Processus d'oxydation avancé
Les processus d'oxydation avancĂ©s (abrĂ©viation POA), au sens large, sont un ensemble de procĂ©dures de traitement physicochimique conçues pour dĂ©truire des matiĂšres organiques (et parfois inorganiques) en suspension ou en solution dans l'eau d'effluents domestiques, urbains ou industriels, par oxydation via des rĂ©actions avec des radicaux hydroxyle (HOâą)[1].
Dans le domaine de la chimie du traitement des eaux usĂ©es[2] - [3], cette expression dĂ©signe plus spĂ©cifiquement un sous-ensemble de ces processus chimiques basĂ©s sur l'ozone (O3), le peroxyde d'hydrogĂšne (H2O2) et/ou la lumiĂšre UV[4] et plus rarement sur les ultrasons (sonochimie) ; dans tous ces cas, on parle aussi dâ« oxydation chimique in situ ».
Les contaminants organiques ou semi-organiques sont convertis â dans une large mesure â en composĂ©s inorganiques stables (eau et dioxyde de carbone principalement, et sels de mĂ©taux ou de mĂ©talloĂŻdes). Il sâagit donc dâun processus accĂ©lĂ©rĂ© de minĂ©ralisation[5]. Le POA cherche Ă rĂ©duire la pollution organique et la toxicitĂ© de lâeffluent au point quâil puisse ĂȘtre potable ou rĂ©introduit sans risque dans le milieu rĂ©cepteur ou, au pire, dans un traitement conventionnel des eaux usĂ©es. Le POA ne peut Ă©liminer Ă lui seul les toxiques minĂ©raux et mĂ©talliques qui nĂ©cessitent un traitement complĂ©mentaire. Il dĂ©truit des polluants qui rĂ©sistent sans cela aux stations dâĂ©puration comme les rĂ©sidus de pesticides, d'antibiotiques et d'autres rĂ©sidus de mĂ©dicaments et de nombreux perturbateurs endocriniens.
Histoire
On blanchissait autrefois le linge (draps, nappesâŠ) en lâĂ©tendant au soleil (en lâexposant Ă ses UV) sur des prairies (oĂč les vĂ©gĂ©taux produisent par photosynthĂšse de lâoxygĂšne natif), mais on ne comprenait pas comment lâoxydation pouvait chimiquement blanchir et dĂ©sinfecter le linge encore humide.
Des processus d'oxydation impliquant HO⹠sont connus et utilisés depuis la fin du XIXe siÚcle (comme dans le réactif de Fenton (qui était toutefois alors utilisé comme réactif analytique).
Dans les années 1960, on comprend l'effet microbicide de systÚmes chimiques générateurs du radical libre hydroxyle[6]. Certains aquariophiles, élevages de poissons et aquariums publics utilisent des lampes UV pour désinfecter leur eau (non sans produire quelques molécules secondaires parfois indésirables).
Le peroxyde dâhydrogĂšne est testĂ© dans la rĂ©action de Fenton contre des polluants de type pesticides, mais il nĂ©cessite des intrants et nâest pas toujours efficace contre certains polluants[7] - [8]. La « rĂ©action de Fenton Ă©lectrochimiquement assistĂ©e » permet de dĂ©grader et de minĂ©raliser[5] des polluants organiques variĂ©s dont les chlorophĂ©nols, les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides), les polluants industriels (nitrophĂ©nols ou benzĂšne par exemple[9]).
En 1987, Glaze et al. suggĂšrent que lâon puisse gĂ©nĂ©rer in situ dans lâeau HO⹠« en quantitĂ© suffisante pour affecter la purification de l'eau », tout en dĂ©finissant le terme « processus d'oxydation avancĂ©s » pour la premiĂšre fois en 1987[1].
Les POA se dĂ©veloppent ensuite peu Ă peu, surtout dans les pays riches en raison de coĂ»ts dâinvestissement et dâexploitation relativement Ă©levĂ©s et dâune complexitĂ© plus importante que lâĂ©puration par oxygĂ©nation.
Dans les annĂ©es 1990, dans le cadre de recherche de solutions alternatives aux systĂšmes alors disponibles d'Ă©puration de l'eau[10], on cherche Ă utiliser le radical libre hydroxyde, car il est trĂšs hautement rĂ©actif, et caractĂ©risĂ© par une demi-vie de seulement environ 10â9 seconde[11] - [12] et un potentiel dâoxydorĂ©duction extrĂȘmement Ă©levĂ© (2,81 V par rapport Ă lâĂ©lectrode normale Ă hydrogĂšne) ce qui en fait, lâun des oxydants les plus puissants utilisables en traitement des eaux.
Alors que la dĂ©mographie mondiale continue Ă fortement progresser, que les besoins en eau augmentent et que le dĂ©rĂšglement climatique perturbe la gestion de la ressource en eau, la rĂ©utilisation de l'eau intĂ©resse de plus en plus de monde. Par ailleurs, les rĂ©glementations se font plus strictes concernant les contaminants. Ce contexte fait que les POA sont de plus en plus apprĂ©ciĂ©s pour le traitement tertiaire de lâeau, face Ă un grand-public qui exige de plus en plus une eau indemne des contaminants dits rĂ©calcitrants (tels que pesticides et perturbateurs endocriniens que l'on peine Ă Ă©liminer de l'eau potable).
Les annĂ©es 1980/1990 voient apparaitre de nouvelles expressions comme « procĂ©dĂ©s avancĂ©s dâoxydation », « Ă©lectrodĂ©pollution »[13] ou « dĂ©sinfection Ă©lectrochimique »[14], d'aĂ©ration Ă©lectrolytique[15], « oxydation anodique »[16].
Des groupes commerciaux ont installĂ© environ cinq cents grandes installations POA dans le monde, principalement en Europe et aux Ătats-Unis, mais d'autres pays (ChineâŠ) montrent un intĂ©rĂȘt croissant pour les POA.
Processus
Les processus d'oxydation avancĂ©s (POA) reposent sur la production in situ (dans lâeau) de radicaux hydroxyle (radical libre notĂ© HOâą).
Dans la nature, HOâą se forme spontanĂ©ment dans la vapeur d'eau atmosphĂ©rique sous lâeffet des UV solaires ou de l'ozone ou d'oxyde nitreux, mais il est si rĂ©actif quâil disparait presque aussitĂŽt aprĂšs son apparition.
Les « dĂ©rivĂ©s rĂ©actifs de lâoxygĂšne » (DRO) que lâon nomme aussi « espĂšces rĂ©actives de lâoxygĂšne » (ERO) sont les oxydants les plus puissants connus pouvant ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ©s et utilisĂ©s directement dans l'eau : ils peuvent pratiquement dĂ©grader par oxydation tout composĂ© prĂ©sent dans la matrice de l'eau, souvent Ă une vitesse de rĂ©action contrĂŽlĂ©e par diffusion.
Efficacité
Correctement appliquĂ© dans le domaine de lâĂ©puration de l'eau, les POA peuvent rĂ©duire la teneur en contaminants de plusieurs centaines de ppm Ă moins de 5 ppb et donc rĂ©duire considĂ©rablement la DCO et le COT, ce qui lui a valu le titre de « processus de traitement de l'eau du XXIe siĂšcle »[17] et de susciter beaucoup d'espoir[18].
Les radicaux libres hydroxyle oxydent un grand nombre de composĂ©s organiques presque instantanĂ©ment (vitesse dâoxydation 109 fois plus Ă©levĂ©e que lâozone pourtant considĂ©rĂ© comme lâun des oxydants les plus puissants dans la nature[19] - [20]). Ils rĂ©agissent y compris avec les doubles liaisons -CâC- et attaquent les noyaux aromatiques, composants majeurs de nombreux composĂ©s rĂ©fractaires toxiques, cancĂ©rigĂšnes et/ou mutagĂšnes[21].
Production de radicaux hydroxyle
Ils sont fabriqués au moyen d'un ou de plusieurs oxydants primaires qui sont par exemple :
Ces super-oxydants peuvent ĂȘtre produits par :
- des sources intenses d'Ă©nergie (par exemple, la lumiĂšre ultraviolette) ;
- des catalyseurs (par exemple, du dioxyde de titane en poudre, irradié par une lumiÚre UV avec certaines conditions de pH[24]) ;
- des ultrasons : Ă haute frĂ©quence, les ultrasons gĂ©nĂšrent des radicaux libres (HOâą, HO2âą et Oâą) par rupture homolytique de la molĂ©cule dâeau ou dâoxygĂšne[25] - [26] - [27]. Et Ă haute frĂ©quence, ils gĂ©nĂšrent des peroxydes dans l'eau. Ils dĂ©truisent ainsi les mauvaises odeurs de l'effluent[28] (on les utilise mĂȘme pour dĂ©sodoriser des boues d'Ă©puration[29]). En crĂ©ant des bulles de cavitation, les ultrasons gĂ©nĂšrent des micro-jets de liquide et des forces de cisaillement extrĂȘmes au moment de leur implosion. Ceci contribue Ă mĂ©langer le milieu rĂ©actionnel, et Ă dĂ©truire plus rapidement les virus et microorganismes[30]. Chaque implosion d'une bulle de cavitation fait localement monter Ă plusieurs milliers de degrĂ©s la tempĂ©rature de l'eau (2 000 Ă 5 000 °C, bien assez pour des microrĂ©actions de pyrolyse), avec un point de pression de plusieurs centaines dâatmosphĂšre (500 atm). Ce point Ă©jecte des radicaux (issus de la sonolyse de lâeau) qui rĂ©agiront avec les composĂ©s en solution qu'ils rencontreront. Le pH a une importance[31].
Inconvénients et limites
Le procédé présente les lacunes et les inconvénients[32] suivants :
- Il exige un contrĂŽle fin et constant de la rĂ©action et de son rendement : la rĂ©action nâest pas sĂ©lective ; HOâą rĂ©agit dĂšs quâil est formĂ© au contact de la plupart des contaminants organiques qui seront alors rapidement et efficacement fragmentĂ©s et convertis en petites molĂ©cules inorganiques. Elle ne peut ĂȘtre contrĂŽlĂ©e que par les dosages, le choix de sĂ©quences et combinaisons prĂ©cises et pertinentes (prĂ©programmĂ©es) de deux ou trois rĂ©actifs (oxydants) afin de produire des radicaux hydroxyle pour obtenir un rendement maximum de production de radicaux âąOH. Ceci demande une grande technicitĂ© et implique des coĂ»ts significatifs.
- Les radicaux libres ne sont pas anodins ; les POA nécessitent de produire, manipuler et contrÎler des processus et des produits dangereux (ozone, UV, radicaux libres[33]).
- Si le traitement nâest pas complet, des rĂ©sidus mal dĂ©gradĂ©s Ă©galement dangereux persistent dans lâeau. En prĂ©sence de polluants, organomĂ©talliques ou de mĂ©taux, mĂ©talloĂŻdes ou radionuclĂ©ides inertĂ©s par des chĂ©lateurs naturels ou synthĂ©tiques, les POA peuvent libĂ©rer ces mĂ©taux indĂ©sirables dans lâeau (et les rendre immĂ©diatement libres) ; de mĂȘme pour des mĂ©talloĂŻdes toxiques (ex : arsenic), des radionuclĂ©ides, des mĂ©taux volatils (mercure) ou Ă fort pouvoir catalytiques (mĂ©taux du groupe du platine, titane susceptible de favoriser juste aprĂšs et en aval du traitement des recombinaisons polluantes dâatome ou molĂ©cules libĂ©rĂ©es par le processus de POA) qui auraient Ă©tĂ© antĂ©rieurement complexĂ©s dans une matrice organique. Ces mĂ©taux ou mĂ©talloĂŻdes doivent ensuite ĂȘtre traitĂ©s dans lâeffluent avant dâĂȘtre libĂ©rĂ©s dans la nature (tout particuliĂšrement si lâeau doit ĂȘtre rĂ©utilisĂ©e pour des usages agricoles ou dâeau potable). Dans le cas de la photocatalyse, si l'eau est trĂšs turbide l'effet de l'irradiation UV sur le catalyseur diminue, car les UV sont absorbĂ©s par la matiĂšre opaque en solution ou en suspension dans l'eau.
- Le coût des AOP est élevé, car nécessitant dans la plupart des cas une installation sophistiquée et un apport continu de réactifs chimiques coûteux. Ces AOP consomment en outre des radicaux hydroxyle et d'autres réactifs, proportionnellement à la quantité de contaminants à éliminer. La production d'ozone et de peroxyde d'hydrogÚne consomme de l'énergie.
- Certains types dâAOP impliquent de prĂ©traiter des eaux usĂ©es pour atteindre une performance fiable, ce qui augmente les coĂ»ts et est exigeant en termes techniques et de personnels. Par exemple, la prĂ©sence d'ions bicarbonate (HCO3â) rĂ©duit sensiblement la concentration des radicaux âąOH en raison de processus de nettoyage qui produisent H2O et une espĂšce beaucoup moins rĂ©active, âąCO3â[17]. Le bicarbonate doit donc ĂȘtre Ă©liminĂ© avant le processus dâAOP qui sinon sera compromis.
- Un excĂšs de peroxyde d'hydrogĂšne H2O2 dans l'eau permet de conserver un pouvoir dĂ©sinfectant, mais il ne faut pas en Europe dĂ©passer la valeur maximale autorisĂ©e de 0,5 mg/L dans lâeau traitĂ©e, et ce H2O2 peut ĂȘtre source de rĂ©actions parasites ou indĂ©sirables.
- Il n'est pas rentable de n'utiliser que des AOP pour traiter une grande quantitĂ© d'eaux usĂ©es ; il est prĂ©fĂ©rable de les dĂ©ployer en Ă©puration au stade final (dit tertiaire) aprĂšs qu'un âŁâŁprimaireâŁâŁ et un âŁâŁsecondaireâŁâŁ ont dĂ©jĂ Ă©liminĂ© une grande partie des contaminants.
IntĂ©rĂȘts, avantages
Les AOP présentent plusieurs avantages inégalés dans le domaine du traitement de l'eau.
En raison de la rĂ©activitĂ© remarquable du radical HOâą qui rĂ©agit immĂ©diatement et sans discrimination avec presque tous les polluants aqueux, les AOP sont utilisables dans de nombreux scĂ©narios (quand et lĂ oĂč de nombreux contaminants organiques doivent ĂȘtre Ă©liminĂ©s en mĂȘme temps). Ils sont particuliĂšrement utiles pour dĂ©truire en phase aqueuse des molĂ©cules ou des matiĂšres organiques Ă©cotoxiques difficilement dĂ©gradables par dâautres moyens, et en particulier les nombreux polluants Ă©mergents dits rĂ©fractaires ou biorĂ©calcitrants Ă la biodĂ©gradation et qui tendent Ă ĂȘtre bioaccumulĂ©s dans le rĂ©seau trophique et notre chaine alimentaire et dont certains sont perturbateurs endocriniens Ă trĂšs faible dose[34] (dont certains surfactants[35], paracĂ©tamol[36], hormones contraceptives ou issues d'Ă©levage[37], bisphĂ©nol[38] - [39] - [40] - [41]) sans nĂ©cessitĂ© de les collecter, ni de transfĂ©rer ces polluants dans une autre phase (solide ou gazeuse). Il est ainsi possible de dĂ©truire directement dans les eaux usĂ©es (Ă©ventuellement Ă potabiliser), des polluants aromatiques, la plupart des pesticides ou de leurs rĂ©sidus (hors mĂ©taux et mĂ©talloĂŻdes dans le cas des pesticides Ă base de cuivre, plomb, arsenicâŠ)[42] ; de mĂȘme pour de nombreux composants pĂ©troliers et les composĂ©s organiques volatils[43].
Le traitement permet dâoxyder les anions nitrite, sulfite, cyanure et bromate pour les convertir en dâautres composĂ©s inoffensifs tels que NO3â, SO2â
4, CO2 et Brâ, respectivement[44].
Le processus de rĂ©duction complet du radical HOâą aboutit Ă H2O. Si le processus sâest dĂ©roulĂ© dans son intĂ©gralitĂ©, les AOP n'introduisent donc thĂ©oriquement pas de « nouvelle » substance dangereuse dans lâeau (au contraire des traitements basĂ©s sur lâajout de dĂ©sinfectants chlorĂ©s, par exemple, oĂč du chlore rĂ©siduel persiste, ce qui est un effet recherchĂ© dans le cas de lâeau Ă transporter dans le rĂ©seau dâeau potable). Les POA peuvent aussi assurer un traitement tertiaire, câest-Ă -dire conclure un premier traitement dâeaux usĂ©es (effluents secondaires)[45].
Dans certains modĂšles d'AOP, les Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques (ETM) ne peuvent ĂȘtre Ă©galement dĂ©truits, mais le processus peut aider Ă en Ă©liminer certains sous forme de M(OH)x prĂ©cipitĂ©. La dĂ©sinfection peut Ă©galement ĂȘtre obtenue en dĂ©truisant au passage les virus, bactĂ©ries, cyanophycĂ©es, et tous les organismes vivants (exceptĂ© sâils sont protĂ©gĂ©s dans des biofilms suffisamment rĂ©sistants pour que le traitement nâait pas le temps de les dĂ©truire intĂ©gralement). Ceci fait de ces AOP une solution intĂ©grĂ©e possible Ă certains problĂšmes de qualitĂ© de l'eau.
Principes
Principes chimiques
De maniĂšre simplifiĂ©e, la chimie des POA peut ĂȘtre divisĂ©e en trois parties[46] :
- formation de HOâą ;
- attaque chimique initiale des molĂ©cules cibles par HOâą, entrainant leur dĂ©composition en fragments ;
- attaques ultĂ©rieures (toujours par HOâą) des rĂ©sidus, jusqu'Ă minĂ©ralisation ultime.
Principes physiques
Ă ce jour, les POA peuvent ĂȘtre subdivisĂ©s en quatre groupes[34] sur la base du mĂ©canisme de production d'HOâą :
- les procĂ©dĂ©s dâoxydation chimique en phase homogĂšne (H2O2/Fe2+ et H2O2/O3) : le couplage H2O2/Fe2+ est le systĂšme dâoxydation avancĂ©e le plus connu et le moins complexe, surtout employĂ© dans le traitement des effluents industriels ; le couplage H2O2/O3 est lui plutĂŽt utilisĂ© pour dĂ©truire des pesticides et leurs rĂ©sidus[34] ;
- les procédés photocatalytiques en phase homogÚne et/ou hétérogÚne (H2O2/UV, O3/UV et Fe2+/H2O2/UV ; TiO2/UV)[34] - [47] ;
- les procĂ©dĂ©s dâoxydation sonochimique[34] ;
- les procĂ©dĂ©s dâoxydation Ă©lectrochimique[34].
Ces procĂ©dĂ©s diffĂšrent considĂ©rablement ; par exemple, la production dâozone pour l'ozonation, la production dâUV/H2O2 et l'oxydation photocatalytique reposent sur des processus physicochimiques trĂšs diffĂ©rents de gĂ©nĂ©ration de HOâą :
- processus de POA basé sur les UV/H2O2[45] :
- H2O2 + UV â 2 HOâą (le clivage homolytique de la liaison OâO de H2O2 conduit Ă la formation de deux radicaux HOâą) ;
- processus de POA basĂ© sur lâozone[48] - [49] ; on nomme peroxonation le couplage ozone plus peroxyde dâhydrogĂšne qui produit beaucoup plus de radicaux libres qu'avec l'ozonation seule) :
- O3 + HOâ â HO2â + O2 (la rĂ©action entre lâozone (O3) et un ion hydroxyle conduit Ă la formation de H2O2 (sous forme chargĂ©e))
- O3 + HO2â â HO2âą + O3ââą (une deuxiĂšme molĂ©cule dâozone rĂ©agit avec le HO2â pour produire le radical ozonure)
- O3ââą + H+ â HO3âą (ce radical donne HOâą lors de la protonation)
- HO3âą â HOâą + O2
Les étapes de réaction ici présentées ne sont en fait qu'une partie de la séquence de réaction (voir la référence pour plus de détails) ;
- processus de POA basĂ© sur lâoxydation photocatalytique (avec le dioxyde de titane TiO2)[48] :
- TiO2 + UV â eâ + h+ (l'irradiation de la surface photocatalytique conduit Ă un Ă©lectron excitĂ© (eâ) et Ă un entrefer Ă©lectronique (h+)
- Ti(IV) + H2O â Ti(IV)-H2O (l'eau sâadsorbe sur la surface du catalyseur)
- Ti(IV)-H2O + h+ â Ti(IV)-HOâą + H+ (l'espace Ă©lectronique hautement rĂ©actif rĂ©agira avec lâeau).
- Les étapes de réaction présentées ici ne sont qu'une partie de la séquence de réaction (voir la référence pour plus de détails).
Actuellement, il n'y a pas de consensus sur les mécanismes détaillés du troisiÚme stade du processus, mais des chercheurs ont mis en lumiÚre les processus des attaques initiales (au second stade).
HOâą est une espĂšce radicale, devant se comporter comme un Ă©lectrophile hautement rĂ©actif. Ainsi, deux types d'attaques initiales sont supposĂ©es ĂȘtre une abstraction d'hydrogĂšne et une rĂ©action d'addition (rĂ©action organique oĂč au moins deux molĂ©cules se combinent pour en former une autre, plus grande).
Le schéma ci-dessous décrit un mécanisme possible de l'oxydation du benzÚne (polluant cancérigÚne) par les radicaux hydroxyle HO⹠(proposé en 1994)[50].
Les premiĂšre et deuxiĂšme Ă©tapes sont une addition Ă©lectrophile qui brise le cycle aromatique du benzĂšne (A) et forme deux groupes hydroxyle (âOH) dans l'intermĂ©diaire C.
Ensuite un HO⹠saisit un atome d'hydrogÚne dans l'un des groupes hydroxyle, produisant une espÚce radicalaire (D) qui est sujette à subir un réarrangement pour former un radical plus stable (E). E, d'autre part, est facilement attaqué par HO⹠et forme éventuellement du 2,4-hexadiÚne-1,6-dione (F).
Tant qu'il y a assez de radicaux HOâą, les attaques subsĂ©quentes contre le composĂ© F se poursuivront jusqu'Ă ce que les fragments soient tous convertis en petites molĂ©cules stables comme H2O et CO2 in fine ; mais en rĂ©alitĂ© ces processus peuvent encore ĂȘtre soumis Ă une myriade de mĂ©canismes possibles et partiellement inconnus.
Remarques :
- les méthodes électrochimiques, photocatalytiques et sonochimiques consomment généralement moins de réactif et sont plus faciles à automatiser que les autres types de POA[34] ;
- une autre mĂ©thode de production du radical hydroxyde HOâą est la radiolyse de l'eau[34] par une source fortement radioactive, qui nâest utilisĂ©e que dans le cadre de certaines recherches en raison de sa dangerositĂ©.
Prospective
Depuis 1987 (dĂ©finition du principe des AOP), cette technique sâest rapidement dĂ©veloppĂ©e (en thĂ©orie et via des applications concrĂštes). Elle pourrait peu Ă peu remplacer les technologies conventionnelles lĂ oĂč ces derniĂšres sont peu efficaces en termes dâĂ©puration de contaminants organiques « rĂ©fractaires » (inorganiques et microbiens).
Les systÚmes basés sur le catalyseur TiO2, ou utilisant les UV (H2O2/UV) ou encore les systÚmes de type Fenton, photo-Fenton et électro-Fenton, ont été les plus étudiés, mais de nombreux besoins de recherche persistent sur ces AOP, dont pour les optimiser et en réduire les couts.
On cherche à développer de nouveaux AOP modifiés, fiables, efficaces et plus économiques avec par exemple :
- des procédés hybrides couplés à des traitements biologiques conventionnels, pour contourner les contraintes spécifiques des POA et alors les intégrer dans les filiÚres de traitement des effluents domestiques, urbains industriels (et parfois agricoles ?)[34] ;
- des procédés utilisant la lumiÚre solaire naturelle plutÎt que des lampes à UV[51] ;
- un dopage TiO2 par des éléments non métalliques qui pourraient améliorer l'activité photocatalytique du titane[52] ;
- lâadjonction dâun traitement par ultrasons pourrait augmenter la production de radicaux hydroxyle et ajouter des effets de cavitation au processus[53] - [54].
Précautions
Les sources de radicaux libres et les radicaux libres eux-mĂȘmes sont hautement toxiques (cytotoxiques notamment) et Ă©cotoxiques et donc Ă utiliser avec prĂ©cautions. Les effluents rejetĂ©s dans le milieu naturel ne doivent plus contenir de radicaux libres.
Notes et références
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Voir aussi
Articles connexes
- Oxydation
- Oxydation et réduction en chimie organique
- Auto-oxydation
- RĂ©action de Fenton
- Ălectro-oxydation
- Ăpuration de l'eau
- Station d'Ă©puration
- Potentiel d'oxydoréduction
- Dérivé réactif de l'oxygÚne
- Eau potable âą Production d'eau potable
- Purification de l'eau
- Radical hydroxyle
- Effluent industriel
- Radiolyse
- Minéralisation
- Chimie environnementale
- Sonochimie
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