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Affaire des infirmiĂšres bulgares

L'affaire des infirmiĂšres bulgares est une longue procĂ©dure diplomatico-judiciaire qui eut lieu en Libye entre 1999 et 2007 et dans laquelle les inculpĂ©s, cinq infirmiĂšres bulgares (Kristiana Valtcheva, Nassia NĂ©nova, Valentina Siropoulo, Valya TchervĂ©niachka et SnĂ©jana Dimitrova), et un mĂ©decin anesthĂ©siste d’origine palestinienne naturalisĂ© bulgare (Ashraf al-Hadjudj) furent accusĂ©s de plusieurs crimes par le gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne.

Résumé de l'affaire

Les cinq infirmiĂšres arrivent en Libye, pays leur offrant des salaires avantageux, en 1998, pour travailler dans la pĂ©diatrie ; Ashraf al-Hadjudj, le jeune mĂ©decin anesthĂ©siste d'origine palestinienne mais ayant grandi en Libye, effectuait initialement un stage de fin de formation professionnelle (internat) Ă  l’hĂŽpital El-Fateh de Benghazi[1] - [2].

Au tout dĂ©but de 1999, les services mĂ©dicaux libyens dĂ©couvrent que plus de 400 enfants soignĂ©s Ă  cet hĂŽpital et ayant subi des transfusions sanguines sont infectĂ©s par le VIH. Vingt-trois Bulgares travaillant dans ou pour l'hĂŽpital et un mĂ©decin d'origine palestinienne sont alors arrĂȘtĂ©s et incarcĂ©rĂ©s, ce dernier et les cinq infirmiĂšres Ă©tant accusĂ©s, Ă  la suite d'une enquĂȘte judiciaire, de plusieurs crimes, certains passibles de la peine de mort :

Durant les huit années de procédures judiciaires en Libye, une cinquantaine d'enfants infectés mourront du sida ou d'infections opportunistes[3].

Les infirmiĂšres et le mĂ©decin dĂ©noncĂšrent lors d’un des procĂšs leurs conditions de dĂ©tention et la pratique de la torture par leurs gardiens, mais ceux-ci sont acquittĂ©s par la justice libyenne et portĂšrent plainte pour diffamation[4] - [5] - [6].

Dans un procÚs connexe à cette affaire, un médecin bulgare, le docteur Zdravko Guéorguiev, époux de Kristiana Valtcheva, venu en Libye aprÚs l'inculpation de celle-ci, fut lui aussi condamné à une peine de 4 ans de prison pour possession illégale de devises étrangÚres, puis mis en résidence surveillée à l'Ambassade de Bulgarie à Tripoli[7] - [8] - [9].

Le , aprĂšs que leur condamnation Ă  mort, confirmĂ©e en appel, a Ă©tĂ© commuĂ©e en prison Ă  vie, les cinq infirmiĂšres et le mĂ©decin furent finalement extradĂ©s vers la Bulgarie aprĂšs de longues tractations menĂ©es par l'Union europĂ©enne et la proposition d’une indemnisation financiĂšre des familles de malades. Ils ont Ă©tĂ© rapatriĂ©s dans un avion français, et furent graciĂ©s par le prĂ©sident bulgare dĂšs leur arrivĂ©e Ă  Sofia. DĂ©but , Nicolas Sarkozy, accompagnĂ© de la chanteuse Sylvie Vartan qui a beaucoup fait pour la mĂ©diatisation de cette affaire et pour leur libĂ©ration, ont rendu visite aux infirmiĂšres et au mĂ©decin. Le prĂ©sident Sarkozy a reçu Ă  cette occasion une dĂ©coration remise par le prĂ©sident de la Bulgarie[10] - [11] - [12].

L’épidĂ©mie de El-Fath en Libye

L’épidĂ©mie de El-Fath est le plus large et le plus grave incident documentĂ© dans l’histoire d’infection nosocomiale (contractĂ©e en milieu hospitalier) au VIH (le virus responsable du sida) ainsi qu’à celui de l’hĂ©patite C, alors mĂȘme que les modes de contamination Ă©taient documentĂ©s et les moyens de protection connus et diffusĂ©s au niveau mondial[13]. L’opinion publique libyenne a Ă©tĂ© trĂšs remontĂ©e et de nombreux travailleurs mĂ©dicaux Ă©trangers ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s – six ont finalement Ă©tĂ© inculpĂ©s. Le dictateur libyen Mouammar Kadhafi a initialement accusĂ© la CIA amĂ©ricaine ou le Mossad israĂ©lien d'un complot visant Ă  conduire une expĂ©rimentation fatale sur les enfants libyens.

La crise Ă©clate au grand jour en quand le magazine libyen La (numĂ©ro 78) publie un exposĂ© sur le sida Ă  l’hĂŽpital des enfants de Benghazi[14] - [15]. En dĂ©cembre l’Association des Ă©crivains libyens rapporte plus de soixante cas de sida jusqu’alors pour cette seule annĂ©e en Libye[16]. La interroge alors Sulaiman al-Ghemari, le ministre libyen de la SantĂ©, qui leur rĂ©vĂšle que la plupart des cas concerne des enfants[16]. Les parents croient que leurs enfants ont Ă©tĂ© contaminĂ©s par des transfusions sanguines dans le principal hĂŽpital pour enfants de Benghazi[16]. Le magazine La est censurĂ© et fermĂ© mais il sera finalement rĂ©vĂ©lĂ© que plus de 400 enfants ont Ă©tĂ© infectĂ©s.

La Libye demande alors et reçoit une Ă©quipe d’urgence de l’OMS qui est missionnĂ©e en dĂ©cembre et reste en Libye jusqu’en janvier 1999. Cette Ă©quipe de l’OMS a produit un rapport classĂ© secret (toujours indisponible) sur la situation.

Études scientifiques et rapports

Le rapport de l’OMS du Dr P.N. Shrestha (1999)

Le rapport de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) dĂ©crit en 1999 la visite effectuĂ©e par l’équipe de l’OMS (Dr P.N. Shrestha, Dr A. Eleftherious et Dr V. Giacomet) en Libye Ă  Tripoli, Syrte et Benghazi entre le et le alors que les Bulgares Ă©taient encore employĂ©es dans le personnel de l’hĂŽpital.

Ce rapport est apparemment classĂ© confidentiel et on n’en connaĂźt que quelques Ă©lĂ©ments rapportĂ©s par des experts au procĂšs :

« Ce rapport suggĂšre fortement que les infections nosocomiales au VIH Ă  l’hĂŽpital Al-Fateh ont Ă©tĂ© causĂ©es par des sources multiples d’infections. De plus, l’équipe de l’OMS note l’absence des fournitures et Ă©quipements requis tels que les conteneurs de lames, stĂ©rilisateurs, incinĂ©rateurs, gants de protection, etc. [...] L’OMS a notĂ© plusieurs similitudes avec des Ă©mergences Ă©pidĂ©miques prĂ©cĂ©demment documentĂ©es parmi les enfants Ă  Elista dans l’ex-Union soviĂ©tique en 1988, et en Roumanie en 1990. En particulier, la pratique consistant Ă  utiliser des cathĂ©ters intraveineux persistants pour les injections chez les enfants hospitalisĂ©s, ainsi que le partage des mĂȘmes seringues, sans stĂ©rilisation appropriĂ©e, apparaĂźtrait parmi les causes probables de l’émergence de Benghazi. »

— Montagnier/Colizzi, 2003.

La mission d'expertise des Professeurs Montagnier et Colizzi

Il y a eu plusieurs rapports rĂ©alisĂ©s sur l’émergence libyenne du VIH. Le plus important de ceux-ci, le « Rapport final du Prof. Luc Montagnier et du Prof. Vittorio Colizzi » a Ă©tĂ© commissionnĂ© par la Jamahiriya libyenne sous l’égide de l’UNESCO. Montagnier et Colizzi ont eu accĂšs Ă  tous les fichiers des sujets infectĂ©s disponibles Ă  l’HĂŽpital des enfants de Benghazi ainsi qu’aux Ă©chantillons prĂ©levĂ©s dans les hĂŽpitaux europĂ©ens qui avaient pris en charge certains des enfants malades, ainsi qu’aux prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s Ă  Al-Fath.

Leur rapport conclut que l’infection Ă  l’hĂŽpital rĂ©sulte de mauvaises mesures d’hygiĂšne et de la rĂ©utilisation des seringues, et que les infections ont commencĂ© avant l’arrivĂ©e mĂȘme des infirmiĂšres et mĂ©decins Ă©trangers en 1998. Au travers des enregistrements de l’hĂŽpital et des sĂ©quencements ADN du virus, ils sont remontĂ©s jusqu'au patient no 256 qui a Ă©tĂ© admis 28 fois entre 1994 et 1997 dans les blocs Ward B, ISO et Ward A, et pensent que ce patient Ă©tait la source probable de l’infection. La premiĂšre intercontamination s’est produite au cours de l’admission de ce patient en 1997. Le rapport conclut que les enregistrements d’admission d’un total de 21 des enfants « prouve dĂ©finitivement que l’infection au VIH de l’hĂŽpital Al-Fath Ă©tait dĂ©jĂ  active en 1997 » et que « Ward B Ă©tait dĂ©jĂ  hautement contaminĂ© en .»[17] L’épidĂ©mie a fait « boule de neige » en 1998 en touchant bien plus de 400 enfants.

Montagnier et Colizzi ont tous deux tĂ©moignĂ© en personne lors du procĂšs Ă  Benghazi pour l’enregistrement de la dĂ©fense, et leur rapport a Ă©tĂ© versĂ© officiellement au dossier en tant qu’élĂ©ment de preuve[18].

Le rapport final du Prof. Luc Montagnier et du Prof. Vittorio Colizzi (2003)

Le Professeur Luc Montagnier (Paris, France), l’un des tout premiers dĂ©couvreurs du VIH, et le professeur Vittorio Colizzi (Rome, Italie), deux des plus grandes sommitĂ©s scientifiques les plus expertes dans le monde dans la connaissance du VIH et du sida, ont Ă©tĂ© appointĂ©s en tant que consultants scientifiques internationaux par le SecrĂ©taire de la Jamahiriya arabe libyenne.

Des demandes ont été faites à tous les hÎpitaux étrangers européens qui ont reçu les enfants libyens, pour obtenir leur pleine coopération.

L’UNESCO a organisĂ© une visite pour le Prof. Colizzi Ă  l’hĂŽpital de Benghazi afin d’avoir accĂšs Ă  tous les fichiers concernant les sujets infectĂ©s disponibles Ă  l’hĂŽpital, et pour collecter tous les Ă©chantillons et prĂ©lĂšvements disponibles. Les sĂ©quencements des isolats du VIH (sida) et VHC (hĂ©patite C) Ă  partir d’autres prĂ©lĂšvements depuis des enfants et adultes infectĂ©s Ă  l’hĂŽpital de Benghazi et depuis d’autres communautĂ©s locales ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des laboratoires indĂ©pendants. Il devait rĂ©aliser un rapport scientifique sur toutes les donnĂ©es collectĂ©es et Ă©tablir des conclusions appropriĂ©es sur l’infection.

En travaillant Ă  partir de documents libyens Ă  l’hĂŽpital Al-Fatih, les patients ont Ă©tĂ© divisĂ©s en sept catĂ©gories selon l'historique de leur cas. Les deux professeurs ont pu Ă©tablir que la premiĂšre infection (le patient zĂ©ro) « Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent Ă  l’hĂŽpital de Benghazi en avril 1997 » et ils ont trouvĂ© que « selon les listes numĂ©risĂ©es de Al-Fateh pour l’annĂ©e 1997, au moins 7 enfants Ă©taient dĂ©jĂ  infectĂ©s. Au moins 14 enfants admis et sortis de l’hĂŽpital en janvier et fĂ©vrier 1998 (avant que ne prennent leur poste Ă  l'hĂŽpital le personnel bulgare jugĂ© devant la Cour) ont Ă©tĂ© trouvĂ©s comme sĂ©ropositifs quand les analyses ont Ă©tĂ© faites en fin 1998. »

En retraçant l’historique des sept patients qui ont Ă©tĂ© infectĂ©s en 1997 et qui n’ont pas Ă©tĂ© admis Ă  l’hĂŽpital aprĂšs 1998 (CatĂ©gorie A, cas no 308, 312, 340, 350, 356, 373, 385) l’équipe pense que le patient no 356 qui a Ă©tĂ© admis 28 fois entre 1994 et 1997 dans les blocs « Ward B », « ISO » et « Ward A » Ă©tait la source probable de l’infection. Un commentaire note que « Ward B Ă©tait dĂ©jĂ  hautement contaminĂ© en novembre 1997. »

Trois enfants (catĂ©gorie B, cas no 349, 376, 384) ont Ă©tĂ© admis et trouvĂ©s sĂ©ropositifs aprĂšs le , date du dĂ©part du personnel bulgare. Un commentaire note que « l’infection Ă©tait encore active aussi, en absence du personnel bulgare.».

« Pour les infections incluses dans les catĂ©gories A-B-C-D, il n’existe aucune preuve Ă©tablissant une relation entre la prĂ©sence du personnel bulgare Ă  l’hĂŽpital Al-Fateh (arrivĂ© la premiĂšre semaine de mars 1998, prĂ©sent jusqu’au 9 fĂ©vrier 1999) : leur nombre total est de 32. Mais, encore plus important, les catĂ©gories A et C prouvent dĂ©finitivement que l’infection au VIH dans l’hĂŽpital Al-Fateh Ă©tait dĂ©jĂ  active en 1997. L’identitĂ© du groupement de sĂ©quences ADN dans le VIH de ces infections nosocomiales, publiĂ©e par les groupes italiens et suisses, indique fermement que l’infection existait dĂ©jĂ  en 1997 et n’a pas pu se propager en 1998 et en 1999. »

Le rapport conclut alors avec cette déclaration formelle :

  • « L’infection nosocomiale au VIH des enfants qui s’est produite Ă  l’hĂŽpital Al-Fateh de Benghazi en 1997-1998 avait prĂ©sumĂ©ment pour origine l’utilisation de matĂ©riels d’injection par le sang sans un des enfants infectĂ©s via une transmission non identifiĂ©e horizontale ou (plus probablement) verticale. Ce patient zĂ©ro putatif Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’hĂŽpital avant 1997 (premier enfant sĂ©quencĂ©) et la contamination horizontale de quelques enfants se produisait dĂ©jĂ  en 1997, s’est poursuivie dans l’annĂ©e 1998, et encore en (dernier enfant sĂ©quencĂ©). Tous les Ă©chantillons sĂ©quencĂ©s Ă  partir de ces enfants (1997-1998-1999) appartiennent Ă  un sous-type viral similaire, ce qui indique fermement une origine commune. »
  • « La souche VIH responsable de cette infection nosocomiale appartient au sous-type A/G, une forme recombinante du virus frĂ©quente en Afrique centrale et occidentale. La virulence de transmissibilitĂ© et la pathogĂ©nicitĂ© de cette souche particuliĂšre du VIH-1 A/G a pu ĂȘtre dĂ©terminĂ©e comme Ă©tant particuliĂšrement Ă©levĂ©e, comme cela a pu ĂȘtre suggĂ©rĂ© par la rĂ©troinfection possible depuis certains enfants infectĂ©s vers leur mĂšre via l’allaitement au sein. »
  • « Le nombre Ă©levĂ© de cas (prĂšs de 450) et la pĂ©riode de temps de l’infection nosocomiale (plus de trois annĂ©es) peuvent ĂȘtre expliquĂ©s Ă  la fois par la haute infectivitĂ© spĂ©cifique de cette souche et par certaines pratiques incorrectes utilisĂ©es par les personnels mĂ©dicaux et infirmiers sur cette pĂ©riode. Cette supposition est Ă©galement supportĂ©e par le pourcentage Ă©levĂ© de personnels infectĂ©s dans l’hĂŽpital Al-Fateh (deux infirmiĂšres face Ă  un total de 50 cas d’infection parmi les travailleurs hospitaliers partout ailleurs dans le monde aprĂšs 20 ans de circulation du VIH). L’altĂ©ration des rĂšglements et mesures spĂ©cifiques Ă©tablis pour Ă©viter les infections nosocomiales (pas seulement du VIH mais aussi du VHC), l’introduction large de procĂ©dures mĂ©dicales invasives, le manque de fournitures jetables conduisant Ă  la rĂ©utilisation de matĂ©riels d’injection sont toutes des raisons plausibles qui peuvent expliquer cette infection nosocomiale aussi massive. »
  • « Aucune preuve n’a Ă©tĂ© trouvĂ©e de l’injection dĂ©libĂ©rĂ©e de matĂ©riels contaminĂ©s par du VIH (bioterrorisme). La stratification Ă©pidĂ©miologique, suivant la chronologie des admissions, des donnĂ©es de sĂ©ropositivitĂ© et les rĂ©sultats de l’analyse molĂ©culaire s’opposent fermement contre cette possibilitĂ©. »

Le panel d’experts libyens mandatĂ© par le procureur

Le procureur a rĂ©futĂ© le rapport Montagnier/Colizzi avec une rĂ©ponse formulĂ©e par un panel composĂ© de 5 experts libyens. Ce panel a reniĂ© les conclusions sans ambiguĂŻtĂ© du rapport Montagnier/Colizzi car il n’y avait pas de preuve qu’il y ait jamais eu rĂ©utilisation des seringues dans un quelconque des hĂŽpitaux libyens. De plus, le panel libyen a affirmĂ© que les cathĂ©ters intraveineux permanents n’étaient pas disponibles Ă  l’hĂŽpital et n’ont jamais Ă©tĂ© importĂ©s. Le panel libyen a aussi conclu que si de telles pratiques impropres avaient Ă©tĂ© en place, il y aurait eu des Ă©mergences Ă©tendues et sĂ©rieuses sur une bien plus longue pĂ©riode de temps, au contraire de l’instance actuelle.

Colizzi a alors soumis une lettre au Président de la Cour de Justice confirmant que lui et Montagnier dénonçaient le caractÚre non scientifique du rapport du panel du procureur et pointé du doigt toutes les données que les Libyens référençaient comme « inconsistantes » étaient justement celles collectées par la partie libyenne. Il conclut en déclarant :

« Notre impression est que le but de ce rapport rĂ©alisĂ© localement Ă©tait de dĂ©placer la responsabilitĂ© de l’infection nosocomiale au VIH depuis les personnels de santĂ© de l’hĂŽpital vers le personnel Ă©tranger bulgare. Bien sĂ»r ces derniers peuvent partager une part de cette responsabilitĂ©, en utilisant ou acceptant de telles pratiques incorrectes, mais cela ne signifie pas une action dĂ©libĂ©rĂ©e dans le but d’empoisonner des enfants[19]. »

Pourtant le procureur retiendra les conclusions du panel d'experts libyens remises dans leur rapport.

La communautĂ© scientifique devint alors politiquement embrouillĂ©e dans divers Ă©vĂšnements quand la Cour criminelle de Benghazi a rejetĂ© le rapport Montagnier/Colizzi en faveur des conclusions des « experts » libyens. À la lecture du jugement, Colizzi a dit que l’évidence scientifique utilisĂ© contre les accusĂ©s « est si irrationnelle qu’elle en est incroyable » et que le verdict se lisait « comme un mauvais film d’espionnage.»[20] Le Professeur Colizzi a soumis alors une lettre au PrĂ©sident de la Cour de Justice, en dĂ©clarant que :

« Les scientifiques ont fait leur travail, le jeu est dans les mains des politiciens et journalistes. »

— Dr Vittorio Colizzi[20]

Rapport final par le ComitĂ© d’experts national libyen

Résumé du rapport (daté du ) publié dans Nature Journal, 443-7114 :

  • « L’émergence de VIH Ă  l’hĂŽpital des enfants Al-Fateh n’a Ă©tĂ© observĂ©e que dans certaines unitĂ©s de traitement. De telles unitĂ©s, qui ont enregistrĂ© les infections concentrĂ©es, Ă©taient les moins susceptibles comparĂ©es aux autres unitĂ©s avec des risques plus Ă©levĂ©s d’émergence. »
  • « Un point distinctif dans l’étude Ă©pidĂ©miologique de cette Ă©mergence est que l’émergence Ă©tait localisĂ©e Ă  cet hĂŽpital particulier et non observĂ©e dans aucun des autres hĂŽpitaux de la ville de Benghazi. »
  • « Les cathĂ©ters permanents n’ont jamais Ă©tĂ© importĂ©s par l’administration de l’hĂŽpital et n’étaient pas utilisĂ©s par le personnel mĂ©dical dans un traitement mĂ©dical. De plus, il n’existe pas de preuve de la rĂ©utilisation des seringues ou de tout autre objet jetable pointu dans le-dit hĂŽpital. Cela rĂ©fute ce qui a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© dans le rapport de Montagnier et Colizzi. »
  • « L’analyse gĂ©nĂ©tique du virus causant la maladie a Ă©tabli le virus comme unique et n’était pas prĂ©cĂ©demment enregistrĂ© Ă  la Banque gĂ©nĂ©tique. »
  • « L’incidence d’un large nombre d’enfants infectĂ©s est un Ă©trange accident et est difficile Ă  expliquer comme un accident mĂ©dical qui serait le rĂ©sultat de la mauvaise utilisation ou du manque d’instruments mĂ©dicaux. »
  • « Les rapports scientifiques soumis par les experts Ă©trangers qui supportent la supposition d’une infection nosocomiale, manquent d’évidence Ă©pidĂ©miologique et de preuve scientifique. »
  • « Les analyses en laboratoires des extraits de plasma ont prouvĂ© qu’ils Ă©taient contaminĂ©s en raison de la prĂ©sence d’anticorps aux antigĂšnes du VIH. »
  • « Le taux de mortalitĂ© (10,6 %) des enfants infectĂ©s (Ă  ce jour) est Ă©levĂ© et indique de fortes infections. Les rĂ©sultats de laboratoire sur les enfants infectĂ©s Ă  la suite de leur arrivĂ©e en Suisse pour traitement indiquent une virĂ©mie Ă©levĂ©e. Ce type d’infection ne peut ĂȘtre corrĂ©lĂ© avec des infections nosocomiales ou des nĂ©gligences non dĂ©libĂ©rĂ©es. »
  • « La cause directe de la mortalitĂ© parmi les enfants Ă©tait le VIH (sida) accompagnĂ© d’infections opportunistes. »
« En conclusion :
« D'aprĂšs l’examen des documents scientifiques attachĂ©s, des rapports mĂ©dicaux et des mĂ©moranda de la dĂ©fense : avec tout le respect du point de vue scientifique et suivant les pratiques scientifiques reconnues, le ComitĂ© national d'experts montre que l’émergence de sida dans l’hĂŽpital des enfants Al-Fateh ne s’est pas produit par suite d’une infection nosocomiale et ne s’est pas produite Ă  cause de la mauvaise utilisation et/ou la rĂ©utilisation d’instruments mĂ©dicaux. De plus, les donnĂ©es disponibles pour nous ne contredisaient pas la possibilitĂ© d’une transmission dĂ©libĂ©rĂ©e du VIH aux enfants infectĂ©s. »
Dr Amina Saleh Abusidra
Dr Othman Al-Shibani Al-Zentani
Dr Mohamed Dhao Ighniah
Dr Ibrahim Abdusalam Abeid
Dr Osama Awadh Al-Zwai
Dimanche

L’analyse gĂ©nĂ©tique d’abord publiĂ©e dans Nature

Le , le journal scientifique influent Nature a publiĂ© une nouvelle Ă©tude qui a examinĂ© l’historique des mutations du VIH trouvĂ© dans les Ă©chantillons sanguins de quelques-uns des enfants, et conclut qu’un nombre de ces enfants a Ă©tĂ© infectĂ© bien avant que les 6 dĂ©fendants arrivent en Libye. De plus, un ancĂȘtre commun des souches qui ont infectĂ© les enfants Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent en Libye. L’étude Ă©tait basĂ©e sur des modĂšles statistiques sur les taux d’évolution du VIH dĂ©rivĂ© des prĂ©cĂ©dentes Ă©mergences[21] - [22] - [23]. La publication a Ă©tĂ© rapportĂ©e dans des journaux du monde entier et a dĂ©clenchĂ© une campagne organisĂ©e par Nature appelant Ă  l’acquittement des dĂ©fendants.

Les auteurs de l’étude ont acceptĂ© de rendre entiĂšrement disponibles les donnĂ©es qu’ils ont utilisĂ©es afin que des confirmations indĂ©pendantes puissent ĂȘtre faites.

Le chef de l’association libyenne d’enfants infectĂ©s par le VIH a affirmĂ© que l’étude n’avait pas de valeur scientifique[24].

RĂ©futation de l’étude sur l’analyse gĂ©nĂ©tique dans Le Journal libyen de mĂ©decine

Omar Bagasra, MD, PhD au DĂ©partement de biologie du Centre de Caroline du Sud pour les Biotechnologies

Mohammad Alsayari, MD du Centre de Caroline du Sud pour les Biotechnologies

Le cas de l’émergence libyenne du VIH-1[25]

Journal libyen de médecine : « Comment trouvons-nous la vérité ? »

Le Prof. Omar Bagasra et son groupe ont discuté en détail les rapports précédemments publiés et ont demandé à examiner les lymphocytes T CD4+ des enfants infectés pour exclure une infection intentionnelle avec le VIH[26].

Expertise sanitaire britannique et preuve liĂ©e Ă  la co-infection Ă  l’hĂ©patite C

Une Ă©quipe internationale conduite par Tulio de Oliveira, de l'UniversitĂ© d'Oxford, montre que le VHC (virus de l’hĂ©patite C) infectant la moitiĂ© des 400 contaminĂ©s par le VIH, et le VIH lui-mĂȘme, circulaient dans l'hĂŽpital avant l'arrivĂ©e des accusĂ©s, et que la contamination des enfants rĂ©sulterait principalement de l'hygiĂšne dĂ©ficiente de l'Ă©tablissement.

Les victimes libyennes du VIH

Bien plus de 400 enfants (460 cas ont Ă©tĂ© retenus dans le dernier procĂšs) ont Ă©tĂ© infectĂ©s par une forme extrĂȘmement virulente et contaminante du VIH (une des trĂšs nombreuses variantes du groupe mixte A/G, ce groupe Ă©tant trĂšs prĂ©sent en Afrique centrale et de l’Est) Ă  l’HĂŽpital des enfants El-Fath de Benghazi. La plupart ont dĂ©veloppĂ© le sida, trĂšs souvent accompagnĂ© Ă©galement d’une co-infection au virus de l’hĂ©patite C de mĂȘme origine. Certains reçoivent un traitement en Europe mais le nombre des morts jusqu’à prĂ©sent a dĂ©passĂ© la barre des 50 victimes. Des parents et familles ou tuteurs des enfants ont protestĂ© et demandĂ© que les sentences de morts soient exĂ©cutĂ©es[27]. Le Premier ministre libyen Shukri Ghanem a insistĂ© pour que l’issue du procĂšs se base entiĂšrement sur des questions « juridiques.» Dans une allocution sur la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision qatari Al Jazeera, M. Ghanem a dĂ©clarĂ© que tous les efforts se concentreraient maintenant sur les enfants infectĂ©s, « qui sont sujets Ă  une sentence de mort chaque jour.»[28]

Les familles des enfants infectĂ©s ont aussi demandĂ© des compensations pour les actions prises par les personnels mĂ©dicaux coupables : des chiffres de plus de 10 millions de dollars par famille ont Ă©tĂ© avancĂ©s[29]. En , La Libye a annoncĂ© qu’un accord avait Ă©tĂ© obtenu, avec environ 400 millions de dollars envers les 426 familles de victimes en Ă©change de la conversion des sentences de mort envers les accusĂ©s en peine de prison Ă  vie.

Les accusations dans le procĂšs libyen du sida

En , donc aprĂšs la mission d‘urgence d’expertise de l’OMS Ă  Benghazi mais avant que celle-ci rende son rapport qui sera rapportĂ© seulement aux procĂšs, l’ambassade bulgare a annoncĂ© que 23 spĂ©cialistes bulgares avaient Ă©tĂ© « enlevĂ©s.» Une semaine plus tard, les diplomates bulgares ont Ă©tĂ© informĂ©s par les autoritĂ©s libyennes que des « mesures conservatoires » avaient Ă©tĂ© prises contre les mĂ©decins et infirmiĂšres bulgares travaillant Ă  l’HĂŽpital des enfants de Benghazi. La majoritĂ© des infirmiĂšres Ă©taient recrutĂ©es par la sociĂ©tĂ© d’État bulgare Expomed pour travailler Ă  l’hĂŽpital libyen, oĂč les rĂ©munĂ©rations Ă©taient considĂ©rablement plus Ă©levĂ©es que ce qu’elles pouvaient percevoir chez elles, et commencer leur travail en fĂ©vrier 1998.

Le , six membres du groupe sujet aux « mesures conservatoires » sont formellement arrĂȘtĂ©s pour un motif liĂ© au cas de l’infection des enfants de Benghazi par le VIH[30]. Le groupe comprend Ashraf al-Hadjudj, un interne palestinien, et les infirmiĂšres bulgares Kristiana Valtcheva, Nasya Nenova, Valentina Siropulo, Valya Tcherveniachka et Snejana Dimitrova. Ils seront largement connus plus tard comme « les Six de Benghazi.»[31]

Les cas de tortures envers les prisonniers

Tous les dĂ©fendants ont dĂ©clarĂ© avoir Ă©tĂ© torturĂ©s durant leur interrogatoire ou leur dĂ©tention, ce qui paraĂźt encore plus choquant quand on sait qu'ils ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s aprĂšs que des observateurs internationaux ont Ă©tĂ© prĂ©sents en Libye avant mĂȘme que ne se dĂ©clenche publiquement l’affaire qui les impliquera plus tard, et mĂšnera Ă  leur arrestation.

En , Human Rights Watch a reçu leurs témoignages dans la prison de Jadida.

  • Ashraf Ahmad Djum’a al-Hadjudj (le frĂšre du mĂ©decin, un temps accusĂ© puis libĂ©rĂ©) a rapportĂ© avoir perdu un Ɠil et une de ses mains est paralysĂ©e.
  • Ashraf Ahmad Jum'a, l’interne palestinien, a tĂ©moignĂ© Ă  Human Rights Watch « Nous subissions une torture barbare, sadique, pour un crime que nous n’avions pas commis. (...) Ils utilisaient des chocs Ă©lectriques, des drogues, des tabassages, des chiens policiers, et la privation de sommeil. » L’interview a Ă©tĂ© conduite en prĂ©sence d’un gardien de la prison. « La confession Ă©tait comme un choix multiple, et quand je donnais une mauvaise rĂ©ponse, ils me choquaient. »[32]
  • Kristiana Valtcheva a dit que les interrogateurs utilisaient une petite machine avec des cĂąbles et une poignĂ©e qui produisait de l’électricitĂ©. « Durant les chocs et la torture, ils me demandaient d’oĂč venait le sida et quel Ă©tait notre rĂŽle. » Elle a racontĂ© comment les interrogateurs libyens la soumettaient Ă  des chocs Ă©lectriques sur sa poitrine et ses parties gĂ©nitales. « Mes aveux Ă©taient entiĂšrement en arabe sans traduction. (...) Nous Ă©tions prĂȘts Ă  signer n’importe quoi juste pour arrĂȘter la torture. »[32] - [33]
  • Snejana Dimitrova a dĂ©clarĂ© que ses mains Ă©taient attachĂ©es derriĂšre le dos et elle Ă©tait suspendue depuis une porte pour disloquer ses Ă©paules, et on lui a ordonnĂ© « Avoue ou tu mourras ici. »
  • Nasya Nenova a tĂ©moignĂ© « Nous Ă©tions seules lĂ -bas avec ces hommes qui faisaient tout ce qu’ils voulaient faire. »
  • Valentina Siropulo a tĂ©moignĂ© Ă  Human Rights Watch « J’ai avouĂ© durant la torture avec l’électricitĂ©. Ils me mettaient des fils sur mes dents et sur mes pouces. Parfois ils en mettaient un sur mon pouce et un autre sur ma langue, le nez ou une oreille. (...) Ils avaient deux types de machine, l’une avec un levier, et une autre avec des boutons. »

Les avocats des personnels médicaux accusés ont demandé 5 millions de dinars libyens (environ 3,7 millions USD) en compensation. La majeure partie des preuves est basée sur les rapports médicaux préparés par les autorités bulgares concernant les marques, scarres et brulures présentes sur le corps des défendants.

AprĂšs plusieurs dĂ©lais de procĂ©dure, le procĂšs des gardes libyens accusĂ©s de torture a dĂ©butĂ© Ă  la fin de . Ils ont tous niĂ© les charges contre eux. Le , les 10 tortionnaires libyens ont Ă©tĂ© acquittĂ©s et aucun n’a Ă©tĂ© emprisonnĂ© ou condamnĂ©[34].

Les prisonniers ont été alors poursuivis par plusieurs officiers de police libyens pour les avoir calomniés par des allégations de torture. Cependant le , les prisonniers bulgares ont été acquittés de ces nouvelles charges et les policiers plaignants contraints à payer les frais de justice[35].

Les accusés et leur défense

À l’origine, 23 personnels mĂ©dicaux Ă©trangers ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, la plupart bulgares, mais 17 ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s et sont rapidement retournĂ©s en Bulgarie. De plus, 11 nationaux libyens ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et inculpĂ©s des crimes allĂ©guĂ©s. Le docteur Zdravko Georgiev, un Bulgare venu en Libye pour voir sa femme (ValtchĂ©va) fut rapidement arrĂȘtĂ© et jugĂ© coupable du dĂ©lit de transaction illĂ©gale de devises Ă©trangĂšres. Les Libyens suivants ont Ă©tĂ© Ă©galement arrĂȘtĂ©s et jugĂ©s pour des faits de nature non criminelle :

  • Atia at-Tahir Ali al-Juma (directeur de l’hĂŽpital de Benghazi) ;
  • Halifa Milyad Mohammed al-Sherif, Abdul Azis Husein Mohammed Shembesh, et Abdul Menam Ahmed Mohammed al-Sherif (responsables de la sĂ©curitĂ© de l’hĂŽpital) ;
  • Idris Maatuk Mohammed al-Amari, Salim Ibrahim Suleyman Abe Garara, Mansur al-Mansur Saleh al-Mauhub, Nureddin Abdulhamid Halil Dagman ; et
  • Saad Musa Suleyman al-Amruni (secrĂ©taire assistant du secteur mĂ©dical de Benghazi).

Le mĂ©decin Ashraf Ahmad Djum’a al-Hadjudj

Palestine : information en provenance de la base de données PIWP[36]

Le premier mis en cause dans les procĂšs, c’est un jeune mĂ©decin d’origine palestinienne qui achĂšve sa formation d’anesthĂ©siste en tant qu’interne en stage Ă  l’hĂŽpital de Benghazi.

Selon le point de vue du procureur libyen, il est l’homme au centre de la boucle criminelle fatale des infirmiĂšres, dĂ©diĂ© Ă  un complot impliquant des agents de gouvernements Ă©trangers, coupable aussi de larges transactions financiĂšres, de pratiques sexuelles illĂ©gales et adultĂ©rines, et de consommation illĂ©gale d’alcool. Il est accusĂ© du meurtre de 426 enfants libyens au service de ce complot destinĂ© Ă  dĂ©stabiliser le pays. C’est un interne hospitalier qui a commencĂ© Ă  travailler Ă  l’hĂŽpital deux mois avant la dĂ©couverte de l'Ă©mergence de l’épidĂ©mie.

Sa famille a dĂ©clarĂ© avoir dĂ» fuir la Libye aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©peinte par les mĂ©dias libyens comme des « assassins d’enfants innocents » et rĂ©side maintenant aux Pays-Bas oĂč elle a trouvĂ© refuge. Le cousin de Ashraf en Palestine, As'ad al-Hadjudj, a dĂ©clarĂ© au Turkish Daily News, qu’Ashraf avait perdu un Ɠil et qu’une de ses mains Ă©tait paralysĂ©e Ă  cause de la torture qu’il a endurĂ©e en prison[37] - [38]. Ashraf al-Hadjudj a obtenu la nationalitĂ© bulgare le .

Kristiana Valtcheva

Kristiana Valtcheva n’a pas Ă©tĂ© recrutĂ©e par Expomed. Elle est la femme du Dr Zdravko Georgiev qui a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© avec les autres mais finalement reconnu non coupable de toutes les charges criminelles portĂ©es contre lui, en dehors de sa condamnation pour trafic de devises.

DĂ©crite par le procureur libyen comme la tĂȘte de la boucle du complot, on lui a attribuĂ© qu’elle parlait l’arabe et menait un style de vie luxurieux. Les quatre autres infirmiĂšres ont tĂ©moignĂ© qu’elles n’avaient jamais vu Valtcheva avant que ne leur soit ĂŽtĂ© le bandage des yeux aprĂšs ce qu’elles ont dĂ©crit comme un « enlĂšvement » par la sĂ©curitĂ© libyenne, aprĂšs avoir Ă©tĂ© amenĂ© la premiĂšre fois au poste de police en . Valtcheva Ă©tait aussi la seule accusĂ©e et convaincue d’avoir illĂ©galement distillĂ© de l’alcool. La dĂ©fense a fait remarquer qu’aucun ustensile destinĂ© Ă  cet usage n’a pu ĂȘtre produit lors du procĂšs. Elle a admis au procĂšs avoir vu Ashraf Ă  l’HĂŽpital des enfants de Benghazi. Au contraire d’Ashraf, elle n’a jamais avouĂ© avoir eu des relations sexuelles avec lui, ce qui Ă©tait requis pour convaincre du crime d’adultĂšre d’aprĂšs la loi libyenne. Elle a retirĂ© son aveu que des flacons lui auraient Ă©tĂ© remis par un citoyen britannique, qui auraient Ă©tĂ© utilisĂ©s pour infecter les enfants, niant aussi connaĂźtre une quelconque personne connue comme « John l’anglais » ou avoir Ă©tĂ© payĂ©e avec de « grosses sommes d’argent » afin d’infecter les enfants[39].

AprĂšs la rĂ©-imposition de la sentence de mort en 2006, il fut annoncĂ© que Valtcheva cherchait maintenant Ă  se faire reprĂ©senter Ă  nouveau par Vladimir Sheitanov. Plamen Yalnuzov l’avait remplacĂ© en tant que reprĂ©sentant des bulgares en 2002. AprĂšs le verdict, sa mĂšre implora publiquement « Nous adressons nos implorations au gouvernement britannique et aux victimes de Lockerbie. Nous sommes bien conscients que ce problĂšme est douloureux pour tous, mais au nom de la plus humaine des professions nous leur demandons leur compassion et de laisser Megrahi partir.», faisant rĂ©fĂ©rence Ă  Abdelbaset Ali Mohmed Al Megrahi qui exĂ©cute une peine de prison Ă  vie en Écosse Ă  la suite de l’attentat de Lockerbie en 1988[40].

Le prĂ©sident Khaddafi n’a cessĂ© de comparer les deux cas : aprĂšs le verdict de 2006 il a dit « Les organisations comme la Ligue arabe, le Mouvement des non-alignĂ©s et la ConfĂ©rence islamique ont dĂ©clarĂ© que al-Megrahi Ă©tait un prisonnier politique et des observateurs internationaux ont dit que des Ă©lĂ©ments de services secrets Ă©trangers Ă©taient prĂ©sents au procĂšs
 Personne n’a demandĂ© sa libĂ©ration[41]. »

Nasia Nenova

Nasya Nenova a tentĂ© de se suicider. Elle a tĂ©moignĂ© qu’elle avait confessĂ© des aveux et tentĂ© de se suicider car elle craignait d’ĂȘtre torturĂ©e Ă  nouveau.

Elle a Ă©tĂ© interrogĂ©e en mĂȘme temps qu’Ashraf et dĂ©clarĂ© au procĂšs qu’ils avaient Ă©tĂ© battus et qu’il n’y avait aucun interprĂšte. Elle n’a pas reconnu avoir eu des relations sexuelles avec lui. Elle, ainsi que Valtcheva, Ă©taient les seules infirmiĂšres ayant admis connaĂźtre Ashraf de vue auparavant mais elle a affirmĂ© ne jamais lui avoir parlĂ©. Elle a niĂ© avoir voulu se suicider au motif de la culpabilitĂ© pour ce qu’elle avait fait.

Au procĂšs, elle a dĂ©clarĂ© « Je ne suis coupable d’aucune des accusations. Ma conscience est claire.» et « Nous n’avions la protection de personne, nous n’avions pas de docteur. Nous Ă©tions seules lĂ -bas avec ces hommes qui faisaient tout ce qu’ils voulaient faire.» Elle a dĂ©clarĂ© avoir tentĂ© de retirer ses aveux le , mais un colonel Juma est venu et l’a menacĂ©e de renouveler la torture si elle persistait.

Elle a voulu désigner à nouveau Vladimir Cheitanov en tant que remplaçant des avocats à la défense Yalnyzov et Byzanti aprÚs la sentence de mort prononcée en 2006[42].

Valia Tcherveniachka

Elle vient de Byala Slatina. Elle a Ă©tĂ© recrutĂ©e par la sociĂ©tĂ© Expomed. Son mari, Emil Uzunov, dans une interview en 2003 avec la Radio nationale Bulgare (BNR) a dit que l’avocat de la dĂ©fense Bizanti Ă©tait un de ceux ayant pratiquĂ© la torture et battu les six personnels mĂ©dicaux durant les premiers interrogatoires. TchervĂ©niachka a dĂ» corriger le rĂ©cit : « Je suppose que mon mari Ă©tait trop nerveux et a rĂ©agi avec excĂšs.»[43]

Sa fille Antoaneta Uzunova, ĂągĂ©e de 28 ans, a fait le commentaire suivant sur ce cas en 2005 : « Ç’a Ă©tĂ© terrible... Les charges Ă©taient absurdes alors, elles demeuraient absurdes maintenant. Quand je les ai entendu dĂ©crites comme des agents de la CIA ... Je savais ce qui se passerait. Alors nous dĂ©couvrions que nos ĂȘtres aimĂ©s avaient Ă©tĂ© torturĂ©s d’une façon la plus cruelle. C’est un cauchemar.»[44] À une autre occasion elle a dit « Des infirmiĂšres de petites villes en Bulgarie et servant d’agents du Mossad ? Cela paraĂźtrait risible et absurde jusqu’à ce que vous rĂ©alisiez que votre mĂšre pourrait mourir pour ça.»[45]

Elle cherche à redésigner Vladimir Cheitanov comme remplaçant des avocats de la défense Yalnyzov et Byzanti aprÚs la sentence de mort prononcée en 2006[42].

Snejana Dimitrova

Dimitrova n’est pas arrivĂ©e Ă  l’hĂŽpital de Benghazi avant le . Elle a Ă©tĂ© recrutĂ©e par Expomed. Elle est la seule des condamnĂ©s Ă  avoir Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e et emmenĂ©e en interrogatoire lors de la premiĂšre instruction des travailleurs mĂ©dicaux le . Elle avait Ă©tĂ© alors dĂ©tenue durant 10 jours, puis rĂ©arrĂȘtĂ©e avec les autres le .

Dans une dĂ©claration manuscrite de 2003 au ministre bulgare des Affaires Ă©trangĂšres, Snejana Dimitrova a dĂ©crit la torture subie qui incluait des chocs Ă©lectriques et les coups. « Ils m’ont attachĂ© les mains derriĂšre le dos.» Ă©crit-elle. « Puis il m’ont pendue Ă  une porte. C'est comme s’ils vous Ă©cartelaient. Mon torse Ă©tait tordu et mes Ă©paules Ă©tait dĂ©boitĂ©es de leurs joints de temps en temps. La douleur est indescriptible. Le traducteur hurlait “Avoue, ou tu mourras ici.” »[45]

Valentina Siropulo

« J’ai avouĂ© durant la torture avec l’électricitĂ©. Ils m’ont mis de petits fils sur mes dents et mes pouces. Parfois ils en mettait un sur mon pouce et un autre sur ma langue, le nez ou une oreille. Il y avait une bascule manuelle pour faire passer le courant. Ils avaient deux types de machines, l’une avec un levier, et une autre avec des boutons.»[46]

Zdravko Georgiev

Le Docteur Zdravko Georgiev, mari de Kristiana Valtcheva, est venu en Libye aprĂšs que sa femme a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. Il a Ă©tĂ© inculpĂ© avec les autres mais a finalement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© non coupables de toutes les autres charges aprĂšs avoir Ă©tĂ© convaincu de dĂ©lit de trafic de devises.

Les défenseurs

  • L’avocat Ă  la dĂ©fense libyen commis d’office, Othman al-Bizanti
  • Le consultant mĂ©dical bulgare auprĂšs de la dĂ©fense, Dr Danail Bechkov
  • L’avocat bulgare, Vladimir Cheitanov
  • L’avocat bulgare, Plamen Yalnuzov
  • Les avocats bĂ©nĂ©voles de l'association Avocats sans frontiĂšres France : Me Emmanuel Altit et Me StĂ©phane Zerbib[47]

Les procĂšs

ProcÚs 44/1999 devant la Cour populaire de Libye (annulé)

( - ) Le procĂšs commence sans que l'État bulgare soit officiellement informĂ©.

  • La base du procĂšs sont les aveux de quelques accusĂ©s et la supposition du chef de l'État Mouammar Kadhafi que les accusĂ©s ont travaillĂ© pour la CIA et le Mossad.
  • Pendant le procĂšs, les accusĂ©s dĂ©clarent que les aveux leur ont Ă©tĂ© extorquĂ©s par la torture. La thĂšse de Kadhafi est rejetĂ©e comme absurde par la presse internationale et par des experts.
  • Quelques mois aprĂšs le dĂ©but du procĂšs, les avocats Vladimir ChĂ©itanov et Osman Bizanti demandent Ă  la cour le changement de la garde Ă  vue pour cause de l'Ă©tat physique et psychique des accusĂ©s. MaĂźtre ChĂ©itanov affirme que la rĂ©tention provisoire de presque deux ans est incompatible avec le principe lĂ©gal que chaque personne est innocente jusqu'Ă  la preuve du contraire.

La cour ne voit pas de preuves des accusations de complot contre l'État. Cependant le juge dĂ©clare que la Cour populaire n'est pas compĂ©tente dans ce cas. (La Cour populaire est la premiĂšre des trois instances dans le systĂšme judiciaire de Libye.) Un nouveau procĂšs devra avoir lieu, mais les accusĂ©s sont maintenus en dĂ©tention Ă  la demande de l’État libyen.

Premier procĂšs 213/2002 devant la Cour criminelle de Benghazi

( - ... 2004) La Libye retire ses accusations initiales d’association de complot pour le CIA ou le Mossad. Mais, elle fait de nouvelles accusations pour des tests illĂ©gaux de mĂ©dicaments et de contamination avec le VIH. Des experts rĂ©pondent que de telles accusations sont impossibles et incompĂ©tentes d'un point de vue mĂ©dical. L’affaire devient donc criminelle et sera jugĂ©e Ă  Benghazi devant la Cour criminelle.

Les experts Luc Montagnier (de l'Institut Pasteur, dĂ©couvreur du virus du SIDA) et Vittorio Colizzi ont Ă©tĂ© appelĂ©s pour donner leurs avis. D'aprĂšs eux, l'infection Ă  Al-Fatih est causĂ©e par la mauvaise hygiĂšne et a commencĂ© dĂšs 1997, c'est-Ă -dire avant que les accusĂ©s ne soient embauchĂ©s. AprĂšs l’audition, la BBC a publiĂ© sur son site un reportage sur le procĂšs avec le titre « Les infirmiĂšres bulgares n'ont pas diffusĂ© le SIDA. »

Ce procĂšs conclut Ă  la culpabilitĂ© des accusĂ©s, mais ne fixe pas encore de peine. La possibilitĂ© de la peine capitale devra ĂȘtre Ă©tablie dans un second procĂšs. En attendant la fixation des rĂ©parations, les inculpĂ©s dĂ©clarĂ©s coupables restent en prison.

Second procĂšs 607/2003 devant la Cour criminelle Ă  Benghazi

(... 200Đ„ - )

En , l’Union europĂ©enne recommande Ă  la Libye de retirer les charges vers les infirmiĂšres et mĂ©decins bulgares et palestinien dans une lettre transmise par les ambassadeurs du Royaume-Uni et des Pays-Bas.

Amnesty International, le ministĂšre des affaires Ă©trangĂšres des États-Unis et d’autres organisations internationales affichent leur inquiĂ©tude pour la poursuite du procĂšs, pensant Ă  juste titre que le premier jugement sera simplement entĂ©rinĂ© sans analyser les preuves exposĂ©es lors du premier procĂšs et craignant qu’effectivement la peine capitale soit prononcĂ©e lors de ce second procĂšs.

Les mĂ©diations tentĂ©es par les gouvernements britanniques, allemands et français Ă©chouent, la Libye estimant qu’ils n’ont aucun droit Ă  intervenir dans un procĂšs concernant des accusĂ©s d’une autre nationalitĂ© et dans un pays qui ne les concerne pas. La justice et les autoritĂ©s libyennes s’offusquent mĂȘme de cette ingĂ©rence, et s’en font Ă©cho dans la presse libyenne officielle.

Malgré les protestations internationales qui deviennent plus nombreuses, la Cour criminelle condamne à la peine capitale les infirmiÚres Kristiyana Valtchéva, Nassia Nénova, Valéntina Siropoulo, Valya Tchervéniachka et Snéjana Dimitrova ainsi que le médecin palestinien Ashraf al-Hadjudj pour avoir délibérément contaminé plus de 400 enfants libyens avec le VIH. La cour condamne aussi les accusés à payer des indemnités aux parents (ou tuteurs) des enfants contaminés.

Le gouvernement bulgare qui travaille pour la libĂ©ration des accusĂ©s, qualifie la condamnation d’injuste et absurde. Les accusĂ©s font appel le .

Le docteur Zdravko GuĂ©orguiev (le mari d’une des infirmiĂšres bulgares et venu en Libye pour assister sa femme Kristiana ValtchĂ©va avant son procĂšs) est aussi condamnĂ© Ă  4 ans de prison, amende et retrait des droits civils pour possession et vente illĂ©gale de devises Ă©trangĂšres. Il effectuera sa peine, mais restera assignĂ© Ă  rĂ©sidence en Libye et logĂ© dans l’ambassade bulgare, faute de visa de sortie en raison de la perte de ses droits civils.

En fin d’annĂ©e, les nĂ©gociations pour l’adhĂ©sion de la Bulgarie Ă  l’Union europĂ©enne aboutissent. Cette fois, la Bulgarie pourra bĂ©nĂ©ficier des soutiens europĂ©ens, leurs citoyens condamnĂ©s devant devenir aussi citoyens europĂ©ens.

Cassation en appel devant la Cour suprĂȘme de Tripoli

(2005 - ) Le , la Cour suprĂȘme de Tripoli casse le premier jugement de la Cour criminelle et accepte de rouvrir le procĂšs en appel, celui-ci commencera en . D’aprĂšs les lois libyennes, la Cour suprĂȘme ne peut accepter de nouvelles piĂšces Ă  conviction.

Selon la défense bulgare (et les trois avocats français mobilisés qui connaissent le fonctionnement de la justice arabe), certaines piÚces à conviction ont été incorrectement interprétées dans les procÚs précédents.

Nouveau procĂšs devant la Cour suprĂȘme de Tripoli

Pourtant, le , la Cour suprĂȘme, prĂ©sidĂ©e par Moustafa Mohamed Aboud al-Djeleil[48], confirme la lĂ©gitimitĂ© de la condamnation des cinq infirmiĂšres ainsi que du mĂ©decin anesthĂ©siste, jugeant les preuves exposĂ©es convaincantes et suffisantes pour Ă©tablir leur culpabilitĂ©.

Cependant les experts judiciaires dans la justice arabe font valoir Ă  la Bulgarie qu’une solution nĂ©gociĂ©e avec les familles libyennes serait une voie alternative de rĂšglement, Ă  ne pas nĂ©gliger, indĂ©pendamment de l’action judiciaire civile libyenne. Avec l’adhĂ©sion de la Bulgarie Ă  l’Union europĂ©enne, l’affaire bulgaro-libyenne prend une autre importance et implique maintenant directement l’Union europĂ©enne tout entiĂšre.

Celle-ci se prononce sans ambiguĂŻtĂ© pour la libĂ©ration des condamnĂ©s bulgares et europĂ©ens et font valoir l’incompatibilitĂ© de la peine capitale avec les statuts europĂ©ens. Une demande solidaire et officielle est faite par l’Union europĂ©enne Ă  la Libye, pour que la question de la peine applicable soit rĂ©examinĂ©e par la Cour suprĂȘme. De son cĂŽtĂ© les parlementaires europĂ©ens se prononcent en faveur de l’innocence des inculpĂ©s, et font valoir que la question de la culpabilitĂ© n’a pas Ă©tĂ© Ă©tablie sur des preuves Ă©tablies, et que des preuves de leur innocence ont volontairement Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es par la justice libyenne.

Au niveau diplomatique, la Libye commence Ă  formuler des demandes en vue d’une Ă©ventuelle mesure de clĂ©mence, des demandes exorbitantes auxquelles la Bulgarie ne peut rĂ©pondre seule. Des campagnes de soutien sont menĂ©es dans le monde, et l’Europe cherche des alliĂ©s dans les pays arabes.

Cependant la Cour suprĂȘme doit encore statuer sur la nature de la condamnation, et confirmer la sentence.

Fin des procÚs, condamnations à mort confirmées en appel civil et solutions financiÚres alternatives

Les familles des victimes fixent Ă  4,4 milliards d’euros le montant dĂ» pour mettre fin Ă  l’affaire, soit environ 10 millions d’euros par enfant contaminĂ©. Leur association de dĂ©fense dĂ©clare toutefois que ce montant reste nĂ©gociable pourvu qu’on veuille bien les entendre et respecter les commandements islamiques (c’est-Ă -dire l’absence de contrepartie et l’acceptation totale du rĂšglement, en Ă©change de la non-application de la double peine au plan civil).

Entre-temps, la Bulgarie accordait la nationalitĂ© bulgare au jeune mĂ©decin anesthĂ©siste palestinien (qui l’accepte le pour montrer sa solidaritĂ© avec les infirmiĂšres bulgares condamnĂ©es avec lui), ce qui lui permettait d'ĂȘtre lĂ©galement dĂ©fendu par les reprĂ©sentants bulgares et europĂ©ens nĂ©gociant en vue de la libĂ©ration de tous les condamnĂ©s ; d'autres pays europĂ©ens avaient aussi proposĂ© leur assistance au mĂ©decin palestinien.

De son cĂŽtĂ©, le procureur de la Cour suprĂȘme de Libye demande la confirmation de la peine de mort. Le magistrat affirme que les preuves de « l'inoculation dĂ©libĂ©rĂ©e du virus du sida » ont Ă©tĂ© Ă©tablies, contredisant les tĂ©moignages d'experts. Le , la peine de mort est confirmĂ©e contre les 6 Bulgares. Les voies de procĂ©dure judiciaire libyenne sont Ă©puisĂ©es. Il ne reste que la mesure de clĂ©mence par le prĂ©sident libyen.

Toutefois, selon la lĂ©gislation libyenne, c'est une condamnation civile, qui n’interdit pas le recours Ă  la chariah (loi islamique) selon laquelle les familles pourraient voir leur plainte complĂštement rĂ©parĂ©e (ce qui, dans la lĂ©gislation libyenne, annulerait les autres poursuites civiles Ă  moins qu’une haute juridiction ou autoritĂ© libyenne rende un jugement ou une dĂ©cision interdisant le recours Ă  la chariah) par les indemnisations financiĂšres proposĂ©es par les nĂ©gociateurs internationaux et notamment la Bulgarie, la France, l’Union europĂ©enne et les États-Unis, et un grand nombre d'organisations humanitaires et de soutien aux infirmiĂšres bulgares et au mĂ©decin palestinien.

En effet, la loi islamique prĂ©voit que la Diyya (pluriel : Diyyat ; arabe : ŰŻÙŠŰ©, un ancien mot de l’époque prĂ©-islamique qui signifie Ă  la fois le « prix du sang » et la « rançon » mais qui a Ă©tĂ© citĂ© dans le Coran pour en dĂ©terminer les conditions d’usage et la moralitĂ©) peut constituer une rĂ©paration « juste » pour un crime, si elle ne donne pas lieu Ă  une rĂ©tribution (destinĂ©e Ă  l’enrichissement ou au profit d’autres personnes) mais seulement une indemnisation du seul crime Ă  ses seules victimes, et elle annule alors toute autre demande de rĂ©paration ou condamnation si elle leur est versĂ©e directement. La loi coranique interdit aussi Ă  quelque autre personne de tirer profit d’une partie des rĂ©parations ou condamnations (le droit des victimes prĂ©vaut s’il est suffisant et juste, et le droit commun civil ne peut se substituer Ă  ce droit privĂ©).

Dans le cas prĂ©sent, il s'agissait de l'arrangement financier avec les familles des enfants contaminĂ©s, et que la Bulgarie, l’Union europĂ©enne, de nombreux autres pays europĂ©ens, ainsi que certains pays arabes concernĂ©s aussi par l’aide mĂ©dicale humanitaire en Libye, et les organisations humanitaires internationales se dĂ©claraient prĂȘtes Ă  leur verser directement et immĂ©diatement via le fonds d’aide commun mis en place en Libye, indĂ©pendamment de la « justification » judiciaire civile libyenne jugĂ©e par tous les nĂ©gociateurs comme inacceptable.

Cette solution amiable avec les familles prĂ©cipite les choses. Le prĂ©sident français donne une invitation personnelle Ă  l’émir du Qatar aux cĂ©rĂ©monies militaires de la fĂȘte nationale française sur les Champs-ÉlysĂ©es le . Aucune indication n’est donnĂ©e Ă  la presse concernant la nature des tractations diplomatiques ou commerciales qui ont lieu ce jour-lĂ . Le prĂ©sident français a, il est vrai, dĂ©jĂ  dĂ©pĂȘchĂ© le sa femme comme Ă©missaire personnel en Libye pour obtenir la clĂ©mence du prĂ©sident libyen, et celle-ci rentre et le tient informĂ© des conditions voulues pour le prĂ©sident libyen.

Lors de sa visite aux dĂ©tenus bulgares, la premiĂšre dame leur a annoncĂ© la bonne nouvelle : elle a rĂ©ussi Ă  obtenir le soutien du gouvernement libyen pour aider Ă  trouver une solution directement avec les familles libyennes, qui ne s’opposeraient plus Ă  leur libĂ©ration pourvu que les rĂšgles de la loi islamique soient strictement observĂ©es. Sans ĂȘtre en mesure de leur dire quand une telle solution aboutirait, elle leur a confirmĂ© Ă  eux et Ă  leurs familles et soutiens bulgares que tout serait fait pour que cette solution permette de clore la procĂ©dure judiciaire dĂ©sastreuse dont ils ont Ă©tĂ© l’objet. Cette intervention irrite dans un premier temps les Ă©missaires de l’Union europĂ©enne qui n’ont pas Ă©tĂ© tenus immĂ©diatement informĂ©s de la mission secrĂšte de la premiĂšre dame française, alors qu'ils nĂ©gociaient depuis des annĂ©es conjointement avec le Conseil de l’Europe (avant l’adhĂ©sion de la Bulgarie Ă  l’Union). Toutefois, l’association bulgare « Vous n’ĂȘtes pas seuls » de soutien aux infirmiĂšres (relayĂ©e par la majeure partie de la presse bulgare initiatrice de cette association) adhĂšre totalement Ă  cette initiative, que le prĂ©sident français avait promise Ă  sa prĂ©sidente en lors de la campagne prĂ©sidentielle française. Le jour mĂȘme, l’association publie une lettre de soutien sans rĂ©serve Ă  cette intervention française, alors immĂ©diatement appuyĂ©e par les autoritĂ©s bulgares. Les quelques critiques europĂ©ennes s’éteignent aussitĂŽt pour ne pas compromettre les chances d’un rĂšglement rapide aprĂšs des annĂ©es d’incertitude et d’inquiĂ©tude sur le sort des dĂ©tenus bulgares.

Pourtant, la prĂ©sidence libyenne a encore insistĂ© pour obtenir des rĂ©parations et avantages politiques supplĂ©mentaires pour obtenir une mesure de clĂ©mence de la part de la justice civile libyenne, ce qui Ă©tait fermement dĂ©noncĂ© par les nĂ©gociateurs europĂ©ens comme un « chantage » inacceptable car les « indemnisations » demandĂ©es l'Ă©taient sous la menace d’une peine de mort immĂ©diatement applicable par la dĂ©cision de la justice civile libyenne, et uniquement pour le profit direct de l’État ou d'organisations commerciales libyen et non des seules familles de victimes concernĂ©es dans les procĂšs (ce qui est totalement contraire Ă  l'esprit de la loi islamique qui interdit tout profit dans ces rĂ©parations), et en faisant ainsi ils menaçaient d’annuler le recours Ă  la loi islamique et donc de faire appliquer la sentence civile de mort en dĂ©pit de l’accord trouvĂ© avec les familles libyennes. Ces nouvelles demandes libyennes sont alors dĂ©noncĂ©es par l’association bulgare de dĂ©fense qui relĂšve les ambitions Ă©conomiques et politiques libyennes et l’incohĂ©rence des promesses des autoritĂ©s jamahyriennes.

GrĂące libyenne, peines commuĂ©es en prison Ă  vie et demandes d’extraditions

Les familles renoncent Ă  demander la peine capitale pour les auteurs prĂ©sumĂ©s des crimes contre la somme d'un million de dollars par victime (460 au total dont 56 dĂ©cĂ©dĂ©s) qui est versĂ©e avant la dĂ©cision du Conseil supĂ©rieur des instances judiciaires, dix fois moins que ce qui avait Ă©tĂ© demandĂ© au dĂ©part (mais les mĂȘmes familles avaient dĂ©clarĂ© que ce montant initial restait nĂ©gociable pourvu qu’on veuille bien les entendre et soigner leurs enfants les plus atteints dans les hĂŽpitaux europĂ©ens, ce qui a Ă©tĂ© fait pour plusieurs centaines d’entre eux, dont 80 en France, et prĂšs d’autant soignĂ©s en Suisse et en Italie). L’argent vient d’un fonds alimentĂ© par la Bulgarie, l’Union europĂ©enne, les États-Unis et les nombreuses organisations de soutien aux prisonniers, ainsi que par la Libye (via une organisation humanitaire dirigĂ©e par le frĂšre du prĂ©sident libyen)[49].

En outre, les condamnĂ©s font une « demande de pardon et de clĂ©mence » dĂ©posĂ©e en prĂ©sence d’ambassadeurs de pays europĂ©ens. Elle s’accompagnerait d’un « engagement pour garantir que les six dĂ©tenus n'engageraient pas de poursuite contre l’État libyen.»

Le , la Bulgarie a officiellement demandĂ© Ă  la Libye d'autoriser le transfert Ă  Sofia des cinq infirmiĂšres et du mĂ©decin bulgares. Sous les pressions internationales, le prĂ©sident libyen accorde la clĂ©mence et fait commuer la condamnation Ă  mort en prison Ă  vie, ce que confirme alors le Conseil supĂ©rieur des instances judiciaires qui avait pourtant confirmĂ© dĂ©finitivement les condamnations quelques jours auparavant. Techniquement, cette mesure ne remet pas en cause la culpabilitĂ© des mis en cause et leurs condamnations mais change la nature des peines infligĂ©es, conformĂ©ment aux vƓux des familles libyennes.

Le , la femme du prĂ©sident français CĂ©cilia Sarkozy et son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă  l’ÉlysĂ©e accompagnent la commissaire europĂ©enne aux Relations extĂ©rieures Benita Ferrero-Waldner qui se rendent en Libye en « visite humanitaire » dans l’avion prĂ©sidentiel français, afin de rencontrer les 6 prisonniers. Mais leur intention est de tout faire maintenant pour obtenir l’expulsion ou l’extradition des 6 prisonniers bulgares (y compris le mĂ©decin palestinien qui a obtenu cette nationalitĂ© lors des nĂ©gociations). La Libye s’attendait Ă  la nĂ©gociation directement par le prĂ©sident français (qui serait venu en visite officielle), mais ce dernier s’est dĂ©clarĂ© peu disposĂ© Ă  se rendre lui-mĂȘme en Libye pour cela, mĂȘme s’il suivait trĂšs directement le dossier. Il en fait mĂȘme une condition : pas de visite officielle tant que la question de la libĂ©ration des personnels mĂ©dicaux bulgares n’est pas rĂ©glĂ©e.

Bien au contraire, le prĂ©sident français (qui milite actuellement pour un partenariat renforcĂ© de l’Union europĂ©enne avec une future « Union de la MĂ©diterranĂ©e ») s’est bien gardĂ© de visiter la Libye aprĂšs ses visites au Maroc, en AlgĂ©rie et en Tunisie. Le , il a confirmĂ© son intention de ne pas cĂ©der Ă  l’insistance et au marchandage libyens, et de ne pas s’y rendre directement en visite officielle, raison pour laquelle il n'y a dĂ©pĂȘchĂ© que sa femme et son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ÉlysĂ©e (pour l’assister dans ses dĂ©marches locales avec la reprĂ©sentante europĂ©enne).

Mais le prĂ©sident libyen insiste encore le pour obtenir des « dĂ©dommagements » supplĂ©mentaires (une autoroute reliant la Tunisie Ă  l’Égypte, une voie ferrĂ©e vers le sud du pays, une gare nouvelle Ă  Tripoli, un partenariat privilĂ©giĂ© avec l’Union europĂ©enne, une aide au dĂ©veloppement, des aides pour des fouilles archĂ©ologiques, le dĂ©veloppement de zones touristiques
) ce que dĂ©noncent les autoritĂ©s politiques europĂ©ennes comme un « chantage » inacceptable, dont le montant total avoisinerait plusieurs milliards d’euros (sans compter l’avantage commercial que cela procurerait Ă  la Libye encore soumise Ă  un embargo international par suite de sa compromission dans le terrorisme, ce qui serait vu comme infamant pour les victimes europĂ©ennes de ce terrorisme, et mĂȘme particuliĂšrement injuste par rapport Ă  d’autres États du Maghreb qui font cette demande de partenariat renforcĂ© depuis des annĂ©es mais qui ont consenti Ă  de nombreux efforts pour y parvenir), lĂ  oĂč le fonds d’indemnisation directe des victimes n'en recevrait au mieux qu'un demi-milliard (non compris les montants supplĂ©mentaires qui auraient pu ĂȘtre investis dans l'aide humanitaire privĂ©e, aujourd’hui largement suspendue ou diminuĂ©e, quelle qu’en soit l’origine, mĂȘme celle des pays arabes et organisations humanitaires islamiques du fait mĂȘme de l'action judiciaire libyenne depuis 8 ans Ă  l’encontre des infirmiĂšres et mĂ©decins condamnĂ©s).

LĂ  encore, l’association bulgare de dĂ©fense envoie et publie une chaleureuse lettre de soutien Ă  la premiĂšre dame française, et dĂ©nonce les derniĂšres demandes libyennes qui sortent de l’accord obtenu avec les familles libyennes et les promesses faites par le gouvernement libyen de soutenir ce rĂšglement amiable. Ces demandes supplĂ©mentaires apparaissent indignes mĂȘme pour les familles de victimes concernĂ©es dans la mort des enfants et qui avaient acceptĂ© l’arrangement financier selon la loi islamique, et se satisfaisaient de la reprise de l’indispensable assistance mĂ©dicale humanitaire en Libye pour le lourd traitement contre le VIH d’enfants contaminĂ©s et la sĂ©curisation sanitaire des hĂŽpitaux libyens voulue par tous. Ce que confirme l’association libyenne de dĂ©fense des familles d’enfants contaminĂ©s (prĂ©sidĂ©e par le fils du prĂ©sident libyen) qui tiennent avant tout Ă  la promesse de soins en Europe et Ă  l’aide mĂ©dicale que rendrait possible l’accord financier obtenu.

Ces demandes sont de plus jugĂ©es prĂ©cipitĂ©es car le gouvernement libyen cherche Ă  obtenir ainsi sous la menace une partie de ses demandes antĂ©rieures en vue de la normalisation nĂ©gociĂ©e (indĂ©pendamment de cette affaire) avec l’Union europĂ©enne dans le cadre du « Processus de Barcelone », qui prĂ©voyait une collaboration avec une « Union mĂ©diterranĂ©enne et arabe » (UMA) dont la Libye devrait faire partie Ă  terme, des nĂ©gociations au cours desquelles l’Union europĂ©enne a rappelĂ© que cela ne devait pas se faire sans condition, ceci incluant la rĂ©solution plus gĂ©nĂ©rale des problĂšmes liĂ©s aux droits de l’homme en Libye, la dĂ©concentration des pouvoirs, la demande europĂ©enne concernant l’abolition de la peine de mort en Libye (encore appliquĂ©e pour les crimes, mais difficile Ă  abolir avant un long terme), permettant alors la participation de l’Union EuropĂ©enne au dĂ©veloppement de communications routiĂšres et ferroviaires avec le Sud de la Libye et les pays voisins (Niger, Tchad, Soudan), ainsi que la collaboration totale de la Libye dans la lutte contre le terrorisme (y compris l’acceptation totale du jugement de la Cour de Lockerby concernant les attentats contre des avions europĂ©ens, et le rĂšglement des indemnitĂ©s dues par elle), le maintien de la paix et la stabilitĂ© dans la rĂ©gion. L’Union EuropĂ©enne a aussi rappelĂ© lors de ce processus qu’elle ne pourrait soutenir la demande d’adhĂ©sion de la Libye Ă  l’OMC sans adhĂ©rer pleinement aux traitĂ©s internationaux.

Médiation franco-européenne pour la libération des condamnés

Le , aprĂšs huit longues annĂ©es de procĂ©dures, les tractations françaises trĂšs largement soutenues par la Bulgarie et tous les autres pays de l'Union europĂ©enne ont permis d'obtenir la libĂ©ration des cinq infirmiĂšres bulgares et du mĂ©decin palestinien. À 6 h 29 CEST (heure d’étĂ© de Paris, UTC+02), ils ont pris place avec la commissaire europĂ©enne Benita Ferrero-Waldner, la femme du PrĂ©sident français, et Claude GuĂ©ant, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ÉlysĂ©e, dans l'avion prĂ©sidentiel français, Ă  destination de Sofia, et avec quelques membres des familles des prisonniers[50].

LĂ©galement, les six prisonniers Ă©taient toujours condamnĂ©s et seulement extradĂ©s. À leur arrivĂ©e Ă  Sofia, ils seront placĂ©s en observation dans une rĂ©sidence de la prĂ©sidence bulgare pour y recevoir des soins et examens de santĂ©. À 8 h 45 CEST, alors qu’ils sont acclamĂ©s Ă  l’aĂ©roport et viennent Ă  peine de revoir leurs familles (y compris celle du mĂ©decin d’origine palestinienne, dont la famille avait dĂ» fuir prĂ©cipitamment la Libye, pour trouver refuge aux Pays-Bas, Ă  la suite d'une campagne de presse haineuse qui les avait dĂ©noncĂ©s eux aussi comme des « assassins d’enfants innocents »), le prĂ©sident bulgare leur fait parvenir un message qui leur accorde officiellement la grĂące prĂ©sidentielle, ce qui annule immĂ©diatement l’exĂ©cution des peines infamantes auxquelles ils restaient encore thĂ©oriquement soumis Ă  la suite de leur extradition.

Les 6 condamnĂ©s sont donc aujourd’hui totalement libres, les familles des enfants libyens contaminĂ©s ont bien obtenu rĂ©paration selon la loi islamique applicable en Libye via la mise en place du fonds d’indemnisation et l’aide mĂ©dicale obtenue, toutefois, la Libye considĂšre qu'aucun argent libyen n'a Ă©tĂ© donnĂ© aux familles des victimes. Selon l'Union europĂ©enne, le Conseil de l’Europe et la Bulgarie, ils ont toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme innocents, mais la grĂące prĂ©sidentielle bulgare ne suffit pas Ă  lever leur culpabilitĂ© toujours reconnue lĂ©galement par la condamnation libyenne. Une dĂ©cision judiciaire bulgare pourrait rĂ©habiliter ultĂ©rieurement les condamnĂ©s (au moins en Europe).

Cependant, les condamnations civiles libyennes n’ont pas encore Ă©tĂ© annulĂ©es, en dĂ©pit de l’application effective de la loi islamique qui aurait dĂ» Ă©teindre ces condamnations civiles infamantes. Cela pourrait rendre encore possible une action judiciaire civile internationale contre l’État libyen (par les six prisonniers libĂ©rĂ©s ou par les familles libyennes d’enfants contaminĂ©s) sans remettre en cause les versements au fonds d’indemnisation des familles selon la loi islamique, d’autant qu’existent encore des pressions contre les familles libyennes pour leur confisquer ou dĂ©tourner une partie des fonds qu'elles ont pu obtenir (fonds qui sont aussi destinĂ©s Ă  aider aux soins des enfants encore vivants contaminĂ©s dans les hĂŽpitaux libyens, alors que l’État libyen n’a toujours pas pris les mesures sanitaires appropriĂ©es contre les sources possibles de contamination).

Les choses nĂ©gociĂ©es lors de cette mĂ©diation sont restĂ©es secrĂštes, mais certains observateurs ont considĂ©rĂ© que des transferts concomitants auraient pu ĂȘtre l'objet de cette mĂ©diation.

Ainsi, la Fondation Kadhafi a versé de l'argent aux familles des enfants libyens contaminés. Cet argent sera remboursé par le Fonds international de Benghazi, l'Union européenne s'est portée caution[51].

Benita Ferrero-Waldner, commissaire europĂ©enne aux relations extĂ©rieures, et Abdelati Al-Obeidi, secrĂ©taire d'État libyen aux affaires europĂ©ennes, ont signĂ© un mĂ©morandum signĂ© publiĂ© Ă  Bruxelles, dans lequel la Commission europĂ©enne « s'engage Ă  ce que le Fonds international de Benghazi reverse au Fonds de dĂ©veloppement Ă©conomique et social libyen les sommes collectĂ©es dans le cadre de l'accord de financement du 15 juillet 2007, dont le montant s'Ă©lĂšve Ă  598 millions de dinars libyens ». Les sommes engagĂ©es sont de 335 millions d'euros, soit 461 millions de dollars amĂ©ricains.

Cette transaction a Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©e Ă  la fois par Nicolas Sarkozy et par Abdelrahman Chalgham qui considĂ©raient pour l'un que « ni l'Europe ni la France » n'avaient « versĂ© la moindre contribution financiĂšre Ă  la Libye », et pour l'autre que « Tout le monde a payĂ© le Fonds, y compris l'Union europĂ©enne et la France. Ils ont couvert les sommes versĂ©es aux familles et mĂȘme plus »[51].

Conséquences et réactions aprÚs la libération

La question du rĂšglement effectif de ces fonds aux familles libyennes (ou dans les programmes d’aide mĂ©dicale humanitaire, selon les demandes faites par chaque famille libyenne d’enfant malade ou dĂ©cĂ©dĂ©) reste encore en suspens (et les nĂ©gociateurs europĂ©ens vont veiller Ă  ce que cet argent ne soit pas dĂ©tournĂ©).

Nicolas Sarkozy, dans une confĂ©rence de presse tenue Ă  l'ÉlysĂ©e, en compagnie de Bernard Kouchner (ministre des Affaires ÉtrangĂšres et trĂšs concernĂ© en tant qu’ancien prĂ©sident d'organisation humanitaire mĂ©dicale, mais qui s'est trĂšs peu exprimĂ©), reprise sur les principales chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision et radios francophones ou europĂ©ennes, a annoncĂ© que la mĂ©diation finale du gouvernement « ami » du Qatar a Ă©tĂ© « dĂ©terminante » pour trouver une conclusion heureuse Ă  cette nĂ©gociation, dans la nuit du 23 au . La nature de la mĂ©diation du Qatar n’a pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©e par le prĂ©sident français, qui a souhaitĂ© laisser le « gouvernement qatarien » (au lieu de qatari) « s’exprimer lui-mĂȘme Ă  ce sujet » quand il le souhaitera.

Il a Ă©galement insistĂ© sur le fait que la France, la Bulgarie, ou l'Union europĂ©enne ne verserait pas un euro directement Ă  la Libye, en dehors du cadre de l’accord financier intervenu avec les familles libyennes quelques jours plus tĂŽt.

Il a remerciĂ© le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour avoir acceptĂ© et rendu possible cette libĂ©ration, aprĂšs avoir confirmĂ© qu’il avait agi avec le plein soutien de tous les pays qui pouvait l’aider Ă  trouver une voir de sortie « sans offenser personne », et que son intervention a Ă©tĂ© faite avec le complet accord du gouvernement bulgare, et des reprĂ©sentants europĂ©ens. Il a aussi chaleureusement fĂ©licitĂ© sa femme dans cette mission humanitaire dĂ©licate, car elle avait pu facilement rencontrer tous les interlocuteurs, ainsi que les prisonniers eux-mĂȘmes.

Il a prĂ©cisĂ© que la premiĂšre personne libĂ©rĂ©e dans la nuit (juridiquement expulsĂ©e par la Libye) et Ă  avoir rejoint l’avion prĂ©sidentiel français Ă©tait le mĂ©decin bulgare, mari d’une des infirmiĂšres condamnĂ©es et qui avait lui-mĂȘme Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  4 ans de prison (qu’il a effectuĂ©s en Libye, sur le motif moins grave d’importation de devises Ă©trangĂšres alors qu’il comptait utiliser cet argent pour la libĂ©ration de sa femme) avant d’ĂȘtre assignĂ© Ă  rĂ©sidence permanente dans l’ambassade bulgare en Libye, oĂč il vivait depuis plusieurs annĂ©es faute de pouvoir obtenir un visa de sortie. Il y a Ă©tĂ© rejoint tĂŽt dans la matinĂ©e par les 6 condamnĂ©s (juridiquement extradĂ©s de la Libye Ă  la Bulgarie Ă  la demande de la justice bulgare). Il a rappelĂ© aussi que le prĂ©sident bulgare a aussitĂŽt graciĂ© les 6 condamnĂ©s dĂšs leur arrivĂ©e sur le sol bulgare.

Il prĂ©cise aussi que cette conclusion heureuse devrait permettre enfin de rĂ©tablir des relations officielles normales avec la Libye, et qu’il ne voyait pas en quoi cela devrait empĂȘcher maintenant la France de s’y rendre officiellement pour nĂ©gocier des accords alors que d’autres pays y sont aussi prĂ©sents officiellement depuis huit ans. (Le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de l’ÉlysĂ©e avait prĂ©cisĂ© un peu auparavant que le prĂ©sident français se rendrait bien en Libye dans les prochains jours.)

RĂ©actions libyennes

La Libye a protesté le mercredi contre la grùce accordée aux infirmiÚres bulgares et au médecin d'origine palestinienne.

Le ministre libyen des Affaires Ă©trangĂšres, Abdelrahman Chalgham a dĂ©clarĂ© que les dĂ©tenus devaient ĂȘtre remis dĂšs leur arrivĂ©e Ă  un Ă©tablissement pĂ©nitentiaire et non pas libĂ©rĂ©s de maniĂšre festive et illĂ©gale. De son cĂŽtĂ© le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi a affirmĂ© que Sofia a violĂ© les procĂ©dures lĂ©gales en matiĂšre d’extradition, prĂ©vues par le droit international et par l’accord d’entraide judiciaire signĂ© entre les deux pays en 1984.

Témoignage des infirmiÚres et du médecin sur leurs conditions de détention

Le mĂ©decin palestinien, Achraf Hajouj, dĂ©clare que[52] enfermĂ© les premiers jours dans une piĂšce avec trois chiens, qui ont reçu l'ordre de m'attaquer. (
) Une des choses qu'ils m'ont faite est d'enrouler un fil mĂ©tallique autour de mon pĂ©nis et de me tirer Ă  travers la salle. Je hurlais. Le pire, c'Ă©tait la machine Ă  torturer avec l'Ă©lectricitĂ©. Ils mettaient un fil sur un doigt, et l'autre sur mes oreilles ou sur mes parties gĂ©nitales. (
) Parfois, j'Ă©tais torturĂ© dans la mĂȘme piĂšce [que les infirmiĂšres]. J'Ă©tais nu devant elles, et elles Ă  moitiĂ© nues. J'ai honte de dire ce qu'ils ont fait aux femmes. Elles ont Ă©tĂ© violĂ©es.

Saïf al-Islam Kadhafi affirme le [53] que les infirmiÚres bulgares ont été torturées : Ils ont été torturés à l'électricité et on les a menacés de s'en prendre à leur famille. Mais une grande partie de ce que le médecin d'origine palestinienne a affirmé est un pur mensonge.

Réactions de la société civile

Conférence de presse à Paris

Le , veille de la deuxiĂšme audience du nouveau procĂšs, Ă  la maison de Radio France s’est tenue une confĂ©rence de presse qui rĂ©unissait le Pr Luc Montagnier l’expert internationalement reconnu dans les modes de contamination par le VIH et le sida, Yves Repiquet le BĂątonnier de l'Ordre des avocats de Paris, MaĂźtre Emmanuel Altit l’un des Avocats sans frontiĂšres qui dĂ©fendent les infirmiĂšres Ă  Tripoli, Christine Bruneau la prĂ©sidente de Femmes de demain, Françoise Geng la secrĂ©taire fĂ©dĂ©rale de la CGT santĂ©, Alain Tourret le vice-prĂ©sident du Conseil rĂ©gional de Basse-Normandie, Abdel Iazza infirmier reprĂ©sentant les soignants français, Yves Pozzo di Borgo sĂ©nateur et membre de l'AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe et Michel Taube le fondateur et porte-parole de Ensemble contre la peine de mort. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Bernard Kouchner et Patrick Pelloux Ă©taient excusĂ©s. La chanteuse franco-bulgare Sylvie Vartan Ă©tait en direct par tĂ©lĂ©phone depuis Los Angeles, en Californie.

Tous ont appelĂ© Ă  la remise en libertĂ© des infirmiĂšres bulgares et du mĂ©decin palestinien durant la tenue de ce nouveau procĂšs qui en fait reprend l’instruction Ă  son dĂ©but puisque le prĂ©cĂ©dent jugement de condamnation Ă  la peine de mort a Ă©tĂ© cassĂ© le .

L’appel des 114 laurĂ©ats Nobel

114 laurĂ©ats Nobel dans les sciences ont cosignĂ© le une lettre ouverte, publiĂ©e dans le journal scientifique Nature, au leader libyen Muammar Khaddafi l’appelant Ă  un procĂšs juste[54].

Organisations non gouvernementales

Amnesty International a condamné la décision prise par un tribunal libyen le de condamner à mort les inculpés.

Les organisations bulgares ont Ă©galement diffusĂ© et vendu un symbole de soutien, un ruban aux couleurs bulgares arborant le message « Vous n’ĂȘtes pas seuls. » (Ă©crit en anglais et en bulgare). Ce ruban Ă©tait arborĂ© sur les costumes des officiels bulgares et de nombreuses personnes du public lors de la confĂ©rence de presse donnĂ©e Ă  l’aĂ©roport international de Sofia lors de l’arrivĂ©e des prisonniers libĂ©rĂ©s par la Libye le mardi et ramenĂ©s tĂŽt le matin dans l’avion prĂ©sidentiel français.

Interventions diplomatiques et chargés de missions

CĂ©cilia Sarkozy s’est rendue secrĂštement Ă  Tripoli avec un responsable de l’ÉlysĂ©e, le , pour visiter les dĂ©tenus, puis Ă  Benghazi pour voir les familles des enfants contaminĂ©s par le virus du sida. Elle a Ă©galement rencontrĂ© le colonel Mouammar Kadhafi, auprĂšs duquel elle a plaidĂ©, avec Claude GuĂ©ant, la cause des infirmiĂšres et du mĂ©decin. « Il n’a pas Ă©tĂ© catĂ©gorique dans sa rĂ©ponse, mais je le rĂ©pĂšte, on peut lĂ©gitimement espĂ©rer.»

C’est seulement lors de sa seconde visite le , investie d’une mission tenue officiellement « humanitaire » par le prĂ©sident français, et accompagnĂ©e de la Commissaire europĂ©enne apportant le soutien officiel de toute l’Union europĂ©enne, et d’un secrĂ©taire mandatĂ© par l’ÉlysĂ©e capable de nĂ©gocier diplomatiquement avec d’autres États arabes (via les ambassades françaises ou la collaboration des autres services diplomatiques europĂ©ens) pour la mĂ©diation finale, qu’elle a pu obtenir gain de cause sur le sort des infirmiĂšres et le mĂ©decin bulgares.

On ne sait pas actuellement quelle a Ă©tĂ© la nature de la mĂ©diation obtenue du Qatar (le PrĂ©sident français parle seulement « d’un geste humanitaire trĂšs gĂ©nĂ©reux »), ni oĂč et par qui elle a Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©e (Ă  Paris ou Tripoli ou dans une des ambassades françaises). Toutefois, on relĂšve que l’émir du Qatar Ă©tait l’invitĂ© spĂ©cial du prĂ©sident de la RĂ©publique lors des cĂ©rĂ©monies militaires de la fĂȘte nationale le .

Les tractations auraient portĂ© sur des contrats d'armements, la libĂ©ration d'un Libyen emprisonnĂ© depuis 2001 Ă  Glasgow, en Écosse, ainsi qu'une centrale Ă©lectrique[55] et un contrat de prospection gaziĂšre de 900 millions de dollars[56].

La couverture par la presse internationale

La presse internationale s’intĂ©resse peu au procĂšs, hormis en France et en Bulgarie oĂč la presse se fait Ă©cho de leur situation, jusqu’à ce que celles-ci soient condamnĂ©es Ă  mort lors du premier procĂšs.

La plupart des articles sont unanimes sur le fait que les accusĂ©s servent de boucs Ă©missaires au pouvoir libyen qui a laissĂ© se dĂ©grader les conditions d’hygiĂšne, ce qui a causĂ© l’épidĂ©mie (et les autoritĂ©s sanitaires libyennes ont peu fait pour prĂ©venir les contaminations par le VIH lors des transfusions sanguines et collectes de sang avant que l’affaire n’éclate en 1998 Ă  la suite des plaintes des familles et des premiĂšres fausses accusations du pouvoir libyen qui les a d’abord accusĂ©es d’ĂȘtre des agents du Mossad israĂ©lien et de la CIA avant de se rĂ©tracter et modifier les chefs d’inculpation).

La presse libyenne et la majoritĂ© de la presse arabe appuyant les dĂ©clarations officielles affirmaient au dĂ©but que le procĂšs est juste du fait des premiĂšres accusations portĂ©es, mais peu de ces mĂ©dias se sont rĂ©tractĂ©s alors mĂȘme que l’autoritĂ© judiciaire libyenne abandonnait les charges initiales et acceptait de refaire le procĂšs. La couverture dans la presse bulgare est trĂšs importante et unanime (et la presse française qui s’est mobilisĂ©e lors du lancement du second procĂšs, et qui a rappelĂ© la situation intolĂ©rable des personnels bulgares aux candidats Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle française) : les condamnations sont qualifiĂ©es d’absurdes, mĂȘme s’il Ă©tait clair que la situation des nombreux enfants contaminĂ©s (dont une cinquantaine sont morts) ne pouvait ĂȘtre ignorĂ©e.

En France, on se souvient en effet du long procĂšs du sang contaminĂ© contre l’État ; les associations humanitaires concernĂ©es, tout comme l’Organisation mondiale de la santĂ© dans la lutte contre le sida et l’aide aux malades, ont bien rappelĂ© l’indispensable rĂŽle et l’importance des autoritĂ©s sanitaires publiques dans la lutte contre ce flĂ©au mondial, et qu’il ne servait Ă  rien de dĂ©signer des personnels mĂ©dicaux si ceux-ci se trouvaient dĂ©pourvus de moyens de contrĂŽle efficace des actes mĂ©dicaux Ă  haut risque comme les transfusion sanguines et l’utilisation d’instruments mĂ©dicaux comme les matĂ©riels d’injection.

Un grand nombre d’associations humanitaires travaillant dans le milieu mĂ©dical, mais aussi dans la protection des droits de l’homme ont condamnĂ© fermement ce faux procĂšs menĂ© en Libye et ont mobilisĂ© les plus grandes sommitĂ©s compĂ©tentes du monde mĂ©dical dans la lutte contre le sida (comme le professeur Montanier) et condamnĂ© depuis toujours la stigmatisation des Ă©trangers dans la propagation de la maladie.

Mais il est vrai que le sort des prisonniers bulgares en Libye depuis 1999, a trouvĂ© durant les plus de 8 annĂ©es beaucoup moins d’écho que le reste de la situation internationale au Moyen-Orient, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001, puis la seconde guerre en Irak, le sort des Palestiniens lors du bouclage des territoires par IsraĂ«l, les luttes intĂ©rieures palestiniennes Ă  la suite du dĂ©cĂšs du prĂ©sident Arafat, les assassinats politiques au Liban oĂč la Syrie a Ă©tĂ© impliquĂ©e avant de devoir s’en retirer face aux manifestations massives, puis l’intervention militaire d’IsraĂ«l au Liban, le dĂ©veloppement du terrorisme international. Ou mĂȘme encore en Europe, avec l’évolution des institutions communautaires, l’adoption de l’Euro, le projet de traitĂ© europĂ©en, l’adhĂ©sion de dix nouveaux pays, puis Ă  la fin de 2006 celle de la Bulgarie avec la Roumanie, les questions sur l’adhĂ©sion de la Turquie, ou mĂȘme encore la situation au Darfour. L’actualitĂ© a Ă©tĂ© riche en Ă©vĂšnements, concernant des millions de personnes, et bien peu de cas a Ă©tĂ© fait du sort d’une poignĂ©e de bulgares en Libye, une zone encore stable du Moyen-Orient.

C’est cette adhĂ©sion rĂ©cente de la Bulgarie Ă  l’Union europĂ©enne, et le lancement aussi rĂ©cent des nĂ©gociations internationales sur le Darfour (oĂč la Libye pourrait jouer un rĂŽle stabilisateur ou comme intermĂ©diaire Ă  des nĂ©gociations de paix) ainsi que la prononciation de la peine de mort en Libye (abolie partout en Europe) qui a renforcĂ© la cohĂ©sion communautaire pour aider directement la Bulgarie (qui jusqu’alors manquait de moyens efficaces pour nĂ©gocier, puisque les diffĂ©rents Ă©missaires europĂ©ens n’étaient pas reconnus par la Libye comme habilitĂ©s Ă  intervenir pour des bulgares) Ă  obtenir la libĂ©ration des prisonniers bulgares dans une nĂ©gociation globale impliquant tous les pays de l’Union europĂ©enne, dĂšs lors appuyĂ©s plus ouvertement par les États-Unis (qui n’ont pas voulu ou pu s’en occuper directement de peur de froisser la Libye et les pays arabes dans ce qu’ils pouvaient considĂ©rer comme une affaire judiciaire intĂ©rieure Ă  un pays arabe).

Notes et références

  1. « N° 622 - Rapport d'enquĂȘte de M. Axel Poniatowski sur les conditions de la libĂ©ration des infirmiĂšres et du mĂ©decin bulgares et sur les rĂ©cents accords franco-libyens », sur www.assemblee-nationale.fr (consultĂ© le )
  2. « Le procÚs en Libye des infirmiÚres bulgares et leur libération », sur www.bulgaria-france.net, (consulté le )
  3. « Les infirmiĂšres bulgares et le mĂ©decin palestinien condamnĂ©s Ă  mort en Libye seront rejugĂ©s », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. La-Croix.com, « Un premier espoir pour les infirmiÚres bulgares », sur La Croix, (consulté le )
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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

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  • (fr) Marc Pierini, Le prix de la libertĂ© : Libye, les coulisses d'une nĂ©gociation, Actes Sud, Arles, 2008, 158 p. (ISBN 978-2-7427-7453-1)
  • (fr) Kristiyana Valcheva (en collab. avec Miroluba Benatova et Marie-ThĂ©rĂšse Cuny), J'ai gardĂ© la tĂȘte haute : document, Oh ! Ă©d., Paris, 2007, 270 p. (ISBN 978-2-915056-67-9) (rĂ©cit personnel sous-titrĂ© « Kristiyana Valcheva, infirmiĂšre bulgare : 8 ans d'horreur dans les prisons libyennes »)

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