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Analphabétisme

L'analphabétisme est l'incapacité ou la difficulté à lire, écrire, comprendre un texte/phrase et compter, le plus souvent par manque d'apprentissage.

Il se distingue de l'illettrisme[1], terme utilisé en France quand la personne a été scolarisée en français mais que cet apprentissage n'a pas conduit à la maîtrise de la lecture et de l'écriture ou que cette maîtrise a été perdue.

Bulletin de vote du référendum sur l'indépendance du Soudan du Sud (janvier 2011) : il est conçu pour permettre le vote des analphabètes.

DĂ©finitions

DĂ©finition de l'UNESCO

L'analphabétisme est l'incapacité de lire et d’écrire. Mais cette notion a évolué au cours du temps.

En 1958, l'UNESCO donnait la définition suivante de l'alphabétisme : « une personne est alphabète si elle peut à la fois lire et écrire, en le comprenant, un énoncé simple et bref se rapportant à sa vie quotidienne »[2]. L’Unesco soutenait ainsi l’idée d’une « éducation fondamentale », principalement centrée sur les compétences en lecture et en écriture[2]. Analphabète était alors un terme « générique », qui ne considérait pas le parcours (scolaire) de la personne.

Dans les années 1960-1970, combattre l'analphabétisme a de plus en plus été considéré comme une condition nécessaire de la croissance économique et du développement national. En 1965, le Congrès mondial des ministres de l'éducation sur l'élimination de l'analphabétisme a mis en avant le lien existant entre alphabétisme et développement, et proposé pour la première fois le concept d'alphabétisme fonctionnel : « L'alphabétisation doit être considérée non comme une fin en soi mais comme un moyen de préparer l’homme à un rôle social, civique et économique qui va au-delà des limites de la forme rudimentaire de l'alphabétisation consistant simplement à enseigner la lecture et l’écriture »[3].

En 1978, l’UNESCO adopte une définition de l'alphabétisme fonctionnel, toujours en vigueur : « Une personne est alphabète du point de vue fonctionnel si elle peut se livrer à toutes les activités qui requièrent l’alphabétisme aux fins d’un fonctionnement efficace de son groupe ou de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer d’utiliser la lecture, l’écriture et le calcul pour son propre développement et celui de la communauté »[3].

DĂ©finitions internationales

Les conceptions de l'alphabétisation et de l'alphabétisme au niveau des nations tendent à ressembler à celles présentées par l'UNESCO, mais il subsiste néanmoins des variations intéressantes. Ainsi, une enquête fut réalisée par l'UNESCO dans 105 pays entre 1993 et 2004 pour objectif de déterminer les différentes définitions nationales. Environ 80 % des pays définissent l'alphabétisme comme la capacité de lire et/ou d’écrire un énoncé simple dans une langue nationale ou une langue autochtone[4].

Selon les pays, l'alphabĂ©tisme peut ĂŞtre dĂ©fini par l'aptitude Ă  lire facilement ou difficilement une lettre ou un journal, la capacitĂ© de lire et/ou d’écrire un Ă©noncĂ© simple dans une langue nationale ou une langue autochtone, l'aptitude Ă  lire et Ă©crire des phrases simples (dans certaines langues ou dans une langue quelconque) ou encore l'alphabĂ©tisme peut dĂ©pendre du niveau d'instruction atteint. Au Mali, quelqu'un est considĂ©rĂ© comme analphabète s'il n'a jamais Ă©tĂ© scolarisĂ©, mĂŞme s'il sait lire et Ă©crire. En Chine, quelqu'un est considĂ©rĂ© comme alphabète s'il connaĂ®t un minimum de 2 000 caractères dans les zones urbaines, 1 500 dans les zones rurales[4].

En France

Jusqu’au début des années 1980, l'analphabétisme est considéré en France comme un problème réglé, qui ne concerne plus que la population immigrée, notamment d'Afrique. Soit il s'agit de personnes jamais scolarisées, presque toujours d'origine immigrées, et il est prévu des cycles de formation d'« alphabétisation » (ces personnes sont les seules, en France, à pouvoir être qualifiées d'« analphabètes »). Soit il s'agit d'un problème d'insuffisance en français seconde langue, et les formations proposées s'appellent « français langue étrangère » (FLE).

En 1981, le rapport Oheix sur la pauvreté souligne le fait que beaucoup de Français ont des compétences limitées en lecture et en écriture. L’association ATD Quart-monde avait créé le terme « illettrisme », pour alerter l'opinion sur la nécessité de satisfaire le besoin de culture des Français pauvres dont les compétences en lecture et en écriture étaient limitées, le terme « analphabète » étant jugé péjoratif. Ainsi, le mot « illettrisme » fut utilisé pour décrire une personne ayant suivi le cycle de l'école primaire française sans pour autant y avoir acquis les compétences requises[5]. Un mouvement dit de « lutte contre l'illettrisme » se développe avec la création du GPLI (Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme) puis de l'ANLCI (Agence nationale de lutte contre l'illettrisme). Le mot « illettrisme » fut redéfini en 2003 par l'ANLCI[1]. Les formations proposées aux illettrés sont classées selon le niveau d'illettrisme, allant jusqu'à la remise à niveau des savoirs de base. « Agir ensemble contre l’illettrisme » fut Grande cause nationale 2013.

Au Québec

Au Québec, différentes études démontrent qu'un pourcentage non négligeable d'individus sont des analphabètes fonctionnels[6].

Prévalence

L'analphabétisme dans le monde d'après l'UNESCO (2000)

Dans le monde

En 2008, selon l'UNESCO, le nombre d'analphabètes dans le monde est passé de 871 millions au cours de la période 1985-1994 à 774 millions pour la période 2000-2006[7] (soit environ 1/5 de la population adulte mondiale[8]). Ces chiffres globaux cachent de fortes disparités.

Ainsi, 75 % des 774 millions d'adultes analphabètes dans le monde vivent dans seulement 15 pays comme le Bangladesh, le Brésil, la Chine, l'Inde ou le Nigeria. 64 % des adultes ne sachant ni lire ni écrire étaient des femmes pour la période 2000-2006[7].

Notes et références

  1. définition par l'ANLCI
  2. UNESCO EPT 2006 : L'alphabétisation, un enjeu vital, page 161 (chapitre 6)
  3. UNESCO EPT 2006 : L'alphabétisation, un enjeu vital, p. 162 (chapitre 6)
  4. UNESCO EPT 2006 : L'alphabétisation, un enjeu vital, p. 167 (chapitre 6)
  5. UNESCO EPT 2006 : L'alphabétisation, un enjeu vital, page 156 (chapitre 6)
  6. Radio-Canada. « Le Québec toujours aux prises avec des problèmes d'alphabétisation ». En ligne. Page consultée le 24 novembre 2019
  7. « UNESCO : taux d'alphabétisme en progrès mais situation préoccupante en Asie et Afrique », sur un.org, Centre d'actualité de l'ONU, (consulté le )
  8. Unesco Literacy Report 2008, p. 1.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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