Accueil🇫🇷Chercher

Anglicisation

Le terme anglicisation correspond au processus par lequel un mot, une culture ou un individu deviennent anglais. Par exemple, un immigrant en Grande-Bretagne est dit anglicisé dès lors qu'il a adopté la culture britannique. L'usage le plus courant cependant correspond au contexte linguistique : une langue est dite anglicisée lorsqu'elle s'apparente plus à la langue anglaise.

Le terme anglicisation peut aussi renvoyer Ă  la perte de la langue locale au profit de la langue anglaise.

L’anglicisation sur le plan linguistique

Il existe deux sortes d'anglicisation linguistique : l'anglicisation de mots étrangers à la langue anglaise, qui viennent s'y incorporer, et l'anglicisation de langues étrangères au travers de l'introduction de mots anglais (voir anglicisme).

Anglicisation en anglais

Emprunts linguistiques

  • Les mots empruntĂ©s Ă  d'autres langues peuvent ĂŞtre anglicisĂ©s pour changer de forme et de prononciation de manière Ă  faciliter leur prononciation par des locuteurs anglophones. Par exemple, le mot grec aeroplano fut importĂ© en anglais amĂ©ricain sous la forme moderne airplane[1].
  • Le changement des terminaisons de cet ordre est frĂ©quent dans chaque cas d'importation de mots d'une langue Ă©trangère dans une langue de rĂ©fĂ©rence. De mĂŞme, le mot anglais damsel[2] constitue une anglicisation du français demoiselle. L'anglicisation de mots français provient de la conquĂŞte de l'Angleterre effectuĂ©e par Guillaume.
  • Une troisième forme courante de retouche concerne l'ajout de l'article du mot Ă©tranger en tant que prĂ©fixe du nom anglicisĂ© (c'est le cas pour algebra[3] depuis l'arabe ou Lavolta[4] depuis l'italien).

Noms propres

  • Les noms propres en anglais sont habituellement anglicisĂ©s. Par exemple, la ville italienne de Naples (Napoli), en anglais Naples ; la ville allemande de Munich (MĂĽnchen), en anglais Munich ; et la ville nĂ©erlandaise de La Haye (Den Haag), en anglais The Hague. Une telle anglicisation Ă©tait autrefois universelle : presque tous les noms de villes et de personnages de la littĂ©rature anglaise jusqu’au milieu du XXe siècle Ă©taient anglicisĂ©s. Vers la fin du XXe siècle, cependant, un usage direct de noms non-anglais dans la langue anglaise commença Ă  se faire plus habituel. En ce qui concerne les langues qui utilisent le mĂŞme alphabet latin que l’anglais, les noms (substantifs) sont aujourd’hui gĂ©nĂ©ralement Ă©crits en anglais avec l’orthographe originale, mĂŞme souvent avec des signes diacritiques qui n’existent normalement pas en anglais, comme dans fiancĂ©e ou clichĂ©. Par rapport aux langues qui utilisent des alphabets non-latins, comme les alphabets arabe, cyrillique ou grec, une translittĂ©ration est spĂ©cialement utilisĂ©e, afin de rester plus fidèle Ă  l'orthographe originale plutĂ´t qu’aux normes de l’anglais.
  • Cette anglicisation est devenue un sujet de fiertĂ© nationale dans certaines parties du monde, spĂ©cialement dans les rĂ©gions qui ont un jour Ă©tĂ© sous une autoritĂ© coloniale et oĂą les vestiges de la domination culturelle europĂ©enne sont un sujet dĂ©licat. En consĂ©quence, l’usage des noms anglicisĂ©s a Ă©tĂ© officiellement dĂ©couragĂ© : PĂ©kin est devenue Beijing en Chine et, en Inde, Bombay s’appelle maintenant Mumbai. Dans d’autres cas, oĂą la fiertĂ© nationale n’entre pas en jeu, les noms anglicisĂ©s Ă©tablis sont restĂ©s d’usage. C’est le cas de (en anglais) Munich, Naples, Rome, Athens, et d’autres villes d’Europe de l’Ouest dont les noms sont anglicisĂ©s depuis des siècles.
  • Parfois, un toponyme peut sembler anglicisĂ© alors qu’il ne l’est pas, comme lorsque la forme utilisĂ©e en anglais est une ancienne forme qui a Ă©tĂ© changĂ©e. Par exemple, Turin, dans le PiĂ©mont, en Italie, est appelĂ© Turin dans la langue piĂ©montaise originale, mais est aujourd’hui officiellement appelĂ©e Torino en italien.
  • Les noms de personnes ont aussi Ă©tĂ© largement anglicisĂ©s, comme l’allemand Johann (John), le russe Piotr (Peter), le grec Giorgos (George) et l’hĂ©breu Yehoshua (Joshua). Pendant les grands flux de migrants de l’Europe vers les États-Unis et la Grande-Bretagne aux XIXe et XXe siècles, les noms de beaucoup d’immigrants ont Ă©tĂ© changĂ©s. Les lĂ©gendes urbaines racontent que c’était souvent dĂ» aux autoritĂ©s de l’immigration qui entendaient mal, mais c’était plus gĂ©nĂ©ralement un effort des immigrĂ©s eux-mĂŞmes pour rendre leur nom plus accessible Ă  leurs nouveaux voisins amĂ©ricains ou anglais.
  • Les noms de familles ont souvent changĂ© Ă  travers le Royaume-Uni. Un bon exemple serait les noms de familles irlandais : par exemple, Ă“ Briain est souvent devenu Brian, Ă“ Rothlain devenait Rowland et Ă“ NĂ©ill devenait O'Neill. Pareillement, des noms Ă©cossais ont subi des modifications, comme Somhairle qui devient Sorley, Mac Gill-Eain devient MacLean, et Mac Aoidh devient MacKay. Ceci peut aussi arriver aux figures historiques : Christopher Columbus est la version anglicisĂ©e de Cristobal ColĂłn (qui est d'ailleurs la version hispanisĂ©e de Cristoforo Colombo)
  • Un exemple d’un patronyme anglicisĂ© est le cas d’un Luxembourgeois du XVIIIe siècle appelĂ© Joachim GrĂĽn, dont le nom signifie vert en allemand. Quand ses descendants s’implantèrent aux États-Unis au milieu du XIXe siècle, le nom de famille fut changĂ© en Green.
  • Un exemple cinĂ©matographique d’anglicisation de nom personnel : dans le film The Untouchables, de 1987, un personnage anglicise son nom de Giuseppe Ă  George (alors que l’équivalent anglais serait plutĂ´t Joseph) pour s’intĂ©grer dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine.
  • Aujourd’hui, l’anglicisation d’un nom personnel dĂ©pend gĂ©nĂ©ralement de la prĂ©fĂ©rence de celui qui porte le nom. Les changements de noms sont moins courants aujourd’hui pour ceux qui Ă©migrent d’Europe aux États-Unis qu’ils le sont pour les personnages venant de pays d’Asie orientale. Par exemple, Xiangyun pourra ĂŞtre anglicisĂ© en Sean car la prononciation est similaire (bien que Sean – ou Seán – soit irlandais et soit une gaĂ©licisation du français normand Jean).

L’anglicisation dans les autres langues

  • Un dĂ©veloppement linguistique plus rĂ©cent est l’anglicisation dans d’autres langues dans lesquelles des mots sont empruntĂ©s Ă  l’anglais, rendant ainsi la langue cible plus proche de l’anglais : c’est l’anglicisme. Avec l’augmentation des mĂ©dias anglophones et la diffusion globale de la culture amĂ©ricaine aux XXe et XXIe siècles, beaucoup de termes anglais ont intĂ©grĂ© l’usage populaire dans d’autres langues. Les mots anglais en rapport avec la technologie, internet et les ordinateurs sont particulièrement utilisĂ©s et acceptĂ©s sur la planète, faute de mots prĂ©existants. Les mots anglais sont parfois adoptĂ©s mot Ă  mot, et parfois adaptĂ©s Ă  la langue cible par un processus semblable Ă  l’anglicisation. Dans les langues Ă  alphabets non latins, ces mots empruntĂ©s Ă  l’anglais peuvent ĂŞtre Ă©crits tels quels, en alphabet latin se mĂŞlant au reste du texte non latins, ou alors ces mots sont transformĂ©s par translittĂ©ration.
  • Dans certains pays, cette anglicisation est ressentie comme relativement bĂ©nigne, et l’usage de mots anglais peut mĂŞme prendre un aspect chic, vus comme modernes et avancĂ©s. Ceci est spĂ©cialement vrai au Japon, oĂą de nombreuses firmes japonaises locales vont jusqu’à utiliser l'anglais (ou du pseudo-anglais) dans le mercatique de noms de marques et de slogans, bien que d’autres langues europĂ©ennes comme le français soient parfois aussi utilisĂ©es. Dans d’autres pays, l’anglicisation est vue de manière beaucoup plus nĂ©gative – car rĂ©vĂ©lant souvent la domination de la culture amĂ©ricaine –, et des efforts sont faits par des groupes d’intĂ©rĂŞt public et par des gouvernements pour inverser la tendance. Par exemple, l’AcadĂ©mie française en France crĂ©e des nĂ©ologismes français pour dĂ©crire des inventions technologiques et encourage l’usage de ces mots Ă  la place des mots anglais importĂ©s.

Anglicisation territoriale

Québec

Pendant plusieurs décennies supérieure à 80 %, la proportion de francophones natifs au Québec est tombée à 78 % en 2016. De 2011 à 2016, le pourcentage de francophones a baissé de 0,5 point en moyenne, ce qui est relativement important selon le chercheur statisticien Charles Castonguay[5].

L'île de Montréal est un des lieux les plus touchés par l'anglicisation. En 2016, seulement 49,8% des habitants de l'île déclaraient avoir le français comme langue maternelle, contre 50,2% en 2011. Le nombre d'unilingue anglophone entre 2011 et 2017 a augmenté de 1,7%, tandis que le nombre d'unilingue francophone a diminué de 1,7%[6].

Nouveau-Brunswick

Au Nouveau-Brunswick, seule province bilingue (français-anglais) du Canada, on constate un lent déclin de la langue française. En 1971, les Néo-Brunwickois de langue maternelle française (majoritairement des Acadiens) représentaient 33,8% de la population de la province. En 2016, les francophones natifs ne représentaient plus que 31,9% de la population provinciale. Au contraire, le pourcentage de personnes ayant pour langue maternelle l'anglais est resté stable, autour de 65%.

L'utilisation du français à la maison à elle aussi regressée de près de trois points de 1981 à 2016, passant de 31,7% à 28,6%, tandis que l'usage de l'anglais à la maison a augmenté de 2 points, passant à 69,5%. En effet, l'immigration — étant donné que les immigrants se tournent de manière disproportionné plus vers l'anglais que le français — a augmenté l'anglicisation de la province. L'anglicisation de certains francophone est aussi en cause[7].

Canada anglais

En 1971, 17 % des franco-ontariens déclaraient que l'anglais étaient leur langue d'usage à la maison. En 2016, le nombre a grimpé à 34 %[5].

Louisiane

Après la vente de la Louisiane en 1803 par la France, les États-Unis prennent possession du territoire. C'est seulement après la guerre de Sécession que la langue anglaise commença à exercer une véritable domination linguistique en Louisiane. Avant la guerre civile, la plupart des anglophones habitaient le territoire nord de l’État mais au fur et à mesure (et surtout postbellum) une société anglophone s’établit dans le sud[8]. En 1921, la Louisiane entrepent une politique d'anglicisation et interdit l'usage du français et de toute autre langue autre que l'anglais[9]. Ce n'est qu'en 1968 que la constitution est modifié afin d'y favoriser l'enseignement du français. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'environ 7% de louisianais francophones[10].

Notes et références

  1. (en) Voir l'article « airplane » sur Wikipédia en anglais.
  2. (en) Voir l'article « damsel » sur le Wiktionnaire en anglais.
  3. (en) Voir l'article « algebra » sur Wikipédia en anglais.
  4. (en) Voir l'article « Lavolta » sur Wikipédia en anglais.
  5. Michel David, « L’anglicisation systémique », Le Devoir, tribune, .
  6. « Le français poursuit son recul à Montréal », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  7. Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, « La situation linguistique du Nouveau-Brunswick : des tendances préoccupantes et quelques signes encourageants », Nouveau-Brunswick,‎ (lire en ligne)
  8. (en) Michael D. Picone, op. cit., p. 122.
  9. (en) Michael D. Picone, op. cit., p. 133.
  10. Une manque de professeurs et de ressources pédagogiques locales fait qu’on doit importer ces deux derniers depuis d’autres territoires francophones tels que la France et le Québec. (Michael D. Picone, op. cit., p. 132).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.