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Sylvain-Phalier Lejeune

Sylvain-Phalier Lejeune, né le à Issoudun, mort le à Saint-Josse-ten-Noode, est un homme politique français. Au sein de l'assemblée, il était appelé Lejeune de l'Indre, pour le distinguer de René-François Lejeune, député de Mayenne.

Sylvain-Phalier Lejeune
Fonctions
Député de l'Indre
–
(3 ans, 1 mois et 19 jours)
Gouvernement Convention nationale
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Issoudun (Indre)
Date de décès
Lieu de décès Saint-Josse-ten-Noode (Belgique)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Montagne
Profession Avocat
députés de l'Indre

Biographie

Avocat[1], Lejeune adhère Ă  la sociĂ©tĂ© populaire d'Issoudin au dĂ©but de la RĂ©volution. Il est Ă©lu juge supplĂ©ant du tribunal du district d'Issoudun[2], administrateur du directoire du district d'Issoudun, puis, le , le 5e sur 6 par 183 voix sur 321 votants, dĂ©putĂ© de l'Indre Ă  la Convention nationale, oĂą il siège sur les bancs de la Montagne. Le , il se prononce sur la question des subsistances, consĂ©quence selon lui des manĹ“uvres des royalistes, qu'il propose de combattre par l'exĂ©cution de Louis XVI, l'ouverture de travaux publics dans chaque dĂ©partement, un recensement de l'ensemble des blĂ©s rĂ©coltĂ©s sur le territoire national et un contrĂ´le sur les 80 millions remis au ministre de l'IntĂ©rieur pour l'achat de subsistances Ă  l'Ă©tranger et leur envoi dans les dĂ©partements victimes de la disette[3]. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort sans appel ni sursis[4].

Favorable aux journĂ©es du 31 mai et du 2 juin 1793, il prononce, le , Ă  la suite du rapport de Barère « sur les mesures de salut public Â», un discours critiquant les mesures proposĂ©es comme trop faibles et insuffisantes ; il demande que les administrations de dĂ©partement favorisant le fĂ©dĂ©ralisme soient cassĂ©es, leurs fonctions Ă©tant provisoirement confĂ©rĂ©es aux administrateurs de district de leur ressort, que les administrateurs fĂ©dĂ©ralistes soient dĂ©clarĂ©s conspirateurs contre la souverainetĂ© nationale et l'indivisibilitĂ© de la RĂ©publique, traĂ®tres Ă  la patrie, mis hors-la-loi et exĂ©cutĂ©s dans les 24 heures, de mĂŞme que tout citoyen qui prĂ©siderait une assemblĂ©e primaire n'ayant pas Ă©tĂ© formellement convoquĂ©e par la Convention, que les comitĂ©s extraordinaires soient abolis, que tous les Ă©trangers suspects soient expulsĂ©s du territoire français, qu'il soit adjoint au ComitĂ© de salut public 7 membres « chargĂ©s d'organiser un plan propre Ă  neutraliser les complots et Ă  dĂ©jouer les manĹ“uvres des ennemis de la RĂ©volution »[4] - [5].

Le , il est envoyĂ© en mission avec Piorry dans l'Indre et la Vienne pour la levĂ©e des 300 000 hommes. Les deux hommes se rĂ©partissent la tâche : Lejeune agit dans l'Indre, Piorry dans la Vienne[6].

Rappelé par décret du , il est ensuite envoyé, par décret du (voté sous la pression des Enragés dans un contexte de crise des subsistances[7]), dans l'Aisne avec Lequinio, tandis que Collot d'Herbois et Isoré interviennent dans l'Oise ; les quatre hommes lancent dans les districts de l'Aisne et de l'Oise des commissaires, choisis par les autorités du département ou envoyés par la Commune de Paris et nantis des pouvoirs nécessaires pour mener à bien les réquisitions[8]. Avant son départ, il intervient, le , pour demander un décret d'accusation contre sillery, proposition renvoyée au Comité de sûreté générale pour en faire un rapport le lendemain[9]. Le , avec Lequinio, il prend un arrêté ordonnant l'arrestation de tous les nobles de l'Aisne. De retour à Paris au début septembre[6], il est élu secrétaire de la Convention avec Ramel et Garnier de Saintes (5-)[10]. De même, quand la convention renouvelle le Comité de sûreté générale, réduit à neuf membres, le 11 septembre, il fait partie des membres choisis, avec Panis, Lavicomterie, Guffroy, Chabot, Alquier, Bazire, Garnier de Saintes et Julien de Toulouse, mais ne siège pas. En effet, ce comité, où figurent encore des dantonistes, ne convenant pas au Comité de salut public, ce dernier obtient deux jours après un décret de l'assemblée suivant lequel le Comité sera entièrement renouvelé et recréé sur des listes présentées par lui ; Lejeune ne fait pas partie de la liste retenue le 14[11] - [12] - [13]. Puis un décret l'envoie, le , dans l'Aisne et les départements voisins, avec Roux, afin d'y surveiller les subsistances[6]. Il exécute sa mission avec la plus grande rigueur[14]. Le 16 frimaire an II (), Roux écrit de Guise pour annoncer qu'ils espèrent rentrer bientôt. Par ailleurs, il est secrétaire de la convention avec Ramel, Voulland, Pons de Verdun, Jagot et Louis, entre le 3 octobre et le 1er brumaire an II (22 octobre)[10].

Peu après son retour dans la capitale, Lejeune est nommĂ©, par arrĂŞtĂ© du ComitĂ© de salut public du 9 nivĂ´se an II () dans le Doubs et le Jura pour y organiser le gouvernement rĂ©volutionnaire[6], en remplacement de Bassal, accusĂ© de modĂ©rantisme[4]. ArrivĂ© dans le Doubs, le 6 pluviĂ´se an II (), il entre en conflit avec son collègue Prost, qui le dĂ©nonce comme contre-rĂ©volutionnaire[15]. Un deuxième arrĂŞtĂ© du 13 germinal an II () Ă©tendent ses pouvoirs Ă  la Haute-SaĂ´ne. Enfin, il est chargĂ© des salines du Doubs, du Jura et de la Meurthe par arrĂŞtĂ© du ComitĂ© de salut public du 26 prairial an II ()[6]. Le 26 messidor (14 juillet), il prend un arrĂŞtĂ© pour tenter d'en finir avec le spectacle des chariots vĂ©hiculant les corps meurtris des soldats blessĂ©s : elles doivent ĂŞtre dĂ©sormais « suffisamment garnies de paille et couvertes en toile; et, en cas de chaleur, on y ajoutera des feuillages adroitement placĂ©s pour parer les impressions trop vives du soleil Â» Il convient Ă©galement, d'après cet arrĂŞtĂ©, d'« Ă©viter les secousses, dont la frĂ©quence et la rudesse ne sont rien moins qu'indiffĂ©rentes pour les malades, et notamment pour les blessĂ©s Â»[16]. Le 5 thermidor, il accuse ThĂ©odore de Lameth d'exciter des dĂ©sordres dans les montagnes du Jura[4].

Après le 9-Thermidor, il est rappelé par arrêté du Comité de salut public du 19 thermidor (). Le 28 thermidor, il écrit de Salins-Libre qu'il a reçu l'arrêté et va rentrer[6]. Lors de la séance du 13 prairial an III (), Durand-Maillane vient lire à la tribune, au nom du Comité de législation, un rapport qui reprend très largement les accusations accumulées au Comité de sûreté générale contre les députés démocrates. Sur les onze députés mis en cause, six sont présents et prennent la parole pour se défendre ; Guyardin réussit à faire passer à l'ordre du jour sur les inculpations dirigées contre lui, Maure est ajourné, les neuf autres sont décrétés d'arrestation. C'est le cas de Lejeune, absent ce jour-là, qui est mis en cause par les sept administrateurs du district de Besançon. Pour sa défense, il adresse deux lettres à un membre du Comité de sûreté générale le 27 thermidor () et le 2 fructidor an III (), avec les pièces qui prouvent la fausseté des accusations portées contre lui, sans résultat[17] - [4] - [18]. Il demeure en état d'arrestation jusqu'à l'adoption de l'amnistie générale du 4 brumaire an IV ()[14].

Sous le Directoire, il est nommé contrôleur principal des droits réunis à Murat (Cantal), puis, quand ce contrôle est supprimé comme trop proche de Saint-Flour[19], à Saint-Affrique (Aveyron). Privé de cet emploi sous le Consulat, il se retire à Orléans. Pendant les Cent-Jours, il est à Paris avec sa femme et sa fille, rue Montagne-Sainte-Geneviève. En 1816, il s'exile volontairement en Belgique. En effet, d'après une note conservée aux Archives nationales, il peut rentrer en France quand il veut, ne figurant pas sur les registres des signataires de l'Acte additionnel). Installé à Saint-Josse-ten-Noode, dans la périphérie de Bruxelles, il meurt dans cette commune en 1827, après son épouse, Jeanne-Françoise Prévost[17].

Notes et références

  1. Henri Hours, Naissance d'un département: dictionnaire biographique des administrateurs du département, des districts et des cantons du Jura pendant la Révolution française, 1790-an VIII : suivis de quelques biographies détaillées, Société d'émulation du Jura, 1991, 522 pages, p. 326.
  2. Marcel Bruneau, Les Débuts de la révolution dans les départements du Cher et de l'Indre (1789-1791), Hachette et cie, 1902, 470 pages, p. 265, 267.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Imprimerie Paul Dupont, Paris, 1897-1913, série 1, tome 54, p. 692-695.
  4. Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891, tome 4 (de Legrand à Leleu de La Ville-aux-Bois), p. 78-79.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet des débats législatifs et politiques des chambres françaises, Paul Dupont, Paris, 1897-1913, tome 66, p. 175-177.
  6. Michel Biard, Missionnaires de la RĂ©publique, Paris, CTHS, 2002, p. 540.
  7. Michel Biard, op. cit., p. 243.
  8. Michel Biard, op. cit., p. 244.
  9. Archives parlementaires de 1787 Ă  1860, tome 70, p. 136-137.
  10. Jules Guiffrey (1840-1918), Les Conventionnels : listes par départements et par ordre alphabétique des députés et des suppléants à la Convention nationale, dressées d'après les documents originaux des Archives nationales, avec nombreux détails biographiques inédits, Société de l'histoire de la Révolution, Paris, 1889, XL-169 pages, p. XXXVI.
  11. Alphonse Aulard, Histoire politique de la Révolution française, origines et développement de la démocratie et de la République (1789-1804), Armand Colin, Paris, 1901, XII-805 pages, p. 328.
  12. Philippe Le Bas, Augustin François Lemaitre, France: Dictionnaire encyclopédique, Firmin Didot frères, 1841, vol. 5, p. 373.
  13. Louis Mortimer Ternaux, Histoire de la Terreur 1792-1794, d'après des documents authentiques et inédits, M. Lévy frères, Paris, 1862-1881, 8 volumes, tome 8, p. 418, note 1. Lejeune obtient 82 voix, contre 108 à Panis, 102 à Lavicomterie, 92 à Guffroy, 86 à Chabot, 83 à Alquier, 80 à Basire, 68 à Garnier, 66 à Julien, 63 à Bayle (premier suppléant), 56 à Le Bon, 54 à Drouet, 53 à Le Bas et 52 à Gaston.
  14. F.-A. A., « Lejeune (Sylvain-Phalier) Â», La Grande encyclopĂ©die : inventaire raisonnĂ© des sciences, des lettres et des arts, H. Lamirault, Paris, puis SociĂ©tĂ© anonyme de La Grande encyclopĂ©die, Paris, 1885-1902, 31 volumes, tome 21, p. 1184.
  15. Jean Girardot, Le Département de la Haute-Saône pendant la Révolution, vol. 3, Société d'agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône, 1973, p. 97.
  16. Michel Biard, op. cit., p. 296.
  17. Auguste Kuscinski, « La "petite guillotine" du conventionnel Lejeune », La Révolution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, dirigée par Alphonse Aulard, Société de l'histoire de la Révolution française, Centre d'études de la Révolution française, Paris, Charavay frères, 1881-1939, tome 41, juillet-décembre 1941 p. 511-527.
  18. Michel Biard, op. cit., p. 382.
  19. « Lejeune (Simon-P.) Â», in Joseph-François et Louis Gabriel Michaud (dir.), Biographie universelle, ancienne et moderne : ou, Histoire, par ordre alphabĂ©tique, de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs Ă©crits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes. Ouvrage entièrement neuf, rĂ©digĂ© par une sociĂ©tĂ© de gens de lettres et de savants, vol. 71, Michaud frères, 1842, p. 230-232.

Bibliographie

  • « Sylvain-Phalier Lejeune », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition]
  • Michel Biard, Missionnaires de la RĂ©publique: les reprĂ©sentants du peuple en mission, 1793-1795, CTHS, 2002, 623 pages (ISBN 2735505162).
  • Henri Hours, Naissance d'un dĂ©partement: dictionnaire biographique des administrateurs du dĂ©partement, des districts et des cantons du Jura pendant la RĂ©volution française, 1790-an VIII : suivis de quelques biographies dĂ©taillĂ©es, SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du Jura, 1991, 522 pages.
  • Auguste Kuscinski, « La "petite guillotine" du conventionnel Lejeune », La RĂ©volution française : revue d'histoire moderne et contemporaine, SociĂ©tĂ© de l'histoire de la RĂ©volution française, Centre d'Ă©tudes de la RĂ©volution française, Paris, Charavay frères, 1881-1939, tome 41, juillet-, p. 511-527.
  • Charles-Alexandre Lecherbonnier, Silvain-Phalier Lejeune, reprĂ©sentant du peuple Ă  la Convention nationale, Ă©lu par la commune rĂ©volutionnaire de la ville d'Issoudun le , dĂ©crĂ©tĂ© d'accusation et emprisonnĂ© le 13 prairial an IV, proscrit en 1816 comme ayant votĂ© la mort du roi, Issoudun, Imprimerie L. Sery, 1901, III-220-II pages.
  • LĂ©on LĂ©vy-Schneider, « Les dĂ©mĂŞlĂ©s dans le ComitĂ© de salut public avant le 9 thermidor », La RĂ©volution française. Revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, SociĂ©tĂ© de l'histoire de la RĂ©volution française, no 7,‎ , p. 97-112 (lire en ligne).
  • Pierre Libois, Les ReprĂ©sentants du peuple: Prost et Lejeune dans le Jura en l'an II; les luttes politiques, Declume, 1936, 174 pages.
  • Henri Wallon, Les ReprĂ©sentants du peuple en mission et la justice rĂ©volutionnaire dans les dĂ©partements en l'an II (1793-1794), vol. 3: Le Sud-Est, l'Est et la rĂ©gion de Paris, Hachette et cie, 1889, 450 pages.
  • Le Jura contre Paris: le mouvement fĂ©dĂ©raliste jurassien de 1793 : actes de la table-ronde du , La SociĂ©tĂ©, 1994, 242 pages.
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