TĂșpac Katari
JuliĂĄn Apaza Nina, mieux connu sous le nom de TĂșpac Katari, TĂșpaj Katari, ou simplement Katari[1] (Ayo Ayo, province de Sica Sica, vice-royautĂ© du PĂ©rou, 1750 â La Paz, ), est un chef rebelle aymara qui dirigea en 1781 dans le Haut-PĂ©rou (actuelle Bolivie) un soulĂšvement indien contre la tutelle espagnole.
Ce soulĂšvement armĂ©, qui fit directement suite Ă la rĂ©volte de TĂșpac Amaru II, survenue plus au nord, sâen distingue cependant par une prĂ©dominance en son sein de lâethnie aymara (alors que lâĂ©lĂ©ment quechua Ă©tait prĂ©pondĂ©rant chez les tupamaristes) et par des positions plus radicales, les tupacataristes dĂ©daignant notamment de convier les criollos (personnes de souche europĂ©enne nĂ©es dans les colonies) Ă se joindre Ă leur mouvement et se laissant au contraire aller jusquâĂ les massacrer en mĂȘme temps que les Espagnols. Ă la diffĂ©rence de TĂșpac Amaru, TĂșpac Katari nâĂ©tait pas issu de lâaristocratie indienne, mais Ă©tait dâextraction modeste, ce qui explique sans doute le fonctionnement plus dĂ©mocratique de son mouvement.
Ă la tĂȘte de plusieurs dizaines de milliers de combattants indiens, il mit par deux fois, mais en vain, le siĂšge devant La Paz. Battu par les troupes espagnoles, trahi et finalement capturĂ©, il fut mis Ă mort et dĂ©membrĂ©. Lui et sa femme Bartolina Sisa font figure aujourdâhui en Bolivie de hĂ©ros lĂ©gendaires et sont cĂ©lĂ©brĂ©s comme prĂ©curseurs de lâindĂ©pendance nationale.
Origine et formation
JuliĂĄn Apaza Nina Ă©tait un Indien du commun, sans lignage noble, analphabĂšte et monolingue aymara, fils naturel dâun sonneur de cloches, lequel mourut, alors que JuliĂĄn Apaza Nina Ă©tait encore adolescent, comme mitayo (corvĂ©able indien) dans les mines de PotosĂ. RestĂ© orphelin, il fut engagĂ© comme servant de prĂȘtre, puis devint sonneur de cloches Ă son tour, grĂące Ă son oncle Manuel, kuraka dâune communautĂ© voisine dâAyo-Ayo, et parvint Ă sâĂ©lever au rang de sonneur officiel de lâĂ©glise de la localitĂ©. Ensuite, il travailla deux ans comme ouvrier manĆuvre dans la mine Saint-Christophe (San CristĂłbal) dâOruro, dâabord comme abatteur, puis comme hercheur, acheminant les blocs de minerai brut aux travailleurs chargĂ©s du triage. Il y prit conscience des souffrances de ses frĂšres et se mit Ă plaider ouvertement pour la nĂ©cessitĂ© de se rebeller.
Plus tard, il trouva Ă sâemployer comme boulanger Ă Sica Sica, oĂč il connut et sâĂ©prit de la mĂ©tisse Bartolina Sisa, quâil Ă©pousa. Plus tard encore, il se fit marchand ambulant dans les alentours de La Paz, office quâil mit Ă profit pour Ă©tudier les maniĂšres de penser des Indiens, des mĂ©tisses et des indigĂšnes europĂ©anisĂ©s, et qui lui permit de sâaviser du mĂ©contentement croissant de ces populations face Ă lâexploitation coloniale[2].
SecondĂ© dans sa lutte par sa femme Bartolina Sisa et par sa sĆur cadette Gregoria Apaza, il prit pour nom de guerre TĂșpac Katari en hommage au cacique inca rebelle TĂșpac Amaru II, qui menait depuis dĂ©but une insurrection dans la rĂ©gion de Cuzco, et de TomĂĄs Katari, cacique de Chayanta, dans le Haut-PĂ©rou, qui avait dĂ©fiĂ© lâautoritĂ© espagnole quelques mois auparavant[3].
RĂ©bellion
Le soulĂšvement indigĂšne de TĂșpac Katari fut le plus vaste gĂ©ographiquement et celui ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© du plus ample soutien. Il fallut aux vice-royautĂ©s touchĂ©es â le PĂ©rou et le RĂo de la Plata â deux ans pour lâĂ©touffer complĂštement. TĂșpac Katari rĂ©ussit Ă constituer une armĂ©e rebelle de quarante mille hommes et par deux fois en 1781 mit le siĂšge devant la ville de La Paz ; les insurgĂ©s notamment assiĂ©gĂšrent la ville de La Paz pendant cent-neuf jours Ă partir du . Cependant les deux tentatives se soldĂšrent par un Ă©chec, Ă cause de la rĂ©sistance des assiĂ©gĂ©s, des renforts dĂ©pĂȘchĂ©s de Buenos Aires, et des manĆuvres politiques et militaires des Espagnols et des alliances quâils tramĂšrent avec des chefs indiens opposĂ©s Ă TĂșpac Katari. Lors du second siĂšge, AndrĂ©s TĂșpac Amaru, neveu de TĂșpac Amaru II et liĂ© sentimentalement Ă Gregoria Apaza, sĆur cadette de TĂșpac Katari, se joignit aux rebelles tupacataristes.
En , un traĂźtre livra le cacique insurgĂ© TomĂĄs Katari aux Espagnols Ă Chayanta, dans le Haut-PĂ©rou, mais quand on le conduisit Ă La Plata (actuelle ville de Sucre) pour y passer en jugement[4], il fut jetĂ© dans une crevasse et tuĂ©. En rĂ©action Ă cet assassinat, lâinsurrection gagna encore en ampleur, et un autre membre de la famille, DĂĄmaso Katari, frĂšre de TomĂĄs Katari, perpĂ©tra un effroyable massacre de patrons miniers et dâEspagnols dans la rĂ©gion, puis fit mouvement, avec des milliers dâAymaras, vers la ville de La Plata (ancien nom de Sucre), pour lâassiĂ©ger, ville oĂč Ignacio Flores, Paula Sanz, lui aussi membre de lâexpedition militaire, et dâautres militaires espagnols, ainsi que les milices de la ville, sâefforcĂšrent de rĂ©sister[5].
Cependant, le vice-roi du PĂ©rou AgustĂn de JĂĄuregui, exploitant le bas moral des rebelles, offrit lâamnistie Ă ceux qui se rendraient, ce qui produisit de bons rĂ©sultats, puisque mĂȘme des dirigeants du mouvement acceptĂšrent cette offre. TĂșpac Katari, qui nâaccepta pas lâamnistie proposĂ©e mais au contraire se dirigea vers Achacachi pour tenter de rĂ©organiser ses troupes dĂ©bandĂ©es, fut trahi par quelques-uns de ses partisans et fait prisonnier par les Espagnols dans la nuit du . Tous les meneurs de la rĂ©bellion finirent du reste par ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s et exĂ©cutĂ©s, y compris lâĂ©pouse de TĂșpac Katari, Bartolina Sisa, et sa sĆur Gregoria Apaza.
En guise de récompense morale pour les efforts et sacrifices consentis par les Espagnols de la ville de La Paz, il fut octroyé à celle-ci, par édit royal du , le titre de « noble, valeureuse et fidÚle ».
DiffĂ©rences entre les rĂ©bellions de TĂșpac Amaru et de TĂșpac Katari
La rĂ©bellion de JuliĂĄn Apasa, alias TĂșpac Katari, avait des caractĂ©ristiques trĂšs particuliĂšres et prĂ©sentait des diffĂ©rences notables avec la rĂ©volte de TĂșpac Amaru II, qui avait en partie lieu simultanĂ©ment. En accord avec le nom de guerre quâil sâĂ©tait choisi â amaru et katari signifiant en effet serpent en langue quechua et aymara respectivement â il conclut, en tant que commandant en chef de troupes rebelles dâorigine aymara, une entente partielle avec les Quechuas, mais eut bientĂŽt Ă affronter leur suprĂ©matie. En dĂ©pit de rĂ©sistances de la part des Aymaras, la faction quechua domina dâemblĂ©e la faction aymara dirigĂ©e par TĂșpac Catari. Les prĂ©tentions de ce dernier de sâĂ©riger en vice-roi de TĂșpac Amaru II eut pour effet dâirriter Diego CristĂłbal TĂșpac Amaru, neveu de TĂșpac Amaru ; ce nonobstant, TĂșpac Catari finit par ĂȘtre acceptĂ© comme gouverneur, compte tenu en particulier de sa connaissance du territoire, de son entregent et de son ascendant sur les masses indigĂšnes.
TĂșpac Catari sut tirer parti du systĂšme de collaboration mutuelle existant traditionnellement entre membres dâune mĂȘme famille ainsi que des liens procĂ©dant du compĂ©rage. Comme TĂșpac Amaru, il sut amener sa parentĂšle Ă lâĂ©pauler et Ă occuper les postes de direction. Il mit Ă profit son expĂ©rience de colporteur de coca et de toiles de laine pour mettre sur pied, avec lâaide de sa parentĂšle, un commerce clandestin de coca et de vin, dont les gains furent employĂ©s Ă financer le mouvement rebelle et Ă approvisionner les troupes rebelles du Haut-PĂ©rou. Ses connexions familiales lui servirent aussi bien Ă recruter des troupes quâĂ organiser lâencadrement Ă©conomique du mouvement, Ă lâinstar de la façon dont TĂșpac Amaru II sâappuyait sur les transporteurs muletiers parmi les membres de sa famille.
Une diffĂ©rence importante entre les deux chefs rebelles, diffĂ©rence qui dĂ©coulait de lâinĂ©galitĂ© de leurs positions sociales respectives, Ă©tait que si TĂșpac Amaru II exerçait un pouvoir vertical sur son mouvement, notamment en remplaçant par ses propres gens les caciques et les maires dans les provinces dont il sâemparait, TĂșpac Katari en revanche nâĂ©tait pas en mesure dâimposer verticalement son autoritĂ©, et dut admettre que les caciques fussent proposĂ©s par les communautĂ©s indiennes. Cette diffĂ©rence serait due Ă ce que TĂșpac Amaru II Ă©tait (bien que non unanimement) reconnu comme appartenant Ă lâaristocratie indigĂšne et Ă©tait donc habilitĂ© Ă requĂ©rir aux caciques voisins leur appui politique et Ă©conomique, alors quâau contraire TĂșpac Catari manquait dâun tel privilĂšge et se trouvait devant la nĂ©cessitĂ© de faire appel au pouvoir Ă©tabli des diffĂ©rentes communautĂ©s locales pour assurer son autoritĂ© sur la rĂ©volte aymara. Cela expliquerait aussi les rĂ©actions vives quâeut TĂșpac Catari face aux privilĂšges des caciques ou face Ă la collaboration avec les Espagnols Ă laquelle se livrĂšrent certains dâentre eux et qui porta TĂșpac Catari Ă les exĂ©cuter.
Une autre diffĂ©rence encore Ă©tait le rĂŽle jouĂ© par les criollos (individus de souche europĂ©enne, mais nĂ©s dans les colonies, par opposition aux pĂ©ninsulaires). Si dans la phase tupamariste (quechua), des criollos Ă©taient engagĂ©s dans la rĂ©bellion en tant quâofficiers armuriers, scribes militaires et assesseurs, dans la phase tupakatariste (aymara) en revanche, leur poids social fut notablement moindre tant en nombre quâen importance, passant Ă ĂȘtre quasi inexistant. Ni TĂșpac Katari, ni Miguel Bastidas, frĂšre de la femme de TĂșpac Amaru, ne savaient lire et Ă©crire, et leurs secrĂ©taires et clercs Ă©taient gĂ©nĂ©ralement des mĂ©tis. Que les criollos furent amenĂ©s Ă sâĂ©loigner du mouvement rebelle sâexplique par la recrudescence de la violence et par les attaques rĂ©pĂ©tĂ©es de la part des indigĂšnes contre les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et contre les privilĂšges que les criollos dĂ©tenaient, que ce fĂ»t dans les grandes exploitations agricoles, les mines ou les ateliers de fabrication. Comme Indien pur, TĂșpac Katari mena une politique beaucoup plus radicale vis-Ă -vis des criollos, les considĂ©rant en effet comme des blancs et prĂ©fĂ©rant, lĂ oĂč TĂșpac Amaru les sollicitait expressĂ©ment Ă se joindre Ă lui, se passer de leur appui dans le Haut-PĂ©rou. En contrepartie, il consentit Ă nouer des alliances avec les mĂ©tis, les mulĂątres et les noirs, lesquels furent enrĂŽlĂ©s dans son armĂ©e. De surcroĂźt, dans les troupes aymaras finit par surgir un fort sentiment anti-espagnol et anti-criollo, en somme anti-blanc, tendant Ă rejeter toute coutume europĂ©enne et Ă en revenir Ă une organisation sociale indigĂšne prĂ©colombienne, et faisant ainsi dĂ©river le conflit vers une authentique guerre de nature ethno-raciale.
Câest dans ce sens que sâexprima le un cañari devant lâensemble des Indiens du commun de Tiquina quâil avait convoquĂ©s au nom de TĂșpac Katari :
« Le souverain roi Inca ordonne que soient passĂ©s au couteau tous les corrĂ©gidors, ses greffiers et ses caciques, percepteurs et ses autres subalternes, de la mĂȘme façon que tous les chapetones (Espagnols fraĂźchement dĂ©barquĂ©s au PĂ©rou, NdT), femmes criollos, enfants des deux sexes et toute personne qui semble espagnole ou qui lâest, ou qui du moins va vĂȘtue Ă lâimitation de tels Espagnols. Et si cette espĂšce de gens tente de trouver refuge dans quelque sanctuaire, et que quelque prĂȘtre ou quelque autre personne empĂȘche ou interdit le but premier, qui est de les Ă©gorger, il y aura lieu aussi de culbuter tout cela, en passant au fil du couteau les ecclĂ©siastiques et en brĂ»lant les Ă©glises. Selon ses termes, vous ne devrez non plus entendre les messes, ni vous confesser, ni faire votre adoration au Saint-Sacrement (...), de mĂȘme les Indiens ne doivent pas tenir leurs consultations ailleurs que dans les montagnes, en tĂąchant de ne pas manger de pain, ni de boire de lâeau des bassins ou des Ă©tangs, mais de se sĂ©parer entiĂšrement de toutes les coutumes des Espagnols[6]. »
Tensions entre Aymaras et Quechuas
En mars 1781, les forces quechuas dâAzĂĄngaro collaborĂšrent avec les forces aymaras de Chucuito en vue d'expulser les Espagnols de Puno, sur les rives du lac Titicaca, mĂȘme si les tupamaristes commençaient alors Ă sâaffronter aux kataristes, plus populaires et plus radicaux. Dans les mois qui suivirent la capture et lâexĂ©cution de JosĂ© Gabriel TĂșpac Amaru en , la coopĂ©ration entre Quechuas et Aymaras retomba Ă un niveau trĂšs faible, les deux factions rivalisant entre elles pour dominer le Haut-PĂ©rou.
Pendant le deuxiĂšme siĂšge de La Paz, les Indiens de Carabaya, dans le sud du PĂ©rou actuel, luttĂšrent aux cĂŽtĂ©s des Quechuas, tandis que ceux de Pacajes (plus au sud, dans lâactuelle Bolivie) combattaient avec les Aymaras. Orellana communiqua aux autoritĂ©s dâArequipa que les forces rebelles Ă©taient profondĂ©ment divisĂ©es, reconnaissant pour leur roi soit TĂșpac Amaru II, soit TĂșpac Katari, jamais les deux Ă la fois. Lors du siĂšge de Puno, les commandants tupamaristes AndrĂ©s Quispe et Juan de Dios Mullpuraca firent clairement savoir quâils nâaccepteraient dâordres que de Diego CristĂłbal TĂșpac Amaru, et au dĂ©but ne voulurent pas appuyer les requĂȘtes aymaras demandant lâabolition du tribut et de la mita. La tension sâexacerba lorsque Diego CristĂłbal devint chef de la rĂ©bellion et quâil sâĂ©vertua Ă ce que les forces aymaras n'arborent que son drapeau Ă lui et qu'il ne permit Ă TĂșpac Catari dâoccuper quâune fonction de troisiĂšme niveau, encore quâil eĂ»t la prudence de reconnaĂźtre lâautonomie des provinces aymaras.
Aussi, lorsquâen les tupamaristes se furent unis aux assiĂ©geants de La Paz, sous le commandement d'AndrĂ©s TĂșpac Amaru et de Miguel Bastidas, lâantagonisme prit une forme palpable en ce que les deux factions occupaient des cantonnements sĂ©parĂ©s, et se trouva renforcĂ© encore par le fait que lâorganisation katariste Ă©tait gouvernĂ©e par des reprĂ©sentants des 24 cabildos indigĂšnes de La Paz, alors que les tupamaristes Ă©taient placĂ©s sous le commandement dâĂ©lites indigĂšnes et de mĂ©tis hispanisĂ©s.
Dans les mois prĂ©cĂ©dant lâarrivĂ©e du colonel JosĂ© de ReseguĂn parti de Buenos Aires, câest Ă peine si les deux camps entretenaient encore des relations mutuelles ; lâune des raisons en Ă©tait que TĂșpac Catari Ă©tait devenu irrationnel et capricieux, sâadonnant Ă la boisson, consultant des oracles sur lâavenir et ordonnant dâexĂ©cuter quiconque ne pĂ»t dĂ©montrer quâil Ă©tait aymara, puis spoliant ses terres[7].
Reconnaissance
Plusieurs mouvements indianistes aymara ont érigé à partir des années 1970 sa figure comme un emblÚme de leur lutte contre le gouvernement central bolivien : en particulier, le katarisme, qui s'est développé à partir des années 1960-70, tire son nom du chef rebelle.
Le , le président bolivien Eduardo Rodriguez Veltze déclara, par la loi no 3102, Juliån Apaza et Bartolina Sisa « Héros et Héroïne nationaux aymaras »[8].
Ă Buenos Aires, le , dans le cadre des festivitĂ©s du Bicentenaire de lâArgentine, fut inaugurĂ©e la galerie des Patriotes latinoamĂ©ricains, oĂč la Bolivie Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par les portraits de Tupaj Catari, Pedro Domingo Murillo et Bartolina Sisa. Cette collection picturale est hĂ©bergĂ©e dans le dĂ©nommĂ© Salon des HĂ©ros du Bicentenaire, dans la Casa Rosada[9].
Le premier satellite de tĂ©lĂ©communications bolivien, le TKSat-1, porte le nom de TĂșpac Katari[10]. Le satellite a Ă©tĂ© construit par la Compagnie industrielle de la Grande Muraille, liĂ©e Ă la SociĂ©tĂ© des sciences et technologies aĂ©rospatiales de Chine, grĂące Ă un investissement de 300 millions de dollars supportĂ© Ă hauteur de 85 % par la Banque de dĂ©veloppement de Chine et pour les 15 % restants par lâĂtat bolivien[11], et fut lancĂ© au dĂ©part du territoire chinois le . En mĂȘme temps, pour faire fonctionner le satellite, deux stations furent Ă©difiĂ©es sur le sol bolivien, Ă La Paz et Ă Santa Cruz. Ce satellite, lancĂ© sur la base de lancement de Xichang dans le Sichuan, permet Ă la Bolivie de prendre de l'indĂ©pendance dans ses tĂ©lĂ©communications[12]
TĂșpac Katari dans la culture populaire
- En Bolivie, TĂșpac Katari, de mĂȘme que son Ă©pouse Bartolina Sisa, est actuellement une figure trĂšs cĂ©lĂ©brĂ©e. Son nom de guerre, TĂșpac Katari, mais aussi son vrai nom, JuliĂĄn Apaza, ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour forger des dĂ©nominations de partis politiques, de groupes de guerrillĂ©ros, de syndicats, dâĂ©tablissements scolaires, et sâemploie mĂȘme comme prĂ©nom[13]. Il en va de mĂȘme pour la figure et le nom de Bartolina Sisa.
- Quelques phrases cĂ©lĂšbres lui ont Ă©tĂ© attribuĂ©es, en particulier celle-ci, quâil aurait prononcĂ©e peu avant de mourir exĂ©cutĂ© : « Ils ne tueront que moi seul..., mais demain je reviendrai et je serai des millions » (dans la langue aymara originale : Naya saparukiw jiwyapxitaxa nayxarusti, waranqa, waranqanakaw tukutaw kut'anipxani...).
- Le dĂ©membrement de TĂșpac Katari (et aussi celui de TĂșpac Amaru II) a acquis, pour divers mouvements kataristes, une valeur symbolique, en ce sens que ces mouvements se proposent de rĂ©assembler les morceaux dispersĂ©s de TĂșpac Katari, afin quâainsi il revienne et soit des millions.
- Des artistes boliviens lui ont consacrĂ© des chansons, des poĂšmes, des tableaux etc. Peuvent ĂȘtre citĂ©s ici le groupe folklorique andin Kala Marka, avec sa chanson TĂșpac Katari, et Los Kjarkas, avec leur instrumental Funeral de TĂșpac Katari.
- Lâensemble chilien Banda ConmociĂłn a crĂ©Ă© une chanson intitulĂ©e Cuerpo Repartido, allusion Ă TĂșpac Katari.
Articles connexes
Liens externes
- TĂșpac Amaru et le nord-ouest argentin.
- 1780: La insurrecciĂłn tupakarista
- « La maison oĂč vĂ©cut TĂșpaj Catari. »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?)
- Lavaud, Jean-Pierre. Le courant TĂșpac Katari en Bolivie. Document de Travail no 24 1982. Centre national de la recherche scientifique.
Notes et références
- La graphie Catari (avec c) est couramment utilisée en espagnol.
- Augusto GuzmĂĄn, Tupaj Katari, collection Tierra Firme, 1, Fondo de Cultura EconĂłmica, Mexico, 1944 ; MarĂa Eugenia del Valle de Siles, Historia de la rebeliĂłn de TĂșpac Catari, 1781-1782, Ă©d. Don Bosco, La Paz, 1990 ; JosĂ© Oscar Frigerio, La rebeliĂłn criolla de Oruro fue juzgada en Buenos Aires (1781-1801), Ediciones del Boulevard, CĂłrdoba, 2011. (ISBN 978-987-556-345-2)
- « TĂșpac Katari y el cerco de La Paz »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?)
- "Auto de TomĂĄs Catari", San Pedro de Macha, 21 de octubre 1780. AGI, Charcas 596; "RepresentaciĂłn del Indio TomĂĄs Catari", Macha, 12 de Noviembre, 1780. AGI, Charcas 595. Otra representaciĂłn de TomĂĄs Katari del 13 de octubre, en: Pedro de Ăngelis, Documentos para la historia de la sublevaciĂłn... Cit. p. 468.
- Juan Marchena F, LustraciĂłn y represiĂłn en el mundo andino 1780-1795. El sangriento camino al corazĂłn de la tinieblas. PubliĂ© dans : TĂșpac Amaru. La revoluciĂłn precursora de la emancipaciĂłn continental. Universidad Nacional de San Antonio Abad del Cusco, Cusco, 2013, p. 39-160. (ISBN 978-612-45446-5-1)
- Szeminski, Jan, La utopĂa tupamarista, Pontificia Universidad CatĂłlica del PerĂș, Lima, 1984.
- LeĂłn G. Campbell, IdeologĂa y faccionalismo durante la gran rebeliĂłn, dans Steve J. Stern (dir.), Resistencia, rebeliĂłn y conciencia campesina en los Andes, siglo XVIII al XX, Lima, 1990 ; JosĂ© Oscar Frigerio, La rebeliĂłn criolla de Oruro fue juzgada en Buenos Aires (1781-1801), Ediciones del Boulevard, CĂłrdoba, 2011. (ISBN 978-987-556-345-2)
- Loi no 3102.
- 26noticias.com.ar(«La presidenta Cristina FernĂĄndez de Kirchner dejĂł inaugurada esta tarde en la Casa de Gobierno la "GalerĂa de los Patriotas Latinoamericanos del Bicentenario", donde se exhiben los retratos de 38 hĂ©roes y personalidades del continente, que aportaron los gobiernos de la regiĂłn.»)
- âTĂșpac Katariâ el satĂ©lite boliviano, article dans lâhebdomadaire colombien Semana.
- (es) Evo Morales organisa une fĂȘte pour le lancement dâun satellite.
- (en) Susmita Baral, « Bolivia Sends Nation's First Satellite, Tupac Katari, To Space », sur Latin TImes, .
- « Article du quotidien La RazĂłn »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?)(« Il ressort des registres de lâĂ©tat civil que plus dâun parent a donnĂ© Ă son fils le prĂ©nom TĂșpac Catari, et il y en a aussi dâautres qui sâappellent JuliĂĄn Apaza (le nom vĂ©ritable du caudillo) »)