pied, de nerfs de bĹ“ufs, sur des prisonniers menottĂ©s aux mains et aux jambes.

Bilan total

Les 200 Ă  220 policiers de cette brigade ont opĂ©rĂ© de janvier 1942 Ă  la fin de la guerre 1 599 arrestations, principalement de communistes[3].

Parmi les individus arrêtés, 216, dont les noms sont connus, ont été fusillés.

La Libération et l’épuration

Le débarquement de Normandie le 6 juin 1944 et le débarquement de Provence le 15 août, firent comprendre aux BS que les temps avaient changé. Le préfet de police Amédée Bussière fournit à ses hommes trois mois de salaire et une carte d’identité vierge, leur conseillant de disparaître.

À la Libération, 150 policiers des brigades spéciales sont poursuivis. Soixante-quatre inspecteurs sont condamnés dont vingt-deux à la peine de mort : dix sont exécutés.

Sur la centaine de policiers passés par la BS2 « antiterroriste », cinquante ont été traduits en justice :

  • 8 condamnations Ă  mort (dont trois par contumace) ;
  • 6 condamnations Ă  des peines de travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ© ;
  • 12 condamnations Ă  des peines de travaux forcĂ©s ou de prison (dont 9 Ă©gales ou supĂ©rieures Ă  10 ans) ;
  • 1 condamnation Ă  la seule indignitĂ© nationale ;
  • 1 acquittement ;
  • 22 affaires classĂ©es
  • Joseph Curinier est entrĂ© Ă  la PrĂ©fecture comme gardien de la paix en 1937 ; comme nombre de ses collègues gardiens de la paix, il a bĂ©nĂ©ficiĂ© des circonstances pour ĂŞtre dĂ©tachĂ© aux « brigades spĂ©ciales » des RG en tant qu'inspecteur auxiliaire. Dès l'automne 1939, il prend du galon, pour devenir inspecteur « spĂ©cial ». Il participera Ă  des dizaines d'arrestations. Ă€ la LibĂ©ration il est internĂ© et le 26 octobre 1944, il passe devant la commission d'Ă©puration. Il risque gros, comme tous les membres des deux brigades spĂ©ciales de la PrĂ©fecture de police. D'autant plus que le prĂ©sident de la commission d'Ă©puration est lui-mĂŞme passĂ© entre les mains de ces hommes qui ne dĂ©daignaient pas avoir recours Ă  la violence. Or Joseph Curinier est le seul de ces policiers Ă  reconnaĂ®tre avoir frappĂ©, mais, affirme-t-il devant les « Ă©purateurs » incrĂ©dules, c'est dans des circonstances bien particulières : pour ne pas se trahir et parce qu'il a Ă©tĂ© sommĂ© de le faire, par un chef de groupe Ă  la recherche de « traĂ®tres » qui, au sein des BS, renseignent la RĂ©sistance… Car Joseph Curinier appartient Ă  la RĂ©sistance, prĂ©cisĂ©ment au Service du renseignement (SR) du Mouvement de libĂ©ration nationale (MLN) !
  • Eugène Dumaine est le rĂ©sistant de rĂ©fĂ©rence au sein des BS.. Gardien de la paix en 1931, il est inspecteur spĂ©cial en 1942 et travaille pour Ceux de la LibĂ©ration. Il transmet aussi des informations au commissaire Gaston Pateau - qui meurt en dĂ©portation -, rĂ©sistant Ă  Patriam Recuperare. Dumaine est arrĂŞtĂ© le 28 fĂ©vrier 1943, Ă  la suite de l'arrestation d'un autre inspecteur rĂ©sistant, Marcel Quillent, trahi par son chef de rĂ©seau. Dumaine meurt le 13 septembre 1943 Ă  Bergen-Belsen. Quillent rentre de Mauthausen en juin 1945.
  • Le rĂ©seau BĂ©arn, par l'intermĂ©diaire de l'inspecteur principal Albert Bourgeon a recrutĂ© une quinzaine de membres des BS. Bourgeon sera dĂ©portĂ© mais reviendra d'Allemagne.
  • Connu de ses collègues comme « un mangeur de Juif », l’inspecteur principal Sadoski, arrĂŞtĂ© en et dĂ©tenu Ă  la Gestapo de Berlin, puis libĂ©rĂ© un mois plus tard avec son chef le commissaire Christian Louit, organise des surveillances et multiplie les opĂ©rations Ă  proximitĂ© des gares, dans les lieux publics. Avec quelques dizaines d'inspecteurs, son service est responsable de milliers d'arrestations, dont les victimes ne sont pratiquement jamais revenues de dĂ©portation. Les archives montrent ce que pouvait ĂŞtre le zèle de ces hommes.

Si ces « brigades spĂ©ciales » ont Ă©tĂ© d'une grande « efficacitĂ© », les archives de l'Ă©puration dĂ©montrent toutefois que ces groupes spĂ©cialisĂ©s dans la chasse aux « terroristes » ont, au total, arrĂŞtĂ© moins de Juifs ou de rĂ©sistants que les services de police traditionnels, Ă  travers leurs rafles.

Quelques noms

  • AndrĂ© Baillet : Commissaire puis directeur aux Renseignements gĂ©nĂ©raux. Il est chargĂ©, avant l'invasion allemande, de crĂ©er une brigade des propos alarmistes chargĂ© de traquer les membres du Parti communiste[4] puis les anti-allemands[3] et les ennemis intĂ©rieurs. Sa haine des rĂ©sistants se manifestait quotidiennement en procĂ©dant Ă  de nombreuses arrestations et interrogatoires en frappant avec un nerf de bĹ“uf les prisonniers. Il dĂ©posa avec acharnement aux procès de plusieurs rĂ©sistants.
  • Gaston Barrachin (nĂ© en 1900) : inspecteur principal de police français et tortionnaire il est Ă  l'origine de l'arrestation du Groupe Manouchian. Il est Ă  l'origine Ă©galement de l'arrestation de 70 rĂ©sistants dont 18 seront fusillĂ©s, 11 seront dĂ©portĂ©s, 14 disparaitront sans laisser de traces et deux mourront Ă  la suite des tortures et mauvais traitements de Barrachin et de ses inspecteurs[5]. ArrĂŞtĂ© et incarcĂ©rĂ© Ă  Fresnes, tente, Ă  l'aide d'une imprimerie de fabriquer de faux documents pour compromettre des rĂ©sistants ; condamnĂ© Ă  mort en octobre 1945 et fusillĂ© le 19 janvier 1946 Ă  Montrouge.
  • Maurice Bel : inspecteur de police français, 2e section des Renseignements GĂ©nĂ©raux, puis brigade spĂ©ciale des RG. En fuite Ă  la LibĂ©ration, il s'engage en septembre 1944 dans les chasseurs Ă  pied et participe aux campagnes d'Alsace et d'Allemagne. BlessĂ© par une mine, qui lui arrache une jambe, il est dĂ©corĂ© de la croix de guerre avec palme, mais il est identifiĂ© et est incarcĂ©rĂ© en 1946. Le tribunal dĂ©clare un non-lieu et il est libĂ©rĂ© le 19 novembre 1946.
  • Just Bignand : Policier français de la Brigade SpĂ©ciale du 4ème arrondissement de Paris, il se distingue dans la chasse aux Juifs. PlacĂ© sous mandat de dĂ©pĂ´t le 27 dĂ©cembre 1944, il passe en janvier 1945 devant la Commission d'Epuration qui propose sa rĂ©vocation sans pension. Remis en libertĂ© le 23 fĂ©vrier 1946 il est condamnĂ© Ă  3 ans de prison le 21 dĂ©cembre 1950, après une nouvelle plainte des familles de dĂ©portĂ©s. AmnistiĂ© en 1953, il demande sa rĂ©intĂ©gration le 1er juin 1954, rĂ©intĂ©gration refusĂ©e
  • Fernand David : Commissaire divisionnaire, chef de la BS1. NĂ© en 1908, il entre Ă  la police de Paris comme secrĂ©taire de commissariat en 1932. En 1939, il est reçu au concours de commissaire de la ville de Paris et est affectĂ© Ă  la direction gĂ©nĂ©rale de la police municipale de Paris. En 1941, Lucien RottĂ©e le nomme chef de la BS1. Anti-communiste il organise les brigades spĂ©ciales « qui existaient dĂ©jĂ  avant sa nomination »[6]. CondamnĂ© Ă  mort il est exĂ©cutĂ© le 5 mai 1945.
  • Jean Dides : inspecteur principal, 5e section des Renseignements GĂ©nĂ©raux, spĂ©cialiste des affaires juives Ă  la prĂ©fecture de police de 1942 Ă  1944).
    Révoqué par une commission d'épuration à la Libération, jamais jugé, prend la tête d'une Amicale des Éloignés de l'Administration en 1946. Réintégré à la faveur des débuts de la guerre froide, il devient commissaire de police et participe à la réorganisation de la police nationale et à l'épuration des éléments communistes de la CRS. Il fut élu poujadiste en janvier 1956.
  • ? Laville : inspecteur de la police française, 5e section des Renseignements GĂ©nĂ©raux, organisateur d'une Ă©quipe de voie publique pour traquer les Juifs dans Paris. ArrĂŞtĂ© avec Antoine Santoni il est jugĂ© le 25 janvier 1946 et condamnĂ© Ă  mort. Le jugement est cassĂ©, il est rejugĂ© et bĂ©nĂ©ficie de « circonstances attĂ©nuantes ». Il est finalement condamnĂ© aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ© le 10 mai 1946.
  • Lucien RottĂ©e : Directeur des Renseignements gĂ©nĂ©raux de la PrĂ©fecture de Police. CondamnĂ© Ă  mort et fusillĂ© Ă  Montrouge le 5 mai 1945.
  • Louis Sadoski : inspecteur principal adjoint de la police française, animateur de la « section juive » de la police Ă  Paris.
  • Antoine Santoni : inspecteur de la police française, Renseignements gĂ©nĂ©raux, organisateur d'une Ă©quipe de voie publique pour traquer les Juifs dans Paris Ă  partir de . Ă€ la LibĂ©ration, s'enfuit en Allemagne puis essaye de gagner l'Italie. Après beaucoup de pĂ©ripĂ©ties, il est acquittĂ©, en 1953, par le tribunal militaire de Paris. Il retrouve ses droits et rĂ©intègre la police comme officier.

Notes et références

  1. Cyrl Guinet, « Occupation : la police française, précieuse alliée du IIIe Reich », sur geo.fr, , mis à jour le .
  2. En fuite à la Libération, il pourrait avoir quitté le territoire français, pour peut-être la Belgique ou le Congo belge. Il est condamné à mort par contumace, mais il n'est ensuite jamais retrouvé.
  3. Claudine Cardon-Hamet, « La Brigade spéciale des Renseignements généraux », sur deportes-politiques-auschwitz.fr, 14 octobre 2012, mis à jour le 21 mai 2021.
  4. Le PCF Ă©tait alors interdit en France
  5. André Halimi, La délation sous l'occupation, p. 261
  6. François Marcot, La Résistance et les Français, Lutte armée et Maquis, p. 178

Voir aussi

Bibliographie

  • StĂ©phane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'Ă©tranger : les immigrĂ©s de la MOI dans la RĂ©sistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 2-213-01889-8, prĂ©sentation en ligne).
    Nouvelle édition corrigée : Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, , 470 p. (ISBN 978-2-213-01889-8).
  • Jean-Marc Berlière, « L'Ă©puration de la police parisienne en 1944-1945 », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 49, Presses de Science Po, janvier-mars 1996, p. 63-81.
  • Jean-Marc Berlière, entrĂ©e « Brigades spĂ©ciales » in Michel Auboin, Arnaud Teyssier, Jean Tulard (dir.), Histoire et dictionnaire de la police, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2005, p. 587-589.
  • Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski, « La police parisienne face Ă  la lutte armĂ©e » in Jean-Marc Berlière et Denis Peschanski (dir.), Pouvoirs et polices au XXe siècle, Bruxelles, Complexes, 1997, p. 137-176.
  • Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les Policiers français sous l'Occupation, Perrin, 2001. RĂ©Ă©dition : Perrin, collection « Tempus », 2009.
  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armĂ©e, automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles Ă©tudes contemporaines », , 415 p. (ISBN 2-213-61487-3, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].
  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traĂ®tres, la face cachĂ©e du PCF 1941-1943, Robert Laffont, 2007.
  • FrĂ©dĂ©ric Couderc, Les R.G. sous l'Occupation. Quand la police française traquait les rĂ©sistants, Olivier Orban, 1992.
  • Denis Peschanski, « La confrontation radicale. RĂ©sistants communistes parisiens vs Brigades spĂ©ciales », texte prĂ©paratoire septembre 2003 Ă  la publication in Les RĂ©sistances, miroir des rĂ©gimes d'oppression. Allemagne, France, Italie, François Marcot et Didier Musiedlak (dir.), Besançon, Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, sĂ©rie Historiques, 2006, p. 335-349.
  • Richard Montbeyre, « L'Ă©puration administrative dirigĂ©e contre les services de lutte anticommuniste de la PrĂ©fecture de Police de Paris Ă  la LibĂ©ration Â», mĂ©moire de master 2 recherche d'histoire du droit, 2005-2006.
  • Louis Sadosky, Ă©dition critique Ă©tablie et prĂ©sentĂ©e par Laurent Joly, Berlin, 1942. Chronique d'une dĂ©tention par la Gestapo, CNRS Éditions, 2009. Compte rendu sur le site Histoire@Politique.
  • François Marcot, La RĂ©sistance et les Français, lutte armĂ©e et maquis : colloque international de Besançon, 15-17 juin 1995, Les Belles Lettres, 1996.
  • Luc Rudolph, Policiers Rebelles. Une rĂ©sistance oubliĂ©e : la Police. Éd. SPE Militaria, 2014.

Articles connexes

Liens externes

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