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Site gallo-romain de Barzan

La commune de Barzan, en Charente-Maritime, abrite un site archéologique gallo-romain majeur, faisant l'objet de fouilles programmées depuis 1994. Les photographies aériennes et les fouilles archéologiques ont révélé la présence d'une ville portuaire gallo-romaine de grande importance (temple gallo-romain monumental, thermes, forum, théâtre...) située entre les communes de Barzan, Talmont-sur-Gironde et Arces-sur-Gironde[1] dans le département de la Charente-Maritime.

Site gallo-romain de Barzan
Moulin du Fâ, Novioregum
Image illustrative de l’article Site gallo-romain de Barzan
Moulin construit sur la base circulaire du temple
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion antique Gaule aquitaine, Aquitaine seconde, Civitas Santonum
DĂ©partement Charente-Maritime
Commune Barzan
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1937, 1939)
CoordonnĂ©es 45° 32′ 04″ nord, 0° 52′ 41″ ouest
Altitude 10 m
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Site gallo-romain de Barzan
Site gallo-romain de Barzan
GĂ©olocalisation sur la carte : Charente-Maritime
(Voir situation sur carte : Charente-Maritime)
Site gallo-romain de Barzan
Site gallo-romain de Barzan
Histoire
Époque Haut Empire romain
Internet
Site web http://www.fa-barzan.com/

Il semble presque certain que cette ville gallo-romaine, dont l'apogée se situe au IIe siècle, soit la Novioregum indiquée dans l'itinéraire d'Antonin[2]. Cette ville pourrait également être le Portus Santonum (port des Santons) décrit par Ptolémée.

Histoire du site

Des habitats préhistoriques

Vue aérienne du site du Fâ.

Les environs sont occupĂ©s très tĂ´t, au moins dès l'Ă©poque nĂ©olithique, ce dont atteste la dĂ©couverte de nombreux vestiges en divers points de la commune de Barzan, notamment Ă  proximitĂ© de la colline de La Garde, un plateau surplombant l'estuaire de la Gironde. Dès 1877, Eutrope Jouan, un historien local, rapporte l'exhumation de fragments de haches polies ainsi que de pointes de flèches[3]. Cette dĂ©couverte est complĂ©tĂ©e presque un siècle plus tard, en 1970, lors du nivellement du terrain consĂ©cutif au dĂ©mantèlement d'un rĂ©servoir amĂ©ricain construit en 1917. Ces travaux permirent la mise au jour de restes de cĂ©ramiques attribuĂ©es aux groupes des Matignons[4] et des Peu-richardiens[N 1]. Des couches de cendres et des pierres de foyers retrouvĂ©es Ă  proximitĂ©, ainsi que la prĂ©sence d'une nĂ©cropole Ă  quelques mètres du site, permirent dès lors de prouver la prĂ©sence d'un habitat Ă  cet endroit, environ 3 500 ans avant notre ère[5].

En 1975, une campagne de prospection aérienne menée par Jacques Dassié confirme ce fait, et montre en outre la présence de fortifications autour de ce camp, celles-ci étant principalement composées de fossés et d'entrées en chicane[6], un ingénieux dispositif exposant dangereusement les éventuels assaillants. Deux autres sites préhistoriques plus récents, datés de l'âge du bronze, ont été découverts à proximité : l'un près du lieu-dit « le moulin du Fâ », l'autre sur le flanc nord-est de la colline de La Garde, à proximité du lieu-dit « Les Piloquets ». Ce dernier site fut découvert par hasard en 1980, lors de la plantation d'une vigne : il révéla notamment plusieurs haches en bronze datées d'environ 1800 avant notre ère, actuellement exposées au musée de Royan[6].

Un emporium sur la route de l'Ă©tain

Vestiges de la cella du principal temple du Fâ.

Aux alentours du VIIe siècle avant notre ère, la Saintonge est habitée par le peuple gaulois des Santons. Ceux-ci firent de Pons, puis de Saintes, leur capitale. Ce peuple celte s'installa à son tour sur le site du Fâ, y bâtissant notamment un sanctuaire monumental, lequel se situe sur une hauteur dominant l'estuaire de la Gironde[7]. Ce sont eux qui fondèrent la ville, embryon de la métropole romaine qui s'étend à cet endroit quelques siècles plus tard[8]. Des prospections aériennes récentes ont par ailleurs révélé les traces de deux autres temples celtiques, localisés sur la colline de La Garde.

Une campagne de fouilles entreprises sous la direction de Karine Robin de 1996 à 2002 a également permis de mettre au jour des céramiques gauloises et hispaniques datant du Ve siècle avant notre ère, ce qui permet d'envisager la présence d'un port de commerce dès cette époque[2]. De même, des pièces de monnaie gauloise ont été découvertes en 1997. Les plus anciennes auraient été frappées à la fin du IIe siècle avant notre ère[9].

Le fait que la Saintonge se soit située sur l'une des routes de l’étain, commerce particulièrement actif entre les îles Britanniques (principalement la Cornouaille) et la Méditerranée à cette époque, permet d'envisager le transit de cette matière première indispensable à la fabrication du bronze par le port de l'antique cité, expliquant la relative prospérité de la ville avant même l'établissement de la domination romaine.

L'Ă©poque romaine : Ă©mergence d'une ville

La maquette des thermes, au 1/10°.

La province des Santons est conquise par les Romains en 58 avant l'ère chrétienne. C'est le début de l'âge d'or pour sa capitale, Mediolanum Santonum (Saintes) qui devient la première capitale de la province romaine d'Aquitaine. La ville de Novioregum, seconde agglomération de la civitas santonum (subdivision administrative de l'empire romain) semble alors avoir été avant tout un emporium, c'est-à-dire un comptoir commercial, ce qui s'explique aisément par sa situation géographique, non loin de l'embouchure de la Gironde. Les premières constructions importantes furent probablement édifiées sous le règne des empereurs Flaviens (de 69 à 96), comme l'attestent des restes de statues ainsi que plusieurs chapiteaux corinthiens datant de cette époque[10]. La ville semble avoir connu son âge d'or vers le IIe siècle de notre ère, sous le règne des Antonins. La ville se pare de monuments importants : théâtre, avenues, port et entrepôts (horrea). Les thermes sont agrandis à cette époque.Un

La ville, prospère, est signalée par l’Itinéraire d'Antonin, publié au IIIe siècle de notre ère, sous le règne de l'empereur romain Dioclétien. Il situe Novioregum sur l'axe routier menant de Saintes à Bordeaux via Blaye, à 15 lieues de Saintes (environ 35 kilomètres) et 12 lieues de Tamnum, une cité qui selon Jacques Dassié, aurait été située près de Consac (environ 29 kilomètres). Celui-ci fonde son hypothèse sur l'utilisation possible d'une grande lieue gauloise de 2450 mètres en lieu et place du mille romain.


Vestiges du sudatorium, l'une des salles des thermes que l'on pourrait assimiler au sauna moderne.

La fin de la ville antique

DĂ©clin, abandon et oubli

La ville conserve quelque importance jusqu'à la fin du IIIe siècle, avant de décliner pour des raisons encore inconnues à ce jour. La théorie de l'envasement du port — sans doute poumon économique de la ville — est envisagée, sans que de véritables preuves ne soient établies à l'heure actuelle. Ce phénomène, fréquent dans la région, causa la perte au XVIIe siècle d'un autre grand port de la région : Brouage.

D'aucuns voient dans les troubles liés aux grandes invasions (Francs et Alamans, puis Wisigoths plus tardivement) une cause possible de cet abandon : cependant aucune trace de violence n'a été relevée sur le site à l’heure actuelle. Dans l’état actuel des connaissances, tout semble indiquer un déclin progressif de la cité et un abandon partiel du site dans le courant du IVe siècle.

À l'aube du Moyen Âge, l'antique cité romaine devient une carrière de pierres. Des éléments décoratifs sont réemployés dans des maisons ou des églises de la région, et des fûts de colonnes romaines servent longtemps de margelles pour les puits des villages environnants (l'une d'elles, datée du IIIe siècle, sert de fonts baptismaux dans l'église d'Épargnes, un village voisin). Au XVIe siècle, un moulin à vent est édifié sur le podium de l'ancien temple : le moulin du Fâ (déformation probable du terme fanum).

Une occupation insoupçonnée à l'époque médiévale

Des recherches entreprises en 2015-2017 ont mis en lumière une occupation tardo-antique et alto-médiévale du site. En effet, des occupations sont attestées par des éléments comme des fonds de cabanes, des réaménagements, des silos, des puits et des sépultures aux époques mérovingiennes et carolingiennes, tant au cœur de l'agglomération antique qu'à ses abords.

Redécouverte

Des ruines qui intriguent

Les ruines de ce moulin à vent sont édifiées sur le podium d'un ancien temple romain (substructions apparentes au premier plan).

De fait, si la présence de ruines antiques à Barzan est connue depuis plusieurs siècles (l'ingénieur royal Claude Masse, en poste en Aunis et Saintonge entre 1694 et 1715, note leur présence[11]), leur importance est longtemps sous-estimée. Le premier à l'entrevoir fut l'abbé Auguste Lacurie, secrétaire de la Société archéologique de Saintes à la fin du XIXe siècle. En 1844, il émet l'hypothèse que les ruines visibles à Barzan pourraient bien être celles de la ville antique de Novioregum, dont on cherchait la trace depuis des siècles. Cependant, plusieurs personnalités importantes dans le domaine de l'archéologie, tel Léon Massiou, un historien originaire de Saujon faisant autorité à cette époque, contestent cette hypothèse, notamment dans un ouvrage paru en 1924[12].

Celui-ci mène personnellement une campagne de fouilles archéologiques auprès du site dit du moulin du Fâ entre 1921 et 1924. Outre le temple et le théâtre, connus depuis les descriptions de Claude Masse, cette campagne permet d'exhumer les vestiges d'un aqueduc, puis de thermes, confirmant la présence d'une cité de quelque importance à cet emplacement[13].

L'importance de ces découvertes aboutit au classement du site par les monuments historiques en 1937 et 1939[14].

Novioregum

Les thermes du site gallo-romain de Barzan.

De 1935 à 1957, Louis Basalo, un architecte et archéologue royannais, effectue également des fouilles, explorant l'aqueduc, fouillant les thermes romains. Durant cette campagne, une stèle votive est découverte à environ vingt mètres du sanctuaire principal. L'inscription qui y figurait (C[aius] Cæcilius galeria civilis mart[i]) est sans doute une dédicace au dieu Mars[13]. Malgré d'importantes découvertes, c'est seulement en 1975, à la faveur d'une importante sécheresse, que Jacques Dassié réalisa des photographies aériennes éclairant d’un jour nouveau le site archéologique[N 2], dévoilant un site bien plus important que ce qui était soupçonné jusqu'alors[15]. Sous les cultures et la végétation, ce n'est rien de moins qu'une ville de 140 hectares — comparable aux grandes métropoles romaines de Saintes (130 ha), Poitiers (environ 150 ha) ou Bordeaux (entre 150 et 170 ha), comportant temples, thermes, théâtre, entrepôts, forum, habitations, avenues qui est dévoilé.

Le site, d'abord occupé par des propriétés privées, fut racheté par la municipalité de Barzan en 1993, année de la création de l'association ASSA Barzan, chargée de l'exploitation du site. Des fouilles structurées débutèrent en 1994, supervisées par l'Université Bordeaux III et par l’Université de La Rochelle.

Vestiges des thermes : four servant Ă  alimenter le caldarium ou salle chaude.

En 1994, le ministère de la Culture confie à Pierre Aupert, directeur de recherches au CNRS, les fouilles sur le sanctuaire du Fâ. Celles-ci révèlent notamment la construction de deux temples successifs, l'existence d'une vaste fosse (peut-être sacrificielle) et les repères de la construction du podium.

En 1999, des sondages positifs ont été effectués par Laurence Tranoy au lieu-dit le Trésor, à l'emplacement de ce que l'on suppose avoir été le forum, au croisement du cardo maximus et du decumanus.

De 1998 à 2004, les fouilles des thermes romains, au nord du Fâ, sont conduites par Alain Bouet, maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l'époque gallo-romaine. Celles-ci révèlent bientôt l'existence d'un des plus grands ensembles connus en Gaule à ce jour. De 2002 à 2009, Alain Bouet participa également aux fouilles des entrepôts de stockage (les horrea) un peu au sud du sanctuaire du Fâ, révélant des magasins de grandes dimensions et l'importance du port antique[16].

Une campagne de fouilles menĂ©es entre 2006 et 2008 sur le sanctuaire du Fâ ont Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ© les murs du pĂ©ribole montrant les deux enceintes successives, dont la seconde, monumentale, mesurait environ 106 m Ă— 92 m.

Reprises en 2007 par Graziella Tendron et Antoine Nadeau (EVEHA), les fouilles du théâtre, sur le site de La Garde, se sont déroulées jusqu'en 2017. Un imposant édifice de 81 m de diamètre et pouvant accueillir environ 5 000 spectateurs a été dégagé, puis remblayé afin d'en conserver les vestiges.

Description du site

Les monuments identifiés

Maquette représentant le temple monumental du Fâ au IIe siècle
  • Le temple monumental du Fâ

Au centre d'un pĂ©ribole rectangulaire de 106 m Ă— 92 m, le temple gallo-romain du IIe siècle comportait une colonnade circulaire (hauteur totale estimĂ©e 16 m), une cella ronde au centre (diamètre 20,80 m, hauteur estimĂ©e 35 m) et un porche d'entrĂ©e profond de 7,7 m, muni de colonnes en façade[17]. Ce temple gallo-romain circulaire monumental ressemblait probablement Ă  ceux de VĂ©sone Ă  PĂ©rigueux et du vicus des Tours Mirandes, Ă  Vendeuvre-du-Poitou[18].

  • Les temples Est

À l'extrémité Est du decumanus, se trouvent les vestiges de plusieurs temples découverts au cours de la sécheresse de 1975-1976. À l'origine, il s'agissait d'un fanum avec cella quadrangulaire entourée d'un péribole, d'un temple de tradition celtique à cella hexagonale et d'un temple romain classique avec podium en maçonnerie rectangulaire sans péribole.

  • Les thermes

La fouille des thermes est considĂ©rĂ©e comme achevĂ©e dans sa partie nord. Les fouilles ont permis de dĂ©montrer que l'alimentation en eau des thermes se faisait par un grand puits rectangulaire (m Ă— 4,4 m d'une profondeur de 16 m) muni d'un système d'Ă©lĂ©vation, dont la machinerie en bois, effondrĂ©e dans le puits, est en cours d'Ă©tude[19].

  • Le théâtre de La Garde

Ă€ l'est du site du Fâ, sans doute Ă  l'extrĂŞme limite de la ville antique, le théâtre romain occupe un flanc de la colline de La Garde. Le rayon de l'hĂ©micycle est d'au moins 50 m et sa cavea Ă©tait structurĂ©e par des murs rayonnants, comportant des gradins en pierre. Selon l'ASSA Barzan, il s'agit d'un Ă©difice important, peut-ĂŞtre plus grand que les théâtres d'Arles et de Vaison-la-Romaine et comparable aux plus vastes Ă©difices de ce type connus en Gaule : Vienne, Orange et Autun.

  • Les Horrea (entrepĂ´ts)

À l'est du Fâ, l'archéologie aérienne a identifié de vastes entrepôts publics caractéristiques des villes portuaires (comme à Vienne, Lyon, Rouen, Bordeaux, Cologne, Hyères ou Corseul). Les fouilles ont permis de dégager plusieurs cellules.

  • L'aqueduc de la source de Chauvignac

L'aqueduc se situe à km à l'est du site, sur la commune de Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet. Exploré sur une centaine de mètres en 1939, son altitude est néanmoins plus basse que les thermes et que le temple, posant la question de l'alimentation en eau de la ville.

La trame urbaine

  • Le decumanus

Le decumanus apparaît sur toutes les images aériennes et parfois même au sol, constituant un monument en lui-même (large d'une dizaine de mètres) ; sa longueur visible est d'environ 400 mètres et il est l'élément structurant principal du réseau urbain, avec une vocation manifeste de prestige. Au Ier siècle, une voie est aménagée jusqu'à l'entrée du sanctuaire gallo-romain. Au IIe siècle, le site s'agrandit et s'embellit : le temple circulaire est reconstruit et agrandi, ainsi que les thermes et les horrea.

Des fouilles actuelles, conduites sous la direction de Laurence Tranoy (Université de La Rochelle) et d'Emmanuel Moizan (INRAP), ont pour objectif de comprendre le plan de circulation de la ville antique, et notamment la nature et le rôle de cette rue très large et très longue surnommée la "Grande avenue". Dans un reportage consacré à l'une de ces campagnes de fouille (2008)[20], Laurence Tranoy explique que cette "Grande avenue" est un artéfact dû aux modifications de l'urbanisme selon les époques et à l'amplification de la vocation cultuelle de la ville.

  • Le Forum

Les vestiges du forum ont été identifiés à proximité du lieu-dit « Le Trésor » entre le port antique et le sanctuaire du Fâ, le long de l'ancien cardo maximus. Des sondages ont confirmé les photographies aériennes en 2015. C'est dans l'un d'eux qu'a été découverte la statue d'un petit Cupidon, visible au musée du site.

  • Le Port

Le site du port antique, situé non loin du lieu-dit la Combe du Rit n'a pas encore été fouillé. Identifié par les photos aériennes et par les inondations de 1999, il était situé au sud de la ville gallo-romaine, à proximité du forum. Il constituait un point de débarquement pour les bateaux de haute mer. Les vastes entrepôts et les céramiques grecques (du Ve siècle av. J.-C.) et hispaniques, retrouvées sur le site peuvent laisser penser que le port était un lieu de négoce sur l'un des routes de l'étain reliant les Îles Britanniques à la Méditerranée.

Le musée

Un nouveau musée a ouvert ses portes en décembre 2005 dans l'ancienne ferme du Fâ. Il présente des vestiges issus des campagnes de fouilles les plus récentes, des reconstitutions, une maquette au 1/10° de la ville gallo-romaine et une borne interactive permettant une visite virtuelle de la cité antique.

Autres exemples de fana en France

Reproduction d'une mosaïque provenant de la villa de Séviac (Gers) réalisée à l'occasion d'une animation.

Selon Isabelle Fauduet, le temple gallo-romain en zone rurale (fanum) différait du temple romain rectangulaire en zone citadine (issu du style grec) : cella de haute élévation, le plus souvent carrée ou ronde, entourée d'une galerie plus basse (circulation des fidèles), à l'intérieur d'un domaine sacré matérialisé par un mur d'enceinte (péribole)[21]. On a dénombré à ce jour près de 600 temples gallo-romains dans l'ensemble des Gaules.

Les temples gallo-romains monumentaux ont parfois succédé à d'anciens sanctuaires celtiques. Certains ont à leur tour servi de base à des églises ou à des cathédrales. Non loin du site du Fâ, c'est notamment le cas de l'église de Thaims[22], ou encore de celle de Vaux-sur-Mer.

Quelques autres sites de temples monumentaux en France (la liste n'est pas exhaustive) :

D'autres temples gallo-romains de grande dimension sont signalés en France à Donon, à Nasium, à Bennecourt, au Temple gallo-romain de la forêt d'Halatte et à Aubigné-Racan, ainsi qu'au Benelux et en Suisse.

Les voies romaines autour de Novioregum

L'Itinéraire d'Antonin, de Bordeaux à Autun, (Itinerarium Antonini - Item a Burdigala Augustodunum mpm CCLXXIIII sic Blauto mpm XVIIII Tamnum mpm XVI Novioregum mpm XII Mediolanum Santonum mpm XV Aunedonnacum mpm XVI ...) situe Blaye à 18 milles de Bordeaux, Tamnum à 16 milles de Blaye, Novioregum à 12 milles de Tamnum et Saintes à 15 milles de Novioregum. Selon Jacques Dassié, la métrique utilisée ne serait pas le mille romain mesurant environ 1482 mètres mais en réalité la grande lieue gauloise mesurant environ 2450 mètres[24].

La Table de Peutinger ne mentionne pas Novioregum entre Lamnu (sic) et Mediolano Santo[25] (sic), sans doute du fait de l'abandon du site de Novioregum au moment de l'Ă©dition (ou de la correction) de la carte.

Les sources historiques ne citent aucun établissement côtier gallo-romain entre le Portus Santonum des Santons et le Portus Namnetum des Pictons, soit entre Saintes/Novioregum sur la Gironde et Nantes/Rezé sur la Loire. La voie romaine de Bordeaux à Nantes s'écarte du rivage vers l'est à la hauteur de Saintes/Novioregum et fait un détour important par Poitiers où elle bifurque vers l'ouest en direction de Parthenay, Bressuire, Mortagne-sur-Sèvre et Clisson.

Cette anomalie s'explique par d'importantes modifications du littoral intervenues depuis l'époque romaine. Au début de notre ère, le littoral de la Saintonge et du Poitou est largement entamé par plusieurs golfes marins :

  • Le golfe de la Seudre recouvrait une partie de l'actuel bassin ostrĂ©icole de l'estuaire de la Seudre, faisant de localitĂ©s comme Saujon ou L'Éguille des ports de mer. Le golfe de la Seudre Ă©tait sĂ©parĂ© du golfe de Saintonge par une mince presqu'Ă®le, le Pagus maritimensis (ou pays de la mer), qui donnera plus tard son nom Ă  la ville de Marennes.
  • Le golfe de Saintonge s'Ă©tendait de Marennes jusqu'au sud de la ville de Rochefort. Son comblement par les alluvions interviendra progressivement : au XVIe siècle, l'ocĂ©an battait encore les remparts de Brouage, port militaire aujourd'hui situĂ© Ă  15 kilomètres du littoral.
  • Le Golfe des Pictons (Sinus Pictonum), Ă©galement nommĂ© Lac des Deux Corbeaux (Lacus Duorum Corvorum), au nord de l'Ă®le de RĂ©, deviendra le Marais poitevin, issu de l'estuaire de la Sèvre niortaise.
  • La Baie de Bretagne (devenue la baie de Bourgneuf), au nord des Sables-d'Olonne, devenue Marais breton.

La régression marine et l'envasement, amorcés dès la fin du Moyen Âge, sont attestés en particulier par la carte de Cassini, l'une des premières cartographies fiables réalisée vers 1780.

Notes et références

Notes

  1. La civilisation de Peu-Richard IIIe millénaire av. J.-C. est caractérisée par une céramique décorée de cannelures horizontales et ocellées et par des « camps » entourés de doubles fossés. Elle doit son nom au hameau de Peu-Richard, situé à Thénac, commune voisine de Barzan
  2. Jacques Dassié déclara : « Nos premiers clichés de prospection aérienne remontent à 1962. Ils ne révélèrent rien de décisif ou d’interprétable comme gallo-romain, en dehors des superstructures existantes. Il fallut attendre fin juin 1975, pour que la conjonction des conditions de cultures et d’une météorologie très favorables, apporte les résultats spectaculaires. Au début de l’été, le jaunissement des céréales fut particulièrement révélateur et tous les grands pôles d’une ville apparurent »

Références

  1. Revue de l'Aquitaine historique, numéro 46, septembre 2000
  2. Karine Robin, « Novioregum, ville portuaire antique », article paru dans Archéologia no 430, 02/02/2006
  3. J. Eutrope Jouan, Monographie de Barzan, 1877
  4. Guy Binot, Histoire de Royan et de la presqu'île d'Arvert, éditions Le Croît vif, 1994
  5. Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, Ă©ditions Flohic, p 269
  6. De la préhistoire à l'histoire, par Stéphane Gustave
  7. Gallia, publication du CNRS, 1944
  8. Jean-Noël Luc, Jean Combes, Michel Luc, La Charente-Maritime : l’Aunis et la Saintonge des origines à nos jours, éditions Bordessoules, 1981
  9. Fabien Lorre, « Les monnaies du Fâ »
  10. Louis Maurin, Villes et agglomérations urbaines antiques du Sud-Ouest de la Gaule : histoire et archéologie, Centre national de la recherche scientifique, 1992
  11. in Mémoires — 1712-1715, par Claude Masse
  12. Les villes disparues : Tamnum, Novioregum
  13. Louis Maurin et Dominique Tardy, La Charente-Maritime, pré-inventaire archéologique
  14. Notice no PA00104612, base Mérimée, ministère français de la Culture
  15. Plan de Novioregum
  16. Alain Bouet, « Les thermes de Barzan », in Les dossiers d'Archéologia n°323, p 31
  17. Site du Fâ
  18. De la préhistoire à l'histoire, par Stephane Gustave
  19. Les dossiers d'Archéologia n°323, les thermes de Barzan, Alain Bouet, p.31
  20. Université de La Rochelle, « Une fouille de la "Grande avenue" de Barzan (site du Fâ), vidéo de 6 minutes », (consulté le )
  21. in "Les temples de tradition celtique en Gaule romaine",Isabelle Fauduet, Paris : Ed. Errance, 1993
  22. in Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, Ă©ditions Flohic
  23. Tourisme Vienne
  24. Archéologie aérienne, Jacques Dassié
  25. Archaero : La grande lieu gauloise, par Jacques Dassié

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • GĂ©ographie (PtolĂ©mĂ©e)
  • Strabon, GĂ©ographie, Livre IV, 11
  • ItinĂ©raire d'Antonin de Burdigala (Bordeaux) Ă  Augustodunum (Autun)
  • Table de Peutinger, Pars I (Segmentum I), Hofbibliothek, Wien
  • Claude Masse, MĂ©moires.
  • Alain Bouet dir., Thermae Gallicae. Les thermes de Barzan (Charente-Maritime) et les thermes des provinces gauloises, Bordeaux, Ausonius, 2003
  • Jacques DassiĂ© et Pierre Aupert, « L'urbanisme d'une agglomĂ©ration secondaire : nouvelles dĂ©couvertes aĂ©riennes Ă  Barzan Â», Aquitania, XV, 1997-1998, p. 167- 186.
  • Isabelle Fauduet, Les temples de tradition celtique en Gaule romaine, Paris, Errance, 1993.

Liens externes

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