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Urbanisme en France

L'urbanisme en France regroupe la pratique et la conceptualisation de l'urbanisme en France. Celui-ci se distingue dans un premier temps par l'établissement des règles s'imposant de façon régalienne au droit de propriété privée avant de constituer un droit de l'urbanisme spécifique. Mais les règles de construction et d'usage du sol ne se limitent à ce seul droit et doivent prendre en compte également les différents droits connexes comme celui de la domanialité, de l'environnement, des collectivités territoriales, du patrimoine… Mais l'urbanisme dépasse largement son cadre juridique. Il se fonde également sur un diagnostic des forces et des faiblesses d'un territoire, un inventaire des atouts, des moyens et les contraintes. Il se distingue également par son contexte multi-scalaire : pays, intercommunalité, aire urbaine, département, région, État, etc.

L'urbanisme relève de la mise en place et la gestion dans l'espace et dans le temps des hommes et de leurs activitĂ©s en fonction d'un projet prĂ©alablement dĂ©terminĂ©. Il n'existe donc pas d'urbanisme naturel ou organique. En dehors de cette volontĂ© qui progressivement va se doter d'outils lĂ©gislatifs et règlementaires, le dĂ©veloppement urbain se fait en utilisant au mieux les contextes, les besoins et les ressources locaux en tenant compte notamment du relief, du climat, des voies de communication, de la sĂ©curitĂ© des habitants… L'urbanisme peut ĂŞtre accompagnĂ© d'une rĂ©flexion plus large et porter un projet politique explicite et/ou utopique. Au XIXe siècle, les projets en lien avec des courants de pensĂ©e ou philosophiques furent rĂ©alisĂ©s comme Welvyn et Letchworth par Ebenezer Howard, les citĂ©s-jardins, le Familistère de Guise par Jean Baptiste Godin sur la base des propositions de Charles Fourier, les salines d'Arcs et Senans avec Claude Nicolas Ledoux. Dans les annĂ©es 1980, bon nombre d'Ă©quipes aux Ă©lections locales publièrent des « projets pour la citĂ© Â» par exemple. Les « projets urbains Â» du dĂ©but du XXIe siècle sont censĂ©s offrir une perspective similaire.

Histoire sommaire de l'urbanisme en France

Il n'est pas question ici de faire une histoire détaillée de l'histoire des villes et de leur développement. On peut notamment se reporter notamment aux ouvrages de Georges Duby (Histoire de la France Urbaine- Seuil) et de Michel Ragon (Histoire mondiale de l'architecture et de l'urbanisme modernes, Casterman). Ce résumé sommaire montre les caractéristiques de l'urbanisme en France avec les grandes tendances au regard du contexte historique et socio-économique. Il faut aussi constater que l'histoire urbaine de la plupart des grandes villes restent à écrire au-delà des autres approches historiques, évènementielles, sociales et sociologiques, politiques, économiques… L'histoire urbaine des villes permet de comprendre la traduction spatiale de l'ensemble de ces approches.

L'origine romaine

Faire un historique de l'urbanisme en France invite à examiner d'abord l'histoire des villes même s'il n'existe à ce jour que peu d'histoire systématique de l'évolution des villes comme pour Reims. Il apparaît alors qu'un certain nombre de villes françaises[1] sont liées à leur origine à la conquête de la Gaule par les armées de Jules César. Il s'agit de rallier à la culture romaine les populations conquises. Les Romains importent avec eux pour l'organisation de leurs camps comme des villes un modèle déjà largement « conceptualisé » et l'on peut parler déjà d'urbanisme, même si le terme n'apparaîtra qu'au XIXe siècle. La ville romaine se caractérise au-delà des rites de fondation et de dédicace, par le tracé d'un périmètre. La ville est d'abord une limite entre le monde civilisé et les barbares, la ville est même le symbole de la civilisation (de civis : en latin, la ville)[2]. L'espace ainsi délimité s'ordonne à partir de deux axes orientés le plus souvent Nord-Sud et Est-Ouest pour des raisons symboliques, le decumanus et le cardo majores. L'ensemble des voies vont former un carroyage plus ou moins régulier ordonnancé sur ces deux axes majeurs. Au centre nous allons trouver deux espaces autant fonctionnels que symboliques : le forum d'une part, lieu « civique » par excellence, avec sa place publique, ses temples, son Sénat… et le marché bordé le plus souvent de boutiques et de greniers[3]. Les deux axes majeurs sont prolongés par des portes ou arcs de triomphe au-delà desquels partent de façon rectiligne des voies vers les autres villes. Au-delà de ces portes se trouvent généralement les cimetières, car il convient de traverser le champ des morts avant d'entrer ou de sortir de la ville. Hors du périmètre urbain se trouvent souvent des quartiers d'artisans qui n'ont pas trouvé leur place en ville souvent à cause du caractère de leurs activités (polluantes, bruyantes ou taxées d'un tabou). La ville est dotée d'équipements dont parfois la fouille ou simplement la toponymie rappelle les thermes, le stade, l'amphithéâtre, les arènes… De nombreuses villes en France comme en Europe ont gardé jusqu'à nous jours la trace de cette ville romaine primitive comme à Reims par exemple avec la trace du cardo et decumanus majores avec ses deux portes, la porte Mars (entièrement conservée) et la porte Basée.

Parfois, le site lui-même contraint à l'abandon du plan régulier comme à Angers. Cette trame urbaine de fond reste souvent encore lisible deux millénaires après comme Toulouse.

Le Moyen Ă‚ge

Les périodes de bas Empire et du Moyen Âge marquent le repli des villes dans des enceintes fortifiées et sur un périmètre qui témoigne de leur récession[4]. C'est après l'An Mil que, bénéficiant d'une relative sécurité, les villes se développent pour faire face à l'essor économique et démographique[5]. La création d'établissements nouveaux relève de la volonté du pouvoir local, seigneurial ou religieux (abbaye ou évêché) qui possède la terre et les droits sur ceux qui y habitent. Ces établissements prennent deux formes. Soit ils viennent conforter le pouvoir laïc et sont développés autour du château ou de la maison forte du seigneur des lieux : mottes castrales en pays d'Oïl et castelnaux en pays d'Oc, soit ils se situent à proximité d'une abbaye afin de bénéficier de la protection de la "paix de dieu" en contrepartie d'un travail pour l'abbaye (défrichage, cultures…). Ce sont notamment en Occitanie, les sauvetés.

Seul un urbanisme qui n'est d'ailleurs en rien emprunté au « modèle romain », va marquer de façon forte cette période : c'est celui des bastides dans le Sud-Ouest de la France. Ce modèle témoigne du lien entre un projet politique spécifique et original et un urbanisme volontaire dupliqué à plus de 300 exemplaires[6]. Quelques villes nouvelles sont cependant construites sur le modèle dit gallo-romain comme Aigues Mortes en 1240 par Louis IX (Saint Louis). dans ce cas là il s'agissait d'avoir un nouveau port pour les Croisades.

Il faut noter que c'est à cette époque qu'apparaît le mouvement des révoltes communales des bourgeois contre leurs seigneurs laïcs et religieux qui les accablent de charges et d'impôts. Cela va conduire à l'attribution de chartes ou franchises communales aux villes qui vont pouvoir se gérer elles-mêmes, lever leurs propres impôts, avec leurs propres gens d'armes, exercer le droit de basse justice, etc. Ces révoltes sont parfois violente comme à Laon avec l'assassinat de l'évêque Baudry.

La Renaissance

À la Renaissance, c'est à nouveau un urbanisme s'inspirant de l'urbanisme romain qui va servir de base aux villes nouvelles. De nombreux modèles idéaux apparaissent avec notamment avec Francesco di Giorgio Martini, Piedro Cataneo ou Francesco de Marchi.

C'est par exemple le cas de Vitry-le-François dans la Marne. Le centre-ville correspond Ă  l'ancienne ville forteresse dessinĂ©e en 1545 par Girolamo Marini selon un plan orthogonal. La ville se dĂ©finissait alors comme un carrĂ© de 612 mètres de cĂ´tĂ©, dĂ©coupĂ© en ilots carrĂ©s ou rectangulaires. Au centre, se trouvait une place carrĂ©e de 117 mètres de cĂ´tĂ©, la place d'Armes. LĂ  se rejoignaient les deux artères principales, larges de 13,40 m, qui dĂ©composaient la ville en quatre quartiers, eux-mĂŞmes divisĂ©s en quatre par des rues dites « foraines » de 7,80 m, puis subdivisĂ©s en ilots par des voies plus Ă©troites de 6,25 m de large. Toutes ces rues ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es de manière rectiligne, exception faite de la « sinueuse » 22 rue des Tanneurs. Un peu plus tard, la ville de Richelieu sera construite sur le mĂŞme modèle.

Les villes fortifiées aux marches du Royaume

Les premières interventions un peu systématiques d'un pouvoir régalien apparaissent avec les entreprises de fortification de Vauban[7] (1633-1707), sans doute le premier « urbaniste » en France[8]. Il va fortifier des villes existantes aux marches du royaume ce qui aura pour conséquence de modifier substantiellement la ville existante. Il va aussi créer des villes nouvelles créées ex nihilo comme Neuf-Brisach, Huningue, Longwy, Salzbourg ou en fortifier d'autres comme La Rochelle… Dans ce cas, c'est souvent le modèle dit gallo-romain qui est emprunté.

L'embellissement des villes à partir du XVIIe siècle

C'est aussi du XVIIe siècle, avec Louis XIV, qu'apparaissent aussi les premiers plans d'embellissement des villes avec notamment la création de places royales qui taillent dans le tissu existant des espaces à la célébration de la grandeur du roi, Louis XIV et Louis XV et Louis XVI principalement[9]. On peut citer à titre d'exemple le plan Legendre à Reims avec la place royale et des promenades hors des remparts, la création de la place des Vosges à Paris[10], la place de Ducale à Charleville-Mézières, les places royales à Rennes, Nancy, Nantes, Caen, Pau…

Ville de Richelieu (Indre et Loire) - 1657

L'un des rares exemples de ville construite ex nihilo à cette époque en dehors des places liées à la défense du territoire fut la ville de Richelieu en Indre-et-Loire. Le cardinal de Richelieu fit réaliser cette ville entre 1631 et 1642. Elle constitue un témoignage remarquable de l’urbanisme du XVIIe siècle. « Cité idéale » dessinée par le célèbre architecte Jacques Lemercier, elle est basée sur un plan en damier sur le modèle des villes romaines ou des bastides médiévales.

Il faut aussi noter les travaux d'aménagement de Paris sous l'impulsion du Préfet de police de l'époque, le Baron Haussmann autant pour des raisons esthétiques que pour des soucis de maintien de l'ordre après les insurrections de 1830 et 1848. Il fut assisté pour ces aménagements par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Adolphe Alphand.

La RĂ©volution industrielle

C'est avec la Révolution industrielle du XIXe siècle que va se poser le problème de l'organisation des villes. Il faut faire face à l'immigration d'une main d'œuvre d'origine rurale dont les fabriques et les usines ont besoin, et aussi prendre en compte les infrastructures de transports intérieurs qui se développent avec la technologie : canaux, chemins de fer, voitures, et bientôt aéroplanes et avions.

L'absence de conditions d'hygiène satisfaisantes entraîne des épidémies de toutes sortes. C'est sous la pression des hygiénistes que les premières mesures régaliennes apparaissent pour lutter contre les lotissements défectueux. De plus, ces mauvaises conditions de vie alliées à de mauvaises conditions de travail[11] provoquent mécontentements et révoltes faisant de plus en plus d'adhérents aux théories révolutionnaires. Le baron Haussmann va alors imaginer le percement de nouvelles avenues dans Paris qui permettent autant d'assainir les quartiers ouvriers trop prompts à la révolte que la circulation des forces de l'ordre alors à cheval. C'est là que naissent les premiers plans d'alignement et d'assainissement. La planification est alors aisée sur la base de nouveaux cadastres que Napoléon a fait réaliser.

Avec Eugène Viollet-le-Duc va apparaître la protection des monuments historiques.

C'est avec la réglementation des lotissements qu'apparaissent alors la planification urbaine et le droit de l'urbanisme, avec des règles applicables à l'ensemble du territoire national. Cependant, ces plans n'ont d'efficacité que s'ils permettent d'acquérir les terrains nécessaires en portant atteinte au droit de propriété privée, droit fondamental inscrit dans l'article 17 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Aussi, l'outil principal de tout plan d'urbanisme et donc de toute planification urbaine va être le droit d'expropriation fondé en France sur la notion d'utilité publique et d'intérêt général qui prévaut sur la notion d'intérêt privé, fût-ce une somme d'intérêts privés.

Les villes nouvelles de 1965

Après la seconde guerre mondiale et après l'immédiate reconstruction se met en place sur l'impulsion de la DATAR une politique d'aménagement du territoire. Il s'agit d'enrayer un phénomène qui a été décrit sous la paradoxe de "Paris et le désert français". Cet aménagement s'appuie sur trois axes :

Le développement de ces villes est handicapé par leur manque d'assise historique : elles n'existent au départ que grâce à des arrangements interministériels et font partie d'une « ville générique »[12], comme dans le restant de l'Europe. Les urbanistes essaient de résoudre ce problème par l'organisation d'événements culturels, censés apporter personnalité, imaginaire et même dimension historique à la ville. Il existe deux modes d'action pour élaborer cet événement. Soit il est préparé de façon concertée entre les partenaires, chacun participant au projet urbain, pour fédérer les habitants ; soit il est préparé, avec des interlocuteurs, de façon à troubler, artificiellement, une normalité, voulant lui donner ainsi une force historique[13].

La réhabilitation des quartiers anciens

Au début de la deuxième moitié du XXe siècle la situation de l'habitat en centre ville s'est dégradée. La population est relocalisée en périphérie soit dans des lotissements soit dans des grands ensembles HLM dans la ZUP. Ceci induit alors dans un premier temps une politique dite de rénovation qui a pour objet la destruction de quartiers entiers dans les centres villes anciens, sans tenir compte du patrimoine historique par manque de finance, — pouvant induire des opérations de requalification (hautement spéculatives) —, lorsqu'il ne s'agit pas de faire la place au réseau routier « irrigant » la ville. Face à cette destruction massive, des réactions s'ensuivent et se mettent en place des procédures de protection notamment avec la loi Malraux et aussi des moyens comme la défiscalisation pour les travaux dans ces secteurs. L'élément opérationnel essentiel fut la création en 1977 de l'Opération programmée d'amélioration de l'habitat permettant la réhabilitation des immeubles vétustes et le financement de leur mise aux normes, un bon nombre font l'objet d'un curetage[14]. Les grands ensembles de la seconde moitié du XXe siècle ont été réhabilités dans la jonction du XXIe siècle en arasant ou détruisant les plus grands immeubles, les autres faisant l'objet d'opération de rénovation urbaine dont le coût pour certains est sensiblement le même qu'une reconstruction à neuf; la population dans tous les cas devant être déplacée.

Les outils juridiques au XIXe siècle

Le plan d'alignement

Le principe est ancien puisqu'il est issu de l'Ă©dit royal de 1607 qui en Ă©tablit les principes[15] La servitude d'alignement est une crĂ©ation du Premier Empire avec la loi du prĂ©voit que, dans toute ville de plus de 2 000 habitants, un plan d'alignement indiquera dans chaque rue la ligne que les façades ne peuvent dĂ©passer. C'est toutefois une procĂ©dure lente qui ne s'applique qu'Ă  mesure des destructions et des reconstructions, et il faut souvent des dizaines d'annĂ©es, voire plus pour qu'un alignement soit complètement rĂ©alisĂ©. Le plan d'alignement est aujourd'hui intĂ©grĂ© directement dans les documents d'urbanisme (PLU) ou indirectement sous forme de plan de servitudes adjoint au dit plan.

L'expropriation pour cause d'utilité publique

La définition : « l'expropriation pour cause d'utilité publique est une opération administrative par laquelle l’État ou les collectivités locales obligent un particulier à lui céder tout ou partie de la propriété d'un immeuble, bâti ou non, dans un but d'utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité »[16]. La mise en œuvre repose sur une procédure permettant aux propriétaires de faire connaître leur avis; c'est l'enquête publique menée par un commissaire enquêteur désigné par l'État. Ce dernier fait ensuite un rapport concluant ou non à l'utilité publique de l'opération envisagée à la suite duquel l'autorité compétente prend une déclaration d'utilité publique. Ce principe est reconnu dans la déclaration de 1789 sous la notion de « nécessité publique ». C'est la loi du qui fixe le premier régime juridique de l'expropriation. Elle sera rendue plus efficace par les lois du et surtout du . Ce droit va évoluer encore avec le décret-loi du . Il est entièrement refondu avec l'ordonnance du .

Les outils juridiques au XXe siècle

Parmi les "outils" législatifs et règlementaires, convient de prendre en compte non seulement le droit de l'urbanisme mais aussi celui relatif à la protection et la mise en valeur du patrimoine pour une très large part urbain, le code de la construction et de l'habitat, le droit de l'environnement qui avec la loi ALUR renforce son champ "urbain", celui des transports et de la circulation avec notamment ses impératifs techniques, celui relatif aux enquêtes publiques et le développement de l'information voire de la participation des citoyens.

On ne peut limiter l'urbanisme aux droits et règlementations y afférents. Avec ces outils, il convient aussi de prendre en compte les politiques régionales, nationales voire européennes souvent assorties de moyens financiers plus ou moins importants qu'il s'agisse notamment de la "politique de la ville", des orientations en matière d'aménagement du territoire ou de transports et déplacements, en matière économique et institutionnelle, en matière de réalisation des grands équipements… L'urbanisme et notamment dans sa phase dite opérationnelle est à la confluence de nombreux intérêts politiques, économiques, sociaux et fait intervenir un système complexe d'acteurs : élus, citoyens, aménageurs publics et privés, promoteurs, constructeurs…

La forme urbaine et la planification urbaines favorisent certains modes de transports. Le relief, le climat et la planification et jouent un rôle modérateur ou aggravant selon les cas de l'étalement urbain, lequel favorise un usage plus intense de l'automobile, avec en effet connexe une éventuelle aggravation de la pollution automobile

Planification et droit des sols

C'est avec les lois Cornudet des et [17], à l'élaboration desquelles les membres du Musée social ont pris une part importante[18], que naît l'urbanisme contemporain avec en sus l'obligation de faire face à la reconstruction des villes détruites par la Première Guerre mondiale dans le Nord et l'Est de la France. Ces lois établissent deux séries de prescriptions :

  • l'Ă©tablissement d'un droit des sols attachĂ© Ă  la parcelle cadastrale, afin de garantir aux acquĂ©reurs de lots que leurs terrains seraient convenablement viabilisĂ©s (adduction d'eau, rĂ©alisation des rĂ©seaux d'Ă©gouts, alimentation Ă©lectrique, crĂ©ation de chaussĂ©es pavĂ©es ou revĂŞtues);
  • l'Ă©tablissement de plans d'amĂ©nagement, d'embellissement et d'extension, ancĂŞtres des documents d'urbanisme, c'est-Ă -dire des dossiers concernant l'amĂ©nagement global des communes qui en Ă©taient pourvues;
  • la mise en place progressive d'un droit des sols dĂ©finissant les règles d'usages et de construction pour chaque parcelle cadastrale.

Il faut donc dans la période contemporaine distinguer trois phases dans l'urbanisme en France :

Pour être précis, le terme d'urbanisme recouvre au moins cinq notions souvent confondues :

  • la stratĂ©gie de dĂ©veloppement des territoires notamment au travers des SDAU puis des SCOT Ă  l'Ă©chelle d'un pays autour d'une ville ou d'une agglomĂ©ration : c'est la planification dite « stratĂ©gique »
  • la programmation dite « politique » avec le PADD introduit dans les Plans locaux d'urbanisme (PLU) et avec les projets urbains
  • le droit des sols, avec les POS et les PLU notamment, mais aussi les PSMV ; c'est la planification dite règlementaire : droit de l'urbanisme voire droit des sols
  • la programmation d'une opĂ©ration d'amĂ©nagement comme des rĂ©habilitations, des OPAH, des ZAC, des zones d'activitĂ©s ou d'Ă©quipements
  • la programmation urbaine[19] qui, Ă  partir d'une analyse d'un quartier ou d'une zone vise Ă  dĂ©terminer les opĂ©rations d'urbanisme, d'Ă©quipements, d'amĂ©nagements, d'infrastructures nĂ©cessaires Ă  son Ă©volution.

Les lois Cornudet de 1919 et 1924

Ces premières lois d'urbanisme ont deux caractéristiques fondamentales :

  • elles sont obligatoires pour les villes de plus de 10 000 habitants et Ă  toutes les communes du dĂ©partement de la Seine;
  • elles couvrent la totalitĂ© du territoire communal.

Le plan doit comprendre :

  • Un plan qui dĂ©termine notamment les voies Ă  crĂ©er avec leurs caractĂ©ristiques dimensionnelles, les places, squares et jardins… L'Ă©chelle recommandĂ©e est le 1/5000e ou le 1/1000e. pour les alignements, il est recommandĂ© les Ă©chelles de 1/20e ou 1/500e.
  • un programme dĂ©terminant les servitudes hygiĂ©niques, archĂ©ologiques et esthĂ©tiques et les indications relatives Ă  la hauteur des bâtiments et les prĂ©visions concernant la distribution de l'eau potable, les rĂ©seaux d'assainissement, l'assainissement du sol, les servitudes archĂ©ologiques…
  • un arrĂŞtĂ© du Maire pris après avis du conseil municipal et rĂ©glant les mesures prĂ©vues du plan et du programme.

La commune a trois ans pour élaborer le plan sinon le Préfet fait procéder d'office à son élaboration. Une commission départementale est chargée d'apprécier les projets. Sans plan, le Maire ne peut engager des plans d'alignement et de nivellement, ni aucune construction.

La loi de 1924 introduit une prise en compte des zones d'urbanisation future et crée la procédure de lotissement avec un plan d'aménagement précisant aussi les VRD et un cahier des charges de cession des terrains lotis. Le Maire peut réserver des terrains pour des espaces verts et des édifices et services publics. Les permis de construire ne pourront être délivrés sans ce plan.

Dans l'entre-deux-guerres sont construites plusieurs cités-jardins, en particulier sous l'impulsion d'Henri Sellier.

La loi de 1943

Avec la loi du , les plans des villes deviennent des « plans d'aménagement » traduisant par là la volonté de planification. Elle ouvre aussi la possibilité de créer des regroupements de communes au travers la notion de « groupement d'urbanisme » pour des projets intercommunaux. Mais cette loi pose surtout deux principes importants pour faciliter la mise en œuvre de ces plans :

  • le principe d'utilitĂ© publique attachĂ© aux plans ;
  • le principe de non-indemnisation des servitudes d'urbanisme nĂ©es de ces plans[20].

Les réformes de 1958-1959

HLM - Joinville

C'est la difficulté de mettre en œuvre ces plans issus des réglementations précédentes qui motive une nouvelle réforme avec les décrets du et du et les ordonnances et décrets du . Il s'agit de doter la planification urbaine d'outils opérationnels comme les associations syndicales, les ZUP, les opérations de rénovation urbaine… Ces mesures réduisent aussi le pouvoir discrétionnaire des dérogations.

Les plans doivent comprendre :

  • un plan ;
  • un programme qui deviendra le règlement ;
  • et une annexe au programme.

La nouvelle réglementation distingue notamment :

  • les plans directeurs qui dĂ©terminent le grand maillage des secteurs Ă  Ă©tudier et la nature de leurs usages (habitat, activitĂ©s, campus, parcs publics…) ainsi que les grandes infrastructures;
  • les plans d'urbanisme de dĂ©tails (PDU) qui dĂ©terminent Ă  la parcelle les droits et usages avec le tracĂ© des voies, les servitudes de construction (recul, hauteur, prospects…), les secteurs de remembrement urbain, les secteurs d'acquisition publique…

Ces plans (PD et PDU sont obligatoires pour les villes de plus de 10 000 habitants. Pour les petites communes sont instaurĂ©s les « plans sommaires ».

La loi d'orientation foncière (LOF) de 1967

C'est la loi d'orientation foncière (LOF) du qui pose les jalons de l'urbanisme d'aujourd'hui. Le contexte du développement démographique du baby boom oblige à trouver des solutions pour mettre en chantier rapidement de nouveaux quartiers à la périphérie des villes et aussi d'accélérer la rénovation des centres villes insalubres. Il s'agit aussi de développer une cohérence de l'aménagement du territoire dans le cadre de la planification nationale.

Cette loi distingue les schémas directeurs s'appliquant à une agglomération et le pays qui l'entoure des plans d'urbanisme proprement dits. Ces deux niveaux de planification ne vont pas avoir la même force juridique ni la même échéance dans le temps.

Les schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme et les SCOT

Les schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) sont élaborés dans le cadre d'un syndicat d'études regroupant l'ensemble des communes concernées par le développement d'une agglomération. Le SDAU comprend un schéma global à grande échelle (1/50 000e ou 1/20 000e) et en couleur et un rapport de présentation qui déterminent :

  • les grands secteurs d'amĂ©nagement (habitat, activitĂ©s);
  • les grandes infrastructures : autoroutes, voies ferrĂ©es, aĂ©roports, ports…;
  • apparaĂ®t aussi pour la première fois une protection de certains territoires agricoles ou naturels (les parcs naturels, les boisements, les vignes…)

Les SDAU servent de cadre à l'élaboration des POS qui doivent être en conformité avec eux, notion floue qui sera définie progressivement par la jurisprudence administrative. La durée d'un SDAU est évaluée à 30 ans environ. Le document après une mise à la disposition du public est arrêté par le Préfet. Il ne dispose donc pas de la force juridique attachée à la mise à l'enquête publique. C'est un document d'orientation à long terme d'un territoire qui peut correspondre à peu près à l'aire urbaine d'une ville-centre. Les SDAU doivent s'inscrire dans les directives nationales d'aménagement du territoire élaborées par la DATAR.

Ces SDAU seront remplacés par les SCOT dans la réglementation issue de la loi SRU.

Les plans d'occupation des sols et les PLU

Les plans d'occupation des sols (POS) se substituent aux plans d'urbanisme de dĂ©tails. Ces plans d'urbanisme obligatoires pour les communes ou groupement de communes de plus de 10 000 habitants. Pour les petites communes sont instaurĂ©es des « cartes communales ». Ces plans font l'objet d'une Ă©laboration conjointe avec les services de l'État (DDE/GEP) et la ou les communes concernĂ©es. Ils doivent ĂŞtre en conformitĂ© avec les SDAU et ne supportent plus de dĂ©rogation hormis adaptations mineures.

Les POS comprennent obligatoirement :

  • Un rapport de prĂ©sentation qui dresse un diagnostic du territoire concernĂ© en termes notamment d'Ă©volution dĂ©mographique et Ă©conomique. Il Ă©nonce les intentions de la commune et ses perspectives de dĂ©veloppement arrĂŞtĂ©es dans le cadre de l'Ă©laboration. Ce document a force de loi et peut ĂŞtre opposĂ© aux tiers. ApparaĂ®t un zonage spĂ©cifique pour les zones agricoles protĂ©gĂ©es (non constructibles et dont l'usage ne doit pas changer) et pour les zones agricoles banales qui peuvent Ă©voluer dans le temps et aussi supporter quelques constructions liĂ©es Ă  l'usage agricole. Ce sont les zones ND et NC.
  • Un ou plusieurs plans Ă©tablis sur un fond de plan cadastral mis Ă  jour. L'Ă©chelle est de 1/10000e pour les zones naturelles et de 1/5 000e ou 1/2 000e pour les zones bâties ou Ă  urbaniser. Ce territoire est « zonĂ© » avec pour chaque zone un règlement spĂ©cifique. Apparaissent aussi les alignements, les marges de recul par rapport aux voies publiques, les EBC (espaces boisĂ©s classĂ©s) qui ne peuvent changer d'affectation sauf remise en cause par une enquĂŞte publique, les ER (emplacements rĂ©servĂ©s), zones sur lesquelles les collectivitĂ©s peuvent exercer un droit de prĂ©emption prioritaire pour la rĂ©alisation d'une voirie, d'un amĂ©nagement public ou d'un Ă©quipement public. Sont mentionnĂ©s le nom des bĂ©nĂ©ficiaires de ces emplacements rĂ©servĂ©s. les zones dĂ©jĂ  urbanisĂ©es (zones U) font aussi l'objet d'une rĂ©glementation. Les zones U sont rĂ©putĂ©es Ă©quipĂ©es et le propriĂ©taire d'un terrain n'a pas Ă  supporter les coĂ»ts de desserte en VRD (voies et rĂ©seaux divers) de son terrain qui est rĂ©putĂ© constructible de facto. Les zones NA dĂ©terminent les zones d'amĂ©nagements futurs.
  • Un règlement qui est dĂ©taillĂ© pour chaque zone. Les deux premiers articles dĂ©termines les usages autorisĂ©s avec ou sans condition sur la zone et les usages interdits. Il dĂ©termine aussi les règles de construction, les prospects et mĂŞme les plantations, la surface minimale pour rendre un terrain propre Ă  la construction et au un COS (coefficient d'occupation des sols). Ce COS dĂ©termine la surface de bâti constructible par rapport Ă  la surface de terrain (SHON - surface hors Ĺ“uvre nette). Il exprime en fait la densitĂ©. Ainsi un COS de 1 pour une parcelle de 1 000 m2 permet de construire une SHON de 1 000 m2, un COS de 0,5 pour la mĂŞme parcelle permet de construire 500 m2.
  • un document (plan et règlements) recensant l'ensemble des servitudes publiques sur les zones : EDF, voies ferrĂ©es, mines, aĂ©rodrome, grosses canalisation de gaz…);
  • les annexes sanitaires (plans) prĂ©cisant notamment les Ă©lĂ©ments de desserte en eau (potable et usĂ©e).

Ces documents sont approuvés par le Préfet (avant les lois de décentralisation de 1980) après une mise à l'enquête publique (loi Bouchardeau du )[21] et rapport d'un commissaire enquêteur sur les remarques formulées lors de ladite enquête. Il a alors force de loi. Il peut faire l'objet de modifications ou de révisions dans les conditions prévues par la loi. Ce document est prévu pour une durée de 5 à 10 ans. Toutes les autorisations (permis de construire, permis de démolir, certificat d'urbanisme, lotissement, AFU…) doivent être conformes aux prescriptions du POS.

Les outils juridiques de l'urbanisme au XXIe siècle

La nouvelle réglementation issue de la loi SRU de 2000, tente de répondre aux nouveaux enjeux urbains, 50 ans après les lois élaborées au milieu du XXe siècle. Bien que tout comme elles, cette nouvelle orientation fasse l'objet de critiques, au fur et à mesure de sa mise en place[22].

La loi SRU (2000)

Le contexte n'est plus le même que celui qui a prévalu à la LOF :

  • Les lois de dĂ©centralisation des annĂ©es 1980 ont transfĂ©rĂ© les pouvoirs en matière d’urbanisme aux collectivitĂ©s locales et groupements de communes qui se sont dotĂ©s d'outils et de personnels compĂ©tents.
  • Les usagers et les habitants ont Ă©tĂ© invitĂ©s de plus en plus dans le cadre de l'Ă©laboration des documents et des opĂ©rations Ă  exprimer et faire connaĂ®tre leur avis avec la loi Bouchardeau. La notion de concertation Ă©volue vers celle de « gouvernance » qui est aujourd'hui l'un des critères d'un dĂ©veloppement durable.
  • Les prĂ©occupations environnementales se sont dĂ©veloppĂ©es notamment en matière de protection des espaces naturels et de la biodiversitĂ© et aussi des modalitĂ©s juridiques de protection : Natura 2000, ZNIEFF. L'ADEME a dĂ©veloppĂ© une mĂ©thodologie nouvelle avec l'AEU (approche environnementale de l'urbanisme)…
  • La consommation d'Ă©nergie est devenue une prĂ©occupation majeure avec le Grenelle de l'Environnement notamment en termes d'habitat, de transports en commun, de dessertes en Ă©quipements de proximité…
  • La notion de prĂ©caution invite de plus en plus Ă  prendre en compte les risques naturels ou non avec les PPRI.
  • La poursuite du dĂ©veloppement des villes oblige aujourd'hui Ă  s'interroger sur la consommation des espaces naturels et agricoles et invite Ă  une densification…

Ces nouveaux enjeux ont profondément modifié la façon d'appréhender l'urbanisation et ses formes et ils ont généré une nouvelle forme de documents d'urbanisme et donc une nouvelle planification urbaine déterminées par un certain nombre de lois :

  • La loi SRU (solidaritĂ© et renouvellement urbain) du est l’aboutissement d’un dĂ©bat national lancĂ© en 1999 ayant pour thème « Habiter, se dĂ©placer… vivre la Ville » qui a fait ressortir la nĂ©cessitĂ© d’assurer une plus grande cohĂ©rence entre les politiques d’urbanisme et les politiques de dĂ©placements dans une perspective de dĂ©veloppement durable, et de la gestion du quotidien de vie (un meilleur contrĂ´le de l'action des rĂ©gies immobilières dans leur suivi des Ă©lĂ©ments de sĂ©curitĂ© d'immeuble).
  • Une meilleure prise en compte de la loi de rĂ©partition de compĂ©tences du implique un ajustement de la loi SolidaritĂ© et Renouvellement Urbains avec la loi du Urbanisme et Habitat.

La loi SRU comprend trois volets[23] :

  • un volet urbanisme avec la rĂ©novation des documents d’urbanisme avec les SCOT. La loi rĂ©forme aussi la fiscalitĂ© de l’urbanisme pour permettre une utilisation de l’espace plus Ă©conome en supprimant notamment les taxes pour surdensitĂ©, mais aussi pour lutter contre l’urbanisation pĂ©riphĂ©rique en crĂ©ant une nouvelle participation pour crĂ©ation de voies nouvelles.
  • un volet habitat pour renforcer la solidaritĂ© entre les villes. Après la solidaritĂ© financière mise en place par la loi Chevènement (avec l’instauration d’une taxe professionnelle unique), la loi Gayssot-Besson propose d’assurer une solidaritĂ© sociale en matière d’habitat au sein des agglomĂ©rations en renforçant les effets de la loi d’orientation sur la ville (LOV) du .

Pour cela, et dès le , les communes de plus de 3 500 habitants faisant partie d’une agglomĂ©ration de plus de 50 000 habitants se verront taxĂ©es pour manque de tout logement social leur permettant d'avoir un parc de logement social au moins Ă©gal Ă  20 % des logements sur la commune. Ces sommes seront versĂ©es au bĂ©nĂ©fice d’un Ă©tablissement public (type EPIC ou EPF - Ă©tablissement public foncier), lorsqu’il existe, en vue de la rĂ©alisation des logements sociaux. La loi SRU comporte aussi diverses mesures permettant d’assurer une meilleure protection de l’acquĂ©reur immobilier et du locataire sur les consommations d'Ă©nergie rĂ©elles, un renforcement des procĂ©dures de lutte contre l’insalubritĂ© et la mise en pĂ©ril des immeubles, et une extension des compĂ©tences des offices publics d’HLM.

  • un volet dĂ©placements Ă  mettre en Ĺ“uvre une politique des dĂ©placements au service du dĂ©veloppement durable. Dans le cadre de la loi d’orientation sur les transports intĂ©rieurs du (LOTI), la loi conforte le plan de dĂ©placements urbains (PDU) qui doit dĂ©finir un partage modal Ă©quilibrĂ© de la voirie entre chacune des diffĂ©rentes catĂ©gories d’usagers. Elle renforce l’effet « prescriptif » du PDU qui peut dĂ©limiter des pĂ©rimètres Ă  l’intĂ©rieur desquels les conditions permettent de rĂ©duire ou de supprimer les obligations en matière d’aires de stationnement inscrites dans les plans locaux d’urbanisme. La loi offre Ă©galement la possibilitĂ© aux autoritĂ©s organisatrices de transports de se regrouper au sein d’un syndicat mixte de transport afin de rendre complĂ©mentaires les diffĂ©rents rĂ©seaux existants, mais aussi plus performants et attractifs pour les usagers. Enfin, Ă  partir du , la loi confie aux rĂ©gions l’organisation des services ferroviaires rĂ©gionaux de transport de voyageurs.

Les PLU

Le plan local d'urbanisme (PLU) doit être en articulation avec l'ensemble des autres dispositifs règlementaires. Citons notamment les lois spécifiques à certaines régions : loi montagne du [24] et loi littoral du [25]. Il doit aussi prendre en compte les réglementations applicables localement et notamment celles relatives à la prévention des risques industriels, technologiques (PPRT - Plan de prévention des risques technologiques)[26] - loi du - ou naturels (PPRN - plan de prévention des risques naturels)[27].

La loi d'engagement national pour l'environnement ou « Grenelle II » du a modifié plusieurs aspects du PLU notamment en prescrivant la prise en compte de la trame verte et bleue, des orientations d'aménagement et de programmation, du PLH (programme local de l'habitat) voire PDU (plan de déplacement urbain) intégré dans celles-ci… De plus, lorsque l'EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) a la compétence intercommunale, le périmètre du PLU est celui de l'intégralité de l'EPCI. Dans le contexte nouveau du Grenelle 2 de l'environnement, le PLU doit aussi prendre en compte l'ensemble des mesures de protection de la nature : Natura 2000, ZNIEFF… Il prend aussi en compte les dispositifs liés à la gestion de l'eau avec les SAGE et les SDAGE (schéma d'aménagement et de gestion des eaux).

L'urbanisme opérationnel

L'urbanisme opérationnel, comme son pendant la planification spatiale, sont des notions juridiques floues. Dans la pratique l'urbanisme opérationnel recouvre l'ensemble des procédures visant à la mise en œuvre de l'aménagement d'un espace. La notion d'opération est rattachée à la définition fournie par l'article L 300-1 du code de l'urbanisme. Parmi ces procédures citons :

À ces opérations, on peut ajouter les outils fonciers comme les ZAD, le droit de préemption urbain…

À toutes ces procédures encadrées, on peut ajouter les opérations d'intervention sur l'espace public comme la piétonisation d'un centre-ville, l'aménagement d'une place, la création d'un espace vert, la création d'une voirie, d'un pont, d'une piste cyclable…

Les opérations d'urbanisme de quelque nature qu'elles soient doivent être en conformité avec les PLU et le SCOT mais aussi avec les autres dispositions règlementaires s'appliquant sur le territoire concerné et aux terrains en cause.

Pratique professionnelle

Nous pouvons évoquer la méthode de l'urbaniste Maurice Rotival[28] qui développe une approche « scientifique » du moins pour le diagnostic et l'analyse et une démarche itérative avec des scénarios différents comme à Reims. L'ADEME développe depuis quelques années une approche spécifique dans le contexte du développement durable : l'AEU, approche environnementale de l'urbanisme. C'est avec les premières réflexions sur la planification urbaine notamment au sein du Musée social que naît la profession d'urbaniste avec la société française des urbanistes (SFU) et aussi les premiers enseignements de cette nouvelle discipline distincte de celles des ingénieurs, des architectes et des paysagistes. Le statut des urbanistes (concours et salaire) en hôtel de région, ou hôtel de métropole, ou hôtel de ville est celui de la fonction territoriale et non de la fonction d'État.

L'Ă©laboration des documents d'urbanisme

Le président de l'établissement public de coopération intercommunale compétent ou le maire conduit la procédure d'élaboration du PLU (code de l'urbanisme Art. R.123-15).

L'élaboration des documents de planification urbaine, notamment le PLU, peut notamment se faire sur la base d'appels d'offre publics qui font appel à des équipes spécialisées et pluridisciplinaires compte tenu des aspects nouveaux à intégrer dans les nouveaux documents : déplacements, environnement, paysage, risques spécifiques, énergie… Ces équipes sont alors généralement pilotées par des urbanistes formés[29] à leur discipline, qualifiés (OPQU[30]/AEU ou autre…) et expérimentés[31]. Selon les problématiques, ces équipes intègrent, en sus des urbanistes, des paysagistes, des ingénieurs déplacements, des écologues, des sociologues, des économistes, des BET VRD, des architectes, des géographes, des juristes, des hydrologues, etc. Ces équipes sont soit des agences d'urbanisme privées[32] ou publiques[33] qui regroupent généralement en leur sein au moins les quatre compétences de base : urbanisme, environnement, paysage et déplacements, soit des groupements de professionnels privés venant d'horizons divers.

Le prix des études varie en fonction de la taille de la commune, de sa complexité, de son environnement, de la durée d'élaboration… Il varie de quelques dizaines de milliers d'euros pour une petite commune de quelques centaines d'habitants à plusieurs centaines de milliers d'euros pour de grosses agglomérations. Ce coût intègre les études de diagnostic, la phase d'élaboration proprement dite, la phase de concertation souvent avec exposition et réunions publiques et aussi la production finale des documents. La durée d'élaboration est généralement d'un à deux ans, voire trois, selon la taille de la commune ou du groupement de communes.

Rien ne s'oppose, sur le plan réglementaire, à ce que l'élaboration du PLU soit menée directement par la collectivité territoriale, si elle dispose de services suffisamment structurés. Elle peut s'appuyer sur les compétences internes de ses agents, sur des études ponctuelles préexistantes ou sur des missions confiées dans un domaine particulier (environnement, circulation, développement économique…) à des prestataires extérieurs spécialisés.

Formation

La formation en urbanisme et aménagement est dispensée au sein d’instituts d’urbanisme et de formations supérieures en aménagement dès la naissance de l'urbanisme en France notamment sous l'impulsion du Musée Social et des fondateurs de la SFU. Certains de ces instituts ont joué un rôle moteur dans la formation et la reconnaissance du champ de l’urbanisme (avec les premiers logements « sociaux »). C’est le cas du plus ancien d’entre eux, l'Institut d’urbanisme de Paris, héritier de l’École des hautes études urbaines (1919) et de l’institut d’urbanisme de l’université de Paris (1924), qui est devenu École d'urbanisme de Paris en 2015 avec sa fusion avec l'Institut français d'urbanisme.

D’autres instituts d’urbanisme apparaissent en France à la fin des années 1960 et au tout début des années 1970, à Paris comme dans les principales villes françaises qui ont su développer des formations originales et appréciées des milieux professionnels : pour les premiers, l'Institut français d’urbanisme et l'Institut d'urbanisme de Paris (Paris XII Créteil), donc, puis le cycle supérieur d'urbanisme de Sciences-Po-Paris, l’université de la Sorbonne (Paris-IV), l'Université de Paris Ouest Nanterre - La Défense (Paris-X) enfin, le master et le magistère d’aménagement et urbanisme de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne ; citons également le Centre d'Études Supérieures d'Aménagement en 1969 (aujourd'hui intégré à Polytech'Tours), l'Institut de géoarchitecture à Brest, l’Institut d'urbanisme de Grenoble, l’institut d’aménagement régional d’Aix-en Provence, l'IATEUR (Institut d'aménagement du territoire et d'environnement de l'Université de Reims), l'IATU à Bordeaux et l'IAUL à Lille. Toutes ces formations se sont réunies dans une association internationale francophone, l'Association pour la promotion de l'enseignement et de la recherche en aménagement et en urbanisme (APERAU) qui défend la vocation simultanée universitaire et professionnalisante de leurs diplômes.

D’autres formations plus récentes, issues du town planning américain proposent également des cursus adaptés aux métiers du marketing territorial, comme le master management urbain de l’ESSEC.

Enfin, certaines formations plus orientées aménagement du territoire et développement territorial conduisent dans une moindre mesure aux fonctions d'urbaniste.

Notes et références

Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Urbanisme » (voir la liste des auteurs).
  1. Collectif, Colloque international d'archéologie urbaine, Ministère de la culture, Tours, 1980
  2. François-Xavier Tassel, « Des enjeux de la limite urbaine », Revue Arts et science no 5, Université de Bordeaux, Ed. Confluences, Bordeaux, 1998
  3. Léon Homo, Rome impériale et l'urbanisme dans l'Antiquité, Albin Michel, Paris, 1951/1971
  4. DUBY Georges (sous la direction de), Histoire de la France urbaine - Tome 2 : La ville émdiévale, Paris, Seuil, , 653 p. (ISBN 2-02-005666-6)
  5. LE GOFF Jacques (sous la direction de), La ville en France au Moyen Age : des Carolingiens Ă  la Renaissance, Paris, Seuil, , 674 p. (ISBN 2-02-028201-1)
  6. François-Xavier Tassel, « Les bastides ou la quête de la Jérusalem terrestre », in Cahiers de l’association Les Amis de Roger Girard no 4, Télètes, Paris, 2009
  7. Daniel Auger, Vauban sa vie son Ĺ“uvre, 1998 (ISBN 2-904576-20-7)
  8. Pierre Lavedan, L'urbanisme à l'époque moderne XVIe-XVIIIe siècles, Droz, Genève, 1982
  9. Pierre Lavedan, Op. cit.
  10. Mark K. Deming, « Louis XVI en l’Ile. Contribution à l’étude des places royales parisiennes à la fin de l’Ancien Régime », dans Revue de l’Art, 1989, no 1, p. 86-92
  11. Le petit travailleur infatigable, Villes-usines, habitat et intimités au XIXe siècle, Lion Murard, Patrick Zylberman. Recherches, Paris, 1980
  12. Sénat, « Villes du futur, futur des villes : quel avenir pour les villes du monde ? »,
  13. Sylvia Ostrowetsky et Philippe Chaudoir, « L'espace festif et son public. Intervention culturelle en espace public en villes nouvelles et villes moyennes », Les Annales de la Recherche Urbaine, vol. 70, no 1,‎ , p. 78–88 (DOI 10.3406/aru.1996.1930, lire en ligne, consulté le )
  14. P. Boury, A.H. Ménard et al., Droit et Ville, La réhabilitation de l'habitat existant. : Les interventions en centre ville dans la planification., t. 8, (www.persee.fr/doc/drevi_0396-4841_1979_num_8_1_1024)
  15. André de Laubadère, Traité de droit administratif, Tome 2, LGDJ, Paris, 1975
  16. André de Laubadère, Op. cit.
  17. Jean-Pierre Gaudin, L'avenir en plan : technique et politique dans la prévision urbaine (1900-1930), Champ Vallon, 1985
  18. François-Xavier Tassel, La reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d’État, thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 1987
  19. « Programmation urbaine », sur menighetti.fr via Wikiwix (consulté le ).
  20. H. Puget, « Le nouveau droit de l'urbanisme », Revue Urbanisme, Paris, avril-mai 1943
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  22. http://www.laligue.org/assets/Uploads/PDF/Donzelot.pdf La ville à trois vitesses de Jacques Donzelot, Mixité ou mobilité?
  23. « Vous aider à concevoir aujourd'hui les territoires de demain », sur aurg.org via Wikiwix (consulté le ).
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  26. « Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) », sur mementodumaire.net via Wikiwix (consulté le ).
  27. « Plan de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPR) et autres documents… », sur mementodumaire.net via Wikiwix (consulté le ).
  28. Maurice Rotival, Essai de planification organique de l'île de Madagascar; Patry J., Revue de Politique étrangère, Année 1954, Volume 19, Numéro 4
  29. « Accueil », sur aperau.org (consulté le ).
  30. « Office Professionnel de Qualification des Urbanistes, OPQU », sur opqu.org (consulté le ).
  31. http://www.opqu.org/pdf/opqu_referentiel_urba_204.pdf
  32. « Bienvenue - Urbanistes.com », sur Urbanistes.com (consulté le ).
  33. http://www.fnau.org

Voir aussi

Bibliographie

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  • AndrĂ© de Laubadère, TraitĂ© de droit administratif, Tome 2, LGDJ, Paris, 1975
  • Georges Duby, Histoire de la France urbaine, Seuil, Paris, 5 tomes, 1980/1985
  • Hubert Charles, Droit de l’urbanisme, ThĂ©mis, Paris, 1997.
  • Yves Maxime Danan et Jean-Pierre Forget, Processor : ProcĂ©dures d’amĂ©nagement et d’urbanisme, vol. I : Planification et autorisations, Dalloz, Paris, 1986.
  • Jocelyne Dubois-Maury, L'amĂ©nagement urbain, Outils juridiques et forme urbaine, Dalloz, Paris, 1993.
  • AndrĂ©-Hubert Mesnard, Droit de l’urbanisme communal, Juris-service, 1998.
  • Robert Savy, Droit public Ă©conomique, P.U.F., Paris, 1981.
  • Robert Savy, Droit de l'urbanisme, P.U.F., Paris, 1997
  • Hugues de Jouvenel, Invitation Ă  la prospective - An Invitation to Foresight, Édition Futuribles, Coll. « Perspectives », Paris, 2004
  • Patrick Hocreitère, Le Plan local d'urbanisme, Paris, Berger-Levrault, , 698 p. (ISBN 2-7013-1450-X)
  • AmĂ©liorer la prise en compte de l'environnement dans les PLU, , 18p. 16x24
    Fiches pratiques (Dossiers CERTU no 197, avec CD-ROM)
  • Henri Jaquot et François Priet, Droit de l’urbanisme, Dalloz, Paris, 2004.
  • Patrick GĂ©rard, Pratique du droit de l’urbanisme, Eyrolles, Paris, 2006.
  • VĂ©ronique Biau et Guy Tapie, La fabrication de la ville, Édition Parenthèses, 2009
  • GrĂ©gory Kalflèche, Droit de l'urbanisme, PUF coll. ThĂ©mis, Paris, 2012
Textes législatifs

Articles connexes

Liens externes

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