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Pangasianodon hypophthalmus

Pangasianodon hypophthalmus (anciennement Pangasius hypophthalmus ou Pangasius sutchi[1]) est une espÚce de poissons de la famille des Pangasiidae. Il est généralement commercialisé sous le nom de panga en Europe, mais ce terme peut aussi désigner d'autres espÚces.

Bien qu'il soit parfois appelé « requin siamois » (et en anglais «iridescent shark», requin iridescent), il n'est pas apparenté aux requins mais aux siluriformes (poissons-chats).

Il vit naturellement en Asie du Sud-Est, dans le bassin du Mékong ainsi que dans le bassin de la riviÚre Chao Phraya. Il est maintenant largement élevé en piscicultures, y compris dans d'autres bassins fluviaux.

C’est un grand poisson (jusqu'Ă  1,30 m et 44 kg Ă  l'Ă©tat libre dans son milieu naturel), migrateur, omnivore[2] capable de trouver sa nourriture dans les eaux turbides des grands fleuves mais aussi dans les zones inondĂ©es[3]. Il s’y nourrit de poissons, de crustacĂ©s et de dĂ©bris vĂ©gĂ©taux[3]. En pisciculture, il est commercialisĂ© lorsque son poids atteint 900 g Ă  1,5 kg correspondant Ă  une taille de 35 Ă  55 cm environ. Une grande partie de son poids est comprise dans sa carapace cĂ©phalique propre aux poissons de l'ordre des Siluriformes.

Parfois vendu comme poisson d’aquarium, il fait maintenant l’objet d’une importante aquaculture commerciale en Asie du Sud-Est.

Il est notamment devenu l'une des plus importantes espĂšces aquicoles en ThaĂŻlande[4].

DĂ©nominations

Il est pĂȘchĂ© et vendu sous de nombreux noms :

  • « Iridescent shark-catfish » pour les anglo-saxons
  • Striped catfish » remplace l'ancien nom « Sutchi catfish » pour la FAO
  • Il est maintenant lĂ©galement obligatoirement nommĂ© « Swai » aux États-Unis pour ne plus ĂȘtre confondu avec des poissons-chats locaux.
  • « Haimonni » en Finlande
  • « Haiwels » en Allemagne
  • « Hajmal » en SuĂšde
  • « Sutchi-hajmalle » pour les danois
  • « CĂĄ Tra » ou « CĂĄ Tra yĂȘu » au Vietnam
  • « Pa sooai », « Pa sooai khaeo » ou « Pa souay kheo » au Laos
  • « Pla sawai » en ThaĂŻlande, ,
  • « Trey pra » (ត្រឞប្រា) au Cambodge
  • Patin siam ou lele bangkok en IndonĂ©sie,
  • « Thailand catfish » Ă  TaĂŻwan

On l'appelle aussi souvent « panga », ce qui ne permet pas de le distinguer d'autres espÚces également nommées Panga[5] - [6].

Habitats

C’est un poisson migrateur, mais rĂ©putĂ© benthopĂ©lagique et potamodrome, c’est-Ă -dire vivant dans de grandes Ă©tendues d’eaux profondes[7] des eaux douces et chaudes des zones tropicales (tempĂ©rature de 22 Ă  26 °C, voire jusqu'Ă  35 °C). Il vit dans une eau dont le pH varie de 6.5 (en saison des pluies) Ă  7.5 pour une duretĂ© variant de 2 Ă  29 dH. Ses habitats varient tout au long de l'annĂ©e. En pleine saison des pluies, il peut ĂȘtre trouvĂ© loin des fleuves dans les zones inondĂ©es qu'il quittera pour redescendre vers l'estuaire Ă  la fin de cette saison. Il peut vivre sans impact nĂ©gatif sur sa croissance jusqu'Ă  une salinitĂ© de 13 ppt.

Il possÚde des branchies bien développées et une vessie natatoire modifiée qui lui permet de capter l'oxygÚne en surface. En cas d'hypoxie, le poisson complÚte donc sa respiration aquatique par une respiration aérienne adaptée, lui permettant de survivre en eau faiblement oxygénée[8].

Aire de répartition

Il semble endĂ©mique du bassin du MĂ©kong et de la riviĂšre Chao Phraya, mais il pourrait peut-ĂȘtre vivre dans d’autres bassins de la rĂ©gion (Vietnam, Cambodge, ThaĂŻlande et Laos
). Il a Ă©tĂ© introduit en divers endroits pour l’aquaculture dont au moins au Bangladesh, peut-ĂȘtre en Chine, aux Philippines, Ă  Singapour, Ă  TaĂŻwan, avec des impacts Ă©cologiques nĂ©gatifs possibles ou probables Ă  TaĂŻwan et Singapour[9].

Description

  • Corps d'aspect brillant et irisĂ© chez les subadultes, gris, plus foncĂ© sur le dessus chez l'adulte.
  • Il peut atteindre 130 cm dans la nature[10]; pour un poids maximum publiĂ© de 44,0 kg en libertĂ© ;
  • Nageoires gris foncĂ© ou noires ; nageoire dorsale Ă  6 rayons ;
  • Ligne noire au milieu de la nageoire anale ;
  • Bande sombre sur chaque lobe de la nageoire caudale (nageoire rosĂ©e chez l'adulte) ;
  • Branchies normalement dĂ©veloppĂ©es, avec branchies de petite taille intercalĂ©es entre des branchies plus grandes ;
  • Les jeunes sont caractĂ©risĂ©s par une bande noire le long de la ligne latĂ©rale et une seconde bande noire sous la ligne latĂ©rale, les adultes Ă©tant uniformĂ©ment gris[3].

Écologie

Ce poisson a un cycle de vie encore mal connu dans la nature. C'est une espĂšce commune dans le Bas-MĂ©kong, oĂč les juvĂ©niles sont piĂ©gĂ©s pour ĂȘtre Ă©levĂ©s dans des cages flottantes. Au milieu du MĂ©kong, il est prĂ©sent sous la forme de grands individus dont la robe a perdu la couleur sombre qui caractĂ©rise les juvĂ©niles et subadultes pour devenir grise[3].

Comme pour d'autres espĂšces de l’immense bassin du MĂ©kong, les dates de migration et moindrement de reproduction semblent varier selon les groupes vivant dans diverses zones gĂ©ographiques (mĂ©tapopulation avec groupes gĂ©nĂ©tiquement diffĂ©rentiĂ©s ?).

Il se reproduit en mai, juin, juillet en ThaĂŻlande et au Laos, et en juin et juillet au Cambodge[11].

La majeure partie de la population remonte le MĂ©kong en venant d'une zone de croissance encore inconnue vers des zones de frai Ă©galement inconnues (de mai Ă  juillet) avant de revenir dans les principaux cours d’eau en automne (septembre – dĂ©cembre)[12]. Au Cambodge, au sud de Don Khone et des chutes de Khone (Khone Falls) il remonte vers les sources d'octobre Ă  fĂ©vrier, avec un pic de migration en novembre–dĂ©cembre. Cette migration est dĂ©clenchĂ©e par la montĂ©e des eaux et semble ĂȘtre une migration de dispersion latĂ©rale dans les zones inondĂ©es par le MĂ©kong Ă  la fin de la saison des inondations.

La migration vers l’aval a lieu de mai Ă  aoĂ»t de Stoeng Treng Ă  Kandal au Cambodge et plus tard dans le delta du MĂ©kong au ViĂȘt Nam. La prĂ©sence d'Ɠufs de mars Ă  aoĂ»t vers l’aval montre que cette migration est Ă  la fois nĂ©cessaire Ă  la reproduction (frai) et Ă  l’alimentation des adultes.

Alimentation

Pangasius hypophthalmus est un poisson omnivore qui broute des algues et des plantes mais aussi mange du zooplancton, des insectes, et mĂȘme des crustacĂ©s et des poissons[13].

Reproduction

Elle semble mal connue dans la nature et non maĂźtrisĂ©e par l’homme avant 1950. Son taux de reproduction serait assez moyen dans la nature et faible Ă  nul en captivitĂ©, avec une population doublant en 4.5 Ă  14 ans.

Pangasianodon hypophthalmus a Ă©tĂ© artificiellement reproduit en ThaĂŻlande, dĂšs 1959 selon Lionel Dabbadie, mais le ViĂȘt Nam, longtemps isolĂ©, Ă©levait de jeunes individus capturĂ©s. La pisciculture industrielle a vite Ă©tĂ© limitĂ©e par la difficultĂ© de se fournir en alevins et juvĂ©niles (« fingerlings ») uniquement disponibles au Cambodge et au ViĂȘt Nam dans la nature. De plus, le prix des alevins ou juvĂ©niles ne cessait de monter de sorte qu’en 1995, il constituait jusqu'Ă  52 % du coĂ»t total de production de Pangasius bocourti (en cages flottantes).

Une reproduction de Pangasianodon hypophthalmus a Ă©tĂ© possible au ViĂȘt Nam en 1981, mais non fiablement renouvelable, alors que la Malaisie y arrivait en utilisant les mĂ©thodes thaĂŻlandaises. Avant d'en rĂ©ussir la reproduction, les pisciculteurs vietnamiens songeaient Ă  introduire le Channel catfish amĂ©ricain (Ictalurus punctatus), avec le risque qu'il devienne invasif, Ă©limine d'autres espĂšces, ou apporte des pathogĂšnes pour les espĂšces locales. La rĂ©gion insulaire de HĂŽng Ngu, Ăźle situĂ©e au ViĂȘt Nam prĂšs de la frontiĂšre cambodgienne dans le delta du MĂ©kong, Ă©tait spĂ©cialisĂ©e dans l'Ă©levage en nurserie du panga « Ca tra » Ă  partir d'alevins piĂ©gĂ©s dans le MĂ©kong et Ă©levĂ©s en Ă©tangs. Elle continue l'Ă©levage de juvĂ©niles, mais issus de fĂ©condation artificielle.

Ce poisson aurait en fait Ă©tĂ© artificiellement reproduit pour la premiĂšre fois par Boonbrahm en 1959 en utilisant une technique testĂ©e sur un autre panga (Pangasius bocourti) chez lequel une exposition Ă  de l’urine de femme enceinte dĂ©clenchait la reproduction, grĂące Ă  une hormone[14] - [15] - [16] : l’hCG, qui est commune Ă  de nombreuses espĂšces. Cette hormone est en Europe frĂ©quemment utilisĂ©e par les Ă©leveurs d’ovins, bovins, chevaux pour synchroniser la reproduction au rythme souhaitĂ© par l'Ă©leveur, hors saison sexuelle, et ainsi contrĂŽler la fertilitĂ© des animaux Ă©levĂ©s. Cette hormone traite aussi certains problĂšmes d’ovulation chez la femme, ainsi que certaines stĂ©rilitĂ©s masculines. Pour provoquer l'ovulation de la femelle de cette espĂšce, le traitement doit ĂȘtre fractionnĂ© avec une phase prĂ©liminaire relativement longue. Les ovules qui vieillissent vite doivent ĂȘtre rĂ©coltĂ©s et fĂ©condĂ©s rapidement. Les manipulations se font sur des poissons anesthĂ©siĂ©s (phĂ©noxy-2-Ă©thanol).

Ensuite, mais toujours en laboratoire, d'autres Ă©quipes l'ont reproduit : Potaros et Sitasit en 1976, puis les Ă©quipes d'Hardjamulia en 1981, de Thalathiah en 1988, d'Huy en 1990, de Kiem en 1992, Xuan en 1994, etc. C'est Philippe Cacot et son Ă©quipe qui ont appliquĂ© ces techniques Ă  une aquaculture Ă  vocation productive, Ă  partir de l’hormone hCG purifiĂ©e Ă  partir d’urine. Au ViĂȘt Nam, les deux espĂšces ont Ă©tĂ© reproduites en captivitĂ© en 1995 Ă  Can Tho et Chau Doc, dans le cadre d'une coopĂ©ration scientifique impliquant le CIRAD, l’IRD et trois partenaires vietnamiens : deux universitĂ©s et une entreprise semi-publique vietnamienne d'aquaculture (Agifish[17])[18]. PrĂšs de 300 Ă©closeries ont Ă©tĂ© rapidement crĂ©Ă©es au ViĂȘt Nam pour approvisionner les Ă©levages en cages et/ou en Ă©tangs, tant pour fournir le marchĂ© local que pour l'export[19] - [20] - [21] Au total, 1 500 millions de larves auraient Ă©tĂ© produites, rien qu'en 2005[22]. Le cout des larves a chutĂ© de 80 Ă  2-5 dongs piĂšce, et le coĂ»t des fingerlings ne compte plus que pour 15 % environ du coĂ»t total de production[23]. Des essais de reproduction ont aussi Ă©tĂ© faits Ă  la fin des annĂ©es 1990 sur des hybrides entre ces deux espĂšces[24] - [25].

Production commerciale (« pangasiculture »)

Le filet de Pangasianodon hypophthalmus contient en moyenne 82 % d’eau, 15,5 % de protĂ©ines et 2 % de lipides[26]. C’est un poisson moins gras que Pangasius bocourti.

Pangasianodon hypophthalmus est devenu l'un des poissons les plus élevés du sud-est asiatique et notamment en Thaïlande, faisant une concurrence sérieuse aux piscicultures nord américaines de poissons-chat[27].

Dans les annĂ©es 2000, ce poisson a souvent Ă©tĂ© vendu sous d’autres noms, souvent confondu avec d’autres espĂšces dites « poisson-chat ». Il est maintenant interdit aux États-Unis de l’étiqueter « poisson-chat » oĂč il doit ĂȘtre nommĂ© « swai » (nom thaĂŻ)[28].

La production a explosĂ©, passant de 50 000 tonnes en 1996 Ă  400 000 tonnes en 2006, ce qui a Ă©tĂ© facilitĂ© par le rĂ©gime dĂ©tritivore/omnivore de ce poisson, qui permet de le nourrir de dĂ©chets, Ă  faibles coĂ»ts de production et avec des aliments Ă  faible teneur en protĂ©ines[29]. Les filets congelĂ©s sont donc peu chers (7 Ă  10 â‚Ź/kg au dĂ©tail sur le marchĂ© français) ce qui en fait un poisson souvent distribuĂ© dans les Ă©coles, cantines, maisons de retraite


Il a d’abord Ă©tĂ© massivement orientĂ© vers les États-Unis Ă  la fin du XXe siĂšcle, puis rĂ©orientĂ© vers l’Europe et l’Asie en raison des freins et barriĂšres douaniĂšres amĂ©ricaines visant Ă  ce que les poissons-chats du MĂ©kong ne concurrencent pas trop le poisson-chat amĂ©ricain. En 2005 environ 110 000 tonnes de filets congelĂ©s Ă©taient importĂ©es vers l'AmĂ©rique, l'Europe et l'Asie.

Le marché et la pangasiculture sont en pleine évolution.

Deux espÚces distinctes étaient et sont encore élevées dans le Mékong et à ses environs :

  • Pangasius bocourti (autrefois nommĂ© Pangasius pangasius) dit Panga ou « Ca basa » au ViĂȘt Nam, Ă©tait celui qui Ă©tait Ă©levĂ© dans des cages flottantes pour l’exportation. Il est exportĂ© essentiellement en filets prĂ©parĂ©s sur place et congelĂ©s (deux usines existaient dans le delta du MĂ©kong en 1995).
La chair blanche de cette espĂšce est apprĂ©ciĂ©e pour son caractĂšre tendre et fondant induit par son taux Ă©levĂ© de graisse pĂ©riviscĂ©rale (jusqu’à 30 % du poids vif). Certains craignent que ce poisson puisse pour cette raison bioaccumuler certains polluants liposolubles. De plus, cette espĂšce se reproduit trĂšs mal en captivitĂ©, et avec une faible fĂ©conditĂ© naturelle (5 000 Ă  7 000 Ɠufs par kg de femelle), uniquement avec un traitement hormonal en captivitĂ©. Enfin, ses alevins ont besoin d’une nourriture vivante aux premiers stades[30]. Ceci explique que l’espĂšce Pangasianodon hypophthalmus, plus facile Ă  Ă©lever et plus productive, remplace peu Ă  peu cette derniĂšre.
  • Pangasianodon hypophthalmus (autrefois nommĂ© Pangasius sutchi) Ă©tait autrefois presque exclusivement Ă©levĂ© en Ă©tangs extensifs oĂč il se nourrissait d'eaux usĂ©es et de divers effluents. Il Ă©tait essentiellement vendu localement et plutĂŽt Ă  l’état frais, sur les marchĂ©s du delta. Ce poisson au ventre moins arrondi que Pangasius bocrouti est caractĂ©risĂ© par une chair jaunĂątre et moins tendre, rĂ©putĂ©e avoir un goĂ»t de vase s'il est Ă©levĂ© sur le fond ou dans des Ă©tangs fermĂ©s, mais sa chair est moins grasse que celle de Pangasius bocourti. Il tend maintenant Ă  remplacer Pangasius bocourti dans les cages, car il a une fĂ©conditĂ© dix fois plus Ă©levĂ©e (70 000 Ɠufs par kg de femelle) et l'Ă©levage des larves en est facile en Ă©tang fertilisĂ©.
Il semble pour ces raisons avoir Ă©tĂ© presque totalement substituĂ© Ă  Pangasius bocourti. Il constituerait en 2007 plus de 95 % des pangas exportĂ©s. Une nourriture contrĂŽlĂ©e (sans pigments) et l’élevage des adultes en cage plutĂŽt qu’en Ă©tang lui donnent une chair blanche et suppriment le goĂ»t de vase qui le caractĂ©rise lorsqu’élevĂ© en Ă©tang.

Le ViĂȘt Nam en produit en cages flottantes depuis les annĂ©es 1970. En 1994, ce sont 15 000 tonnes de chaque espĂšce qui sont Ă©levĂ©es, les juvĂ©niles Ă©tant nourris avec des fingerlings provenant de la pĂȘche. Vers 1995, on produisait environ 50 000 tonnes de pangas dans le delta du MĂ©kong ; 15 000 Ă  30 000 tonnes en cages flottantes et 30 000 tonnes en Ă©tangs extensifs, essentiellement constituĂ©s par les Ă©tangs « Ă  latrines », le systĂšme d’élevage traditionnel utilisĂ© depuis des siĂšcles dans tout le Sud-Est asiatique (de la Chine jusqu’en IndonĂ©sie)[31].

Le ViĂȘt Nam Ă  lui seul aurait produit environ un million de tonnes de poissons de pisciculture en 2005 (toutes espĂšces et milieux confondus), dont 30 % Ă©taient des Pangasiidae (350 000 tonnes), et de maniĂšre de plus en plus contrĂŽlĂ©e et industrielle, toujours dans le delta du MĂ©kong (35 000 kmÂČ) dans le sud du pays. En 2016, 85 % de l'offre en pangasius hypophthalmus venait du Vietnam, 1er exportateur mondial.

JĂ©rĂŽme Lazard[32] estime que la production exportĂ©e de Pangasius Ă©tait d’environ 300 000 tonnes en 2005, exclusivement sous forme de filets congelĂ©s produits dans douze usines du sud-est asiatique. Ces poissons sont aujourd’hui Ă©levĂ©s avec des dĂ©chets animaux industriellement prĂ©parĂ©s et 20 % environ d’aliments industriel d’origine vĂ©gĂ©tale, pour un coĂ»t estimĂ© entre 0,6 et 0,7 $/kg en moyenne[33].

220 000 tonnes de sous-produits (carcasses) sont utilisĂ©es pour la production de plats cuisinĂ©s, l'extraction d’huile de poisson et la production de farine de poisson.

Dans les annĂ©es 2010 Ă  2020, le panga vietnamien (pangasius hypophthalmus) a fait l'objet d'une campagne de dĂ©nigrement aux États-Unis, Ă  l'initiative des pisciculteurs amĂ©ricains[34] - [35]. Ces informations mensongĂšres ont aussi Ă©tĂ© rĂ©pandues sur internet en langue française[36].

Exploitation commerciale

Depuis le milieu des annĂ©es 2000, le filet de Pangasianodonus hypophthalmus (80 cm en moyenne [37] ) rencontre un vif succĂšs sur les Ă©tals des poissonniers et dans les hypermarchĂ©s, notamment du fait de son prix compĂ©titif[37], mais aussi grĂące Ă  ses filets blancs sans arĂȘtes et au goĂ»t peu prononcĂ© de sa chair, ce qui en fait un poisson bien adaptĂ© aux goĂ»ts de la clientĂšle occidentale. Avec la perche du Nil, ce poisson est parmi ceux dont le prix d'achat est le plus abordable pour le consommateur.

Les Vietnamiens ont littéralement « lancé » cette nouvelle variété de poisson sur le marché mondial dans les années 1996-1997. Supportant une densité d'élevage record grùce au développement d'une respiration aérienne[37], et grandissant trÚs vite, toute une industrie est née dans les dix derniÚres années grùce à ce poisson.

S'il n’est pas Ă©levĂ© pour ĂȘtre commercialisĂ©, le panga peut vivre jusqu'Ă  vingt ans. Dans la nature, le poisson se reproduit une Ă  deux fois par an et produit 2 000 Ɠufs par ponte, alors qu’avec une ovulation artificielle, il peut atteindre 500 000 Alevins par ponte[38]. L'ovulation artificielle se fait entre autres par l'utilisation d'hormones hCG[37]. Le lieu d’élevage est composĂ© de plusieurs bassins d’une taille de 500 m2, et de 2,5 Ă  m de profondeur. Pour l’approvisionnement de l’étang, un barrage est installĂ© pour gĂ©rer le dĂ©bit d’eau. Comme l'homme ou le cochon, le panga est omnivore. Il est nourri avec des aliments Ă  base de farines de poissons[37] (issus de coproduit ou de poissons minotier[39]), de petites crevettes, de farines de soja, de blĂ©, ou de haricots. Le panga est Ă©levĂ© Ă  90 % en Ă©tang, pendant une durĂ©e de 5 Ă  8 mois, dans une eau Ă  une tempĂ©rature de 28−32 °C.

À la fin de cette Ă©tape, le panga atteint un poids compris entre 900 grammes et 1,5 kg. Le poisson est ensuite transportĂ© chez un industriel non loin de la zone de pĂȘche pour y ĂȘtre dĂ©coupĂ© et congelĂ© (transformation). Cette congĂ©lation est nĂ©cessaire, au vu de la durĂ©e du transport vers les pays occidentaux, et permet que le produit ne subisse pas d'altĂ©ration. Il est ensuite emballĂ© puis stockĂ©, et enfin acheminĂ© par bateau ou par avion jusqu’aux lieux de commercialisation.

Certains documents officiels sont nécessaires pour le transport du panga :

ArrivĂ© Ă  destination, le produit est dĂ©congelĂ© pour ensuite ĂȘtre vendu aux grossistes, aux centrales d’achats, etc.

Du premier jour de pĂȘche du poisson jusqu'Ă  son arrivĂ©e chez le client, il y a un dĂ©lai de 15 jours, qui correspond Ă  :

  • Le premier jour, le poisson est pĂȘchĂ© ;
  • Le deuxiĂšme jour le poisson est transformĂ© dans l’usine ;
  • Il faut ensuite 3 jours pour produire les spĂ©cifications relatives au produit, puis 7 jours pour le certificat de santĂ© et encore 3 jours pour l’exportation des documents.

Limites et sécurité sanitaires

Les aspects sanitaires sont discutĂ©s : en particulier Ă  cause du risque de prĂ©sence de contaminants dans la chair des poissons, et de l’utilisation peu transparente d’antibiotiques (lĂ©gaux ou non du point de vue de la FAO ou de la rĂ©glementation des États-Unis ou de l’Union europĂ©enne) dans les Ă©levages. Une antibiorĂ©sistance a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e[40] chez la flore bactĂ©rienne des poissons [41]. L’achat de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires serait d’ailleurs devenu le troisiĂšme poste des coĂ»ts de production (> 5 %). La production intensive et concentrĂ©e d'animaux gĂ©nĂ©tiquement peu diversifiĂ©s accroit le risque de pathologies transmissibles et antibiorĂ©sistantes, ainsi que les impacts en matiĂšre de pollution par les rejets aquacoles, ainsi que les impacts indirects en amont, notamment pour la production des farines alimentaires.

Le panga est notamment sensible à la bactérie Edwardsiella tarda.

En aquarium

Les juvĂ©niles sont vendus par les marchands de poissons pour l’aquariophilie.

En raison de sa taille et de sa vitesse de croissance, il n’est pas recommandĂ©, sauf dans de trĂšs grands aquariums, en groupe de 5 individus ou plus pour les jeunes. C’est par ailleurs un poisson qui prend facilement peur et peut se blesser sur les parois ou Ă©lĂ©ments de dĂ©cor quand il cherche Ă  fuir (il est rĂ©putĂ© avoir une mauvaise vue et vit effectivement dans une eau gĂ©nĂ©ralement turbide, mais un bon odorat). Il est peu facile Ă  Ă©lever en aquarium (dans la nature, c’est un migrateur qui exploite de vastes volumes d’eau et sort des fleuves pour se nourrir dans les zones inondĂ©es)[42]. Une variĂ©tĂ© albinos existe[43]

La ressemblance avec un squale à l'état juvénile le rend attrayant pour les aquariophiles débutants qui ne connaissent pas ses dimensions une fois adulte. Comme tous les poissons d'eau douce qui s'adaptent aux dimensions de l'aquarium, il sera atteint de nanisme.

Références

  1. Pangasianodon hypophthalmus, Sutchi catfish: fisheries, aquaculture, aquarium
  2. (Fishbase Ref. 6459)
  3. (Fishbase Ref. 12693)
  4. (Fishbase Ref. 9497)
  5. Source
  6. http://www.fishbase.org/Country/CountryList.cfm?ID=14154&GenusName=Pangasianodon&SpeciesName=hypophthalmus Fishbase
  7. (Fishbase Ref. 51243)
  8. Lefevre S, Huong DTT, Wang T, Phuong N & Bayley M. (2011) Hypoxia tolerance and partitioning of bimodal respiration in the striped catfish (Pangasianodon hypophthalmus). Comparative Biochemistry and Physiology, Part A 158 (2011) 207–214. doi:10.1016/j.cbpa.2010.10.029
  9. (http://www.fishbase.org/Introductions/IntroductionsList.cfm?ID=14154&GenusName=Pangasianodon&SpeciesName=hypophthalmus&fc=134&StockCode=14046)
  10. (Ref. 7432)
  11. source
  12. (Ref. 37772)
  13. « L'océan dans votre assiette : Le pangasius, votre poisson de tous les jours (page 18) » (Guide de 48 pages du WWF sur les produits de la mer), sur wwf.fr,
  14. P. Cacot, M. Legendre, T. Q. Dan, L. T. Tung, P. T. Liem, C. Mariojouls et J. Lazard, 2002, Induced ovulation of Pangasius bocourti (Sauvage, 1880) with a progressive hCG treatment, Aquaculture 213 (2002) : 199 – 206
  15. P. Cacot, P. Eeckhoutte, D. T. Muon, N. V. Trieu, M. Legendre, C. Mariojouls et J. Lazard, 2003, Spermiation hCG induced and management of milt in Pangasius bocourti (S), Aquaculture 215 (2003) : 67 -77.
  16. P. Cacot, 1999, Étude du cycle sexuel et maĂźtrise de la reproduction artificielle de Pangasius bocourti (Sauvage, 1880) et Pangasius hypophthalmus (Sauvage, 1878) dans le Delta du MĂ©kong au ViĂȘt Nam, thĂšse de doctorat Ă  l’INAPG, DĂ©partement des Productions Animales : 350 pp.
  17. An Giang Fisheries import-export (Portail internet
  18. Cacot et al., 2002 ; Cacot et al., 2003
  19. Anon., 2001, Le poisson-chat du MĂ©kong : quand le transfert talonne la recherche, in : le CIRAD en 2000 : 20 –23
  20. A. L. Huillery, 2001, Analyse de la filiĂšre des poissons-chats (genre Pangasius) Ă©levĂ©s dans le delta du MĂ©kong (ViĂȘt Nam), mĂ©moire de fin d'Ă©tudes pour l’obtention du grade d’ingĂ©nieur INA-PG : 106 p.
  21. C. Freud et J. Richard, 2002, Évaluation de l’impact de la maĂźtrise de la reproduction des poissons-chats dans le delta du MĂ©kong sur le dĂ©veloppement Ă©conomique au ViĂȘt Nam, Cirad-Direction Scientifique, Paris : 42 p.
  22. Notes de JérÎme Lazard pour l'AFSSA sur le Pangasianodon, février 2007
  23. Note CREP 2004, Domestication des poissons-chats du Mékong (1994-2001), Philippe Cacot et Olivier Mikolasek, UPR Aquaculture, département EMVT du CIRAD, page 6
  24. Martial Derivaz, 1999. QualitĂ© des larves de deux poissons-chats et de leur hybride Ă©levĂ©s en cages flottantes sur le Mekong en fonction du temps de latence (Pangasius bocourti, hybride, P. hypophthalmus), rapport de stage de DUT – UniversitĂ© de Montpellier II/CIRAD-EMVT : 49 p.
  25. M. Derivaz, L.H. Chau, N.H. Vu, M. Campet, P. Cacot, J. Lazard, 2000, Survival of the ova in vivo : compared study of P. bocourti, P. hypophthalmus and their hybrid (female P. hypophthalmus x male P. bocourti). Catfish Asia project, mai 2000, Abstracts of the CIRAD-EMVT report
  26. Huillery, 2006
  27. Voir Fishbase déjà cité
  28. Source : Seafood Business, Buyer's Guide - Basa Catfish | Date = 2001-11 | 2007-03-31
  29. L.T. Hung, H. P. V. Huy, L. T. T. Truc et J. Lazard, 2006, Feeding practices and economic evaluation of Pangasiid catfish culture in Mekong delta, ViĂȘt Nam, communication acceptĂ©e pour prĂ©sentation orale au douziĂšme Symposium International de Nutrition et Alimentation des Poissons, Biarritz (28 mai-1er juin 2006) : 22 p.
  30. Hung et al., 2001 ; Hung et al., 2002
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  43. (source : Aqualand)

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Bibliographie de Fishbase
  • J. Lazard et P. Cacot, 1997, SystĂšmes de production aquacoles au ViĂȘt Nam : situation, perspectives et enjeux de recherche, Cahiers Agricultures 1997 ; 6 : 445 – 54 et Agriculture et dĂ©veloppement 1997 ; 15 : 127 - 36

Liens externes

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