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Prochaines élections générales italiennes

Prochaines élections générales italiennes
400 députés de la Chambre des députés
200 sénateurs du Sénat de la République
Giuseppe Conte - Foto.jpeg Mouvement 5 étoiles – Giuseppe Conte
Députés en 2018 228
Sénateurs en 2018 112
Matteo Salvini Viminale crop.jpg Ligue – Matteo Salvini
Députés en 2018 125
Sénateurs en 2018 58
Enrico Letta 2017 (cropped).jpg Parti démocrate – Enrico Letta
Députés en 2018 111
Sénateurs en 2018 53
Silvio Berlusconi 2018.jpg Forza Italia – Silvio Berlusconi
Députés en 2018 104
Sénateurs en 2018 57
Giorgia Meloni 2018.jpg Frères d'Italie – Giorgia Meloni
Députés en 2018 32
Sénateurs en 2018 18
Président du Conseil des ministres
Sortant
Mario Draghi
SE

Les prochaines élections générales italiennes doivent avoir lieu le au plus tard, afin d'élire 200 sénateurs et les 400 députés composant le Parlement de la République italienne.

Du fait de la difficulté de former un gouvernement et des crises traversées par les différents partis, la possibilité d'élections anticipées est maintes fois discutée dès le début de la XVIIIe législature, qui connaît trois formations gouvernementales : le gouvernement Conte I (2018-2019), qui rassemble le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue ; le gouvernement Conte II (2019-2021), entre le M5S et le Parti démocrate (PD) ; le gouvernement Draghi (depuis 2021), qui réunit tous les groupes parlementaires sauf Frères d'Italie (Fdl).

Contexte

Cette section est trop longue. Elle pourrait gagner à être raccourcie ou répartie en plusieurs sous-sections.
Il est également possible que sa longueur crée un déséquilibre dans l'article, au point d'en compromettre la neutralité en accordant à un aspect du sujet une importance disproportionnée.

Après les élections de 2018

Premier gouvernement Conte

Les élections organisées le ont pour résultat un parlement sans majorité dans lequel aucune des trois principales forces politiques ne décroche la majorité absolue. Le Mouvement 5 étoiles arrive en tête et devient le premier parti au parlement avec près d'un tiers des sièges. Il est toutefois devancé par les résultats conjugués de la Coalition de centre droit, au sein de laquelle la Ligue s'impose face à une Forza Italia en fort déclin, tandis que le Parti démocrate du président du Conseil sortant Paolo Gentiloni observe un net recul. Bien que restant le deuxième parti en termes de voix, il devient le troisième en nombre de sièges.

Après plusieurs mois de négociations frôlant à plusieurs reprises le risque d'un échec qui aurait mené à des élections anticipées, une coalition est finalement formée le 1er juin entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue dont les dirigeants Luigi di Maio et Matteo Salvini deviennent vice-présidents au sein d'un gouvernement dirigé par le juriste indépendant Giuseppe Conte. Giuseppe Conte présente sa liste de ministres le au président de la République, Sergio Mattarella[1]. Le cabinet est investi le lendemain, après une crise politique de 88 jours, soit la plus longue de la République italienne[2],[3].

Le , après un discours de Giuseppe Conte devant le Sénat d'une durée de 1 h 15, le plus long de l'histoire parlementaire italienne[4], le gouvernement obtient la confiance par 171 votes pour, 117 contre et 25 abstentions[5]. Le , le gouvernement remporte le vote de confiance à la Chambre des députés avec 350 voix pour, 236 contre et 35 abstentions[6].

Fragilisation de la coalition

L'équilibre au sein de la coalition est marqué par plusieurs désaccords sur la politique intérieure et économique, la Ligue souhaitant des réductions d'impôts sous la forme d'un taux d'imposition unique, tandis que le M5S entend mener une politique sociale avec notamment un revenu de base pour les plus démunis. Les partenaires de coalition s'entendent néanmoins sur le vote d'une réforme fermement anti corruption, chère au M5S[7]. La Ligue donne libre cours à sa politique anti migratoire, en particulier sur le sujet des bateaux de passeurs de réfugiés et d'immigrés clandestins traversant la Méditerranée[8]. Le M5S reçoit quant à lui le soutien de la Ligue dans ses projets de réforme constitutionnelle visant à instaurer le référendum propositif ainsi qu'une réduction de 945 à 600 du total des parlementaires.

La coalition est également fragilisée par une inversion du rapport de force en son sein. Le M5S, arrivé en tête en 2018 avec plus de 32 % des suffrages, voit ses intentions de vote chuter de moitié tandis que la Ligue, qui en avait recueilli 17 %, monte à plusieurs reprises dans les sondages et frôle les 40 %. Plusieurs scrutins régionaux confirment la tendance, la coalition de centre droit - rompue au niveau national mais maintenue dans les régions - remporte ainsi l'une après l'autre les élections régionales organisées en 2019 aux Abruzzes, en Sardaigne, en Basilicate et au Piémont. Aux européennes de mai 2019, la Ligue arrive à nouveau en tête avec 34 %, tandis que le M5S chute à la troisième place derrière le PD avec 17 % des suffrages[9]. Dès lors, la rupture de la coalition avant le terme de la législature en 2023 est pressentie[10].

Le Mouvement 5 étoiles subit le retour de bâton d'un mauvaise mise en œuvre de ses principales réformes économiques. Luigi Di Maio, ministre du Travail, souhaite lutter contre la précarité dans le monde professionnel par deux grands moyens. D’une part, il institue un « décret Dignité », qui restreint l'utilisation et la durée des contrats à durée déterminée et sanctionne les entreprises effectuant des délocalisations si elles ont reçu dans les cinq années précédentes des aides de l'État, en leur infligeant des amendes de deux à quatre fois le montant perçu. Les mesures sur les contrats d'embauche sont cependant très mal accueillies par la population, qui critique les nouvelles contraintes réglementaires et les effets pervers sur le recours au travail au noir, sans effets apparents sur le chômage, qui reste élevé[11],[10]. D'autre part, il instaure le revenu minimum universel sous la forme d'un revenu de citoyenneté réservé aux plus démunis, décevant une partie de son électorat, tout en attisant la crainte de l'assistanat[10].

En parallèle, Matteo Salvini accroit sa popularité par ses actions en tant que ministre de l'Intérieur, en particulier dans la lutte contre l'immigration. La population approuve ainsi majoritairement sa décision de fermer les ports italiens aux navires des ONG, considérés comme des vecteurs de trafic d'êtres humains[10]. Les annonces de la Ligue sur des projets de loi visant à introduire un taux d'imposition unique et à accroitre l'autonomie des régions trouvent un écho dans la population, en particulier dans les régions du Nord, bastion historique du parti[10]. Le , alors que des dissensions commencent ouvertement à apparaître entre les deux partenaires, Conte va jusqu'à menacer de démissionner si ces dernières persistent[12].

Crise politique de 2019

Tracé du projet de liaison Lyon-Turin.

La coalition finit enfin par buter sur le projet de tunnel ferroviaire sous les Alpes assurant la liaison entre Lyon et Turin. La Ligue, proche des milieux économiques, y est favorable, tandis que le M5S, construit en partie sur l'opposition à la corruption, remet en question les marchés publics conclus sous les précédents gouvernements. Le coût du projet, vieux de trente ans, est estimé à 26 milliards d'euros lors de sa conclusion en 2001, avant son report du fait de la crise économique de 2010, et le mouvement populiste juge préférable d'utiliser une telle somme pour un large programme de renouveau du Sud du pays[13]. Le conflit sur ce dossier est fortement accentué par le régionalisme de l'électorat des deux formations. Si six italiens sur dix sont en effet favorables au projet, la grande majorité se trouve dans le Nord, bastion de la Ligue, tandis que la population du Sud du pays, acquise au M5S, s'y oppose majoritairement[10].

Un temps repoussé de plusieurs mois sur la médiation du président du Conseil des ministres Conte, favorable au projet, ce dernier revient devant le parlement début août. Le désaccord entre les deux partenaires de coalition aboutit à une crise politique, la Ligue votant pour, soutenue par l'opposition, tandis que le M5S vote sans succès contre le projet[9].

Le président de la République, Sergio Mattarella.

Le , après avoir longuement rencontré Giuseppte Conte et le président Sergio Mattarella, Matteo Salvini annonce la fin de la coalition et demande des législatives anticipées pour l'automne[14]. L'annonce provoque une certaine surprise : bien que la rupture de la coalition est attendue depuis des mois, un simple remaniement avec le départ de plusieurs ministres, dont celui de l'Économie, était envisagé à l'issue de ce conflit.

Giuseppe Conte déjoue cependant les attentes de Matteo Salvini en ne remettant pas sa démission, obligeant le chef de la Ligue à recourir à la voie parlementaire pour mettre fin au gouvernement avec le dépôt d'une motion de censure. Salvini est soupçonné de vouloir bénéficier d'une situation favorable, les sondages accordant près de 40 % à son parti, ce qui lui permettrait de gouverner seul ou avec le soutien du parti d'extrême droite Frères d'Italie[15]. Il propose également à Silvio Berlusconi de faire intégrer Forza Italia, moribond dans les sondages, à des listes communes sous le seul sigle de la Ligue. La volonté de Salvini de retourner aux urnes viserait à ne pas répéter l'erreur de Matteo Renzi qui, après avoir recueilli plus de 40 % des voix aux européennes de 2014, n'avait pas su capitaliser sur sa popularité, et avait vu son parti chuter de près de moitié aux législatives de 2018.

Les deux chambres, alors en période de vacances estivales, convoquent des sessions extraordinaires pour décider du vote de motions de censure, jugées assurées d'être votées. Le président Mattarella dispose de la possibilité de maintenir le gouvernement sortant pour expédier les affaires courantes jusqu'à un scrutin organisé en octobre, ou bien de pousser à la formation d'un gouvernement de technocrates pour assurer la transition jusqu’aux élections suivantes, éventuellement repoussées jusqu'au début de l’année 2020, une pratique courante en Italie[16]. Le président Mattarella est notoirement opposé à l'organisation de scrutins nationaux à l'automne du fait de la difficulté qu'elles entraînent à voter le budget en septembre et des effets négatifs que cette incertitude ferait peser sur l'économie. Un gouvernement technique doit cependant recueillir le soutien d'une majorité au Parlement, issue d'un compromis entre les principaux partis[17].

Retournement d'alliance

Matteo Renzi, ancien président du Conseil des ministres (2014-2016).

De manière inattendue, la crise aboutit à un renversement d'alliance, le Mouvement cinq étoiles se tournant vers le Parti démocrate, jusque là dans l'opposition, pour former une nouvelle coalition. Conte est ainsi maintenu à la tête d'un second gouvernement qui fait avorter la tentative de retour aux urnes et relègue la Ligue dans l'opposition. L'ancien dirigeant du Parti démocrate Matteo Renzi crée en effet la surprise en proposant le de soutenir un gouvernement technique réunissant son parti, le M5S et toute autre formation politique afin de repousser à 2020 la tenue du scrutin. Renzi annonce notamment son soutien au vote de la réforme constitutionnelle du M5S, malgré le vote opposé du PD au cours des étapes précédentes de la procédure, déclarant qu'à moins d'un mois du vote final celle-ci doit désormais être menée à son terme, quitte à voir la population trancher par la suite par référendum, la baisse du nombre de parlementaires permettant selon lui d'éviter une hausse de la TVA[18],[19] ; en l'absence de réduction du déficit budgétaire, celle-ci passerait automatiquement de 22 à 25 % au 1er janvier suivant en vertu d'un accord passé avec l'Union européenne[20],[21]. Les deux mouvements politiques font cependant l'objet d'une détestation mutuelle depuis plusieurs années, une situation qui avait rendue impossible la formation d'une coalition en 2018. Fin juillet, Matteo Renzi déclarait encore : « Le Mouvement 5 étoiles n'est pas un mouvement démocratique. […] Je ne voterai jamais pour une coalition PD/M5S. […] On peut renoncer à un siège, comme je l'ai déjà fait maintes fois, mais on ne peut pas renoncer à sa dignité. »[22].

La situation en rend le M5S plus enclin à une telle alliance au vu des sondages annonçant une chute de moitié de ses intentions de vote. Une grande partie des élus du Parti démocrate craignent quant à eux de nouvelles élections pour des raisons internes. Les élections précédentes avaient vu Matteo Renzi décider de la composition des listes électorales démocrates. Alors à la tête du parti malgré son remplacement à la tête du gouvernement à la suite de sa défaite au référendum de 2016 et sa démission, Renzi avait ainsi favorisé ses partisans et soutiens en les disposant en tête des listes dans les circonscriptions les plus favorables. Désormais remplacé à la présidence du mouvement par Nicola Zingaretti, lui-même désireux de renforcer sa position, un scrutin anticipé mènerait à la perte de leurs sièges pour la plupart des soutiens de Renzi, et affaiblirait la position de l'ancien chef, soupçonné de préparer son retour[23],[22]

Le Sénat ayant voté le premier la confiance au gouvernement Conte lors de son investiture, les sénateurs ont la primauté sur le vote d'une motion de censure. Cette dernière fait l'objet d'un débat le , sans qu'une majorité ne s'accorde sur une date[24]. La date du est finalement retenue pour une intervention du président du Conseil à la Chambre, éventuellement suivie du vote d'une motion[25]. Redoutant que le délai puisse permettre au M5S et au PD de s'entendre sur une nouvelle coalition en vue de former un gouvernement politique[26], Salvini se déclare prêt à soutenir le vote final de la réforme constitutionnelle contre l'organisation dès octobre des élections anticipées[27]. Luigi Di Maio oppose cependant une fin de non recevoir à ses tentatives de réconciliation, déclarant qu'il considère actée la rupture entre les deux formations[28].

Second gouvernement Conte

Article connexe : Gouvernement Conte II.
Giuseppe Conte venant présenter sa démission au président Mattarella ().

Lors de son discours au Sénat le , Giuseppe Conte annonce sa démission, faisant le constat de l'impossibilité de poursuivre le gouvernement de coalition à la suite de la défection de la Ligue[29]. Sa démission est acceptée le jour-même par le président Mattarella[30]. Celui-ci s'entretient le lendemain avec son prédécesseur Giorgio Napolitano, et avec les présidents des chambres et groupes parlementaires et les dirigeants des principaux partis, et poursuit ses consultations les jours suivants, afin de juger s'il est possible de former un nouveau gouvernement[31].

Le vote de la réforme constitutionnelle de réduction du nombre de parlementaires, prévu le 22, est finalement repoussé la veille à une date indéterminée, en attendant la résolution de la crise politique[32]. De son côté, le Parti démocrate propose officiellement une coalition avec le M5S en formulant cinq exigences — europhilie, retour à la seule démocratie représentative avec l'abandon du projet d'amendement sur la démocratie directe, politique de développement fondée sur la protection de l'environnement, changement de cap dans la gestion des flux migratoires, et politique économique et sociale tournée vers davantage de redistribution et d'investissements —, auxquelles s'ajoute le départ de Conte, jugé trop complaisant par le passé envers la politique migratoire restrictive de la Ligue. Conte est cependant soutenu par Di Maio, qui le qualifie de « serviteur de la Nation dont l'Italie ne peut pas se passer »[33],[34].

Le secrétaire du Parti démocrate, Nicola Zingaretti.

Les négociations prennent plusieurs semaines. Le enfin, le M5S et le PD indiquent être d'accord pour que Conte reçoive le mandat de former « un gouvernement de long terme »[35]. Conte est reçu le lendemain par le président Mattarella pour être chargé de former un gouvernement[36], ce qu'il accepte « avec réserve », conformément à la tradition[37]. Il promet dans la foulée un « projet de nouvel humanisme visant à faire de l'Italie un pays plus juste, plus compétitif, plus solidaire, plus inclusif », d'œuvrer à la « relance » de l'économie et redonner au pays « la place qu'[il] mérite » et « un rôle de premier plan en Europe dans le respect du multilatéralisme »[38]. Le PD annonce le la finalisation du programme de gouvernement[39]. Luigi Di Maio renonce à son retour à la vice-présidence du Conseil des ministres[40] et devient ministre des Affaires étrangères. Le nouveau gouvernement obtient le 9 la confiance à la Chambre des députés par 343 voix pour et 260 contre[41],[42], suivie le lendemain de celle au Sénat de la République par 169 voix pour, 133 contre et cinq abstentions[43].

Le président du Conseil des ministres ressort personnellement renforcé de cette crise, considérée comme une défaite politique pour le chef de la Ligue Matteo Salvini, qui fait les frais de son mauvais calcul politique. Le nouveau gouvernement, qui voit s'associer deux partis fortement opposé l'un à l'autre, est cependant jugé particulièrement fragile, tandis que la Ligue se maintient malgré tout en tête des sondages et remporte tous les scrutins régionaux qui s'ensuivent. Ce facteur d'instabilité se poursuit ainsi tout au long de l'existence du second gouvernement[44].

Poursuite d'une relative instabilité

Le second gouvernement Conte est très vite fragilisé par les sondages défavorables et de multiples défections au sein des deux partis le composant, réduisant à quatre sièges sa majorité à la chambre haute[45]. Outre la scission du Parti démocrate initiée par Matteo Renzi, le Mouvement 5 étoiles fait face au départ de plus d'une trentaine de parlementaires, aboutissant le à la démission de Luigi Di Maio de la tête du parti, remplacé à titre temporaire par Vito Crimi.

Référendum constitutionnel

En raison de l'hypothèse d'un report voire d'un enterrement du dernier vote de la réforme constitutionnelle, le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles finissent par s'entendre sur un passage accéléré à la Chambre, en échange d'une réforme de la loi électorale. Celle-ci instaurerait la proportionnelle intégrale en supprimant l’élection d'une part des sièges au scrutin majoritaire à un tour tout en rehaussant le seuil électoral au-dessus des 3 % en vigueur. Ces changements permettraient aux deux partis d'éviter l'obtention d'une majorité absolue par la Ligue, en regain dans les sondages[46]. La réduction du nombre de parlementaires est adoptée en seconde lecture à la Chambre, par 553 voix pour, 14 contre et 2 abstentions, le [47]. Après le dernier vote, un délai de trois mois s'ensuit au cours duquel une mise à référendum peut être demandée par un minimum de 500 000 électeurs, ou au moins un cinquième des membres de l'une des deux chambres, ou au moins cinq des vingt conseils des régions d'Italie. À défaut, l'amendement constitutionnel entre en vigueur à l'issue de ce délai. Un total de 71 sénateurs en fait cependant la demande[48]. Le quorum de 64 membres de la chambre haute étant atteint, la réforme constitutionnelle est soumise à référendum après approbation de la Cour constitutionnelle[49].

La mise à référendum de l'amendement de réduction du nombre de parlementaire fragilise encore davantage la coalition, qui voit ses membres susceptibles de voter sa chute et l'organisation d'élections anticipée afin que le scrutin ainsi mis en œuvre ait lieu avant la réduction, leur permettant de garder plus facilement leurs sièges[50]. Conte tente de calmer ces craintes, en proposant notamment l'organisation le plus tôt possible du référendum, en , de manière à ne pas laisser le temps au parlementaires de tenter une dissolution[51].

Scission du Parti démocrate

Le , Matteo Renzi officialise sa scission du Parti démocrate en fondant le parti Italia Viva (Italie vivante), qu’il présente comme un parti au centre de l'échiquier politique, à la manière de La République en marche du président français Emmanuel Macron. 25 députés et au moins 15 sénateurs acquis à Matteo Renzi font aussitôt défection pour rejoindre le nouveau parti, de même que deux des membres du gouvernement Conte II. Ils sont suivis par des transfuges du parti Forza Italia, du Parti socialiste italien et de la Liste civique populaire, un premier meeting du parti étant prévu courant octobre, suivi de la diffusion d'un programme. Si Matteo Renzi assure alors qu'Italie vivante continuera de soutenir le gouvernement, si besoin jusqu'en 2023, Giuseppe Conte se déclare « perplexe » face à l’initiative, tandis que Nicola Zingaretti juge que « briser le Parti démocrate est une erreur »[52],[53],[54],[55].

Élections régionales de 2020

La démission de Di Maio en janvier intervient en anticipation d'une défaite aux élections régionales[56]. Une chute du gouvernement est ainsi jugée probable en cas de défaite du Parti démocrate aux élections régionales du en Calabre et surtout en Émilie-Romagne, bastion historique du parti, pourtant mis au coude à coude par la Coalition de centre droit menée par la Ligue[50].

Le PD perd finalement le contrôle de la Calabre au profit de la coalition de centre droit mais conserve l’Émilie-Romagne tandis que M5S confirme son net déclin avec des résultats à un chiffre dans les deux régions[57].

Crise politique de 2021

Départ d'Italia Viva du gouvernement

Le , les deux ministres issus de Italia Viva démissionnent du gouvernement. En effet, Matteo Renzi annonce le retrait de sa formation de la coalition à la suite à de désaccords sur la nature de la réforme électorale en discussion au parlement ainsi que sur la gestion des fonds européens destinés à la reprise économique post-pandémie de Covid-19. Le gouvernement perd alors sa majorité absolue[58]. Conte sollicite un vote de confiance le à la Chambre des députés et le 19 au Sénat de la République[59]. Il obtient la confiance de la Chambre des députés avec 321 voix favorables et 259 contre[60]. Il obtient également la confiance du Sénat de la République avec 156 voix favorables, 140 contre et 16 abstentions, sans parvenir pour autant à réunir la majorité absolue[61].

Démission de Conte

N'ayant pas parvenu à obtenir un soutien suffisant au Sénat pour poursuivre sa politique, Conte annonce sa démission environ deux semaines plus tard, le , et indique au président Sergio Mattarella qu'il est prêt à tenter de former un troisième gouvernement[62]. Les négociations en ce sens finissent cependant par échouer face au refus d'Italia Viva de revenir dans la coalition[63].

Gouvernement Draghi

Article détaillé : Gouvernement Draghi.

Le , le président Mattarella confie au président de la Chambre des députés Roberto Fico un mandat exploratoire pour tenter de reconstituer la majorité sortante[64]. Les négociations échouent le [65]. Le président convoque alors l'ancien gouverneur de la Banque centrale européenne Mario Draghi et le charge de former[66] un gouvernement de technocrates avec pour principale mission la gestion du plan de relance de 209 milliards d'euros[67],[68].

Il reçoit le soutien du Parti démocrate, d'Italia Viva, et de Forza Italia, ainsi que de l'opposition puis du soutien avec réserve de la Ligue du Nord[69] et du Mouvement 5 étoiles, ce dernier laissant le choix à ses militants[70]. Le , les militants du Mouvement 5 étoiles approuvent à leur tour le soutien de leur parti au gouvernement Draghi lors d'un vote en ligne par 59,3 % des suffrages exprimés[71].

Le 14 mars 2021, alors qu'il est passé en quatrième position dans les sondages avec la perspective d'un Mouvement 5 étoiles dirigé par Giuseppe Conte, le Parti démocrate élit comme secrétaire Enrico Letta pour succéder à Nicola Zingaretti, démissionnaire. L’ancien président du Conseil effectue ainsi son retour à Rome, après une carrière d’enseignant à Paris, pour éviter l’effondrement d’un parti qui l’avait pourtant remplacé par Matteo Renzi en 2014. Le nouveau dirigeant du PD indique aussitôt souhaiter reformer la coalition de centre gauche en discutant y compris avec le parti de Matteo Renzi[72].

Le 3 août 2021 débute le semestre blanc durant lequel le président Mattarella ne peut dissoudre le Parlement pendant les six derniers mois de son mandat, rendant ainsi impossible la tenue du scrutin au plus tôt dans les 70 jours suivant l'élection du nouveau président de la République[73].

Système électoral

Contexte institutionnel

Le parlement bicaméral italien est composé d'une chambre basse, la Chambre des députés et d'une chambre haute, le Sénat de la République. Le Parlement possède la particularité, devenue très rare dans le monde, de fonctionner selon un bicaméralisme dit « parfait », les deux chambres ayant des pouvoirs égaux : les lois doivent être votées par chacune d'elles, sans que l'une puisse outrepasser l'autre, tandis que le gouvernement est responsable devant les deux chambres. Il doit ainsi obtenir la confiance des parlementaires à la Chambre tout comme au Sénat, qui peuvent l'une comme l'autre le soumettre à des votes de confiance et des motions de censure[74].

Fonctionnement

Les deux chambres sont élus au suffrage universel, direct et secret pour une durée de cinq ans, à moins d'une dissolution anticipée des deux chambres ou d'une seule par le président de la République. Le système utilisé est celui de la loi Rosatellum bis, adoptée en 2017 et mise en œuvre pour la première fois en 2018.

À la chambre comme au sénat, les élections se déroulent sur un seul tour de scrutin selon un système mixte parallèle : trois huitièmes des sièges d'Italie sont pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour tandis que cinq huitièmes le sont au Scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées, sans panachage ni vote préférentiel. Enfin, 8 députés et 4 sénateurs le sont par les italiens vivant à l'étranger selon un système proportionnel distinct, avec vote préférentiel, pour un total de 400 députés et 200 sénateurs élus. Ces totaux ainsi que les nombres de sièges de la diaspora sont fixés par l'article 57 de la constitution, tout le reste relevant de la loi électorale.

Le Sénat et la Chambre des députés utilisent tous deux la méthode de Hare pour l'attribution des sièges. Le seuil est de 3 % pour avoir des élus à la proportionnelle, auquel s'ajoute cependant un seuil de 20 % sur une base régionale au Sénat. Le seuil de 3 % est porté à 10 % pour les coalitions. En dessous de 1 % les voix obtenues par les partis en coalition ne comptent pas. Le mode de scrutin a recours à des listes fermées de parti, interdisant aux électeurs le vote préférentiel.

Bulletin de vote utilisé en Italie

Lors du vote, il est fourni aux électeurs un bulletin comportant des candidats en tête de plusieurs tableaux séparés dans lesquels figurent les symboles (dans un cercle à cocher) d'une ou des listes qui le soutiennent (voir bulletin ci contre). Il est possible de voter de plusieurs manières :

  1. L'électeur peut entourer ou faire une marque sur le sigle d'une liste. Dans ce cas, un vote est attribuée à celle-ci pour le décompte du scrutin proportionnel, ainsi qu'a son candidat dans la circonscription pour le scrutin majoritaire.
  2. L'électeur peut alors également entourer le nom du candidat en en-tête de la liste qu'il a choisi, mais cela est superflu. Le panachage étant interdit, il ne peut en revanche pas désigner une liste d'une part, et le candidat d'un tableau d'une autre liste d'autre part. Ni entourer plus d'un sigle de liste, même au sein d'une coalition. Ces votes sont considérés comme nul.
  3. L'électeur peut en revanche n'entourer que le nom d'un candidat. Si une seule liste le soutient, cela revient au même que précédemment. En revanche, si plusieurs liste le soutienne, le vote au scrutin de liste est réparti en fractions égales à chacune des listes.

Les coalitions de plusieurs partis voient ainsi leurs candidats élus en commun par l'addition de l’ensemble de leurs voix au scrutin majoritaire dans chacune des circonscriptions, tandis que chacun des partis de la coalition se voient attribué des sièges à la proportionnelle selon ses voix propres, obtenus par vote direct ou fractionné[75].

La circonscription dévolue aux Italiens de l'étranger, dite circonscription extérieure, a pour particularité de ne relever que de la règle de la proportionnelle. Le bulletin de vote y est par conséquent différent : les électeurs choisissent un parti parmi les listes proposées, qui détaillent chacune les noms d'autant de candidats que de sièges à pourvoir. Les électeurs ont la possibilité d'effectuer un vote préférentiel au sein de la liste qu'ils choisissent, mais pas un panachage entre plusieurs listes.

Chambre des députés

Le palais Montecitorio, lieu de réunion de la Chambre des députés

La Chambre des députés est composée de 400 députés élus pour cinq ans, dont :

  • 147 sont élus à la majorité relative dans autant de circonscriptions uninominales.
  • 245 sont élus par la représentation proportionnelle nationale, qui sont ensuite répartis dans des circonscriptions plurinominales dont le cadre ne dépasse pas le territoire régional, avec un seuil de 3 %.
  • 8 sont élus par les Italiens de l'étranger dans des circonscriptions plurinominales, au scrutin de liste avec possibilité d'un vote préférentiel.

Sénat de la République

Le palais Madame, siège du Sénat.

Le Sénat de la République est composé de 200 sénateurs élus pour cinq ans, dont:

  • 74 sont élus à la majorité relative dans autant de circonscriptions uninominales.
  • 122 sont élus à la représentation proportionnelle dans des circonscriptions plurinominales régionales avec un seuil électoral de 20 % au niveau régional et 3 % au niveau national.
  • 4 sont élus par les Italiens de l'étranger dans des circonscriptions plurinominales
  • À ces 200 sénateurs élus au scrutin direct s'ajoutent un petit nombre variable de sénateurs à vie, composé des anciens présidents de la République et de cinq autres personnalités nommées à vie pour leurs mérites par le président de la République.

Résumé graphique

Répartition des sièges dans les deux chambres du Parlement
Chambre des députés Sénat de la République
Mode d'élection de la Chambre des députés avec la loi Rosatellum bis
Mode d'élection du Sénat avec la loi Rosatellum bis
Méthode Sièges % Méthode Sièges %
Uninominal 147 37 % Uninominal 74 37 %
Proportionnelle 245 61 % Proportionnelle 122 61 %
Résidents à l'étranger 8 2 % Résidents à l'étranger 4 2 %

Fin des différences entre Chambre et Sénat

Pour la première fois lors de ces élections, le système utilisé est presque exactement le même pour la chambre haute que pour la chambre basse, hormis que le nombre total de sénateurs est de 315 contre le double de députés à la chambre basse.

Jusqu'en 2021, les sénateurs devaient également être âgés d'au moins quarante ans pour être candidats, contre 25 ans minimum pour les députés. De même, l'âge auquel les citoyens pouvaient participer aux élections des deux chambres n'étaient pas le même. Si l'ensemble de inscrits âgés de plus de 18 ans pouvaient voter pour les élections de la Chambre des députés, seuls ceux de plus de 25 ans le pouvaient pour les sénatoriales[76],[77]. Ces différences d'âges sont supprimés par un amendement constitutionnel dont le projet initié en 2019 est finalement mené à bien à l'été 2021[78].

Il résultait du système précédent des répartitions des sièges légèrement différentes, bien que longtemps sensiblement similaires, les élections des deux chambres ayant le plus souvent eu lieu simultanément. À partir de 1994, cette différence d'électorat mène cependant à quatre reprises à des majorités différentes dans l'une des deux chambres, une situation particulièrement instable dans un pays pratiquant le bicaméralisme parfait. Le gouvernement Berlusconi dispose ainsi en 1994 d'une majorité à la Chambre, mais pas au Sénat. Deux ans plus tard, le Gouvernement Prodi dispose quant à lui d'une majorité au Sénat et non à la Chambre, une situation qui s'inverse en 2006. Pier Luigi Bersani ne dispose à son tour d'une majorité qu'à la chambre basse en 2013, bien que cette situation soit cette fois-ci le résultat d'une loi électorale différente de courte durée, dite Porcellum, la loi Rosatellum bis en vigueur rétablissant peu après le système électoral unique[79].

Ces résultats divergents amènent les parlementaires à décider en 2019 de permettre aux électeurs de plus de 18 ans de participer également aux élections sénatoriales. Le projet, qui porte sur l'article 58 de la constitution, est approuvé en commission des affaires constitutionnelles à l'unanimité des groupes parlementaires le , avant un examen au sénat à partir du . À l'initiative du Parti démocrate, alors dans l'opposition, un second article est ajouté à l'amendement, abaissant l'âge minimum pour les candidats aux sénatoriales de quarante à vingt cinq ans, soit le même que pour les législatives[79],[80].

L'amendement est voté en première lecture à la Chambre, le , par 487 voix pour, cinq contre et sept abstentions[81]. Le vote en seconde lecture à la chambre intervient finalement le , et voit le projet approuvé par 405 voix pour, 5 contre et 6 abstentions. Le second vote au Sénat qui intervient quant à lui le , voit un résultat également positif avec 178 voix pour, 15 contre et 30 abstentions[82],[83],[84]. La révision constitutionnelle entre en vigueur le 4 novembre 2021[85],[86],[87].

Forces en présence

Ce tableau présente les partis et coalitions ayant fait au moins 1 % aux précédentes élections, ou issus de scissions de ces partis :

Coalition Parti Idéologie Dirigeant
Coalition de centre droit[n 1] Ligue (Lega) Droite à extrême droite
Régionalisme, nationalisme économique, populisme de droite, euroscepticisme
Matteo Salvini
Frères d'Italie (FdI) Droite à extrême droite
Nationalisme italien, national-conservatisme, conservatisme social, populisme de droite, euroscepticisme
Giorgia Meloni
Forza Italia (FI) Centre droit
Libéral-conservatisme, libéralisme, démocratie chrétienne
Silvio Berlusconi[n 2]
Changeons! (C!) Centre droit
Libéral-conservatisme
Giovanni Toti
Union de centre (UdC) Centre
Démocratie chrétienne, conservatisme social
Lorenzo Cesa
Mouvement 5 étoiles (M5S) Attrape-tout
Anti-corruption, démocratie directe, populisme, euroscepticisme
Giuseppe Conte
Coalition de centre gauche Parti démocrate (PD) Centre gauche
Social-démocratie, social-libéralisme, gauche chrétienne
Enrico Letta
Article 1er (A1) Gauche
Social-démocratie, socialisme démocratique
Roberto Speranza
Italia Viva (IV) Centre
Libéralisme, social-libéralisme, troisième voie
Matteo Renzi
Europe verte (EV) Centre gauche
Écologisme, progressisme, europhilie
Vacant
Centre démocrate (CD) Centre
Centrisme, social-libéralisme, europhilie
Bruno Tabacci
Démocratie solidaire (DemoS) Centre gauche
Gauche chrétienne, progressisme, europhilie
Paolo Ciani
Plus d’Europe (+E) Centre
Libéralisme, libéralisme économique, social-libéralisme, europhilie
Emma Bonino
Action (A) Centre gauche
Social-libéralisme, progressisme
Carlo Calenda
Gauche italienne (SI) Gauche
Socialisme démocratique, écosocialisme
Vacant
Parti de la refondation communiste (PRC) Gauche radicale
Communisme, écosocialisme, populisme de gauche, euroscepticisme
Maurizio Acerbo

Sondages

Graphique synthétisant les résultats des sondages réalisés depuis les élections précédentes du . La largeur du graphique correspond à la durée du mandat de cinq ans du parlement élu en 2018.

La couleur de chaque ligne correspond à un parti politique :

Notes et références

Notes

  1. En Vallée d'Aoste, le symbole électoral est unique pour Forza Italia et Frères d'Italie, alliés à Nuova Valle d'Aosta, un parti régionaliste. À l'étranger, le symbole est unique pour Berlusconi-Salvini-Meloni.
  2. Berlusconi n'est pas éligible (loi Severino) et n'est pas candidat, bien qu'il puisse formellement briguer la présidence du Conseil des ministres.

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Articles connexes