J. D. Salinger
J. D. Salinger, nom de plume de Jerome David Salinger [dÊeËrÉÊm ËdeÉȘvÉȘd ËsĂŠlÉȘndÊÉ][1], nĂ© le Ă New York et mort le [2] Ă Cornish dans le New Hampshire aux Ătats-Unis, est un Ă©crivain amĂ©ricain.
Nom de naissance | Jerome David Salinger |
---|---|
Alias |
J. D. Salinger |
Naissance |
New York, Ătats-Unis |
DĂ©cĂšs |
Cornish (New Hampshire), Ătats-Unis |
Activité principale |
Ăcrivain |
Ćuvres principales
Il se fait connaĂźtre en 1948 avec des nouvelles parues dans le magazine amĂ©ricain The New Yorker, mais c'est avec le roman L'Attrape-cĆurs (titre original : The Catcher in the Rye) qu'il devient cĂ©lĂšbre. Traitant de lâadolescence et du passage Ă lâĂąge adulte, ce livre, devenu un classique du genre, connaĂźt une popularitĂ© importante depuis sa parution en 1951. Les thĂšmes majeurs de Salinger sont l'abandon de l'enfance et le dĂ©senchantement de la jeunesse.
Connu pour avoir mené une vie de reclus, il ne fait aucune apparition publique et évite toute exposition médiatique à partir de la fin des années 1960. Sa derniÚre publication est une nouvelle épistolaire parue en et la derniÚre entrevue qu'il a accordée date de 1980[3].
Biographie
Fils dâun pĂšre juif d'origine lituanienne et dâune mĂšre catholique d'origines allemande et irlandaise (bien quâil ait cru, jusqu'au moment de sa Bar Mitzvah, que sa mĂšre Ă©tait Ă©galement juive), Jerome David Salinger est nĂ© Ă Manhattan (New York). Il a une sĆur aĂźnĂ©e, Doris, nĂ©e en 1911. Son pĂšre, Solomon Salinger (dit Sol) est nĂ© Ă Chicago en 1888. Il est fils d'un rabbin de Louisville et vendait du fromage casher. Sa mĂšre, Marie Jillich (dite Miriam), est nĂ©e en 1891[4]. Elle est originaire de l'Iowa et abandonne sa religion catholique pour la religion juive lors de son mariage en 1910[4]. La famille quitte Chicago pour New York en 1912 et sâenrichit grĂące Ă une entreprise d'importation d'aliments devenue prospĂšre[5]. Dans son enfance, Salinger frĂ©quente les Ă©coles publiques de l'Upper West Side oĂč la famille rĂ©side depuis 1919, aprĂšs avoir vĂ©cu dans le nord de Harlem[6]. Ă partir de 1928, le jeune Jerome et sa sĆur sont Ă©duquĂ©s par une gouvernante anglaise[4]. Puis, en 1932, la famille, souhaitant asseoir sa rĂ©ussite sociale, dĂ©mĂ©nage sur Park Avenue dans l'Upper East Side et le jeune Salinger est inscrit dans une Ă©cole privĂ©e : la McBurney School, dans laquelle ce dernier choisit de se faire appeler Jerry afin de s'intĂ©grer plus facilement. Ă McBurney, il dirige l'Ă©quipe d'escrime, Ă©crit pour le journal de l'Ă©cole et participe Ă des piĂšces de thĂ©Ăątre. En 1934, il est renvoyĂ© de l'Ă©cole pour rĂ©sultats insuffisants.
Salinger est donc ensuite inscrit comme pensionnaire Ă l'Ă©cole militaire Valley Forge en Pennsylvanie, oĂč il est acceptĂ© malgrĂ© un climat d'antisĂ©mitisme latent en cette pĂ©riode de Grande DĂ©pression. C'est de cette Ă©cole qu'il s'inspirera pour le lycĂ©e Pencey Prep dans L'Attrape-cĆurs. La nuit, il commence Ă Ă©crire des histoires dans son lit Ă l'aide d'une lampe de poche. Le dossier scolaire de Salinger Ă Valley Forge rĂ©vĂšle qu'il Ă©tait un Ă©lĂšve « mĂ©diocre » et turbulent bien que son QI soit estimĂ© entre 111 et 115, c'est-Ă -dire lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă la moyenne. Il obtient son diplĂŽme d'Ă©tudes secondaires en 1936. La mĂȘme annĂ©e, Salinger entame sa premiĂšre annĂ©e Ă l'UniversitĂ© de New York[4]. Il envisage d'Ă©tudier l'Ă©ducation de l'enfance mais abandonne ses Ă©tudes au printemps suivant.
Son pĂšre, qui lâencourage Ă amĂ©liorer son français et son allemand , l'incite Ă travailler comme traducteur dans son entreprise spĂ©cialisĂ©e dans l'importation de viandes Ă Vienne (Autriche) et dans la ville de Bydgoszcz (Pologne), espĂ©rant par la mĂȘme occasion qu'il dĂ©veloppera un goĂ»t pour les affaires[4]. Son dĂ©goĂ»t pour les abattoirs le conduit Ă un Ă©loignement de son pĂšre, Ă qui, une fois adulte, il n'adresse plus la parole. Il serait devenu par ailleurs vĂ©gĂ©tarien[7]. Le , J. D. Salinger quitte l'Autriche un mois avant l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie.
En 1938, il Ă©tudie Ă l'Ursinus College de Collegeville en Pennsylvanie et Ă©crit une chronique intitulĂ©e skipped diploma, comprenant des critiques de films. Il abandonne aprĂšs un semestre. L'un de ses professeurs considĂšre Salinger comme « le pire Ă©tudiant dâanglais de lâhistoire du collĂšge »[8]. En 1939, il frĂ©quente lâuniversitĂ© Columbia Ă New York et suit des cours d'Ă©criture. Son professeur, Whit Burnett, Ă©galement Ă©diteur de Story Magazine, discerne rapidement un certain talent chez le jeune auteur.
Dans le numĂ©ro de mars- de Story, Burnett publie la premiĂšre nouvelle de Salinger, The Young Folks, dont le thĂšme est la vie de plusieurs jeunes adultes Ă©goĂŻstes et sans but. Burnett et Salinger continuent Ă correspondre pendant plusieurs annĂ©es, jusquâĂ ce quâun diffĂ©rend les oppose Ă propos dâun recueil de nouvelles.
Seconde Guerre mondiale
Ă la fin de 1941, Salinger intĂšgre l'Ă©quipe d'un navire de croisiĂšre dans les CaraĂŻbes. La mĂȘme annĂ©e, il commence Ă soumettre ses nouvelles au New Yorker. Sept articles de Salinger sont rejetĂ©s par le magazine cette annĂ©e-lĂ . Cependant, en , le magazine accepte de publier Slight Rebellion off Madison, l'histoire d'un adolescent insatisfait appelĂ© Holden Caulfield, souffrant de « tremblements d'avant guerre ». Lorsque le Japon mĂšne l'attaque de Pearl Harbor le mĂȘme mois, ses Ă©crits sont rendus « impubliables ». Salinger est dĂ©vastĂ©. La nouvelle ne paraĂźtra dans le New Yorker qu'en 1946.
En 1942, Salinger commence à fréquenter Oona O'Neill, fille du dramaturge Eugene O'Neill. Il l'appelle souvent et lui écrit de longues lettres. Leur relation prend fin lorsque Oona commence à voir Charlie Chaplin, qu'elle a finalement épousé.
Au printemps 1942, plusieurs mois aprĂšs l'entrĂ©e des Ătats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, Salinger est enrĂŽlĂ© dans l'armĂ©e oĂč il combat avec la 4e division. Il est prĂ©sent Ă Utah Beach le jour J, lors de la bataille des Ardennes et de la bataille de la forĂȘt de HĂŒrtgen.
Durant cette pĂ©riode, Salinger s'arrange pour rencontrer Ernest Hemingway, un Ă©crivain qui l'a influencĂ© et qui opĂšre en tant que correspondant de guerre Ă Paris. Salinger est alors impressionnĂ© par la gentillesse et la modestie d'Hemingway, le trouvant plus « doux » en comparaison Ă sa rĂ©putation d'homme bourru. Hemingway dĂ©clare Ă propos de l'Ă©criture de Salinger : « JĂ©sus, il a un talent infernal ». Les deux Ă©crivains commencent Ă correspondre. En , Salinger Ă©crit Ă Hemingway pour lui dire que leur rencontre a Ă©tĂ© un souvenir positif de la guerre. Salinger prĂ©cise qu'il travaille sur une piĂšce de thĂ©Ăątre Ă propos d'Holden Caulfield, le protagoniste de son histoire Slight Rebellion off Madison, et qu'il espĂšre jouer le rĂŽle lui-mĂȘme.
Salinger est affectĂ© Ă une unitĂ© de contre-espionnage, pour laquelle il utilise ses compĂ©tences en français et en allemand pour interroger les prisonniers de guerre et obtient le grade de sergent major. Cette expĂ©rience lâa sans doute affectĂ© Ă©motionnellement : il est parmi les premiers soldats Ă pĂ©nĂ©trer dans les camps de concentration libĂ©rĂ©s et il est hospitalisĂ© en 1945 pour soigner un syndrome de stress post-traumatique. Elle est probablement Ă lâorigine de certains de ses Ă©crits, comme Pour EsmĂ©, avec amour et abjection oĂč le narrateur incarne un soldat traumatisĂ©. Il continue Ă publier ses nouvelles dans des magazines tels que le Collier's et le Saturday Evening Post pendant et aprĂšs son engagement militaire.
CarriÚre littéraire
Ă partir de 1948, il commence vĂ©ritablement Ă se faire connaĂźtre avec la publication de nouvelles, telles que Oncle dĂ©glinguĂ© au Connecticut ou encore Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane (titre original : A Perfect Day for Bananafish) dans le journal New Yorker. Reconnue par la critique, Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane devient lâune des nouvelles les plus populaires du journal. Il ne s'agit pas de sa premiĂšre collaboration avec le New Yorker, puisque la nouvelle Slight Rebellion off Madison avait Ă©tĂ© acceptĂ©e en 1941 par le journal (cf. supra).
Salinger souhaite consacrer un roman au personnage d'Holden Caulfield issu de sa nouvelle Slight Rebellion off Madison. C'est ainsi que L'Attrape-cĆurs (titre original : The Catcher in the Rye) est publiĂ© en 1951. Le livre devient peu Ă peu un succĂšs, les premiĂšres critiques Ă©tant partagĂ©es. Bien que Salinger ne l'ait jamais confirmĂ©, plusieurs Ă©lĂ©ments du livre semblent autobiographiques. Le roman est dominĂ© par le caractĂšre complexe d'Holden Caulfield, un jeune homme de seize ans, perdu et seul, qui cherche vainement Ă communiquer avec les autres. Le rĂ©cit raconte lâexpĂ©rience de cet adolescent en souffrance.
L'Attrape-cĆurs devient cĂ©lĂšbre grĂące au sens du dĂ©tail, au langage familier et Ă la vision du monde dĂ©sabusĂ©e de Salinger ; il est apprĂ©ciĂ© Ă©galement pour son humour dĂ©calĂ© et pour l'atmosphĂšre sinistre de la ville de New York qu'il dĂ©peint. De nos jours, le livre est encore particuliĂšrement lu aux Ătats-Unis oĂč il est largement Ă©tudiĂ© dans les Ă©coles ; il est considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence pour son approche du mal-ĂȘtre et du dĂ©sarroi propres Ă lâadolescence. Le roman a cependant Ă©tĂ© souvent contestĂ© aux Ătats-Unis[9] en raison de lâutilisation dâun langage familier et injurieux ; « sacrĂ© bon dieu (goddam) » apparaĂźt plusieurs fois dans le livre.
En 1953, Salinger rĂ©unit sept nouvelles dĂ©jĂ publiĂ©es dans le New Yorker (dont le poisson-banane), ainsi que deux autres qui avaient Ă©tĂ© refusĂ©es, dans un recueil intitulĂ© Nine Stories aux Ătats-Unis. Pour Esme, avec amour et abjection est l'une de ses histoires les plus apprĂ©ciĂ©es au Royaume-Uni. Nine Stories est plus tard traduit en français (par Jean-Baptiste Rossi) et publiĂ© sous le titre de Nouvelles. Salinger commence Ă contrĂŽler Ă©troitement la publicitĂ© accordĂ©e au livre en plus de lâillustration de la jaquette. Le livre est un succĂšs.
Salinger publie ensuite Franny and Zooey en 1961 et Dressez haut la poutre maĂźtresse, charpentiers (titre original : Raise High the Roof Beam, Carpenters) en 1963. Tous deux sont des recueils de nouvelles publiĂ©es Ă lâorigine dans le New Yorker.
Isolement
Avec la notoriĂ©tĂ© apportĂ©e par L'Attrape-cĆurs, Salinger commence Ă se renfermer sur lui-mĂȘme. En 1953, il quitte New York pour la petite ville de Cornish, dans le New Hampshire. Lors de son arrivĂ©e Ă Cornish, il est encore sociable, particuliĂšrement avec les lycĂ©ens, qui le considĂšrent comme lâun des leurs. Mais un entretien quâil avait accordĂ© au journal du lycĂ©e se retrouve publiĂ© dans le journal local ; dĂšs lors Salinger Ă©vite presque tout le monde, sort peu en ville, ne voyant rĂ©guliĂšrement que son ami proche, Learned Hand, un juriste. DâaprĂšs son biographe Ian Hamilton, Salinger se serait senti trahi. Sa derniĂšre publication, Hapworth 16, 1924, une nouvelle Ă©pistolaire, paraĂźt dans le New Yorker en juin 1965. Il semblerait quâil Ă©tait sur le point de publier dâautres Ă©crits dans les annĂ©es 1970 mais quâil se ravisa au dernier moment. En 1978, le magazine Newsweek rapporte que lors dâun banquet donnĂ© en lâhonneur de lâun de ses amis de lâarmĂ©e, Salinger aurait dĂ©clarĂ© avoir terminĂ© un « livre romantique se dĂ©roulant durant la Seconde Guerre mondiale », mais rien n'est publiĂ©.
L'Ă©crivain fuit toute exposition mĂ©diatique (« Câest ma conviction, assez subversive, quâun Ă©crivain doit suivre son inclination sâil veut rester dans lâanonymat et lâombre »[10], Ă©crit-il) mais devient malgrĂ© lui une figure mythique.
Lorsque J. D. Salinger apprend que lâauteur anglais Ian Hamilton veut publier une biographie comportant des lettres qu'il avait Ă©crites Ă dâautres auteurs ou Ă des amis, l'Ă©crivain attaque Hamilton en justice pour empĂȘcher la publication. Le livre finit par paraĂźtre avec le contenu des lettres paraphrasĂ©es ; la cour a statuĂ© que mĂȘme si quelquâun possĂšde matĂ©riellement une lettre, son contenu appartient toujours Ă lâauteur. Effet involontaire du procĂšs, de nombreux dĂ©tails sur la vie privĂ©e de Salinger, notamment le fait quâil aurait Ă©crit deux romans et de nombreuses nouvelles sans jamais les publier, sont rendus publics dans les retranscriptions des auditions.
En 1949, Salinger autorise le rĂ©alisateur Mark Robson Ă porter une de ses Ćuvres Ă l'Ă©cran, pour sa nouvelle Uncle Wiggily in Connecticut (Oncle dĂ©glinguĂ© au Connecticut), adaptĂ©e sous le titre My Foolish Heart. Ayant dĂ©testĂ© le rĂ©sultat, Salinger refuse ensuite de cĂ©der ses droits, malgrĂ© de nombreuses tentatives des studios d'adapter L'Attrape-cĆurs au cinĂ©ma.
Salinger surprend tout le monde quand il donne la permission Ă Orchises Press, un petit Ă©diteur, de publier Hapworth 16, 1924, sa derniĂšre nouvelle parue (dans le New Yorker en ), mais jamais Ă©ditĂ©e. Sa publication est initialement prĂ©vue en 1997 et apparaĂźt dans les catalogues des libraires, mais cette date est repoussĂ©e plusieurs fois ; en 2011, le livre est retirĂ© dĂ©finitivement des catalogues dâAmazon.
Spiritualité
Pendant les annĂ©es 1940, il se passionne pour le bouddhisme zen au point d'organiser une rencontre avec Daisetz Teitaro Suzuki (Suzuki Daisetsu éŽæšć€§æ), un des prĂ©curseurs du bouddhisme et du zen en occident. Cet intĂ©rĂȘt transparaĂźt implicitement et explicitement dans Zooey paru en 1957 dans le New Yorker.
Il a longtemps Ă©tĂ© disciple de lâhindouisme Advaita VedÄnta, comme lâa racontĂ© en dĂ©tail Som P. Ranchan dans son livre An Adventure in Vedanta: J.D. Salingerâs the Glass Family (1990). Sa fille a Ă©galement rapportĂ© quâil a, durant une pĂ©riode, Ă©tĂ© sĂ©duit par la scientologie[11].
Mort
En 2009, sa hanche se fracture et sa santĂ© se dĂ©tĂ©riore. J. D. Salinger meurt le Ă lâĂąge de 91 ans Ă son domicile du New Hampshire. Ă la demande de la famille, J.D. Salinger n'a pas de cĂ©rĂ©monie funĂ©raire.
Vie privée
Salinger est briÚvement marié à l'Allemande Sylvia Welter de 1945 à 1947, puis se remarie en 1955 avec Claire Douglas (née en 1933), alors étudiante à Radcliffe[12]. Ensemble, ils ont une fille, Margaret Ann Salinger (née en ) et un fils, Matt Salinger (né en ). Le couple divorce en 1967.
J. D. Salinger a été en couple avec l'actrice Elaine Joyce dans les années 1980. Leur relation a pris fin quand il rencontra Colleen O'Neill, qu'il épousa en 1988.
En 1998, Joyce Maynard publie un récit autobiographique Et devant moi, le monde, qui raconte sa vie et notamment la relation qu'elle a entretenue avec Salinger en 1972, alors qu'elle était une jeune écrivaine de 18 ans et que lui était un quinquagénaire. Salinger aimait correspondre avec des jeunes femmes[13].
En 1999, une controverse naĂźt lorsque Joyce Maynard se sĂ©pare des lettres de Salinger qui lui Ă©taient destinĂ©es, arguant du fait qu'elle s'Ă©tait sentie « exploitĂ©e » par Salinger durant leur relation et de la cruautĂ© de leur rupture (cf. son rĂ©cit autobiographique Et devant moi, le monde). Lâinformaticien Peter Norton achĂšte les lettres pour la somme de 156 000 $ et annonce son intention de les rendre Ă Salinger[14].
En 2000, des tensions apparaissent entre Salinger et sa fille, Margaret, lorsqu'elle publie LâAttrape-RĂȘves (titre original : Dream Catcher : A Memoir). Dans ce livre Ă propos de son enfance et de son pĂšre, elle rapporte que l'Ă©crivain obligeait sa famille Ă vivre dans l'isolement. Elle Ă©crit : « Contrairement Ă moi, ses hĂ©ros de dix ans, mes frĂšres et sĆurs de fiction, Ă©taient les reflets parfaits et irrĂ©prochables de tout ce que mon pĂšre aimait [âŠ] Dans son monde, tout dĂ©faut est une dĂ©loyautĂ© et fait de vous un traĂźtre. Pas Ă©tonnant que sa vie soit si vide d'ĂȘtres humains vivants et que son monde fictionnel donne tant d'importance au suicide »[15]. Lâauteur ne fit rien pour arrĂȘter la publication du livre, mais nâadressa plus jamais la parole Ă sa fille. Matt Salinger, acteur principalement connu pour son rĂŽle dans le film Captain America et en bons termes avec son pĂšre, dĂ©clara au Sunday Times Ă propos du livre de sa sĆur : « Je vois bien qu'elle est rongĂ©e par la colĂšre, mais il n'Ă©tait pas juste pour autant de publier un livre, c'est mĂȘme plutĂŽt pitoyable »[16].
Autour de Salinger
Littérature
En 1980, dans le livre Shoeless Joe, W.P. Kinsella met en scĂšne J. D. Salinger en fan de baseball. Ce personnage sera remplacĂ© par un Ă©crivain imaginaire dans lâadaptation du roman au cinĂ©ma sous le titre Jusqu'au bout du rĂȘve.
En 1985, Akimi Yoshida publie le manga Banana Fish dans le Betsucomi dont le titre fait rĂ©fĂ©rence Ă la nouvelle Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane (Titre original : A Perfect Day for Bananafish).
Ăric Neuhoff dans son roman, Un bien fou (Albin Michel, 2001), met en scĂšne un Ă©crivain amĂ©ricain cĂ©lĂšbre et acariĂątre qui vit reclus : Sebastien Bruckinger.
En 2002, plus de 80 lettres dâĂ©crivains, critiques et fans adressĂ©es Ă Salinger sont publiĂ©es dans le livre Letters to J. D. Salinger, Ă©ditĂ© par Chris Kubica.
En 2014, FrĂ©dĂ©ric Beigbeder publie Oona et Salinger (Grasset) dans lequel il raconte Ă sa maniĂšre lâhistoire dâamour qui a liĂ© lâauteur de L'Attrape-cĆurs Ă Oona O'Neill, prĂ©sentĂ©e comme l'une des premiĂšres it girls du dĂ©but des annĂ©es 1940.
Dans son livre Mon annĂ©e Salinger (Albin Michel, 2014), Joanna Smith Rakoff raconte qu'Ă la fin des annĂ©es 1990, elle travaille dans une agence littĂ©raire Ă New York. Sa tĂąche la plus importante est de rĂ©pondre par une lettre-type aux innombrables courriers d'admirateurs adressĂ©s Ă un client prestigieux, un certain Jerry. Elle dĂ©couvre que cet homme sourd, qui fuit la sociĂ©tĂ©, se trouve ĂȘtre l'Ă©crivain J.D. Salinger, et dĂ©cide de rĂ©pondre personnellement Ă certains fans[17].
Musique
En 1984, Robert Smith du groupe The Cure lui dĂ©die une chanson, Bananafishbones, qui figure sur lâalbum The Top.
En 1990, le groupe français Indochine lui dĂ©die une chanson, Des fleurs pour Salinger (qui figure dans lâalbum Le Baiser).
En 1992, le groupe de punk-rock californien Green Day compose une chanson intitulée Who Wrote Holden Caulfield?.
Cinéma
Le film Ă la rencontre de Forrester (Finding Forrester, 2001) de Gus Van Sant, met en scĂšne un vieil Ă©crivain solitaire et bourru, qui sâest retirĂ© du monde aprĂšs avoir publiĂ© un unique chef-dâĆuvre. Sean Connery, qui joue William Forrester, a dĂ©clarĂ© qu'il s'est inspirĂ© de Salinger pour ce rĂŽle[18].
Le Livre Mon année Salinger a été adapté en 2020 par le cineaste canadien Philippe Falardeau : Mon année à New York. J.D. Salinger est joué par Tim Post dans un rÎle secondaire.
Télévision
La sĂ©rie dâanimation japonaise Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, basĂ©e sur le cĂ©lĂšbre manga de Shirow Masamune Ghost in the Shell diffusĂ©e au Japon entre 2002 et 2003, comporte de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă lâunivers de Salinger, notamment Ă son roman LâAttrape-cĆurs qui devient le livre de chevet dâun des enquĂȘteurs dans les derniers Ă©pisodes de la saison 1 de la sĂ©rie (voir Ă©pisode 20).
En 2007, lâauteur français FrĂ©dĂ©ric Beigbeder a rĂ©alisĂ© un documentaire avec Jean-Marie PĂ©rier sur J. D. Salinger, Lâattrape-Salinger[19]. Dans ce documentaire, Beigbeder se met en scĂšne, cherchant Ă comprendre et Ă rencontrer J. D. Salinger. Il clĂŽture son documentaire devant le portail de la maison de J. D. Salinger.
En 2015, la saison 2 de la série animée BoJack Horseman diffusée sur Netflix met en scÚne dans un registre humoristique une version de J.D. Salinger à l'opposé de son image dans la vraie vie. Dans la série, le personnage est reconverti en producteur d'émission de TV réalité abrutissante.
En 2018, adaptation en série animée du manga de Akimi Yoshida : Banana Fish.
Ćuvre
Les titres sont indiquĂ©s dans leur version originale, les titres traduits en français apparaissent entre parenthĂšses quand ils existent. Le premier niveau indique la date de publication du livre (roman ou recueil), le second indique la date de la premiĂšre publication de la nouvelle. Les nouvelles qui nâont jamais Ă©tĂ© Ă©ditĂ©es dans un recueil sont visibles plus bas.
Plusieurs de ces histoires tournent autour de la famille Glass ou d'Holden Caulfield.
Les traductions françaises de L'Attrape-cĆurs et Nouvelles sont lâĆuvre de Jean-Baptiste Rossi, Ă©galement connu sous le pseudonyme de SĂ©bastien Japrisot. La traduction de Franny and Zooey est signĂ©e Bernard Willerval. La traduction la plus rĂ©cente de L'Attrape-cĆurs est signĂ©e Annie Saumont.
Romans
- The Catcher in the Rye, 1951 (L'Attrape-cĆurs) Holden Caulfield
- Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : R. Laffont, 1953, 255 p. (Pavillons)
- Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : le Livre de Poche, 1967, 384 p. (Le Livre de poche ; 2108). RĂ©impr. 1969
- Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : le Livre de Poche, 1982, 384 p. (Le Livre de poche ; 2108).
- Trad. Jean-Baptiste Rossi. Paris : Librairie générale française, 1984, 282 p. (Le Livre de poche ; 2108). (ISBN 2-253-00978-4)
- Trad. Annie Saumont. Paris : R. Laffont, 1986, 237 p. (Pavillons). (ISBN 2-221-04957-8)
- Trad. Annie Saumont. Paris : Librairie générale française, 1991, 255 p. (Le livre de poche ; 2108). (ISBN 2-253-00978-4)
- Trad. Annie Saumont. Paris : Pocket, 1994, 252 p. (Pocket ; 4230). (ISBN 2-266-06233-6)
- Trad. SĂ©bastien Japrisot. Paris : R. Laffont, 1996, 258 p. (Pavillons). (ISBN 2-221-08339-3)
- Trad. Annie Saumont. Paris : Pocket, 2005, 257 p. (Pocket jeunes adultes). (Pocket jeunesse ; J1504). (ISBN 2-266-14986-5)
- Franny and Zooey, 1961
- Franny, 1955 Famille Glass
- Zooey, 1957 Famille Glass
Recueils de nouvelles
- Nine Stories, 1953 (Nouvelles)
- A Perfect Day for Bananafish, 1948 (Un jour rĂȘvĂ© pour le poisson-banane, nouvelle prĂ©publiĂ©e dans L'Express n° 543, ) Famille Glass
- Uncle Wiggily in Connecticut, 1948 (Oncle déglingué au Connecticut) Famille Glass
- Just Before the War with the Eskimos, 1948 (Juste avant la guerre avec les Esquimaux)
- The Laughing Man, 1949 (L'Homme hilare)
- Down at the Dinghy, 1949 (En bas, sur le canot) Famille Glass
- For Esmé with Love and Squalor, 1950 (Pour Esmé, avec amour et abjection)
- Pretty Mouth and Green My Eyes, 1951 (Jolie ma bouche et verts mes yeux)
- De Daumier-Smith's Blue Period, 1952 (L'époque bleue de Daumier-Smith) -- seule nouvelle refusée par The New Yorker aprÚs qu'il a commencé à écrire pour eux
- Teddy, 1953 (Teddy)
- Nouvelles, trad. Jean-Baptiste Rossi, préf. Jean-Louis Curtis, Paris, R. Laffont, coll. « Pavillons », 1961, 269 p.
- Neuf nouvelles, trad. J.-B. Rossi, Paris, Club des librairies de France, coll. « Fiction » n° 99, 1962, 273 p.
- Raise High the Roof Beam, Carpenters and Seymour: An Introduction, 1963
- Raise High the Roof Beam, Carpenters, 1955 (Dressez haut la poutre maĂźtresse, charpentiers) Famille Glass
- Seymour -- An Introduction, 1959 (Seymour: une introduction) Famille Glass
Textes publiés dans des revues
- The Kit Book for soldiers, sailors and marines (1943)
- The Hang of it (Publication originale: Collier's CVIII, , page 22)
- Post Stories 1942-45. Ed: Ben Hibbs (1946)
- A Boy in France (Publication originale: Saturday Evening Post CCXVII, , pages 21, 92 )
- Best American Short Stories 1949. Ed: Martha Foley (1949)
- A Girl I Knew (Publication originale: Good Housekeeping 126, , pages 37, 186-196, Titre d'origine: Wien, Wien)
- Story: The fiction of the forties. Ed: Whit Burnett (1949)
- The Long Debut of Lois Taggett (Publication originale: Story XXI, Septembre/, pages 28â34 )
- The Armchair Esquire. Ed: L. Rust Hills (1959)
- This Sandwich Has no Mayonnaise (Publication originale: Esquire XXIV, , pages 54â56, 147-149 ) Holden Caulfield
- Fiction: Form & Experience. Ed: William M. Jones (1969)
- Go See Eddie (Publication originale: The Kansas Review VII, , pages 121-124)
- Wonderful Town: New York Stories from the New Yorker. Ed: David Remnick (2000)
- Slight Rebellion Off Madison (Publication originale: The New Yorker, , 76-79 ou 82-86 ) Holden Caulfield
- The Young Folks
Story XVI, Mars-, pages 26â36
- The Heart of a Broken Story
Esquire XVI, , Page 32, 131-133
- Personal Notes on an Infantryman
Collier's CX, , page 96
- The Varioni Brothers
Saturday Evening Post CCXVI, , pages 12â13, 76-77
- Both Parties Concerned (Titre d'origine: Wake Me When it Thunders)
Saturday Evening Post CCXVI, , pages 14 et 47
- Soft Boiled Sergeant (Titre d'origine: Death of a Dogface)
Saturday Evening Post CCXVI, , pages 18, 32, 82-85
Saturday Evening Post CCXVII, , pages 26â27, 61-62, 64
- Once a Week Won't Kill You
Story XXV, Novembre/, pages 23â27
- Elaine (en)
Story XXV, Mars/, pages 38â47
- The Stranger
Collier's CXVI, , pages 18, 77
- I'm Crazy Holden Caulfield
Collier's CXVI, , pages 36, 48, 51
Mademoiselle 25, , pages 222-223, 292-302
- The Inverted Forest
Cosmopolitan, , pages 73â109
- Blue Melody (Titre d'origine: Scratchy Needle on a Phonograph Record)
Cosmopolitan, , pages 50â51, 112-119
- Hapworth 16, 1924 Famille Glass - derniĂšre Ćuvre connue de Salinger
The New Yorker, , pages 32â113
Ă la bibliothĂšque de Princeton
- The Ocean Full of Bowling Balls (date inconnue) Holden Caulfield
- The Last and Best of the Peter Pans (date inconnue) Holden Caulfield
- The Magic Foxhole (1945)
- Two Lonely Men (1944)
- The Children's Echelon (1944)
Voir aussi
Ătudes et biographies
- Belcher, William F. et James W. Lee. eds. J.D. Salinger and the critics. Belmont, Calif.: Wadsworth Pub. Co., 1962.
- Bloom, Harold. Ă©d. J. D. Salinger. NY: Chelsea, 1987.
- French, Warren G. J.D. Salinger, revisited. Boston: Twayne Publishers, 1988.
- Hamilton, Ian. In search of J.D. Salinger. NY: Random House, 1988.
- Laser, Marvin et Norman Fruman. eds. Studies in J. D. Salinger: Reviews, Essays, and Critiques of The Catcher in the Rye and Other Fiction. NY: Odyssey, 1963.
- Lundquist, James. J. D. Salinger. NY: F. Ungar Pub. Co., 1979.
- Miller, James E., Jr. J. D. Salinger. Minneapolis: U of Minnesota P, 1965.
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- Wenke, John P. J.D. Salinger: a study of the short fiction. Boston: Twayne Publishers, 1991.
- Alexander, Paul. Salinger: a biography. Renaissance Books, 2000.
- Denis Demonpion, Salinger intime : enquĂȘte sur l'auteur de L'Attrape-cĆurs. Paris : Robert Laffont, 01/2018, 397 p. (ISBN 978-2-221-20081-0). Goncourt de la biographie Edmonde Charles Roux 2018.
Notes et références
- Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
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« Les lettres que j'ai reçues de trois autres femmes ne furent pas une surprise pour moi. Dans ces lettres, elles me racontent quâelles ont correspondu avec J. D. Salinger dâune façon qui ressemblait furieusement Ă ma propre correspondance avec lui.
Je ne doute pas de la vĂ©racitĂ© du rĂ©cit de ces femmes. Tout comme moi, ces femmes ont Ă©tĂ© approchĂ©es par Salinger alors quâelles avaient dix-huit ans. Tout comme moi, elles ont pensĂ© Ă un moment donnĂ© quâil Ă©tait le summum de la sagesse, leur Ăąme-sĆur, leur destinĂ©e. Tout comme moi, elles ont finalement dĂ» subir son rejet absolu et dĂ©vastateur. » - Salinger letters bring $156,500 at auction, CNN, publiĂ© le 28 janvier 2010.
- « La vie secrÚte de J.D. Salinger » , sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
- Isabelle Fiemeyer (Lire), « Salinger, trahi par sa fille », L'Express,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Valérie Trierweiler, « La passion Salinger », Paris Match, 25 août 2014.
- Mike Fleming, Jr., « Secret J.D. Salinger Documentary & Book, Now Revealed (Mike Has Seen The Film) », Deadline.com, (consulté le )
- Salinger par Beigbeder : Le misanthrope égoïste , Le Point, publié le 28 janvier 2010.
Liens externes
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