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RĂ©jean Ducharme

Réjean Ducharme, né à Saint-Félix-de-Valois dans LanaudiÚre, au Québec, le et mort à Montréal le [1], est un écrivain, dramaturge, scénariste, parolier et sculpteur québécois.

RĂ©jean Ducharme
Naissance
Saint-Félix-de-Valois, Québec, Canada
DĂ©cĂšs (Ă  76 ans)
Montréal, Québec, Canada
Nationalité Canadienne
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

ƒuvres principales

Biographie

RĂ©jean Ducharme est le fils d’Omer Ducharme, journalier, et de Nina LavallĂ©e[2], dont le patronyme rappelle le titre de son premier roman publiĂ© chez Gallimard : L'AvalĂ©e des avalĂ©s. « AprĂšs la parution de L’AvalĂ©e des avalĂ©s, en 1966, Radio-Canada s’entretient avec ses parents, Omer Ducharme et Nina LavallĂ©e. AprĂšs cet entretien, RĂ©jean Ducharme demandera Ă  ses proches de ne plus s’adresser aux mĂ©dias »[3] - [4] - [5]. RĂ©jean Ducharme a toujours refusĂ© toute demande d'entrevue et n'a fait aucune apparition publique. À peine deux photos de lui existent, et seules quelques rarissimes lettres aux quotidiens ont Ă©tĂ© publiĂ©es, au dĂ©but de sa carriĂšre. Il habitait MontrĂ©al. Tout comme l'Ă©crivain amĂ©ricain Thomas Pynchon, il vivait dans l'anonymat[6].

DĂ©buts

Il connaĂźt un succĂšs immĂ©diat, dĂšs la parution en 1966 de son roman L'AvalĂ©e des avalĂ©s, qui le consacre instantanĂ©ment comme l'un des grands Ă©crivains quĂ©bĂ©cois de sa gĂ©nĂ©ration. La publication de la premiĂšre Ɠuvre d'un Ă©crivain de ce calibre par un Ă©diteur français sĂšme la controverse en ces annĂ©es oĂč le nationalisme quĂ©bĂ©cois connaĂźt une effervescence rarement Ă©galĂ©e. Le Cercle du livre de France avait refusĂ© un manuscrit de Ducharme, et ce rejet incita l'Ă©crivain Ă  se tourner plutĂŽt vers Gallimard[7]. Non seulement cet Ă©diteur accepte le roman, mais celui-ci apparaĂźt sur la liste des candidats pour le prix Goncourt, qu'il n'obtient pas. En 1992, Jean-Claude Lauzon rĂ©alise LĂ©olo, un film qui s'inspire de l'esprit du roman de RĂ©jean Ducharme et oĂč le personnage principal lit L'AvalĂ©e des avalĂ©s. En 2005, le magazine Time inscrit LĂ©olo sur sa liste des « 100 meilleurs films de tous les temps ».

Apogée

Le Nez qui voque et L'OcĂ©antume, manuscrits antĂ©rieurs apparemment soumis Ă  Gallimard en mĂȘme temps que celui de L'AvalĂ©e des avalĂ©s, sont subsĂ©quemment publiĂ©s par ce mĂȘme Ă©diteur, respectivement en 1967 et 1968.

En 1968, Ducharme reçoit une bourse Guggenheim. En juin de la mĂȘme annĂ©e, sa premiĂšre piĂšce , Le Cid maghanĂ©, une parodie dĂ©bridĂ©e du Cid de Corneille, est crĂ©Ă©e Ă  Sainte-Agathe sous la direction d'Yvan Canuel. Le Cid maghanĂ© est l'une des premiĂšres piĂšces Ă  faire utilisation du joual (parler populaire quĂ©bĂ©cois) sur scĂšne. La crĂ©ation du Cid maghanĂ© prĂ©cĂšde de peu celle des Belles-sƓurs de Michel Tremblay.

Toujours durant l'Ă©tĂ© 1968, Yvan Canuel met en scĂšne une deuxiĂšme piĂšce de Ducharme, Ines PĂ©rĂ©e et Inat Tendu. En 1969, Ducharme publie La Fille de Christophe Colomb. Fait assez rare, il s'agit d'un roman Ă©crit en vers. Il raconte les aventures de Colombe, fille dĂ©sabusĂ©e de Christophe Colomb. L'annĂ©e suivante, sa troisiĂšme piĂšce, Le marquis qui perdit, est crĂ©Ă©e au ThĂ©Ăątre du Nouveau Monde sous la direction d'AndrĂ© Brassard, celui-lĂ  mĂȘme qui avait signĂ© la mise en scĂšne des Belles-sƓurs. La piĂšce est une pochade se dĂ©roulant en Nouvelle-France et « le marquis qui perdit » est en fait Montcalm. Cette fois-ci, le succĂšs n'est pas au rendez-vous.

AprÚs L'Hiver de force (1973), lauréat du Prix du Gouverneur général 1973, et Les EnfantÎmes (1976), Ducharme cesse d'écrire des romans pendant 14 ans, jusqu'à la parution en 1990 de Dévadé, suivi de Va savoir (1994) et de Gros Mots (1999).

Mais il n'abandonne pas l'Ă©criture pour autant. Il revient au thĂ©Ăątre en 1978 avec HA ha!..., une Ɠuvre assez sombre montĂ©e en 1978 au ThĂ©Ăątre du Nouveau Monde par Jean-Pierre Ronfard.

Il est aussi un des paroliers préférés de Robert Charlebois[8].

ThÚmes abordés

Un extrait du livre L'Avalée des avalés.

L'enfance et le rejet du monde des adultes sont des thĂšmes qui reviennent frĂ©quemment dans l'Ɠuvre de Ducharme, comme si l'auteur souhaitait que s'arrĂȘte la marche du temps, « afin que demeure cet Ăąge d'or qu'est l'enfance[9] ». L'hĂ©roĂŻne de L'AvalĂ©e des avalĂ©s est une enfant, BĂ©rĂ©nice Einberg ; les personnages principaux du Nez qui voque sont des adolescents coupĂ©s du monde. Les rĂ©fĂ©rences Ă  ces sujets en particulier, doublĂ©s du secret qui entoure la vie intime de l'auteur, ont exacerbĂ© plusieurs comparaisons entre RĂ©jean Ducharme et l'Ă©crivain amĂ©ricain J. D. Salinger. Ce dernier vĂ©cut toutefois en rĂ©clusion totale et ne publia rien pendant des dĂ©cennies, contrairement Ă  Ducharme.

En revanche, si l’enfance est en effet au cƓur de l’Ɠuvre de RĂ©jean Ducharme, des critiques comme Laurent Mailhot [10]et des Ă©crivains comme J.M.G. Le ClĂ©zio[11] en ont soulignĂ© la dimension profondĂ©ment « adulte ».

Dans son Ɠuvre, RĂ©jean Ducharme se distingue par le recours frĂ©quent aux jeux de mots, aux nĂ©ologismes et aux inventions de langage, ce qui rend son style particuliĂšrement vivant et unique. Il accorde aussi aux noms des personnages une grande attention, Ă  un tel point qu’il est possible de parler d’une vĂ©ritable « onomastique ducharmienne »[12]. Contrairement Ă  plusieurs de ses contemporains des annĂ©es 1960 et 1970, il n'Ă©crit pas en joual, bien que des expressions locales ou des jurons quĂ©bĂ©cois apparaissent parfois dans son travail.

Grand lecteur, Ducharme a Ă©crit une Ɠuvre nettement intertextuelle, dans laquelle on dĂ©couvre partout la parole d’autres Ă©crivains ; comme le souligne Gilles Marcotte : « Il est toujours dans les textes des autres, chez les Grands Auteurs, Bossuet, Baudelaire, Byron, Dante, Flaubert, Goethe, Balzac, HomĂšre, Hugo, Klopstock, Musset, Poe, Sade, Scott, Shakespeare, Sue (il tire son nom, par transformation, du LautrĂ©amont d'EugĂšne Sue), Wagner, et sans doute beaucoup d'autres »[13].

Chanson, cinéma et arts visuels

Réjean Ducharme a écrit quelques chansons importantes du répertoire de Robert Charlebois, tel Mon pays (c'est pas un pays c'est une job), Heureux en amour, Le Violent seul (chu tanné) et J'veux de l'amour. Il en a aussi composé quelques-unes pour Pauline Julien.

Au cinéma, il a collaboré aux scénarios de deux films de Francis Mankiewicz : Les Bons Débarras (1980) et Les Beaux Souvenirs (1981).

Il est Ă©galement sculpteur. Ses Ɠuvres, qu'il appelle trophoux[14], sont signĂ©es du nom de Roch Plante. Il les compose Ă  partir des dĂ©chets et des dĂ©bris qu'il ramasse lors de ses promenades dans les rues de MontrĂ©al. Il ne fait pas davantage d'intervention publique lors du dĂ©voilement de ses sculptures[15].

ƒuvre

Romans

Théùtre

En mars 1994, le Théùtre d'Aujourd'hui présente une adaptation théùtrale de La Fille de Christophe Colomb mise en scÚne de Martin Faucher, avec Markita Bois.

À l'automne 2001, le ThĂ©Ăątre du Nouveau Monde prĂ©sente une adaptation thĂ©Ăątrale de L'Hiver de force mise en scĂšne par Lorraine Pintal.

Du au , le Théùtre du Nouveau Monde présente une nouvelle production de la piÚce HA ha!... dans une mise en scÚne par Dominic Champagne.

Paroles de chansons

Pour Robert Charlebois, il Ă©crit ou collabore Ă  l'Ă©criture de 30 chansons, dont les plus connues sont :

  • Mon pays
  • Le Violent seul (S’chut tannĂ©)
  • J’t’haĂŻs
  • J’veux d’l’amour
  • RĂ©volte
  • Limoilou
  • Je l’savais
  • Manche de pelle, de l’album Robert Charlebois (Je rĂȘve Ă  Rio), 1974.
  • Heureux en amour

Il Ă©crit aussi pour Pauline Julien :

  • DĂ©mĂ©nager ou rester lĂ , de l’album Au milieu de ma vie, peut-ĂȘtre Ă  la veille de
, 1972.

Autres publications

  • Trophoux (LanctĂŽt, 2004) : catalogue des Ɠuvres plastiques de Roch Plante.
  • Le Lactume (Les Éditions du passage, 2017) : dessins en couleurs accompagnĂ©s de lĂ©gendes
  • Sur lui: Dossier RĂ©jean Ducharme, Nuit blanche, magazine littĂ©raire, no 124, automne 2011
  • sur lui: AndrĂ©e Ferretti, « Ducharme, beaucoup de mots, peu d’entrailles », Nuit blanche, magazine littĂ©raire, n° 124, automne 2011, p. 56-57 (Article dans le dossier : RĂ©jean Ducharme).

Filmographie

Comme scénariste

Adaptation

Honneurs

Influence et postérité

L’auteur-compositeur-interprĂšte Patrice Michaud cite RĂ©jean Ducharme avec sa permission dans la chanson Kamikaze : « Car l'amour ce n'est pas quelque chose, c'est quelque part. » L’Ɠuvre de Ducharme l’a profondĂ©ment influencĂ©[16]. Il a dĂ©couvert cette citation en exergue du roman Golden Square Mile (Ă©ditions L'Oie de Cravan, 2015), de Maxime Catellier[17].

Notes et références

  1. « L'auteur Réjean Ducharme est décédé », Le Soleil, 22 août 2017.
  2. Odile Tremblay, « L’invisible RĂ©jean Ducharme disparaĂźt », Le Devoir,‎ (ISSN 0319-0722, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Zone Arts- ICI.Radio-Canada.ca, « Réjean Ducharme et la liberté à tout prix », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  4. Internet et Services numériques, Archives numérisées, « Qui est Réjean Ducharme? - Les Archives de Radio-Canada », sur archives.radio-canada.ca (consulté le )
  5. « Qui est Réjean Ducharme? Radio-Canada 1966 », sur radio-canada.ca, (consulté le )
  6. Chantal Guy 2017.
  7. Odile Tremblay 2017.
  8. Odile Tremblay, « Jean-Philippe Duval. Film sur un absent », Le Devoir,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  9. Julien-Bernard Chabot 2017.
  10. Laurent Mailhot, « Le thĂ©Ăątre de RĂ©jean Ducharme », Études françaises,‎ (lire en ligne)
  11. J.-M.-G. Le Clézio, « La tactique de la guerre apache appliquée à la littérature »
  12. Diane Pavlovic, « Du cryptogramme au nom rĂ©flĂ©chi. L’onomastique ducharmienne », Études françaises, volume 23, numĂ©ro 3, hiver 1987, p. 89–98 (lire en ligne).
  13. Gilles Marcotte, « RĂ©jean Ducharme, lecteur de LautrĂ©amont », Études françaises, vol. 26, no 1,‎ , p. 100 (lire en ligne)
  14. « Roch Plante | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  15. Pour plus d'information, consulter le catalogue des Trophoux publiĂ© chez LanctĂŽt Éditeur en 2004.
  16. Lemay 2017
  17. « Entretien avec l'auteur-compositeur-interprÚte Patrice Michaud, invité d'honneur, La soirée est (encore) jeune, Ici premiÚre, 4 décembre 2016 », sur ici.radio-canada.ca (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Julien-Bernard Chabot, « Une nostalgie moderne », LibertĂ©, no 310,‎ , p. 72-73 (lire en ligne)
  • Collectif, « Avez-vous relu Ducharme ? », Études françaises, numĂ©ro prĂ©parĂ© par Nicole Deschamps, Ghislaine Legendre, Charlotte Melançon, Diane Richer, AndrĂ©-Guy Robert et Georges-AndrĂ© Vachon, vol. 11, nos 3-4, 1975, 197 p. (http://revue-etudesfrancaises.umontreal.ca/volume-11-numero-3-4/).
  • LĂ©o-Paul Desaulniers, « Ducharme, Aquin : consĂ©quences de la ‘‘mort de l’auteur’’ », Études françaises, vol. 7, no 4,‎ , p. 398-409 (lire en ligne)
  • Chantal Guy, « RĂ©jean Ducharme : la mort d'un mythe », La Presse,‎ (lire en ligne)
  • François Lemay, « Patrice Michaud nous parle de sa relation avec RĂ©jean Ducharme »,
  • Renaud Longchamps, « Gros mots de Ducharme : les amours dĂ©composĂ©es », Nuit blanche, no 77,‎ 1999-2000, p. 6-7 (lire en ligne)
  • Anouk Mahiout, « Dire le rien : Ducharme et l’énonciation mystique », Voix et Images, no 29.3,‎ , p. 131-146 (lire en ligne)
  • Kenneth Meadwell, « SubjectivitĂ© et mĂ©tamorphoses des acteurs fĂ©minins dans Les EnfantĂŽmes de RĂ©jean Ducharme », Études en littĂ©rature canadienne, no 16.2,‎ 1991-92, p. 162-181 (lire en ligne)
  • Laurent Mailhot, « Le thĂ©Ăątre de RĂ©jean Ducharme », Études françaises, vol. 6, n° 2, 1970, p. 131-157 (lire en ligne).
  • Gilles Marcotte, « RĂ©jean Ducharme, lecteur de LautrĂ©amont », Études françaises, vol. 26, no 1,‎ , p. 87-127 (lire en ligne)
  • Élisabeth Nardout-Lafarge, RĂ©jean Ducharme. Une poĂ©tique du dĂ©bris, MontrĂ©al, Fides, « Nouvelles Ă©tudes quĂ©bĂ©coises », 2001, 308 p.
  • Diane Pavlovic, « Du cryptogramme au nom rĂ©flĂ©chi. L’onomastique ducharmienne », Études françaises, volume 23, numĂ©ro 3, hiver 1987, p. 89–98 (lire en ligne).
  • Odile Tremblay, « L’invisible RĂ©jean Ducharme disparaĂźt. L'Ă©crivain est parti comme il a vĂ©cu, discrĂštement », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  • Jacqueline Wiswanathan, « L’un(e) dort, l’autre pas : la scĂšne de la veille dans les scĂ©narios et quelques romans de RĂ©jean Ducharme », CinĂ©mas, vol. 5, nos 1-2,‎ , p. 189–209 (lire en ligne)

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