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Prospection aérienne

Apparue dès les années 1950, la prospection aérienne s'est largement développée depuis grâce notamment à l'accessibilité aux moyens de vols privés de l'aviation générale.

Elle consiste à photographier à basse et moyenne altitude des zones dégagées puis à étudier et interpréter les indices recueillis. Par exemple en archéologie, on survolera en recherchant et en photographiant toutes les traces et indices visibles. On parle alors d'archéologie aérienne. Il ne s'agit pas d'une couverture photographique globale, mais d'une recherche intentionnelle.

Elle a donné ses plus spectaculaires résultats dans les plaines d'Europe de l'Ouest et dans les zones désertiques du Proche-Orient.

Son principe est fondé sur l'observation en altitude d'indices qui restent invisibles au sol. Cinq sortes de modifications, dues à la présence de structures ou de vestiges enfouis, sont décelables sur les photographies obtenues dans des conditions optimales de saison et d'éclairage :

  1. L'indice sciographique : les modifications de niveaux, extrêmement faibles parfois, sont soulignées par un éclairage rasant et prennent une signification quand elles sont vues d'avion, particulièrement dans des zones désertiques ;
  2. L'indice pédographique : les modifications de couleur du sol, dues aux traces de mortier remonté des labours, de foyers ou de fosses à humus ;
  3. L'indice hydrométrique : les traces d'humidité plus sombres dénotent un fossé plus meuble ou des trous de poteaux dans un sol plus calcaire. Par un phénomène de différence de conductibilité de chaleur, ces traces peuvent être soulignées par un dépôt fugitif de gelée blanche en hiver ;
  4. L'indice phytologique : Les modifications de croissance, de floraison et de maturation des cultures, plus fournies au-dessus des zones profondes et remplies d'humus (fossés comblés), plus rases au-dessus des vestiges de maçonneries. Lors des importantes sécheresses comme celle de 1976 ces indices sont amplifiés et dévoilent, principalement par jaunissement sélectif des céréales, un grand nombre de sites inconnus ;
  5. L'indice paysager : L'observation de modifications du paysage par traces ou délimitations de zones de civilisations, ou de routes.

Les pionniers qui ont développé cette technique sont Antoine Poidebard en Syrie, vers 1925, et O.G.S. Crawford au Royaume-Uni. Puis dans les années 1960 apparurent régionalement Roger Agache dans le Nord de la France, Jacques Dassié en Poitou-Charentes, Bernard Edeine dans la Manche, René Goguey en Bourgogne, Daniel Jalmain en Île-de-France, Louis Monguilan en Provence. On notera la grande influence du professeur Raymond Chevallier sur les chercheurs français, grâce à son Séminaire de topographie historique et de photo-interprétation de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. D'autres vinrent plus tardivement, dont Maurice Marsac dans l'Ouest du Poitou et Henri Delétang en Touraine. Le nombre actuel de prospecteurs aériens bénévoles peut être estimé à plusieurs dizaines.

Plus récemment, les nouvelles techniques de traitement informatisé des images ou les prises de vues en infra-rouge, ont permis d'élargir le champ d'application de la photographie aérienne et de prospecter également sur les zones forestières. Les photos montrant alors des indices totalement invisibles à l'œil humain. La photographie numérique a grandement facilité les opérations par l'instantanéité de ses résultats et ses fichiers directement exploitables. La sécheresse de l'été 1976 a également permis l'identification de nombre de nouveaux sites[1].

L'armée de l'air effectue quotidiennement des milliers de photographies aériennes, avec ses avions de reconnaissance. Malheureusement, ces images militaires ne sont pas accessibles aux archéologues.

Notes et références

  1. Henri Delétang et Roger Agache, L'archéologie aérienne en France : le passé vu du ciel, Errance, , p. 161.

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