Lost Highway (film)
Lost Highway, ou Route perdue au Québec et au Nouveau-Brunswick, est un thriller psychologique réalisé par David Lynch, sorti en 1997.
Titre québécois | Route perdue |
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RĂ©alisation | David Lynch |
Scénario |
David Lynch Barry Gifford |
Musique | Angelo Badalamenti |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Ciby 2000 Asymmetrical Productions October Films |
Pays de production |
Ătats-Unis France |
Genre |
Thriller Film noir Cinéma expérimental |
Durée | 135 minutes |
Sortie | 1997 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film suit un musicien (Bill Pullman) qui commence à recevoir de mystérieuses cassettes VHS de lui et de sa femme (Patricia Arquette) dans leur maison. Il est soudainement condamné pour meurtre, aprÚs quoi il disparaßt inexplicablement grùce à un « homme mystÚre » (Robert Blake). Il est remplacé par un jeune mécanicien (Balthazar Getty) menant une vie différente. Mais, peu à peu, des éléments de son passé resurgissent.
Lost Highway est financĂ© par la sociĂ©tĂ© de production française Ciby 2000 et est tournĂ© en grande partie Ă Los Angeles. Le film est montĂ© et produit par Mary Sweeney, tandis que la photographie est de Peter Deming. La bande originale du film, produite par Trent Reznor, comprend une musique originale dâAngelo Badalamenti et Barry Adamson ; elle est complĂ©tĂ©e par des chansons dâartistes tels que David Bowie, Marilyn Manson, Rammstein, Nine Inch Nails et The Smashing Pumpkins.
Ă sa sortie, Lost Highway reçoit des critiques mitigĂ©es qui lui reprochent notamment son manque de cohĂ©rence. Il a depuis Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ© par la presse, et a accĂ©dĂ© au statut de film culte. Lost Highway est le premier des trois films de David Lynch situĂ©s Ă Los Angeles, suivi de Mulholland Drive en 2001 et dâInland Empire en 2006. En 2003, il est adaptĂ© en opĂ©ra par la compositrice autrichienne Olga Neuwirth.
Synopsis
Accroche
Fred Madison, un saxophoniste de Los Angeles, commence Ă recevoir dâinquiĂ©tantes vidĂ©os de lui et de sa femme. Ils reçoivent la visite de policiers qui ne les rassure pas. Un jour, Fred reçoit une nouvelle cassette vidĂ©o le montrant Ă cĂŽtĂ© du corps de sa femme assassinĂ©e. Il est alors condamnĂ© Ă mort mais disparaĂźt mystĂ©rieusement.
Fred Madison est remplacĂ© par Pete Dayton, dont la vie semble diffĂ©rente au premier abord. Mais, comme dans un rĂȘve, des Ă©lĂ©ments du passĂ© de Fred vont peu Ă peu rĂ©apparaĂźtre, de façon diffĂ©rente.
Résumé détaillé
Fred Madison, un saxophoniste plutĂŽt aisĂ© de Los Angeles, entend un message Ă lâinterphone de sa maison : « Dick Laurent est mort ». Le lendemain matin, sa femme RenĂ©e trouve sur leur porche une cassette VHS contenant une vidĂ©o de la maison oĂč il vit avec RenĂ©e, vue de lâextĂ©rieur puis de lâintĂ©rieur. AprĂšs avoir fait lâamour, Fred raconte Ă RenĂ©e quâil a rĂȘvĂ© que quelquâun lui ressemblant Ă©tait attaquĂ©. Il voit alors le visage de RenĂ©e comme celui dâun vieil homme pĂąle. Au fil des jours, dâautres cassettes arrivent, montrant des images dâeux endormis dans leur lit. Fred et RenĂ©e appellent la police mais les inspecteurs ne leur offrent aucune aide. Ils assistent ensuite Ă une fĂȘte organisĂ©e par lâami de RenĂ©e, Andy. Lâ« homme mystĂšre » dont Fred a rĂȘvĂ© sâapproche de lui, prĂ©tendant lâavoir dĂ©jĂ rencontrĂ©. Lâhomme dit ensuite quâil se trouve chez Fred Ă ce moment prĂ©cis et rĂ©pond au tĂ©lĂ©phone de la maison lorsque Fred lâappelle. Fred apprend dâAndy que lâhomme est un ami de Dick Laurent. TerrifiĂ©, Fred quitte la soirĂ©e avec RenĂ©e. Le lendemain matin, une autre cassette arrive et Fred la regarde seul. Ă sa grande horreur, on le voit planer au-dessus du corps dĂ©membrĂ© de RenĂ©e. Il est condamnĂ© Ă mort pour son meurtre.
Dans le couloir de la mort, Fred est assailli par des maux de tĂȘte et des visions de lâ« homme mystĂšre » et dâune cabane en feu dans le dĂ©sert. Lors dâun contrĂŽle de cellule, le gardien de prison dĂ©couvre que lâhomme dans la cellule de Fred est maintenant Pete Dayton, un jeune mĂ©canicien. Bien que Pete soit remis aux soins de ses parents, il est suivi par deux dĂ©tectives qui tentent dâen savoir plus sur lui. Le lendemain, Pete retourne travailler au garage oĂč le gangster M. Eddy lui demande de rĂ©parer sa voiture. M. Eddy emmĂšne Pete faire un tour en voiture, au cours duquel Pete voit M. Eddy battre un automobiliste. Le lendemain, M. Eddy revient au garage avec sa maĂźtresse, Alice Wakefield, et sa Cadillac que Pete doit rĂ©parer. Plus tard, Alice revient seule au garage et invite Pete Ă dĂźner. Lorsque Pete et Alice entament une liaison, elle craint que M. Eddy ne les soupçonne, et concocte un plan pour voler son ami Andy et quitter la ville. Alice rĂ©vĂšle Ă©galement Ă Pete que M. Eddy est en fait un producteur de porno amateur nommĂ© Dick Laurent. Pete reçoit un appel tĂ©lĂ©phonique de M. Eddy et de lâ« homme mystĂšre », ce qui lâeffraie tellement quâil dĂ©cide de suivre le plan dâAlice. Pete tend une embuscade Ă Andy et le tue accidentellement, avant de remarquer une photo montrant Alice et RenĂ©e ensemble. Plus tard, lorsque la police se rend Ă la maison pour enquĂȘter sur la mort dâAndy, Alice est inexplicablement absente de la photo.
Pete et Alice arrivent dans une cabane vide dans le dĂ©sert et commencent Ă faire lâamour dehors sur le sable. Alice finit par se lever et se rend dans la cabane. Pete se retransforme en Fred. En fouillant la cabane, il rencontre lâ« homme mystĂšre », qui commence Ă filmer et Ă poursuivre Fred avec une camĂ©ra vidĂ©o. Fred sâĂ©chappe et se rend Ă lâhĂŽtel Lost Highway, oĂč il trouve M. Eddy et RenĂ©e en train de faire lâamour. AprĂšs le dĂ©part de RenĂ©e, Fred kidnappe M. Eddy et lui tranche la gorge. Lâ« homme mystĂšre » tire sur M. Eddy et murmure quelque chose Ă Fred avant de disparaĂźtre. Fred se rend Ă son ancienne maison, sonne lâinterphone et dit : « Dick Laurent est mort ». Lorsque les deux dĂ©tectives arrivent Ă la maison, Fred retourne en courant Ă sa voiture et sâenfuit, avec les dĂ©tectives Ă ses trousses. La poursuite se prolonge dans la nuit, Fred hurlant dâimpuissance tandis que la voiture roule Ă toute allure sur lâautoroute sombre.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complĂ©mentaire, les informations mentionnĂ©es dans cette section peuvent ĂȘtre confirmĂ©es par la base de donnĂ©es IMDb.
- Titre original et français : Lost Highway
- Titre québécois : Route perdue
- RĂ©alisation : David Lynch
- Scénario : David Lynch et Barry Gifford
- Photographie : Peter Deming
- Montage : Mary Sweeney
- Musique : Angelo Badalamenti
- Direction artistique : Russell J. Smith[1]
- DĂ©cors : Leslie Morales
- Costumes : Patricia Norris
- Producteurs : Deepak Nayar, Tom Sternberg, Mary Sweeney
- Producteur délégué : Sabrina S. Sutherland
- Sociétés de production : Ciby 2000, Asymmetrical Productions, October Films
- Société de distribution : CiBy Distribution
- Pays dâorigine : Ătats-Unis | France
- Langue originale : anglais
- Format : couleur â 35 mm â 2,35:1 â son Dolby Digital
- Genre : thriller psychologique, film noir
- Durée : 135 minutes
- Dates de sortie :
- France :
- Ătats-Unis :
- Classification :
- France : interdit aux moins de 12 ans (visa dâexploitation n° 91324 dĂ©livrĂ© le )
- Ătats-Unis : R
Distribution
- Bill Pullman (VF : Renaud Marx) : Fred Madison
- Patricia Arquette (VF : Véronique Volta) : Renée Madison / Alice Wakefield
- Balthazar Getty (VF : Lionel Melet) : Pete Dayton
- Robert Blake (VF : Patrick Messe) : l'« homme mystÚre »[2]
- Robert Loggia (VF : Michel Fortin) : M. Eddy / Dick Laurent
- Natasha Gregson Wagner : Sheila
- Richard Pryor (VF : Mario Santini) : Arnie
- Lisa Boyle : Marian
- Michael Massee (VF : Bernard Bollet) : Andy
- Jack Nance : Phil le mécanicien
- Jack Kehler : le garde Johnny Mack
- Henry Rollins : le garde Henry
- Gene Ross : Warden Clements
- Scott Coffey : Teddy
- Gary Busey (VF : Michel Vigné) : Bill Dayton
- John Roselius (VF : Bruno Carna) : Al
- Lou Eppolito (VF : Achille Orsoni) : Ed
- Jennifer Syme : une fille droguée
- Marilyn Manson : un acteur porno
- Twiggy Ramirez : un acteur porno
Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage[3] et DSD Doublage[4]
Production
GenÚse et développement
Lost Highway est rĂ©alisĂ© par David Lynch, son premier long mĂ©trage depuis Twin Peaks: Fire Walk with Me (1992), prĂ©quelle de sa sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Twin Peaks (1990-1991)[5]. Il trouve lâexpression « lost highway » dans le livre Night People (1992) de Barry Gifford[6], Ă©crivain dont il a adaptĂ© le roman Sailor et Lula (1990) au cinĂ©ma et quâil connait trĂšs bien[7]. Il lui explique adorer cette expression comme titre pour un film. Les deux hommes se mettent dâaccord pour Ă©crire un scĂ©nario ensemble[8], ayant chacun leurs propres idĂ©es de ce que Lost Highway devrait ĂȘtre. Ils finissent par toutes les rejeter[8]. Lynch raconte alors Ă Gifford que, lors de la derniĂšre nuit de tournage de Twin Peaks: Fire Walk with Me, il lui est venu une idĂ©e Ă propos de cassettes vidĂ©o et dâun couple en crise[8]. Cette idĂ©e deviendra la premiĂšre partie du film jusquâĂ ce que le personnage de Fred Madison se retrouve dans le couloir de la mort. Lynch et Gifford se rendent compte quâun changement est nĂ©cessaire, et une autre histoire, reliĂ©e Ă la premiĂšre mais nĂ©anmoins diffĂ©rente se dĂ©veloppe[8]. Ils mettent un mois pour terminer le scĂ©nario[8].
Lost Highway sâinspire en partie de lâaffaire O. J. Simpson, qui implique lâarrestation dâun homme niant avoir commis un meurtre[9]. La scĂšne dâouverture du film, oĂč Fred Madison entend les mots « Dick Laurent est mort » dans son interphone, sâinspire dâun incident similaire survenu Ă Lynch chez lui[8]. Comme sa maison Ă©tait proche de celle de lâacteur David Lander et que les deux hommes portaient le mĂȘme prĂ©nom, Lynch pensait que la personne inconnue avait dĂ» se tromper dâadresse[8]. LâidĂ©e de lâ« homme mystĂšre »[2] « est nĂ©e du sentiment Ă©prouvĂ© face Ă un homme qui, quâil soit rĂ©el ou non, donnait lâimpression dâĂȘtre surnaturel », a expliquĂ© Lynch[7].
Le film est financĂ© par la sociĂ©tĂ© de production française Ciby 2000[10]. La sociĂ©tĂ© Asymmetrical Productions de Lynch, dont les bureaux sont situĂ©s prĂšs de sa maison dans les collines dâHollywood, participe Ă©galement Ă la production du film[10].
Distribution des rĂŽles
David Lynch confie le rĂŽle principal Ă Bill Pullman, un de ses amis et voisins[11]. Lâactrice Patricia Arquette accepte de jouer les rĂŽles de RenĂ©e et dâAlice parce quâelle Ă©tait intĂ©ressĂ©e par le fait dâincarner une femme sexuellement dĂ©sirable et dangereuse[12], un rĂŽle quâelle nâavait jamais jouĂ© auparavant[13]. Elle Ă©tait une admiratrice de Lynch depuis longtemps et Ă©tait honorĂ©e de travailler avec lui[12] - [13]. Lâacteur Balthazar Getty est choisi pour le rĂŽle de Pete Dayton aprĂšs que Lynch a vu une photo de lui dans un magazine et ait estimĂ© quâil Ă©tait « lâhomme idĂ©al pour ce travail »[14]. Le scĂ©nario Ă©tant trĂšs ouvert Ă lâinterprĂ©tation, Balthazar Getty et Patricia Arquette ne savent pas quel genre de film Lost Highway est censĂ© ĂȘtre. Selon Getty, « une des techniques de David [Lynch] consiste Ă laisser ses acteurs dans lâincertitude, car cela crĂ©e une certaine atmosphĂšre sur le plateau »[14].
Lâacteur Robert Blake est choisi pour jouer le rĂŽle de lâ« homme mystĂšre »[2] car Lynch avait apprĂ©ciĂ© ses prĂ©cĂ©dents travaux et avait toujours souhaitĂ© travailler avec lui[7]. Bien quâil nâait rien compris au scĂ©nario, Blake est lui-mĂȘme responsable de lâapparence et du style de son personnage. Lorsque Lynch lui dit dâutiliser son imagination, Blake dĂ©cide de couper ses cheveux courts, de les sĂ©parer au milieu et dâappliquer un maquillage blanc kabuki sur son visage. Il enfile ensuite une tenue noire et sâadresse Ă Lynch, qui adore son style[7].
Les rĂŽles de M. Eddy et Dick Laurent sont confiĂ©s Ă lâacteur Robert Loggia, qui avait dĂ©jĂ manifestĂ© son intĂ©rĂȘt pour le rĂŽle de Frank Booth dans Blue Velvet de Lynch en 1986. En apprenant que Dennis Hopper avait Ă©tĂ© choisi pour jouer le rĂŽle de Booth, Loggia lâavait copieusement insultĂ©. Cet Ă©pisode, qui a marquĂ© Lynch, a inspirĂ© la scĂšne de rage de M. Eddy au volant[15]. Lost Highway est aussi le dernier film dans lequel Richard Pryor a jouĂ©[9].
Tournage
Lost Highway est tournĂ© Ă Los Angeles, en Californie, en 54 jours environ[16], du au [10]. Certaines scĂšnes dâextĂ©rieur et de voiture sont tournĂ©es Ă Griffith Park[10], tandis que les scĂšnes du Lost Highway Hotel sont tournĂ©es Ă lâAmargosa Opera House and Hotel dans la VallĂ©e de la Mort[17]. David Lynch possĂšde la propriĂ©tĂ© utilisĂ©e pour le manoir de Fred et RenĂ©e, qui se trouve dans la mĂȘme rue que sa propre maison dans les collines dâHollywood[5]. La maison est configurĂ©e dâune maniĂšre particuliĂšre pour rĂ©pondre aux exigences du film. Un couloir menant Ă la chambre Ă coucher est ajoutĂ© et la façade est remodelĂ©e avec des fenĂȘtres Ă fente pour rendre le point de vue de Fred trĂšs limitĂ©[8]. Les peintures qui se trouvent sur le mur au-dessus du canapĂ© sont rĂ©alisĂ©es par la productrice et monteuse du film Mary Sweeney[10], Ă lâĂ©poque mariĂ©e Ă Lynch.
Les scĂšnes impliquant de la nuditĂ© et des contacts sexuels sâavĂšrent trĂšs difficiles pour Patricia Arquette. Lâactrice, qui se considĂšre comme pudique, se sent nĂ©anmoins trĂšs protĂ©gĂ©e par Lynch et lâĂ©quipe de tournage, qui lui donnent des robes de chambre Ă tout moment[12]. La scĂšne dâamour entre elle et Balthazar Getty dans le dĂ©sert est tournĂ©e sur le lit dâun lac assĂ©chĂ© Ă 30 km de Baker[13], dans un plateau fermĂ© auquel seule lâĂ©quipe clĂ© Ă©tait autorisĂ©e Ă accĂ©der[12]. La sĂ©quence oĂč Fred se transforme en Pete nâest pas gĂ©nĂ©rĂ©e par ordinateur, mais Ă lâaide de techniques de camouflage : un maquilleur a construit une fausse tĂȘte recouverte de matiĂšre cĂ©rĂ©brale artificielle, qui a ensuite Ă©tĂ© entrecoupĂ©e de plans de Bill Pullman[18]. La poursuite finale en voiture est tournĂ©e avec deux camĂ©ras diffĂ©rentes tournant Ă des frĂ©quences dâimages diffĂ©rentes. Les rushes ont ensuite Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ©s pour rendre la scĂšne plus agressive[18].
David Lynch travaille avec le directeur de la photographie Peter Deming pour donner au film un aspect surrĂ©aliste[7]. Le scĂ©nario comportant peu de descriptions, le style visuel du film est Ă©laborĂ© au cours du tournage[8]. Peter Deming retire parfois les objectifs de sa camĂ©ra pour flouter une scĂšne particuliĂšre[19], tandis que Lynch Ă©coute souvent de la musique dans son casque et une scĂšne en mĂȘme temps pour mieux se reprĂ©senter le scĂ©nario[12]. Selon lui, « la rĂ©union du son et de lâimage constituent le cinĂ©ma [âŠ] Chaque son doit donc soutenir une scĂšne et lui donner de lâampleur. Une piĂšce est, disons, de neuf mĂštres sur douze, mais lorsque vous y introduisez du son, vous pouvez donner lâillusion un espace gĂ©ant »[7]. La notion de fugue dissociative est intĂ©grĂ©e au film aprĂšs quâun agent publicitaire de la production en a pris connaissance dans un livre consacrĂ© aux maladies mentales. David Lynch le perçoit comme un terme musical, estimant quâ« une fugue commence dâune certaine façon, prend une autre direction, puis retrouve son Ă©tat initial, ce qui se rapporte Ă la forme du film »[19].
Au cours du tournage, David Lynch reçoit un CD de lâalbum Herzeleid de Rammstein, dont les membres sont des fans du cinĂ©aste. Il nây prĂȘte pas attention dans un premier temps, au regret du groupe. Ce nâest que lors dâun trajet en voiture pour se rendre en repĂ©rage Ă la VallĂ©e de la Mort quâil lâĂ©coute pour la premiĂšre fois. Il est immĂ©diatement conquis et rĂ©alise que câest la musique quâil recherche pour Lost Highway[20]. Par la suite, le cinĂ©aste passe lâalbum Ă un volume trĂšs Ă©levĂ© avec deux Ă©normes haut-parleurs tout au long du tournage, mĂȘme pendant les pauses. Les personnes prĂ©sentes sur le plateau se mettent alors Ă danser, ravies par la musique. La sociĂ©tĂ© de production de Lynch Asymmetrical Productions finit par commander plus de 70 exemplaires de Herzeleid pour les membres de lâĂ©quipe de tournage[21]. Les titres Heirate mich et Rammstein figurent sur la BO du film, ce qui ravit Rammstein.
David Lynch veut initialement tourner Lost Highway en noir et blanc, mais lâidĂ©e est Ă©cartĂ©e en raison des risques financiers que cela peut entraĂźner. NĂ©anmoins, le film est tournĂ© dans des niveaux dâobscuritĂ© variables et comporte peu de scĂšnes de jour[7]. Certaines sĂ©quences deviennent si sombres quâil est difficile pour les spectateurs de voir ce qui se passe. Selon Peter Deming, « ce que je voulais, câĂ©tait donner le sentiment que nâimporte quoi pouvait sortir de lâarriĂšre-plan, et susciter une certaine interrogation chez le spectateur. Le film fonctionne de maniĂšre implicite tandis que vous le visionnez »[7]. LâobscuritĂ© du film nâest volontairement pas ajustĂ©e pendant la post-production[7]. Le premier montage du film de deux heures et demie fait lâobjet dâune projection test auprĂšs de 50 personnes pour donner Ă Lynch une idĂ©e des scĂšnes Ă couper[7]. Le film est finalement rĂ©duit Ă une durĂ©e de deux heures et dix minutes. La plupart des scĂšnes supprimĂ©es concernent la vie de Pete Dayton, notamment une scĂšne oĂč il sort avec ses amis dans un drive-in avant de se rendre au bowling[7].
Bande originale
Soundtrack
Film | Lost Highway |
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Sortie | |
Durée | 71:57 |
Genre | musique de film |
Format | CD, Digital, Vinyle |
Label | Nothing / Interscope |
Singles
- Apple of Sodom
Sortie : 18 février 1997 - The Perfect Drug
Sortie : 13 mai 1997 - Eye
Sortie : 1997
La musique originale du film est composĂ©e par Angelo Badalamenti avec des musiques additionnelles de Barry Adamson[22]. Badalamenti est un collaborateur rĂ©gulier de Lynch, avec qui il a travaillĂ© sur Blue Velvet et la sĂ©rie Twin Peaks[7]. La majeure partie de la musique est enregistrĂ©e Ă Prague avec des compositions additionnelles rĂ©alisĂ©es Ă Londres[7]. Ă La Nouvelle-OrlĂ©ans, Lynch collabore avec le musicien Trent Reznor de Nine Inch Nails pour fournir des musiques additionnelles. Ensemble, ils crĂ©ent la musique qui accompagne les scĂšnes dans lesquelles Fred et RenĂ©e regardent les mystĂ©rieuses cassettes VHS[23]. Deux chansons de Reznor et Nine Inch Nails, The Perfect Drug et Driver Down, sont spĂ©cialement composĂ©es pour le film[22]. Reznor produit ensuite un album de bande originale qui comprend la partition du film et des chansons dâartistes tels que David Bowie, Lou Reed, Marilyn Manson, The Smashing Pumpkins et Rammstein[24].
Les contributions de Marilyn Manson comprennent la reprise de I Put a Spell on You de Screaminâ Jay Hawkins, qui Ă©tait dĂ©jĂ sortie sur leur EP Smells Like Children de 1995, et Apple of Sodom qui est spĂ©cifiquement enregistrĂ©e pour le film[24]. Billy Corgan, le leader des Smashing Pumpkins, Ă©crit Eye aprĂšs que Lynch a rejetĂ© une premiĂšre version de Tear issue de lâalbum Adore sorti en 1998[24]. Deux chansons de Rammstein â Rammstein et Heirate Mich â sont incluses aprĂšs que David Lynch a Ă©coutĂ© leur premier album Herzeleid (1995) alors quâil explorait les lieux de tournage du film[24]. Le titre Insensatez, une version instrumentale de la chanson bossa nova Insensatez dâAntĂŽnio Carlos Jobim, est Ă©galement incluse dans la bande originale du film[24]. Lâalbum, qui sort le [25], atteint la 7e place du Billboard 200 et est certifiĂ© Or aux Ătats-Unis[24].
La chanson Song to the Siren de This Mortal Coil ne figure pas sur le disque mais peut ĂȘtre entendue dans le film.
Accueil
Dans la presse anglophone
Ă sa sortie, Lost Highway reçoit un accueil mitigĂ© de la part de la critique[26]. Gene Siskel et Roger Ebert donnent tous deux Ă Lost Highway une mauvaise note, reprise ironiquement lors de la promotion du film[27]. Pour Roger Ebert, le film nâa aucun sens, bien quâil loue lâambiance crĂ©Ă©e par les images puissantes et la bande-son forte. Il conclut sa critique en affirmant que Lost Highway « est un film de style, pas de cinĂ©ma »[28]. De mĂȘme, Kenneth Turan du Los Angeles Times Ă©crit que Lost Highway est un film « magnifiquement rĂ©alisĂ© mais Ă©motionnellement vide » qui « nâexiste que pour provoquer »[29]. Stephanie Zacharek de Salon et Owen Gleiberman dâEntertainment Weekly estiment tous deux que le film est superficiel, notamment comparĂ© Ă Blue Velvet[30] - [31]. Pour Stephanie Zacharek, David Lynch « a abandonnĂ© une partie de son originalitĂ© troublante au profit dâun film noir classique teintĂ© dâune excentricitĂ© maladroite »[30]. Owen Gleiberman compare quant Ă lui les scĂšnes de sexe du film Ă celles de « thrillers hollywoodiens mĂ©diocres »[31].
Dâautres critiques sont plus positives. La journaliste du New York Times Janet Maslin juge que, mĂȘme si lâaspect pervers du film manque dâoriginalitĂ© et fait penser Ă celle de Blue Velvet, Lost Highway « possĂšde un intĂ©rĂȘt qui lui est propre » et « invite son public Ă rĂ©flĂ©chir »[32]. Le rĂ©dacteur en chef de Metro Silicon Valley Richard von Busack fait lâĂ©loge de Lost Highway quâil considĂšre comme un « vrai film dâhorreur » en raison de son scĂ©nario dĂ©routant et dĂ©rangeant[33]. Il explique que lâhorreur « doit dĂ©passer la logique et la rĂ©alitĂ© ordinaire » et que, contrairement Ă des films dâhorreur populaires comme Scream (1996), oĂč la violence Ă lâĂ©cran nâest pas rĂ©aliste, David Lynch « prĂ©sente lâhorreur comme une horreur, prĂȘte Ă nous dĂ©concerter, Ă nous blesser »[33]. Dans une autre critique positive, Andy Klein du Dallas Observer estime que Lost Highway est un retour en forme pour le cinĂ©aste et considĂšre quâil sâagit de sa meilleure Ćuvre depuis Blue Velvet[34]. Il compare les interrogations sans rĂ©ponse du film Ă la sĂ©quence « Star Gate » de 2001, lâOdyssĂ©e de lâespace (1968), dĂ©clarant que Lost Highway est « mieux ressenti quâanalysĂ© »[34].
Dans le Chicago Reader, le critique Jonathan Rosenbaum Ă©voque « un Ă©loignement audacieux de la narration conventionnelle et un retour Ă la beautĂ© formelle dâEraserhead »[35]. Il attribue Ă David Lynch « des fusions du son et de lâimage magistrales et souvent puissantes », qui donnent au film un style trĂšs expressionniste[35]. Cependant, il critique lâiconographie du film noir pour son manque de contexte historique. Pour Todd McCarthy de Variety, bien que Lost Highway soit « inĂ©gal et trop dĂ©libĂ©rĂ©ment obscur pour ĂȘtre entiĂšrement satisfaisant », le rĂ©sultat « reste suffisamment intrigant et surprenant pour que de nombreux amateurs du cinĂ©ma de Lynch sây retrouvent »[36].
En France
En France, lâaccueil est dans lâensemble plutĂŽt positif[37]. Pour FrĂ©dĂ©ric Bonnaud des Inrockuptibles, Lost Highway est « un voyage purement mental, Ă travers le temps et lâespace, dans une nuit amĂ©ricaine sans limites ». Bien quâil admette que « Lynch reprend les figures de ses films ou de quelques grands classiques et se rĂ©approprie les emblĂšmes signalĂ©tiques de la culture amĂ©ricaine », câest pour selon lui « mieux les embarquer vers les nouveaux rivages de lâinconscient, vers un cinĂ©ma inĂ©dit oĂč le temps et lâespace nâen finissent plus de se trouer et de se dĂ©doubler ». Il trouve Ă©galement le film dĂ©concertant, « utilisant toutes les conventions et tous les clichĂ©s du film noir pour mieux sâen dĂ©barrasser en chemin ». Enfin, il salue les performances des deux acteurs principaux, Patricia Arquette et Bill Pullman[38]. Jean-François Rauger du journal Le Monde est Ă©galement Ă©logieux, qualifiant volontiers Lost Highway de « meilleur film de David Lynch Ă ce jour ». Ă lâinstar dâautres critiques, il loue le gĂ©nĂ©rique « produisant immĂ©diatement un Ă©tat particulier chez le spectateur, entre lâhypnose et lâhypersensibilitĂ© visuelle et sonore ». Il rapproche la structure en deux parties du film au travail de Stanley Kubrick qui, avec Full Metal Jacket, avait dĂ©jà « construit un diptyque dont les deux parties semblaient dĂ©connectĂ©es ». Jean-François Rauger note aussi que « la rarĂ©faction des objets et des sons » permet Ă Lynch de « confĂ©rer Ă ceux-ci une prĂ©sence inquiĂ©tante »[39].
Dâautres critiques nâadhĂšrent pas au film, comme François Gorin qui Ă©crit dans TĂ©lĂ©rama : « On perd pied. On se tĂąte : essayer dây voir clair ou se laisser happer une fois encore par lâambiance de sĂ©rie B dâhorreur intello-perverse⊠Lost Highway est (peut-ĂȘtre) lâhistoire dâun assassin schizophrĂšne. Câest surtout un film lui-mĂȘme schizophrĂšne. Comme si Lynch, lassĂ© de lâeffet Twin Peaks, sâĂ©tait dâabord raidi dans une pose dâartiste (avec succĂšs, le premier tiers), avant de repiquer dans sa malle de tics et dâaccessoires pour un faux remake de Sailor et Lula, confus, nocturne et anĂ©miĂ© »[37].
Box-office
Lost Highway sort en France le [1]. Il y rĂ©alise 382 934 entrĂ©es, dont 131 210 Ă Paris[40]. En AmĂ©rique du Nord, le film est prĂ©sentĂ© en avant-premiĂšre au Festival du film de Sundance, Ă Park City, dans lâUtah, en [41]. Il bĂ©nĂ©ficie ensuite dâune sortie limitĂ©e le dans 12 salles, rapportant prĂšs de 213 000 dollars[42]. Le film connait une extension une semaine plus tard dans 212 salles et, aprĂšs une diffusion limitĂ©e de trois semaines, il rapporte 3,7 millions de dollars en AmĂ©rique du Nord[42]. Le , Lost Highway sort en Russie oĂč il rapporte 28 347 dollars[43]. Au total, le film rapporte plus de 11 millions de dollars dans le monde[40] pour un budget de 15 millions[44].
Distinctions
Lors des Stinkers Bad Movie Awards 1997, Lost Highway est nommĂ© dans les catĂ©gories « Pire film » et « Pire rĂ©alisateur », mais perd face Ă Batman et Robin dans les deux catĂ©gories[45]. Il est aussi nommĂ© pour le grand prix de lâUnion de la critique de cinĂ©ma en 1998, finalement remportĂ© par Lone Star[46].
Analyse
Genre
Bien que Lost Highway soit gĂ©nĂ©ralement classĂ© comme un film nĂ©o-noir[47] - [48] - [49], le film emprunte des Ă©lĂ©ments Ă dâautres genres, notamment Ă lâexpressionnisme allemand, Ă la Nouvelle Vague française[7] ou au cinĂ©ma fantastique, en particulier Ă travers le personnage de lâ« homme mystĂšre » au visage blanchĂątre[50]. Les genres du thriller psychologique et du film dâhorreur ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©s pour dĂ©crire le rĂ©cit[51] - [33] - [52]. Thomas Caldwell du magazine australien Metro, dĂ©crit Fred Madison comme « un hĂ©ros typique de film noir, habitant un monde condamnĂ© et dĂ©solĂ©, caractĂ©risĂ© par un excĂšs de sexualitĂ©, dâobscuritĂ© et de violence »[53]. Une autre caractĂ©ristique du film noir est la femme fatale (Alice Wakefield), qui entraĂźne Pete Dayton dans des situations dangereuses[36]. Lost Highway est Ă©galement remarquĂ© pour sa violence graphique et ses thĂšmes sexuels. David Lynch dĂ©fend ces images, dĂ©clarant avoir Ă©tĂ© simplement honnĂȘte avec ses propres idĂ©es pour le film[5].
Influences
Plusieurs thĂšmes et idĂ©es de Lost Highway avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© explorĂ©s avant sa sortie. Le film noir DĂ©tour dâEdgar George Ulmer (1945) se concentre Ă©galement sur un musicien de boĂźte de nuit perturbĂ©[49]. Le cadre du film et les mystĂ©rieux messages enregistrĂ©s ont Ă©tĂ© perçus comme une rĂ©fĂ©rence au film En quatriĂšme vitesse de Robert Aldrich (1955), tandis que son atmosphĂšre cauchemardesque a Ă©tĂ© comparĂ©e au court mĂ©trage Meshes of the Afternoon de Maya Deren (1943)[49]. Comme le film Sueurs froides dâAlfred Hitchcock (1958), Lost Highway examine les obsessions des hommes pour les femmes, qui ne font que reprĂ©senter les Ă©motions qui les concernent[49]. David Lynch dĂ©crit le film comme une « fugue psychogĂšne »[54] et insiste sur le fait que, bien que Lost Highway traite de « lâidentitĂ© »[7], il reste trĂšs abstrait et peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres[8]. Il nâest pas en faveur dâune interprĂ©tation spĂ©cifique et estime que le film laisse les spectateurs interprĂ©ter les Ă©vĂ©nements comme ils le souhaitent[7]. Barry Gifford, cependant, pense que le film offre une explication rationnelle Ă ses Ă©vĂ©nements surrĂ©alistes. Selon lui, Fred Madison fait lâexpĂ©rience dâune fugue psychogĂšne, qui se manifeste lorsquâil se transforme en Pete[7]. Enfin, certains spectateurs voient Lost Highway comme un hommage Ă la nouvelle dâAmbrose Bierce Ce qui se passa sur le pont de Owl Creek (1890)[55].
Structure
La structure cyclique du film a Ă©tĂ© comparĂ©e Ă un ruban de Möbius[9] - [54]. Le chercheur slovĂšne Slavoj ĆœiĆŸek rapproche cette circularitĂ© dâun processus psychanalytique. Selon lui, « il y a une phrase clĂ© symptomatique (comme dans tous les films de Lynch) qui revient toujours comme un message insistant, traumatisant et indĂ©chiffrable (le RĂ©el), et il y a une boucle temporelle, comme dans lâanalyse, oĂč le protagoniste Ă©choue dâabord Ă rencontrer le soi, mais est finalement capable de prononcer consciemment le symptĂŽme comme Ă©tant le sien »[56]. Cela implique que la folie de Fred est si puissante que mĂȘme le fantasme dans lequel il se voit en Pete finit par se dissoudre et se termine en cauchemar[56]. Il interprĂšte Ă©galement la structure en deux parties du film comme « lâopposition de deux horreurs : lâhorreur fantasmatique de lâunivers cauchemardesque du film noir, fait de sexe, de trahison et de meurtre, et le dĂ©sespoir (peut-ĂȘtre beaucoup plus troublant) de notre vie quotidienne terne et aliĂ©nĂ©e, faite dâimpuissance et de mĂ©fiance »[57].
Ăditions en vidĂ©o
Lost Highway sort le en DVD aux Ă©ditions Universal Pictures Home Entertainment. Le DVD est prĂ©sentĂ© dans un format large anamorphosĂ© de ratio 2.35:1 avec un son Dolby Digital 5.1[58]. Le film sort ensuite au format Blu-ray en France en 2010, puis au Japon et au Royaume-Uni en 2012[59] - [60]. LâĂ©dition britannique comprend une collection de courts mĂ©trages expĂ©rimentaux que David Lynch avait prĂ©cĂ©demment proposĂ©s sur son site Internet. Cependant, elle est encodĂ©e en rĂ©solution 1080i Ă une frĂ©quence dâimages de 50 Hz, par opposition Ă la rĂ©solution 1080p Ă 24 images par seconde des Ă©ditions française et japonaise[60].
Aux Ătats-Unis, Lost Highway est publiĂ© en Blu-ray le aux Ă©ditions Kino Lorber en utilisant le master de 2010[61]. David Lynch ne participe pas Ă la sortie du Blu-ray, dĂ©clarant que « lâĂ©dition a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă partir d'anciens Ă©lĂ©ments et non d'une restauration du nĂ©gatif original. J'espĂšre quâune version issue de la restauration du nĂ©gatif original aura lieu dĂšs que possible »[62]. La sociĂ©tĂ© Kino Lorber se justifie en disant que la sortie provenait du master Universal Pictures, et quâils avaient lâintention de travailler avec Lynch sur la sortie, mais quâils nâont obtenu aucune rĂ©ponse aprĂšs lâavoir contactĂ©[62].
Postérité
Bien quâil ne soit pas aussi apprĂ©ciĂ© que dâautres films de David Lynch[52], Lost Highway suscite rĂ©trospectivement lâintĂ©rĂȘt de la critique et des universitaires[54]. Avec plus de 130 000 votes comptabilisĂ©s, lâInternet Movie Database propose une note moyenne de 7,6â10[44]. Sur le site Rotten Tomatoes, il obtient un taux dâapprobation de 61 % sur la base de 44 critiques, avec une note moyenne de 6,24 sur 10. Le consensus critique du site Internet est le suivant : « Marquant une nouvelle Ă©tape dans le style surrĂ©aliste de David Lynch, Lost Highway est un mystĂšre inquiĂ©tant qui mĂšne sans doute Ă une impasse, bien quâil soit balisĂ© tout au long par certaines des images les plus obsĂ©dantes du cinĂ©aste »[63]. Sur le site Metacritic, le film obtient une note de 52 sur 100 sur la base de 21 critiques, ce qui correspond Ă des « critiques mitigĂ©es ou moyennes »[26].
Pour Jeremiah Kipp de Slant Magazine, Lost Highway nâest pas un Ă©chec artistique, dĂ©clarant quâ« Ă bien des Ă©gards, câest Lynch dans ce quâil a de plus audacieux, Ă©motionnel et personnel »[58]. Pour William Carroll de Little White Lies, Lost Highway est un prĂ©lude Ă Mulholland Drive en raison de sa « topographie iconique de Los Angeles », et estime quâil mĂ©rite dâĂȘtre considĂ©rĂ© comme lâune des meilleures Ćuvres du rĂ©alisateur[52]. De mĂȘme, Victoria Castellanos, rĂ©dactrice en chef du Daily Vanguard, estime que Lost Highway « est un merveilleux complĂ©ment Ă Mulholland Drive et Inland Empire, et quâil est Ă bien des Ă©gards plus surrĂ©aliste et Ă©motionnel quâune partie du reste de son Ćuvre »[27].
En tant que film culte[27], Lost Highway est inclus dans la section « The New Cult Canon » de The A.V. Club[9]. Le rĂ©dacteur Scott Tobias le considĂšre comme « plus cohĂ©rent quâil nây paraĂźt Ă premiĂšre vue », et affirme que Lynch « va chercher des vĂ©ritĂ©s que les gens ne connaissent pas ou ne veulent pas reconnaĂźtre sur eux-mĂȘmes â dans les rĂȘves, dans le subconscient, dans ces couloirs incroyablement sombres oĂč nous avons peur de nous aventurer »[9]. Lucia Bozzola, du site AllMovie, estime quâaprĂšs Twin Peaks: Fire Walk with Me, Lost Highway marque un retour aux sources pour Lynch et quâelle qualifie de « tour de force cinĂ©matographique »[64]. Lost Highway reçoit cinq voix dans le sondage 2012 des critiques de Sight and Sound sur les plus grands films de tous les temps, et se classe 323e ; dans le sondage des rĂ©alisateurs, il reçoit deux votes et se classe 322e[65].
En 2003, le film est adaptĂ© en opĂ©ra par la compositrice autrichienne Olga Neuwirth, sur un livret dâElfriede Jelinek[66].
Références
- (en)/(fr) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Lost Highway (film) » (voir la liste des auteurs), « Lost Highway (soundtrack) » (voir la liste des auteurs) et en français « Herzeleid » (voir la liste des auteurs).
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Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Ouvrages
Les ouvrages sont classés selon leur année de parution.
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Radio
- « 25 ans de "Lost Highway" : pourquoi David Lynch sâacharne-t-il Ă nous perdre ? », France Culture, Sans oser le demander par GĂ©raldine Mosna-Savoye, avec Guy Astic, le
- « Ăpisode 2/4 : Lost Highway, identitĂ© et subjectivitĂ© », France Culture, Les Chemins de la philosophie, sĂ©rie « Philosopher avec David Lynch » par AdĂšle Van Reeth, avec David Roche, le
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- CinémathÚque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) American Film Institute
- (en) British Film Institute
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic