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Puits Saint-Joseph

Le puits Saint-Joseph est l'un des principaux puits des houillères de Ronchamp, sur la commune de Ronchamp, dans la région française de Bourgogne-Franche-Comté. Il est l'un des charbonnages les plus productifs du bassin minier ronchampois pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Pendant toute cette période, il est le centre d'activité de la compagnie minière avec l’installation d'une cokerie et d'un lavoir à charbon, avant d'être remplacé par le puits du Chanois. Le puits Saint-Joseph sera touché plusieurs fois par des catastrophes. Le , un coup de grisou fait vingt-neuf morts. Le , une nouvelle explosion détruit les galeries du fond et la toiture du bâtiment de recette en surface.

Puits Saint-Joseph
Vue générale des installations du puits Saint-Joseph avec le puits Notre-Dame en arrière-plan, sur la gauche.
Vue générale des installations du puits Saint-Joseph avec le puits Notre-Dame en arrière-plan, sur la gauche.
Puits Saint-Joseph
CoordonnĂ©es 47° 41′ 50″ nord, 6° 38′ 47″ est[BRGM 1]
Début du fonçage
Mise en service
Profondeur 453 mètres
Section 3,05 Ă— 2,15 mètres
ArrĂŞt 1895 (extraction)
Remblaiement ou serrement 1896
Administration
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement Haute-SaĂ´ne
Commune Ronchamp
Caractéristiques
Compagnie Houillères de Ronchamp
Ressources Houille

GĂ©olocalisation sur la carte : bassin minier de Ronchamp et Champagney
(Voir situation sur carte : bassin minier de Ronchamp et Champagney)
Puits Saint-Joseph
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-SaĂ´ne
(Voir situation sur carte : Haute-SaĂ´ne)
Puits Saint-Joseph
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne-Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Bourgogne-Franche-Comté)
Puits Saint-Joseph
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Puits Saint-Joseph

Après la fermeture du puits Saint-Joseph en 1895, les bâtiments sont rasés pour être remplacés par une petite scierie, dont les bâtiments, devenus magasins pour matériaux de construction, existent toujours au début du XXIe siècle. Des terrils et le passage d'une ancienne voie ferrée subsistent.

Fonçage

Dessin schématisant les couches géologiques en coupe sous Ronchamp.
Coupe géologique du puits Saint-Joseph (à gauche) :
r : grès rouge ;
H : terrain houiller supérieur ;
h : terrain carbonifère ;
dm : terrain métamorphique.

En 1830, Monsieur Thirria ingĂ©nieur des mines de l'État exerçant Ă  Vesoul, prĂ©voit dĂ©jĂ  la nĂ©cessitĂ© de creuser un puits Ă  1 200 mètres au Sud-Ouest du puits no 1[1]. Le fonçage du puits est finalement entrepris Ă  partir du avec une section de 2,15 mètres x 3,05 mètres divisĂ©e en deux sections, l'une pour l'extraction (2,15 m x 2,25 m), l'autre pour l'aĂ©rage (2,15 m x 0,8 m)[2]. L'approfondissement moyen est de sept mètres par mois[3] grâce Ă  l'ancienne machine d'extraction du puits Saint-Louis d'une puissance de 24 chevaux[4]. Il aurait dĂ» recevoir la machine Ă  taquets de M. MĂ©hu et seconder le puits Saint-Charles qui Ă©tait alors le seul puits en exploitation du bassin houiller[5]. Sa section est rectangulaire, large de 2,15 mètres et longue de 3,05 mètres ; le puits est Ă©quipĂ© de deux compartiments dont celui rĂ©servĂ© Ă  l’aĂ©rage. Un cuvelage en fonte composĂ© de soixante anneaux cylindriques a Ă©tĂ© Ă©tabli avec une base Ă  150 mètres de profondeur, sur une hauteur de 89 mètres. Les anneaux sont constituĂ©s de plusieurs segments, les joints horizontaux et verticaux sont faits de plomb-bĂ©ton et, au fur et Ă  mesure de la pose des anneaux, du bĂ©ton de ciment est coulĂ© entre le cuvelage et le terrain. De forts dĂ©gagements de grisou dans les couches de houille sont remarquĂ©s[6].

Lors du fonçage du puits, de nombreuses difficultés sont rencontrées pour l'aérage des travaux du fond malgré l’utilisation d'une cheminée d'appel et d'une gaine en planches. L'aérage est amélioré en 1856, lorsque le système avec toc-feu est remplacé par deux ventilateurs Duvergier[6] - [7].

Exploitation

Schéma ancien représentant une machine à vapeur horizontal classique.
La machine Ă  vapeur du puits Saint-Joseph.

Le , le fonçage est terminĂ© Ă  441,64 mètres de profondeur, après avoir traversĂ© la première veine de houille Ă©paisse de 3,30 mètres ; la seconde couche est recherchĂ©e par trois sondages entrepris au fond mais sans succès[3]. Une machine Ă  vapeur de 120 ch[8] Ă  deux cylindres horizontaux de 0,75 mètre de diamètre et deux mètres de course est achetĂ©e au Creusot pour l'extraction[2]. Elle est alimentĂ©e par six gĂ©nĂ©rateurs composĂ©s d'un cylindre de dix mètres de long et de 1,11 mètre, chauffĂ©s directement par les flammes du foyer de diamètre qui peuvent consommer jusqu'Ă  dix-sept tonnes de houille quotidiennement[9].

En 1858, le puits Saint-Joseph est relié au réseau ferré des houillères par une voie ferrée qui assure le transport du charbon via la ligne de Paris-Est à Mulhouse-Ville[10].

En 1859, les chaudières de la machine Ă  vapeur sont remplacĂ©es par six gĂ©nĂ©rateurs de Mulhouse avec une surface de chauffe plus importante permettant une Ă©conomie de cinq tonnes de charbon par jour grâce Ă  leur surface de chauffe de 50 m2 (les anciennes n'ayant que 17 m2)[9]. Des cages en fer Ă  deux Ă©tages (correspondant Ă  deux niveaux de recettes au fond et au jour) munies du parachute Duvergier puis Fontaine (Ă  la suite d'accidents) sont utilisĂ©es pour transporter des chariots de 800 kilogrammes. Un chevalement de quatorze mètres de haut en sapin et en chĂŞne supporte des molettes de 3,50 mètres de diamètre par lesquelles passent des câbles en aloès[11].

La mĂŞme annĂ©e, des câbles en fer sont testĂ©s Ă  Saint-Joseph dans des conditions dĂ©favorables (fortes infiltrations d'eau), de ce fait les rĂ©sultats ne sont pas satisfaisants[12]. En , 200 tonnes de houille extraites du puits Saint-Joseph sont expĂ©diĂ©es Ă  la gare de Dornach pour ĂŞtre testĂ©es par la SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhouse (test du pouvoir calorifique et de la composition)[13].

Plan montrant les nombreuses galeries minières évitant une zone appelée soulèvement Saint-Joseph.
Plan des travaux d'exploitation de la première couche.

Le , une explosion de grisou fait vingt-neuf morts dans les travaux du couchant. La reprise du travail, dans ce secteur d'exploitation, ne se fit qu'en 1874[6]. Le , Ă  11 heures, un jet enflammĂ© de grisou se forme Ă  cause d'un tamis percĂ©. Le puits est fermĂ© jusqu’au pour des raisons de sĂ©curitĂ© mais cela ne suffit pas puisque le Ă  3 heures se produit une violente dĂ©tonation. Puis une autre Ă  9 h 30, si violente qu'elle enlève le barrage composĂ© de terre et de plateaux ainsi que toute la toiture du bâtiment. La dĂ©cision est prise de noyer les chantiers du puits pour Ă©teindre l’incendie. Quelques jours plus tard, dĂ©bute l’épuisement des eaux dont le volume excède les 90 000 m3[6].

Le , une galerie de liaison est creusĂ©e avec le puits Saint-Charles qui assure l'aĂ©rage[6]. En , le puits Saint-Joseph est le plus productif du bassin minier avec 6 258 tonnes de houille extraite au cours du mois contre 2 585 tonnes pour le puits Saint-Charles, 2 622 tonnes pour le puits Sainte-Barbe et 502 tonnes pour le puits Sainte-Pauline[14]. La production s'Ă©lève Ă  75 774,7 tonnes en 1861, 67 567,1 tonnes en 1862 et 34 460,8 tonnes en 1863[15].

En 1862, une cage à trois étages est installée. La même année sont construits des fours Appolt (verticaux) de grand volume puis des fours à coke belges horizontaux. Par la suite, ils sont remplacés par des fours plus perfectionnés à côté de l’atelier de lavage[6].

  • Plan de masse (1886).
    Plan de masse (1886).
  • Dessin simplifiĂ©.
    Représentation du puits sur un plan de coupe du bassin (1858).
  • Gravure en noir et blanc montrant de nombreux bâtiments en bois ou maçonnĂ©s surmontĂ©s d'une cheminĂ©e et d'un clocher en bois abritant le chevalement.
    Les ateliers du puits Saint-Joseph ; derrière, le chevalement et la cheminée vers 1884.
  • Anciens bâtiments industriels en bois, pierre et brique surmontĂ©es de multiples cheminĂ©es.
    La cokerie du puits Saint-Joseph (fours Appolt) vers 1884.
  • Dessin en coupe de fours verticaux.
    Coupe de four Appolt[6].

Au cours de l'annĂ©e 1868, 50 000 tonnes de houille sont extraites Ă  Saint-Joseph, l'annĂ©e suivante la production passe Ă  66 000 tonnes, il reste donc le puits le plus productif de la compagnie[16]. En 1878, les ingĂ©nieurs constatent que l’eau du Rahin envahit le puits[17]. En 1895, l’extraction cesse dĂ©finitivement au puits Saint-Joseph[6]. La cokerie est remplacĂ©e en 1898 par celle du Chanois[18].

  • Gravure panoramique de bâtiments industriels.
    Le puits en fin d'activité, vers 1894. Les fours Appolts ont disparus et les fours horizontaux sont visibles sur la droite. Au fond à gauche, la cheminée du puits Notre-Dame est représentée fumante.
  • Photo noir et blanc montrant Ă  gauche un très grand bâtiment en bois entourĂ© de plusieurs autres en bois ou maçonnĂ©s accompagnĂ©s d'une cheminĂ©e Ă  base carrĂ©e sur la droite.
    Le bâtiment du lavoir à gauche et la cheminée des chaudières à droite vers 1900 (le bâtiment du puits est ici démoli).
  • Photo noir et blanc montrant une Ă©glise de style nĂ©ogothique, groupes de maisons, terrils et divers bâtiments industriels.
    Les mêmes bâtiments dans la perspective de l'église Notre-Dame-du-Bas vers 1900.

Reconversion

Les installations du puits Saint-Joseph sont rasĂ©es pour ĂŞtre remplacĂ©es, au dĂ©but du XXe siècle, par la scierie de l'Union Industrielle qui emploie une vingtaine de personnes en 1918. Elle produit 6 000 tonnes de pièces de charpente en 1938. Ă€ cette Ă©poque, l'usine fonctionne grâce Ă  un moteur Ă©lectrique de 120 cv[19]. Une Ă©bĂ©nisterie et un atelier de carrosserie font Ă©galement partie des installations. L'ensemble devient par la suite un magasin de vente de matĂ©riaux de construction[19] - [20].

Au début du XXIe siècle, les bâtiments industriels ayant accueilli une scierie puis le magasin existent toujours. Ils sont classés le à l'inventaire général du patrimoine culturel. Le puits se situe sous un des bâtiments du site industriel, entre la RN 19 et la départementale 4[19] - [21].

  • Des maisons ouvrières alignĂ©es mais toutes diffĂ©rentes et individuels.
    Une série de maisons de mineurs.
  • Un grand terrain couvert d'herbe, au fond se trouve un rideau d'arbre et les bâtiments d'une ancienne usine ainsi qu'une grande maison ancienne.
    Le carreau du puits Saint-Joseph, situé derrière les arbres, sous le bâtiment.
  • D'anciens bâtiments industriels servant d'entrepĂ´ts.
    Bâtiment de l'ancienne scierie.
  • D'autres bâtiments similaires dans un terrain tondu.
    Autres bâtiments où se trouve le puits.

Terrils et voie ferrée

47° 41′ 55″ N, 6° 38′ 34″ E

Le puits Saint-Joseph possédait de nombreux terrils qui sont exploités après la fermeture des mines en 1958 et ont presque disparu à la fin du XXe siècle. Ils sont traversés par une ancienne voie de chemin de fer construite en 1858 et utilisée jusqu'à la reconversion de la scierie de l'Union. Elle appartient au réseau ferré des houillères de Ronchamp est passe sur un pont en bois qui n'existe plus au début du XXIe siècle[22] - [23].

  • Un talus noir couvert de mousse au sommet.
    Un flanc de terril.
  • Des talus noirs.
    Un terril voisin.
  • Un talus boisĂ© au bord d'un chemin.
    Passage de l'ancienne voie ferrée le long d'un terril.
  • Des talus noirs dĂ©passent d'un bloc de bĂ©ton derrière un court d'eau.
    Ancien pont de la voie ferrée sur le Rahin, en direction du puits Saint-Charles.

Notes et références

Références

Références aux fiches du BRGM

Le BRGM est l'organisme public français référent dans le domaine des sciences de la Terre pour la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Jacques Parietti, Les Houillères de Ronchamp vol. I : La mine, Vesoul, Éditions Comtoises, , 87 p. (ISBN 2-914425-08-2). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Jacques Parietti, Les Houillères de Ronchamp vol. II : Les mineurs, Noidans-lès-Vesoul, fc culture & patrimoine, , 115 p. (ISBN 978-2-36230-001-1)
  • Jean-Jacques Parietti, Le puits Saint-Charles, Ronchamp, Association des amis du musĂ©e de la mine, coll. « Les dossiers de la Houillère » (no 3), 1999 (1), 55 p. (BNF 37621655). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Jacques Parietti, Le puits d'Eboulet, Association des amis du musĂ©e de la mine, coll. « Les dossiers de la Houillère » (no 5), 1999 (2) (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhouse, Bulletin, Volume 30, Partie 1, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Édouard Thirria, Manuel Ă  l'usage de l'habitant du dĂ©partement de la Haute-SaĂ´ne, (lire en ligne), p. 182-186. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • François Mathet, MĂ©moire sur les mines de Ronchamp, SociĂ©tĂ© de l'industrie minĂ©rale, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • SociĂ©tĂ© de l'industrie minĂ©rale, Bulletin trimestriel, Saint-Étienne, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • [PDF] Michel Godard, Enjeux et impacts de l'exploitation minière du bassin houiller de Ronchamp (1810-1870), UTBM, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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