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Accident ferroviaire d'Eckwersheim

L’accident ferroviaire d'Eckwersheim est un déraillement (de type renversement) survenu sur la ligne à grande vitesse (LGV) Est européenne le à Eckwersheim, près de la gare de Vendenheim, à une dizaine de kilomètres au nord de Strasbourg, dans le Bas-Rhin.

Accident ferroviaire d'Eckwersheim
La motrice TGV Dasye 29787 (rame 744), partiellement immergée dans le canal, à la suite du déraillement.
La motrice TGV Dasye 29787 (rame 744), partiellement immergée dans le canal, à la suite du déraillement.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeDĂ©raillement (renversement en courbe)
Causesvitesse excessive
SiteEckwersheim, France
CoordonnĂ©es 48° 41′ 24″ nord, 7° 42′ 17″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilTGV Dasye (fabriqué en 2010)
CompagnieSNCF
Phasetests ferroviaires
Passagers53
Morts11
Blessés42
Survivants42

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Accident ferroviaire d'Eckwersheim
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Accident ferroviaire d'Eckwersheim

L'accident implique une rame TGV spéciale qui circulait pour réaliser des essais d'homologation du deuxième tronçon de cette nouvelle ligne. Ces essais étaient encadrés par Systra, société d'ingénierie ferroviaire. Parmi les 53 personnes à bord se trouvaient des cheminots et des invités (dont des enfants). Le bilan des victimes est de 11 morts et de 21 blessés graves.

Avant cet accident, d'autres déraillements de TGV ont eu lieu en France, qui n'ont tout au plus provoqué que des blessures légères. Le déraillement de cette rame est ainsi le premier à causer des morts et des blessures graves.

La rame réalisait pour la première fois cet essai en survitesse à ce point de la ligne. Les systèmes de contrôle automatique (TVM-430 et ERTMS) de la vitesse avaient été désactivés. Deux minutes avant de dérailler, la rame circulait à 360 km/h.

Le BEA-TT, dans son rapport dĂ©finitif[1], a prĂ©cisĂ© que « la cause directe de l’accident est la vitesse dans une courbe serrĂ©e de 945 m de rayon » expliquĂ©e par « un freinage inappropriĂ© ».

DĂ©roulement

DĂ©raillement

Le , une rame TGV aménagée pour réaliser des essais déraille alors qu'elle se trouve sur le territoire de la commune d'Eckwersheim, près de Strasbourg[2] - [3] - [4], à 15 h 4[5].

La rame Dasye 744[6] testait le second tronçon de la ligne à grande vitesse Paris – Strasbourg, non encore ouvert au service commercial. Lors d'une marche d'essai en sens banalisé (ou impair) sur la voie de droite en direction de Strasbourg (voie 2), l'accident est survenu au PK 404,0 de la ligne, à proximité des viaducs du canal de la Marne au Rhin, dans une courbe[Note 1] praticable à 160 km/h[7] permettant le raccordement avec les lignes classiques et la gare de Vendenheim[8]. Selon le conducteur, le train circulait à 176 km/h[Note 2], la vitesse assignée par le plan de route sur ce tronçon[9]. L'enquête interne de la SNCF révèlera une entrée en courbe à une vitesse de 265 km/h[7], supérieure à la vitesse de renversement de la rame.

Sous l'effet centrifuge des forces d'inertie, la rame articulĂ©e de huit voitures duplex aurait basculĂ© puis dĂ©raillĂ©. La rame a ensuite dĂ©valĂ© le talus et traversĂ© le canal. Les diffĂ©rentes voitures se sont dispersĂ©es dans l'espace entre les deux voies tandis que la motrice de queue s'est immobilisĂ©e dans le canal[3] - [10] - [11]. L'arrière de la motrice de tĂŞte a Ă©galement dĂ©raillĂ© puis s'est disloquĂ© en brisant le parapet en bĂ©ton du pont. Le bogie arrière s'est encastrĂ© dans la poutre gauche du pont contre laquelle la motrice a ripĂ© avant de finir sa course 150 m après le pont[7]. L'huile du transformateur s'est dispersĂ©e et a pris feu[3] - [12].

La rame avait à son bord cinquante-trois personnes, dont des techniciens de la SNCF et de Systra (certains travaillant ce jour-là, d'autres en week-end) et des personnes invitées à assister à des pointes de vitesses : collègues, parents, compagnons, amis, voisins, proches et quatre enfants[13] - [14].

La ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, et le secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Alain Vidalies, se sont rendus sur place dans les heures suivant l'accident[15], ainsi que Guillaume Pepy, président de la SNCF et de SNCF Mobilités, et Jacques Rapoport, président de SNCF Réseau[16].

  • Plan de la phase 2 de la LGV Est.
    Plan de la phase 2 de la LGV Est.
  • La rame, qui circulait d'ouest en est en direction de Strasbourg, a dĂ©raillĂ© dans la courbe prĂ©cĂ©dant le viaduc.
    La rame, qui circulait d'ouest en est en direction de Strasbourg, a déraillé dans la courbe précédant le viaduc.
  • Quelques Ă©lĂ©ments se sont dĂ©tachĂ©s des motrices, lors de l'accident : le bogie arrière de la motrice de tĂŞte (29788) et les pantographes de la motrice de queue (29787).
    Quelques éléments se sont détachés des motrices, lors de l'accident : le bogie arrière de la motrice de tête (29788) et les pantographes de la motrice de queue (29787).

Secours

Peu avant 17 h 45, le dispositif plan rouge est déclenché. Le SAMU, le Service départemental d'incendie et de secours du Bas-Rhin (SDIS67) et cent gendarmes sont mobilisés[17]. Une centaine de secouristes d'associations de secours à personnes, comme la Croix-Rouge et la Protection civile, sont également dépêchés sur place[18].

Les blessés légers ainsi que les rescapés et les témoins psychologiquement atteints ont été accueillis dans l'école d'Eckwersheim par des secouristes de la Croix-Rouge et de la Protection civile[18].

Un poste de commandement a été installé près du lieu de l'accident pour prendre en charge les blessés graves[18].

Au total, les interventions menĂ©es par les services de secours ont durĂ© plus de 30 heures, au cours desquelles 291 pompiers, provenant de toutes les casernes du Bas-Rhin mais aussi de la Moselle et du Haut-Rhin, ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s. Le coĂ»t des opĂ©rations est estimĂ© Ă  100 000 euros[19].

  • Vue d'ensemble du site du dĂ©raillement, le 15 novembre 2015.
    Vue d'ensemble du site du déraillement, le .
  • Relevage de la motrice.
    Relevage de la motrice.

Bilan

Cérémonie d’hommage aux victimes en gare de Strasbourg, le (les corps des victimes ne sont alors pas encore tous retrouvés).

Le train a déraillé (et l'huile contenue dans le transformateur de la motrice de tête a pris feu, ce dernier ayant percuté le parapet du viaduc), avant de tomber dans le canal de la Marne au Rhin (où la motrice de queue a terminé sa course)[2] - [14]. Onze personnes ont été tuées : quatre agents de la SNCF, y compris le directeur du projet de la ligne à grande vitesse, cinq techniciens experts de Systra, l'entreprise d'ingénierie qui supervisait les essais ainsi que deux personnes invitées[20]. Il y a en outre 42 blessés, dont 21 dans un état grave ; les quatre mineurs à bord n'ont été que légèrement blessés[5] - [21].

Avant cet accident, d'autres déraillements de TGV ont eu lieu en France. Ces derniers n'ont tout au plus provoqué que des blessures légères. Le déraillement de cette rame est ainsi le premier accident de l'histoire du TGV à causer des morts et des blessures graves sans cause extérieure connue[22].

Causes

Trois enquêtes ont été diligentées : une enquête judiciaire, une enquête confiée au bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), organisme chargé d'enquêter sur les accidents ferroviaires en France, et une enquête interne à la SNCF[7] - [23].

L'enregistreur d’évĂ©nements ATESS (Acquisition Temporelle des EvĂ©nements de conduite Statique de SĂ©curitĂ©), la « boĂ®te noire Â», sera trouvĂ© sans son scellĂ© et parfaitement accessible[7]. Or, c'est Ă  partir de ce boĂ®tier que l'on peut dĂ©terminer la vitesse du train, sa position selon sa vitesse, ainsi que toutes les instructions de pilotage et de freinage. De plus, lors d'une rĂ©union organisĂ©e par la SNCF, Systra et le BEA-TT pour informer les familles, il apparaĂ®t qu'aucune de ces institutions n'est en mesure de prĂ©ciser Ă  quel point kilomĂ©trique rĂ©el correspond le point kilomĂ©trique zĂ©ro d'enregistrement ATESS, dont dĂ©pend pourtant toute affirmation relative Ă  la position du train et Ă  sa vitesse[24].

Le BEA-TT, dans son rapport dĂ©finitif[1], a prĂ©cisĂ© que « la cause directe de l’accident est la vitesse dans une courbe serrĂ©e de 945 m de rayon », expliquĂ©e par « un freinage inappropriĂ© ». Ce freinage inappropriĂ©, rĂ©sulte lui-mĂŞme de trois sĂ©ries de causes : « une stratĂ©gie de freinage inadaptĂ©e » ; « une incomprĂ©hension entre le CTT [cadre transport traction] et le reste de l’équipage sur les modalitĂ©s de freinage » ; « un appel interphonique pendant le freinage qui a perturbĂ© le CTT ».

Le rapport du pĂ´le CAB3 du CIM (Centre d’ingĂ©nierie du matĂ©riel de la SNCF), en annexe du rapport dĂ©finitif du BEA-TT[1], suggère qu'une rĂ©duction de la vitesse de l'ordre de 15 Ă  20 km/h aurait pu Ă©viter le dĂ©raillement. Le CIM (SNCF) rĂ©dige ce rapport pour le compte de son client, BEA-TT (organisme public indĂ©pendant)[1].

Dans les jours et les mois suivant l’accident, plusieurs hypothèses avaient été avancées :

  • une arrivĂ©e beaucoup trop rapide au raccordement de Vendenheim qui marque la fin de ligne Ă  grande vitesse[25]. Pour permettre les essais de survitesse demandĂ©s pour tester la nouvelle ligne, les systèmes de contrĂ´le embarquĂ©s TVM-430 et ERTMS sont dĂ©sactivĂ©s dans la rame d'essai ;
  • le BEA-TT, dans une note d'Ă©tape, mettait en doute la nĂ©cessitĂ© de faire un balayage exhaustif en survitesse[26]. Le BEA-TT avait remarquĂ©[26] que la marche du prĂ©voyait d'aller au-delĂ  de la survitesse de +10 % — par rapport Ă  la vitesse de conception de la ligne — exigĂ©e pour une homologation (360 km/h au lieu de 352 km/h) ;
  • une dĂ©faillance mĂ©canique soit sur la voie (rail cassĂ©, objet Ă©tranger, affaissement de voie), soit sur la rame (rupture d'une roue, perte de freinage, rupture d'une boite d'essieu sous l'effet des Ă©chauffements dus aux nombreux freinages le [27]). Il y a dĂ©jĂ  eu par le passĂ© des accidents dus Ă  un rail cassĂ© ou un affaissement de voie, mais cela n'avait provoquĂ© qu'un dĂ©raillement partiel[28]. L'hypothèse d'une dĂ©faillance technique avant l'arrivĂ©e dans la courbe pourrait ĂŞtre Ă©tayĂ©e par certains tĂ©moignages selon lesquels le train Ă©mettait dĂ©jĂ  de la fumĂ©e avant de dĂ©railler[29] ;
  • un acte malveillant. Cependant, l'hypothèse d'un sabotage est exclue avant toute enquĂŞte par la ministre de l’Écologie, du DĂ©veloppement durable et de l’Énergie, SĂ©golène Royal[30], en dĂ©placement sur le site. Cette hypothèse figure parmi celles considĂ©rĂ©es par le procureur-adjoint du parquet de Strasbourg, Alexandre Chevrier, mais elle demeure secondaire, faute d'avoir suffisamment d'Ă©lĂ©ments pour l'Ă©tayer ;
  • dans leur rapport d'Ă©tape, les experts judiciaires Ă©voquent la dangerositĂ© du tracĂ© de la ligne[31].

Au début de l'enquête, ledit procureur-adjoint a fait savoir qu'aucune hypothèse n'était écartée, que ce soit attentat, malveillance ou problème technique[32].

L'enquête interne immédiate de la SNCF[7] affirme cependant que l'accident aurait été provoqué par une vitesse excessive en courbe, comme l'a fait savoir le président de la SNCF le . Celui-ci a indiqué que l'enquête interne à la SNCF a montré qu'au moment de l'accident, le train roulait à 243 km/h au lieu de 176 km/h, vitesse définie pour l'essai, et que « cette vitesse inadaptée pourrait être la conséquence d'un freinage tardif » (à l'entrée de la zone de l'accident, la rame roulait à 265 km/h, là où sa vitesse aurait dû également n'être que de 176 km/h). La présence de sept personnes dans la cabine de conduite a également été relevée ; elle pourrait avoir contribué à un manque d'attention du conducteur[33] - [34].

Le , le bureau d'enquĂŞtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a affirmĂ© que « la vitesse très excessive de la rame d’essai est la cause unique de son dĂ©raillement Â»[26]. Le bureau faisait reposer cependant cette affirmation sur un calcul qu'il a reconnu ensuite ĂŞtre encore approximatif[35] et reconnaĂ®t que « La connaissance de cette cause [vitesse excessive] n’exclut pas a priori qu’il puisse y avoir d’autres causes de dĂ©raillement d’un train Â»[35]. L'enquĂŞte du BEA-TT a rĂ©vĂ©lĂ© que dans la courbe limitĂ©e Ă  176 km/h en amont de l’accident, le train circulait Ă  la vitesse de 265 km/h. Au point de dĂ©raillement situĂ© 200 mètres plus loin, le train circulait encore Ă  243 km/h. Le freinage se serait rĂ©vĂ©lĂ© trop tardif d'environ douze secondes. Le BEA-TT indique Ă©galement que les causes de ce freinage tardif apparaissent « multiples » et ne sont « pas encore complètement Ă©tablies ». Toutefois les Ă©lĂ©ments de l'enquĂŞte du BEA-TT « ne permettent pas a priori de remettre en cause le sĂ©rieux » du personnel chargĂ© de l’exĂ©cution des essais « ni de mettre en Ă©vidence que la prĂ©sence d’invitĂ©s Ă  bord de la rame ait pu jouer un rĂ´le significatif dans l’accident »[36]. Le BEA-TT suggère nĂ©anmoins qu'il y aurait eu une interprĂ©tation littĂ©rale des principes d'homologation[26] mettant ainsi en cause la pertinence ou l'interprĂ©tation de ces principes.

Le , les experts judiciaires ont rendu leur rapport aux juges[37]. Ce rapport confirme le freinage tardif, mais évoque aussi le manque d'organisation et de communication au sein des entreprises Systra et SNCF. Il indique que le poids des passagers a augmenté le risque de déraillement en élevant les centres de gravité des voitures[38]. Dans une annexe, les experts rapportent également une pression anormalement basse dans la conduite générale du frein d'urgence, sans que cela ait affecté les performances de freinage, considérées comme optimales[38].

Le , le parquet de Paris annonce avoir requis le renvoi en procès de la SNCF, Systra et SNCF Réseau, ainsi que trois de leurs employés, pour « blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité »[39].

Aspects techniques

DĂ©termination des vitesses

Les différentes vitesses Valeurs Autres dénominations
Vitesse commerciale maximale de la rame TGV 320 km/h Vmax nominale
Vitesse maximale à laquelle Alstom a effectivement testé la rame TGV (pour les séries Dasye et Euroduplex) 350 km/h
Vitesse commerciale maximale de la LGV Paris – Strasbourg 320 km/h Vmax de conception
Vitesse minimale à atteindre pour homologuer les portions de voie qui seront parcourues à 320km/h en usage commercial (selon les prescriptions du référentiel IN-3279) 352 km/h Vitesse cible
Plus haute vitesse atteinte le selon l'enregistreur de bord (ATESS) 362 km/h
Vitesse commerciale maximale dans la courbe de Vendenheim (voie 2) 160 km/h
Vitesse minimale Ă  atteindre dans la courbe de Vendenheim pour pouvoir l'homologuer 176 km/h
Vitesse commerciale maximale immédiatement après la courbe de Vendenheim pour une circulation dans le sens Strasbourg – Paris[40] 270 km/h
Vitesse commerciale maximale immédiatement avant la courbe de Vendenheim pour une circulation dans le sens Paris – Strasbourg[40] 170 km/h
Vitesse minimale prescrite immédiatement avant la courbe de Vendenheim pour une circulation dans le sens Paris – Strasbourg[1] 330 km/h
Vitesse de la rame au point du déraillement déclarée par le conducteur aux enquêteurs 176 km/h
Vitesse enregistrée par l'enregistreur de bord (ATESS) au point du déraillement[7] - [1] 243 km/h
Vitesse enregistrée par l'enregistreur de bord (JRU) au point du déraillement inconnue
Vitesse à ne pas dépasser lors des essais dynamiques en survitesse (selon les prescriptions du référentiel IN-3279) aucune
Vitesse physiquement indépassable dans la courbe de Vendenheim selon le BEA-TT (aidé du CIM)[1] 235 km/h
Vitesse physiquement indépassable dans la courbe de Vendenheim selon les experts judiciaires (aidés d'Alstom) 230 km/h
Vitesse physiquement indépassable dans la courbe de Vendenheim selon Alstom[38] 208 km/h
Vitesse physiquement indépassable dans la courbe de Vendenheim selon le CIM[1] entre 223 et 228 km/h
Vitesse physiquement indépassable selon Pierre Verzat, directeur de Systra 220 km/h

MĂ©diatisation

MalgrĂ© le nombre important de victimes, cet accident, le plus meurtrier impliquant une rame de TGV en France, est passĂ© au second plan mĂ©diatique en raison des attentats terroristes survenus la veille dans l'agglomĂ©ration parisienne, tuant 130 personnes.

Les sources d'un article du Parisien du [41] trahissent le secret de l'instruction en dévoilant illégalement des extraits de déposition contenus dans le dossier judiciaire[42]. Cet article suggère que le freinage tardif aurait été causé par une décision du cadre transport traction (CTT).

Le , le Parisien[43] révèle que lors d’une marche d'essai effectuée le (trois jours avant l'accident, avec déjà des invités à son bord[44]), l'équipe d'essai avait manifesté des difficultés à respecter la vitesse consigne au PK 400[Note 3] (franchi à 297,9 km/h pour une vitesse de référence de 230 km/h) sur la voie no 1 (l'accident ayant eu lieu sur la voie no 2) ; toutefois, l'incident n'a pas eu de conséquences sur la vitesse d'entrée en courbe[Note 4]. Ce même article du Parisien rapporte les propos du CTT selon lesquels il aurait prévenu par écrit sa hiérarchie plusieurs semaines avant l'accident[43].

Le rapport d'Ă©tape produit par les deux experts mandatĂ©s par la justice[45] indiquerait que « La mise en Ĺ“uvre des consignes de freinage prĂ©vues dans les documents examinĂ©s conduisait Ă  faire entrer le train dans la courbe de 945 m de rayon Ă  une vitesse supĂ©rieure Ă  celle du basculement Â» pointant du doigt une erreur de calcul dans la feuille de route. Le dĂ©but du freinage Ă©tait spĂ©cifiĂ© au PK 401 alors qu'il aurait dĂ» se situer un kilomètre plus tĂ´t. Cette erreur aurait Ă©tĂ© aggravĂ©e par l'initiative du CTT qui aurait dĂ©cidĂ© de repousser le freinage d'un kilomètre supplĂ©mentaire. En effet ce cadre aurait jugĂ©, sur la base de l'essai rĂ©alisĂ© dans la matinĂ©e, que le train disposait d'une marge de sĂ©curitĂ© suffisante. Il n'avait pas conscience que le freinage du matin avait en fait dĂ©butĂ© 2,5 km plus tĂ´t que ce que prĂ©voyait la feuille de route[45].

Selon un témoignage rapporté de manière partielle par Le Parisien en [43], le cadre traction n'aurait pas souhaité dépasser la vitesse de 352 km/h (c'est-à-dire 320 km/h + 10 %). L'article du Parisien[43] ajoute qu'il aurait reçu néanmoins un mail du Centre d'ingénierie du matériel (CIM) invitant les équipes de conduite à élever la vitesse cible minimale à 360 km/h[31].

Un jardin du souvenir et une stèle commémorative ont été aménagés sur le site de l'accident. Une cérémonie de recueillement s'y déroule le en présence de Guillaume Pepy (président de SNCF Mobilités et du directoire de la SNCF) et de Patrick Jeantet (président de SNCF Réseau et vice-président du directoire de la SNCF)[46].

Le , les conclusions définitives de l'enquête judiciaire ont été transmises aux familles et aux victimes de l'accident[37]. Selon un article de blog publié sur Mediapart[38], ce rapport judiciaire estimerait que le poids des passagers (plusieurs tonnes), installés à l'étage des voitures duplex, a élevé le centre de gravité de la rame, et a abaissé la vitesse critique indépassable dans le raccordement d'Eckwersheim d'environ 10 km/h. À la suite de ce rapport d'expertise, la SNCF est convoquée par le juge, pour une possible mise en examen[47].

Conséquences

L'ouverture du second tronçon de la ligne Ă  grande vitesse Est europĂ©enne, entre Baudrecourt et Vendenheim, a Ă©tĂ© retardĂ©e Ă  la suite de l'accident. Elle entre en service avec trois mois de retard le , au lieu du , date initialement prĂ©vue[48]. La ligne est dans un premier temps ouverte dans des conditions temporaires. La voie accidentĂ©e Ă©tant sous scellĂ©s judiciaires, les trains circulent d'abord sur une seule voie entre Steinbourg et le raccordement de Vendenheim (environ 27 km). Durant cette pĂ©riode, Jacques Rapoport, prĂ©sident de SNCF RĂ©seau, a indiquĂ© que « le gain de temps ne sera pas tout Ă  fait Ă  la hauteur des 30 minutes »[49] - [50].

Les essais dynamiques sur la ligne ont repris le . Un nouveau protocole avec activation du système automatique de contrôle de vitesse est mis en place. La portion de ligne endommagée lors de l'accident, toujours sous scellés judiciaires, est exclue des essais[51]. Pour mener ces essais, la rame Dasye 749 a été spécialement équipée d'instruments de mesure par le technicentre Est européen de Pantin. Le tronçon est homologué pour une vitesse commerciale de 300 km/h contre 320 avant l’accident.

La SNCF organise le [52] une réunion avec les familles des victimes de l'accident afin d'éclaircir les circonstances dans lesquelles il est survenu et aborder le problème de l'indemnisation des victimes. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a déclaré que tous les passagers (cheminots et invités) seront indemnisés de la même manière[53] - [54].

Le conducteur de la rame et le « cadre transport traction Â», tous deux employĂ©s de la SNCF, ainsi que le « pilote traction Â», employĂ© de Systra, sont mis en examen dans le cadre de l'enquĂŞte le [55].

La voie accidentée est ouverte au service commercial le [56] bien avant que les experts judiciaires ne remettent leur rapport d'expertise au juge d'instruction (rapport attendu pour ).

Pratique des invitations

Durant toute la campagne d'essais, un grand nombre d'invitations ont été lancées par SYSTRA et par la SNCF. Il existait un règlement intérieur encadrant officiellement ces invitations de personnes étrangères aux essais[31].

Bien que, après avoir pris connaissance des premiers constats de l'enquête interne SNCF, Guillaume Pepy ait interdit la pratique d'inviter des proches ou des personnes extérieures aux essais[57], le rapport remis par André-Claude Lacoste et Jean-Luc Wybo à la SNCF recommande que « lors des essais en survitesse, aucune personne extérieure ne doit être autorisée à monter dans le train d’essais »[58].

Notes et références

Notes

  1. Courbe de rayon thĂ©orique de 945 m, d'un dĂ©vers de 163 mm et en pente de 2,5 â€°. Le train a dĂ©raillĂ© environ 200 m après son entrĂ©e dans la courbe et 200 m avant le pont (le parapet se situe au PK 404.209, 10 m avant le pont mĂ©tallique).
  2. 160 km/h + 10 %.
  3. 4 km avant la courbe de l'accident.
  4. le PK 403 a été franchi à 173,2 km/h, soit avec une survitesse inférieure à 10 % par rapport aux 160 km/h requis en courbe.

Références

  1. Jean Panhaleux, Bruno Cozzi, Rapport d'enquête technique sur le déraillement d'une rame TGV lors d'une marche d'essai sur la LGV Est-Européenne le 14 novembre 2015 à Eckwersheim (67) (lire en ligne).
  2. (en-GB) « French TGV high-speed train derails near Strasbourg », sur BBC News, (consulté le ).
  3. (en) « French High-Speed Train Derails Close To German Border », sur NPR.org, (consulté le ).
  4. (en) Kevin Rawlinson, « Ten dead in Strasbourg train crash, reports say », sur the Guardian, (consulté le ).
  5. RAPPORT D’ENQUÊTE TECHNIQUE sur le déraillement d’une rame TGV lors d’une marche d’essai sur la LGV Est-Européenne le 14 novembre 2015 à Eckwersheim, BEA-TT (Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer), mars 2017
  6. Jean-Claude MONS, « Rame TGV 744 Ă©quipĂ©e pour essais LGV Est », sur vuesurlavoie.com, (consultĂ© le ) : « La rame TGV Dasye 744, Ă©quipĂ©e pour effectuer les essais d'homologation de la phase 2 de la LGV Est, et spĂ©cialement dĂ©corĂ©e pour l'occasion, va quitter Paris-Est pour une nouvelle campagne de mesures. ».
  7. « Rapport d'enquête immédiate » sur le déraillement de la rame TGV Dasye 744 effectuant la marche d'essais no 814521 [PDF].
  8. Infographie de la SNCF [image] (consultée le ).
  9. Le train ne roulait qu'à 176 km/h, pas de mineurs tués.
  10. (en) « At least 10 killed as train derails during testing in eastern France », sur www.trust.org, (consultĂ© le ).
  11. (en) Jen Mills, « 'Five dead' after French train derails and smashes into a canal », sur Metro.co.uk, (consulté le ).
  12. (en) « Train derails in France after more extremist Twitter threats », sur Dailystar.co.uk, (consulté le ).
  13. Accident de TGV : des enfants Ă©taient bien Ă  bord.
  14. « Accident de la rame d'essai de TGV : 10 morts, douze blessĂ©s graves, cinq personnes recherchĂ©es, numĂ©ro vert mis en place », sur www.dna.fr, (consultĂ© le ).
  15. « Déraillement à Eckwersheim », sur www.elysee.fr, https://plus.google.com/101228679424639151504 (consulté le ).
  16. « Une rame d'essai TGV dĂ©raille Ă  Eckwersheim : 10 morts, 40 blessĂ©s », sur www.lalsace.fr, (consultĂ© le ).
  17. « Déraillement de TGV en Alsace : Dix morts et douze blessés en urgence absolue… », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  18. « Déraillement d’un TGV près de Strasbourg : l’école du village transformée en hôpital de campagne », sur France Bleu (consulté le ).
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  20. « RETRO 2015 - Un TGV déraille à Eckwersheim, 11 personnes décèdent », sur France Bleu (consulté le )
  21. « Accident de TGV à Strasbourg : le conducteur nie tout excès de vitesse », sur Le Figaro (consulté le ).
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