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Pseudo-forĂȘt

En thĂ©orie des graphes, une pseudo-forĂȘt est un graphe non orientĂ©, ou mĂȘme un multigraphe dans lequel chaque composante connexe possĂšde au plus un cycle. De maniĂšre Ă©quivalente, une pseudo-forĂȘt est un graphe dans lequel deux cycles ne sont pas connectĂ©s par une chaĂźne. Un pseudo-arbre est une pseudo-forĂȘt connexe.

Une 1-forĂȘt (une pseudo-forĂȘt maximale), composĂ©e de trois 1-arbres

Introduction

Les noms Ă©voquent l'analogie avec les arbres et les forĂȘts plus couramment Ă©tudiĂ©s : un arbre est un graphe connexe sans cycle ; une forĂȘt est une union disjointe d'arbres. Gabow et Tarjan[1] attribuent l'Ă©tude des pseudo-forĂȘts au livre de 1963 de Dantzig sur la programmation linĂ©aire, livre dans lequel les pseudo-forĂȘts apparaissent dans la solution de certains problĂšmes de rĂ©seaux de flot[2]. Les pseudo-forĂȘts forment Ă©galement des modĂšles graphiques de fonctions et apparaissent dans plusieurs problĂšmes algorithmiques. Les pseudo-forĂȘts sont des graphes creux – le nombre de leurs arĂȘtes est bornĂ© linĂ©airement par le nombre de sommets (en fait, ils ont au plus d'arĂȘtes qu'ils ont de sommets) – et leur structure matroĂŻde permet de dĂ©composer plusieurs autres familles de graphes creux en des unions de forĂȘts et de pseudo-forĂȘts. Le nom « pseudo-forĂȘt » vient d'un article de Picard et Queyranne[3] en 1982.

DĂ©finitions et structure

Les 21 graphes unicycliques avec au plus six sommets

On considĂšre ici des graphes ou multigraphes non orientĂ©s avec boucles. Une pseudo-forĂȘt est un graphe non orientĂ© dans lequel chaque composante connexe contient au plus un cycle[4]. De maniĂšre Ă©quivalente, il s'agit d'un graphe non orientĂ© dans lequel chaque composante connexe n'a pas plus d'arĂȘtes que de sommets[5]. Les composantes sans cycle sont des arbres ; les composantes qui ont un cycle sont appelĂ©s 1-arbres ou graphes unicycliques . Autrement dit, un 1-arbre est un graphe connexe contenant exactement un cycle. Une pseudo-forĂȘt avec une seule composante connexe est appelĂ©e un pseudo-arbre ; c'est soit un arbre ou un 1-arbre; en gĂ©nĂ©ral, une pseudo-forĂȘt peut avoir plusieurs composants connexes qui sont toutes des arbres ou 1-arbres.

Si l'on enlĂšve Ă  un 1-arbre l'une des arĂȘtes de son cycle, le rĂ©sultat est un arbre. RĂ©ciproquement, si l'on augmente un arbre en connectant deux de ses sommets par une nouvelle arĂȘte, le rĂ©sultat est un 1-arbre ; la chaĂźne dans l'arbre reliant les deux extrĂ©mitĂ©s de l'arĂȘte ajoutĂ©e, ainsi que l'arĂȘte ajoutĂ©e elle-mĂȘme, forment le cycle unique du 1-arbre. Si ajoute Ă  un 1-arbre une arĂȘte qui relie l'un de ses sommets Ă  un sommet nouveau, le rĂ©sultat est Ă  nouveau un 1-arbre, avec un sommet de plus ; une mĂ©thode pour construire les 1-arbres consiste donc Ă  commencer par un seul cycle, puis Ă  rĂ©pĂ©ter l'opĂ©ration d'augmentation un nombre arbitraire de fois. Les arĂȘtes de n'importe quel 1-arbre peuvent ĂȘtre divisĂ©es de maniĂšre unique en deux sous-graphes, dont l'un est un cycle et l'autre est une forĂȘt, de sorte que chaque arbre de la forĂȘt contient exactement un sommet du cycle[6].

Certaines familles plus particuliĂšres de pseudo-forĂȘts ont Ă©galement Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s :

  • Une 1-forĂȘt, parfois appelĂ©e pseudo-forĂȘt maximale, est une pseudo-forĂȘt Ă  laquelle on ne peut ajouter une arĂȘte sans qu'une composante du graphe contienne plusieurs cycles. Si une pseudo-forĂȘt contient un arbre comme l'une de ses composantes, ce n'est pas une 1-forĂȘt, car on peut ajouter soit une arĂȘte reliant deux sommets Ă  l'intĂ©rieur de cet arbre, formant un seul cycle, soit une arĂȘte reliant cet arbre Ă  une autre composante. Ainsi, les 1-forĂȘts sont exactement les pseudo-forĂȘts dans lesquelles chaque composante est un 1-arbre.
  • Les pseudo-forĂȘts couvrantes d'un graphe non orientĂ© G sont les sous-graphes de G qui contiennent tous les sommets de G et qui sont des pseudo-forĂȘts. Une telle pseudo-forĂȘt n'a pas besoin d'avoir d'arĂȘtes, puisque par exemple le sous-graphe qui contient tous les sommets de G et aucune arĂȘte est une pseudo-forĂȘt (dont les composants sont des arbres constituĂ©s d'un seul sommet).
  • Les pseudo-forĂȘts maximales de G sont les sous-graphes de G qui sont des pseudo-forĂȘts qui ne sont contenus dans aucune pseudo-forĂȘt plus grande de G . Une pseudo-forĂȘt maximale de G est toujours une pseudo-forĂȘt couvrante, mais la rĂ©ciproque est fausse. Si G n'a pas de composante connexe qui est un arbres, alors ses pseudo-forĂȘts maximales sont des 1-forĂȘts, mais si G a un composante qui est un arbre, ses pseudo-forĂȘts maximales ne sont pas des 1-forĂȘts. Plus prĂ©cisĂ©ment, dans tout graphe G, ses pseudo-forĂȘts maximales sont constituĂ©es de chaque composante de G qui est un arbre, et de 1-arbres disjoints couvrant les sommets restants de G .
  • Des versions orientĂ©es de ces dĂ©finitions sont Ă©galement utilisĂ©es pour les graphes orientĂ©s. Une pseudo-forĂȘt orientĂ©e est un graphe orientĂ© dans lequel chaque sommet a au plus un arc sortant ; c'est-Ă -dire qu'il a un degrĂ© sortant 0 ou 1. Une 1-forĂȘt dirigĂ©e — plus souvent appelĂ©e un graphe fonctionnel ou des fois pseudo-forĂȘt orientĂ©e maximale — est un graphe orientĂ© dans lequel le degrĂ© sortant est exactement Ă©gal Ă  un[7]. Si D est une pseudo-forĂȘt orientĂ©e, le graphe non orientĂ© formĂ© en supprimant la direction de chaque arĂȘte de D est une pseudo-forĂȘt non orientĂ©e.

DĂ©nombrement

Nombre d'arĂȘtes

Toute pseudo-forĂȘt Ă  n sommets a au plus n arĂȘtes, et toute pseudo-forĂȘt maximale sur n sommets a exactement n arĂȘtes. RĂ©ciproquement, si pour chaque sous-ensemble S de sommets d'un graphe G, le nombre d'arĂȘtes dans le sous-graphe induit par S est au plus Ă©gal au nombre de sommets dans S, alors G est une pseudo-forĂȘt. Les 1-arbres peuvent ĂȘtre dĂ©finis comme des graphes connexes avec autant de sommets et d'arĂȘtes.

Si une famille de graphes a la propriĂ©tĂ© que chaque sous-graphe d'un graphe de la famille est Ă©galement dans la famille, et que chaque graphe de la famille a au plus autant d'arĂȘtes que de sommets, alors la famille contient seulement des pseudo-forĂȘts. Par exemple, chaque sous-graphe d'une manoque (en)[8] (un graphe qui peut ĂȘtre tracĂ© de sorte que chaque paire d'arĂȘtes a un point d'intersection) est Ă©galement une manoque ; la conjecture des manoques de Conway selon laquelle chaque manoque a au plus autant d'arĂȘtes que de sommets peut ĂȘtre reformulĂ©e en disant que chaque manoque est une pseudo-forĂȘt. Une caractĂ©risation plus prĂ©cise est que, si la conjecture est vraie, alors les manoques sont exactement les pseudo-forĂȘts sans cycle Ă  quatre sommets et au plus un cycle impair[9].

Streinu et Theran[10] gĂ©nĂ©ralisent les conditions de parcimonie dĂ©finissant les pseudo-forĂȘts : ils dĂ©finissent un graphe comme Ă©tant -creux si chaque sous-graphe non vide Ă  n sommets a au plus arĂȘtes, et )-serrĂ© s'il est -creux et a exactement arĂȘtes. Ainsi, les pseudo-forĂȘts sont les graphes (1,0)-creux, et les pseudo-forĂȘts maximales sont les graphes (1,0)-serrĂ©s. Plusieurs autres familles importantes de graphes peuvent ĂȘtre dĂ©finies Ă  partir d'autres valeurs de k et l, et lorsque les -graphes creux peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©s comme les graphes qui sont l'union disjointe de forĂȘts et de pseudo-forĂȘts.

Presque tous les graphes alĂ©atoires suffisamment creux sont des pseudo-forĂȘts[11]. Plus prĂ©cisĂ©ment, si c est une constante avec , et si est la probabilitĂ© pour que le choix alĂ©atoire uniforme, parmi les graphes Ă  n sommets de cn arĂȘtes donne une pseudo-forĂȘt, alors tend vers 1 pour n grand. Cependant, pour , presque tous les graphes alĂ©atoires avec cn arĂȘtes contiennent une grande composante qui n'est pas unicyclique.

ÉnumĂ©ration

Un graphe est simple s'il est sans boucles et sans arĂȘtes multiples. Le nombre de 1-arbres simples Ă  n sommets Ă©tiquetĂ©s est

Les valeurs pour n jusqu'Ă  300 figurent dans la sĂ©quence OEIS A057500 de l'EncyclopĂ©die en ligne des suites de nombres entiers .

Le nombre de pseudo-forĂȘts maximales orientĂ©es sur n sommets avec boucles, est n n, car pour chaque sommet il y a n extrĂ©mitĂ©s possibles pour l'arĂȘte sortante. AndrĂ© Joyal a utilisĂ© ce fait pour fournir une preuve bijective de la formule de Cayley selon laquelle le nombre d'arbres non orientĂ©s sur n nƓuds est : il donne une bijection entre les pseudo-forĂȘts maximales orientĂ©es et les arbres non orientĂ©s avec deux nƓuds distinguĂ©s[12]. Le nombre de pseudo-forĂȘts maximales orientĂ©es sans boucles est .

Graphes fonctionnels

Une fonction de l'ensemble {0,1,2,3,4,5,6,7,8} dans lui-mĂȘme, et son graphe fonctionnel.

Les pseudo-forĂȘts orientĂ©es et les endo-fonctions sont en un sens Ă©quivalentes. Toute fonction ƒ d'un ensemble X dans lui-mĂȘme (c'est-Ă -dire un endomorphisme de X ) peut ĂȘtre vue comme dĂ©finissant une pseudo-forĂȘt orientĂ©e qui a une arĂȘte de x Ă  y si et seulement si ƒ( x ) = y . La pseudo-forĂȘt orientĂ©e rĂ©sultante est maximale et contient une boucle pour chaque x tel que ƒ( x ) = x . RĂ©ciproquement, toute pseudo-forĂȘt orientĂ©e maximale dĂ©termine une fonction ƒ telle que ƒ( x ) est l'extrĂ©mitĂ© terminale de l'arc sortant de x, et toute pseudo-forĂȘt orientĂ©e non maximale peut ĂȘtre rendue maximale en ajoutant des boucles puis convertie dans une fonction de la mĂȘme maniĂšre. Pour cette raison, les pseudo-forĂȘts maximales orientĂ©es sont parfois appelĂ©es graphes fonctionnels[1]. Le tracĂ© d'une fonction sous la forme d'un graphe fonctionnel fournit un cadre pratique pour dĂ©crire des propriĂ©tĂ©s qui ne sont pas aussi faciles Ă  dĂ©crire du point de vue de la thĂ©orie des fonctions ; cette technique est particuliĂšrement adaptĂ©e aux problĂšmes impliquant des fonctions itĂ©rĂ©es, qui correspondent Ă  des cheminements dans les graphes fonctionnels.

La dĂ©tection de cycle est le problĂšme algorithmique qui consiste Ă  suivre un chemin dans un graphe fonctionnel pour y trouver un cycle ; ce problĂšme a des applications en cryptographie et en thĂ©orie algorithmique des nombres, dans le cadre de algorithme rho de Pollard pour la factorisation d'entiers et en tant que mĂ©thode pour dĂ©tecter des collisions dans les fonctions de hachage cryptographiques . Dans ces applications, on s'attend Ă  ce que ƒ se comporte de maniĂšre alĂ©atoire ; Flajolet et Odlyzko[13] Ă©tudient les propriĂ©tĂ©s thĂ©oriques des graphes fonctionnels issus de fonctions tirĂ©es au hasard. En particulier, une forme du paradoxe des anniversaires implique que, dans un graphe fonctionnel alĂ©atoire Ă  n sommets, le chemin partant d'un sommet sĂ©lectionnĂ© au hasard revient en gĂ©nĂ©ral sur lui-mĂȘme pour former un cycle en O( √n ) pas. Koniaguine et al. ont fait des progrĂšs analytiques et informatiques sur les statistiques des graphes[14].

Martin, Odlyzko et Wolfram[15] Ă©tudient les pseudo-forĂȘts qui modĂ©lisent la dynamique des automates cellulaires. Ces graphes fonctionnels, qu'ils appellent diagrammes de transition d'Ă©tats, ont un sommet pour chaque configuration de l'ensemble des cellules de l'automate, et une arĂȘte reliant une configuration Ă  la configuration suivante si elle est obtenue par l'application des rĂšgles de l'automate. On peut dĂ©duire certaines propriĂ©tĂ©s de l'automate Ă  partir de la structure de ces diagrammes, telles que le nombre de composantes, la longueur des cycles limites, la profondeur des arbres reliant des Ă©tats non limites Ă  ces cycles, ou les symĂ©tries du diagramme. Par exemple, tout sommet sans arĂȘte entrante correspond Ă  un jardin d'Éden et un sommet avec une boucle automatique correspond Ă  une structure stable.

Une autre application dĂ©jĂ  ancienne des graphes fonctionnels concerne les « trains » utilisĂ©s pour Ă©tudier des les systĂšmes triples de Steiner[16] . Le train d'un systĂšme triple est un graphe fonctionnel ayant un sommet pour chaque triplet possible de symboles ; chaque triplet pqr est envoyĂ© par ƒ sur le triplet stu, oĂč pqs, prt et qru sont les triplets qui appartiennent au systĂšme et contiennent respectivement les paires pq, pr, et qr . Les trains se sont avĂ©rĂ©s ĂȘtre un invariant puissant des systĂšmes triples, bien qu'ils sont un peu lourds Ă  calculer.

MatroĂŻde bicirculaire

Un matroĂŻde est une structure mathĂ©matique dans laquelle certains ensembles d'Ă©lĂ©ments sont dĂ©finis comme indĂ©pendants ; les ensembles indĂ©pendants satisfont des propriĂ©tĂ©s modelĂ©es sur les propriĂ©tĂ©s d'indĂ©pendance linĂ©aire dans un espace vectoriel. L'un des exemples standard de matroĂŻde est le matroĂŻde graphique dans lequel les ensembles indĂ©pendants sont les ensembles d'arĂȘtes dans les forĂȘts d'un graphe ; la structure matroĂŻde des forĂȘts est importante dans les algorithmes de calcul de l'arbre couvrant de poids minimal du graphe. De maniĂšre analogue, on peut dĂ©finir des matroĂŻdes Ă  partir de pseudo-forĂȘts.

Pour tout graphe G = ( V, E ), on peut dĂ©finir un matroĂŻde sur les arĂȘtes de G, dans lequel un ensemble d'arĂȘtes est indĂ©pendant si et seulement s'il forme une pseudo-forĂȘt ; ce matroĂŻde est appelĂ© matroĂŻde bicirculaire (ou matroĂŻde bicyclique) de G[17] - [18]. Les plus petits ensembles dĂ©pendants pour ce matroĂŻde sont les sous-graphes connexes minimaux de G qui ont plus d'un cycle, et ces sous-graphes sont parfois appelĂ©s bicycles. Il existe trois types de bicycles possibles : un graphe thĂȘta qui a deux sommets reliĂ©s par trois chemins dont les sommets internes sont disjoints , un graphe en 8 qui se compose de deux cycles qui ont un seul sommet en commun, et un graphe menottes qui est formĂ© de deux cycles disjoints reliĂ©s par une chaĂźne [19]. Un graphe est une pseudo-forĂȘt si et seulement s'il ne contient pas de bicycle comme sous-graphe.

Mineurs exclus

Le graphe papillon (Ă  gauche) et le graphe diamant (Ă  droite), sont des mineurs interdits pour les pseudo-forĂȘts.

Un mineur d'une pseudo-forĂȘt est obtenu en contractant certaines de ses arĂȘtes et en supprimant d'autres ; le rĂ©sultat est une autre pseudo-forĂȘt. Par consĂ©quent, la famille des pseudo-forĂȘts est fermĂ©e par passage aux mineurs, et le thĂ©orĂšme de Robertson-Seymour implique que les pseudo-forĂȘts peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©es en termes d'un ensemble fini de mineurs exclus, de maniĂšre analogue au thĂ©orĂšme de Wagner qui caractĂ©rise les graphes planaires comme les graphes n'ayant ni le graphe complet K 5 ni le graphe biparti complet K 3,3 comme mineurs. Comme indiquĂ© ci-dessus, un graphe qui n'est pas une pseudo-forĂȘt contient comme sous-graphe une menotte, la graphe en 8 ou un graphe thĂȘta ; un graphe menottes ou un graphe en 8 peut ĂȘtre contractĂ© pour former un graphe papillon (graphe en 8 Ă  cinq sommets), et un graphe thĂȘta peut ĂȘtre contractĂ© pour former un graphe diamant (graphe thĂȘta Ă  quatre sommets), donc tout graphe qui n'est pas une pseudo-forĂȘt contient en mineur soit un papillon, soit un diamant, et ce sont les seuls graphes mineurs-minimaux qui ne sont pas des pseudo-forĂȘts. Ainsi, un graphe est une pseudo-forĂȘt si et seulement s'il n'admet ni le papillon ni le diamant comme mineur. Si l'on interdit seulement le losange et pas le papillon, la plus grande famille de graphes qui en rĂ©sulte se compose des graphes cactus et des unions disjointes de plusieurs graphes cactus[20].

Si l'on considĂšre des multigraphes et on autorise des boucles, il n'y a qu'un seul mineur interdit, Ă  savoir un sommet avec deux boucles.

Algorithmes

Une des premiĂšres utilisations algorithmiques des pseudo-forĂȘts est dans le cadre de l'algorithme du simplexe de rĂ©seau et son application aux problĂšmes de flots gĂ©nĂ©ralisĂ©s modĂ©lisant la conversion entre des produits de diffĂ©rents types[2] - [21]. Dans ces problĂšmes, on donne en entrĂ©e un rĂ©seau de flot dans lequel les sommets modĂ©lisent les produits et les arĂȘtes modĂ©lisent les conversions admissibles entre produits. Chaque arĂȘte a plusieurs Ă©tiquettes : une capacitĂ© (la quantitĂ© de produit qui peut ĂȘtre converti en unitĂ© de temps), un multiplicateur (le taux de conversion entre les produits) et un coĂ»t (combien de perte ou, s'il est nĂ©gatif, de profit par unitĂ© de conversion). L'objectif consiste Ă  dĂ©terminer la quantitĂ© de chaque produit Ă  convertir via chaque arĂȘte du rĂ©seau de flot, afin de minimiser les coĂ»ts ou de maximiser le profit, tout en respectant les contraintes de capacitĂ© et en ne permettant pas aux produits de s'accumuler s'ils sont inutilisĂ©s. Ce type de problĂšme peut ĂȘtre formulĂ© comme un programme linĂ©aire et rĂ©solu en utilisant l'algorithme du simplexe. Les solutions intermĂ©diaires issues de cet algorithme, ainsi que la solution optimale Ă©ventuelle, ont une structure particuliĂšre : chaque arĂȘte du rĂ©seau d'entrĂ©e est soit inutilisĂ©e soit utilisĂ©e Ă  sa pleine capacitĂ©, Ă  l'exception d'un sous-ensemble d'arĂȘtes, formant une pseudo-forĂȘt couvrante du rĂ©seau d'entrĂ©e, dont les dĂ©bits peuvent ĂȘtre compris entre zĂ©ro et la pleine capacitĂ©. Dans cette application, les graphes unicycliques sont aussi parfois appelĂ©s arbres augmentĂ©s et les pseudo-forĂȘts maximales sont aussi parfois appelĂ©es forĂȘts augmentĂ©es[21].

Le problĂšme de la pseudo-forĂȘt couvrante minimale est de trouver une pseudo-forĂȘt couvrante de poids minimum dans un graphe G plus grand pondĂ©rĂ© aux arĂȘtes. En vertu de la structure matroĂŻde des pseudo-forĂȘts, des pseudo-forĂȘts maximales de poids minimum peuvent ĂȘtre trouvĂ©es par des algorithmes gloutons similaires Ă  ceux du problĂšme de l' arbre couvrant minimum. Cependant, Gabow et Tarjan ont trouvĂ© une approche en temps linĂ©aire plus efficace dans ce cas[1].

La pseudo-arboricitĂ© d'un graphe G est dĂ©finie par analogie Ă  l'arboricitĂ© comme le nombre minimum de pseudo-forĂȘts dans lesquelles ses arĂȘtes peuvent ĂȘtre partitionnĂ©es ; de maniĂšre formelle, c'est le plus petit entier k tel que G est ( k ,0)-parcimonieux, ou le plus petit k tel que les arĂȘtes de G peuvent ĂȘtre orientĂ©es pour former un graphe orientĂ© avec un degrĂ© extĂ©rieur au plus k . En raison de la structure matroĂŻde des pseudo-forĂȘts, la pseudo-arboricitĂ© peut ĂȘtre calculĂ©e en temps polynomial[22].

Un graphe biparti alĂ©atoire avec n sommets dans chaque partie de sa bipartition, et avec cn arĂȘtes choisies indĂ©pendamment et au hasard Ă  partir de chacune des n 2 paires de sommets possibles, est une pseudo-forĂȘt avec forte probabilitĂ© lorsque c est une constante strictement infĂ©rieure Ă  un. Ce fait joue un rĂŽle clĂ© dans l'analyse du hachage coucou (en), une structure de donnĂ©es permettant de rechercher des couples clĂ©-valeur en cherchant dans l'une de deux tables de hachage Ă  des emplacements dĂ©terminĂ©s Ă  partir de la clĂ© : on peut former un graphe, le « graphe coucou », dont les sommets correspondent aux places de la table de hachage et dont les arĂȘtes relient les deux emplacements oĂč l'une des clĂ©s pourrait ĂȘtre trouvĂ©e, et l'algorithme de hachage du coucou rĂ©ussit Ă  trouver des emplacements pour toutes ses clĂ©s si et seulement si le graphe coucou est une pseudo-forĂȘt[23].

Les pseudo-forĂȘts jouent Ă©galement un rĂŽle clĂ© dans les algorithmes parallĂšles pour la coloration des graphes et les problĂšmes connexes[24].

Annexes

Notes et références

  1. Gabow et Tarjan 1988.
  2. Dantzig 1963.
  3. Picard et Queyranne 1982.
  4. Définition donnée par exemple par (Gabow et Westermann 1992).
  5. Définition donnée par (Gabow et Tarjan 1988).
  6. Exemple de dĂ©monstration dans (Àlvarez, Blesa et Serna 2002), Lemme 4.
  7. (Kruskal, Rudolph et Snir 1990) appellent graphes unicircular les graphes transposĂ©s, oĂč chaque sommet a degrĂ© entrant Ă©gal Ă  1.
  8. Le terme « thrackle » est traduit par « manoque » dans la traduction, par Frederic Havet, du livre de Bondy et Murty Théorie des Graphes.
  9. Woodall 1969 ; LovĂĄsz, Pach et Szegedy 1997.
  10. Streinu et Theran 2009.
  11. BollobĂĄs 1985, Corollary 24, p.120, et Corollary 19, p.113.
  12. Aigner et Ziegler 1998.
  13. Flajolet et Odlyzko 1990.
  14. Konyagin et al. 2010.
  15. Martin, Odlyzko et Wolfram 1984.
  16. White 1913 ; Colbourn, Colbourn et Rosenbaum 1982 ; Stinson 1983.
  17. Simoes-Pereira 1972.
  18. Matthews 1977.
  19. Glossary of Signed and Gain Graphs and Allied Areas.
  20. El-Mallah et Colbourn 1988.
  21. Ahuja, Magnanti et Orlin 1993.
  22. Gabow et Westermann 1992. Un schéma plus rapide est dans Kowalik 2006.
  23. Kutzelnigg 2006.
  24. Goldberg, Plotkin et Shannon 1988 ; Kruskal, Rudolph et Snir 1990.

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