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Naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche

Le naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche est celui d'un canot gonflable transportant des migrants, ayant fait 27 morts prĂšs de Calais. Ils Ă©taient Kurdes irakiens pour la plupart.

Naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche
Type Naufrage
Pays Drapeau de la France France
CoordonnĂ©es 51° 09â€Č 27″ nord, 1° 50â€Č 57″ est
Date
Bilan
Blessés 2
Morts 27, et 4 disparus

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Naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche
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Naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche

Les tentatives de franchissement de la Manche en embarcations légÚres sont devenues trÚs fréquentes aprÚs le Brexit, mais cette traversée est la plus meurtriÚre depuis que l'OIM a commencé à collecter des données en 2014.

Le drame se produit peu aprĂšs la crise frontaliĂšre entre la BiĂ©lorussie et l'Union europĂ©enne, et rappelle la situation dramatique des nombreux migrants qui survivent Ă  Calais avec pour seul espoir de rejoindre l'Angleterre. La France et le Royaume-Uni s'en renvoient la responsabilitĂ©, dans un contexte de durcissement de leurs relations diplomatiques marquĂ© par une dispute autour des droits de pĂȘche et la crise des sous-marins australiens.

Dix passeurs prĂ©sumĂ©s sont mis en examen en juillet 2022. Un an aprĂšs le naufrage les rĂ©sultats de l'enquĂȘte de gendarmerie sont accablants pour le centre rĂ©gional opĂ©rationnel de surveillance et de sauvetage Gris-Nez, qui a refusĂ© d’envoyer un navire de secours malgrĂ© les appels Ă  l’aide passĂ©s depuis le canot et les demandes des sauveteurs britanniques, et cherchĂ© Ă  entraver les investigations. En mai et juin 2023, sept sauveteurs sont mis en examen pour non-assistance Ă  personne en danger. Au mĂȘme moment, Le Monde rĂ©vĂšle que l'enquĂȘte interne promise par le secrĂ©taire d’Etat Ă  la mer HervĂ© Berville n'a jamais existĂ©.

Le drame n’entraĂźne pas d’inflexion des politiques migratoires sĂ©curitaires qui, selon de nombreux observateurs, en sont pourtant la cause.

Contexte

Entre le dĂ©but de l'annĂ©e 2021 et le moment du naufrage, 31 500 migrants ont traversĂ© la Manche depuis la France pour se rendre au Royaume-Uni[1]. Une responsable d'Utopia 56 estime que plus de 300 migrants sont morts sur le littoral depuis 1999[1].

Depuis l'entrĂ©e en vigueur en 2004 des accords billatĂ©raux du Touquet[2], modifiĂ©s en 2018 par le traitĂ© de Sandhurst, la France est responsable du contrĂŽle des entrĂ©es sur le territoire britannique[3] - [4]. Cette dĂ©cision Ă©largit le protocole de Sangatte (2000) pour les gares[5]. De la mĂȘme façon que les pays limitrophes de l’Union europĂ©enne (le Maroc ou la Turquie), la France accepte contre rĂ©munĂ©ration de bloquer sa frontiĂšre vers le Royaume Uni[5]. Paradoxalement, les Français, qui mĂšnent une politique restrictive en matiĂšre d’asile, sont obligĂ©s par les accords du Touquet d'empĂȘcher des migrants de quitter le pays[5]. Le Royaume Uni, bien qu'Ă©tant l’un des fondateurs de la convention de GenĂšve sur l’asile de 1951, peut refouler massivement les demandeurs d’asile[6]. En 2010, l’arrangement Besson-Green autorise les services de l’immigration britannique Ă  travailler sur le territoire français[5]. En 2015, l'accord Cazeneuve-May crĂ©e un « centre de commandement et de contrĂŽle commun », permettant aux Britanniques de contrĂŽler l’action policiĂšre. Le port de Calais et le tunnel sous la Manche sont couverts de barbelĂ©s, avec pour consĂ©quence que les migrants n'ont pas d'autre possibilitĂ© pour traverser la Manche que d'utiliser des bateaux pneumatiques[2].

En contrepartie du dĂ©mantĂšlement de la jungle de Calais en 2016, les Britanniques s'engagent Ă  prendre un charge les mineurs isolĂ©s justifiant un lien particulier avec le Royaume-Uni, et Ă  respecter les clauses de rĂ©unification familiale prĂ©vues par l’accord de Dublin, qui permettait Ă  des personnes prĂ©sentes dans l’UE d'obtenir l'asile en faisant valoir des liens familiaux au Royaume-Uni, mais ne tiennent pas parole[5]. AprĂšs le Brexit en 2018, la Grande-Bretagne n’est plus soumise au rĂšglement de Dublin[7]. Le nombre de traversĂ©es de la Manche en small boats explose[5] - [8].

La Jungle de Calais en janvier 2016.

À Calais, le gouvernement interdit par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral la distribution d'aide alimentaire par les associations[9] et dĂ©mantĂšle les camps[10] - [11], mais la police peine Ă  empĂȘcher les dĂ©parts de small boats[12] - [13], qui se multiplient pendant l'Ă©tĂ©[14] et l'automne[15] 2021. Pour les migrants, la traversĂ©e, mĂȘme dangereuse, est considĂ©rĂ©e comme la seule solution de survie[12] - [16] - [17]: une responsable du secours catholique explique en effet qu' « Ă  Calais, beaucoup de personnes sont broyĂ©es par le systĂšme d'asile europĂ©en. Des gens dĂ©sespĂ©rĂ©s qui sont prĂȘts Ă  tout pour essayer de se construire un avenir »[10]. Des deux cĂŽtĂ©s de la Manche, des bĂ©nĂ©voles se mobilisent pour venir au secours des migrants[18] - [19] - [16], mais aussi pour dĂ©terminer l'identitĂ© des victimes des naufrages et ainsi Ă©viter les enterrements sous X[20] - [21]. Mi-novembre 2021, trois militants, AnaĂŻs Vogel, Ludovic Holbein et le prĂȘtre jĂ©suite Philippe DemeestĂšre, mĂšnent une grĂšve de la faim de plus d’un mois Ă  Calais pour dĂ©noncer le traitement « inhumain » infligĂ© aux migrants et le dĂ©mantĂšlement des camps[22] - [23].

Au mĂȘme moment, le rapport de la commission d'enquĂȘte parlementaire sur les migrations dirigĂ©e par les personnalitĂ©s LRM SĂ©bastien Nadot et Sonia Krimi[24] est sĂ©vĂšre pour l'action du gouvernement et sa « gestion policiĂšre » de la situation. Il critique notamment les restrictions d'accĂšs Ă  l'AME instaurĂ©es en 2019, la politique de dĂ©mantĂšlement des camps menĂ©e Ă  Calais et le pilotage de l’immigration par le seul ministĂšre de l’intĂ©rieur. Il demande la crĂ©ation de voies lĂ©gales de migration pour « rĂ©duire le pouvoir des mafias de passeurs »[25] - [26].

Quelques jours avant le naufrage, les associations sonnent l'alerte[27]. GĂ©rald Darmanin et Priti Patel annoncent avoir convenu de « solutions techniques supplĂ©mentaires » basĂ©es sur « l’utilisation de nouvelles technologies » pour prĂ©venir les franchissements de la frontiĂšre[28] - [4]. Pour le ministĂšre français de l’intĂ©rieur, la stratĂ©gie unique est « structurelle, c’est de casser les rĂ©seaux de passeurs »[4]. Boris Johnson a lui envisagĂ© d'installer des machines Ă  vagues sur les cĂŽtes anglaises pour repousser les bateaux des migrants[29] - [30] - [31].

Naufrage

Le 24 novembre 2021, un canot transportant 30 migrants fait naufrage dans la Manche prĂšs de Calais et Dunkerque alors qu'il tentait de rejoindre l'Angleterre[1] - [32]. À 13 h 49, un pĂȘcheur prĂ©vient le Cross Gris-Nez qu'une quinzaine de corps flottent, dans les eaux françaises, Ă  cĂŽtĂ© d'un bateau dĂ©gonflĂ©[33]. Vingt-sept personnes sont retrouvĂ©es mortes, tandis que deux autres personnes ont survĂ©cu et ont Ă©tĂ© sauvĂ©es et qu'une personnes est portĂ©e disparue, ce qui en fait la traversĂ©e de la Manche la plus meurtriĂšre depuis que l'Organisation internationale pour les migrations a commencĂ© Ă  collecter des donnĂ©es en 2014[34].

Un Somalien et un Kurde d’Irak sont les seuls rescapĂ©s. Ils ont Ă©tĂ© placĂ©s au centre de rĂ©tention administrative de Coquelles[35]. Selon l'un d'eux, Mohammed Shekha, 21 ans, la France et le Royaume-Uni ont Ă©tĂ© contactĂ©s par tĂ©lĂ©phone vers 2h45 du matin, quand le bateau s'est mis Ă  couler, mais auraient refusĂ© de venir Ă  leur aide[36] - [37] - [13]:

« Nous avons appelĂ© la police française (
) puis nous avons envoyĂ© notre localisation Ă  la police française et ils nous ont dit : “Vous ĂȘtes dans les eaux anglaises, appelez les Anglais”. Nous avons appelĂ© les Britanniques. Ils nous ont dit d’appeler les Français. »

Selon les premiers rĂ©sultats de l'enquĂȘte, ces informations sont confirmĂ©es par les relevĂ©s des appels tĂ©lĂ©phoniques et les tĂ©moignages des proches des victimes[38]. L’agence de garde-cĂŽtes britanniques, et la prĂ©fecture maritime de la Manche et la mer du Nord prĂ©tendent au contraire avoir traitĂ© tous les appels de dĂ©tresse[38], ce que l'enquĂȘte dĂ©ment[33] - [39].

Les victimes

Les corps des 27 naufragĂ©s sont autopsiĂ©s par l’Institut mĂ©dico-lĂ©gal de Lille[12]. Les proches de personnes disparues ne sont pas autorisĂ©s Ă  reconnaĂźtre les corps mais sont invitĂ©s Ă  laisser leur ADN. Les gendarmes utilisent aussi les empreintes digitales et les relevĂ©s dentaires des victimes[35] - [37] - [40] - [41] - [42]. Jan Kakar, prĂ©sident de l’association de solidaritĂ© et culturelle des Afghans de Paris et ancien interprĂšte pour la police aux frontiĂšres de Calais, a centralisĂ© les contacts avec les personnes Ă  la recherche de disparus et identifiĂ© certaines des victimes[37]. Le 14 dĂ©cembre, vingt-six victimes sont « formellement identifiĂ©es » ; il s'agit de seize personnes kurdes d’Irak (dont quatre femmes ĂągĂ©es de 22 Ă  46 ans, un adolescent de 16 ans, une enfant de 7 ans et dix hommes ĂągĂ©s de 19 Ă  37 ans), un homme kurde d’Iran de 23 ans, trois Éthiopiens (deux femmes de 22 et 25 ans et un homme de 46 ans), une femme somalienne de 33 ans, quatre hommes afghans ĂągĂ©s de 24 Ă  40 ans, et un homme Ă©gyptien de 20 ans[43] - [44].

La plupart des victimes Ă©taient Kurdes, originaires d’Irak. Le premier ministre du Kurdistan irakien Massoud Barzani explique que selon lui, « ceux qui sont morts [noyĂ©s] ont Ă©tĂ© trompĂ©s et trahis », notamment par des « trafiquants » et par « des groupes comme le PKK » (le Parti des travailleurs du Kurdistan)[45]. L'analyste politique kurde d’Irak Kamal Chomani explique lui que la corruption endĂ©mique rĂ©gnant au Kurdistan d’Irak, rĂ©sultat de la lutte entre les deux familles rĂ©gnantes, celles de Massoud Barzani Ă  la tĂȘte du Parti dĂ©mocratique du Kurdistan et de Jalal Talabani de l’Union patriotique du Kurdistan, ne laisse d’autres choix aux jeunes que de fuir le pays ou de se soulever[46].

La premiĂšre victime Ă  ĂȘtre identifiĂ©e est Maryam Nuri Mohamed Amin[47] - [48] (surnommĂ©e "Baran", “pluie” en kurde), une jeune femme kurde de 24 ans originaire du nord de l’Irak[49]. Elle n'Ă©tait pas parvenue Ă  obtenir un visa pour l'Angleterre[50] - [51] - [52] - [53], seulement un visa de tourisme pour l'Italie[49]. Elle Ă©tait passĂ©e par l'Allemagne pour arriver Ă  Calais, et tentait de rejoindre son fiancĂ© Karzan, naturalisĂ©, barbier Ă  Portsmouth. Au frĂšre du fiancĂ©, elle avait dit « MĂȘme si je dois nager, je dois atteindre Karzan »[49]. Elle partageait sa localisation avec lui au moment oĂč le bateau a sombrĂ©: il dit avoir « assistĂ© Ă  son dĂ©cĂšs en direct. [
] Quatre heures et 18 minutes aprĂšs le dĂ©part, je pense qu’ils Ă©taient au milieu de la mer, puis je l’ai perdue »[51] - [54]. Pushtiwan Farkha, un jeune homme de 18 ans, venait d'une famille modeste de la ville de Hajiawa, prĂšs d’Erbil. Il Ă©tait parti pour l'Angleterre pour gagner de l'argent et l'envoyer Ă  sa famille, afin de payer le traitement mĂ©dical de sa sƓur ainĂ©e qui souffrait d'une malformation cardiaque congĂ©nitale[48]. Twana Mamand avait aussi 18 ans, il Ă©tait parti du Kurdistan en aoĂ»t 2021[55], rejoindre sa sƓur qui vivait en Angleterre depuis 2013[48] ; son corps n'a pas Ă©tĂ© retrouvĂ©[55]. Kazhall Ahmad, une femme kurde ĂągĂ©e de 46 ans, et ses trois enfants, Hadia Rezgar, 22 ans, Mubin Rezgar, 16 ans, et Hasti Rezgar, 7 ans, venaient d'Erbil, dans le Kurdistan Irakien, oĂč Kazhall Ahmad Ă©tait professeure[54] - [56]. Ils avaient Ă©tĂ© expulsĂ©s du camp de Grande-Synthe par la police la semaine avant le drame. Ils avaient tout perdu dans l'Ă©vacuation, y compris tente et de sacs de couchage. À un journaliste du Times qui l'interrogeait sur une Ă©ventuelle traversĂ©e en bateau, elle avait rĂ©pondu :

« L’idĂ©e que mes enfants et moi allions dans ce bateau m’inquiĂšte Ă  chaque minute. Mais regardez oĂč nous en sommes : nous ne pouvons pas rester ici[57] - [37]. »

Husain Tanha, 24 ans, voyageait avec deux amis, Naeem et Shahwali[37]. Selon Mediapart, lui et l'un de ses amis Ă©taient retournĂ©s quelques mois en Afghanistan pour se marier. Ils voulaient retourner en l’Angleterre, ils y travaillent depuis plusieurs annĂ©es dans le bĂątiment[37]. Selon LibĂ©ration, Husain Tanha avait obtenu un titre de sĂ©jour en Italie, mais n'y trouvait pas de travail[54]. Ahmad Didar, 27 ans, Ă©tait Afghan ; sa famille avait fui Wardak car la maison Ă©tait sur la ligne de combats entre les fondamentalistes islamistes et l’armĂ©e afghane[54] - [58]. Muhamad Qadir, 21 ans, venait du village de Qadrawa, dans le Kurdistan irakien. Il voyageait avec son cousin germain Rezhwan Yassin, 20 ans, lui aussi mort noyĂ©. Ils avaient rejoint la France via la Turquie, puis l’Italie[54]. Hamdullah, nĂ© en 1991, fait aussi probablement partie des victimes[37]. Mohammad Naeem Mayar, 40 ans, vivait en Grande-Bretagne depuis 2009 et y avait demandĂ© l'asile. Il revenait d’Afghanistan oĂč il avait rendu visite Ă  sa famille[54]. Dans un de ses derniers appels tĂ©lĂ©phoniques, il dit qu’ils avaient appelĂ© la police anglaise depuis le bateau sans succĂšs[37]. Shahwali Kochy, 25 ans[54], Ă©tait originaire de Logar en Afghanistan. Selon Mediapart, il Ă©tait arrivĂ© mineur et travaillait dans le bĂątiment en Grande-Bretagne. Il Ă©tait rentrĂ© au Pakistan, oĂč sa famille est exilĂ©e, pour se marier. Il revenait en Angleterre pour travailler et faire vivre sa famille[37].

RĂ©actions

Grande-Bretagne

Le Premier ministre britannique Boris Johnson se déclare « choqué, consterné et profondément attristé » par l'incident[1]. Le ministre de l'Intérieur Priti Patel commente l'incident en disant qu'il est le « rappel le plus frappant possible des dangers des traversées de la Manche ».

Un reprĂ©sentant d'une organisation caritative pour les migrants dĂ©clare que le Royaume-Uni devrait accepter plus de rĂ©fugiĂ©s et que « [...] si tout le monde est censĂ© rester en France parce que nous sommes lĂ©gĂšrement Ă  l'ouest de la France, alors la France peut dire la mĂȘme chose chose Ă  l'Italie, puis l'Italie pourra dire la mĂȘme chose Ă  la Libye, et Ă  la fin, tout le rĂ©gime international de protection des rĂ©fugiĂ©s s'effondrera »[59].

Le 26 novembre, le premier ministre britannique publie sur twitter une lettre Ă  la France, dans laquelle il Ă©crit notamment « Je propose que nous mettions en place un accord bilatĂ©ral de rĂ©admission pour permettre le retour de tous les migrants illĂ©gaux qui traversent la Manche »[60]. Le porte parole du gouvernement français juge cette lettre « indigente sur le fond et totalement dĂ©placĂ©e sur la forme », et le ministre de l’intĂ©rieur annule l’invitation de son homologue britannique, Priti Patel, Ă  une rĂ©union internationale consacrĂ©e Ă  la question migratoire le 28 novembre Ă  Calais[61] - [62] - [63] - [64] - [65].

France

Emmanuel Macron demande « le renforcement immédiat » de Frontex[66]. Le Premier ministre Jean Castex qualifie l'incident de « tragédie » et les noyés de « victimes de passeurs qui exploitent leur détresse et leurs blessures ». Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin déclare que « c'est une situation épouvantable pour la France, pour l'Europe et pour l'humanité de voir ces personnes périr en mer à cause des passeurs ». La France promet de lancer une nouvelle opération de recherche pour rechercher d'éventuels survivants.

Le discours sĂ©curitaire sur le renforcement des frontiĂšres est vivement critiquĂ©e par les associations, pour qui les traversĂ©es de la Manche sont le rĂ©sultat de la sĂ©curisation du port de Calais et du tunnel sous la Manche, qui empĂȘche les passages en camion. Un chargĂ© de mission du Secours catholique explique : « C’est une hypocrisie immonde de dire qu’on va lutter contre les passeurs. Ce sont eux qui les ont fabriquĂ©s. J’ai connu au dĂ©but des annĂ©es 2010 une pĂ©riode oĂč les gens passaient sans argent. C’est la sĂ©curisation Ă  outrance qui a fait les rĂ©seaux »[19].

L'Ă©ditorialiste du Monde estime aussi qu'« il serait temps d’admettre la vanitĂ© de cette rhĂ©torique. Si les traversĂ©es dĂ©sespĂ©rĂ©es se multiplient, si les passeurs prolifĂšrent, c’est qu’il n’existe pratiquement aucune voie lĂ©gale d’immigration au Royaume-Uni (...) La question fondamentale n’est pas celle des passeurs mais, dĂ©sormais, celle du partage des demandeurs d’asile entre l’Union europĂ©enne »[6]. De mĂȘme que GĂ©rald Darmanin qui explique que le drame rĂ©sulte de l'absence de voie d'immigration lĂ©gale en Grande-Bretagne[67].

Le 1er décembre, Jean Castex écrit à son Boris Johnson, pour « appeler à ce que chaque pays prenne ses responsabilités », et expliquer qu'« une grande partie de la solution » se trouve au Royaume-Uni[7].

Commission européenne

Le 27 novembre, Margaritis Schinas, vice-prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, rappelant que « le principal slogan de la campagne du rĂ©fĂ©rendum [sur le Brexit] Ă©tait “Nous reprenons le contrĂŽle” », explique que le Royaume Uni ayant quittĂ© l'UE, il « doit Ă  prĂ©sent dĂ©cider comment organiser la gestion du contrĂŽle de ses frontiĂšres »[68].

Conséquences judiciaires

La Juridiction interrĂ©gionale spĂ©cialisĂ©e de Lille est saisie de l'enquĂȘte ouverte pour « aide Ă  l'entrĂ©e et au sĂ©jour irrĂ©guliers en bande organisĂ©e », « homicide et blessures involontaires » et « association de malfaiteurs ». Cinq passeurs prĂ©sumĂ©s sont arrĂȘtĂ©s peu de temps aprĂšs le naufrage[69]. Dix passeurs prĂ©sumĂ©s, majoritairement afghans, sont mis en examen en juillet 2022[70] - [71].

Le 17 dĂ©cembre 2021, Utopia 56 porte plainte pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours », les migrants Ă  bord de l’embarcation auraient en effet appelĂ© en vain les secours. Sur la base des appels sur le numĂ©ro d’urgence que l'association reçoit d’exilĂ©s en difficultĂ©, elle explique que ces manquements pourraient ĂȘtre « rĂ©currents »[72] - [73]. Un autre procĂ©dure, lancĂ©e par les familles de victimes, est en cours du cĂŽtĂ© britannique.

Un an aprĂšs le naufrage, les enquĂȘteurs accablent les secours français du centre rĂ©gional opĂ©rationnel de surveillance et de sauvetage maritimes (Cross) Gris-Nez (Pas-de-Calais) qui Ă©tait au courant de la localisation du bateau : aucun moyen de sauvetage n’a Ă©tĂ© envoyĂ© au secours de l’embarcation en dĂ©pit des nombreux appels Ă  l'aide reçus en l’espace d’environ trois heures[33]. L'enquĂȘte des gendarmes montre en particulier qu'Ă  2 h 05, le canot est localisĂ©, mais que « bien que se trouvant en eaux françaises, le Cross n’engage aucun moyen de secours pour porter assistance Ă  l’embarcation en pĂ©ril », alors qu'un patrouilleur français, le Flamant, se situe Ă  ce moment-lĂ  Ă  une vingtaine de kilomĂštres. À 2 h 28, les Français prĂ©viennent leurs homologues que le canot vient de passer dans leurs eaux territoriales « sans jamais [les] informer que cette embarcation est en difficultĂ©, a demandĂ© assistance et attend un bateau de sauvetage promis depuis 2 h 05 ». Les Britanniques envoient immĂ©diatement leur patrouilleur, le Valiant, mais insistent pour que les Français envoient le Flamant, bien plus proche du bateau qui est en train de couler. Une opĂ©ratrice du Cross refuse en affirmant faussement que le Flamant est occupĂ© sur un autre cas. À 3 h 27, les britanniques diffusent un mayday appelant Ă  porter assistance Ă  un bateau dont les passagers sont en danger de mort, mais aucun navire ne rĂ©pond, malgrĂ© l'obligation qui leur est faite par les conventions internationales. À 4 h 16, le tanker tanker Concerto propose son aide au Cross, mais celui-ci l'en dissuade, expliquant faussement que le Flamant est en chemin[39]. Le Cross laisse finalement dĂ©libĂ©rĂ©ment les occupants du bateau se noyer. Le dernier signe de vie est reçu Ă  4 h 22. L’évĂ©nement est clos par le Cross vers 5 h, sous la mention « Secouru »[33] - [74] - [75].

Dans les enregistrements des communications du Cross, on entend une opératrice[76] multiplier les commentaires cyniques en aparté.

« Ah bah si t'entends pas, tu seras pas sauvĂ©. J’ai les pieds dans l’eau, bah
 je t’ai pas demandĂ© de partir. (...) Je vais lui sortir la phrase magique, pas de position pas de bateau de secours. »

Parmi les autres « comportements inadaptés des personnels » du Cross, les gendarmes relÚvent le pseudonyme utilisé par le directeur adjoint du centre : « Super Migrant »[39].

Les gendarmes notent également que le Cross Gris-Nez a cherché à entraver leurs investigations, notamment en refusant « de communiquer les coordonnées des opérateurs [en vue de leur audition] » et contestent le contenu du rapport que le directeur du Cross a remis en mars au préfet maritime[39].

AprĂšs ces rĂ©vĂ©lations du Monde sur les conditions du naufrage, le gouvernement français, par la voix de son secrĂ©taire d’Etat Ă  la mer HervĂ© Berville qui prĂ©vient que « toute la lumiĂšre devra ĂȘtre faite », promet l'ouverture d'une enquĂȘte interne[77], et les militaires de la section de recherches de la gendarmerie maritime de Cherbourg (Manche) recommandent des « investigations complĂ©mentaires » pour faire la lumiĂšre sur « des faits pouvant recevoir une qualification pĂ©nale, au titre de la non-assistance Ă  personne en danger »[39]. Dans leurs conclusions remises Ă  la juge d’instruction, les gendarment Ă©crivent que « l’existence de cette enquĂȘte interne n’a pas Ă©tĂ© montrĂ©e », mais la prĂ©fecture maritime n'a cessĂ© de fĂ©liciter les membres du Cross: en remettant « un tĂ©moignage de satisfaction collectif » Ă  l’équipage du Flamant une semaine aprĂšs les rĂ©vĂ©lations du Monde ; en promouvant un officier mis en examen dans cette affaire, FrĂ©dĂ©ric J.; en donnant la mĂ©daille d’or de la dĂ©fense nationale pour avoir « rĂ©organisĂ© de maniĂšre remarquable les opĂ©rations de sauvetage dans le Pas-de-Calais » au directeur du Cross au moment des faits, Marc Bonnafous, qui a pourtant entravĂ© l'enquĂȘte de gendarmerie[78] - [79].

Le 25 mai 2023, cinq militaires du Cross de la Manche, tous de service le soir du drame, sont mis en examen pour non-assistance à personne en danger[80]. Le , deux militaires qui patrouillaient à bord du « Flamant » à proximité du canot sont à leur tour mis en examen[81].

Conséquences sécuritaires

Une haute clÎture surmontée de barbelés qui entoure le port de Calais.

À l'issue de la rĂ©union des Vingt-Sept du 28 novembre 2021 Ă  Calais, dont le but Ă©tait de renforcer la lutte contre le trafic migratoire, GĂ©rald Darmanin annonce qu'un avion de Frontex survolera jour et nuit la zone, de la France aux Pays-Bas, pour lutter contre le trafic migratoire sur la Manche[82]. Ce recours Ă  Frontex Ă©tait en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  actĂ© avant le naufrage[47]. Aucune mesure supplĂ©mentaire de secours en mer n’est prĂ©vue[47]. Les conditions de vie des exilĂ©s n’ont pas Ă©tĂ© abordĂ©es[83].

Au parlement, dĂ©but dĂ©cembre 2021, Boris Johnson dĂ©fend le projet de loi « nationalitĂ© et frontiĂšres » qui est censĂ© lui permettre de reprendre le contrĂŽle des frontiĂšres. Cette loi criminalise les traversĂ©es de la Manche en embarcations lĂ©gĂšres, autorise les pushbacks (le renvoi des embarcations vers le large) et prĂ©voit la crĂ©ation de centres pour demandeurs d’asile en dehors du Royaume-Uni[84]. Selon la commission parlementaire aux droits humains britannique, le texte est « incompatible avec les obligations du Royaume-Uni dans le cadre de la convention des Nations unies sur les rĂ©fugiĂ©s »[84].

Les plans successifs du gouvernement conservateur britannique, et notamment l’expulsion controversĂ©e de demandeurs d’asile vers le Rwanda[85], n'enrayent pas la hausse continue du passage de migrants dans la Manche. Selon les chiffres du ministĂšre de l’intĂ©rieur britannique, plus de 28 526 personnes ont tentĂ© de traverser illĂ©galement la manche en 2021, trois fois plus qu'en 2020[86] - [87]. En 2022, plus de 45 000 personnes ont traversĂ© la Manche selon les autoritĂ©s britanniques (contre 28 526 en 2021)[87] - [88] - [89] - [90].

Plus de 300 personnes sont mortes en tentant de traverser la manche depuis 1999, et certains universitaires constatent que, comme dans la crise Ă  la frontiĂšre entre la BiĂ©lorussie et la Pologne, les gouvernements europĂ©ens se dĂ©faussent de leur propre responsabilitĂ© dans les consĂ©quences meurtriĂšres de la politique migratoire qu'ils mettent en Ɠuvre[8] - [91]. En effet, selon eux et selon plusieurs associations, la stratĂ©gie consistant Ă  harceler les migrants[92] - [93] - [94] (voir l'article ZĂ©ro point de fixation pour plus de dĂ©tails) augmente leur dĂ©sir de rejoindre le Royaume-Uni, et la politique sĂ©curitaire accroĂźt le prix demandĂ© par les passeurs qui existent parce que les frontiĂšres sont devenues impossibles Ă  traverser lĂ©galement[8].

Quelques semaines aprĂšs le naufrage, des squats hĂ©bergeant des rĂ©fugiĂ©s sont Ă©vacuĂ©s Ă  Calais, en plein hiver, dans l’indiffĂ©rence[95] - [96].

Notes et références

  1. « Calais : au moins vingt-sept morts dans le naufrage d’une embarcation », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. « A Calais, la frontiĂšre bunker avec l’Angleterre repousse les migrants vers la mer », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  3. « Naufrage de migrants dans la Manche : les accords du Touquet au cƓur des critiques », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. « Migrants dans la Manche : les accords du Touquet au cƓur du drame », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  5. « « La France est dans une position qu’on pourrait comparer Ă  celle du Maroc ou de la Turquie » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. « TragĂ©die de Calais : l’asile en question pour Paris et Londres », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Migrants dans la Manche : rebond Ă©pistolaire entre Paris et Londres », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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