Langue mixte
Une langue mixte est une langue née de la fusion de deux langues sources en général, habituellement dans des situations de bilinguisme poussé[1]. De sorte qu'il ne soit pas possible de classer la langue en résultant comme appartenant à l'une des familles de langues qui étaient ses sources. Bien que le concept soit fréquemment rencontré dans la linguistique historique depuis le début du XXe siècle, les cas attestés d'hybridation des langues sont assez rares, à la différence des alternances codiques, de l'influence des substrats et des superstrats, ou des emprunts lexicaux. En outre, une langue mixte peut marquer l'apparition d'un nouveau groupe ethnique ou culturel.
Les autres termes utilisés dans la linguistique pour le concept d'une langue mixte sont langue hybride, langue de contact et langue de fusion. Le terme est à distinguer du créole et du pidgin, bien que certains linguistes les considèrent comme des langues mixtes à part entière.
Exemples
anglo-normand
L’anglo-normand est une ancienne langue d'oïl parlée au Moyen Âge en Angleterre à la Cour des rois et dans l’aristocratie anglo-normande. La langue d'oïl formant un ensemble de parlers mutuellement intelligibles, l'anglo-normand est parfois considéré comme en étant un dialecte[2].
arabe sicilien
L’arabe sicilien était un dialecte arabe parlé entre le Xe et le XIIe siècle en Sicile, en Calabre, à Pantelleria et aux îles Kerkennah, petit archipel proche de la côte tunisienne. Appelé en arabe siqili ou sqili (de Siqiliya, nom arabe de l'île), il fait avec le maltais, dont il était très proche, partie des langues dites siculo-arabes.
franco-vénitien
Le franco-vénitien ou franco-italien était une langue de culture répandue en Italie entre le XIIIe et le XVe siècle. Un des ouvrages les plus connus dans cette langue est le "Livre des merveilles" de Marco Polo, dont la version originale "Devisement dou monde" était écrite en franco-vénitien. L'exemple des poules noires du chapitre 154 montre comment le franco-vénitien de Rustichello de Pise se calque sur le dialecte vénitien. Thebault de Cepoy le traduit en ancien français :
Galine qe ne ont pennes mes ont peaus come gate et sont toute noire (Rustichello, 1298)
Galine che non ano pena ma ano pello chome le gate et sono tute negre (vénitien)
Gelines qui n'ont nulles plumes mais ont poil et sont toutes noires (Cepoy, 1307)
Allemand-Latin
L'universitaire Christoph Helm note l'influence du latin sur le vocabulaire et la syntaxe de l'allemand et sur son mécanisme de formation des mots. Il évoque une diglossie latin-allemand où la forme basse allemande se serait progressivement émancipée, cette diglossie expliquant une forte influence du latin sur l'allemand[3]. Il emploie à ce sujet l'expression langue-mixte (en allemand Mischsprache)
Maltais
Le maltais est un exemple de langue mixte. Pourtant, la classification de cette langue est controversée.
Liens
- Pidgin : langue mixte servant de langues véhiculaires dans une région donnée, sans être la langue maternelle d'aucune population.
- Créole : langue mixte devenue langue maternelle d'une population donnée.
- Exemples de langues mixtes:
- Caló
- Chiac
- Cocoliche (langue), variété de l'espagnol parlée par les immigrés italiens en Argentine
- Franglais
- Francitan
- Kallawaya (langue)
- Maṇipravālam (langue), mêlant sanskrit et tamoul
- Mbugu (langue)
- Métchif
- Sheng (langue)
- Spanglish
- Yéniche (langue)
Notes et références
- Meakins (2013).
- Roger Bacon, dans son Opus maius, écrit en latin médiéval (traduit) au XIIIe siècle : « En effet, les idiomes d'une même langue varient selon les individus, comme il arrive à la langue française qui auprès des Français, des Picards, des Normands et des Bourguignons varie de manière idiomatique. Et les termes corrects dans la langue des Picards font horreur aux Bourguignons, et même aux Français plus voisins... »
- (de) Christoph Helm, « Das Lateinische als nehmende und gebende Kontaktsprache » [PDF], sur https://journals.ub.uni-heidelberg.de, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Felicity Meakins (en), « Mixed languages », dans Peter Bakker, Yaron Matras (en), Contact Languages: A Comprehensive Guide, Berlin, Mouton de Gruyter, (ISBN 9781614513711, DOI 10.1515/9781614513711.159, lire en ligne), p. 159–228.