Maurice Rocher
Maurice Rocher (né le à Évron et mort le à Versailles) est un artiste peintre expressionniste français.
Naissance | Évron (d) |
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Décès |
(Ă 76 ans) Versailles |
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Mouvement | |
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Archives conservées par |
Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art Institut national d'histoire de l'art (Archives 087)[1] Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 9445-9446, 2 pièces, date inconnue)[2] |
Biographie
Maurice Rocher suit les cours de l'école des arts appliqués du Mans puis des Beaux-Arts de Paris et, de 1936 à 1939, des Ateliers d'art sacré de Maurice Denis et de George Desvallières dont il apprécie l'enseignement. Homme de foi, il fréquente alors régulièrement l'abbaye de Solesmes. En 1948, il est l'un des cofondateurs du Centre d'art sacré où il enseigne jusqu'en 1952, enseignement interrompu en 1949-1950 par un séjour à la Casa de Velázquez à Madrid.
L'œuvre picturale de Maurice Rocher est organisée autour de quelques grands thèmes, chacun traité et approfondi de façon spécifique par une longue série de peintures. Les principaux thèmes de l'œuvre sont :
- Les crucifixions et Ecce homo, 1954-1965
- les notables, 1965-1967
- Les nus, 1968-1970
- les Ă©glises, 1970-1972
- les suppliciés, 1985-1990
- Les couples, 1985-1987
- les visages-matières
D’abord influencé par Constant Permeke, dont il adopte le modelé elliptique et les teintes brunes, il opte en 1965 pour des personnages rouges et roses, et commence une série d'églises (classiques puis déstructurées) qu'il poursuivra toute sa vie. En 1966, l'image du prêtre révolutionnaire Camilo Torres Restrepo inspire une série de Suppliciés déclinés obsessionnellement jusqu'à sa mort. À partir de 1970, il enrichit sa palette de teintes plus vives et diversifie ses fonds (souvent noirs) dans des Visages aux teintes plus douces et des Notables, « "salauds" sartriens »[3] aux verts et bleus parfois violents. Ces années sont aussi marquées par une production abondante de gouaches, encres et lavis. En 1983, la rencontre d'une femme enrichit le thème des scènes à plusieurs personnages, puis celui récurrent des Couples, parfois intitulés Mangeuses d'homme.
Pour lui, la matière prime, il ne part pas d'un sujet établi mais se laisse guider par son instinct, c'est en cela qu'il revendique une influence de l'expressionnisme. Les Visages-Matière composés à partir de restes de peinture témoignent de cette approche. Bien que la forme l'emporte souvent sur le sujet, il reste un peintre figuratif. Il expose régulièrement à Paris dans diverses galeries et côtoie les peintres de la nouvelle figuration : Bengt Lindström, John Christoforou ou Orlando Pelayo, à la galerie Ariel.
De 1946 à 1965, Maurice Rocher conçoit les verrières (vitraux au plomb ou dalles de verre) de plus d'une centaine d'édifices religieux, en France et à l'étranger, dans le cadre de la reconstruction suivant la Seconde Guerre mondiale, ou pour des églises nouvelles. Il déclare cependant à la fin de sa vie : « aujourd’hui, je ne suis plus croyant »[4].
Il meurt à Versailles en 1995, laissant un œuvre important composé de plusieurs centaines de toiles et d'œuvres sur papier. Il repose au cimetière des Gonards de Versailles.
RĂ©compense
- 1952 : Prix de la Jeune peinture pour Maternité
RĂ©ception critique
« La palette de Maurice Rocher est exclusivement faite de noirs, de blancs et de quelques terres. Art fortement engagé dans les boues du réel. Son thème est l'homme qu'il prend aux deux pôles à la fois charnels et sacrés de sa vie, la naissance et la mort. Une muette et comme animale tendresse y paraît, qui est plutôt compassion qu'apaisement. Cependant; au-dessus de ces personnages tout raidis dans leur acquiescement à un destin qu'ils accomplissent dans la nuit, le ciel nuageux se blanchit de lueurs d'aube. Le vitrail vient curieusement compléter cet art volontaire et un peu triste par une joie de couleurs enfin libérées qui semble bien déployer aux hautes fenêtres des églises la joie même de l'homme racheté et régénéré. »
— Joseph Pichard[5]
« Artiste d'une grande hardiesse, mais toujours émouvant. »
— Henri Héraut[6]
« Microcosme d'un contexte social très contemporain, reflet d'un regard pessimiste sur la destinée humaine, l'art de Maurice Rocher épingle sans relâche les prototypes d'une société veule et hypocrite qui dissimule sa moralité douteuse sous les oripeaux ridicules et pompeux des rites sans âme d'un pouvoir établi. Personnages galonnés, veuves abusives, notaires bouffis, ambassadeurs auto-satisfaits, dictateurs suffisants, composent cette iconographie féroce et sarcastique, chargée de vecteurs sociologiques. Rien de moins innocent que ces visages tuméfiés, soumis à l'ire d'une touche gestuelle et baroque qui lézarde à plaisir des morphologies aux chairs ravinées. »
« Dans une voie peu fréquentée hormis par Rouault, Soutine et Permeke, Maurice Rocher s'est fait le portraitiste d'une humanité souffrante. Sa peinture est le miroir des tares cachées d'une âme paroxystique. Corps et visages sont sabrés par un pinceau qui exploite toutes les richesses d'une palette goyesque. Des fulgurances en noir et rouge zébrées de blanc dictent les formes convulsives d'êtres de chair et de sang. »
Collections publiques
Belgique
France
- Abbeville, Ă©glise Saint-Gilles : vitraux, 1966
- Aron, Ă©glise : vitraux, 1957
- Athis-Mons, Ă©glise Notre-Dame-de-la-Voie : vitraux, 1954
- Auray, basilique : vitraux, 1973
- Auray, Petit séminaire Sainte-Anne : vitraux, 1965
- Beaumont-en-Auge, Ă©glise : vitraux, 1950
- Brest, bibliothèque municipale
- Brest, Ă©glise Saint-Louis : vitraux, 1956
- Bretteville-sur-Laize, Ă©glise Notre-Dame de la Visitation : vitraux, 1958
- Caen, abbaye-aux-Dames : vitraux, 1960
- Caen, chapelle du château : vitraux, 1969
- Cavigny, Ă©glise : vitraux, 1961
- Château-Gontier, basilique Saint-Jean : vitraux, 1956
- Châteaulin, juvénat des frères de Plöermel : vitraux, 1963
- Courseulles, Ă©glise Saint-Germain : vitraux, 1952
- Coutances, chapelle du séminaire : vitraux, 1954
- Elnes, cathédrale : vitraux, 1969
- Évron, chapelle de la Maison-mère des Sœurs de la Charité : vitraux, 1959
- Guernes, Ă©glise Notre-Dame : vitraux, 1955
- Hagondange, Ă©glise : vitraux, 1960
- Kermaria, chapelle de la Maison-mère des Sœurs : vitraux, 1968
- Landévennec, abbaye bénédictine : vitraux, 1966
- Langrune-sur-Mer, Ă©glise : vitraux, 1966
- Le Mesnil-VĂ©neron, Ă©glise Notre-Dame-de-la-Salette : vitraux, 1953
- Le Pecq, Ă©glise Saint-Thibault : vitraux, 1962
- L'Isle-Adam, Ă©glise Saint-Martin : vitraux, 1970
- Lyon-Vaise, Ă©glise : vitraux, 1958
- Mayenne, basilique Notre-Dame : vitraux, 1956 ; Ă©glise Saint-Martin
- Merville, Grand séminaire : vitraux, 1961
- Nantes, basilique Saint-Nicolas : vitraux, 1961
- Nantes, musée des beaux-arts
- Nyoiseau, Ă©glise : vitraux, 1948
- Paris, église Saint-Dominique : Le Verbe et la Parole, 1946, fresque ornant la voûte en cul-de-four
- Paris, musée national d'art moderne
- Plouharnel, abbaye Sainte-Anne de Kergonan : vitraux, 1970
- Pontmain, basilique Notre-Dame : vitraux, 1975
- Royan, Ă©glise : vitraux, 1952
- Royan, Ă©glise Notre-Dame-de-l'Assomption : vitraux, 1957
- Saint-Nazaire, couvent des franciscains : vitraux, 1955
- Sainte-Suzanne-et-Chammes: Ă©glise Saint-Pierre de Chammes: vitraux, 1951; 14 tableaux du Chemin de Croix.
- Solesmes, abbatiale Saint-Pierre : vitraux, 1974
- Strasbourg, institut Notre-Dame de Sion : vitraux, 1951
- Thaon, Ă©glise : vitraux, 1953
- Toulouse, cathédrale Saint-Étienne : vitraux, 1962
- Troyes, musée d'art moderne
- Versailles, chapelle du Grand séminaire : vitraux, 1964
- Versailles, Ă©glise Sainte-Jeanne d'Arc : vitraux, 1977
- Versailles, Musée Lambinet : L'usine à gaz, crayon gras, 1950[9]
- Vitré, chapelle de la maison-mère des sœurs de Guilmarais : vitraux, 1970
Grand-Duché de Luxembourg
- Clervaux, abbaye : vitraux, 1960
Mexique
- Guadalajara, temple expiatoire : vitraux, 1966
- Chihuahua
Vatican
Salons
- Paris, Salon des moins de trente ans, 1941
- Paris, Salon d’art sacré : 1945, 1946, 1947, 1948, 1949
- Paris, galerie Charpentier, Cent chefs-d'œuvre d'art sacré, 1952
- Paris, musée Galliera, Célébrités et révélations de la peinture contemporaine, 1953
- Paris, Biennale des jeunes artistes, 1957
- Exposition universelle de Bruxelles, 1958
- Salon d'automne : 1960 Ă 1970
- Tokyo, exposition internationale d'art figuratif, 1964
- Téhéran, Première exposition internationale des arts de Téhéran, Centre des expositions internationales, décembre 1974 - janvier 1975[10]
- Paris, Salon Grands et jeunes d’aujourd’hui, 1976 à 1981
- Paris, Salon des réalités nouvelles, 1968 à 1985
Expositions
- L'Association des amateurs de peinture présente Bernard Buffet, André Minaux, Roger Montané, Maurice Rocher, Gaëtan de Rosnay, Robert Savary, Maurice Verdier, Paul Aïzpiri…, Galerie Jacques Leuvraix, 182 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris, janvier 1949[11].
- Galerie Drouant, Paris, 1964
- Galerie Jacques Massol, Paris, 1968[12], 1970, 1972[13]
- Galerie Veranneman, Bruxelles, 1970
- Musée de Saint-Omer, 1974
- Galeria Altex, Madrid, 1977
- Galerie Ariel, Paris, 1976, 1979.
- Musée du Vieux Château, Laval, 1981
- Galerie Protée, Paris, 1983, 1984, 1988
- Galerie Convergence, Nantes, 1982, 1986
- Galerie Serge Garnier, Paris, 1983 : Vingt maîtres modernes et contemporains Avec Paul Rambié, Roland Bierge, Léon Zack.
- Les figurations des années 60 à nos jours - Valerio Adami, Lydie Arickx, Eduardo Arroyo, Philippe Bonnet, John Christoforou, Robert Combas, Pierre Dessons, Roger-Edgar Gillet, Peter Klasen, Claude Morini, Jean Revol, Maurice Rocher, Jean Rustin, Gérard Schlosser, Hervé Télémaque, Vladimir Veličković…, exposition itinérante, Musée des Beaux-Arts de Dunkerque, château Grimaldi de Cagnes-sur-Mer, Musée d'Art moderne de Troyes, Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, couvent des Cordeliers de Châteauroux, 1986-1987[14].
- Chapelle de la Sorbonne, Paris, 1991
- Mairie du 18e arrondissement de Paris, 1985
- Musée d'art moderne de Troyes, 1986
- Abbaye des Cordeliers, Châteauroux, 1988
- Abbaye de Saint-Riquier, Saint-Riquier (Somme), 1994
- Musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand, 1995
- Galerie Olivier Nouvellet, Paris 1993, 1998, 2002, 2006
- Galerie Pierre Marie Vitoux, Paris, 1991, 1992, 1996, 1997, 2005, 2007[15], mars-[8]
- Galerie Zafman, Paris 2008
- Galerie Danielle Bourdette-Gorzkowski, Honfleur, - , Des natures mortes à Honfleur Avec André Beauce, Georges-André Klein[16]…
- Versailles au XXe siècle, muse des artistes, Musée Lambinet, Versailles, septembre-novembre 2020][9]
Publications
- De l'expressionnisme en peinture, Rezé, Séquences,
- Journal 1945-1983, Laval, Éditions Siloé,
- Journal, Barèges, Centre international de l'Hospitalet,
Filmographie
- Cinq peintres expressionnistes, moyen-métrage réalisé par Charles Chaboud, 1983-1984. Produit par TF1, diffusé par TF1 et l'INA. Avec Orlando Pelayo, John Christoforou, Bengt Lindström, Maurice Rocher et Vladimir Veličković[17].
Bibliographie
- Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001.
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
- Nathalie Cottin, Maurice Rocher, Peintures 1986-1993, Paris, Éditions Altamira, .
- Nathalie Cottin, Entretiens avec Maurice Rocher - Le peintre, Dieu, la femme, Paris, Éditions Altamira, .
- Lydia Harambourg, Dictionnaire des peintres, École de Paris 1945-1965, Ides et Calendes, Neuchâtel 1993.
- Collectif (sous la dir. de Paul André), L'Art sacré au XXe siècle en France, Éditions de l'Albaron - Société Présence du Livre, 1993.
- Gérard Xuriguera, Maurice Rocher, Paris, Éditions Mayer, .
- Gérard Xuriguera, Francis Parent et Michel Faucher, Les figurations des années 60 à nos jours, éditions du Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, 1986.
- Gérard Xuriguera, Les années 50 - Peintures, sculptures, témoignages, Arted, 1984.
- Jean Lemanceau, Gérard Xuriguera et Jean-Marie Dunoyer, Maurice Rocher, Femmes et Notables, Paris, Éditions Art Moderne, .
- GĂ©rard Xuriguera, Regard sur la peinture contemporaine, Arted, 1983.
- Gérard Xuriguera, Maurice Rocher, Paris, Éditions Art Moderne, .
- Joseph Pichard, L'Art sacré moderne, Arthaud, 1953.
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Delarge
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Mauricerocher.org, site consacré à Maurice Rocher
- Une partie de ses archives est conservée à l'Institut national d'histoire de l'art[18].
Notes et références
- « https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/0056612 » (consulté le )
- « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom ROCHER Maurice (consulté le )
- Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, GrĂĽnd, 2001
- propos recueillis par Nathalie Cottin dans Entretiens avec Maurice Rocher, Éditions Altamira, Paris, 1994.
- Joseph Pichard, L'Art sacré moderne, Arthaud, 1953, pages 122-123.
- Henri Héraut, « VIIIe Salon d'art sacré », Journal de l'amateur d'art, n°218, 25 novembre 1958, page 10.
- GĂ©rard Xuriguera, Regard sur la peinture contemporaine, Arted, 1983, pages 196-198.
- Lydia Harambourg, « Maurice Rocher, hommage », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°12, 24 mars 2017, page 246.
- Musée Lambinet, Versailles au XXe siècle, muse des artistes, journal d'exposition, septembre 2020
- Farah Pahjavi, Mehrdad Pahlbod et Édouard Georges Mac-Avoy (préface et avant-propos), Première exposition internationale des arts de Téhéran, catalogue d'exposition, 1974
- François Lespinasse, Robert Savary, imprimerie SIC, Lagny-sur-Marne, 1990, pp. 38-39.
- Catalogue Ă©crit par Jean-Jacques LĂ©vĂŞque.
- Catalogue Ă©crit par Maurice Lelong.
- Francis Parent, Entendre l'écrit - Recueil de textes critiques, E. C. Éditions, Paris, 1999, pp. 163-164.
- Cette dernière intitulée Suppliciés. Voir article de Lydia Harambourg dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, n° 40 du 16 novembre 2007.
- Normandie Magazine, « Des natures mortes à Honfleur », n° 260, novembre 2013.
- Abécédaire des films sur l'art moderne et contemporain, Centre national des arts plastiques/Centre Georges-Pompidou, Paris, 1985, p. 238.
- « Calames », sur www.calames.abes.fr (consulté le )