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Tƍdai-ji

Le Tƍdai-ji (æ±ć€§ćŻș, littĂ©ralement « grand temple de l’Est »), de son nom complet Kegon-shĆ« daihonzan Tƍdai-ji (èŻćŽłćź—ć€§æœŹć±±æ±ć€§ćŻș), est un temple bouddhique situĂ© Ă  Nara au Japon. Il est le centre des Ă©coles Kegon et Ritsu, mais toutes les branches du bouddhisme japonais y sont Ă©tudiĂ©es et le site comprend de nombreux temples et sanctuaires annexes. Dans l’enceinte se trouve la plus grande construction en bois au monde toujours existante[1] - [2], le Daibutsu-den (ć€§ä»æźż, salle du Grand Bouddha), qui abrite une statue colossale en bronze du bouddha Vairocana appelĂ©e Daibutsu (ć€§ä»), c'est-Ă -dire « Grand Bouddha ». Le bĂątiment, d’une largeur de huit travĂ©es de piliers (soit 57 mĂštres), est un tiers plus petit que le temple originel qui en comprenait douze.

Tƍdai-ji
Grand bùtiment en bois à un étage. Façade en encorbellement et double toiture de tuile grisùtre.
Bñtiment principal (Daibutsu-den) du Tƍdai-ji.
Présentation
Rattachement Kegon, Ritsu
DĂ©but de la construction 752
Site web http://www.todaiji.or.jp/
GĂ©ographie
Pays Drapeau du Japon Japon
Ville Nara
CoordonnĂ©es 34° 41â€Č 21″ nord, 135° 50â€Č 23″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Nara
(Voir situation sur carte : Nara)
Tƍdai-ji
GĂ©olocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Tƍdai-ji

De nombreux bĂątiments secondaires ont Ă©tĂ© groupĂ©s tout autour de la salle du Grand Bouddha sur le flanc de coteau lĂ©gĂšrement inclinĂ© du mont Wakakusa. Parmi eux, le Kaidan-in (æˆ’ćŁ‡é™ą, salle d’ordination), le Shƍsƍ-in (æ­Łć€‰é™ą), ancien grenier qui fut transformĂ© en entrepĂŽt d’objets d’art et le Hokke-dƍ (æł•èŻć ‚), rĂ©putĂ© pour sa collection de sculptures du VIIIe siĂšcle. Le rĂŽle du temple est Ă©troitement liĂ© Ă  la fonction impĂ©riale, les rites et cĂ©rĂ©monies qui s’y dĂ©roulent devant protĂ©ger le pays et la famille de l’empereur.

Le temple, construit au VIIIe siĂšcle, est dĂ©truit et reconstruit presque intĂ©gralement deux fois au cours de son histoire, au XIIe et au XVIe siĂšcle. Son Ă©dification sous l’égide de l’empereur Shƍmu entre 745 et 752 requiert la mobilisation de toutes les ressources du jeune État japonais et grĂšve durablement les finances publiques. Le monumentalisme inĂ©dit du projet traduit l’idĂ©al politique de Shƍmu, c’est-Ă -dire un État centralisĂ© fondĂ© sur le bouddhisme. Par la religion, Shƍmu compte accroĂźtre le contrĂŽle encore lĂąche de la cour impĂ©riale sur les provinces en Ă©tablissant un vaste rĂ©seau de temples Ă  travers tout le pays, rĂ©unis sous la coupe du Tƍdai-ji. Toutefois, la puissance des temples de Nara devient telle au VIIIe siĂšcle qu’elle donne l’impression de pouvoir mĂȘme menacer l’hĂ©gĂ©monie de la cour, conduisant les empereurs Ă  des mesures fiscales et politiques importantes, notamment le dĂ©placement de la capitale. Le Tƍdai-ji ne joue ainsi un rĂŽle politique et religieux prĂ©pondĂ©rant que durant quelques dĂ©cennies, son influence dĂ©clinant ensuite peu Ă  peu, ce qui entraĂźne des difficultĂ©s majeures pour la gestion de ses domaines rĂ©partis dans tout le pays. Toutefois, symbole de l’empereur et de l’État, le Tƍdai-ji verra se mobiliser pleinement le gouvernement et la population pour sa reconstruction aprĂšs les destructions de 1180 et de 1567 en raison de guerres civiles.

Dans l’histoire de l’art et de l’architecture du Japon, le Tƍdai-ji joue un rĂŽle moteur lors de sa construction au milieu du VIIIe siĂšcle et lors de sa restauration fin du XIIe et dĂ©but du XIIIe siĂšcle. Il s’agit pour la premiĂšre phase du plus important projet de toute la pĂ©riode Tenpyƍ, dont les pagodes de plus de cent mĂštres (aujourd’hui disparues) sont par exemple les plus hautes connues du Japon. Les artistes du temple excellent dans la sculpture naturaliste en bronze, en laque sĂšche et en terre influencĂ©e par la Chine des Tang. Le Shƍsƍ-in dĂ©tient en outre une collection inestimable d’objets d’art et d’effets personnels de l’empereur venant du Japon et de toute l’Asie via la route de la soie. Lors de la restauration de 1181, le Tƍdai-ji redevient un important foyer d’art, principalement grĂące aux techniques architecturales provenant des Song du Sud en Chine et Ă  la sculpture dynamique de l’école Kei, dernier Ăąge d’or de la sculpture japonaise. Toutefois, la plupart des bĂątiments actuels ainsi que le bouddha colossal rĂ©sultent des reconstructions du XVIe et du XVIIe siĂšcle, oĂč le gĂ©nie crĂ©atif se ressent moins dans l’architecture et la sculpture.

De nos jours, le Tƍdai-ji est toujours actif et sa communautĂ© de moines accomplit les rites et cĂ©rĂ©monies annuels ou quotidiens nĂ©cessaires, dont le plus important reste la cĂ©rĂ©monie de l’eau et du feu nommĂ©e Shuni-e. Le temple figure enfin au patrimoine mondial de l’UNESCO et nombre de ses bĂątiments ou biens sont classĂ©s au patrimoine culturel du Japon.

Historique

Contexte

Un lac au premier plan dans lequel se reflĂšte la vĂ©gĂ©tation et un mur d’enceinte blanc. Le Daibutsu-den en arriĂšre plan.
Vue sur le cloßtre intérieur, le bùtiment principal (salle du Grand Bouddha ou Daibutsu-den) et le lac.

À l’époque de Nara, la civilisation chinoise a une grande influence sur le Japon, l’État s’inspirant en tout de la glorieuse dynastie Tang[3]. Ainsi, l’administration centralisĂ©e et puissante liĂ©e Ă  l’aristocratie qui se met en place prend pour modĂšle la vaste bureaucratie chinoise, et le bouddhisme commence Ă  se rĂ©pandre dans l’archipel, accroissant le besoin en images pieuses[4]. ConfrontĂ©e Ă  une charge administrative de plus en plus importante, la cour impĂ©riale choisit pour nouvelle capitale Heijƍ-kyƍ en 710, de nos jours Nara[3]. À partir du dĂ©placement de la capitale dĂ©bute l’ùre Tenpyƍ, durant laquelle les grandes constructions de temples bouddhiques sont lĂ©gion. Ces vastes temples ont un impact trĂšs important sur le peuple, qui voit dans cette nouvelle religion une source de protection puissante pour le pays[5].

L’empereur Shƍmu est le principal artisan de la fondation du Tƍdai-ji ; influencĂ© par la grandeur de la Chine des Tang et fervent dĂ©fenseur du bouddhisme, il aspire Ă  renforcer l’unitĂ© et la puissance de l’État, souhaitant confĂ©rer Ă  la fcontion d’empereur un rĂŽle plus central et essentiel dans la vie politique du Japon par rapport aux diffĂ©rentes familles ou factions de la cour[6]. DĂšs les annĂ©es 730, il soutient la construction de nombreux temples Ă  travers l’archipel[7]. En 741, il initie un vaste programme de construction de monastĂšres (kokubun-ji) et de couvents (kokubinin-ji) dans toutes les provinces du Japon[8] ; chaque monastĂšre doit ĂȘtre flanquĂ© d’une pagode Ă  sept Ă©tages et dĂ©tenir dix copies du SĆ«tra du Lotus et dix autres du SĆ«tra de la LumiĂšre dorĂ©e, afin de garantir le bien-ĂȘtre du pays[9]. Cette politique survient en effet en rĂ©action Ă  la grave Ă©pidĂ©mie de variole qui sĂ©vit jusque dans la capitale entre 735 et 737, Ă  la rĂ©volte de 740 menĂ©e par Fujiwara no Hirotsugu et aux disettes[10]. Shƍmu prĂ©voit Ă©galement d’établir un grand temple qui doit patronner les monastĂšres ; il proclame en 743 la construction de cet Ă©difice et d’une statue colossale (Grand Bouddha ou Daibutsu) du bouddha Vairocana (Rushana en japonais) en bronze, couverte de feuilles d’or : il s’agira du Tƍdai-ji[11]. Fervent croyant, Shƍmu poursuivait sa vision d’un Japon centralisĂ© aussi bien en matiĂšre politique que religieuse, afin de renforcer son autoritĂ© sur les provinces et les diffĂ©rentes familles nobles[12] : pour lui, la cour et l’empereur doivent administrer le pays tout comme le Tƍdai-ji doit occuper une place centrale parmi tous les temples bouddhiques secondaires[13]. Le choix du bouddha Vairocana n’est ainsi pas anodin, car il s’agit d’un bouddha abstrait, celui qui, placĂ© au centre de l’univers, contient et anime tous les mondes[6]. Par le parallĂšle avec Vairocana, Shƍmu veut de fait suggĂ©rer l’importance de l’empereur (au centre du pays) et du bouddhisme, modĂšle lĂ  encore proche de la Chine des Tang[14] - [15]. Le temple doit enfin devenir le centre l’école Kegon, celle des six Ă©coles bouddhiques de Nara qui a la prĂ©fĂ©rence de l’empereur, car proche de son modĂšle idĂ©al d’État centralisĂ© bouddhique[16].

Construction du temple

Carte de l’ancienne Nara avec le Tƍdai-ji indiquĂ© dans le coin supĂ©rieur droit
Carte de l’ancienne Nara, le Tƍdai-ji figurant au nord-est de la ville (cliquer pour agrandir).

DĂšs 742, le Bureau des copistes de sutras est crĂ©Ă© afin de copier les futurs textes religieux et sacrĂ©s indispensables pour un tel projet[8]. Le Bureau de construction du Tƍdai-ji (Zƍ Tƍdai-ji shi) est Ă©galement constituĂ© de façon ad hoc pour le chantier, mĂ©thode habituelle alors, mais l’ampleur du projet est telle qu’il devient la plus vaste administration du VIIIe siĂšcle, dirigeant durant la phase de construction une main-d’Ɠuvre importante, aussi bien employĂ©e que corvĂ©able[17].

Les premiers travaux dĂ©butent sur le site du Kƍga-ji dans la province d'ƌmi au nord de Nara, sous la responsabilitĂ© de l’artisan Kuninaka no Muraji Kimimaro[18]. Toutefois, une sĂ©rie d’échecs et d’incidents dĂ©cident l’empereur Shƍmu Ă  retourner dans la capitale Nara en 745[19]. L’emplacement du Tƍdai-ji est choisi Ă  l’est de la ville sur le site d’un petit temple nommĂ© Konshƍ-ji ; en effet, il n’y a pas d’endroit suffisamment vaste dans la ville pour accueillir une structure aussi imposante[18].

En 746, le premier bĂątiment, le temple secondaire Hokke-dƍ, est achevĂ©[18]. Les travaux du Grand Bouddha (Daibutsu) et du bĂątiment devant l’abriter (la salle du Grand Bouddha, Daibutsu-den) s’étalent environ de 747 Ă  752, hormis la dorure. Les premiers plans du gigantesque Daibutsu-den sont conçus en 748[19]. Les travaux se poursuivent nĂ©anmoins plusieurs annĂ©es aprĂšs 752, avec l’élaboration des enceintes, pagodes, quartiers des moines, greniers ou lieux de priĂšre, ainsi que le creusage de l’étang du Miroir[20]. Le site Ă©tant limitĂ© Ă  l’est par le mont Wakakusa, les ouvriers aplanissent Ă©galement les contreforts de la montagne sur 700 mĂštres, en quatre vastes terrasses[21]. Ces travaux ont un impact assez fort sur les rĂ©serves de l’État, car les impĂŽts d’environ 5 000 mĂ©nages sont allouĂ©s au chantier en plus des dons[22].

Statue en bronze assise massive vue en contre-plongée, avec un autel au premier plan.
Le Grand Bouddha de 14,98 m vu de face, XVIIe siĂšcle.

Trois moines jouent un rĂŽle dĂ©terminant dans la fondation du Tƍdai-ji : ils sont parfois dĂ©signĂ©s avec Shƍmu comme les quatre saints fondateurs du temple. Le moine Rƍben d’abord, appartenant Ă  l’école Kegon, est un proche conseiller de Shƍmu officiant au petit ermitage du Konshƍ-ji[23]. Il est notamment chargĂ© de trouver le financement pour la statue colossale du bouddha Vairocana voulue par Shƍmu[6]. Gyƍki est quant Ă  lui responsable de la campagne de levĂ©e de fonds (kanjin) pour financer le chantier, sollicitant tous les habitants du pays pour contribuer financiĂšrement ou participer volontairement aux travaux[9] - [24]. Enfin, le moine indien Bodhisena, proche de Rƍben et Gyƍki, est un Ă©rudit du sĆ«tra Kegon (sĆ«tra Avatamsaka) qui prĂ©side la cĂ©rĂ©monie d’ouverture des yeux de la statue colossale[9]. NĂ©anmoins, le projet titanesque du Tƍdai-ji suscite des rĂ©sistances dans l’entourage de l’empereur. Des aristocrates critiquent le modĂšle centralisĂ© importĂ© de Chine que Shƍmu tente de mettre en place, et des moines conservateurs craignent que la statue n’occulte la recherche intĂ©rieure de la foi[25]. Deux Ă©vĂ©nements viennent cependant conforter Shƍmu dans son entreprise : d’une part la dĂ©couverte providentielle d’une mine d’or dans la province de Mutsu permet de rĂ©unir suffisamment de minerai pour dorer la statue colossale, d’autre part un oracle du kami shinto Hachiman provenant du sanctuaire Usa Hachiman-gĆ« rapporte vouloir protĂ©ger le Grand Bouddha en construction (certains documents d’époque rapportent mĂȘme que l’oracle aurait permis la dĂ©couverte du gisement d’or)[26] - [19]. Hachiman devient ainsi une divinitĂ© protectrice du temple et son culte est dĂ©placĂ© Ă  Nara, sur le site du Tƍdai-ji au sanctuaire Hachiman[27].

La cĂ©rĂ©monie d’ouverture des yeux (kaigen) du Grand Bouddha, qui doit confĂ©rer Ă  la statue son pouvoir spirituel, se tient en 752 avant mĂȘme son achĂšvement final, en raison de la santĂ© fragile de Shƍmu (il renonce d’ailleurs au trĂŽne en 749 en faveur de sa fille pour entrer en religion avec son Ă©pouse Kƍmyƍ)[6]. Plus de dix mille moines — japonais, indiens et chinois — ainsi que de nombreux courtisans assistent aux festivitĂ©s qui durent plusieurs jours[28]. Bodhisena dessine lui-mĂȘme les iris des yeux de la statue, le pinceau reliĂ© par des ficelles Ă  Shƍmu[28]. La statue est achevĂ©e en 757, aprĂšs la pose de la dorure et les gravures du piĂ©destal[12]. De nombreux Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs ou rituels utilisĂ©s lors de la cĂ©rĂ©monie ont Ă©tĂ© conservĂ©s au Shƍsƍ-in, comme les masques en bois typiques de la danse nommĂ©e gigaku[29].

Chantier gigantesque qui a marquĂ© durablement le rĂšgne de Shƍmu, les spĂ©cialistes estiment que la construction a mobilisĂ© 370 000 forgerons et 500 000 charpentiers, laissant exsangues les finances de la jeune administration[18] - [30].

Époques de Nara et de Heian : rapports mouvants avec la cour impĂ©riale

Porte dans le mur d’enceinte, aux poutres rouges et aux murs blancs. Toit Ă  demi-croupes au faĂźte plat, courbĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ©.
Porte intérieure, XVIIe siÚcle.

Le Tƍdai-ji apparaĂźt comme le centre spirituel principal de la nouvelle capitale et symbolise le dynamisme du bouddhisme au Japon, Ă  l’apogĂ©e du systĂšme bouddhique centralisĂ© mis au point par Shƍmu[31]. Il fait d’ailleurs partie des quinze temples principaux (Nanto Shichidai-ji) dĂ©signĂ©s par l’État, et devient Ă  sa construction le centre de l’école bouddhiste Kegon, ainsi que le centre du Ritsu Ă  partir de 754[32]. Shƍmu et ses successeurs immĂ©diats poursuivent leur politique trĂšs favorable en faveur du bouddhisme. Les grands temples se voient accorder des champs (konden) et des exemptions d’impĂŽt, de façon assez inĂ©gale ; le Tƍdai-ji, principal temple du pays, est dotĂ© d’un domaine de quelque 6 000 hectares par l’État[33]. Entre 749 et 756, des reprĂ©sentants du temple ont la tĂąche de prospecter et choisir les terres les plus favorables aux cultures. Un registre de 770 indique la possession de 92 domaines (shƍen) rĂ©partis sur 23 provinces[34]. Favorisant l’amĂ©lioration des techniques et des outils agricoles, les grands temples attirent de plus en plus les paysans[33].

Île verdoyante au milieu d’un lac, avec un torii rouge.
Torii shinto sur la petite Ăźle de l’étang du Miroir.

Ces grands privilĂšges expliquent la richesse et l’influence que gagnent rapidement les moines bouddhiques, jusqu’à donner mĂȘme l’impression de pouvoir menacer la cour impĂ©riale[35] - [36]. En butte au pouvoir des grands temples de Nara qui irritent les grands dignitaires de l’aristocratie, l’empereur Kammu prend des mesures pour regagner le contrĂŽle Ă  la fin de l’époque de Nara : il rĂ©duit les subventions, renforce les codes et dĂ©place la capitale[14]. Cette politique de rĂ©duction de l’indĂ©pendance des temples est poursuivie Ă  plusieurs reprises par ses successeurs, notamment via les rĂ©formes fiscales de la fin du IXe siĂšcle qui rendent les revenus des terres agricoles possĂ©dĂ©es par les temples moins profitables, et conditionnĂ©s Ă  une exemption d’impĂŽt accordĂ©e par la cour[37]. Ainsi, aprĂšs une pĂ©riode de prospĂ©ritĂ©, l’influence de Nara tout comme celle du Tƍdai-ji dĂ©cline, hormis au niveau local[38]. De plus, l’isolement politique s’accompagne durant toute l’époque de Heian d’un dĂ©clin religieux, car de nouvelles Ă©coles bouddhiques s’imposent au Japon, d’abord les sectes Ă©sotĂ©riques Tendai et Shingon, puis la Terre pure (jƍdo). La cour ressent en effet le besoin d’instaurer un bouddhisme moins rigide et plus proche des fidĂšles[39]. En 822, le temple perd par exemple le privilĂšge de dĂ©tenir seul une estrade d’ordination pour tous les moines du Japon central, au profit de l’Enryaku-ji (temple Tendai)[32]. NĂ©anmoins, le Tƍdai-ji demeure une institution importante et Ă©conomiquement prospĂšre grĂące Ă  ses vastes domaines durant l’époque de Heian[40] - [41] : en 949 par exemple, 56 moines-soldats du temple se rassemblent chez un noble de Heian pour protester contre une nomination qui ne les satisfaisait pas, provoquant une rixe[42]. Ces pratiques fondĂ©es sur l’intimidation semblent avoir Ă©tĂ© courantes durant les Xe et XIe siĂšcles[42], de mĂȘme que les Ă©chauffourĂ©es entre temples (en particulier avec les moines du Kƍfuku-ji et du mont Hiei) jusqu’à la montĂ©e en puissance des clans guerriers (Taira et Minamoto pour les plus importants)[43].

Durant l’époque de Heian, le Tƍdai-ji souffre Ă  plusieurs reprises de destructions plus ou moins importantes, nĂ©cessitant des travaux de rĂ©novation qui transforment un peu le plan original. En 855, un tremblement de terre fait ainsi tomber la tĂȘte du Grand Bouddha de bronze[18]. En raison du prestige de ses fondateurs et du puissant symbole impĂ©rial que constitue le Grand Bouddha, les empereurs assurent les rĂ©parations nĂ©cessaires[44].

Destruction de 1180 et reconstruction

Large porte en bois nu à un étage, avec deux toits superposés et trois grands portiques.
Grande porte sud (Nandaimon) du temple.

La fin de l’époque de Heian correspond au dĂ©clin de l’autoritĂ© de l’empereur et de l’aristocratie ; les seigneurs locaux (daimyos ou bushi), propriĂ©taires terriens et chefs de guerre, ont acquis peu Ă  peu une force et une autonomie suffisante pour se disputer la domination du Japon. Parmi eux, deux principaux clans, les Taira et les Minamoto, se livrent plusieurs guerres entre 1156 et 1185. À la fin de 1180, le Tƍdai-ji est incendiĂ© lors des guerres civiles de Genpei par les Taira, car les moines de Nara s’étaient ralliĂ©s aux Minamoto. La plupart des bĂątiments — dont la Salle du Grand Bouddha, les pagodes, le Kaidan-in, les bains, les dortoirs et le rĂ©fectoire — sont dĂ©truits et le Grand Bouddha apparaĂźt sĂ©rieusement endommagĂ©, notamment la tĂȘte[45].

La destruction de ce symbole politique et religieux choque la population[46] et rallie de nombreux partisans aux Minamoto[47]. L’empereur retirĂ© Go-Shirakawa, qui n’exerçait alors qu’un pouvoir limitĂ©, dĂ©cide la restauration du temple. Le Tƍdai-ji Ă©tant depuis Shƍmu un symbole de la puissance de l’État, Go-Shirakawa souhaite rĂ©affirmer la gloire du trĂŽne et sa prĂ©pondĂ©rance sur le Japon, en impliquant dans le projet toutes les franges de la population[48]. Il Ă©tait de plus rĂ©putĂ© ĂȘtre un fervent bouddhiste, tout comme Shƍmu avec lequel il s’efforçait de rivaliser pour le surpasser. Il doit nĂ©anmoins faire face Ă  deux difficultĂ©s majeures : d’une part les finances de la cour sont largement insuffisantes, d’autre part il luli faut composer avec Taira no Kiyomori, chef du clan Taira, qui domine dans un premier temps la guerre civile et s’installe Ă  Heian-kyƍ (Kyoto) pour contrĂŽler le pouvoir dĂšs 1059[48]. Le Tƍdai-ji lui-mĂȘme n’avait alors pas les ressources nĂ©cessaires pour assumer les travaux, d’autant plus que les Taira confisquent ses terres[48].

MalgrĂ© tout, les premiers plans de restauration sont Ă©tudiĂ©s dĂšs 1181, par l’intermĂ©diaire d’un proche conseiller de Go-Shirakawa, Fujiwara no Yakitaka, qui se rend sur place. AprĂšs s’ĂȘtre entendu avec les fondeurs de Nara pour la reconstruction du Grand Bouddha, il suggĂšre en mars 1181 Ă  l’empereur de mener une campagne de collecte de fonds dans tout le pays (kanjin), sur le modĂšle de la campagne menĂ©e au VIIIe siĂšcle par Gyƍki. Outre le financement, impliquer le peuple doit permettre de concrĂ©tiser le lien direct voulu entre l’empereur et ses sujets[48].

Lanterne avec des gravures en bronze représentant des bodhisattvas jouant de la musique.
Lanterne octogonale en bronze sculpté.

L’organisation de la campagne de levĂ©e de fonds, ainsi que la supervision de l’ensemble des travaux, est confiĂ©e Ă  un moine nommĂ© Shunjƍbƍ Chƍgen, qui prĂ©tend avoir eu un rĂȘve prĂ©monitoire lui ordonnant d’aider le Tƍdai-ji, tandis que Fujiwara no Yakitaka assure l’intendance gĂ©nĂ©rale du projet. Le choix de Chƍgen peut surprendre, car il ne s’agissait pas d’un moine trĂšs haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie religieuse. Toutefois, il cumulait un certain nombre d’avantages : il avait dĂ©jĂ  menĂ© deux campagnes de dons pour la construction de deux modestes temples de province, il aurait effectuĂ© trois voyages en Chine afin d’étudier les techniques de construction avancĂ©es des Song, et il serait un proche de Hƍnen, moine trĂšs influent fondateur de la premiĂšre Ă©cole de la Terre pure au Japon, nommĂ©e Jƍdo shĆ«[48]. Il a ainsi acquis le soutien de diverses personnalitĂ©s en province ou Ă  la cour, comme le ministre Minamoto Moroyuki. GrĂące Ă  ses voyages, il peut en outre faire venir plusieurs artistes chinois pour les restaurations[49].

L’édit impĂ©rial promulguant la campagne de levĂ©e de fonds pour la reconstruction du temple et du Grand Bouddha est Ă©mis par l’empereur aux alentours de juin 1181. Toutefois, le peuple Ă©tant dĂ©jĂ  pauvre et malmenĂ© par la guerre civile, il est aujourd’hui dĂ©licat d’estimer les revenus rĂ©ellement dĂ©gagĂ©s par Chƍgen. Les historiens estiment plutĂŽt que l’essentiel des dons provient de grands mĂ©cĂšnes, en premier lieu Minamoto no Yoritomo, rival des Taira et maĂźtre du Japon dĂšs 1185, en partie afin de lĂ©gitimer son gouvernement[48] - [50]. Sur dĂ©cision de Yoritomo Ă©galement, les revenus des provinces de Suƍ et Bizen sont attribuĂ©s au financement de la reconstruction. Les travaux de restauration du Grand Bouddha dĂ©butent en octobre 1181, moins d’un an aprĂšs la destruction ; la tĂȘte intĂ©gralement refondue est achevĂ©e en 1185 sous la direction d’un maĂźtre chinois, Chen Hequing, venu Ă  la demande de Chƍgen[51]. La cĂ©rĂ©monie d’ouverture des yeux de la statue se tient la mĂȘme annĂ©e, Go-Shirakawa peignant en personne les yeux, une tĂąche qui normalement n'est pas dĂ©volue Ă  un empereur[48]. La rĂ©novation complĂšte du temple prend en rĂ©alitĂ© un siĂšcle entier[52].

Époques mĂ©diĂ©vales et modernes

Sculpture en bois vue en contre-plongĂ©e d’un dieu en armes et en armure, air fĂ©roce.
Le roi cĂ©leste Bishamon-ten (Vaiƛravaáč‡a), XVIIe siĂšcle.
Une réplique du Grand Bouddha de Kyoto.Pendant la période Edo au Japon, il y avait un Grand Bouddha à Kyoto, qui était plus grand que le Grand Bouddha du Temple Todaiji. Il faisait 19 mÚtres de haut. Le Grand Bouddha de Kyoto a été détruit dans un incendie provoqué par un coup de foudre en 1798.

Si la restauration du Grand Bouddha est une rĂ©ussite pour Go-Shirakawa, sa tentative de replacer la cour au centre de l’échiquier politique est en revanche un Ă©chec, puisque l’époque de Kamakura marque l’avĂšnement des guerriers et des premiers shoguns[48]. Au dĂ©but du XIVe siĂšcle, le prestige du Tƍdai-ji dĂ©cline de nouveau, au profit d’autres temples comme le Tƍ-ji[53] ; l’empereur Go-Daigo, qui rĂ©ussit Ă  conserver le contrĂŽle de la religion, privilĂ©gie en effet les temples de la capitale, Heian[54]. De plus, la pratique de la religion devient plus intime, visant non plus Ă  la protection de l’État, mais Ă  la recherche personnelle de la rĂ©demption et de la foi[55]. DĂšs le XIIe siĂšcle, il devient difficile pour le Tƍdai-ji de percevoir les revenus de ses domaines Ă©loignĂ©s, les administrateurs locaux lui dĂ©sobĂ©issant sciemment et en toute impunitĂ©[56].

Le temple subit un nouvel incendie majeur lors de la guerre entre Matsunaga Hisahide et le clan Miyoshi en 1567, sinistre qui le dĂ©truit presque intĂ©gralement[18], conduisant Ă  plusieurs restaurations durant le XVIe et le XVIIe siĂšcle, Ă  l’époque d'Edo. DĂšs 1568, l’empereur ƌgimachi et plusieurs personnalitĂ©s comme Oda Nobunaga projettent les restaurations et une campagne de levĂ©e de fonds est une fois encore organisĂ©e en 1572, mais les troubles politiques et l’importance rĂ©duite du temple font que cette bonne volontĂ© ne conduit qu’à des restaurations mineures[57]. Il faut plusieurs dĂ©cennies avant que la reconstruction ne soit rĂ©ellement lancĂ©e, vers 1680, sous l’impulsion du shogun Tokugawa Tsunayoshi[49]. La salle du Grand Bouddha est achevĂ©e en 1707[58]. Le moine Kƍkei, responsable du projet, effectue tout comme ses prĂ©dĂ©cesseurs une campagne de levĂ©e de fonds dans le pays[49]. L’état actuel du site est le fruit de ces grands travaux.

Les constructions de l’époque d’Edo prĂ©sentent des faiblesses architecturales importantes qui conduisent Ă  une sĂ©rie de restaurations au XXe siĂšcle. L’administration Meiji adopte en effet Ă  la fin du XIXe siĂšcle les premiĂšres lois de protection du patrimoine, dont bĂ©nĂ©ficie le Tƍdai-ji entre 1906 et 1913 sous la direction et le financement du ministĂšre de l’IntĂ©rieur (Naimusho)[59]. La salle du Grand Bouddha est en grande partie dĂ©mantelĂ©e et reconstruite d’aprĂšs les plans de plusieurs architectes ayant Ă©tudiĂ© les techniques occidentales, Tsumaki Yorinaka, Ito Chuta, Sekino Tadashi et Amanuma Shun’ichi ; ces derniers mĂšnent Ă©galement les premiĂšres Ă©tudes archĂ©ologiques sur le site[60]. Les techniques ancestrales avaient de fait Ă©tĂ© perdues et aucun architecte n’était capable de restaurer un tel Ă©difice sans recourir Ă  l’ingĂ©nierie occidentale moderne, en particulier l’usage de tiges d’acier[61].

De nos jours, le temple fait partie depuis 1998 des « monuments historiques de l'ancienne Nara » inscrits au patrimoine mondial par l’UNESCO[62]. Les moines y tiennent toujours les cĂ©rĂ©monies et offices religieux, bien que le temple soit Ă©galement devenu l’une des principales attractions touristiques de l’ancienne capitale de Nara[63].

Historiographie

Outre les archives et chroniques officielles — dont les Rikkokushi ou le Man'yƍshĆ« —, l’histoire du Tƍdai-ji peut ĂȘtre aisĂ©ment retracĂ©e grĂące Ă  l’abondance d’archives, annales, inventaires et autres documents historiques tenus depuis le VIIIe siĂšcle par les moines de Nara. Au nombre de ces derniers, les 8 516 feuillets montĂ©s en cent rouleaux des Archives du Tƍdai-ji (Tƍdai-ji monjo) offrent un aperçu sur l’administration, les biens et les cĂ©lĂ©brations du temple, ainsi que sur la sociĂ©tĂ© de Nara et l’organisation du Japon du VIIIe siĂšcle jusqu’à l’époque d’Edo[64] - [65]. Autres documents, les Archives du Shƍsƍ-in (Shƍsƍ-in monjo), centrĂ©es sur la pĂ©riode de Nara uniquement, constituent la plus importante documentation de l’époque ; il y figure des registres assez prĂ©cis des commandes de statues, des Ă©dits, des recensements, des rĂ©coltes de riz, des taxes[66]
 Durant l’époque mĂ©diĂ©vale, les moines du temple se piquent d’écrire eux-mĂȘmes les annales et anecdotes sur les origines et l’histoire du temple, en particulier les dix rouleaux du Tƍdai-ji yƍroku (1106, rĂ©visĂ© en 1134) ou les neuf rouleaux du Tƍdai-ji zoku-yƍroku (ultĂ©rieur Ă  1180)[64]. Enfin, le Tƍdai-ji bettƍ shidai fournit la liste des supĂ©rieurs (les bettƍ) du temple jusqu’en 1444[67].

Les mokkan (ensemble de tablettes en bois utilisĂ©es comme mĂ©mos ou notes de correspondance) retrouvĂ©s lors des fouilles archĂ©ologiques menĂ©es sur le site fournissent Ă©galement des informations sur l’approvisionnement, la construction du temple et le fonctionnement du Bureau de construction du Tƍdai-ji[68].

Site du Tƍdai-ji

Plan gĂ©nĂ©ral du Tƍdai-ji, indiquant les structures existantes et disparues (cliquer pour agrandir).

Le site actuel du Tƍdai-ji s’étend sur une surface presque carrĂ©e de 800 par 900 mĂštres, bordĂ©e Ă  l’est par les prĂ©mices du mont Wakakusa, dĂ©caissĂ© en quatre vastes terrasses[69]. Le mur d’enceinte n’existe plus, mis Ă  part la grande porte sud (Nandaimon) et la porte Tengai au nord-ouest. Le visiteur pĂ©nĂštre par la porte sud, alignĂ©e avec le cloĂźtre intĂ©rieur situĂ© 230 mĂštres plus loin[70]. Ce cloĂźtre, qui donne accĂšs au bĂątiment principal (le Daibutsu-den, hĂ©bergeant la statue colossale de Vairocana), mesure 110 mĂštres de profondeur pour 170 de large ; on y accĂšde par la porte intĂ©rieure (ChĆ«mon)[71]. L’ancien quartier des moines et la salle de lecture (kƍdƍ), originellement situĂ©s derriĂšre le Daibutsu-den, n’existent plus.

À l’ouest se trouvent plusieurs temples secondaires, dont le Kaidan-in (estrade d’ordination), le Senju-dƍ, le Kanjin-so et le Sashizu-dƍ. Le Shƍsƍ-in, magasin principal oĂč Ă©taient entreposĂ©s les trĂ©sors du temple, et le Chisoku-in se situent au nord[71]. Au nord-est, quelques temples annexes demeurent, dont le Hƍgen-in, le Ryƍshƍ-in et le RyĆ«zƍ-in. Les terrasses de l’est comptent un grand nombre de bĂątiments : en premier le beffroi (shƍrƍ) et les bains, puis la salle des fondateurs (kaisan-dƍ), le kannon-in
 Plus Ă  l’est encore se trouvent le Nigatsu-dƍ oĂč se tient un important rituel une fois par an, le Hokke-dƍ et le sanctuaire shinto de Hachiman (Hachiman-jinja). Enfin, au sud du cloĂźtre intĂ©rieur dort l’étang du Miroir, bordĂ© par les bĂątiments administratifs[71].

Les travaux archĂ©ologiques et Ă©tudes des documents historiques montrent que le plan du site n’a pas fondamentalement changĂ© depuis l’origine, bien que des bĂątiments n’aient pas Ă©tĂ© reconstruits[72]. Le plan des temples bouddhiques rĂ©pond aux concepts d’équilibre et d’harmonie propres Ă  l’Asie de l’Est. Les façades sont tournĂ©es vers le sud, reprĂ©sentant le bien, et le site suit un axe nord-sud qui rĂ©vĂšle la hiĂ©rarchie entre les divers bĂątiments[71].

Administration

Organisation

Morceau de papier bruni et dĂ©chirĂ© aux bordures recouvert de caractĂšres chinois Ă  l’encre noire.
Archives du Tƍdai-ji.

Aux Ă©poques antiques et mĂ©diĂ©vales, le temple accueillait au moins 300 moines, rĂ©partis en deux groupes : les moines Ă©rudits vouĂ©s Ă  la spiritualitĂ© et Ă  l’étude des textes, et les moines non Ă©rudits assurant les services religieux moins prestigieux et l’administration quotidienne du temple[73]. D’autres groupes de moines existent en marge, dont les moines-soldats et les artisans[73], ainsi que les corps de laĂŻcs organisĂ©s en bureaux ou dĂ©partements nommĂ©s tokoro[74] et un corps d’esclaves au service des moines dans les temps anciens[75]. Traditionnellement, le temple est dirigĂ© par un moine appelĂ© bettƍ (le supĂ©rieur), qui est assistĂ© par un cabinet nommĂ© sangƍ pour les tĂąches administratives et politiques, et par les cinq maĂźtres (gosho, usuellement les plus ĂągĂ©s du temple) pour l’organisation de la vie des moines et des services religieux au quotidien[73]. Le bettƍ est nommĂ© par la cour impĂ©riale ; Ă  l’époque de Heian, il s’agit communĂ©ment d’un moine d’importance, souvent issu de l’aristocratie. Il rĂ©side Ă  partir du XIe siĂšcle Ă  Heian (Kyoto) et joue le rĂŽle d’intermĂ©diaire auprĂšs de la cour pour relayer les dolĂ©ances. Le sangƍ se compose de quatre ou cinq membres chargĂ©s de l’administration. À partir du XIe siĂšcle, l’absence du bettƍ au temple lui confĂšre un rĂŽle plus important et plus indĂ©pendant[76].

Au dĂ©but de l’époque mĂ©diĂ©vale (XIIe siĂšcle), l’évolution de la sociĂ©tĂ© et les difficultĂ©s fiscales modifient certains aspects de l’administration du temple[77]. Le bettƍ vivant Ă  la capitale, les rĂ©sidents locaux privilĂ©gient l’assemblĂ©e des moines (shuto ou manji) et l’instauration d’une vĂ©ritable bureaucratie pour gĂ©rer les terres affiliĂ©es au temple[78]. De nombreuses dĂ©cisions sont dĂ©sormais prises par cette assemblĂ©e, qui est dirigĂ©e par les cinq maĂźtres et un secrĂ©taire (nen’yosho). Bien qu’ancienne, elle prend un rĂŽle plus important Ă  partir du XIIe siĂšcle, y compris sur des sujets politiques ou Ă©conomiques[79]. Elle peut par exemple signer des documents officiels, s’adresser directement Ă  la cour et s’impliquer dans la gestion des domaines. En fait, les tensions entre les dirigeants et l’assemblĂ©e deviennent tangibles au cours du XIIe siĂšcle[80]. Ainsi, le conflit autour de la gestion du domaine d’ƌi (ƌi no shƍ) empoisonne les relations de 1211 Ă  1289[81]. Les domaines affiliĂ©s au temple sont par ailleurs gĂ©rĂ©s au niveau local par des administrateurs nommĂ©s shƍkan, fonction souvent hĂ©rĂ©ditaire dont le rĂŽle est d’assurer la bonne tenue du domaine et le versement des taxes aux moines[82]. Plus gĂ©nĂ©ralement, le Tƍdai-ji Ă©tait Ă  la tĂȘte d’un rĂ©seau de temples secondaires (in ou dƍ) qu’il patronnait. Parfois mĂȘme, la gestion de domaines appartenant au Tƍdai-ji est dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  des temples affiliĂ©s (ces accords sont nommĂ©s ukebumi)[83].

Les artistes et artisans forment une organisation Ă  part au VIIIe siĂšcle, le Bureau de construction du Tƍdai-ji (Zƍ Tƍdai-ji shi), composĂ© de plusieurs dĂ©partements bien administrĂ©s et hiĂ©rarchisĂ©s ; l’approvisionnement en matiĂšres premiĂšres, principalement le bois, relĂšve Ă©galement de l’organisme[84] - [85]. L’atelier de sculpture, dont le premier directeur est Kuninaka no Muraji Kimimaro (maĂźtre sculpteur du Grand Bouddha), fut le plus actif de l’époque et imprĂšgne de son style le milieu de la pĂ©riode Tenpyƍ[86]. Les archives du temple permettent de comprendre la structure hiĂ©rarchisĂ©e mise en place pour gĂ©rer le nombre important d’employĂ©s, au moins 8 000 artisans et 200 superviseurs en 759, placĂ©s sous la tutelle du responsable de chaque dĂ©partement choisi parmi l’aristocratie : sculpture, peinture, travail du bronze, travail du fer et du bois, laque, fabrique de tuiles, dorure, poterie[87]. Toutefois, le bureau est fermĂ© en 789 Ă  la suite de son refus de s’installer Ă  Heian (Kyoto), et ses membres se dispersent rapidement[88].

Finances et gestion des domaines

Morceau de papier bruni abimĂ© recouvert de caractĂšres chinois Ă  l’encre noire.
Rapport sur les domaines (shƍen) dĂ©tenus par le temple dans la province d'Echizen au VIIIe siĂšcle.

FavorisĂ© par les empereurs Ă  l’époque de Nara, le Tƍdai-ji pouvait compter sur d’importants revenus financiers pour assurer son fonctionnement : subventions de l’État (les impĂŽts de 5 000 mĂ©nages sont allouĂ©s au fonctionnement du temple, dont 1 000 pour les tĂąches de maintenance, 2 000 pour les cĂ©rĂ©monies et le reste pour la communautĂ©[89]), exemptions d’impĂŽts, revenus des champs (konden) rĂ©partis dans tout le Japon, etc. Mais rapidement, la cour se dĂ©sengage financiĂšrement et les grands temples doivent pallier cela en accroissant leur domaine afin d’augmenter les revenus, Ă  partir du Xe siĂšcle[90] - [91]. Ces domaines sont nommĂ©s shƍen, dont le propriĂ©taire privĂ© percevait une partie des revenus. Un registre de 770 indique que le Tƍdai-ji en possĂ©dait 92, et un autre de 1214 en mentionne 42[92] - [93], mais les possessions du temple ne sont pas fixes, les plus anciennes pouvant par exemple ĂȘtre laissĂ©es Ă  l’abandon[94]. Durant la guerre de Genpei, tous les domaines sont momentanĂ©ment confisquĂ©s par les Taira, avant d’ĂȘtre restituĂ©s par Minamoto no Yoritomo, que le Tƍdai-ji avait soutenu[95] - [96]. À partir de l’époque de Heian, les temples deviennent donc dĂ©pendants de leurs terres mais Ă©galement de la cour impĂ©riale, car pour ĂȘtre profitable, un domaine devait obtenir une exemption d’impĂŽts accordĂ©e de plein droit par l’État ; obtenir une telle exemption pour chaque domaine s’impose donc comme un enjeu capital[37]. Le propriĂ©taire pouvait Ă©ventuellement fixer une taxe supplĂ©mentaire, dans les strictes limites fixĂ©es par la loi[90].

Au XIIIe siĂšcle, la dĂ©pendance aux domaines s’accroĂźt encore, car le pouvoir n’appartient plus directement Ă  la cour impĂ©riale, tandis que les Ă©coles religieuses prolifĂšrent et entrent en compĂ©tition[78]. L’attribution des revenus d’une province Ă  un temple (chigyƍkoku) n’existe d’ailleurs plus, et n’est que marginalement reprise pour financer les travaux de restauration du Tƍdai-ji de l’époque de Kamakura, aprĂšs que Minamoto no Yoritomo attribue au temple les impĂŽts des provinces de Suƍ, et dans une moindre mesure de Bizen et de Harima[97] - [98]. Les problĂšmes administratifs et financiers deviennent alors la premiĂšre prĂ©occupation des moines, car l’administration des domaines (rĂ©partis dans tout le pays) et la perception des revenus, qui sont dĂ©sormais entiĂšrement laissĂ©es aux mains du clergĂ©, s’avĂšrent trĂšs complexes[97]. En effet, les puissantes familles ou les gĂ©rants locaux (jitƍ ou gokenin) s’arrogent les terres du Tƍdai-ji ou refusent ostensiblement de payer les impĂŽts[56]. Les brigandages au milieu du XIIIe siĂšcle en raison des disettes et des Ă©pidĂ©mies posent Ă©galement de nouveaux problĂšmes[99], tout comme les rivalitĂ©s avec d’autres temples comme le Kƍfuku-ji, protĂ©gĂ© par les Fujiwara et sa troupe de moines-soldats[100]. En rĂ©ponse Ă  ces maux, les moines doivent s’investir bien plus qu’avant dans l’administration des domaines, notamment en nommant des reprĂ©sentants officiels (azukari dokoro) chargĂ©s de supplĂ©er les gĂ©rants locaux, de prĂ©fĂ©rence des moines haut placĂ©s afin de limiter la corruption[101]. NĂ©anmoins, les problĂšmes de gestion ne vont pas en s’amĂ©liorant et seuls huit domaines versent effectivement les taxes dues au Tƍdai-ji en 1269, assurant un revenu minimal[102]. En conclusion, le XIIIe siĂšcle marque un tournant dans le financement du temple, les moines devant s’improviser gestionnaires et faire fonctionner un modĂšle qui n’est plus en phase avec la sociĂ©tĂ©, la tendance Ă©tant Ă  la centralisation des terres et non plus au maintien de domaines dispersĂ©s dans tout le pays[102].

Au XIVe siĂšcle, d’autres sources de revenus sont explorĂ©es, par exemple l’instauration de droits de pĂ©age dans les ports[103] ou l’augmentation importante des guildes de commerce et d’artisanat (za), dont la plus ancienne remonte Ă  1097 au Tƍdai-ji[104].

De nos jours, le temple appartient toujours Ă  l’école Kegon dont il est le centre[105], Ă  l’exception du Shƍsƍ-in et de son trĂ©sor qui sont administrĂ©s par l’Agence impĂ©riale[106]. À l’époque moderne, les temples et Ă©coles bouddhiques au Japon sont financĂ©s principalement par les services religieux qu’ils assurent (rites funĂ©raires, entretien des cimetiĂšres, priĂšres), les visites (tourisme ou pĂšlerinage) et les dons[107]. D’autre part, les restaurations ou rĂ©parations des nombreux biens classĂ©s au patrimoine culturel du Japon sont subventionnĂ©es par l’État[59] - [108].

Spiritualité et religion

Bouddhisme

Petit bùtiment à un étage, blanc aux poutres nues. Toit et toit intermédiaire de tuiles grises aux extrémités recourbées.
L’estrade d’ordination (Kaidan-in, 1733).

Le Tƍdai-ji est le centre des Ă©coles bouddhiques Kegon (Ă©cole de l’ornementation fleurie) et Ritsu (Ă©cole de la discipline). Le Kegon (Huayan), importĂ© de Chine et basĂ© sur le sĆ«tra Avatamsaka, fait partie des six principales Ă©coles de Nara (Nanto rikushĆ«). Les enseignements essentiels de l’école se fondent sur l’idĂ©e d’interpĂ©nĂ©tration (Dharmadhatu, espace de la rĂ©alitĂ© absolue) des Ă©lĂ©ments de l’univers : la crĂ©ation et l’interaction des phĂ©nomĂšnes rĂ©els sont absolues et rĂ©ciproques selon le principe d’infinitĂ© dans l’espace et le temps, signifiant qu’un Ă©lĂ©ment de la rĂ©alitĂ© contient tous les autres, et inversement[109]. Les doctrines trĂšs Ă©litistes de l’école proposent une classification stricte des enseignements du Bouddha jusqu’à la comprĂ©hension complĂšte du Dharmadhatu[109]. Le bouddha Vairocana (le Grand Bouddha au Tƍdai-ji) y tient un rĂŽle central. Rƍben est l’un des principaux artisans de l’enseignement du Kegon au Japon, et le Tƍdai-ji en devient le centre (honzan) par son truchement. L’école n’est rĂ©ellement influente que durant l’époque de Nara, avant d’ĂȘtre rapidement supplantĂ©e par les sectes Ă©sotĂ©riques au IXe siĂšcle[110]. À l’époque de Kamakura, elle connaĂźt un regain d’intĂ©rĂȘt momentanĂ© grĂące Ă  plusieurs personnalitĂ©s ; dĂšs le Xe siĂšcle, Kƍchi fonde le temple secondaire Sonshƍ-in au Tƍdai-ji afin de se dĂ©gager de l’ésotĂ©risme dominant[111]. Puis Sƍshƍ (1202-1278) et surtout Gyƍnen (1240-1321) restaurent et modernisent l’enseignement du Kegon par une vision Ă©rudite mais plus Ă©clectique des pratiques et des dogmes, y apportant des Ă©lĂ©ments d’autres Ă©coles zen, Ritsu, Tendai et de la Terre pure[112]. Myƍe (1173-1232) enfin, moine important du XIIIe siĂšcle, poursuit cette voie : il Ă©tudie au Tƍdai-ji avant de fonder au Kƍzan-ji un courant du Kegon moins intellectuel, plus prĂ©occupĂ© par les besoins spirituels des fidĂšles[113].

Sur la droite une esquisse montrant une triade de Shaka et des moines. Sur la gauche des calligraphies chinoises.
Copie du sĆ«tra Avatamsaka (Kegon en japonais) au Tƍdai-ji (encre d’argent sur papier, XIIe siĂšcle).

L’école Ritsu (Vinaya), appartenant Ă©galement aux six Ă©coles de Nara, prĂȘche plutĂŽt un ensemble de codes et de rĂšgles de la vie monacale permettant d’atteindre l’Éveil[114]. L’ordination et la pratique religieuse des moines qui en dĂ©coulent sont thĂ©oriques et strictement codifiĂ©es. C’est un moine chinois, Ganjin (Jianzhen), qui apporte cet enseignement au Japon Ă  partir de 754. La cour lui accorde le droit d’ouvrir une salle d’ordination au Tƍdai-ji, le Kaidan-in, oĂč les moines sont dĂ©sormais formĂ©s et intronisĂ©s[115]. MalgrĂ© la crĂ©ation d’autres estrades d’ordination au Japon, le Kaidan-in reste la principale durant toute l’époque de Heian[116]. Tout comme le Kegon, l’école Ritsu dĂ©cline aprĂšs l’époque de Nara et connaĂźt un bref regain d’intĂ©rĂȘt Ă  l’époque de Kamakura, notamment en provenance du Saidai-ji[112].

Les temples constituent Ă  l’origine des lieux d’étude et d’enseignement qui ne sont pas restreints Ă  un corpus prĂ©cis, mais permettent d’étudier au contraire les enseignements de diffĂ©rentes Ă©coles[40]. Rƍben, un des fondateurs du temple, insuffle cette tradition studieuse en programmant des confĂ©rences et des sessions de lecture des sĆ«tras[117]. Les enseignements portaient sur la comprĂ©hension d’un sĆ«tra ou d’un concept, les moines pouvant se spĂ©cialiser dans diverses disciplines, par exemple l’étude de chacune des six Ă©coles de Nara au VIIIe siĂšcle[118]. Le Tƍdai-ji reste ainsi un foyer spirituel important oĂč de nombreux moines des diffĂ©rentes Ă©coles de Nara et de Heian se cĂŽtoient, bien que l’école Kegon perde grandement de son importance aprĂšs le VIIIe siĂšcle[113]. Depuis le Xe siĂšcle, le supĂ©rieur (bettƍ) du temple est d’ailleurs choisi parmi le clergĂ© Shingon (Ă©cole Ă©sotĂ©rique)[119], et le rapprochement entre les deux Ă©coles semble remonter au temps du fondateur du Shingon, KĆ«kai, au IXe siĂšcle[113].

Syncrétisme et shinto

Statue paisible Ă  l’apparence d’un moine assis, piĂ©destal de fleurs de lotus, sceptre dans la main droite. Noir et blanc.
Statue du dieu Hachiman réalisée par Kaikei pour le sanctuaire Hachiman (bois, 1201).

La religion au Japon se caractĂ©rise par le syncrĂ©tisme entre le shinto et le bouddhisme, c’est-Ă -dire entre les croyances ancestrales et la religion continentale. Le Tƍdai-ji participe aux prĂ©mices de ce syncrĂ©tisme, s’agissant d’un des premiers temples bouddhiques protĂ©gĂ©s par un kami shinto, Hachiman, divinitĂ© de la guerre et protecteur du pays. Durant la construction du Tƍdai-ji, le culte de Hachiman Ă©tait principalement rendu Ă  Usa (KyĆ«shĆ«)[120] ; toutefois, un oracle rapporte alors que le dieu souhaite protĂ©ger le Grand Bouddha du Tƍdai-ji. Nara devient alors un des foyers du culte de Hachiman, et son sanctuaire (Tamekuya Hachiman-gĆ«) est Ă©tabli sur le site, Ă  l’est sur les premiers contreforts du mont Wakakusa[26]. De plus, un sanctuaire dĂ©diĂ© Ă  la divinitĂ© est Ă©tabli dans les monastĂšres provinciaux (kokubun-ji) dĂ©pendants du Tƍdai-ji[21]. Outre la protection du temple, Hachiman devient Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale protecteur du clan Minamoto, qui dirige le Japon plusieurs dĂ©cennies, et de ses territoires du Kantƍ[121]. Son culte se rĂ©pand dans tout le pays et de nombreux sanctuaires (plus de 30 000) lui sont dĂ©diĂ©s de nos jours[121]. Les cĂ©rĂ©monies tenues au sanctuaire mĂ©langent Ă©galement les pratiques des deux religions[122].

Durant la reconstruction du Tƍdai-ji Ă  l’époque de Kamakura, Chƍgen a recours Ă  la mĂȘme pratique en invoquant l’aide du sanctuaire shinto Ise-jingĆ«, dĂ©diĂ© principalement Ă  la dĂ©esse Amaterasu[97]. Il s’y rend en pĂšlerinage en 1186 oĂč, selon la lĂ©gende, la dĂ©esse lui apparaĂźt en rĂȘve et lui promet son aide pour la restauration du Tƍdai-ji, si Chƍgen promet de raviver l’énergie spirituelle de la divinitĂ©[97]. Il ramĂšne donc au sanctuaire six cents rouleaux du SĆ«tra de la Grande Vertu de sagesse (Daihannya-kyƍ) Ă  la tĂȘte d’une dĂ©lĂ©gation de soixante moines[123].

Rites et cérémonies

De nuit, d’impressionnantes gerbes de feu tout le long du balcon du bñtiment.
La cĂ©rĂ©monie du feu au Nigatsu-dƍ du Tƍdai-ji, durant le Shuni-e.

Les rites et cĂ©rĂ©monies sont essentiels dans la tradition japonaise, car ils permettent d’assurer protection et prospĂ©ritĂ©. Étant donnĂ© qu'ils sont extrĂȘmement codifiĂ©s et rĂ©gis par un calendrier prĂ©cis, les moines sont chargĂ©s d’assurer leur bonne tenue, qu’ils soient quotidiens, saisonniers, annuels
 DĂšs le VIIIe siĂšcle, Rƍben Ă©tablit un programme annuel des cĂ©rĂ©monies et des confĂ©rences[117]. Les rites pratiquĂ©s au Tƍdai-ji, bouddhiques ou shinto, sont assurĂ©s par diffĂ©rents groupes de moines affiliĂ©s Ă  la salle du Grand Bouddha ou aux diffĂ©rents temples secondaires. À l’époque de Nara, les plus grandes cĂ©rĂ©monies s’y tenaient, en prĂ©sence de hauts reprĂ©sentants de la cour impĂ©riale[124].

Enfants en costumes traditionnels sur une estrade jetée sur le lac.
Danses traditionnelles sur une scĂšne installĂ©e prĂšs de l’étang du Miroir, lors de la cĂ©rĂ©monie de commĂ©moration de la mort de l’empereur Shƍmu (Shƍmu Tenno sai), le 2 mai.

Le rituel nommĂ© Shuni-e (« cĂ©rĂ©monie du second mois ») ou Omizu-tori (lit. « cĂ©rĂ©monie du puisage de l’eau »), qui se tient chaque annĂ©e depuis 752, est le plus important du temple. Il se dĂ©roule du 1er au 14 mars au Nigatsu-dƍ afin de purifier le monde profane de ses pĂ©chĂ©s et favoriser la prospĂ©ritĂ© du pays[125]. Onze moines, les RengyƍshĆ«, sont chargĂ©s de la tenue de la cĂ©rĂ©monie. AprĂšs une pĂ©riode de prĂ©paration consacrĂ©e Ă  la mĂ©ditation et la purification (bekka), le Shuni-e dĂ©bute le 1er mars. Les onze religieux observent chaque jour six rituels de repentance (keka). Le soir, pour le rituel Otaimatsu, des jeunes croyants brandissent sur le balcon du Nigatsu-dƍ d’imposantes torches de pins, faisant jaillir des myriades d’étincelles sur la foule en contrebas, afin de repousser les mauvais esprits[126]. Dans la nuit du 12 au 13 mars se tient la cĂ©rĂ©monie de l’Omizu-tori proprement dite, oĂč l’eau de source sacrĂ©e du temple est transfĂ©rĂ©e dans deux jarres, en offrande Ă  la dĂ©esse Kannon : l’une contient un peu d’eau des quelque 1 250 festivals passĂ©s depuis 752, l’autre sert Ă  recueillir l’eau nouvelle[125]. Cet ensemble de rituels s’inscrit dans les courants syncrĂ©tiques en tirant son origine, ses pratiques et les divinitĂ©s honorĂ©es tant du bouddhisme que du shinto[127].

Les autres rites annuels les plus importants dĂ©butent avec les cĂ©lĂ©brations du Nouvel An, dont la grande priĂšre du 7 janvier (shusho-e). Le 8 avril se tient la cĂ©rĂ©monie de la naissance du Bouddha historique, le 2 mai est consacrĂ© Ă  la commĂ©moration de la mort de l’empereur Shƍmu (Shƍmu Tenno sai), et le 5 juillet Ă  la mort de Chƍgen. En aoĂ»t se tiennent la cĂ©rĂ©monie de nettoyage du Grand Bouddha (ominugui) le 7 et le festival des dix mille lanternes le 15. Le festival d’automne se dĂ©roule le 15 octobre, cĂ©lĂ©brant l’édit impĂ©rial Ă©mis pour annoncer la construction du Grand Bouddha. Enfin, la derniĂšre cĂ©rĂ©monie importante a lieu le 16 dĂ©cembre avec la lecture du sĆ«tra Avatamsaka (Kegon)[128] - [129].

Architecture

Temple original

Maquette avec : le Daibutsu-den au centre, cerné de son cloßtre intérieur, flanqué de deux pagodes.
Maquette du site original du temple au VIIIe siĂšcle, avec les pagodes, le Daibutsu-den, le cloĂźtre intĂ©rieur et la porte sud, d’aprĂšs les travaux de Shun’ichi Amanuma.

TrĂšs peu de bĂątiments datant de la construction originelle Ă  la pĂ©riode Tenpyƍ subsistent de nos jours. Il s’agit du Hokke-dƍ, du Shƍsƍ-in, de la porte Tengai, de la salle du trĂ©sor du sanctuaire Tamukeyama Hachiman ainsi que de trois entrepĂŽts, le reste ayant disparu ou Ă©tĂ© reconstruit ultĂ©rieurement[18]. Le style original correspond aux influences de la Chine des Tang[130], le classicisme et la proximitĂ© au modĂšle chinois s’expliquant par la fonction du bouddhisme dans l’État, c’est-Ă -dire la protection de l’empereur[131].

BĂątiment sans Ă©tage blanc aux poutres Ă  nues.
Le Hokke-dƍ, ou salle du Lotus (VIIIe siùcle).

Deux longs murs d’enceinte cernaient le site sur les cĂŽtĂ©s ouest et sud, percĂ©s de trois portes chacun Ă  la maniĂšre chinoise. Seule reste une des portes, la porte Tengai (Tengai-mon) au nord-ouest[132]. Elle Ă©tait utilisĂ©e pour les cĂ©rĂ©monies du sanctuaire shinto Tamukeyama Hachiman. ComposĂ©e de trois ouvertures, elle repose sur un socle en pierre et de lourds piliers soutiennent le toit Ă  pignon de style nijĆ«kƍryƍ kaerumata[133]. Entre l’enceinte sud et le cloĂźtre intĂ©rieur, deux pagodes (tƍ en japonais) Ă  sept Ă©tages s’élevaient Ă  l’est et l’ouest, chacune adjointe d’une enceinte carrĂ©e ; les sept Ă©tages symbolisent les cinq Ă©lĂ©ments traditionnels ainsi que le Soleil et la Lune[134]. Cet emplacement des pagodes Ă  l’extĂ©rieur du cloĂźtre est caractĂ©ristique du style de Nara, alors que les Ă©difices plus anciens comme le HƍryĆ«-ji disposaient d’une seule pagode situĂ©e Ă  l’intĂ©rieur du cloĂźtre, lui confĂ©rant plus d’importance[130] - [135]. Mesurant plus de cent mĂštres, soit le double des plus hautes pagodes japonaises existantes de nos jours, ces Ă©difices aujourd’hui disparus tĂ©moignent d’une grande maĂźtrise de la construction Ă  pans de bois[132] - [136]. Le bĂątiment principal (Daibutsu-den) hĂ©bergeant la statue colossale a Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©truit deux fois. D’aprĂšs les travaux architecturaux et archĂ©ologiques de Shun’ichi Amanuma, le bĂątiment Ă©tait Ă  l’origine plus grand et rectangulaire, mesurant 86,1 mĂštres de haut au lieu des 57,1 actuels ; il prĂ©sentait un plan rectangulaire plus Ă©quilibrĂ©, avec onze baies de long au rez-de-chaussĂ©e et neuf au premier Ă©tage[124]. Le toit Ă  comble inspirĂ© de Chine devait ĂȘtre de forme yosemune (faĂźte plat, pentes latĂ©rales trapĂ©zoĂŻdales et pentes frontales triangulaires), Ă©lĂ©gant et lĂ©gĂšrement courbĂ©[137]. Enfin, la salle de lecture des sĆ«tras (kƍdƍ), les vastes quartiers des moines (sƍbƍ), le rĂ©fectoire (jiki-dƍ) et le campanile situĂ©s au nord de la salle du Grand Bouddha ont Ă©galement disparu[132]. Deux bĂątiments du VIIIe siĂšcle subsistants prĂ©sentent un fort intĂ©rĂȘt architectural : le Hokke-dƍ et le Shƍsƍ-in.

Le Hokke-dƍ (salle du Lotus), ou plus communĂ©ment Sangatsudƍ (salle du troisiĂšme mois) d’aprĂšs la cĂ©rĂ©monie de lecture du SĆ«tra du Lotus qui s’y tient le troisiĂšme mois de l’annĂ©e, est un sanctuaire annexe bĂąti sur l’emplacement de l’ancien temple Konshƍ-ji[18] - [40]. AchevĂ© probablement au plus tard en 746, il prĂ©sente un style architectural caractĂ©ristique de la pĂ©riode Tenpyƍ primitive et s’élĂšve Ă  l’est du site, sur les prĂ©mices du mont Wakakusa[132]. OrientĂ© au sud, sa forme rectangulaire profonde est constituĂ©e de cinq entrecolonnements pour la façade principale et huit pour les cĂŽtĂ©s. Il se compose d’une salle principale (shƍdƍ ou hondƍ) prĂ©cĂ©dĂ©e d’une salle de lecture au sud (raidƍ). Toutefois, le raidƍ a Ă©tĂ© ajoutĂ© ultĂ©rieurement en 1199 et rĂ©uni par un corridor au shƍdƍ, tandis que le plancher de bois a disparu[133]. La toiture particuliĂšre repose sur un ensemble d’encorbellements surmontĂ©s d’un maĂźtre dĂ© (daito) associĂ© Ă  trois dĂ©s secondaires (to), selon le systĂšme dit degumi. Typique de l’époque, une piĂšce de support (kentozuka) est intercalĂ©e entre les poutres formant la charpente[133].

BĂątiment austĂšre en poutres horizontales de bois nu.
Le Shƍsƍ-in, ou salle du trĂ©sor (VIIIe siĂšcle).

Les magasins ont Ă©tĂ© construits dans un style diffĂ©rent du Hokke-dƍ, l’azekura-zukuri, rĂ©current pour les greniers et entrepĂŽts[133]. Parmi les magasins subsistants, le Shƍsƍ-in situĂ© au nord est le plus grand Ă©difice de ce style, mesurant 33 mĂštres de face, 9,4 de profondeur et 14,24 de haut[138]. Soutenus par de lourds pilotis de bois sur fondation de pierre (structure dite takayuka-shiki), ses murs se composent d’un empilement horizontal de poutres triangulaires de cyprĂšs du Japon qui s’entrecroisent aux quatre coins (technique azekura). Deux piĂšces, au nord (hokusƍ) et au sud (nansƍ), flanquent la salle centrale (chĆ«sƍ), sĂ©parĂ©es par des cloisons internes en bois[133]. Cette structure donne une prĂ©servation idĂ©ale pour les entrepĂŽts[139] - [140]. Le Shƍsƍ-in sert Ă  entreposer au fil du temps objets d’art et documents historiques inestimables ; dĂšs 756, l’impĂ©ratrice du dĂ©funt Shƍmu fait don au Shƍsƍ-in d’une collection de quelque 10 000 objets d’art, d’artisanat ou de la vie quotidienne[141], venant du Japon et de tout le continent asiatique aux VIIe et VIIIe siĂšcles[5]. Pour cette raison, le bĂątiment fut soigneusement conservĂ© et les moines lui accordĂšrent le suffixe religieux honorifique « -in » ; certains ouvrages lui donnent le qualificatif de « premier musĂ©e du monde », bien que fort peu de personnes eussent l’autorisation d’y pĂ©nĂ©trer[142]. Ces trĂ©sors ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s de nos jours dans divers musĂ©es nationaux pour une part, et dans une structure moderne en bĂ©ton non loin pour le reste[142].

Style Daibutsu de l’époque de Kamakura

Structure carrĂ©e sans mur plein Ă  l’avant-toit fortement courbĂ©e. Imposante cloche en bronze au centre.
Shƍrƍ (beffroi, 1210).
Structure de la grande porte sud (achevée en 1203), avec ses traverses encastrées dans les piliers et le systÚme de consoles soutenant le premier toit à droite.

L’incendie du temple par les Taira en 1180 ne laisse que trĂšs peu de bĂątiments intacts, nĂ©cessitant la reconstruction de la plus grande partie du site. Seuls demeurent la salle des fondateurs (kaisan-dƍ, 1200), la salle de lecture (raidƍ) du Hokke-dƍ (1199), le beffroi (shƍ-rƍ, 1210) et surtout la grande porte sud (nandai-mon, 1195)[143].

L’étude des styles architecturaux de la Chine des Song du Sud par le biais de Chƍgen suscite un nouveau style nommĂ© daibutsu-yƍ ou tenjiku-yƍ[144], qui explore le monumentalisme grĂące Ă  de nouvelles techniques de construction plus robustes[130] et le retour aux sources du bouddhisme[145]. L’usage de bras de console (hijiki, poutre supportant l’avancĂ©e des avant-toits) et de traverses (nuki, piĂšce de construction horizontale) encastrĂ©s ou fixĂ©s directement aux piliers et non plus reposant au-dessus renforce la structure et permet de gagner en hauteur, modulo les difficultĂ©s d’approvisionnement en poutres suffisamment hautes et larges[143]. Multiplier les traverses et tasseaux permettait de construire des structures massives rapidement et efficacement, notamment en rĂ©duisant la complexitĂ© des consoles et en standardisant les piĂšces[146] - [145]. L’ajout de supports trĂšs larges (taiheizuka) entre les consoles, trĂšs employĂ©s dans l’architecture zen par la suite, est Ă©galement inhabituel[130]. Le style daibutsu-yƍ, Ă©loignĂ© des courants japonais traditionnels, reste peu usitĂ© au Japon, si bien que rares en sont les exemples subsistants de nos jours, dont la grande porte sud du Tƍdai-ji qui en illustre toutes les caractĂ©ristiques[130]. Cette derniĂšre est une construction massive achevĂ©e en 1203, mesurant 25,7 mĂštres de haut et 29,7 de large[144], soit la plus grande porte de temple du Japon[147]. Deux toits en demi-croupe se superposent, soutenus par les piliers imposants de plus de 19 mĂštres formant cinq baies[147] - [148]. Six entraits sont encastrĂ©s dans les piliers pour supporter les deux toits ; de plus, les espaces vides entre ces entraits sont comblĂ©s par des consoles factices, donnant ces angles Ă  45 degrĂ©s qui partent en sens inverse du toit[145]. Enfin, des poutres « arc-en-ciel » (lĂ©gĂšrement bombĂ©es) soutiennent la poussĂ©e latĂ©rale du toit principal au sommet des piliers[149]. La porte abrite deux imposantes statues gardiennes (niƍ) de plus de huit mĂštres. L’ensemble des autres bĂątiments a Ă©tĂ© dĂ©truit dans l’incendie de 1567, mais devait probablement observer un style proche de la grande porte sud, du moins durant le vivant de Chƍgen.

À sa mort lui succĂšdent Ă  la tĂȘte des travaux les moines Eisai puis GyƍyĆ«, qui amĂšnent chacun quelques variations architecturales, en particulier des Ă©lĂ©ments d’inspiration zen (style zenshĆ«)[143]. Le style expĂ©rimentĂ© par Eisai permet de combiner les aspects massifs du daibutsu-yƍ et dĂ©coratifs du zen, avec des toits trĂšs incurvĂ©s et des tasseaux plus discrets[130]. Le clocher du Tƍdai-ji construit en 1202 sous son Ă©gide tĂ©moigne de cette phase de transitions[149].

Temple actuel

Le temple actuel rĂ©sulte grandement des restaurations entreprises Ă  l’époque d’Edo Ă  partir de 1685. La salle du Grand Bouddha, achevĂ©e en 1707, est de dimension rĂ©duite par rapport au bĂątiment original, avec sept baies de large et une surface au sol non plus rectangulaire mais carrĂ©e ; il reste toutefois le plus grand bĂątiment couvert en bois au monde[144] - [58], mesurant 47 mĂštres de haut, 57 de long et 52 de large[124]. En raison du budget limitĂ©, rassembler le bois pour les tasseaux supportant l’avancĂ©e du toit posait problĂšme, si bien que des renforts en fer furent ajoutĂ©s[144]. Lors des restaurations de 1906 Ă  1913, la structure est grandement renforcĂ©e pour pouvoir supporter le poids de la charpente, des Ă©tudes ayant montrĂ© des faiblesses importantes[150]. Bien que structurellement proche du bĂątiment restaurĂ© sous la conduite de Chƍgen, en mĂȘlant styles daibutsu et zen, quelques Ă©lĂ©ments reflĂštent les avancĂ©es des XVIe et XVIIe siĂšcles, tel le large pignon (karahafu)[130].

  • Porte Tengai-mon (VIIIe siĂšcle).
    Porte Tengai-mon (VIIIe siĂšcle).
  • La salle des fondateurs (kaisan-dƍ, 1200).
    La salle des fondateurs (kaisan-dƍ, 1200).
  • Nigatsu-dƍ (salle du deuxiĂšme mois, 1669).
    Nigatsu-dƍ (salle du deuxiùme mois, 1669).
  • Salle du Grand Bouddha (Daibutsu-den, 1707).
    Salle du Grand Bouddha (Daibutsu-den, 1707).
  • Sashizu-dƍ (XVIIIe siĂšcle).
    Sashizu-dƍ (XVIIIe siùcle).
  • Shunjƍ-dƍ (XVIIIe siĂšcle).
    Shunjƍ-dƍ (XVIIIe siùcle).

Sculpture

PĂ©riode Tenpyƍ

La sculpture bouddhique de la pĂ©riode Tenpyƍ s’inspire de la sculpture de la Chine des Tang[151]. La multiplication des temples suscite une production soutenue, si bien que des bureaux d’artisans regroupant divers corps de mĂ©tiers sont crĂ©Ă©s sous l’empereur Temmu, administrĂ©s par des fonctionnaires ou des temples ; le Bureau des sculptures du Tƍdai-ji a comptĂ© le plus grand nombre d’artisans alors, jusqu’à sa fermeture en 789. Ces premiĂšres productions datent principalement du milieu et de la fin de la pĂ©riode Tenpyƍ, seconde moitiĂ© du VIIIe siĂšcle.

Statuaire du Hokke-dƍ et du Kaidan-in

Statue de Kannon, au centre, sur un haut piĂ©destal. Deux statues blanches sereines de part et d’autre, de taille deux fois moindre: les devas.
FukĆ«ken-saku Kannon, laque sĂšche creuse, H : 3,64 m, et deux devas, argile crue. Fin VIIIe. Hokke-dƍ[152].

Historiquement, la technique du Tenpyƍ classique repose sur l’usage de la laque sĂšche creuse (dakkan kanshitsu), dans un style naturaliste teintĂ© d’une certaine idĂ©alisation, façonnĂ© par les artistes japonais Ă  partir des modĂšles Tang (qui emploient la laque dĂšs le IVe siĂšcle)[12]. La mĂ©thode consistait en la rĂ©alisation d’un moule grossier en terre, que les artistes recouvraient d’une Ă©paisse couche de tissus enduits de laque. Une fois cette derniĂšre sĂšche, le moulage interne Ă©tait retirĂ© et remplacĂ© par une armature en bois[153]. L’artiste pouvait alors modeler les dĂ©tails du visage et du corps[154].

Au Tƍdai-ji demeure de la pĂ©riode Tenpyƍ un ensemble de neuf statues en laque sĂšche creuse et cinq en terre sĂ©chĂ©e, abritĂ©es dans le Hokke-dƍ, qui semblent avoir eu une grande influence sur les artistes contemporains[155]. La divinitĂ© principale de l’ensemble ornemental est un FukĆ«kenjaku Kannon (une forme puissante du bodhisattva de la compassion Kannon) Ă  huit bras et trois yeux de 3,60 m de haut, en laque sĂšche recouverte d’or, rĂ©alisĂ© probablement avant 749[156]. Debout sur un socle octogonal surmontĂ© de pĂ©tales de lotus, la statue observe une symĂ©trie verticale rigoureuse, notamment la robe et les bras (en pose de vĂ©nĂ©ration ou portant divers attributs religieux). Le vaste nimbe en bronze dorĂ© prĂ©sente une forme unique Ă  quarante-deux rayons inĂ©gaux, ornĂ©s de rinceaux floraux. La coiffe est en argent dorĂ© et dĂ©corĂ©e de pierres prĂ©cieuses et de perles serties en forme de magatama ; elle est parĂ©e d’une petite sculpture en argent du bouddha Amida en son centre[157] - [155]. Le style global reste caractĂ©ristique de l’époque, visant Ă  l’harmonie et au naturalisme, tout en suggĂ©rant une puissance nouvelle par la tĂȘte, proportionnellement plus grande, ainsi que le corps et les bras volumineux ; l’artiste souligne surtout la dignitĂ©, la grandeur distante et la compassion bienveillante[158]. Le FukĆ«kenjaku Kannon forme une triade avec deux autres statues en laque de divinitĂ©s hindoues intĂ©grĂ©es au bouddhisme, Indra et Brahmā (Taishaku Ten et Bon Ten en japonais). Les six autres Ɠuvres en laque, originales par les positions et les armures des statues, reprĂ©sentent les quatre rois cĂ©lestes (Shi Tennƍ) et deux Niƍ, rĂ©alisĂ©es ultĂ©rieurement vers 759, auxquelles s’ajoutent les dĂ©esses Kichijo-ten et Benzai-ten provenant Ă  l’origine d’un autre bĂątiment (le Kichijo-dƍ, brĂ»lĂ© en 754) qui s’inscrivent dans la pleine pĂ©riode de la sculpture en laque sĂšche et offrent un portrait notable de la fĂ©minitĂ© inspirĂ© des dames Tang[159].

Statue féroce, corps cambré, bras droit levé tenant une lance. Couleur un peu effacée à dominante rouge et or.
ShĆ«kongƍ-jin du Hokke-dƍ (VIIIe siĂšcle).

Parmi l’ensemble en terre sĂ©chĂ©e ou argile du Hokke-dƍ, l’identitĂ© des deux statues positionnĂ©es de part et d’autre du FukĆ«kenjaku Kannon est incertaine selon les historiens de l’art : Nikkƍ et Gakkƍ (gĂ©nĂ©ralement affiliĂ©s au bouddha Yakushi) ou Bon Ten et Taishaku Ten[155]. Elles sont constituĂ©es d’un cƓur de bois recouvert de terre sĂ©chĂ©e et de paille puis d’une fine couche d’argile, sur laquelle les couleurs ont presque disparu ; leur expression, yeux mi-clos et mains jointes, revĂȘt l’aspect de la sĂ©rĂ©nitĂ© et de la dĂ©votion[157]. Elles montrent clairement une tendance Ă  l’introspection[158], rĂ©vĂ©lant l’essence de l’art Ă  la fois puissant et spirituel du milieu de la pĂ©riode Tenpyƍ[160]. Enfin, la statue du ShĆ«kongƍ-jin (1,8 mĂštre) — une image « secrĂšte » exposĂ©e une seule fois par an aux yeux du public, le 16 dĂ©cembre, d’oĂč son Ă©tat de conservation exceptionnel — exerce une impression de force par son corps musculeux rigoureusement proportionnĂ©, ses veines saillantes, son visage furieux et son bras menaçant[153] - [161]. On distingue encore nettement les couleurs (rouge, vert et bleu) et la dorure formant des motifs floraux fins sur l’armure, l’ensemble ajoutant au rĂ©alisme de la statue[155]. Toutefois, sous ses dehors furieux, c’est la bontĂ© de ShĆ«kongƍ-jin qui est dissimulĂ©e[161]. Le FukĆ«kenjaku Kannon et l’ensemble de statues en terre proviennent probablement d’un mĂȘme atelier, ou du moins ont Ă©tĂ© produits Ă  la mĂȘme pĂ©riode, en raison d’un style et de tailles (2 Ă  m) similaires[162]. En revanche, les autres statues en laque sĂšche creuse sont ultĂ©rieures et ne proviennent probablement pas du mĂȘme ensemble Ă  l’origine, le style Ă©tant moins puissant et expressif[163].

Outre l’ensemble du Hokke-dƍ, le Kaidan-in possĂšde deux des quatre rois cĂ©lestes (Jikoku-ten et Komoku-ten, rĂ©alisĂ©es entre 742 et 746) de 1,78 et 1,63 mĂštre en terre sĂ©chĂ©e (seconde moitiĂ© du VIIIe siĂšcle), pour lesquels l’artiste s’est concentrĂ© sur l’armure et l’expression de rage contenue du visage trĂšs humain, mais nĂ©gligeant les jambes[158] - [153].

Grand Bouddha et travail du métal

Grand Bouddha vu de trois quarts, cÎté gauche.
Le Grand Bouddha (Daibutsu) du Tƍdai-ji, en bronze mesurant 14,73 m (XVIIe siĂšcle).

La statue colossale du bouddha Vairocana (le Daibutsu) constituait l’élĂ©ment le plus frappant du site, probablement inspirĂ©e de statues colossales semblables en Chine[164]. Le responsable du Bureau des sculptures du Tƍdai-ji, Kuninaka no Muraji Kimimaro (d’origine corĂ©enne), a Ă©laborĂ© le moule en terre, avant que la statue soit fondue en bronze par les artisans Takechi no ƌkuni, Takechi no Mamaro et Kakinimoto no Odama, entre 747 et 749[18]. Entre 749 et 752, les artistes s’attellent aux finitions du visage et au polissage, la pose de la dorure venant aprĂšs[165]. Selon les travaux de Katori Tadahiko et diverses fouilles archĂ©ologiques, le processus de fabrication a consistĂ© en premier lieu Ă  creuser un vaste trou au fond renforcĂ© par une dalle. LĂ , deux moules en terre imbriquĂ©s ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s de sorte de laisser une cavitĂ© entre les deux, oĂč le mĂ©tal fondu doit ĂȘtre coulĂ© en huit phases[166]. Pour chacune, le moule est progressivement enfoui sous une colline de terre, afin d’y installer Ă  mesure peut-ĂȘtre vingt Ă  trente fourneaux capables de fondre le bronze dans le moule, du socle jusqu’à la tĂȘte. Enfin, la colline est peu Ă  peu aplanie pour les finitions[167] - [164]. La dorure recouvrant le bronze est appliquĂ©e Ă  partir de 752. NĂ©anmoins, en raison des dĂ©gradations et des incendies, il ne reste du Grand Bouddha original qu’une partie du piĂ©destal et des genoux, le reste rĂ©sultant majoritairement de la restauration de 1692. Selon Joan R. Piggott, 338 tonnes de cuivre et 16 tonnes d’or sont nĂ©cessaires pour l’Ɠuvre originale, pour une hauteur d’environ 16 mĂštres[168].

Un des rares documents iconographiques sur la statue d’origine est fourni par les Rouleaux des lĂ©gendes du mont Shigi (Shigisan engi emaki), peint prĂ©cĂ©demment Ă  la destruction de 1180 (voir)[23]. Quelques statues de l’époque comme le bouddha Vairocana du Tƍshƍdai-ji et le FukĆ«kenjaku Kannon du Hokke-dƍ permettent aussi d’imaginer le style du premier Grand Bouddha[158]. De plus, les pĂ©tales de lotus du piĂ©destal en bronze portent des gravures datant d’environ 757 qui illustrent des scĂšnes de l’univers bouddhique autour de Shaka[13]. Ces gravures empruntent Ă©galement beaucoup Ă  l’art chinois Tang (les proportions rĂ©alistes, le drapĂ© et le visage rond) et sont probablement trĂšs proches du style du Grand Bouddha original qui devait ĂȘtre plus Ă©lĂ©gant que la statue actuelle[169], gĂ©nĂ©ralement jugĂ©e banale hormis ses dimensions[141]. Cette derniĂšre date donc du XVIIe siĂšcle, mesure environ un mĂštre de moins que l’original, soit 14,98 mĂštres assise, et 18 mĂštres avec le piĂ©destal[170]. La statue reste malgrĂ© tout l’un des plus grands bouddhas assis au monde[62].

Il semble que la fonte du Grand Bouddha a Ă©puisĂ© la majeure partie des rĂ©serves de cuivre de l’archipel, ce qui peut expliquer la baisse significative de production de statues en bronze Ă  cette Ă©poque. La statuette en bronze de la naissance de Shaka sertie dans un petit bassin gravĂ© de fleurs et d’animaux servait lors des cĂ©rĂ©monies du 8 avril commĂ©morant l’anniversaire de Shaka, oĂč l’on versait de l’eau parfumĂ©e dessus. Ici, la finesse du modelĂ© et la fraĂźcheur du visage en font une des plus belles Ɠuvres sur le sujet[171]. Il reste Ă©galement la large lanterne octogonale en bronze qui se tient devant la salle du Grand Bouddha, forgĂ©e de fins croisillons et ornĂ©e sur quatre faces de reliefs Ă©lĂ©gants reprĂ©sentant des bodhisattvas jouant de la musique[172]. Ces deux sculptures renseignent lĂ  encore sur l’apparence du Grand Bouddha original[173].

Époque de Heian

Petite statue assise massive aux proportions peu réalistes. Noir et blanc.
Le Miroku (bois, Ă©poque de Heian).

DĂšs la seconde moitiĂ© de la pĂ©riode Tenpyƍ dĂ©bute une phase de transition artistique jusqu’à l’époque de Heian, oĂč le bois a dĂ©finitivement remplacĂ© la plupart des autres matĂ©riaux[154]. À partir des annĂ©es 760, une technique transitoire, la laque sĂšche sur bois (mokushin kanshitsu), apparaĂźt : contrairement Ă  la laque sĂšche creuse, le moulage interne en bois n’était pas retirĂ©, ce qui permettait de rĂ©duire l’épaisseur de laque nĂ©cessaire[12]. Dans une pĂ©riode de dĂ©sengagement financier de l’État et de divergences politiques (la capitale change de Nara Ă  Heian), les subventions accordĂ©es aux grands ateliers des temples de Nara sont significativement rĂ©duites, expliquant cette Ă©volution. De fait, la laque est coĂ»teuse Ă  produire Ă  la diffĂ©rence du bois ; or, les artistes se sont rapidement aperçus que plus la structure interne en bois est finement travaillĂ©e, plus la couche de laque nĂ©cessaire diminue[154]. De plus, les Japonais subissent l’influence du nouveau style chinois, plus volumineux, idĂ©aliste et sĂ©vĂšre, auquel la laque sĂšche sur bois correspondent bien[12]. C’est probablement par le truchement du moine Ganjin au Tƍshƍdai-ji que ce mouvement gagne le Japon, et donc l’atelier du Tƍdai-ji[12] - [174].

MalgrĂ© la fermeture de l’atelier de sculpture du Tƍdai-ji en 789, le style Tenpyƍ conserve une influence sur les productions du temple au tout dĂ©but de l’époque de Heian (Ăšre Jƍgan)[175]. Les sculpteurs de Nara participent Ă  Ă©tablir les nouveaux canons de l’époque, caractĂ©risĂ©s par un style plus massif, stylisĂ© aux proportions forcĂ©es, loin du naturalisme Tenpyƍ[176]. Le bouddha Miroku (IXe siĂšcle) et la statue du moine Rƍben (Xe – XIe siĂšcle) reflĂštent cette approche[177] ; la seconde Ɠuvre, au visage rectangulaire, au corps trĂšs large et aux plis de la robe Ă  plat, donne une impression de monumentalitĂ©, sans respect des proportions[178]. DatĂ©e du dĂ©but de l’époque de Heian (Ăšre Jƍgan), elle pourrait ĂȘtre une copie d’une Ɠuvre plus ancienne[176]. Rapidement, l’influence de Nara dĂ©croĂźt et les principaux apports techniques et stylistiques (notamment le yosegi-zukuri popularisĂ© par Jƍchƍ et les influences Ă©sotĂ©riques) proviennent d’autres centres artistiques[179]. Le Kannon Ă  onze tĂȘtes ou la statue d’Aizen (XIIe siĂšcle), aujourd’hui entreposĂ©s au Tƍdai-ji mais produits ailleurs, reflĂštent ces innovations[180]. Au Tƍdai-ji, le style du dĂ©but du IXe siĂšcle perdure encore jusqu’au XIIe siĂšcle (Ăšre Fujiwara)[181].

École Kei de l’époque de Kamakura

Statue debout en bois musculeuse et féroce, drapé dynamique, protégé derriÚre un fin grillage.
Un niƍ de la grande porte sud (Nandai-mon), en bois assemblĂ© de 8,36 m (dĂ©but XIIIe siĂšcle).

La derniĂšre grande Ă©poque de la sculpture bouddhique au Japon est mise au crĂ©dit de l’école Kei, fondĂ©e Ă  Nara et qui connaĂźt un grand essor dĂšs la fin du XIIe siĂšcle, Ă  l’époque de Kamakura[46]. Rompant avec l’idĂ©alisme et l’acadĂ©misme de Heian, elle propose un style marquĂ© par le rĂ©alisme, le dynamisme et les influences de la Chine des Song, correspondant mieux au goĂ»t des samouraĂŻs, nouveaux maĂźtres du Japon, et des nouvelles Ă©coles de la Terre pure[182] - [183]. Cette approche n’est pas sans rappeler le naturalisme de Tenpyƍ, mais de maniĂšre moins paisible, privilĂ©giant dynamisme et impression de mouvements[184]. C’est Ă  Nara que l’école Kei se dĂ©veloppe, prenant grandement part aux rĂ©novations des temples dĂ©truits par les Taira en 1180[51]. Au Tƍdai-ji, la plupart les maĂźtres de l’école — dont Kƍkei, Unkei, Kaikei et Jƍkaku — participent aux restaurations, sous l’égide de Chƍgen qui possĂšde des connaissances poussĂ©es sur les techniques chinoises contemporaines[51]. L’école pousse plus avant les techniques d’assemblage (yosegi-zukuri) qui leur permettent de travailler plus vite[182]. L’étude rĂ©aliste des corps et des mouvements se ressent particuliĂšrement dans l’art du portrait sculptĂ©[182].

Statue assise d’un vieil homme Ă©grainant un chapelet. Noir et blanc.
Sculpture du moine Chƍgen, en bois polychrome (dĂ©but XIIIe siĂšcle).

Parmi les Ɠuvres Kei les plus rĂ©putĂ©es au Tƍdai-ji figurent les statues colossales en bois des gardiens (niƍ) de la Nandai-mon (grande porte sud) rĂ©alisĂ©es en 1203, dont la fonction Ă©tait de protĂ©ger l’accĂšs au temple[147]. Mesurant 8,36 et 8,42 mĂštres, leurs corps fins, les muscles saillants, le drapĂ© fluide et le visage farouche correspond bien au dynamisme du style Kei[185]. Ces statues colossales ont Ă©tĂ© produites en environ soixante-dix jours par Kaikei, Unkei et leurs disciples, bien que le rĂŽle exact jouĂ© par chaque sculpteur fasse encore dĂ©bat ; un dĂ©lai aussi court suggĂšre la participation de nombreux assistants[186] - [187]. À partir d’un modĂšle en argile rĂ©alisĂ© par les maĂźtres afin d’extrapoler les proportions rĂ©alistes, la statue est rĂ©alisĂ©e avec la technique du yosegi-zukuri (par assemblage de piĂšces de bois)[185]. L’école reconstitue en fait l’ensemble des statues essentielles au temple, dont les quatre rois cĂ©lestes de la salle du Grand Bouddha (1196) ou les deux gardiens de la porte centrale (1194), aujourd’hui dĂ©truits[182]. Kaikei, sensible Ă  la perfection brute des formes et aux influences Song, produit de nombreuses Ɠuvres plus gracieuses et sereines, dont restent notamment les statues d’Amida (au Shunjƍ-dƍ, 1202), de Hachiman vĂȘtu comme un moine (sanctuaire de Hachiman, 1201) et de Jizƍ (au Kƍkei-dƍ, entre 1203-1208)[188] - [187]. Il s’intĂ©resse clairement pour Hachiman, kami shinto, Ă  reprĂ©senter la divinitĂ© sous une forme essentiellement humaine[189]. La couleur des motifs floraux de la robe et des pĂ©tales de lotus du piĂ©destal est riche, et le tout exprime Ă©lĂ©gance et dignitĂ©[190] - [191]. Ces statues au caractĂšre individualisĂ© et aux draperies fluides sont l’Ɠuvre d’un Kaikei au « sommet de son art[51] ». Dans un autre genre de rĂ©alisme, le portrait sculptĂ© de Chƍgen du Shunjƍ-dƍ, en bois assemblĂ© polychrome (auteur inconnu), s’attache Ă  saisir avec le plus grand rĂ©alisme l’imperfection et l’impermanence du corps Ă  travers la grande vieillesse du moine[192] ; le visage apparaĂźt ainsi ridĂ©, creusĂ©, dĂ©charnĂ©, et la peau tendue[193].

La production reste intense Ă  Nara dans les annĂ©es 1180 et 1190 pour la restauration des temples, tandis que le style Kei se rĂ©pand rapidement au Japon[194]. La ville redevient donc le principal foyer artistique du pays pour quelques dĂ©cennies, jusqu’à l’installation de l’école Kei Ă  Heian dĂšs 1210. Au XIIIe siĂšcle, les Ă©coles amidistes deviennent prĂ©pondĂ©rantes, y compris dans l’Ɠuvre de Kaikei qui popularise le style An’Amiyƍ (reprĂ©sentation d’Amida). Plus tard, la production au Tƍdai-ji devient moins individuelle, plus figurale, comme l’illustre la triade d’Amida du Kaidan-in datĂ©e de 1221[51]. Cette approche se ressent chez Tankei, qui devient maĂźtre de l’école Kei en 1218, annĂ©e oĂč il rĂ©alise avec Higo Jƍkei les quatre bouddhas de la pagode de l’Est du Tƍdai-ji (aujourd’hui disparue)[195]. Deux autres maĂźtres produisent des sculptures notables au temple durant le milieu et la fin du XIIIe siĂšcle : Zen'en, Ă  la technique perfectionnĂ©e, et Kƍen, apprenti de Tankei au style exagĂ©rĂ©ment formalisĂ©[51].

Comme le notent Peter C. Swann ou Donald F. McCallum, l’école Kei marque le dernier Ăąge d’or de la sculpture japonaise, qui sera ensuite artistiquement pauvre et sans originalitĂ©[196] - [197].

  • Niƍ en laque sĂšche creuse du Hokke-dƍ (VIIIe siĂšcle).
    Niƍ en laque sùche creuse du Hokke-dƍ (VIIIe siùcle).
  • Zochoten (roi cĂ©leste) en terre sĂ©chĂ©e du Kaidan-in (VIIIe siĂšcle).
    Zochoten (roi céleste) en terre séchée du Kaidan-in (VIIIe siÚcle).
  • Naissance de Shaka en bronze (VIIIe siĂšcle).
    Naissance de Shaka en bronze (VIIIe siĂšcle).
  • Portrait de Rƍben en bois (IXe siĂšcle).
    Portrait de Rƍben en bois (IXe siùcle).
  • Statue de Jizƍ en bois assemblĂ© par Kaikei (XIIIe siĂšcle).
    Statue de Jizƍ en bois assemblĂ© par Kaikei (XIIIe siĂšcle).
  • Statue colossale de KokĆ«zƍ situĂ©e au Daibutsu-den (XVIIe siĂšcle).
    Statue colossale de KokĆ«zƍ situĂ©e au Daibutsu-den (XVIIe siĂšcle).

Peinture et arts décoratifs

La longue histoire du Tƍdai-ji et la diversitĂ© des courants religieux qui y furent Ă©tudiĂ©s ont permis d’y constituer une collection d’art trĂšs Ă©clectique, bien que trĂšs partielle en raison des destructions successives du temple[198].

TrĂ©sors du Shƍsƍ-in

TracĂ© Ă  l’encre et couleur pĂąle pour le visage d’un buste de femme chinoise vue de trois quart.
DĂ©tail de la BeautĂ© sous l’arbre (752).

Au VIIIe siĂšcle, l’intĂ©rieur des temples apparaĂźt richement dĂ©corĂ© de peintures, broderies, tapisseries, et les arts profanes sont affinĂ©s par l’aristocratie de Nara, elle-mĂȘme inspirĂ©e par le goĂ»t de la glorieuse capitale des Tang en Chine. Toutefois, il subsiste peu de ces premiĂšres Ɠuvres, car toutes les ornementations de la salle du Grand Bouddha ont brĂ»lĂ© depuis[199]. Le tĂ©moin le plus inestimable de cet Ăąge fĂ©cond est le trĂ©sor du Shƍsƍ-in au Tƍdai-ji, oĂč sont entreposĂ©s les biens personnels de l’empereur Shƍmu et de nombreux nobles. Plusieurs milliers de piĂšces d’art ou effets personnels datant du VIIIe siĂšcle y ont Ă©tĂ© conservĂ©s : peintures, meubles, masques, armes, jeux, laques, objets du quotidien, objets rituels, Ă©toffes
, venant du Japon, de Chine et de toute l’Asie via la route de la soie[142] - [200].

Support de miroir circulaire riche, motifs concentriques Ă  dominante rouge et vert sur fond blanc.
Miroir en bronze laquĂ© du Shƍsƍ-in (VIIIe siĂšcle).

Le seul paravent subsistant, la BeautĂ© sous l’arbre peint en 752, s’inspire d’un thĂšme indien ou iranien pour donner une peinture selon la mode chinoise. Le visage et les mains de la femme sont colorĂ©s avec soin, tandis que la robe et la coiffure rĂ©sultaient Ă  l’origine de l’application de plumes multicolores, quasiment disparues aujourd’hui ; il demeure le fin tracĂ© prĂ©paratoire Ă  l’encre. L’expression plus libre qu’accoutumĂ©e du visage tĂ©moigne d’une sensibilitĂ© japonaise dans l’Ɠuvre[201]. D’autres peintures de motifs chinois au trait fin ornent des instruments de musique (biwa et genkan) : musiciennes au printemps, joueurs de go sous des pins, chasse au tigre, lettrĂ©s dans un paysage de montagne
 Les peintures Ă©taient appliquĂ©es sur du cuir recouvrant l’instrument, en apposant d’abord une couche blanche sur laquelle l’encre et les pigments sont apposĂ©s. Un vernis conservatoire donne enfin un effet de transparence[202]. Dans ces compositions, les paysages formĂ©s de vallĂ©es profondes apparaissent typiquement chinois par l’effet de profondeur et la grandeur[203]. Quelques paysages d’inspiration plus japonaise peuvent ĂȘtre trouvĂ©s par exemple en marge des cartes gĂ©ographiques, sur un recoin de papier ou encore sur des Ă©toffes de chanvre ; ces peintures se caractĂ©risent alors par un style plus lyrique et dĂ©coratif[202].

Le Shƍsƍ-in referme Ă©galement les divers objets utilisĂ©s lors de la cĂ©rĂ©monie d’inauguration du temple en 752 ; parmi ces piĂšces figurent un ensemble original de costumes et d’imposants masques de gigaku (une danse traditionnelle d’origine continentale) en bois ou laque, parmi les plus anciens masques conservĂ©s du monde avec ceux du HƍryĆ«-ji[204] - [205]. Divers objets rituels utilisĂ©s pour les cĂ©rĂ©monies depuis le VIIIe siĂšcle y Ă©taient entreposĂ©s, tels des brĂ»leurs d’encens, des instruments de musique, de la vaisselle en porcelaine ou encore des tenues rituelles[206].

Mandalas et sƫtras

Un boddhisttva assis au centre, cinq moines l’entourant dont les trois du bas sont coupĂ©s. VĂȘtements de couleur bleu, vert et pourpre. Fond abĂźmĂ©.
DĂ©tail du Kucha mandala (Ă©poque de Heian).

Parmi les rares peintures religieuses du Tƍdai-ji ayant survĂ©cu Ă  l’incendie de 1180 figurent deux prĂ©cieux mandalas, ces reprĂ©sentations en forme de diagramme de divinitĂ©s et des relations entre divinitĂ©s prisĂ©es dans la peinture Ă©sotĂ©rique. Le Hokke-dƍ Kompon mandala (couleurs sur soie) datant de la fin du VIIIe siĂšcle dĂ©crit le Bouddha historique accompagnĂ© de plusieurs moines et bodhisattvas. Le style Tang, caractĂ©risĂ© par les corps naturalistes et Ă©lĂ©gants, les drapĂ©s fluides et le paysage montagneux, s’y ressent pleinement, et l’Ɠuvre devait probablement ĂȘtre associĂ©e aux sculptures contemporaines du Hokke-dƍ, Ă©galement de style sinisant (voir plus haut)[207]. Toutefois, la sentimentalitĂ© et la douceur japonaise s’y ajoutent de façon surprenante, peut-ĂȘtre apportĂ©es par les restaurations que subit le mandala au XIIe siĂšcle[208]. AprĂšs l’époque de Nara, la production dĂ©croĂźt trĂšs fortement au Tƍdai-ji au profit des temples de Heian[209]. Du XIIe siĂšcle reste le Kucha mandala, attribuĂ© sans certitude Ă  Chinkai, Ă©galement centrĂ© sur le Bouddha historique et deux bodhisattvas liĂ©s. Ils sont entourĂ©s de dix moines indiens, et protĂ©gĂ©s aux quatre coins et sur les cĂŽtĂ©s par les Quatre Rois cĂ©lestes (shitennƍ) et deux rois gardiens (niƍ). Bien que clairement inspirĂ© des arts anciens de la pĂ©riode de Nara, le style est toutefois moins grandiose et puissant, avec un traitement Ă  plat des peintures[209].

Les sĆ«tras du VIIIe siĂšcle calligraphiĂ©s au Tƍdai-ji sont composĂ©s de caractĂšres chinois au style dit rĂ©gulier (kaishu). Le Kengu-kyƍ illustre l’approche de l’époque, par le trait relativement libre, Ă©pais et plein d’aisance ; un temps attribuĂ© Ă  l’empereur Shƍmu lui-mĂȘme, il semble plus probable qu’il est l’Ɠuvre d’un scribe chinois. Des extraits de bois aromatiques sont incorporĂ©s au papier de chanvre pour Ă©loigner les insectes[210]. Un autre sĆ«tra de l’époque, une version du Kegon-kyƍ dont restent vingt rouleaux, se compose Ă©galement de caractĂšres rĂ©guliers prĂ©cis, Ă©lĂ©gants et fastueux en raison de l’encre en argent employĂ©e sur papier bleu marine. Ce sĆ«tra entreposĂ© au Nigatsu-dƍ a brĂ»lĂ© en partie lors d’un incendie en 1667[210]. Ce type de calligraphie Ă  l’encre d’argent ou d’or sur papier sombre perdure durant plusieurs siĂšcles, comme en tĂ©moigne une autre version du Kegon-kyƍ de 1195 (dĂ©but de l’époque de Kamakura), dont la couverture est illustrĂ©e au revers d’une triade de Shaka en or et argent[211].

Portraits et peintures narratives médiévales

Moine assis de trois quart, les mains posées sur les jambes tenant un sceptre, fond uni, couleurs rouge ou orange assez sombre.
Portrait de Rƍben (XIVe siùcle).

Au dĂ©but de l’époque de Kamakura, les artistes du Tƍdai-ji rĂ©alisent de nombreux portraits sur kakemono (rouleaux suspendus) de moines illustres ou de personnes associĂ©es Ă  la fondation du temple. L’iconographie reste empreinte de classicisme, suivant les conventions traditionnellement employĂ©es pour reprĂ©senter les disciples de Bouddha[209]. Les portraits de Rƍben et de patriarches chinois (comme Jizang, fondateur de l’école Sanlun) sont ainsi reprĂ©sentĂ©s de trois quarts, le trait prĂ©cis et rĂ©gulier, les couleurs claires et apposĂ©es Ă  plat[212]. Autre type d’iconographie originaire de Chine, le portrait de Fazang, troisiĂšme patriarche de l’école Huayan (Kegon), adopte une vue en plongĂ©e et des couleurs trĂšs vives, dans un style plus dĂ©coratif[212].

Sur la gauche une pagode de dix Ă©tages aux piliers rouges. Au centre et Ă  la droite des femmes et des hommes bien vĂȘtus entourent une personne assise sur un piĂ©destal. Des joueurs de tambour en bas. Couleurs pĂąles discrĂšte et papier Ă  nu pour le fond.
Rouleau des Cinquante-cinq Lieux du sƫtra Avatamsaka (Kegon gojƫgo-sho emaki), fin XIIe siÚcle.

La peinture narrative se dĂ©veloppe Ă  l’époque de Heian pour devenir prĂ©pondĂ©rante du XIIe au XIVe siĂšcle : sur rouleaux suspendus (kakemono) ou plus souvent sur rouleaux horizontaux (emakimono), ces Ɠuvres mĂȘlent le texte et l’image de façon Ă  illustrer rĂ©cits, chroniques ou textes religieux[213]. Les temples bouddhistes produisent ces rouleaux dans un but didactique et prosĂ©lyte, afin d’expliciter les dogmes auprĂšs du peuple ou de les Ă©tudier dans l’intimitĂ© ; les thĂšmes religieux les plus rĂ©pandus sont les rĂ©cits de la fondation des temples, les biographies de moines cĂ©lĂšbres ou encore les sĆ«tras et lĂ©gendes bouddhiques[214]. Ces peintures adoptent le style yamato-e, qui privilĂ©gie le goĂ»t et les sujets japonais, en opposition aux peintures d’inspiration chinoise[215]. Parmi les principaux emakimono du temple, les archives mentionnent les Rouleaux illustrĂ©s des lĂ©gendes du Tƍdai-ji (Tƍdai-ji engi ekotoba, 20 rouleaux, environ 1337), aujourd’hui perdus, et il demeure le prĂ©cieux Rouleau des Cinquante-cinq Lieux du sĆ«tra Avatamsaka (Kegon gojĆ«go-sho emaki, fin XIIe siĂšcle)[209] ; ce dernier illustre un chapitre du sĆ«tra Kegon qui narre le pĂšlerinage en Inde du jeune Zenzai (SudhanakumĂąra) jusqu’à son Illumination. Les tons clairs et dĂ©licats s’inscrivent dans le style yamato-e dĂ©coratif de la cour de Heian, bien que l’architecture et les personnages soient de facture chinoise ; fait inhabituel, chaque portion du rouleau est introduite par un texte Ă©crit dans un rectangle au-dessus des peintures[216]. Toutefois, le style de peintures narratives propre aux artistes de Nara (parfois nommĂ© nara-e) ne devient courant qu’aprĂšs l’ñge d’or des emaki, si bien que la plupart des Ɠuvres du Tƍdai-ji datent de l’époque de Muromachi (XVe – XVIe siĂšcle)[217] - [218]. Leur approche se caractĂ©rise par la composition plus chargĂ©e, les couleurs vives et l’acadĂ©misme trop strict de l’école Tosa[219]. Ce style populaire est favorisĂ© par la concentration d’artistes et de marchands Ă  Nara au XVe siĂšcle, en raison des guerres civiles Ă  Kyoto[218]. Les LĂ©gendes du Daibutsu de Shiba Rinken (Daibutsu engi emaki, trois rouleaux, 1536) racontent l’histoire de la fondation du Grand Bouddha du Tƍdai-ji, en particulier sa construction et sa restauration ; le Grand Bouddha est reprĂ©sentĂ© Ă  plusieurs reprises, dominant la composition aux fonds abstraits et Ă  la couleur riche[220]. Dans un style similaire, les LĂ©gendes de Hachiman de Sƍken (Hachiman engi emaki, deux rouleaux, 1535) illustrent l’importation du culte de Hachiman depuis la CorĂ©e, l’établissement de son grand sanctuaire d’Usa et le cortĂšge pour son dĂ©placement Ă  Nara lors de la construction du Grand Bouddha au VIIIe siĂšcle[221]. Ces deux Ɠuvres, dont plusieurs copies ont Ă©tĂ© faites, visaient Ă  s’adresser au plus grand nombre dans le but d’obtenir des dons pour financer des travaux de restauration[220]. Parmi les autres emakimono figurent le ShĆ«kongƍ-jin engi emaki (fin du XVe siĂšcle), conte sur le moine Rƍben et sa divinitĂ© protectrice ShĆ«kongƍ-jin dont le style apparaĂźt plus harmonieux, et le Nigatsu-dƍ engi emaki (XVIe siĂšcle), centrĂ© sur le rĂŽle du moine JitchĆ« durant la construction du Tƍdai-ji et les miracles associĂ©s au Kannon du Nigatsu-dƍ[222].

  • Bol en argent dorĂ© ornĂ© de scĂšne de chasse (VIIIe siĂšcle).
    Bol en argent doré orné de scÚne de chasse (VIIIe siÚcle).
  • BrĂ»leur d’encens en argent (VIIIe siĂšcle).
    BrĂ»leur d’encens en argent (VIIIe siĂšcle).
  • Gravures d’or sur bois (VIIIe siĂšcle).
    Gravures d’or sur bois (VIIIe siùcle).
  • Kegon kai-e zenchishiki mandara zu (mandala, couleur sur soie, 1294).
    Kegon kai-e zenchishiki mandara zu (mandala, couleur sur soie, 1294).
  • Portrait de Kashƍ Daishi (XIIIe siĂšcle).
    Portrait de Kashƍ Daishi (XIIIe siùcle).
  • LĂ©gendes illustrĂ©es du Daibutsu (1536).
    Légendes illustrées du Daibutsu (1536).

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Articles connexes

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