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Anglicismes en français

L’usage du français contemporain est marquĂ© par de nombreux anglicismes[1].

Si la tendance s’est inversĂ©e depuis la fin du XXe siĂšcle, avant le XVIIIe siĂšcle la langue anglaise avait plus empruntĂ© Ă  la langue française que le contraire ; ce qui fait que certains des anglicismes actuels du français furent des gallicismes en anglais Ă  une certaine Ă©poque (ex. : obsolĂšte). Étiemble rappelle dans Parlez-vous franglais ?[2] que le mot manager vient de mĂ©nager, comme « mĂ©nagĂšre » et management de mĂ©nagement[alpha 1] (il faut dans les deux cas veiller aux affaires courantes, gĂ©rer un budget, dĂ©lĂ©guer, etc.).

Beaucoup d’anglicismes utilisĂ©s il y a un siĂšcle (on en trouve chez Alphonse Allais) sont tombĂ©s aujourd’hui en dĂ©suĂ©tude ou dans l’oubli. Des anglicismes plus rĂ©cents comme computer ou software ont disparu, remplacĂ©s par « ordinateur » (plus prĂ©cis, computer dĂ©signant n’importe quel type de calculateur, mĂȘme analogique) ou « logiciel » (qui fait parfaitement pendant Ă  matĂ©riel)[alpha 2].

Le nombre et la frĂ©quence des anglicismes varient selon les locuteurs et selon les domaines de spĂ©cialitĂ©. Certains domaines en regorgent, comme l’économie, le sport et plus encore l’informatique. Celle-ci est en effet sujette Ă  de nombreux emprunts Ă  l’anglais (au jargon informatique anglo-amĂ©ricain) comme dans le reste du monde la musique l’est Ă  l’italien ou la cuisine et la mode
 au français ; ainsi, la lingua franca de fait entre les informaticiens du monde entier est l’anglais. De plus, la plupart des langages de programmation ont un vocabulaire inspirĂ© de l’anglais, ce qui fait que les programmeurs ont tendance Ă  penser en anglais.

Le français contribue cependant Ă  des termes qui s’internationalisent : Informatique, nĂ©ologisme inventĂ© en 1962 par Philippe Dreyfus[3], a Ă©tĂ© acclimatĂ© en Informatics vers la fin des annĂ©es 1970 dans les pays anglophones, oĂč il unifie les disciplines jadis cloisonnĂ©es qui s’y nommaient respectivement Computer Science et Data Processing. L’avionique a elle-mĂȘme sans doute donnĂ© naissance Ă  « avionics ». Un autre nĂ©ologisme français, tĂ©lĂ©matique (apparu vers 1982), dĂ©signant la synergie de l’informatique et des tĂ©lĂ©communications, y a fait naĂźtre compunication ou compucation (contractions de computer communication, 1. communication entre ordinateurs ; 2. tĂ©lĂ©matique).

De nombreux anglicismes possĂšdent des Ă©quivalents français. Leur emploi n’est donc plus motivĂ© par une lacune du lexique français, mais l’unification du vocabulaire permet de faciliter la transmission sans ambigĂŒitĂ© de connaissances pointues et en rapide Ă©volution. Ainsi, dans d’autres domaines comme la zoologie et la botanique, l’usage du latin est gĂ©nĂ©ralisĂ© pour nommer plantes et animaux.

Exemple d’utilisation de mots d’origine anglaise dans un coupon publicitaire distribuĂ© en France.
The Shift Project, association française qui a pour objectif l'atténuation du changement climatique.

Propagation des anglicismes

Origines

Diverses raisons sont avancĂ©es pour expliquer le dĂ©veloppement des anglicismes en français : il y aurait la rĂ©gression du grec et du latin dans les Ă©tudes, l’hĂ©gĂ©monie de l’anglais comme langue de communication internationale, le mimĂ©tisme culturel[alpha 3]. Dans les jeunes gĂ©nĂ©rations, l’anglais tend Ă  acquĂ©rir le statut de langue de prestige au dĂ©triment de la langue maternelle, de la mĂȘme façon que le français jouit du statut de langue de prestige en Afrique francophone, au dĂ©triment des langues locales.

Certains journalistes de la tĂ©lĂ©vision française, dont la fonction exige une grande maĂźtrise du français, introduisent nĂ©anmoins dans celui-ci des anglicismes[4]. Lexicaux, syntaxiques ou phonĂ©tiques, ces calques jouissent auprĂšs des tĂ©lĂ©spectateurs d’un fort effet de mode qui garantit leur rapide acclimatation dans la langue française, par le simple fait qu’il s’agit de termes inhabituels et ressentis comme nouveaux donc avantageux[5].

En France, dans le domaine du management du personnel, Ă  la question « Comment s'explique la prĂ©dominance de termes venus de l'anglais ? », un ex-conseiller en gestion rĂ©pond (en 2008), extrait : « la plupart des termes anglais viennent de la psychosociologie amĂ©ricaine qui est l'un des premiers fournisseurs de concepts du monde Ă©conomique. Depuis l'aprĂšs-guerre, la montĂ©e des Ă©tudes comportementalistes aux États-Unis a accompagnĂ© la valorisation de la notion de ressources humaines. Les facs servant ainsi de boĂźte Ă  outils aux entreprises »[6]. Dans la mĂȘme interview, il rĂ©pond aussi aux questions « À quelles fins est utilisĂ© ce vocabulaire ? » (extrait : « les anglicismes font office de cryptage supplĂ©mentaire ») et « Comment dĂ©samorcer cette manipulation du langage ? ».

Chantal Bouchard Ă©nonce six facteurs externes Ă  l’anglicisation du français au QuĂ©bec[7] :

  • l’environnement : la situation gĂ©ographique du QuĂ©bec force le Canadien français Ă  ĂȘtre en constant contact avec les anglophones, qui dominent le reste du pays ;
  • l’inaction des gouvernements : durant les annĂ©es 1900, le gouvernement fĂ©dĂ©ral anglophone se fait reprocher d’interagir avec son « quasi-unilinguisme » au QuĂ©bec. Il y aurait un manque de soutien de la langue française au niveau national ;
  • l’attitude des anglophones : on reproche aux anglophones et aux commerçants anglophones d’utiliser exclusivement l’anglais, sans s’efforcer de s’adapter aux Canadiens français ;
  • le bilinguisme : le bilinguisme avantage le travailleur Ă  la recherche d’un emploi dans les industries et dans la ville. Du cĂŽtĂ© linguistique, le bilingue peut avoir de la difficultĂ© Ă  reconnaĂźtre lui-mĂȘme un anglicisme ;
  • l’anglomanie en France : la France, qui est le modĂšle linguistique du Canadien français, succomberait elle-mĂȘme Ă  la dominance anglophone ;
  • la traduction : Ă  cause des facteurs prĂ©cĂ©dents, lorsque les Ă©crits anglais sont traduits en français, il peut y avoir plusieurs erreurs grammaticales ou lexicales (faux amis), dont des anglicismes. À ce moment-lĂ , mĂȘme les journaux qui traduisaient n’avaient pas un français soignĂ©.

HĂ©gĂ©monie de l’anglais

L’anglais est devenu le langage de rĂ©fĂ©rence dans la communication internationale[8].

Le poids Ă©conomique, politique et culturel des États-Unis et des pays anglophones se traduit par un quasi-monopole de l’anglais dans de nombreux domaines : publications scientifiques[9], enseignement supĂ©rieur commercial et scientifique, enseignement des langues Ă©trangĂšres dans le secondaire, publicitĂ©, cinĂ©ma, musique, brevets techniques, etc.[alpha 4].

Plusieurs entreprises ont Ă©tĂ© condamnĂ©es en justice pour avoir imposĂ© l’anglais Ă  leurs salariĂ©s français (GEMS[10], Europ Assistance[11], etc.).

Acclimatation des anglicismes

Si certains des mots anglais qui sont passĂ©s en masse dans le français aux XVIIIe et XIXe siĂšcles ont conservĂ© leur graphie d’origine, d’autres avec le temps se sont conformĂ©s aux habitudes de l’orthographe française. Ainsi « redingote », qui vient de riding-coat, « paquebot », qui vient de packet-boat, et « boulingrin », qui vient de bowling green, exemples citĂ©s par Étiemble dans Parlez-vous franglais ?[12]. C’est aussi le cas de « bol », issu de bowl (orthographiĂ© ainsi en 1826), de « partenaire », issu de partner (orthographiĂ© de la sorte en 1836), et de « nĂ©vrose », issu de neurosis[13].

Au XXe siĂšcle, l’orthographe reste inchangĂ©e dans la plupart des cas. Dans les formes dĂ©rivĂ©es des emprunts, en revanche, la francisation est de rĂšgle :

  • « upgrader » (mettre Ă  niveau) : ajout de la dĂ©sinence -er Ă  upgrade
  • « mixage » (mĂ©lange de diverses sources sonores) : ajout de la dĂ©sinence -age Ă  mix
  • « hooliganesque » (relatif aux voyous des stades) : ajout de la dĂ©sinence -esque Ă  hooligan
  • « footballistique » (relatif au football) : ajout de la dĂ©sinence -istique Ă  football
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L’AcadĂ©mie française considĂšre que, si certains emprunts contribuent Ă  la vie de la langue, d’autres sont nuisibles, inutiles ou Ă©vitables. L’institution s’emploie donc Ă  opĂ©rer un tri, au moyen de son Dictionnaire et ses mises en garde, ainsi que par le rĂŽle qu’elle tient dans le dispositif d’enrichissement de la langue française mis en place par un dĂ©cret en 1996, et propose, en collaboration avec les commissions de terminologie, des Ă©quivalents français rĂ©pertoriĂ©s dans la base de donnĂ©es FranceTerme, accessible aux professionnels et au grand public par internet[14].

Anglicismes passés de mode

Il arrive que le mouvement de la mode balaye hors du discours quotidien des mots anglais naguĂšre en vogue. Dans L’aventure des mots français venus d’ailleurs, Henriette Walter donne des exemples de ce qu’elle nomme « anglicismes “ringards” »[15] : ainsi on ne parle plus de « kids » et de « teenagers » mais d’« enfants » et d’« ados » (troncation d’un mot français), prendre un « drink » fait penser Ă  une Ă©poque rĂ©volue (en France mais pas au QuĂ©bec) et l’adjectif « smart » (au sens d’« Ă©lĂ©gant ») n’a plus cours du tout[alpha 5]. Les « water-closet » sont progressivement devenus les « waters » ou « WC ». Le terme water-closet est donc devenu dĂ©suet. L’évolution d’un terme peut ĂȘtre encore plus complexe, par exemple l’anglicisme tour-operator qui est remplacĂ© dans un premier temps par tour-opĂ©rateur qui perd rĂ©guliĂšrement du terrain face au français voyagiste, cette transition s’effectuant sur une cinquantaine d’annĂ©es.

Anglicismes en « zone de transition »

On peut anticiper sur l’acclimatation probable ou non de certains anglicismes qui sont Ă  un moment donnĂ© dans une zone de transition[16]. Ces anglicismes sont dans une position alĂ©atoire, confortĂ©s par un usage indĂ©niable durant une certaine pĂ©riode mais rĂ©pertoriĂ©s comme d’emploi critiquĂ© par les dictionnaires. La pĂ©riode d’acclimatation plus ou moins longue de ces anglicismes, sujette Ă  une mode ou Ă  une urgence technique, dĂ©bouche sur un passage progressif et pĂ©renne dans l’usage et la langue ou Ă  un rejet et un oubli si un autre terme plus français les a remplacĂ©s.

Il faut compter Ă  cet Ă©gard avec le verbe rĂ©aliser dont l’origine latine renvoie Ă  diverses actions pour rendre un souhait rĂ©el. Il s’emploie Ă©galement depuis la fin du XIXe siĂšcle dans le sens dĂ©sormais trĂšs usitĂ© de « se rendre compte », c’est-Ă -dire de comprendre trĂšs exactement le rĂ©el ; ce Ă  partir du verbe anglais to realize. Depuis sa crĂ©ation dans les annĂ©es 1970, Le Petit Robert signale Ă  son sujet : « emploi critiquĂ© ». Le Grand Robert dĂ©veloppe, en rapportant une rĂ©action d’AndrĂ© Gide : Ă  l’audition de ce mot dans les annĂ©es 1930, il s’écrie : « Monsieur je n’accepterai de travailler qu’avec quelqu’un qui parle le français ». Un fait donne raison Ă  la critique : Ă  la diffĂ©rence des sens latins du verbe rĂ©aliser le substantif verbal, rĂ©alisation, n’existe pas dans la racine anglaise.

Exemples de mots franglais souvent employés ayant un équivalent en français souvent oublié

Typologie

On distingue trois grandes catĂ©gories d’anglicismes : les emprunts lexicaux, sĂ©mantiques et syntaxiques, auxquels s’ajoutent les faux anglicismes (ou faux emprunts) et les xĂ©nismes.

Anglicismes lexicaux

Les anglicismes lexicaux regroupent les mots empruntĂ©s dans leur forme (parfois francisĂ©e) et dans leur sens (on parle alors d’emprunts morphosĂ©mantiques). Ex. : baby-sitter, intervieweur (francisation partielle de interviewer)[19].

Emprunts en informatique et dans le monde des affaires

Les États-Unis Ă©tendent leur emprise dans les domaines des sciences, des techniques, des distractions, des modes alimentaires et vestimentaires. Cette mondialisation Ă©conomique et cette uniformisation culturelle ont des effets dans le domaine de la langue et notamment du vocabulaire des affaires et de l’informatique. L’Association actions pour promouvoir le français des affaires (APFA[20]) recense plusieurs centaines de termes anglo-amĂ©ricains employĂ©s dans les domaines des affaires et de l’informatique[21].

En informatique, les termes anglais prĂ©dominent : « Je reboote (redĂ©marre, voire Je fais un hard boot) pour que les drivers (pilotes) que je viens d’updater (de mettre Ă  jour) soient loadĂ©s (chargĂ©s) sans que le systĂšme ne bugue (plante, rencontre un problĂšme) », mais le vocabulaire français tend Ă  remplacer les anglicismes initiaux dĂšs lors que les concepts correspondants deviennent suffisamment familiers. Des mots comme logiciel (sur le modĂšle de « matĂ©riel ») ont Ă©tĂ© adoptĂ©s trĂšs rapidement par le grand public (sans toutefois dĂ©loger hardware et software chez les professionnels et les techniciens). Quasiment personne, Ă  l’exception de Hubert-FĂ©lix ThiĂ©faine dans Une fille au rhĂ©sus nĂ©gatif – « nous n’sommes que les fantasmes fous d’un computer » – ne dit computer (ou sa francisation computeur) pour « ordinateur », bien que le premier mot soit plus court (tout en Ă©tant plus long que l’abrĂ©viation « ordi »).

Dans le commerce, l’expression « booster les ventes » a tendance Ă  concurrencer des formes traditionnelles comme « relancer les ventes », « promouvoir les ventes », « dynamiser les ventes » ou « stimuler les ventes ». De mĂȘme, top est employĂ© Ă  tout bout de phrase alors que le français dispose de « sommet », « faĂźte », « comble », « summum », « apogĂ©e », « zĂ©nith », « cime », « pinacle », « plus haut de
 », « au mieux de
 » (ex. : un PC au top de la technologie, « T’es au top, ma fille » (en pleine forme, magnifique, rayonnante), « Une solution tip-top » [ad hoc, idĂ©ale, parfaitement adaptĂ©e], etc.), et « ce qu’il y a de mieux », « ce qui se fait de mieux », « le meilleur de
 », « le nec plus ultra », « la crĂšme de
 », « le dessus du panier » (ex. : ne vouloir que du top). Les marques de commerce, les raisons sociales et les appellations de services n’échappent pas Ă  la tendance : FashionShopping.com, Actus People, LiveTransport, Top annonces, Top music, Must Institute, Creditmust, Best of Dordogne PĂ©rigord.

Dans la gestion d’entreprises : « Le reporting (rapport d’exploitation) mensuel du service marketing (promotion des ventes) a accĂ©lĂ©rĂ© la chute des stock-options (options d’achat ou actions optionnelles) du staff (personnel en fonction) ».

Vers la fin du XIXe siĂšcle, oĂč l’anglomanie Ă©tait en vogue dans certains milieux, le français a fait appel Ă  ses mots pour dĂ©signer une construction pourtant inconnue alors en France et en Europe, en fabriquant « gratte-ciel », calque de l’expression amĂ©ricaine sky-scraper.

Réemprunts intégrés

Panonceau d’affichage devant la terrasse d’un bistrot parisien.

Les langues s’enrichissent mutuellement : ainsi des mots comme bazar et choucroute sont des emprunts, le premier au persan bĂązĂąr, « marchĂ© public », le second au dialecte alsacien sĂ»rkrĂ»t, « herbe sure » (c.-Ă -d. chou aigre)[22]; de mĂȘme le paquebot fut un temps le packet-boat et la redingote le riding-coat (« habit de monte »)[alpha 6], pour reprendre des exemples citĂ©s par Étiemble. Si la langue française emprunte actuellement beaucoup Ă  l’anglais pour les raisons exposĂ©es ci-dessus, le contraire a longtemps Ă©tĂ© vrai (en particulier avec l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le ConquĂ©rant en 1066 et la possession, durant le Moyen Âge, par la couronne d’Angleterre de vastes provinces sur le territoire de l’ancienne France) et la langue anglaise contient de nombreux gallicismes dont certains, par un effet linguistique, donnent naissance Ă  de nouveaux mots employĂ©s Ă  leur tour par les francophones, ce qu’on appelle des rĂ©emprunts :

  • challenge, qui vient de l’ancien français « chalenge », rivalise avec dĂ©fi (comme dans relever un challenge et un challenge perdu d’avance), surtout en France, mais Ă©galement au QuĂ©bec, avec toutes les variantes de prononciation de /ʃalɑ̃ʒ/ Ă  /tʃalɛ̃dʒə/ ;
  • e-mail / email (abrĂ©v. de electronic mail, courrier Ă©lectronique ou courriel), oĂč le mot mail vient de malle-poste ;
  • marketing, nom verbal formĂ© sur to market, lui-mĂȘme verbalisation du nom market, issu du français « marchĂ© » ;
  • management (gestion), de « mĂ©nagement », au sens, tombĂ© en dĂ©suĂ©tude, de gestion. Manager (dont Christiane Collonge rappelle la similitude avec « mĂ©nagĂšre », les qualitĂ©s demandĂ©es – planifier, gĂ©rer un budget et des ressources... – Ă©tant bien les mĂȘmes) vient du français des XVIIe et XVIIIe siĂšcles « mĂ©nager » (masc.) (d’oĂč le fĂ©minin « mĂ©nagĂšre ») ;
  • budget, repris par les Anglais de l’ancien français bougette, « sac », « valise », diminutif de bolge, « sac de cuir ». Sa transformation en « sac du trĂ©sorier » puis en « financement d’une action » s’est produite outre-Manche, avant que le mot nous revienne sous ce nouveau sens[23] ;
  • rosbif vient de roast beef, bƓuf rĂŽti (l’anglais utilise le mot d’origine française beef pour la viande servie sur la table, et les mots anglo-saxons ox ou cow pour l’animal sur pied ; roast vient de l’ancien français « rost », devenu un peu plus tard « rĂŽt » ; il faut savoir que les nouveaux maĂźtres de l’Angleterre aprĂšs 1066 imposaient leur langue Ă  table mais laissaient leurs serviteurs libres d’utiliser la leur dans leur travail) ;
  • tennis, qui vient du français « tenez », expression employĂ©e lors du service dans le jeu de paume, ancĂȘtre du tennis. Terme repris par les Anglais, lesquels dĂ©formĂšrent le mot « tenez » en tennis ;
  • denim pour dĂ©signer la toile avec laquelle sont fabriquĂ©s les blue jeans, originellement fabriquĂ©e dans la ville de NĂźmes ;
  • mayday, des pilotes en difficultĂ©, vient du français « m’aider » ;
  • pedigree, de l’anglo-français « pe de gru » (foot of crane), signe en forme de patte d’oiseau indiquant la filiation dans les anciens manuscrits gĂ©nĂ©alogiques ;
  • pony, de l’ancien français « poulenet » qui dĂ©signait les chevaux de petite taille.

La proximitĂ© Ă©tymologique de certains mots anglais avec le français peut faciliter l’adoption de calques de nĂ©ologismes. Ainsi « flexicuritĂ© » se construit de la mĂȘme maniĂšre en français et en anglais, et n’est pas considĂ©rĂ© comme un anglicisme.

Sémantique anglicisée

La sĂ©mantique anglicisĂ©e provient de l’emprunt du sens ou de l’un des sens d’un mot anglais qui a une forme trĂšs voisine de celle du mot français historiquement correspondant[19].

L’influence anglaise sur la langue est sensible dans les traductions approximatives, notamment dans les mĂ©dias, entre autres Ă  cause des faux-amis et des expressions calquĂ©es sur l’anglais : J’ai une opportunitĂ© d’emploi (opportunity) pour « possibilitĂ© d’emploi ». En informatique, library traduit par « librairie » au lieu de « bibliothĂšque », implemented traduit par « implĂ©mentĂ© » au lieu de « appliquĂ© », « rĂ©alisĂ© » ou « mis en Ɠuvre ».

Au QuĂ©bec, ce type d’anglicisme est plus rĂ©pandu, mais « acclimatĂ© » linguistiquement (« sac de pinottes » (sack of peanuts) = sachet d’arachides).

Syntaxe anglicisée

Le français anglicisé reprend certaines formes syntaxiques anglaises :

  • le placement de l’adjectif avant le nom plutĂŽt qu’aprĂšs : la « positive attitude » au lieu de « l’attitude positive », « l’actuel gouvernement » au lieu de « le gouvernement actuel » ;
  • la crĂ©ation de qualificatifs et de complĂ©ments de nom par simple juxtaposition de substantifs : « exemplaire papier » au lieu de « exemplaire sur papier » ou « exemplaire imprimĂ© » ; « relation clients » (noter le dĂ©saccord singulier/pluriel) au lieu de « relation avec les clients » ou « relation commerciale » ;
  • le rejet de l’adjectif Ă  cĂŽtĂ© d’un mot qu’il ne qualifie pas : « les derniĂšres vingt-quatre heures », au lieu de « les vingt-quatre derniĂšres heures » ;
  • le calque d’adjectifs composĂ©s anglais formĂ©s d’un adverbe en -ly et d’un adjectif simple ou d’un participe passĂ© : « politiquement correct », calque de « politically correct »[24] comme dans « le viol politiquement correct de la langue française »[25], ou encore « gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© », calque de « genetically modified » ;
  • l’utilisation inutile de superlatifs : « la quatriĂšme meilleure performance mondiale » au lieu de « la quatriĂšme performance du monde » ;
  • l’usage croissant de la forme passive, initialement beaucoup plus rĂ©pandue en anglais qu’en français, qui supplante l’actif, rĂ©gime habituel du français[26] (« des travaux ont Ă©tĂ© entrepris » au lieu de « on a entrepris des travaux ») ;
  • l’inversion du complĂ©ment de nom dans les noms de magasins, de restaurants, d’hĂŽtels, d’enseignes, de festivals, de rencontres sportives, etc. (« Alpes HĂŽtel » au lieu de « HĂŽtel des Alpes », « le Nice Jazz Festival » au lieu de « le Festival de Jazz de Nice », « la Biarritz Cup » au lieu de « la Coupe de Biarritz » (compĂ©tition de golf)) ; de mĂȘme dans les noms d’administrations, de collectivitĂ©s locales ou d'institutions : « Pontivy CommunautĂ© » plutĂŽt que « CommunautĂ© de communes de Pontivy », « Aix-Marseille UniversitĂ© » au lieu de « universitĂ© d'Aix-Marseille » ;
  • la mise d’une majuscule Ă  tous les composants des appellations d’organismes, d’institutions, d’associations (comme dans « Association Les Plus Beaux Villages de France »), des noms communs (influence de la pratique anglaise dite upstyle), des titres des articles et des Ɠuvres.

Faux anglicismes

À cĂŽtĂ© des anglicismes, on trouve ce qu’on appelle de faux anglicismes, c’est-Ă -dire des lexĂšmes pris dans la langue anglaise (ils en ont l’orthographe et la prononciation), mais ne sont pas utilisĂ©s de cette façon dans la langue d’origine, au point que certains n’existent pas.

Certains faux anglicismes procĂšdent de la volontĂ© qu’ont les publicitaires de conserver le profit du prestige de la culture anglophone en France tout en Ă©tant compris d’un public connaissant mal l’anglais[27] : certains titres d’Ɠuvres de fiction se trouvent ainsi « traduits » par des expressions anglophones plus intelligibles que le titre original : le titre du roman Back to Blood de Tom Wolfe est ainsi devenu en « français » Bloody Miami. Cette pratique est trĂšs frĂ©quente dans la traduction des titres de films, avec par exemple The Hangover dont le titre français est Very Bad Trip[28] - [29].

Noms composés tronqués

Un autre type de faux anglicisme provient de l’abrĂ©viation d’un nom composĂ© anglais en ne gardant que le mot de gauche (alors que le mot important pour les anglophones est le mot de droite, impossible Ă  supprimer). Par exemple, pour dĂ©signer un costume de soirĂ©e, le mot smoking est employĂ© par les Français (mais aussi dans de nombreuses autres langues). Pourtant, les Britanniques utilisent dinner jacket et les AmĂ©ricains tuxedo ou son abrĂ©viation tux, car smoking n’existe pas en anglais autrement que comme forme du verbe to smoke (fumer) : c’est que l’anglicisme smoking est en fait l’abrĂ©viation, propre aux Français, de l’anglais smoking jacket. On peut citer Ă©galement les abrĂ©viations suivantes : un clap (pour clapboard ou clapstick, ardoise de tournage, claquoir, claquette), des dreads (pour dreadlocks, cadenettes de rasta), un sweat (transpiration) pour un sweat-shirt (chandail de sport), un goal (but) pour un goal keeper (gardien de but), etc.

XĂ©nismes

Un xénisme est une locution étrangÚre (parfois réduite à un seul mot) perçue comme non intégrée mais évoquant fréquemment la culture étrangÚre, et distinguée typographiquement par des italiques ou des guillemets, ainsi Happy birthday to you, To be or not to be, Time is money.

Ces petites phrases, salutations, proverbes, interjections, etc., « en anglais dans le texte », de la langue française sont bien répertoriées :

  • All right = C'est tout bon, Tout est bien
  • Business is business = Les affaires sont les affaires
  • Damned! = Nom de Dieu !, Bon sang !, Maudit ! (QuĂ©bec)
  • Fuck! = Putain !, Bordel !
  • Fuck off! = Fout / Fiche le camp !
  • Fuck you! = Va te faire voir (chez les Grecs) / mettre / foutre !
  • Go! = C'est parti !, En avant !, Allez !, Allez-y !, Vas-y !, On y va !, DĂ©part !, Partez !, Saut !
  • Last but not least = Dernier point, et non des moindres
  • Make love, not war! = Faites l'amour, pas la guerre !
  • Peace and love! = Aimez-vous, mes frĂšres et mes sƓurs !
  • My tailor is rich (phrase tirĂ©e de la mĂ©thode Assimil d'apprentissage de l'anglais et citĂ©e pour signaler la possession de quelques rudiments de cette langue, Ă©galement connue car utilisĂ©e dans le film Le Gendarme Ă  New York)
  • Nobody's perfect! (rĂ©plique finale du film Certains l'aiment chaud de Billy Wilder (1959)) = Nul n'est parfait !, La perfection n'est pas de ce monde !
  • No comment! = Sans commentaire !, Passons !
  • No problem! = C'est d'accord ! Ça marche !
  • Of course! = Bien entendu !, Bien sĂ»r !, Évidemment !
  • Oh my God! = (Oh) mon Dieu !, Seigneur !, JĂ©sus Marie Joseph !
  • Shit! = Merde !, Chiotte !
  • Shocking! = Scandaleux !, Oh ! (angl. brit. This is outrageous!)
  • The end! = C’est fini !, Rideau !
  • The show must go on = 1) (sens littĂ©ral) Que le spectacle continue ; 2) (sens dĂ©rivĂ©) Les affaires continuent
  • Time is money = Le temps, c'est de l'argent
  • Wait and see! = Attendons voir !
  • Yes! = Oui !, Ouais ! (cri de joie, de victoire)

Il existe de faux xénismes, ainsi :

  • Fingers in the nose! (pseudo-anglais (angl. Hands down) popularisĂ© par le titre d’un manuel de vocabulaire) = Les doigts dans le nez !
  • It’s in the pocket! (pseudo-anglais (angl. You’ve got it made!)) = C’est dans la poche !, C’est comme si c’était fait !

Verbes francisés

Dans les domaines de l’informatique logicielle, de la rĂ©seautique et des jeux sur Ă©cran, nombre de verbes anglais se retrouvent francisĂ©s par l’adjonction de la dĂ©sinence -er propre aux verbes du 1er groupe[30] » :

  • to blast donne blaster comme dans « blaster les ennemis avec des tonnes d’armes »
  • to download donne downloader comme dans « downloader un logiciel depuis le site de son auteur »
  • to mail donne mailer comme dans « passer son temps au bureau Ă  mailer des photos Ă  ses collĂšgues
  • to forward donne forwarder, comme dans « je te forwarde la blague qu’on vient de me mailer »

L’acclimatation se fait Ă©galement par l’adjonction de la terminaison -eur, indiquant par qui l’action est faite, Ă  une base anglaise (nom ou verbe) :

  • un bikeur est un adepte de la moto ou du vĂ©lo tout terrain (bike)
  • un longboardeur est un pratiquant de la planche Ă  voile lourde ou de la grande planche Ă  roulettes (longboard)
  • un tuneur est celui qui tune (personnalise) son automobile
  • un rockeur, francisation de l’amĂ©ricain rocker
  • un rappeur est un chanteur de rap
  • un zappeur — voire un zappeur fou — qui, dans cette derniĂšre expression, est une personne qui monopolise compulsivement la tĂ©lĂ©commande, souvent au dĂ©triment des autres usagers.

Autre ajout de suffixe français : le suffixe -ette, comme dans

  • punkette, pour dĂ©signer une jeune punk ;
  • zapette, dĂ©rivĂ©e du verbe anglais to zap, qui lui-mĂȘme a Ă©tĂ© francisĂ© en zapper

La francisation peut ĂȘtre phonĂ©tique, souvent dans un but humoristique comme dans :

  • le OuĂšbe (pour le Web)[31] ;
  • ouaouh (pour wow !, c’est-Ă -dire oh la la ! ou bravo) ;
  • le foute (pour foot, abrĂ©viation française du jeu de football) ;
  • travelingue (pour travelling, abrĂ©viation française de travelling shot, un panoramique).

Usage

Au Canada

De par sa politique linguistique bilingue [32], le Canada jouit d’une grande diversitĂ© linguistique, ce qui en fait un espace d’analyse trĂšs riche. De fait, de multiples Ă©tudes ont Ă©tĂ© conduites pour observer les habitudes langagiĂšres des locuteurs dans diverses rĂ©gions du territoire.

Dans une Ă©tude publiĂ©e en 1988, Poplack, Sankoff et Miller rendent compte des emprunts Ă  l’anglais dans un corpus documentant les usages de locuteurs francophones d’Ottawa-Hull, dont le français est extrĂȘmement anglicisĂ©. Les emprunts Ă  l’anglais reprĂ©sentent 0,8 % des occurrences et 3,3 % du vocabulaire[33] - [34].

Cette mĂȘme Ă©tude analyse Ă©galement les influences sociales sur les taux et les modĂšles d’utilisation des mots d’emprunt, par le biais de facteurs sociolinguistiques tels que le sexe, l’ñge et le niveau d’instruction, ainsi que la capacitĂ© bilingue personnelle et la communautĂ© linguistique des locuteurs. L’étude Ă©value le rĂŽle de chacun de ces facteurs dans les taux d’emprunt (en termes de types et d’occurrences) et/ou dans les types d’emprunt (prĂ©fĂ©rence pour les mots empruntĂ©es ponctuellement par rapport aux mots d’emprunt Ă©tablis). Il ressort des rĂ©sultats que l’appartenance Ă  une classe sociale est le principal dĂ©terminant des taux d’emprunts globaux, tant en termes d’occurrences que de types d’emprunts, les groupes de la classe ouvriĂšre devançant les locuteurs de la classe moyenne. Toutefois, la classe sociale n’a pas d’influence systĂ©matique sur le type d’emprunts (ponctuels ou Ă©tablis). Le quartier a Ă©galement un effet important, principalement dĂ» au degrĂ© d’exposition Ă  l’anglais dans l’environnement. L’ñge du locuteur et sa maĂźtrise de l’anglais ont des effets systĂ©matiques mais gĂ©nĂ©ralement peu significatifs, en particulier sur les habitudes d’emprunt.

En France

Depuis en tout cas la fin du XXe siĂšcle, il semble que la presse française utilise plus d’emprunts Ă  l’anglais qu’à d’autres langues et avec une forte frĂ©quence. Par ailleurs, il est Ă©galement possible d’observer le degrĂ© d’enracinement des emprunts dans le lexique d’une langue rĂ©ceptrice afin de pouvoir dĂ©finir quels types d’emprunts sont plus enclins Ă  perdurer et par le biais de quels facteurs.

Une Ă©tude de Chesley (2010)[35] a examinĂ© les contextes d’apparition des mots d’emprunt Ă  l’anglais dans des articles du journal Le Monde parus entre 1989 et 1992 puis dans des articles du Figaro publiĂ©s entre janvier 1996 et dĂ©cembre 2006, afin d’évaluer l’enracinement et la permanence des anglicismes. Cette Ă©tude met en Ă©vidence une corrĂ©lation entre les anglicismes attestĂ©s dans le Monde et dans le Figaro : les anglicismes prĂ©sents dans le Monde ont tendance Ă  se retrouver dans le Figaro. En revanche, cette corrĂ©lation ne se retrouve pas avec les emprunts Ă  d’autres langues : par exemple, huit espagnolismes sont identifiĂ©s dans Le Monde contre un seulement dans Le Figaro. Cela montre donc, en comparaison avec d’autres emprunts Ă  d’autres langues, le fort ancrage des anglicismes dans le discours français.

Selon une autre Ă©tude Chesley et Baayen (2010)[36], on peut observer l’enracinement des emprunts lexicaux dans le lexique d’une langue rĂ©ceptrice, lesquels sont limitĂ©s par une sĂ©rie de facteurs diffĂ©rents. Pour dĂ©terminer quels emprunts sont en train de s’ancrer dans le lexique français, cette Ă©tude a Ă©galement eu recours aux archives du journal Le Monde (AbeillĂ© et al. 2003)[37] de 1989-1992 puis aux archives en ligne du Figaro, pour les annĂ©es 1996-2006, en prenant la frĂ©quence dans ce second corpus comme indicateur de l’enracinement dans le lexique français. En utilisant la frĂ©quence comme mesure de l’enracinement lexical, ils ont pu constater que plusieurs facteurs tels que la dispersion, la frĂ©quence, le caractĂšre polysĂ©mique ou non, la durĂ©e et le contexte culturel d’un emprunt ainsi que la langue du donneur de l’emprunt contribuent Ă  dĂ©terminer le degrĂ© d’enracinement lexical d’un emprunt en français. D’aprĂšs leurs rĂ©sultats, tous ces facteurs pourraient aussi ĂȘtre pertinents lors de l’examen des emprunts dans d’autres langues rĂ©ceptrices.

Attitude face Ă  l’usage (QuĂ©bec et France)

Quant Ă  l’emploi d’anglicismes, les rĂ©actions peuvent ĂȘtre plus ou moins hostiles selon le pays. O. Walsch essaie ainsi de dĂ©terminer le degrĂ© de purisme de ces deux pays quant Ă  l’usage de emprunts de l’anglais. Pour ce faire, dans un questionnaire en ligne anonyme, des emprunts non assimilĂ©s (ex. : « webpage »), des emprunts assimilĂ©s (ex. : « page web ») ainsi que des calques (ex. : « page sur toile ») ont Ă©tĂ© proposĂ©s dans un texte lacunaire afin de voir l’attitude des individus et leur comportement face aux anglicismes ou aux substituts et quelle variante ils prĂ©fĂšrent utiliser[38].

En France, l’AcadĂ©mie française se montre trĂšs critique sur l’usage croissant d’anglicismes dans la langue française. Elle dĂ©nonce en 2022 une dĂ©rive anglophone dans la communication institutionnelle, des communications de l'État (« One Health », « French Impact ») Ă  celles des collectivitĂ©s locales (« Only Lyon », « I Love Nice », « Maubeuge CrĂ©ative City »...). Les emprunts apparaissent majoritairement dans les noms de marques ou de modĂšles ainsi que dans des slogans, tandis que la syntaxe française est affectĂ©e par la disparition de prĂ©positions (une « application mobile », un « coach produit », le « manager travaux », « Plan Vigipirate urgence attentat »). Ces Ă©volutions dĂ©vient selon l'institution de l'exigence de la communication : « donner une image positive et juste des services qu'elle reprĂ©sente et des offres qu'elle porte, et ĂȘtre facilement accessible au public le plus large ». Elle souligne donc « le risque d'une double fracture linguistique : sociale d'une part, le fossĂ© se creusant entre les publics, suivant qu'ils sont imprĂ©gnĂ©s ou non des nouveaux codes de langage, et gĂ©nĂ©rationnelle d'autre part, les plus jeunes Ă©tant particuliĂšrement permĂ©ables aux usages numĂ©riques et mieux Ă  mĂȘme de les assimiler, mais d'autant plus exposĂ©s au risque d'ĂȘtre cantonnĂ©s Ă  un vocabulaire limitĂ© et approximatif et de n'avoir qu'une faible maĂźtrise de la langue ». Elle encourage donc la communication institutionnelle Ă  renouer avec sa fonction premiĂšre[39] - [40] - [41].

Toutefois, la population française n’y est pas tant opposĂ©e. Les rĂ©sultats montrent que les Français ont un degrĂ© de purisme modĂ©rĂ© car ils tendent Ă  prĂ©fĂ©rer l’utilisation d’emprunts non assimilĂ©s et, au contraire, Ă©vitent les emprunts assimilĂ©s ou des calques. Au contraire, les QuĂ©bĂ©cois ont plus recours aux emprunts assimilĂ©s et aux calques et manifestent donc un niveau de purisme plus Ă©levĂ© que celui des Français.

Politiques en matiùre d’anglicismes

En 2009, plusieurs associations francophones ont lancĂ© un appel international Ă  la dĂ©fense de la langue française face Ă  l’anglais[42].

Les anglicismes sont plus nombreux dans les pays oĂč le français est en contact quotidien avec l’anglais. Au Canada, notamment Ă  MontrĂ©al, on utilise de trĂšs nombreux anglicismes, surtout dans les domaines de la mĂ©canique et de la construction. Dans certaines rĂ©gions de la province de QuĂ©bec, l’emploi d’anglicismes est frĂ©quent. La situation est encore plus prĂ©gnante dans les rĂ©gions frontaliĂšres en contact avec l’anglais, comme l’Outaouais qui jouxte l’Ontario anglophone.

Quelques anglicismes propres au Canada :

  • assumer (to assume) : prĂ©sumer, supposer
  • dĂ©lai (delay) : retard (mais n’est pas un anglicisme dans l’acception de « temps dont l’on dispose pour accomplir quelque chose »)
  • Ă©vidence (evidence) : preuve, en droit ou pour des choses scientifiques
  • patente (patent) : invention, bidule
  • checker : (selon le contexte) regarder, vĂ©rifier, surveiller
  • faire du sens (to make sense) : avoir un sens
  • bon matin[43] (good morning) : bonjour
  • ĂȘtre sous l’impression (to be under the impression) : avoir l’impression
  • Moi, un comĂ©dien
 : Moi, comĂ©dien
 (article inutile prĂ©cĂ©dant une profession et dans le cas d’une apposition)
  • ĂȘtre en amour (to be in love) : ĂȘtre amoureux
  • prendre une marche (to take a walk) : aller se promener Ă  pied
  • avoir le pouce vert (to have a green thumb) : avoir la main verte
  • pĂąte Ă  dents (toothpaste) : dentifrice
  • Ă  l’annĂ©e longue (all year long) : toute l’annĂ©e, Ă  longueur d’annĂ©e
  • payer attention (to pay attention) : prĂȘter attention, faire attention
  • ĂȘtre supposĂ© faire (to be supposed to do) : ĂȘtre censĂ© faire
  • mettre de l’emphase sur (to put emphasis on) : mettre l’accent sur
  • Faire application / appliquer pour (application/apply for a job) : ĂȘtre candidat Ă  un emploi
  • canceller (to cancel) : annuler
  • cĂ©duler / une cĂ©dule (to schedule / a schedule) : mettre Ă  l’horaire / un horaire

Les pays francophones crĂ©ent les nĂ©ologismes qu’ils jugent adaptĂ©s, particuliĂšrement dans le domaine informatique (Toile pour Web, abrĂ©viation de World Wide Web, courriel pour e-mail, pourriel pour spam, etc.). Une institution trĂšs active sur le plan nĂ©ologique est l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française (OQLF) : l’utilisation de ses nĂ©ologismes est obligatoire au sein de l’appareil administratif du QuĂ©bec. L’expĂ©rience montre cependant qu’une traduction n’est universellement acceptĂ©e que si elle est correctement choisie : avant la (demi-)crĂ©ation du couple « matĂ©riel » et « logiciel », aujourd’hui d’usage universel, des organismes avaient essayĂ© d’imposer « quincaille » et « mentaille », apparemment trop hĂątivement calquĂ©s sur hardware et software pour avoir du succĂšs.

Lutte contre les anglicismes

Si l’emprunt de termes anglais est vu par certains comme le signe d’un enrichissement de la langue française au contact de la langue dominante, il est considĂ©rĂ© par d'autres comme la marque d’une incapacitĂ© culturelle Ă  crĂ©er les mots idoines et Ă  les populariser[44].

En France

  • Depuis les annĂ©es 1970, le gouvernement français s’est employĂ© Ă  fixer par voie rĂšglementaire la terminologie officielle aprĂšs consultation des commissions ministĂ©rielles de terminologie, en prĂ©cisant le cas Ă©chĂ©ant les termes Ă©trangers Ă  Ă©viter[45]. C’est ainsi que le mot « logiciel », proposĂ© Ă  la commission de l’informatique par Philippe Renard en 1970, a supplantĂ© en moins de dix ans le terme anglais software et que « baladeur », conçu en 1983 par la commission de l’audiovisuel et de la publicitĂ©, a remplacĂ© walkman[46]. Le mot informatique lui-mĂȘme est un nĂ©ologisme crĂ©Ă© en 1962 par Philippe Dreyfus, contraction des termes « information » et « automatique[47] », qui ne possĂšde pas d’équivalent exact en anglais (il existe des concepts proches, comme information technology, computer science ou data processing).
  • Jacques Toubon, ministre français de la Culture de mars 1993 Ă  mai 1995, a en revanche Ă©chouĂ© en proposant une liste complĂšte de mots Ă  utiliser Ă  la place des mots anglais. Sa proposition fut mĂȘme l’objet de moqueries en son temps et la loi Toubon (no 94-88) pour la promotion de la francophonie fut ironiquement surnommĂ©e « loi AllGood » (exemple d’échec Ă  l’usage : vacancelle n’a jamais pu rivaliser avec weekend, qui s’est fixĂ© en franco-français pour dĂ©signer le samedi-dimanche.
  • Le dĂ©cret du 3 juillet 1996 a profondĂ©ment rĂ©formĂ© le dispositif d’enrichissement du lexique de la langue française qui existait jusqu’alors. Ce dispositif s’appuie dĂ©sormais sur la « Commission d’enrichissement de la langue française ». PlacĂ©e auprĂšs du Premier ministre, cette commission coordonne les travaux de terminologie, en liaison avec diffĂ©rents partenaires, comme l’AcadĂ©mie française, l’AcadĂ©mie des sciences, l’Association française de normalisation (Afnor), l’Institut national de la langue française (CNRS-INaLF) et d’autres commissions de terminologie de pays francophones, comme l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française au QuĂ©bec. Les listes de termes adoptĂ©s sont diffusĂ©es sous forme de brochures, publiĂ©es au Journal officiel (elles deviennent alors d’emploi obligatoire pour les services de l’État et les Ă©tablissements publics, ainsi que dans les cas prĂ©vus par la loi du relative Ă  l’emploi de la langue française — dite loi Toubon). Par exemple, les mots remue-mĂ©ninges (2000) et courriel (2003) ont Ă©tĂ© proposĂ©s pour remplacer brainstorming et e-mail. Les termes publiĂ©s sont consultables sur le site de la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  la langue française (DGLF).
  • Chaque annĂ©e, l’association « DĂ©fense de la langue française », une acadĂ©mie parodique, dĂ©cerne le Prix de la Carpette anglaise Ă  un membre de l’élite française qui, selon son jury, s’est distinguĂ© par une initiative visant Ă  promouvoir l’anglais en France et dans les institutions europĂ©ennes au dĂ©triment du français.
Charte de la langue française

Au Québec, la loi sur la langue officielle (loi 22) a été adoptée en 1974.

La Charte de la langue française (loi 101), adoptĂ©e le , a instituĂ© le Conseil supĂ©rieur de la langue française et la Commission de toponymie du QuĂ©bec. La Commission de la protection de la langue française a pour mission d’assurer le respect de la Charte de la langue française. La Charte de la langue française a Ă©tĂ© modifiĂ©e le (loi 104).

RĂŽle de l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française

L’Office de la langue française (OLF) et le ministĂšre des Affaires culturelles du QuĂ©bec sont crĂ©Ă©s le . Le , l’OLF devient l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française (OQLF). Son rĂŽle est de veiller Ă  ce que le français soit la langue du travail, des communications, du commerce et des affaires dans l’Administration et les entreprises[48]. Il rĂ©dige un dictionnaire en ligne, le Grand dictionnaire terminologique, donnant les Ă©quivalents français de termes anglais ou latins dans 200 domaines d’activitĂ©. Il propose Ă©galement les alternatives Ă  l’utilisation de plus de 150 anglicismes employĂ©s couramment et signale les faux-amis.

Le QuĂ©bec se montre souvent plus rĂ©ticent que l’Europe francophone Ă  utiliser des mots anglais, ce Ă  quoi les annonceurs publicitaires s’adaptent. Par exemple l’ordinateur portable MacBook d’octobre 2008 est vantĂ© par Apple pour sa « coque unibody » en France, mais pour son « boĂźtier monocorps » au Canada francophone.

Exemples d’anglicismes

Un exemple de l’usage de la langue anglaise dans le français europĂ©en avec le terme « people » remplaçant les mots « personnalitĂ©s », « cĂ©lĂ©britĂ©s », « vedettes ».
  • Les baby-boomers pour parler de la gĂ©nĂ©ration de l’aprĂšs-guerre (1945-1964).
  • Les breaking news[49] (en français : « Sur les tĂ©lĂ©scripteurs », « Toutes derniĂšres nouvelles » — breaking : (en parlant d’une nouvelle) qui Ă©clate, qui s’ébruite).
  • Le buzz sur le Web[50] (buzz : 1/ battage, bruit fait autour de quelque chose, 2/ premiers frĂ©missements, bouche-Ă -oreille suscitĂ©(s) par une nouveautĂ© musicale, 3/ un pĂ©tard de cannabis).
  • Les concept-cars (concept car = automobile rĂ©alisĂ©e selon une formule toute faite et servant souvent d’étude Ă  un modĂšle de sĂ©rie ; en français : voiture-concept (calque), voiture expĂ©rimentale).
  • Les fake news pour « fausses nouvelles », « informations fallacieuses », ou « infox », mot-valise formĂ© Ă  partir de « information » et « intoxication »[51] (on employait d’ailleurs anciennement « intox » dans un sens trĂšs proche, comme antonyme Ă  « info »).
  • L’univers de la high tech[50] - [52] remplaçant l’expression « hautes technologies ».
  • Un jingle = musiquette, ritournelle publicitaire, virgule musicale.
  • Un live = en direct. Diffusion d’un spectacle en direct. Enregistrement live = en concert, en spectacle, en public. Il y a aussi le plĂ©onasme : direct live.
  • Le one man show (en France) = seul-en-scĂšne, spectacle (en) solo, solo (se produire dans des one-man shows : se produire en solo) (s’il s’agit d’une femme : one-woman show).
  • People (abr. de l’anglais famous people ou beautiful people ou very important people) (en France) = 1/ (les/des people) (la) gent fortunĂ©e et cĂ©lĂšbre, (le) gratin / beau monde / gotha, (les) gens en vue / cĂ©lĂšbres / riches et cĂ©lĂšbres, (les) cĂ©lĂ©britĂ©s, (les) personnalitĂ©s, (les) vedettes; 2/ (le/du people) (la) presse des vedettes / du gotha, (les) nouvelles des vedettes / du gotha. Parfois francisĂ© en « pipole ». Le terme de « pipolisation » a Ă©tĂ© employĂ©[53], pour dĂ©signer une tendance Ă  rĂ©duire le dĂ©bat politique Ă  l’étalage de la vie privĂ©e de ses acteurs.
  • Le pitch (en France) = bref rĂ©sumĂ© d’un film, d’un roman, synopsis.
  • La playmate (du magazine Playboy) : 1/ Ă©gĂ©rie (du mois), 2/ (sens dĂ©rivĂ©) belle plante.
  • Les podcasts radiophoniques (podcast, contraction de pod broadcast = Ă©mission de radio sous forme de fichier audio tĂ©lĂ©chargeable depuis Internet sur lecteur audio ou ordinateur) Ă©mission radio Ă  la carte, baladodiffusion, balado (QuĂ©bec).
  • Le prime time (en France) = premiĂšre partie de soirĂ©e, dĂ©but de soirĂ©e, heures de grande Ă©coute, plage/tranche horaire trĂšs Ă©coutĂ©e, plage/tranche horaire trĂšs regardĂ©e (tĂ©lĂ©vision) (de 20 h Ă  23 h en semaine, de 19 h Ă  23 h le dimanche). L’access prime-time (en France) = tout dĂ©but de soirĂ©e ; (selon le cas) tranche horaire 18 h 30 - 20 h, crĂ©neau horaire du 19 - 20 h (tĂ©lĂ©vision).
  • Le replay : Ă  la fin d’une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e ou d’une vidĂ©o en direct, on invite le spectateur Ă  Ă©couter en « rediffusion » ou Ă  « rejouer » (replay) pour « repasser », « rĂ©Ă©couter », « rĂ©entendre ».
  • Un senior, sĂ©nior = un aĂźnĂ©, un ancien. Le mot senior a supplantĂ© « troisiĂšme Ăąge », qui avait occultĂ© « personnes ĂągĂ©es », qui lui-mĂȘme avait Ă©vincĂ© « vieux »[54].
  • Un show = un spectacle, un concert, une reprĂ©sentation, un rĂ©cital.
  • Le timing (en France) = 1/ minutage (faire une erreur de timing : mal calculer son coup) ; 2/ synchronisation ; 3/ programmation ; 4/ Ă©chĂ©ancier, calendrier (un timing serrĂ© : un calendrier serrĂ©).
  • Le weekend = au QuĂ©bec, le terme est surtout utilisĂ© par les mĂ©dias ; la plupart des QuĂ©bĂ©cois francophones disent « fin de semaine ».
  • Le zapping politique de la semaine[55] (dans le jargon de la chaĂźne cĂąblĂ©e Canal+, florilĂšge des moments de tĂ©lĂ©vision les plus marquants d’une pĂ©riode Ă©coulĂ©e).

Notes et références

Notes

  1. Dans Manon Lescaut, Manon demande au chevalier des Grieux : « laisse-moi, pour quelque temps, le ménagement de notre fortune. »
  2. Si le français a crĂ©Ă© les mots « ordinateur », « logiciel » et « numĂ©rique », de nombreuses langues comme l’allemand ou l’italien continuent d'utiliser les termes anglais computer, software ou digital.
  3. Jean Tournier évoque également la situation de faiblesse de la langue française, dont la maßtrise n'est plus assurée chez les jeunes générations du fait de l'inadéquation de l'enseignement du français et de l'influence linguistique négative des médias, cf. Jean Tournier, Les mots anglais du français, op. cit., en part. Introduction, p. 14-15.
  4. Écrivant en 1989, Maurice Pergnier, dans son livre Les anglicismes, paru aux Presses universitaires de France, Ă©voque cette situation en ces termes : « La suprĂ©matie socio-Ă©conomique des États-Unis, d'oĂč dĂ©coule une puissante hĂ©gĂ©monie culturelle, a fait de l'anglais, en quelques dĂ©cennies, la langue de communication universelle incontestĂ©e. Il n'y a guĂšre de prĂ©cĂ©dents (...) si on excepte le cas (...) du latin, de la fin de l'AntiquitĂ© Ă  la Renaissance ».
  5. Mais il est revenu en force dans les années 2010, dans un sens différent, avec les smart-phones (téléphones intelligents).
  6. Pour le terme « redingote », fabriquĂ© au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, il faut savoir qu'il avait repassĂ© la Manche Ă  la fin de ce mĂȘme siĂšcle pour dĂ©signer divers habits Ă  la mode, cf. The New Fowler's, Modern English Usage, third edition, edited by R. W. Burchfield, Oxford, 1996, p. 661).

Références

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  2. Etiemble, Parlez-vous franglais?, Paris, Gallimard, coll. « Idées » (no 40), , 376 p. (OCLC 2743393).
  3. Michel Volle - Ă©tymologie du mot informatique.
  4. « Les tĂ©lĂ©astes – pas tous mais beaucoup – portent une bonne part de responsabilitĂ© en la matiĂšre », Alfred Gilder, Et si l'on parlait français ? Essai sur une langue universelle, prĂ©face de Claude HagĂšge, Le cherche midi Ă©diteur, 1993.
  5. Maurice Pergnier, Les Anglicismes. Danger ou enrichissement pour la langue française ?, Presses universitaires de France, 1989, p. 155-157 (La responsabilitĂ© des journalistes); citation : « Par la puissance des moyens modernes de communication, les journalistes concourent en effet plus que quiconque non seulement Ă  propager mais surtout Ă  lĂ©gitimer les anglicismes. Ils ne sont pas seulement des amplificateurs de l'image, ils servent (qu'ils le veuillent ou non) de modĂšles. De mĂȘme qu'un produit industriel faisant de la publicitĂ© dans les mĂ©dias voit ses ventes augmenter de façon significative, de mĂȘme un mot, un clichĂ©, un nĂ©ologisme, un anglicisme, qui "passe Ă  l'antenne" ou aux presses du journal Ă  grande diffusion, se propage et se trouve immĂ©diatement lĂ©gitimĂ© et valorisĂ© ».
  6. « Un discours qui verrouille la réalité », L'Humanité, (consulté le ).
  7. Chantal Bouchard, « Une obsession nationale: l'anglicisme », Recherches sociographiques,‎ (lire en ligne).
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  10. Rodolphe HelderlĂ©, 570 000 euros d'amende pour refus de traduction, site Novethic, 3 mars 2006]
  11. La justice ordonne à Europ Assistance de traduire un logiciel en français, AFP, 5 décembre 2008.
  12. Étiemble 1964.
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  18. « entraßnement physique », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  19. Jean Tournier, Les mots anglais du français, Paris, Belin, coll. « Français retrouvé » (no 32), , 620 p. (ISBN 978-2-7011-2304-2, BNF 36711263), p. 9.
  20. Page de l'APFA sur le site de la presse francophone
  21. Présentation du lexique
  22. Cf Henriette Walter et GĂ©rard Walter, Dictionnaire des mots d'origine Ă©trangĂšre, Larousse, 1991.
  23. R. Grandsaignes d'Hauterive, Dictionnaire d'ancien français. Moyen Âge et Renaissance, Librairie Larousse, 1947, p. 70
  24. Jean Tournier, Les mots anglais du français, Paris, Belin, coll. « Français retrouvé » (no 32), , 620 p. (ISBN 978-2-7011-2304-2, BNF 36711263), p. 583 (« Liste des calques »).
  25. Philip Thody, Le Franglais: Forbidden English, Forbidden American : Law, Politics and Language in Contemporary France. A Study in Loan Words and National Identity, A&C Black, 2000, 308 p., p. 41 :
    « I have not dealt with what are known in French as 'des calques linguistiques', terms so obviouly modelled on foreign expressions that they look as though they have been copied on to tracing paper. There are a number of these, of which three of the most obvious are 'la majorité silencieuse' (the silent majority), 'garder un profil bas' (keep a low profile) and 'politiquement correct'. The fact that they are examples of morphologically impeccable French nevertheless makes it hard to see them as examples of 'le franglais'. » « J'ai laissé de cÎté ce qu'on appelle en français « calques linguistiques », tournures reproduisant si manifestement des expressions étrangÚres qu'elles semblent avoir été décalquées. Il y en a un certain nombre, dont trois des plus évidents sont « la majorité silencieuse » (« the silent majority »), « garder un profil bas » (« keep a low profile ») et « politiquement correct ». Le fait qu'il s'agisse d'exemples de français à la morphologie impeccable fait néanmoins qu'il est difficile de les voir comme des exemples de « franglais ». »
  26. (en) P. Rowlett, Franglais, Encyclopedia of Language & Linguistics (Second Edition), p. 624-626.
  27. Line EngstrĂžm, « Les anglicismes dans le français hexagonal contemporain. Analyse d’un corpus de presse », Institutt for litteratur, omrĂ„destudier og europeiske sprĂ„k,‎ (lire en ligne).
  28. « traduction - Why "Very Bad Trip" instead of "Gueule de bois"? - French Language Stack Exchange », sur stackexchgange.com (consulté le ).
  29. AlloCine, « Ces titres anglais traduits en France par... d'autres titres anglais ! », sur AlloCiné (consulté le ).
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  33. (en) Poplack, Sankoff et Miller, « The social correlates and linguistic processes of lexical borrowing and assimilation », Linguistics, vol. 26, no l,‎ , p. 47-104 (lire en ligne)
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  43. Capsule du mois : bon matin, Impératif français, 6 novembre 2008.
  44. « Anglicismes : une menace ou un enrichissement de la langue française ? », sur LCI (consulté le ).
  45. Cf Les grandes lignes du dispositif (mis en place pour l'enrichissement de la langue française).
  46. Cf Ces mots, aujourd'hui courants, ont été créés par les commissions ministérielles de terminologie.
  47. Cf. Christian Lassure, Tech - Vocabulaire anglais-français de la haute technologie, Ellipses, 1991, en part. « French neologisms ending in 'ique' and their English counterparts », p. 19.
  48. Office québécois de la langue française.
  49. La DĂ©pĂȘche, 4 octobre 2008
  50. Nouvel Observateur, 2 octobre 2008
  51. Recommandation sur les équivalents français à donner à l'expression fake news (lire en ligne)
  52. L'Express, 3 octobre 2008
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  55. Le Figaro, 3 octobre 2008

Annexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Jean Tournier, Les mots anglais du français, Paris, Belin, , 621 p. (ISBN 978-2-7011-2304-2).
  • Jean-Paul Kurtz, Dictionnaire Ă©tymologique des anglicismes et des amĂ©ricanismes, Books on Demand, 2013, tome premier, 508 p., tome second, 508 p.
  • Yves Laroche-Claire, Évitez le franglais, parlez français, Paris, Albin Michel, 2004, collection Les dicos d’or de Bernard Pivot.
  • MichĂšle Lenoble-Pinson, Anglicismes et substituts du français, Paris, Éditions Duculot, 1991.
  • Rapport sur la communication institutionnelle en langue française, , 30 p. (prĂ©sentation en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

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