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J. D. Salinger

J. D. Salinger, nom de plume de Jerome David Salinger [dʒeˈrəʊm ˈdeÉȘvÉȘd ˈsĂŠlÉȘndʒɚ][1], nĂ© le Ă  New York et mort le [2] Ă  Cornish dans le New Hampshire aux États-Unis, est un Ă©crivain amĂ©ricain.

J. D. Salinger
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
J. D. Salinger faisant la couverture du Time en 1961.
Nom de naissance Jerome David Salinger
Alias
J. D. Salinger
Naissance
New York, Drapeau des États-Unis États-Unis
DĂ©cĂšs
Cornish (New Hampshire), Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité principale
Écrivain
Auteur
Langue d’écriture Anglais
Genres

ƒuvres principales

Signature de J. D. Salinger

Il se fait connaĂźtre en 1948 avec des nouvelles parues dans le magazine amĂ©ricain The New Yorker, mais c'est avec le roman L'Attrape-cƓurs (titre original : The Catcher in the Rye) qu'il devient cĂ©lĂšbre. Traitant de l’adolescence et du passage Ă  l’ñge adulte, ce livre, devenu un classique du genre, connaĂźt une popularitĂ© importante depuis sa parution en 1951. Les thĂšmes majeurs de Salinger sont l'abandon de l'enfance et le dĂ©senchantement de la jeunesse.

Connu pour avoir mené une vie de reclus, il ne fait aucune apparition publique et évite toute exposition médiatique à partir de la fin des années 1960. Sa derniÚre publication est une nouvelle épistolaire parue en et la derniÚre entrevue qu'il a accordée date de 1980[3].

Biographie

Fils d’un pĂšre juif d'origine lituanienne et d’une mĂšre catholique d'origines allemande et irlandaise (bien qu’il ait cru, jusqu'au moment de sa Bar Mitzvah, que sa mĂšre Ă©tait Ă©galement juive), Jerome David Salinger est nĂ© Ă  Manhattan (New York). Il a une sƓur aĂźnĂ©e, Doris, nĂ©e en 1911. Son pĂšre, Solomon Salinger (dit Sol) est nĂ© Ă  Chicago en 1888. Il est fils d'un rabbin de Louisville et vendait du fromage casher. Sa mĂšre, Marie Jillich (dite Miriam), est nĂ©e en 1891[4]. Elle est originaire de l'Iowa et abandonne sa religion catholique pour la religion juive lors de son mariage en 1910[4]. La famille quitte Chicago pour New York en 1912 et s’enrichit grĂące Ă  une entreprise d'importation d'aliments devenue prospĂšre[5]. Dans son enfance, Salinger frĂ©quente les Ă©coles publiques de l'Upper West Side oĂč la famille rĂ©side depuis 1919, aprĂšs avoir vĂ©cu dans le nord de Harlem[6]. À partir de 1928, le jeune Jerome et sa sƓur sont Ă©duquĂ©s par une gouvernante anglaise[4]. Puis, en 1932, la famille, souhaitant asseoir sa rĂ©ussite sociale, dĂ©mĂ©nage sur Park Avenue dans l'Upper East Side et le jeune Salinger est inscrit dans une Ă©cole privĂ©e : la McBurney School, dans laquelle ce dernier choisit de se faire appeler Jerry afin de s'intĂ©grer plus facilement. À McBurney, il dirige l'Ă©quipe d'escrime, Ă©crit pour le journal de l'Ă©cole et participe Ă  des piĂšces de thĂ©Ăątre. En 1934, il est renvoyĂ© de l'Ă©cole pour rĂ©sultats insuffisants.

1133 Park Avenue Ă  Manhattan oĂč a grandi Salinger.

Salinger est donc ensuite inscrit comme pensionnaire Ă  l'Ă©cole militaire Valley Forge en Pennsylvanie, oĂč il est acceptĂ© malgrĂ© un climat d'antisĂ©mitisme latent en cette pĂ©riode de Grande DĂ©pression. C'est de cette Ă©cole qu'il s'inspirera pour le lycĂ©e Pencey Prep dans L'Attrape-cƓurs. La nuit, il commence Ă  Ă©crire des histoires dans son lit Ă  l'aide d'une lampe de poche. Le dossier scolaire de Salinger Ă  Valley Forge rĂ©vĂšle qu'il Ă©tait un Ă©lĂšve « mĂ©diocre » et turbulent bien que son QI soit estimĂ© entre 111 et 115, c'est-Ă -dire lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  la moyenne. Il obtient son diplĂŽme d'Ă©tudes secondaires en 1936. La mĂȘme annĂ©e, Salinger entame sa premiĂšre annĂ©e Ă  l'UniversitĂ© de New York[4]. Il envisage d'Ă©tudier l'Ă©ducation de l'enfance mais abandonne ses Ă©tudes au printemps suivant.

Son pĂšre, qui l’encourage Ă  amĂ©liorer son français et son allemand , l'incite Ă  travailler comme traducteur dans son entreprise spĂ©cialisĂ©e dans l'importation de viandes Ă  Vienne (Autriche) et dans la ville de Bydgoszcz (Pologne), espĂ©rant par la mĂȘme occasion qu'il dĂ©veloppera un goĂ»t pour les affaires[4]. Son dĂ©goĂ»t pour les abattoirs le conduit Ă  un Ă©loignement de son pĂšre, Ă  qui, une fois adulte, il n'adresse plus la parole. Il serait devenu par ailleurs vĂ©gĂ©tarien[7]. Le , J. D. Salinger quitte l'Autriche un mois avant l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie.

En 1938, il Ă©tudie Ă  l'Ursinus College de Collegeville en Pennsylvanie et Ă©crit une chronique intitulĂ©e skipped diploma, comprenant des critiques de films. Il abandonne aprĂšs un semestre. L'un de ses professeurs considĂšre Salinger comme « le pire Ă©tudiant d’anglais de l’histoire du collĂšge »[8]. En 1939, il frĂ©quente l’universitĂ© Columbia Ă  New York et suit des cours d'Ă©criture. Son professeur, Whit Burnett, Ă©galement Ă©diteur de Story Magazine, discerne rapidement un certain talent chez le jeune auteur.

Dans le numĂ©ro de mars- de Story, Burnett publie la premiĂšre nouvelle de Salinger, The Young Folks, dont le thĂšme est la vie de plusieurs jeunes adultes Ă©goĂŻstes et sans but. Burnett et Salinger continuent Ă  correspondre pendant plusieurs annĂ©es, jusqu’à ce qu’un diffĂ©rend les oppose Ă  propos d’un recueil de nouvelles.

Seconde Guerre mondiale

À la fin de 1941, Salinger intĂšgre l'Ă©quipe d'un navire de croisiĂšre dans les CaraĂŻbes. La mĂȘme annĂ©e, il commence Ă  soumettre ses nouvelles au New Yorker. Sept articles de Salinger sont rejetĂ©s par le magazine cette annĂ©e-lĂ . Cependant, en , le magazine accepte de publier Slight Rebellion off Madison, l'histoire d'un adolescent insatisfait appelĂ© Holden Caulfield, souffrant de « tremblements d'avant guerre ». Lorsque le Japon mĂšne l'attaque de Pearl Harbor le mĂȘme mois, ses Ă©crits sont rendus « impubliables ». Salinger est dĂ©vastĂ©. La nouvelle ne paraĂźtra dans le New Yorker qu'en 1946.

En 1942, Salinger commence à fréquenter Oona O'Neill, fille du dramaturge Eugene O'Neill. Il l'appelle souvent et lui écrit de longues lettres. Leur relation prend fin lorsque Oona commence à voir Charlie Chaplin, qu'elle a finalement épousé.

Au printemps 1942, plusieurs mois aprĂšs l'entrĂ©e des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, Salinger est enrĂŽlĂ© dans l'armĂ©e oĂč il combat avec la 4e division. Il est prĂ©sent Ă  Utah Beach le jour J, lors de la bataille des Ardennes et de la bataille de la forĂȘt de HĂŒrtgen.

Durant cette pĂ©riode, Salinger s'arrange pour rencontrer Ernest Hemingway, un Ă©crivain qui l'a influencĂ© et qui opĂšre en tant que correspondant de guerre Ă  Paris. Salinger est alors impressionnĂ© par la gentillesse et la modestie d'Hemingway, le trouvant plus « doux » en comparaison Ă  sa rĂ©putation d'homme bourru. Hemingway dĂ©clare Ă  propos de l'Ă©criture de Salinger : « JĂ©sus, il a un talent infernal ». Les deux Ă©crivains commencent Ă  correspondre. En , Salinger Ă©crit Ă  Hemingway pour lui dire que leur rencontre a Ă©tĂ© un souvenir positif de la guerre. Salinger prĂ©cise qu'il travaille sur une piĂšce de thĂ©Ăątre Ă  propos d'Holden Caulfield, le protagoniste de son histoire Slight Rebellion off Madison, et qu'il espĂšre jouer le rĂŽle lui-mĂȘme.

Salinger est affectĂ© Ă  une unitĂ© de contre-espionnage, pour laquelle il utilise ses compĂ©tences en français et en allemand pour interroger les prisonniers de guerre et obtient le grade de sergent major. Cette expĂ©rience l’a sans doute affectĂ© Ă©motionnellement : il est parmi les premiers soldats Ă  pĂ©nĂ©trer dans les camps de concentration libĂ©rĂ©s et il est hospitalisĂ© en 1945 pour soigner un syndrome de stress post-traumatique. Elle est probablement Ă  l’origine de certains de ses Ă©crits, comme Pour EsmĂ©, avec amour et abjection oĂč le narrateur incarne un soldat traumatisĂ©. Il continue Ă  publier ses nouvelles dans des magazines tels que le Collier's et le Saturday Evening Post pendant et aprĂšs son engagement militaire.

CarriÚre littéraire

À partir de 1948, il commence vĂ©ritablement Ă  se faire connaĂźtre avec la publication de nouvelles, telles que Oncle dĂ©glinguĂ© au Connecticut ou encore Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane (titre original : A Perfect Day for Bananafish) dans le journal New Yorker. Reconnue par la critique, Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane devient l’une des nouvelles les plus populaires du journal. Il ne s'agit pas de sa premiĂšre collaboration avec le New Yorker, puisque la nouvelle Slight Rebellion off Madison avait Ă©tĂ© acceptĂ©e en 1941 par le journal (cf. supra).

Titre original de L'Attrape-cƓurs : The Catcher in the Rye

Salinger souhaite consacrer un roman au personnage d'Holden Caulfield issu de sa nouvelle Slight Rebellion off Madison. C'est ainsi que L'Attrape-cƓurs (titre original : The Catcher in the Rye) est publiĂ© en 1951. Le livre devient peu Ă  peu un succĂšs, les premiĂšres critiques Ă©tant partagĂ©es. Bien que Salinger ne l'ait jamais confirmĂ©, plusieurs Ă©lĂ©ments du livre semblent autobiographiques. Le roman est dominĂ© par le caractĂšre complexe d'Holden Caulfield, un jeune homme de seize ans, perdu et seul, qui cherche vainement Ă  communiquer avec les autres. Le rĂ©cit raconte l’expĂ©rience de cet adolescent en souffrance.

L'Attrape-cƓurs devient cĂ©lĂšbre grĂące au sens du dĂ©tail, au langage familier et Ă  la vision du monde dĂ©sabusĂ©e de Salinger ; il est apprĂ©ciĂ© Ă©galement pour son humour dĂ©calĂ© et pour l'atmosphĂšre sinistre de la ville de New York qu'il dĂ©peint. De nos jours, le livre est encore particuliĂšrement lu aux États-Unis oĂč il est largement Ă©tudiĂ© dans les Ă©coles ; il est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence pour son approche du mal-ĂȘtre et du dĂ©sarroi propres Ă  l’adolescence. Le roman a cependant Ă©tĂ© souvent contestĂ© aux États-Unis[9] en raison de l’utilisation d’un langage familier et injurieux ; « sacrĂ© bon dieu (goddam) » apparaĂźt plusieurs fois dans le livre.

En 1953, Salinger rĂ©unit sept nouvelles dĂ©jĂ  publiĂ©es dans le New Yorker (dont le poisson-banane), ainsi que deux autres qui avaient Ă©tĂ© refusĂ©es, dans un recueil intitulĂ© Nine Stories aux États-Unis. Pour Esme, avec amour et abjection est l'une de ses histoires les plus apprĂ©ciĂ©es au Royaume-Uni. Nine Stories est plus tard traduit en français (par Jean-Baptiste Rossi) et publiĂ© sous le titre de Nouvelles. Salinger commence Ă  contrĂŽler Ă©troitement la publicitĂ© accordĂ©e au livre en plus de l’illustration de la jaquette. Le livre est un succĂšs.

Salinger publie ensuite Franny and Zooey en 1961 et Dressez haut la poutre maĂźtresse, charpentiers (titre original : Raise High the Roof Beam, Carpenters) en 1963. Tous deux sont des recueils de nouvelles publiĂ©es Ă  l’origine dans le New Yorker.

Isolement

Avec la notoriĂ©tĂ© apportĂ©e par L'Attrape-cƓurs, Salinger commence Ă  se renfermer sur lui-mĂȘme. En 1953, il quitte New York pour la petite ville de Cornish, dans le New Hampshire. Lors de son arrivĂ©e Ă  Cornish, il est encore sociable, particuliĂšrement avec les lycĂ©ens, qui le considĂšrent comme l’un des leurs. Mais un entretien qu’il avait accordĂ© au journal du lycĂ©e se retrouve publiĂ© dans le journal local ; dĂšs lors Salinger Ă©vite presque tout le monde, sort peu en ville, ne voyant rĂ©guliĂšrement que son ami proche, Learned Hand, un juriste. D’aprĂšs son biographe Ian Hamilton, Salinger se serait senti trahi. Sa derniĂšre publication, Hapworth 16, 1924, une nouvelle Ă©pistolaire, paraĂźt dans le New Yorker en juin 1965. Il semblerait qu’il Ă©tait sur le point de publier d’autres Ă©crits dans les annĂ©es 1970 mais qu’il se ravisa au dernier moment. En 1978, le magazine Newsweek rapporte que lors d’un banquet donnĂ© en l’honneur de l’un de ses amis de l’armĂ©e, Salinger aurait dĂ©clarĂ© avoir terminĂ© un « livre romantique se dĂ©roulant durant la Seconde Guerre mondiale », mais rien n'est publiĂ©.

Portrait de Salinger

L'Ă©crivain fuit toute exposition mĂ©diatique (« C’est ma conviction, assez subversive, qu’un Ă©crivain doit suivre son inclination s’il veut rester dans l’anonymat et l’ombre »[10], Ă©crit-il) mais devient malgrĂ© lui une figure mythique.

Lorsque J. D. Salinger apprend que l’auteur anglais Ian Hamilton veut publier une biographie comportant des lettres qu'il avait Ă©crites Ă  d’autres auteurs ou Ă  des amis, l'Ă©crivain attaque Hamilton en justice pour empĂȘcher la publication. Le livre finit par paraĂźtre avec le contenu des lettres paraphrasĂ©es ; la cour a statuĂ© que mĂȘme si quelqu’un possĂšde matĂ©riellement une lettre, son contenu appartient toujours Ă  l’auteur. Effet involontaire du procĂšs, de nombreux dĂ©tails sur la vie privĂ©e de Salinger, notamment le fait qu’il aurait Ă©crit deux romans et de nombreuses nouvelles sans jamais les publier, sont rendus publics dans les retranscriptions des auditions.

En 1949, Salinger autorise le rĂ©alisateur Mark Robson Ă  porter une de ses Ɠuvres Ă  l'Ă©cran, pour sa nouvelle Uncle Wiggily in Connecticut (Oncle dĂ©glinguĂ© au Connecticut), adaptĂ©e sous le titre My Foolish Heart. Ayant dĂ©testĂ© le rĂ©sultat, Salinger refuse ensuite de cĂ©der ses droits, malgrĂ© de nombreuses tentatives des studios d'adapter L'Attrape-cƓurs au cinĂ©ma.

Salinger surprend tout le monde quand il donne la permission Ă  Orchises Press, un petit Ă©diteur, de publier Hapworth 16, 1924, sa derniĂšre nouvelle parue (dans le New Yorker en ), mais jamais Ă©ditĂ©e. Sa publication est initialement prĂ©vue en 1997 et apparaĂźt dans les catalogues des libraires, mais cette date est repoussĂ©e plusieurs fois ; en 2011, le livre est retirĂ© dĂ©finitivement des catalogues d’Amazon.

Spiritualité

Pendant les annĂ©es 1940, il se passionne pour le bouddhisme zen au point d'organiser une rencontre avec Daisetz Teitaro Suzuki (Suzuki Daisetsu éˆŽæœšć€§æ‹™), un des prĂ©curseurs du bouddhisme et du zen en occident. Cet intĂ©rĂȘt transparaĂźt implicitement et explicitement dans Zooey paru en 1957 dans le New Yorker.

Il a longtemps Ă©tĂ© disciple de l’hindouisme Advaita Vedānta, comme l’a racontĂ© en dĂ©tail Som P. Ranchan dans son livre An Adventure in Vedanta: J.D. Salinger’s the Glass Family (1990). Sa fille a Ă©galement rapportĂ© qu’il a, durant une pĂ©riode, Ă©tĂ© sĂ©duit par la scientologie[11].

Mort

En 2009, sa hanche se fracture et sa santĂ© se dĂ©tĂ©riore. J. D. Salinger meurt le Ă  l’ñge de 91 ans Ă  son domicile du New Hampshire. À la demande de la famille, J.D. Salinger n'a pas de cĂ©rĂ©monie funĂ©raire.

Vie privée

Salinger est briÚvement marié à l'Allemande Sylvia Welter de 1945 à 1947, puis se remarie en 1955 avec Claire Douglas (née en 1933), alors étudiante à Radcliffe[12]. Ensemble, ils ont une fille, Margaret Ann Salinger (née en ) et un fils, Matt Salinger (né en ). Le couple divorce en 1967.

J. D. Salinger a été en couple avec l'actrice Elaine Joyce dans les années 1980. Leur relation a pris fin quand il rencontra Colleen O'Neill, qu'il épousa en 1988.

En 1998, Joyce Maynard publie un rĂ©cit autobiographique Et devant moi, le monde, qui raconte sa vie et notamment la relation qu'elle a entretenue avec Salinger en 1972, alors qu'elle Ă©tait une jeune Ă©crivaine de 18 ans et que lui Ă©tait un quinquagĂ©naire. Salinger aimait correspondre avec des jeunes femmes[13].

En 1999, une controverse naĂźt lorsque Joyce Maynard se sĂ©pare des lettres de Salinger qui lui Ă©taient destinĂ©es, arguant du fait qu'elle s'Ă©tait sentie « exploitĂ©e » par Salinger durant leur relation et de la cruautĂ© de leur rupture (cf. son rĂ©cit autobiographique Et devant moi, le monde). L’informaticien Peter Norton achĂšte les lettres pour la somme de 156 000 $ et annonce son intention de les rendre Ă  Salinger[14].

En 2000, des tensions apparaissent entre Salinger et sa fille, Margaret, lorsqu'elle publie L’Attrape-RĂȘves (titre original : Dream Catcher : A Memoir). Dans ce livre Ă  propos de son enfance et de son pĂšre, elle rapporte que l'Ă©crivain obligeait sa famille Ă  vivre dans l'isolement. Elle Ă©crit : « Contrairement Ă  moi, ses hĂ©ros de dix ans, mes frĂšres et sƓurs de fiction, Ă©taient les reflets parfaits et irrĂ©prochables de tout ce que mon pĂšre aimait [
] Dans son monde, tout dĂ©faut est une dĂ©loyautĂ© et fait de vous un traĂźtre. Pas Ă©tonnant que sa vie soit si vide d'ĂȘtres humains vivants et que son monde fictionnel donne tant d'importance au suicide »[15]. L’auteur ne fit rien pour arrĂȘter la publication du livre, mais n’adressa plus jamais la parole Ă  sa fille. Matt Salinger, acteur principalement connu pour son rĂŽle dans le film Captain America et en bons termes avec son pĂšre, dĂ©clara au Sunday Times Ă  propos du livre de sa sƓur : « Je vois bien qu'elle est rongĂ©e par la colĂšre, mais il n'Ă©tait pas juste pour autant de publier un livre, c'est mĂȘme plutĂŽt pitoyable »[16].

Autour de Salinger

Littérature

En 1980, dans le livre Shoeless Joe, W.P. Kinsella met en scĂšne J. D. Salinger en fan de baseball. Ce personnage sera remplacĂ© par un Ă©crivain imaginaire dans l’adaptation du roman au cinĂ©ma sous le titre Jusqu'au bout du rĂȘve.

En 1985, Akimi Yoshida publie le manga Banana Fish dans le Betsucomi dont le titre fait rĂ©fĂ©rence Ă  la nouvelle Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane (Titre original : A Perfect Day for Bananafish).

Éric Neuhoff dans son roman, Un bien fou (Albin Michel, 2001), met en scĂšne un Ă©crivain amĂ©ricain cĂ©lĂšbre et acariĂątre qui vit reclus : Sebastien Bruckinger.

En 2002, plus de 80 lettres d’écrivains, critiques et fans adressĂ©es Ă  Salinger sont publiĂ©es dans le livre Letters to J. D. Salinger, Ă©ditĂ© par Chris Kubica.

En 2014, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder publie Oona et Salinger (Grasset) dans lequel il raconte Ă  sa maniĂšre l’histoire d’amour qui a liĂ© l’auteur de L'Attrape-cƓurs Ă  Oona O'Neill, prĂ©sentĂ©e comme l'une des premiĂšres it girls du dĂ©but des annĂ©es 1940.

Dans son livre Mon annĂ©e Salinger (Albin Michel, 2014), Joanna Smith Rakoff raconte qu'Ă  la fin des annĂ©es 1990, elle travaille dans une agence littĂ©raire Ă  New York. Sa tĂąche la plus importante est de rĂ©pondre par une lettre-type aux innombrables courriers d'admirateurs adressĂ©s Ă  un client prestigieux, un certain Jerry. Elle dĂ©couvre que cet homme sourd, qui fuit la sociĂ©tĂ©, se trouve ĂȘtre l'Ă©crivain J.D. Salinger, et dĂ©cide de rĂ©pondre personnellement Ă  certains fans[17].

Musique

En 1984, Robert Smith du groupe The Cure lui dĂ©die une chanson, Bananafishbones, qui figure sur l’album The Top.

En 1990, le groupe français Indochine lui dĂ©die une chanson, Des fleurs pour Salinger (qui figure dans l’album Le Baiser).

En 1992, le groupe de punk-rock californien Green Day compose une chanson intitulée Who Wrote Holden Caulfield?.

Cinéma

Le film À la rencontre de Forrester (Finding Forrester, 2001) de Gus Van Sant, met en scĂšne un vieil Ă©crivain solitaire et bourru, qui s’est retirĂ© du monde aprĂšs avoir publiĂ© un unique chef-d’Ɠuvre. Sean Connery, qui joue William Forrester, a dĂ©clarĂ© qu'il s'est inspirĂ© de Salinger pour ce rĂŽle[18].

Le Livre Mon année Salinger a été adapté en 2020 par le cineaste canadien Philippe Falardeau : Mon année à New York. J.D. Salinger est joué par Tim Post dans un rÎle secondaire.

Télévision

La sĂ©rie d’animation japonaise Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, basĂ©e sur le cĂ©lĂšbre manga de Shirow Masamune Ghost in the Shell diffusĂ©e au Japon entre 2002 et 2003, comporte de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă  l’univers de Salinger, notamment Ă  son roman L’Attrape-cƓurs qui devient le livre de chevet d’un des enquĂȘteurs dans les derniers Ă©pisodes de la saison 1 de la sĂ©rie (voir Ă©pisode 20).

En 2007, l’auteur français FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a rĂ©alisĂ© un documentaire avec Jean-Marie PĂ©rier sur J. D. Salinger, L’attrape-Salinger[19]. Dans ce documentaire, Beigbeder se met en scĂšne, cherchant Ă  comprendre et Ă  rencontrer J. D. Salinger. Il clĂŽture son documentaire devant le portail de la maison de J. D. Salinger.

En 2015, la saison 2 de la série animée BoJack Horseman diffusée sur Netflix met en scÚne dans un registre humoristique une version de J.D. Salinger à l'opposé de son image dans la vraie vie. Dans la série, le personnage est reconverti en producteur d'émission de TV réalité abrutissante.

En 2018, adaptation en série animée du manga de Akimi Yoshida : Banana Fish.

ƒuvre

Les titres sont indiquĂ©s dans leur version originale, les titres traduits en français apparaissent entre parenthĂšses quand ils existent. Le premier niveau indique la date de publication du livre (roman ou recueil), le second indique la date de la premiĂšre publication de la nouvelle. Les nouvelles qui n’ont jamais Ă©tĂ© Ă©ditĂ©es dans un recueil sont visibles plus bas.

Plusieurs de ces histoires tournent autour de la famille Glass ou d'Holden Caulfield.

Les traductions françaises de L'Attrape-cƓurs et Nouvelles sont l’Ɠuvre de Jean-Baptiste Rossi, Ă©galement connu sous le pseudonyme de SĂ©bastien Japrisot. La traduction de Franny and Zooey est signĂ©e Bernard Willerval. La traduction la plus rĂ©cente de L'Attrape-cƓurs est signĂ©e Annie Saumont.

Romans

  1. Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : R. Laffont, 1953, 255 p. (Pavillons)
  2. Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : le Livre de Poche, 1967, 384 p. (Le Livre de poche ; 2108). RĂ©impr. 1969
  3. Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : le Livre de Poche, 1982, 384 p. (Le Livre de poche ; 2108).
  4. Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : Librairie générale française, 1984, 282 p. (Le Livre de poche ; 2108). (ISBN 2-253-00978-4)
  5. Trad. Annie Saumont. Paris : R. Laffont, 1986, 237 p. (Pavillons). (ISBN 2-221-04957-8)
  6. Trad. Annie Saumont. Paris : Librairie générale française, 1991, 255 p. (Le livre de poche ; 2108). (ISBN 2-253-00978-4)
  7. Trad. Annie Saumont. Paris : Pocket, 1994, 252 p. (Pocket ; 4230). (ISBN 2-266-06233-6)
  8. Trad. SĂ©bastien Japrisot. Paris : R. Laffont, 1996, 258 p. (Pavillons). (ISBN 2-221-08339-3)
  9. Trad. Annie Saumont. Paris : Pocket, 2005, 257 p. (Pocket jeunes adultes). (Pocket jeunesse ; J1504). (ISBN 2-266-14986-5)

Recueils de nouvelles

  1. Nouvelles, trad. Jean-Baptiste Rossi, préf. Jean-Louis Curtis, Paris, R. Laffont, coll. « Pavillons », 1961, 269 p.
  2. Neuf nouvelles, trad. J.-B. Rossi, Paris, Club des librairies de France, coll. « Fiction » n° 99, 1962, 273 p.

Textes publiés dans des revues

  • The Kit Book for soldiers, sailors and marines (1943)
    • The Hang of it (Publication originale: Collier's CVIII, , page 22)
  • Post Stories 1942-45. Ed: Ben Hibbs (1946)
    • A Boy in France (Publication originale: Saturday Evening Post CCXVII, , pages 21, 92 )
  • Best American Short Stories 1949. Ed: Martha Foley (1949)
    • A Girl I Knew (Publication originale: Good Housekeeping 126, , pages 37, 186-196, Titre d'origine: Wien, Wien)
  • Story: The fiction of the forties. Ed: Whit Burnett (1949)
    • The Long Debut of Lois Taggett (Publication originale: Story XXI, Septembre/, pages 28–34 )
  • The Armchair Esquire. Ed: L. Rust Hills (1959)
  • Fiction: Form & Experience. Ed: William M. Jones (1969)
    • Go See Eddie (Publication originale: The Kansas Review VII, , pages 121-124)
  • Wonderful Town: New York Stories from the New Yorker. Ed: David Remnick (2000)
    • Slight Rebellion Off Madison (Publication originale: The New Yorker, , 76-79 ou 82-86 ) Holden Caulfield
  • The Young Folks

Story XVI, Mars-, pages 26–36

  • The Heart of a Broken Story

Esquire XVI, , Page 32, 131-133

  • Personal Notes on an Infantryman

Collier's CX, , page 96

  • The Varioni Brothers

Saturday Evening Post CCXVI, , pages 12–13, 76-77

  • Both Parties Concerned (Titre d'origine: Wake Me When it Thunders)

Saturday Evening Post CCXVI, , pages 14 et 47

  • Soft Boiled Sergeant (Titre d'origine: Death of a Dogface)

Saturday Evening Post CCXVI, , pages 18, 32, 82-85

Saturday Evening Post CCXVII, , pages 26–27, 61-62, 64

  • Once a Week Won't Kill You

Story XXV, Novembre/, pages 23–27

Story XXV, Mars/, pages 38–47

  • The Stranger

Collier's CXVI, , pages 18, 77

Collier's CXVI, , pages 36, 48, 51

Mademoiselle 25, , pages 222-223, 292-302

  • The Inverted Forest

Cosmopolitan, , pages 73–109

  • Blue Melody (Titre d'origine: Scratchy Needle on a Phonograph Record)

Cosmopolitan, , pages 50–51, 112-119

The New Yorker, , pages 32–113

À la bibliothùque de Princeton

Voir aussi

Études et biographies

  • Belcher, William F. et James W. Lee. eds. J.D. Salinger and the critics. Belmont, Calif.: Wadsworth Pub. Co., 1962.
  • Bloom, Harold. Ă©d. J. D. Salinger. NY: Chelsea, 1987.
  • French, Warren G. J.D. Salinger, revisited. Boston: Twayne Publishers, 1988.
  • Hamilton, Ian. In search of J.D. Salinger. NY: Random House, 1988.
  • Laser, Marvin et Norman Fruman. eds. Studies in J. D. Salinger: Reviews, Essays, and Critiques of The Catcher in the Rye and Other Fiction. NY: Odyssey, 1963.
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Notes et références

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
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    « Les lettres que j'ai reçues de trois autres femmes ne furent pas une surprise pour moi. Dans ces lettres, elles me racontent qu’elles ont correspondu avec J. D. Salinger d’une façon qui ressemblait furieusement Ă  ma propre correspondance avec lui.
    Je ne doute pas de la vĂ©racitĂ© du rĂ©cit de ces femmes. Tout comme moi, ces femmes ont Ă©tĂ© approchĂ©es par Salinger alors qu’elles avaient dix-huit ans. Tout comme moi, elles ont pensĂ© Ă  un moment donnĂ© qu’il Ă©tait le summum de la sagesse, leur Ăąme-sƓur, leur destinĂ©e. Tout comme moi, elles ont finalement dĂ» subir son rejet absolu et dĂ©vastateur. »
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  14. « La vie secrÚte de J.D. Salinger » AccÚs payant, sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
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Liens externes

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