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Prophylaxie pré-exposition

La prophylaxie prĂ©-exposition, abrĂ©gĂ© PrEP (de l'anglais pre-exposure prophylaxis) est un traitement mĂ©dicamenteux qui empĂȘche l'infection par le virus du sida chez des personnes sĂ©ronĂ©gatives. Le mĂ©dicament utilise la combinaison de deux antirĂ©troviraux tenofovir/emtricitabine.

La PrEP est un des nombreux moyens de prévention contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) utilisé par les personnes qui ont un risque élevé de contracter le virus. Elle s'adresse notamment aux personnes ayant des partenaires sexuels multiples (notamment les prostitué(e)s et les acteurs ou actrices porno), aux personnes qui s'injectent de la drogue ainsi qu'aux couples sérodifférents actifs sexuellement dont le partenaire séropositif a une charge virale non stabilisée.

Initialement, seul le mĂ©dicament Truvada commercialisĂ© par Gilead Sciences pouvait ĂȘtre utilisĂ© dans le cadre de la PrEP. Le traitement doit Ă©galement faire l'objet d'un suivi mĂ©dical rĂ©gulier.

Depuis en France et depuis juillet 2018 dans toute l’Union europĂ©enne, plusieurs versions gĂ©nĂ©riques sont Ă©galement autorisĂ©es, permettant ainsi de rĂ©duire significativement le coĂ»t des traitements.

Traitement

Des comprimés de Truvada utilisés dans le cadre de la PrEP.

Personnes ciblés

La PrEP est recommandée pour les individus trÚs exposés au VIH.

Plus particuliÚrement : les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, les personnes transgenres ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes originaires des régions du monde à forte prévalence et en particulier les femmes en situation de précarité, les prostitués exposés à des relations sexuelles sans préservatif ; les usagers de drogues par voie intraveineuse avec partage de seringue, les personnes ayant présenté plusieurs épisodes d'infection sexuellement transmissible (IST) dans les derniers mois, les personnes ayant eu plusieurs recours au traitement de prophylaxie post-exposition (PPE), les personnes séronégatives en couple avec une personne vivant avec le VIH dont la charge virale n'est pas stabilisée[1].

Prise continue

La PrEP peut ĂȘtre prise de façon quotidienne par toute personne. C'est d'ailleurs la seule possibilitĂ© pour les personnes ayant des rapports sexuels vaginaux rĂ©ceptifs[2].

Ce mode de prise consiste Ă  avaler un comprimĂ© tous les jours, que des rapports soient prĂ©vus ou non. Il est nĂ©cessaire de commencer le traitement sept jours avant le premier rapport sexuel. En cas d'arrĂȘt, les prises d'Emtricitabine/tĂ©nofovir disoproxil doivent ĂȘtre continuĂ©es pendant sept jours aprĂšs le dernier rapport.

Prise Ă  la demande

La PrEP Ă  la demande suivant le schĂ©ma validĂ© par l'Ă©tude de l'agence nationale de recherches sur le sida et les hĂ©patites virales Ipergay[3] consiste en la prise de deux comprimĂ©s de façon simultanĂ©e afin de dĂ©marrer la protection au bout d'un dĂ©lai de 2 heures, la protection peut ĂȘtre poursuivie en prenant un comprimĂ© par jour et enfin arrĂȘtĂ©e aprĂšs le dernier rapport sexuel avec encore deux prises. Ce schĂ©ma permet d'adapter sa protection en fonction des rapports sexuels prĂ©vus et de diminuer le coĂ»t et les effets indĂ©sirables potentiels. Il a dĂ©montrĂ© une efficacitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e comparable Ă  celle d'une prise continue[4].

Effets secondaires

Le mĂ©dicament peut parfois causer des effets secondaires gastro-intestinaux : nausĂ©es, crampes d’estomac, diarrhĂ©e, etc. Ces effets sont souvent temporaires et on les constate surtout au dĂ©but de la prise du mĂ©dicament : c’est ce qu’on appelle le syndrome du dĂ©marrage qui se produit chez environ une personne sur dix.

Globalement, selon la notice patient du mĂ©dicament Truvada[5], les effets secondaires les plus frĂ©quents sont les suivants : diarrhĂ©e, sensation d’ĂȘtre malade ou Ă©tat maladif, vertiges, maux de tĂȘte, rougeurs, faiblesse, tests anormaux pour le phosphate ou la crĂ©atine kinase.

Plus rarement, le Truvada peut affecter les reins ou les os à moyen terme mais cela est généralement réversible et surveillé tous les trois mois lors des visites de contrÎle.

Il existe un certain nombre de contre-indications et d'avertissements avant de pouvoir se voir prescrire du Truvada[5].

Disponibilité dans le monde

La disponibilité de la PrEP varie d'un pays à l'autre, le traitement par Truvada n'étant par ailleurs pas uniquement réservé à un usage en PrEP.

Accessibilité de la PrEP en fonction du pays (2017)
  • AutorisĂ©
  • MĂ©dicament autorisĂ© mais pas dans le cadre d'un traitement PrEP
  • Projets en cours en vue de l'autorisation
  • Projets terminĂ©s
  • Pas de projets prĂ©vus
  • Pas d'informations disponibles

En , le gouvernement français annonce le remboursement de la PrEP[6].

On comptait en prĂšs d'un millier de personnes suivant le traitement[6]. En 2018, 7 000 personnes suivraient ce traitement en France dont 97 % d'hommes homosexuels selon l'association AIDES[7]. En , quatre mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques du Truvada sont autorisĂ©s[8]. Au , plus de 20 400 personnes avaient initiĂ© une PrEP[9].

La Cour de justice de l’Union europĂ©enne a autorisĂ© en la mise sur le marchĂ© de mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques du Truvada qui permettent de rĂ©duire significativement le coĂ»t des traitements[10].

Études scientifiques

Le but des mesures prĂ©ventives est de rĂ©duire l’incidence de l’infection au virus du SIDA (VIH) dans la population et en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), ainsi rĂ©duire les risques de contracter ou propager le VIH. En 2012, les prĂ©servatifs, la prophylaxie post-exposition (TPE), et la circoncision — L'utilisation de la circoncision comme moyen de rĂ©duction des risques dans les pays dĂ©veloppĂ©s est toutefois sujette Ă  controverse — Ă©taient des mĂ©thodes de prĂ©vention reconnues et promues au niveau mondial ; la PrEP, quant Ă  elle, Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un nouvel outil de prĂ©vention[11]. Les premiĂšres Ă©tudes, en 2014-2015, ont mis en Ă©vidence que la PrEP pouvait rĂ©duire le risque d'infection de 86% en moyenne, jusqu'Ă  des rĂ©sultats suggĂ©rant une rĂ©duction des risques de 96 %[12] - [13]. Sur la mĂȘme pĂ©riode, entre 2014 et 2018, une Ă©tude rĂ©trospective, publiĂ©e en 2020, a mis en Ă©vidence que le principal frein Ă  la diffusion de la PrEP Ă©tait son prix[14].

En France l’épidĂ©mie stagne depuis 2007 Ă  plus de 6 200 personnes dĂ©couvrent leur sĂ©ropositivitĂ© chaque annĂ©e parmi lesquelles plus de 40 % d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes[15]. Une nouvelle approche de la prĂ©vention contre le VIH/SIDA s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  travers : la PrEP. Le principe de la PrEP repose sur l’utilisation, par des personnes non-infectĂ©es par le virus, d’un ou plusieurs traitements antirĂ©troviraux pour diminuer le risque de transmission du virus en cas d’exposition. La PrEP par voie orale par Truvada est la plus commune. Elle a Ă©tĂ© approuvĂ©e par la Food and Drug Administration en 2012 aux États-Unis et utilisĂ©e en France depuis janvier 2016. L’étude Ipergay[16], en 2016, a dĂ©montrĂ© une efficacitĂ© de la PrEP par Truvada. La PrEP par Truvada s’inscrit dans la liste des outils de prĂ©vention dĂ©jĂ  existants dans la stratĂ©gie française de lutte contre le VIH/SIDA[17]. DĂšs 2018, en France, les premiers rĂ©sultats encourageants de la PrEP ont Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©s et prĂ©sentĂ© comme une « rĂ©volution de la vie amoureuse et sexuelle des HSH » ou bien comme un « renversement total dans la prise en charge de l'Ă©pidĂ©mie »[18].

Cependant, l’utilisation de la PrEP en France parait limitĂ©e et ce traitement semble peiner Ă  trouver son public parmi les populations ciblĂ©es[19] - [20]. En effet, deux ans aprĂšs de la mise Ă  disposition de la PrEP, le niveau de connaissance de la PrEP restait inĂ©gal et insuffisant. Une enquĂȘte remplie avec le mĂ©decin a Ă©tĂ© proposĂ©e Ă  deux populations (1) une premiĂšre consultant en CeGIDD et ne recevant pas la PrEP, et (2) une seconde de patients infectĂ©s par le VIH. Au moment de cette enquĂȘte, entre 2017 et 2018, le niveau de connaissances Ă©tait moyen, voire mĂ©diocre, chez les moins de 25 ans. MĂȘme si les diffĂ©rences ne sont pas significatives, il semble que la population (2) soit moins favorable Ă  la PrEP que la population (1). Pour les auteurs de cette Ă©tude : le niveau trĂšs faible de connaissance de la PrEP chez les moins de 25 ans serait prĂ©occupant et devrait inciter Ă  des campagnes de prĂ©vention primaire ciblant les jeunes[21] - [22]. RĂ©cemment, des chercheurs se sont demandĂ© si le lieu de rĂ©sidence pouvait avoir une incidence sur les comportements sexuels et attitudes prĂ©ventives. Ils ont mis en Ă©vidence que les comportements sexuels Ă  risque semblaient ĂȘtre moindres dans les villes de taille moyenne, en comparaison aux grandes villes. De plus, l’utilisation du prĂ©servatif par les personnes Ă  risque semblait moins assidue dans les villes oĂč la PrEP n’est pas (encore) prescrite. Enfin, la demande d’information concernant la PrEP est plus importante dans ces villes. Pour ces chercheurs, l’ouverture de consultations, de prescription de la PrEP, pourrait s’envisager, dans une dĂ©marche globale d’amĂ©lioration des stratĂ©gies de prĂ©vention[23]. Par ailleurs, une Ă©tude, en 2018, coordonnĂ©e par le Pr Jean-Michel Molina[24], chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hĂŽpital Saint-Louis Ă  Paris (AP-HP) responsable scientifique de l'essai ANRS Ipergay[25] - [26], a mis en Ă©vidence l'efficacitĂ© (0 contamination au VIH/SIDA) et la bonne tolĂ©rance de la PrEP auprĂšs d'un Ă©chantillon de 1 435 volontaires en Île-de-France[27] - [28].

Depuis 2017, EPI-PHARE rĂ©alise le suivi annuel de l’évolution de l’utilisation de TruvadaÂź ou gĂ©nĂ©riques pour une prophylaxie prĂ©-exposition (PrEP) au VIH Ă  partir des donnĂ©es du SystĂšme national des donnĂ©es de santĂ© (SNDS)[29]. Les derniers chiffres, actualisĂ©s au , mettent en Ă©vidence que la PrEP est restĂ©e l’apanage des HSH, sans s’étendre aux autres catĂ©gories de population qui pourraient en bĂ©nĂ©ficier. Au 30 juin 2021 le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant initiĂ© un traitement par TruvadaÂź ou gĂ©nĂ©riques pour une PrEP a atteint 42 159, soit une hausse de 42% par rapport au chiffre de fin juin 2020. Une tendance Ă  la reprise d’une hausse des initiations s’est dessinĂ©e Ă  partir de fĂ©vrier 2021 et plus particuliĂšrement au mois de juin 2021, marquĂ© par l’élargissement de la primo-prescription de la PrEP Ă  tous les mĂ©decins, notamment les gĂ©nĂ©ralistes. Les usagers de la PrEP restent principalement des hommes, ĂągĂ©s de 36 ans en moyenne, rĂ©sidant en Ile-de-France ou dans une grande mĂ©tropole et parmi lesquels la proportion de bĂ©nĂ©ficiaires de la CMU complĂ©mentaire (indicateur de situation socio-Ă©conomique dĂ©favorable) ou de l’Aide mĂ©dicale d'État est faible.

En 2022, le Groupement d’intĂ©rĂȘt scientifique (GIS) EPI-PHARE publie une nouvelle Ă©tude sur l'efficacitĂ© de la PrEP[30] - [31]. Entre 2016 et 2020, 46 706 personnes ont Ă©tĂ© suivies, parmi c'est personnes : 256 patients atteints d'une infection par le VIH ont Ă©tĂ© identifiĂ©s et appariĂ©s avec 1213 tĂ©moins. Les utilisateurs de la PrEP reprĂ©sentaient 29% des cas (soit 13 544 utilisateurs sur 46 706 personnes) et 49% des tĂ©moins (soit 594 personnes). L'efficacitĂ© de la PrEP Ă©tait globalement de 60% (Ă©carts types (EC) 46 Ă  71), atteignant 93% (EC 84 Ă  97) pour une consommation quotidienne de PrEP, et 86% (EC 78 Ă  92) si l'on exclut les pĂ©riodes post arrĂȘt de la PrEP. L'efficacitĂ© de la PrEP Ă©tait significativement rĂ©duite chez les personnes de moins de 30 ans (26 % d'efficacitĂ©, EC -21 Ă  54) et chez les personnes dĂ©favorisĂ©es sur le plan socio-Ă©conomique (-64 % d'efficacitĂ©, EC -392 Ă  45), ces deux groupes prĂ©sentant une consommation irrĂ©guliĂšre de PrEP et des taux Ă©levĂ©s d'abandon[31]. Cette Ă©tude suggĂšre que l'efficacitĂ© de la PrEP semble ĂȘtre plus faible dans les "conditions rĂ©elles" que ce qui est rapportĂ© dans les essais cliniques. Les auteurs insistent pour un renforcement des efforts visant Ă  amĂ©liorer le suivi de l'observance de la PrEP pour garantir son efficacitĂ©, en particulier chez les jeunes et les personnes dĂ©favorisĂ©es sur le plan socio-Ă©conomique[31].

En 2019, une Ă©tude cherchait Ă  savoir si les patients acceptaient l’évocation de leur santĂ© sexuelle et la prise en charge de la PrEP en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale. Les rĂ©sultats de cette enquĂȘte mettent en Ă©vidence que la plupart des personnes recevant la PrEP sont des homosexuels de niveau Ă©ducatif Ă©levĂ© ayant connu la PrEP en dehors du systĂšme de soins. Si 63 % sont prĂȘts Ă  renouveler la PrEP en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale, c’est d’abord parce que ces derniers semblaient Ă  l’aise avec l’abord de la sexualitĂ©[32]. De plus, les patients demandeurs de PrEP semblent, majoritairement, favorables Ă  un suivi alternĂ© mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste / mĂ©decin spĂ©cialiste hospitalier, ce qui permettrait de satisfaire la forte demande de prise en charge PrEP dans les centres hospitaliers et CeGIDD[33]. Une Ă©tude, rĂ©cente, suggĂšre que la prise de la PrEP est rĂ©gulĂ©e par des stratĂ©gies d'adaptation visant Ă  simplifier sa mise en Ɠuvre au quotidien[34].

La PrEP est disponible en France depuis [6]. Parmi les populations Ă  risque, la population transgenre reprĂ©sente une population mal connue. Les conclusions de cette Ă©tude, menĂ©e Ă  Paris, entre 2016 et 2019, suggĂšrent que la population transgenre est en situation de prĂ©caritĂ©, sans affiliation Ă  un rĂ©gime rĂ©gulier de sĂ©curitĂ© sociale et Ă  risque d’acquisition du VIH. Des consultations dĂ©diĂ©es, en partenariat avec le milieu associatif, permettaient d’augmenter le nombre de personnes transgenres suivies[35]. De plus, en 2020, l’expĂ©rience de la sĂ©ropositivitĂ© reste marquĂ©e par un processus discriminatoire[36].

À partir de l'application Grindr, des chercheurs ont mis en Ă©vidence que les utilisateurs de la PrEP ont, majoritairement, plus de 30 ans. Ils notent une incidence Ă©pidĂ©miologique des IST (notamment rectales) plus importante dans cette population. Pour ces chercheurs ce rĂ©sultat rend compte, probablement, de la diminution de l’usage du prĂ©servatif, mais Ă©galement de l’efficacitĂ© du dĂ©pistage systĂ©matique tous les trois mois[37]. En 2021, toujours Ă  partir de l'application Grindr, une Ă©quipe de chercheurs a mis en Ă©vidence que la perception du risque VIH n'affectait pas la perception d'utilitĂ© de la PrEP[38]. RĂ©cemment, trois chercheurs ont examinĂ© les liens entre la visibilitĂ© du visage sur les photos de profil des applications de rencontres, l'attractivitĂ© perçue, l'auto-efficacitĂ© de l'utilisation du prĂ©servatif et les rapports sexuels anaux rĂ©ceptifs non protĂ©gĂ©s (RSARNP) chez 223 jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ĂągĂ©s de 18 Ă  24 ans provenant d'applications de rencontre en ligne (par exemple, Grindr)[39]. Ils ont mis en Ă©vidence une interaction significative entre l'attrait et la visibilitĂ© du visage pour les RSARNP Ă©tait entiĂšrement mĂ©diatisĂ©e par l'auto-efficacitĂ© de l'utilisation du prĂ©servatif. Plus prĂ©cisĂ©ment, une plus faible visibilitĂ© du visage sur les photos de profil est liĂ©e Ă  une plus faible auto-efficacitĂ© en matiĂšre d'utilisation du prĂ©servatif, qui Ă  son tour est liĂ©e Ă  une plus forte pratique de rapports sexuels anaux rĂ©ceptifs non protĂ©gĂ©s. Cette Ă©tude a des implications cliniques potentiellement importantes car les applications de rencontre sont devenues l'un des moyens les plus courants pour les HSH de trouver des partenaires sexuels[39].

Concernant les effets de la transformation numérique, une étude récente montre que les groupes de discussion (sur Facebook, par exemple), concernant la PrEP, laissent une place plus importante au support entre les membres[40].

Par ailleurs, des consultations proctologiques sont proposĂ©es par les mĂ©decins infectiologues : or, il n’existe actuellement pas de recommandation concernant le contenu de ces consultations[41]. Pour les patients en proctologie recevant la PrEP, il semblerait que leurs questionnements soient Ă  propos : de la contamination papillomavirus humain (HPV) et les autres infections sexuellement transmissibles (IST)[42], un examen clinique, le traitement des lĂ©sions observĂ©es, et leur surveillance. De plus, une Ă©tude publiĂ©e en 2018, par une Ă©quipe du Centre hospitalier universitaire de Nantes, met en Ă©vidence l'intĂ©rĂȘt de dĂ©velopper une offre de santĂ© sexuelle globale intĂ©grant une prise en charge optimisĂ©e des IST pour les personnes recevant la PrEP[43]. Il semblerait que cette prise en charge suscite une rĂ©flexion sur les comportements et sur la place de la sexualitĂ© dans leur vie, tĂ©moignant d’une plus grande autonomie dans la prĂ©vention des IST chez les personnes recevant la PrEP et bĂ©nĂ©ficiant de ce type de prise en charge.

Une étude qualitative suggÚre quatre thÚmes clés indiquant des changements d'expériences au sein de la communauté gay aprÚs le déploiement de la PrEP : (i) le désir d'une relation intime ; (ii) le souvenir d'expériences de stigmatisation ; (iii) les hommes qui ne prennent pas la PrEP sont suspects ; (iv) la prise de conscience de l'effet prophylactique primaire[44]. De plus, les résultats suggÚrent qu'aprÚs le lancement de la PrEP, les hommes vivant avec le VIH ont des relations amoureuses, sexuelles et communautaires qui reflÚtent une réduction générale de la stigmatisation[45] liée à leur séropositivité. Cela suggÚre un réel impact social de la PrEP. Concernant l'impact social de la PrEP, une équipe de chercheurs australiens, a mis en évidence que les hommes gays et bisexuels, ayant des rapports sexuels avec des hommes, sont plus susceptibles de participer à des rapports sexuels en groupe[46].

En 2020, un groupe de travail européen suggÚre que la PrEP reste une méthode préventive rarement utilisée dans les pays d'Europe centrale et orientale[47].

Récemment, une équipe de chercheurs américains s'est intéressée aux pratiques de prise de PrEP, à travers des entretiens semi-directifs avec HSH (et plus particuliÚrement ceux qui ont des relations sexuelles sans préservatif et qui consomment des substances)[48]. Ces chercheurs ont mis en évidence qu'un systÚme de pilule numérique : (1) amélioration la confiance dans les modÚles (continue ou à la demande) de prise de la PrEP ; (2) les hommes interrogés ont exprimé leur confiance envers la sécurité des capteurs de radiofréquence ingérables et l'optimisation de la conception du systÚme de pilule numérique. Ils ont également exprimé leur volonté d'interagir avec la messagerie en fonction des modÚles (continue ou à la demande) de prise de la PrEP enregistrés par le systÚme de pilule numérique. Ces données suggÚrent que les HSH qui consomment des substances trouvent que le systÚme de pilule numérique est une méthode acceptable pour mesurer et enregistrer les modÚles (continue ou à la demande) de prise de la PrEP[48].

TrĂšs rĂ©cemment, une Ă©quipe de chercheurs amĂ©ricains a publiĂ© un rapport clinique accompagnĂ© de recommandations[49]. Le point de dĂ©part de ce rapport provient du fait que « La plupart des jeunes sexuellement actifs aux États-Unis ne pensent pas qu'ils risquent de contracter le VIH et n'ont jamais fait de test de dĂ©pistage. ». Ainsi, les auteurs et les Centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies recommandent un dĂ©pistage universel et systĂ©matique du VIH parmi les populations amĂ©ricaines, y compris les jeunes. Les progrĂšs rĂ©cents en matiĂšre de diagnostic, de traitement et de prĂ©vention du VIH contribuent Ă  soutenir cette recommandation. Ce rapport clinique passe en revue les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques et recommande que le dĂ©pistage systĂ©matique du VIH soit proposĂ© Ă  tous les jeunes de 15 ans ou plus, au moins une fois. AprĂšs ce dĂ©pistage initial, les jeunes Ă  risque accrus, y compris ceux qui sont sexuellement actifs, doivent faire l'objet d'un nouveau dĂ©pistage au moins une fois par an, voire tous les 3 Ă  6 mois s'ils sont Ă  risque. Potentiellement tous les 3 Ă  6 mois s'ils sont Ă  haut risque (jeunes hommes dĂ©clarant avoir des partenaires sexuels de sexe masculin, utilisateurs actifs de drogues injectables, jeunes transgenres ; jeunes ayant des partenaires sexuels infectĂ©s par le VIH, des deux sexes, ou des consommateurs de drogues injectables ; les jeunes qui Ă©changent des rapports sexuels contre de la drogue ou de l'argent ; ou les jeunes qui ont reçu un diagnostic ou demandĂ© un test de dĂ©pistage pour d'autres maladies ou d'autres infections sexuellement transmissibles). Les jeunes prĂ©sentant un risque important d'acquisition du VIH doivent se voir systĂ©matiquement proposer une prophylaxie prĂ©-exposition au VIH. Ce rapport clinique aborde Ă©galement les questions de consentement et de la confidentialitĂ©.

Fonction rénale

La fonction rĂ©nale est susceptible d'ĂȘtre altĂ©rĂ©e chez les personnes qui prennent de la PrEP. Jusqu'en Octobre 2022[50], aucune donnĂ©es ne mettait en Ă©vidence de risque plus Ă©levĂ©, ou non, en fonction du mode de prise de la PrEP. L'Ă©quipe du Service des maladies infectieuses, Assistance publique - HĂŽpitaux de Paris (AP-HP), HĂŽpitaux Saint Louis et LariboisiĂšre, a comparĂ© l'impact des modes de prises de PrEP quotidienne ou Ă  la demande sur la fonction rĂ©nale[50]. L'Ă©tude a inclus 1 253 participants, entre 2017 et 2020, prenant la PrEP quotidiennement ou Ă  la demande, selon leur prĂ©fĂ©rence. Tous les trois mois, les chercheurs ont recueilli des donnĂ©es sur les schĂ©mas posologiques des participants. De plus, les participants devaient produire un rĂ©sultat d'analyse de la crĂ©atinine (marqueur du fonctionnement du rein) Ă  chaque visite. Sur les 1 253 participants, 40 % Ă©taient des usagers de PrEP en continu, 39 % Ă  la demande et 21 % ont alternĂ© les deux schĂ©mas de prise. Sur cette pĂ©riode, seulement 5 participants ont connu une rĂ©duction de la quantitĂ© de liquide filtrĂ©e par les reins supĂ©rieure Ă  25 %. Deux participants ont arrĂȘtĂ© la PrEP en raison d'une diminution de la quantitĂ© de liquide filtrĂ©e par les reins et tous deux l'ont reprise par la suite sans problĂšme. Cet effet de la PrEP sur la fonction rĂ©nale n’est pas irrĂ©versible. Ces chercheurs suggĂšrent que pour les HSH prĂ©sentant des facteurs de risque de dysfonctionnement rĂ©nal, ce risque devrait ĂȘtre prises en compte lors du choix du schĂ©ma de prise de la PrEP. NĂ©anmoins, ils soulignent que sur la pĂ©riode de leur Ă©tude, le bĂ©nĂ©fice de la PrEP Ă  la demande par rapport Ă  la PrEP quotidienne en termes de risque de dysfonctionnement rĂ©nal Ă©tait trĂšs faible et non-significatif[50].

Santé mentale

En , une équipe de chercheurs, des Pays-Bas, ont publié dans EClinicalMedecine, une revue référencée par The Lancet, une étude ne mettant en évidence aucune augmentation des troubles de santé mentale pendant la PrEP, mais à l'inverse une diminution des rapports sexuels compulsifs et des troubles liés à la consommation de drogues[51] - [52].

Densité minérale osseuse

En 2019, Une Ă©quipe de mĂ©decins et chercheurs des hĂŽpitaux de l'APHP partant du constat que les patients infectĂ©s par le VIH ont une densitĂ© minĂ©rale osseuse plus faible et une incidence de fractures plus Ă©levĂ©e que la population gĂ©nĂ©rale du mĂȘme Ăąge et du mĂȘme sexe[53] - [54] - [55] - [56], ont cherchĂ© a Ă©valuer l'impact de l'exposition aux mĂ©dicaments antirĂ©troviraux sur le risque de fractures ostĂ©oporotiques[57]. Leurs rĂ©sultats suggĂšrent qu'il n'y a aucune association entre le risque de fracture et l'exposition aux mĂ©dicaments antirĂ©troviraux (odds ratio : 1,04 (0,86-1,27), rĂ©sultat similaire pour les sujets jamais exposĂ©s). Cette Ă©tude ne met en Ă©vidence aucune preuve d'un risque excessif de fracture aprĂšs l'exposition aux mĂ©dicaments antirĂ©troviraux[57].

En 2020, une équipe, de médecins et chercheurs thaïlandais, a mis en évidence une augmentation de la densité minérale osseuse chez de jeunes hommes, entre 15 et 24 ans, utilisant la PrEP[58]. Cet effet serait lié à une prise concomitante de vitamine D3 et de Calcium. L'équipe envisage un protocole longitudinal afin d'observer les effets à long terme.

Chez les femmes

En France, la majoritĂ© des personnes utilisant la PrEP sont des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. RĂ©cemment deux Ă©tudes, internationales, ont montrĂ© l'efficacitĂ© de la PrEP pour les femmes, mĂȘme si la PrEP est utilisĂ©e de maniĂšre non continue[59].

En 2021, un Ă©tude menĂ©e par une Ă©quipe amĂ©ricaine publiĂ© dans la revue Journal of Interpersonal Violence, dans cette Ă©tude les auteurs ont mis en Ă©vidence que les antĂ©cĂ©dents de violence conjugale psychologiques (Odds ratio (OR) 3.0, 95% intervalle de confiance (CI) 1.1–9.4) et les IPV physiques (OR 5.5, 95% CI 1.2–18.9), chez les femmes, au cours de la vie, Ă©taient significativement associĂ©es Ă  une meilleure connaissance de la PrEP. Les IPV psychologiques (OR 6.3, 95% CI 1.0–13.6) et les IPV physiques (OR 4.3, 95% CI 4.3–11.5), chez les femmes, au cours de la vie, Ă©taient, Ă©galement, significativement associĂ©es Ă  un « meilleur » comportement sexuel, si elles Ă©taient sous PrEP. Plus spĂ©cifiquement, les IPV physiques, au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, Ă©taient significativement associĂ©e Ă  l'intĂ©rĂȘt des femmes pour la PrEP (OR 1.9, 95% CI 1.7–4.3) et Ă  l'utilisation de la PrEP (OR 4.0, 95% CI 1.1–13.1) lors des rapports sexuels. Le fait d'ĂȘtre subordonnĂ© aux autres est Ă©galement associĂ© de maniĂšre significative Ă  l'intĂ©rĂȘt pour la PrEP (OR 1.5, 95% CI 1.2–2.4). Les normes de genre, le type et le moment des IPV peuvent influencer l'intĂ©rĂȘt d'une personne Ă  utiliser la PrEP[60].

Facteurs d'arrĂȘt de la PrEP

En 2020, une Ă©tude s'est intĂ©ressĂ©e aux facteurs affectant l'arrĂȘt de la PrEP dans une grande clinique urbaine de Los Angeles[61]. Les auteurs de cette Ă©tude ont mis en Ă©vidence que les raisons les plus frĂ©quentes d'arrĂȘt de la PrEP Ă©taient l'entrĂ©e dans une relation monogame (43 %) et les craintes d'effets secondaires (40 %).

Des chercheurs, aux États-Unis, se sont, rĂ©cemment, intĂ©ressĂ©s Ă  la prise de la PrEP chez les couples sĂ©rodiscordants, sur une pĂ©riode de 24 mois[62]. Les rĂ©sultats de cette Ă©tude mettent en Ă©vidence que les partenaires masculins sĂ©ronĂ©gatifs dont les partenaires avaient une charge virale indĂ©tectable, avaient plus de chances d'ĂȘtre des utilisateurs de la PrEP que les partenaires sĂ©ronĂ©gatifs dont les partenaires avaient une charge virale dĂ©tectable. Les auteurs de cette Ă©tude soulignent la nĂ©cessitĂ© de poursuivre des actions de prĂ©vention pour amĂ©liorer l'utilisation des mĂ©dicaments contre le VIH par les couples masculins sĂ©rodiscordants.

Covid-19

Par ailleurs, des chercheurs australiens ont mis en évidence des changements de comportements sexuels, ainsi que des changements dans l'utilisation de la PrEP, liés aux restrictions préventives de la Maladie à coronavirus 2019[63]. Ils insistent sur la nécessité de poursuivre des campagnes de préventions et d'informations sur les schémas de la prise à la demande de la PrEP. Des chercheurs américains suggÚrent que si la Covid-19 a généré un certain nombre de difficultés dans le suivie de la PrEP, elle a, par ailleurs, permis la croissance des téléconsultations[64].

En , la revue Satistics in Biosciences, consacre un numéro spécial sur les méthodes statistiques pour l'étude du VIH[65]. Le coordinateur de ce numéro conclut l'introduction de ce numéro spécial en précisant que « les idées et principes fondamentaux présentés dans ces articles s'appliquent également à la recherche Covid-19. ».

Le suivi annuel de l’évolution de l’utilisation de TruvadaÂź ou gĂ©nĂ©riques pour une PrEP au VIH, l'Ă©tude EPI-PHARE, publiĂ© en , Ă  partir des donnĂ©es du SystĂšme National des DonnĂ©es de SantĂ© (SNDS) suggĂšre une baisse marquĂ© et durable dans la dynamique de diffusion de la PrEP en France depuis le dĂ©but de l’épidĂ©mie de Covid-19, bien qu’une reprise semblait se dessiner au dĂ©but de l’étĂ© 2021[29].

Presse

En , le laboratoire GlaxoSmithKline annonce que la prise de la PrEP par injection, tous les deux mois, semble ĂȘtre plus efficace qu'une prise en continu[66] - [67]. En , cette nouvelle prophylaxie a obtenu la dĂ©signation de « thĂ©rapie innovante » par la Food Drug Administration (FDA) aux États-Unis[68]. Cette dĂ©signation aide au dĂ©veloppement de mĂ©dicaments et accĂ©lĂšre leur examen par la FDA.

Acculturation

Littérature - Essai

« Avec la PrEP, la prévention anti-VIH dispose d'un traitement préventif aussi efficace qu'un vaccin toujours hypothétique. »

— Didier Lestrade, I Love Porn

« Un des phĂ©nomĂšnes sous-jacents de ce livre, celui qui permet d'aborder la sexualitĂ© dans une optique post-sida, c'est la rĂ©volution de la PrEP. Aujourd'hui, grĂące Ă  une bithĂ©rapie d'antirĂ©troviraux commercialisĂ©e en France et dans de nombreux pays, mĂȘme en Afrique oĂč les gĂ©nĂ©riques sont distribuĂ©s, il est possible de protĂ©ger celles et ceux qui ont une vie sexuelle qui prĂ©sente de nombreux risques de contamination par le VIH. »

— Didier Lestrade, I Love Porn

« La PrEP a Ă©tĂ© (et reste toujours) un sujet polĂ©mique, surtout chez les gays. Depuis les premiĂšres Ă©tudes menĂ©es chez les hĂ©tĂ©rosexuels par le chercheur suisse Bernard Hirschel, en 2008[69], de nombreuses disputes ont opposĂ© ceux qui croyaient Ă  l'efficacitĂ© de la PrEP et ceux (comme moi) qui se mĂ©fiaient de ces donnĂ©es scientifques prĂ©liminaires. [
] Pourquoi les personnes sĂ©ronĂ©gatives devraient prendre un traitement VIH pour rester sĂ©ronĂ©gatives ? »

— Didier Lestrade, I Love Porn

« La PrEP a considérablement changé le climat de suspicion qui régnait pendant la décennie du Bareback, de 1997 à 2007. »[70]

— Didier Lestrade, I Love Porn

Pop-culture

« Un taz ? Non, d'la PreP. »

— Bilal Hassani, Transfert trottinette

Notes et références

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Bibliographie

Liens externes

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