Îles des Bienheureux
Dans la mythologie grecque, les îles des Bienheureux (en grec ancien μακάρων νῆσοι / makárôn nễsoi), ou îles Fortunées, sont un lieu mythologique situé aux extrêmes limites du monde, que l'on a tenté d'identifier au cours des âges avec des îles de la côte atlantique de l'Afrique.
Le mythe et la philosophie
Dans la mythologie grecque, les îles des Bienheureux sont un lieu des Enfers où les âmes vertueuses goûtaient un repos parfait après leur mort. Elles étaient placées aux confins occidentaux de la Libye (au sens ancien, c'est-à-dire le Nord-Ouest de l'Afrique), donc dans l'Océan Atlantique[1]. Leur fonction et leurs caractéristiques les rendent très semblables aux champs Élysées. Elles ont notamment été décrites par nombre d'auteurs grecs, puis romains.
Hésiode, dans Les Travaux et les Jours (fin du VIIIe siècle av. J.-C.), présente les cinq races successives de l’humanité de la mythologie grecque : or, argent, bronze, race des héros puis fer. Il parle des îles dans la partie consacrée à la race des héros. Dans une note de sa traduction, Anne Bignan souligne que cette idée des îles des Bienheureux renvoie à un passage de l'Odyssée d'Homère (parue vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C.). Ce dernier ne fait aucune référence à ces îles. Par contre, il décrit la plaine élyséenne, située aux confins du monde, qui lui est similaire[alpha 1]. Dans la même note, Bignan explique pourquoi cet auteur a relégué ces îles par-delà l'Océan. Décrivant une chose idéale, il a dû choisir la contrée qui, à cause de son éloignement, se prêtait merveilleusement à tout ce que la mythologie avait de singulier et de mystérieux[alpha 2].
Pindare parle brièvement de ces îles dans ses Olympiques (Ve siècle av. J.-C.), dans une son ode à Théron d'Agrigente, vainqueur à la course de chars[alpha 3].
Parmi les « bienheureux » séjournant dans ces îles mythiques, on retrouve (selon les auteurs) Achille, Alcmène, Cadmos, Harmonie, Diomède, Lycos, Médée, Pélée, Pénélope, Eurydice, Nestor, Rhadamanthe, Télégonos, les tyrannoctones, Anchise…
En philosophie, le mythe des îles des Bienheureux est souvent mentionné par Platon dans la République[2], dans le Banquet[3] et dans le Ménéxène[4] ; le Gorgias en fait le séjour des âmes « ayant vécu saintement dans le commerce de la vérité, âme d'un simple citoyen ou d'un philosophe qui ne s'est pas dispersé dans une agitation stérile »[5]. Mais ce séjour n'est pas seulement un au-delà après la mort ; ce n'est pas seulement la traduction symbolique à travers un mythe de la vie de recherche philosophique des platoniciens dans l’Académie. C'est aussi un moyen d'argumentation qui a servi à démontrer la classification des biens en nécessaires et désirables : les habitants de telles îles, délivrés des besoins terrestres, se consacrent en effet entièrement à la contemplation. Si nous étions dans les îles des Bienheureux, quel besoin aurions-nous de l’art oratoire, puisqu'il n'y a pas là de procédures judiciaires ? Quel besoin aurions-nous des vertus de justice, de courage, de maîtrise de soi, et même de l'intelligence éthique (en latin, prudentia) ?
Seules la connaissance et la contemplation pure seraient encore désirables : c'est ce que montre Cicéron dans son Hortensius, à la suite d'Aristote qui utilise ce mythe dans son Protreptique ; et pour cette vie de pure contemplation, le véritable modèle des îles des bienheureux du Protreptique, « cette terre rêvée d'un autre monde philosophique », c'est la tranquillité du cabinet de travail dans le jardin retiré de l'Académie[6]. Le même Cicéron mentionne aussi brièvement ces îles, sous forme de compliment dans une de ses nombreuses lettres à son ami et confident Atticus, qu'il écrit depuis Tusculum[alpha 4].
Selon une tradition antique rapportée par la Souda et Jean Tzétzès, le nom, au singulier s'applique initialement à l'ancienne acropole de Thèbes, la Cadmée. Plus précisément, makaron nêsos désigne le lieu où Sémélé est frappée par la foudre de Zeus en majesté. Or l'étymologie de l'expression « champs Élysées » est également « lieux sanctifiés par la foudre ».
Dans Au peuple romain, seizième de ses Épodes, le poète latin Horace s'afflige des guerres civiles incessantes qui dévastent Rome. Il invite ses compatriotes à partir pour les îles Fortunées. Il les décrit comme exempt de soucis. Il précise que quand Jupiter, lorsqu'il altéra l'âge d'or en âge de bronze, a réservé ces rivages pour une race pieuse[7].
L'assyriologue allemand Alfred Jeremias, dans son Hölle und Paradies bei den Babyloniern (L'Enfer et le Paradis chez les Babyloniens), publié en 1900, raconte la quête du héros sumérien Gilgamesh pour la vie éternelle. Celui-ci arrive jusqu'à l'île où vit l'immortel Uta-Napishtim, survivant du Déluge. Jeremias la qualifie d'île des Bienheureux[alpha 5].
Identification géographique
La plupart des sources localisant les îles les situent dans l'océan Atlantique, bien que certaines proposent d'autres localisations :
L'historien et géographe grec Hérodote, dans ses Histoires Ve siècle av. J.-C., parle d'un pays situé à sept journées de Thèbes d'Égypte, qui s'appelle en grec les îles des Bienheureux[alpha 6]. Dans une note de sa traduction des Travaux et les Jours d'Hésiode, Anne Bignan commente ce passage[alpha 7].
Dans sa Bibliothèque historique (Ier siècle av. J.-C.), l'historien grec Diodore de Sicile raconte le peuplement de l'île de Lesbos, en Grèce. Quelque temps après le déluge de Deucalion, Macarée de Lesbos (en), fils de Crinacus (en) roi d'Olénos et fils de Jupiter, y aborda. Il y installa sa colonie et s'y développa grâce à la fertilité du sol. Progressivement, lui et les siens colonisèrent également d'autres îles de la mer Égée : Chios, Samos, Kos et Rhodes. Le déluge qui survint vers cette époque provoqua dans le continent situé en face de ces îles de grandes catastrophes : famine et peste. En revanche, ces îles étant bien exposées aux vents, au climat doux, offraient à leurs habitants un air salubre. Elles étaient fertiles, riches en fruits et prospères, ce qui les fit appeler les îles Fortunées. Dans une note de sa traduction, Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer signale : « Îles Macarées (μακάριαι, fortunées). Il y a ici un jeu de mots impossible à rendre. Macarée avait, comme nous venons de le voir, colonisé la plupart de ces îles »[8].
Le géographe grec Strabon évoque brièvement les îles dans le premier livre de sa Géographie, rédigée entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., consacré aux Considérations générales. Il les situe à l'extrémité occidentale de la Maurusie, à la rencontre de laquelle semble s'avancer en quelque sorte l'extrémité correspondante de l'Ibérie. Selon lui, leur réputation de "Fortunées" n'a pu tenir qu'à leur proximité d'une contrée aussi réellement fortunée que l'était l'Ibérie[9].
Pline l'Ancien évoque ces îles dans les livres IV et VI son Histoire naturelle, publiée vers 77. Il les situe près de l'Espagne[alpha 8], allant jusqu'à donner les distances exactes[alpha 9].
Entre 100 et 120, le penseur grec Plutarque composa Vies parallèles, recueil de biographies de figures illustres grecques et romaines. Dans la Vie qu'il consacre au magistrat romain Quintus Sertorius, il raconte la guerre qu'il mena en Hispanie. Celui-ci s'allia avec des pirates ciliciens, avec qui il se rendit, après avoir subi une longue tempête en mer, près de l'embouchure du Bætis (Guadalquivir, fleuve espagnol). Là, il rencontra des marins récemment revenus des îles Atlantiques, appelée îles des Bienheureux, qui les lui décrivirent[alpha 10]. Dans des notes de bas de page d'une édition de l'ouvrage de 2001, ainsi que dans un article de 2000, Jean-Marie Pailler commente ce passage. Selon lui, la scène se passe probablement en 81 av. J.-C.. Concernant les distances, il dit que 10 000 stades font environ 1 800 km. Cette distance est sans doute aussi fictive que l'évocation du « chenal » séparant les deux îles. Ces incertitudes compliquent l'identification des éléments réels recueillis par des explorateurs, sur lequel a pu se bâtir le mythe. S'agit-il des îles Canaries ? de celles du Cap-Vert ? de Madère ? En tous cas, la description du climat dans le texte, précise, correspond assez exactement au cas des Canaries. La description de ce « paradis terrestre » fournie par l'auteur va bien au-delà de la rapide évocation homérique. Ici, le plus notable est l'attribution de cette « croyance » grecque aux Barbares eux-mêmes. Ces récits des îles sont à mettre au compte des marins. En les écoutant, Sertorius, nouvel Ulysse — rappelons que les Sirènes de l'Odyssée enjôlent par leurs récits plutôt que par leurs chants — se laisse un instant emporter par le rêve. Mais l'attitude des pirates, exclusivement intéressés par les rapines, le ramène aux exigences du réel immédiat[10] - [11].
L'astronome et géographe grec Ptolémée, dans sa Géographie rédigée vers l'an 150, considère que ces îles sont à la limite ouest du monde habité. Il y fait passer le méridien zéro, point de départ de ses mesures de longitude, à l'instar de Greenwich aujourd'hui. Se basant notamment sur les travaux de son prédécesseur Marinos de Tyr, il détermine la distance de ce méridien avec d'autres lieux de la terre, permettant de déterminer leur longitude. Par exemple, dans le premier tome de son ouvrage, il le situe à un peu plus de 5 degrés à l'ouest des bouches du Bætis. Ces îles, telles qu'elles sont mentionnées par Ptolémée, sont classiquement identifiées aux îles Canaries. Par la suite, le méridien de Ferro, passant par la partie occidentale d'El Hierro, île la plus à l'ouest de cet archipel, a été utilisé comme méridien d'origine en Europe, avant d'être remplacé par celui de Greenwich[12].
Des chercheurs récents penchent plutôt pour les îles du Cap-Vert.
Selon le biographe romain Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, (composée au début du IIIe siècle apr. J.-C.) : « Les îles des Bienheureux sont à l'extrémité de la Libye, non loin d'un promontoire inhabité »[1].
Au XIIIe siècle, Bar-Hebraeus, dans son traité sur « la forme du ciel et de la terre », indique — après s'être référé à Ptolémée — que « les îles fortunées sont au nombre de sept grandes, situées en latitude depuis l'équateur jusqu'au troisième climat. On raconte que leurs habitants étaient plongés dans l'idolâtrie, quand un saint vint près d'eux et leur annonça la parole de l'Évangile ; ils crurent et furent baptisés. D'autres disent que ce sont les fils de Réchab dont il est question dans le prophète Jérémie et qu'ils suivent la loi de Moïse »[13].
Une tradition, dont Jacques d'Édesse se fait l'écho, raconte comment un certain moine Zozime, désireux de savoir ce qu'étaient devenus les descendants de Réchab, se trouva conduit jusqu'à leur île. Il y demeura en leur compagnie durant sept jours découvrant un peuple pieux, vivant nu et dans une grande innocence, recevant sa nourriture sans effort de certains arbres, et n'ayant plus eu de contact avec le « monde de vanité » depuis leur arrivée sur l'île. Toutefois, étant régulièrement visités par des anges, ils sont devenus chrétiens[14].
En 1651, le cartographe français Nicolas Sanson publie une carte nommée "Africa Vetus"[alpha 11]. Elle représente l'Afrique, avec la localisation de toponymes antiques : Agisymba (en), les Monts de la Lune... et les Îles Fortunées, à l'ouest du continent. Cette même année, le géographe avait publié une carte de l'Afrique à son époque, avec les mêmes îles, désignées cette fois comme étant les Canaries et Madère. Similairement, sur la première carte, les îles Gorgades (en) et Hespérides (mythiques) se trouvent à l'emplacement de celles du Cap-Vert sur la seconde.
L'expression « makárôn nễsoi » est à l'origine du mot « Macaronésie ». Il désigne un ensemble d'îles, à l'ouest de l'Afrique et de l'Europe, dans l'océan Atlantique, composé des archipels des Açores et de Madère, des îles Canaries, des îles du Cap-Vert.
Comparaisons avec d'autres lieux légendaires
Le poète écossais James Macpherson, dans son An introduction to the history of Great Britain and Ireland (1771), affirme que les Britons eux-mêmes ont leur Île Fortunée, située très loin à l'ouest de leur propre pays. Il s'agit de Flath-Innis (de)[alpha 12], entourée de tempêtes, nom qu'il traduit en anglais par Noble Island. L'auteur narre ensuite un conte transmis par des bardes écossais qui s'y déroule[15].
Le mythographe anglais Sabine Baring-Gould consacre aux Îles Fortunées un chapitre de son Curious Myths of the Middle Ages (1866-1868). Il compare ces îles à d'autres îles légendaires des cultures européennes, relevant une tradition d'un lointain paradis occidental. Il cite entre autres l'Atlantide, Méropide, le jardin des Hespérides, Ogygie, Avalon, l'île des Sept Cités, Brittia (en), Flath-Innis, Hvitramannaland, Thierna na oge, etc[16].
L'entrée consacré aux « Isles of the Blest » de l'édition de 1911 de l'Encyclopædia Britannica les compare aux îles des Phéaciens décrites dans l'Odyssée d'Homère[17] (parue vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C.), Avalon et l'île de Saint Brendan. Il s'agit de terres d'été perpétuel et d'abondance de toutes les bonnes choses. Elle conclut qu'une tradition très ancienne suggère que l'idée d'un tel paradis terrestre était une réminiscence d'un voyage non enregistré à Madère et aux Canaries[18].
Dans la fiction
Lucien de Samosate décrit son séjour fictif aux îles des Bienheureux dans son récit de voyage imaginaire Histoires vraies, rédigé au IIe siècle[19].
Orby Shipley (en), dans son poème “The Last Voyage” (figurant dans Lyra Messianica publié en 1864), évoque les îles des Bienheureux dans un vers[alpha 13].
Notes et références
Notes
- Homère, Odyssée, livre IV (lire en ligne) : " Protée me répondit par ces paroles : « [...] Quant à toi, ô Ménélas, roi chéri de Jupiter, ta destinée n'est point de périr dans Argos où paissent les coursiers, ni de trouver la mort en ces lieux : les immortels te transporteront dans les Champs-Elyséens situés vers les confins de ta terre, et où siège le blond Rhadamanthe. Là, des jours heureux sont accordés aux humains ; là, tu n'auras jamais ni neige, ni pluie, ni longs hivers ; mais l'Océan t'enverra le souffle du zéphyr au doux murmure, du zéphyr qui apporte aux hommes une délicieuse fraîcheur ; puisque tu es l'époux d'Hélène, la fille du puissant Jupiter. » "
- Les Travaux et les Jours, vers 168 à 173 (lire en ligne) "Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouille dans son sein, Jupiter, fils de Saturne, créa sur cette terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse, la céleste race de ces Héros que l'âge précédent nomma les demi-dieux dans l’immense univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les uns lorsque, devant Thèbes aux sept portes), sur la terre de Cadmus, ils se disputèrent les troupeaux d'Œdipe) ; les autres lorsque, franchissant sur leurs navires la vaste étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort les enveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Saturne, leur donnant une nourriture et une demeure différentes de celles des autres hommes, les plaça aux confins de la terre. Ces Héros fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des bienheureux par delà l'océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre féconde leur prodigue des fruits brillants et délicieux."
- Pindare, Olympiques, II, v. 56-83., antistrophe 4 : "Mais ceux qui, trois fois, ont pu habiter l'un et l'autre monde en préservant leur âme de toute iniquité, suivent la route de Jupiter près de la tour de Saturne ; là les brises de l'Océan viennent caresser les îles des bienheureux. Là brillent des fleurs d'or, filles de la terre, nées sur des arbres charmants ; l'onde en nourrit d'autres; elles s'entrelacent en guirlandes, en couronnes autour de leurs bras." Selon les notes de la traduction de Faustin Colin (lire en ligne), ces deux mondes sont la terre et l'Orcus, la route est celle de l’Élysée, où les justes conversent avec Jupiter, tandis que la tour de Saturne se situe dans une des îles fortunées.
- Cicéron, Lettres à Atticus (lire en ligne) : "Je crois qu'après vous il n'y a pas d’homme moins complimenteur que moi ; ou s’il nous arrive de l'être à l'un ou a l'autre, ce n'est pas ent re nous du moins. Je vais donc vous parler en toute sincérité. Que je meure, si ce Tusculum, où d'ailleurs je me plais tant, si les îles Fortunées elles-mêmes pourraient m'offrir de quoi me passer de vous des journées entières."
- Alfred Jeremias, The Babylonian Conception of Heaven and Hell, chapitre The Journey of Gilgamesh to the Island of the Blessed (lire en ligne).
- Hérodote, Histoires, livre III, chapitre XXVI. (lire en ligne) : "Les troupes qu'on avait envoyées contre les Ammoniens partirent de Thèbes avec des guides, et il est certain qu'elles allèrent jusqu'à Oasis. Cette ville est habitée par des Samiens qu'on dit être de la tribu aeschrionienne. Elle est à sept journées de Thèbes, et l'on ne peut y aller que par un chemin sablonneux. Ce pays s'appelle en grec les îles des Bienheureux. On dit que l'armée des Perses alla jusque-là ; mais personne ne sait ce qu'elle devint ensuite, si ce n'est les Ammoniens et ceux qu'ils en ont instruits. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle n'alla pas jusqu'au pays des Ammoniens, et qu'elle ne revint point en Égypte. Les Ammoniens racontent que cette armée étant partie d'Oasis, et ayant fait, par le milieu des sables, à peu près la moitié du chemin qui est entre eux et cette ville, il s'éleva, pendant qu'elle prenait son repas, un vent de sud impétueux, qui l'ensevelit sous des montagnes de sable, et la fit entièrement disparaître. Ainsi périt cette armée, au rapport des Ammoniens."
- "Hérodote qui, plus voisin du siècle d'Hésiode que ces auteurs, aurait dit se conformer davantage à sa tradition est cependant celui qui s'en écarte le plus ; il raconte que le territoire de la ville d'Oasis, distante de Thèbes de sept journées de marche, portait un nom qui signifiait l'île des Bienheureux. Après tout, dans un temps où tout ce qu'on rapportait sur l'Afrique occidentale était vague et confus, la renommée avait bien pu placer cette île dans une de ces oasis du désert qui sont réellement des îles de verdure jetées an milieu d'une mer de sables." (lire en ligne)
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle (lire en ligne), Livre IV, XXXVI. 1 : "En face de la Celtibérie sont plusieurs îles appelées Cassitérides par les Grecs à cause des mines de plomb qu'elles renferment; et, en face du promontoire des Arrotrèbes, six îles des Dieux, que quelques-uns ont appelées Fortunées."
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle (lire en ligne), Livre VI, XXXVII. "Des auteurs rapportent qu'au-delà sont les îles Fortunées et quelques autres. Le même Sebosus (en) est allé jusqu'à en donner le nombre et les distances, disant que Junonia est à 750.000 pas de Cadix ; que Pluvialia et Capraria sont à cette même distance de Junonia, vers l'occident ; que dans Pluvialia il n'y a pas d'autre eau que l'eau de pluie ; qu'à 250.000 pas sont les îles Fortunées, à la gauche de la Mauritanie, sur la ligne de trois heures de l'après-midi (sud-ouest) ; qu'une île est appelée Convallis à cause de ses concavités, et une autre Planaria à cause de son apparence; que le tour de Convallis est de 350.000 pas, et que les arbres s'y élèvent à la hauteur de 114 pieds."
- "Il y rencontra des mariniers qui arrivaient tout récemment des îles Atlantiques. Ce sont deux îles séparées l'une de l'autre par un espace de mer fort étroit, et éloignées de l'Afrique de dix mille stades . On les appelle les îles Fortunées. Les pluies y sont rares douces ; il n'y souffle ordinairement que des vents agréables, qui, apportant des rosées bienfaisantes, engraissent la terre, et la rendent propre non-seulement à produire tout ce qu'on vent semer ou planter, mais aussi à donner spontanément des fruits en assez grande suffisance pour nourrir, dans l'abondance et le bonheur, un peuple qui passe sa vie à ne rien faire, exempt de peine et de souci. Le climat de ces îles est pur et sain, grâce à la température des saisons, qui ne sont point sujettes à des variations trop brusques : les vents du nord et de l'est, qui soufflent de notre continent, affaiblis par leur course immense, se dissipent dans une vaste étendue, et ont perdu toute leur force avant d'arriver à ces îles. Les vents de mer, tels que ceux du couchant et du midi, y apportent quelquefois de petites pluies menues ; mais le plus souvent ils n'y versent que des vapeurs rafraîchissantes, qui fécondent insensiblement la terre. De là cette ferme créance, qui a pénétré jusque chez les barbares mêmes, que ces îles renferment les champs Élysées, et le séjour des âmes heureuses célébré par Homère. Sertorius, à ce récit, conçut un merveilleux désir d'aller habiter ces îles, et d'y vivre en repos, affranchi de la tyrannie et de toutes guerres. Mais les Ciliciens, qui ne se souciaient ni de paix ni de repos, mais de richesses et de butin, l'abandonnèrent dès qu'ils eurent pénétré son projet, et ils cinglèrent vers l'Afrique, pour rétablir Ascalis, fils d'Iphtha, sur le trône des Maurusiens. Sertorius ne se découragea point de leur désertion: il prit sur-le-champ le parti d'aller au secours des ennemis d'Ascalis" Plutarque, Vie de Sertorius, dans Vies parallèles (ou Vies des hommes illustres), VIII. et XI. (8 et 9) (lire en ligne).
- "Africa Vetus", signifiant Afrique antique, d'autrefois, est un nom partagé par d'autres de ses cartes, publiées en d'autres années.
- Du vieil irlandais "flath" : "prince" ou "noble" et du gaélique écossais "innis" : "îlot" (parmi nombre d'autres significations).
- Orby Shipley (en), “The Last Voyage” Lyra Messianica (lire un extrait en ligne) : "On! on! through the storm and the billow, By life’s chequer’d troubles opprest, The rude deck my home and my pillow, I sail to the land of the Blest. The tempests of darkness confound me, Above me the deep waters roll, But the arms of sweet Pity surround me, And bear up my foundering soul."
Références
- Philostrate, Vie d'Apollonios de Tyane, livre V, 3 : lire en ligne.
- Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne], Livre VII, 519 c et 540 b.
- Platon, Le Banquet [détail des éditions] [lire en ligne], 179 e - 180 b.
- Ménéxène, 235 c.
- Gorgias (Platon), 523 b, 524 a et 526 c.
- Jamblique, Protreptique, fragment 58 ; Werner Jaeger, Aristote, éd. L’Éclat, 1997, p. 74-75 et 97.
- "Tentons d'atteindre ces terres bienheureuses, les îles Fortunées [...]" Horace, Épodes, numéro XVI : Au peuple romain (lire en ligne)
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Livre V, LXXXI et LXXXII : Lire en ligne
- Strabon, Géographie, Livre I, 1 : Lire en ligne
- Plutarque, Vies parallèles, traduction d'Anne-Marie Ozanam, sous la direction de François Hartog, Gallimard, coll. « Quarto », Paris, 2001
- Jean-Marie Pailler, « Fabuleux Sertorius », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 26, no 2, , p. 45-61 (lire en ligne)
- « El Hierro, La isla con alma », sur holaislascanarias.com
- Bar-Hebraeus, Traité de l'ascension de l'esprit sur la forme du ciel et de la terre, traduction française de François Nau, p. 121.
- Jacques d'Édesse, Les fils de Jonadab fils de Réchab et les îles Fortunées, traduction française de François Nau, 1899.
- James Macpherson, An introduction to the history of Great Britain and Ireland, (lire en ligne)
- Sabine Baring-Gould, Curious Myths of the Middle Ages (lire en ligne)
- Homère, Odyssée, Chant VIII : Lire en ligne
- Encyclopædia Britannica (lire en ligne)
- Lucien de Samosate, Histoires vraies (lire en ligne), Livre II, passages 4 à 28.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Gregory Nagy, Le Meilleur des Achéens : La Fabrique du héros dans la poésie grecque archaïque, Seuil, coll. « Des Travaux », (ISBN 2-02-012823-3).
- Gilles Szynalski, La Situation spatio-temporelle de l'île des Bienheureux (mémoire de licence en Grec), Université de Genève, Département des sciences de l'Antiquité, .
Liens externes
- Traité de l'ascension de l'esprit sur la forme du ciel et de la terre, par Bar Hebraeus texte syriaque et traduction française par François Nau, 1899-1900