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Lebel modèle 1886

Le fusil modèle 1886 ou fusil Lebel, est adopté par l'Armée française en pour remplacer le fusil Gras Mle 1874, après nombre d'atermoiements qui donnent naissance au fusil Mle 1884 et Mle 1885 qui ne sont pas produits.

Fusil modèle 1886 dit Lebel
Image illustrative de l'article Lebel modèle 1886
Fusil Lebel 1886-1893, exposé au Musée de l'Armée (Stockholm) (Suède).
Présentation
Pays d'origine Drapeau de la France France
Type Fusil Ă  verrou
Batailles Expéditions coloniales françaises
RĂ©volte des Boxers
Révolution monégasque
Première Guerre mondiale
Guerre du Rif
Guerre soviéto-polonaise
Guerre civile espagnole
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre d'Algérie
Utilisateur(s) Drapeau de la France France
Drapeau de Monaco Monaco (Compagnie des Carabiniers du Prince)
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand (Volkssturm)
Drapeau de la Belgique Belgique
Espagne (RĂ©publicains)
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (Home Guard)
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Pologne
Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam (Việt Minh)
Grèce
Munitions 8x50mm R à étui métallique Depuis le 19-05-2015 appellation modifiée en 8X51R pour éviter la confusion avec le 8mm Steyr-Mannlicher
Concepteur Commission des fusils à répétition :
Général Baptiste Tramond (Président)
Colonels Basile Gras et Nicolas Lebel
ContrĂ´leurs d'armes Albert Close et Louis Verdin
Fabricant Manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS)
Manufacture d'armes de Châtellerault (MAC)
Manufacture d'armes de Tulle (MAT)
PĂ©riode d'utilisation 1886-1918
Durée de service 1887-1962
Production 3 500 000 exemplaires environ
Poids et dimensions
Masse (non chargĂ©) 4,180 kg
Masse (chargĂ©) 4,415 kg
4,890 kg (avec baĂŻonnette)
Longueur(s) 1,307 m
1,825 m (avec baĂŻonnette)
Longueur du canon 80 cm
Caractéristiques techniques
Mode d'action Culasse calée à verrou fixe
PortĂ©e maximale 2 000 m
PortĂ©e pratique 250 m
Cadence de tir 8-10 coups par minute
Vitesse initiale 632 m/s (cartouche mle 1886 M) Ă  840 m/s (cartouche mle 1886 D Ă  balle perforante P)
Capacité 10 cartouches (8 dans le magasin +1 dans l'auget et +1 en chambre)
Viseur hausse Ă  gradins et curseur (400-800 m) et planchette (850-2400 m)
et guidon triangulaire sur embase
Variantes Fusil modèle 1886 M93
Fusil modèle 1886 M93 de tireur d'élite
Mousqueton modèle 1886 M93 M27
Mousqueton modèle 1886 M93 R35

Précédé par Fusil Gras Mle 1874
Suivi de Fusil Berthier Mle 1907/15
Fusil MAS Mle 1936

Très largement utilisé comme fusil d'infanterie jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale, à un moindre degré jusqu'à la Seconde Guerre mondiale puis pendant les conflits de décolonisation pour équiper les troupes supplétives, le fusil est officieusement baptisé du nom d'un des membres de la commission qui a contribué à sa création : le colonel Nicolas Lebel, commandant le Camp de Chalons et directeur de l’École Normale de Tir où ont été effectué les derniers essais[1].

Schéma du fusil Lebel et de son mode d'alimentation Kropatschek.

De calibre 8x50R mm, le fusil modèle 1886 peut contenir dix cartouches, dont huit qui se logent dans le fĂ»t situĂ© sous le canon, plus une dans l'auget et une dans la chambre. Le fusil Lebel a introduit la modernitĂ© dans l'armement portatif mondial en remplaçant pour la première fois l'ancienne poudre noire par la poudre sans fumĂ©e Ă  base de nitrocellulose (la « poudre B », pour poudre blanche, par opposition Ă  la poudre noire). Ces progrès techniques vont permettre Ă  l'armement portatif d'atteindre des vitesses initiales très Ă©levĂ©es et des portĂ©es extrĂŞmes pour l'Ă©poque.

Histoire du Lebel

Conception de l'arme

Ă€ la fin des annĂ©es 1870, les Ă©tudes sur l'armement individuel portent sur l'application de la rĂ©pĂ©tition, c'est-Ă -dire la capacitĂ© d'approvisionner l'arme au prĂ©alable d'un certain nombre de cartouches et puis de la recharger rapidement entre chaque tir en actionnant le mĂ©canisme. La solution pour emmagasiner les cartouches, apportĂ©e par le chevalier von Kropatschek (de) commandant de l’École des Cadets de Vienne, est un chargeur tubulaire sous le canon. Cette technique avait dĂ©jĂ  fait ses preuves en AmĂ©rique avec le fusil Henry, devenu Winchester modèle 1866, une arme très apprĂ©ciĂ©e par les chasseurs et dont l'utilisation au combat a marquĂ© les esprits pendant la Guerre de SĂ©cession et les guerres indiennes. La Marine française dĂ©cide donc d'Ă©quiper les troupes de marine en adoptant un fusil Ă  rĂ©pĂ©tition « Kropatschek » Modèle 1878 de calibre 11 mm (comme le fusil Henry) fabriquĂ© en Autriche qui remplace le Chassepot Ă  un coup. En 1884, la manufacture d'armes de Châtellerault Ă©tudie un modèle dĂ©rivĂ© du Kropatschek, le Modèle 1884, et puis une nouvelle version dont la fabrication est rationalisĂ©e pour faciliter l'industrialisation, le Modèle 1885. De l'autre cĂ´tĂ© du Rhin, les Allemands dĂ©veloppent et adoptent un nouveau modèle, le Mauser 1871-1884, fusil Ă  rĂ©pĂ©tition de 11 mm.

Entre-temps, en 1884, Paul Vieille invente une poudre toute nouvelle, sans fumĂ©e, la poudre « B » (B pour Boulanger ou pour blanche, en opposition Ă  la poudre noire) Ă  base de nitrocellulose (fulmicoton), destinĂ©e Ă  remplacer la poudre noire alors utilisĂ©e. Cette invention constitue une percĂ©e dĂ©terminante dans la technique de fabrication des munitions. Outre le fait qu'elle rend l'usage des armes beaucoup plus discret, elle permet la construction d'armes de calibre infĂ©rieur Ă  11 mm et 3 fois plus puissante que la poudre noire (le fulmicoton qui la compose est 6 fois plus puissant que la poudre noire). Les munitions sont donc beaucoup plus lĂ©gères, multipliant ainsi la capacitĂ© d'emport du soldat. Elles amĂ©liorent de manière dĂ©terminante les caractĂ©ristiques balistiques des balles (vitesse initiale plus grande (620 m/s, distances utiles et de combat plus longues et trajectoire beaucoup plus tendue). Enfin, les problèmes d'encrassement sont quasiment Ă©radiquĂ©s.

Lorsque le général Boulanger accède aux fonctions de ministre de la Guerre, le , il exige que le prototype d'un nouveau fusil à répétition et de petit calibre lui soit présenté pour le . La décision est donc prise avec une précipitation quelque peu néfaste. À sa décharge, elle a l'avantage de casser l'argument sur la nécessité pratique et financière de recycler des matériels anciens pour faire des armes nouvelles, en l'occurrence, les fusils Chassepot et Gras.

La Commission des fusils Ă  rĂ©pĂ©tition prĂ©sidĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Tramond chargĂ© de sa conception a un an et demi pour passer de l'Ă©tat de projet Ă  une production de masse. Elle est donc obligĂ©e de prendre les solutions existantes en matière de rĂ©pĂ©tition c'est-Ă -dire le magasin tubulaire du Kropatschek. Le colonel Gras et le capitaine Dessaleux inventent une cartouche de mm dont le culot de l'Ă©tui Ă  bourrelet conserve le diamètre de celui de la munition du fusil Gras, autrement dit avec un Ă©tui exagĂ©rĂ©ment tronconique. La balle « M » est dĂ©veloppĂ©e par le lieutenant-colonel Nicolas Lebel. Elle s'inspire des balles chemisĂ©es en cuivre ou en maillechort dĂ©veloppĂ© par le capitaine Eduard Rubin de l’armĂ©e suisse en 1882. La culasse mobile Ă  doubles tenons est conçue par le colonel Bonnet. Le colonel Gras et surtout les contrĂ´leurs d'armes Albert Close et Louis Verdin, Ă  Châtellerault, sont responsables de l'architecture dĂ©taillĂ©e de l'arme et de son usinage. Le lieutenant-colonel Lebel, devenu par la suite colonel, a toujours insistĂ© de son vivant sur le fait qu'il s'agissait d'une crĂ©ation collective qui devait surtout au colonel Gras. Environ 1 119 exemplaires de prĂ©sĂ©rie seront fabriquĂ©s en 1886.

Essais et mise en service

Des prototypes sont construits à la manufacture d'armes de Châtellerault et essayés à l'école normale du tir au camp de Châlons et dans les corps de troupe. Le , le fusil est officiellement dénommé modèle 1886. La production est lancée et le général Boulanger exige la production d'un million d'exemplaires pour le .

MalgrĂ© une industrialisation forcenĂ©e, le rythme atteint 900 000 armes par an, soit cinq produites Ă  la minute dans les trois manufactures nationales d'armes de Châtellerault, Saint-Étienne et Tulle. Deux millions de fusils sont fabriquĂ©s avant la Première Guerre mondiale. Le nombre total de fusils Lebel fabriquĂ©s par les manufactures d'État entre 1887 et 1920 dĂ©passe les 3 500 000 unitĂ©s. L'avance prise par le fusil Modèle 1886 sur tous les autres fusils d'infanterie de l'Ă©poque, qui utilisent toujours la poudre noire et les balles en plomb est considĂ©rable. Les Allemands rĂ©agissent par l'adoption d'un fusil modèle 1888 qui, malgrĂ© tous ses dĂ©fauts, comprend un magasin type Mannlicher et une cartouche de 7,92 mm Ă  gorge qui devient le calibre standard des armes d'infanterie allemande.

Les résultats d'une certaine précipitation

Quasiment toutes les pièces du fusil Lebel sont marquées au même numéro, y compris la crosse et le fût. Néanmoins elles sont parfaitement interchangeables ce qui facilite son entretien et la logistique afférente. La finition est excellente, à l'intérieur comme à l'extérieur.

Conçu suivant le système Kropatscheck, il se révèle moins performant dans le tir rapide que les fusils utilisant les chargeurs Lee, Mannlicher ou Mauser.

Le principal dĂ©faut du Lebel est l'incapacitĂ© Ă  utiliser une « lame-chargeur Â», obligeant le soldat Ă  garnir le magasin, « cartouche par cartouche Â» rendant l'opĂ©ration de rechargement très longue.

Il faut toutefois noter la maturité du fusil Lebel qui permet à l'armée française de posséder un fusil à répétition et de petit calibre complètement opérationnel à partir de 1887.

Les armées des nations en concurrence avec la France choisissent une méthode de développement différente, adoptant des armes modernes pour l'époque mais qui nécessitent plusieurs ajustements.

  • l'armĂ©e suisse : le Schmidt-Rubin 1889 est jugĂ© trop fragile et sera rapidement remplacĂ© par le modèle 1896.
  • l'armĂ©e impĂ©riale allemande : l’Allemagne avait adoptĂ© un fusil Ă  magasin Mannlicher Modell 1888 mais peu satisfaite par la fiabilitĂ© de celui-ci, elle adopte le fusil Mauser Gewehr 98 Ă  lame chargeur de 5 cartouches.
  • l'armĂ©e impĂ©riale russe : le Mosin-Nagant M91 est fiable et moderne. Toutefois les capacitĂ©s industrielles de la Russie ne permettent pas Ă  l'armĂ©e du Tsar de produire suffisamment de fusils Mosin-Nagant.
  • l'armĂ©e britannique : le Lee-Metford (1888) et le Lee-Enfield Mark I (1902) britanniques.

Bien qu’étant en thĂ©orie le plus performant des fusils de cette liste, le fusil Ă  chargeur « Lee Â» de l'armĂ©e britannique rencontre de sĂ©rieux problèmes dans l’élaboration de sa cartouche et d'un canon aux rayures adaptĂ©es Ă  la poudre " sans fumĂ©e " (rayures " Enfield ").

Alors que les rapports français et les publications officielles tendent à minimiser, voire à occulter, l’infériorité du Lebel en matière de vitesse de tir[2] - [3], un officier écrivait dès 1891 : « Le fusil mod.1886, du fait de sa répétition, présente de très gros inconvénients à côté d’avantages bien faibles »[4]. Il n’était pourtant pas envisageable de révéler ces défauts ni, a fortiori, de remplacer l’énorme stock de Lebel construits[3].

Le commandant D'Audeteau tente vainement de faire adopter son « fusil Daudeteau Â» fabriquĂ© par une filiale de la compagnie de Saint-Chamond ; malgrĂ© une campagne d'essais au Camp de Chalons en 1895-96, il n'est pas retenu pour plusieurs raisons, la principale Ă©tant qu'il refusait (obstinĂ©ment) de proposer un fusil chambrĂ© pour la cartouche de 8X50R.

En effet la cartouche du fusil lebel (8X50R) souffre de quelques inconvénients majeurs : elle n'exploitait pas au maximum la puissance de la poudre sans fumée et sa forme étriquée était l’héritage de la cartouche du fusil mle 1874.

De ce fait, la relève est amorcée timidement, d’abord avec le choix de fusils Berthier pour équiper les tirailleurs indochinois (1902) et les tirailleurs indigènes (1907), puis progressivement, à partir de 1915, quand la commission de l'artillerie ordonne de couvrir les besoins massifs de fabrication de guerre en adaptant ce fusil colonial de 1907, devenu Mle 1907/15, plutôt que de relancer la production du Lebel[5].

Ainsi, le fusil Lebel n'est pas remplacĂ© avant l’annĂ©e 1914, date du dĂ©but de la guerre mais aussi de la fin des Ă©tudes du fusil semi-automatique Meunier A6 et c'est avec le fusil Lebel que les « Poilus Â» partiront au combat.

Utilisation

Le fusil Lebel a été employé avant 1914 dans les colonies françaises d'Afrique, mais aussi pour la répression de quelques grèves ouvrières : le Lebel connait son baptême du feu lors de la fusillade de Fourmies le 1er mai 1891 (neuf morts parmi les manifestants). On peut lire dans l’Illustration du : « C'est le fusil Lebel qui vient d'entrer en scène pour la première fois… Il ressort de ce nouveau fait à l'actif de la balle Lebel qu'elle peut très certainement traverser trois ou quatre personnes à la suite les uns des autres et les tuer. » Cette première utilisation ordonnée par un sous-préfet juif donne lieu à des rumeurs antisémites selon lesquelles la fusillade aurait été ordonnée à des fins d'expérimentation[6].

Le Lebel sert aussi lors de la rĂ©volte des Boxers en Chine, en 1900-1901. Son utilisation est dĂ©cisive dans la bataille de Tit contre les Touaregs, en 1902, dĂ©pourvus d'armes Ă  rĂ©pĂ©tition. Durant la Première Guerre mondiale, il Ă©quipe la quasi-totalitĂ© de l'infanterie française mais il est progressivement remplacĂ© par les fusils Berthier Ă  chargeur de type Mannlicher qui connaissent deux variantes (fusil Modèle 1907-1915 Ă  chargeur de 3 cartouches, fabriquĂ©es en grande sĂ©rie Ă  partir de 1916, ainsi que fusil Modèle 1916 Ă  chargeur de 5 cartouches mis en fabrication assez tard en 1918).

Le fusil Lebel continue à équiper le gros de l'infanterie française pendant la Grande Guerre alors que les fusils Modèle 1907-1915 sont distribués de préférence aux troupes coloniales, à la Légion étrangère et à certaines troupes alliées (Légion russe). De surcroît, les fusils Lebel continuent à être fabriqués neufs jusqu'en à la Manufacture d'Armes de Tulle. Cette dernière continue les remises en état et les recannonages de fusils Lebel jusqu'en 1937. Il est incontestable que le fusil Lebel est devenu et reste l'arme symbolique de l'infanterie française pendant la Grande Guerre (1914-18).

Variantes

Modèle 1886

  • Longueur de l'arme : 1 307 mm
  • Longueur de l'arme avec baĂŻonnette : 1 825 mm
  • Longueur du canon : 800 mm
  • Masse Ă  vide : 4,180 kg
  • Masse arme chargĂ©e Ă  8 cartouches : 4,415 kg
  • Vitesse initiale : 700 m/s
  • Munition: 8 Ă— 50 mm

Modifications de 1888

  • L'extracteur est aminci.
  • Des griffes de pieds de hausse sont ajoutĂ©es pour qu'il ne se dessoude pas.

Modèle 1886-M93

Le Modèle 1886 est modifié en 1893 par :

  • l'adjonction d'un bouchon de culasse
La culasse du fusil Lebel 1886-93.
  • l'adjonction d'un tampon masque sur la tĂŞte de culasse. Ce masque sert Ă  Ă©viter les crachements de gaz au visage du combattant. Un quillon est rajoutĂ© Ă  l'embouchoir pour permettre la formation de faisceaux d'armes sans que la baĂŻonnette soit installĂ©e.

Les caractéristiques de l'arme restent cependant identiques.

Modifications de 1898

En 1898, la planchette de hausse est adaptée au changement de munition qui passe de la cartouche Modèle 1886 M à la cartouche spitzer Modèle 1886 D.

Modèle automatique Ribeyrolle, Sutter, Chauchat RSC M17 et M18

Au vu de l'infĂ©rioritĂ© fonctionnelle du Lebel, l'Ă©tat-major français dĂ©cide, fin 1915, de dĂ©velopper un fusil semi-automatique fonctionnant selon le principe d'emprunt des gaz, utilisant un maximum de pièces du Lebel. Les trois ingĂ©nieurs Ribeyrolle, Sutter, Chauchat (RSC), concepteurs du fusil mitrailleur Mle 1915 (dit CSRG 15 ou Chauchat) se penchent sur le problème. Un premier prototype est expĂ©rimentĂ© Ă  la fin de 1915 et atteint un degrĂ© acceptable de fonctionnalitĂ© en . La production est rĂ©partie entre les trois manufactures nationales et la MAS en assure l'assemblage. La production commence le et cesse le après que la MAS en ait construit 86 333 exemplaires.

Le M17 est distribué en petit nombre en première ligne à raison de 16 par compagnie mais sa mise en œuvre est loin d'être convaincante. Aussi, il n'est pas adopté et les exemplaires déjà construits sont transformés en fusil à répétition.

Modèle 1886-M1893-M1927

Compte tenu de la supĂ©rioritĂ© du système d'alimentation Mauser adoptĂ© sur l'ensemble de ses concurrents, une dĂ©cision est prise le [7] de transformer le Modèle 1886 en remplaçant le système Kropatschek d'origine et en l'adaptant au nouveau calibre de 7,5 mm adoptĂ© en 1924.

Doivent être remplacés :

  • le canon qui est plus Ă©toffĂ© donc plus lourd mais qui est raccourci de 20 cm
  • le guidon qui est Ă©levĂ©
  • le pied et la planchette de hausse adaptĂ©s aux caractĂ©ristiques de la nouvelle munition,
  • le magasin de type Mauser est ajoutĂ© et le magasin de type Kropatscheck avec son piston et son ressort doivent ĂŞtre retirĂ©s.

Certaines pièces d'origine doivent être aussi adaptées.

Les retards et le dĂ©veloppement de projets concurrents ou de projets repris Ă  l'initial font que le M27 n'est pas conduit jusqu'Ă  achèvement. Le projet s'avère vraiment trop cher par rapport Ă  la valeur ajoutĂ©e qu'il apporte. Cependant, 500 exemplaires sont distribuĂ©s en corps de troupe dans les annĂ©es 1930 pour Ă©valuation.

Son concurrent, le Berthier 07/15 M34 est donc choisi Ă  la fin pour ĂŞtre recalibrĂ© en 7,5 mm de manière bien plus Ă©conomique.

Balle « N » (1932)

En 1932, la chambre et le ressort du percuteur sont modifiés pour accepter la nouvelle cartouche Modèle 32 N de mm. La modification est indiquée par un « N » frappé sur le tonnerre.

Mousqueton Modèle 1886-M1993-R1935

Un harki, en 1961 équipé d'un mousqueton Lebel R35.

En 1935, un nouveau projet de recyclage des stocks de Lebel est initiĂ© par la manufacture d'armes de Tulle. Le fusil est raccourci et rebaptisĂ© mousqueton. Il est destinĂ© notamment aux unitĂ©s stationnĂ©es en Afrique du Nord. Il est produit Ă  35 000 exemplaires sous deux formes, l'une avec une barrette de crosse sur le cĂ´tĂ© gauche, « pour la cavalerie », l'autre avec un battant sous la crosse « pour l'artillerie ». Il conserve le système d'alimentation Kropatscheck mais avec 3 cartouches. Les canons sont sous-traitĂ©s Ă  la SociĂ©tĂ© alsacienne de construction mĂ©canique.

La suite

De petites quantités de fusils Lebel sont livrés à la Grèce, puis aux Républicains espagnols pendant les années 1930.

Les remplacements de l'arme et surtout de la cartouche - considĂ©rĂ©e comme obsolète car ne convenant pas pour l'alimentation par chargeur - ont Ă©tĂ© empĂŞchĂ©s par la guerre. La diminution des crĂ©dits militaires après le conflit puis la crise Ă©conomique les retardent aussi. Il faut attendre près de 20 ans pour que soit enfin adoptĂ©e une arme moderne pour l'infanterie française : le fusil MAS 1936 en calibre 7,5 mm, dans l'attente de l'adoption du fusil semi-automatique. Il est Ă  noter que les Mas 36 n'Ă©tant pas produits en grand nombre, quelques dizaines de milliers de fusils Berthier ont Ă©tĂ© recanonnĂ©s en calibre 7,5 mm. En 1939, la Manufacture d'armes de Saint-Étienne met enfin au point un fusil semi-automatique de conception ingĂ©nieuse et simple et au fonctionnement sĂ»r (prototypes MAS 39 et MAS 40). NĂ©anmoins, il faudra attendre la fin de la Deuxième Guerre Mondiale pour voir adoptĂ©es ses versions lĂ©gèrement modifiĂ©es : fusil MAS44 puis fusils FSA MAS49 et 49/56.

Le fusil Lebel et les armes du système Berthier équipent donc majoritairement l'Armée française en 1939-1940. Après l'armistice d'énormes quantités de fusils Lebel sont saisies et ils sont réutilisés par les Allemands pour l'armement des troupes de l'arrière, notamment pour la garde des camps de prisonniers, et pour l'Organisation Todt.

En guise d'épilogue, il continue sa carrière militaire aux mains des Harkis lors de la guerre d'Algérie. Il la finit dans la Marine nationale où il est remplacé, dans le milieu des années soixante par le MAS 1949 et le MAS 1949/1956. Des fusils Lebel qui servaient encore pendant ces dernières années dans les montagnes d'Afghanistan ont été récemment rapportés comme souvenirs par des militaires américains.

Accessoires

Ceinturon, bretelles de suspension et cartouchières

L'unité collective comprend aussi l'ensemble en cuir :

  • ceinturon Modèle 1873 Ă  plaque (dont les stocks sont toujours utilisĂ©s lors de la Première Guerre mondiale), le ceinturon Modèle 1903 (boucle ouverte Ă  deux ardillons) issu d'un modèle initialement rĂ©servĂ© aux zouaves, modifiĂ© en 1913 (de carrĂ© les angles de la boucle deviennent ronds). La couleur noire passera au fauve lors de la Première Guerre mondiale ;
  • bretelles de suspension Modèle 1892 modifiĂ©es en 1914 (cuir fauve) ;
  • une, deux ou trois cartouchières Modèle 1888 en cuir noir, remplacĂ©es par le Modèle 1916 en cuir fauve ;
  • le porte baĂŻonnette Modèle 1886, modifiĂ© en 1914.
Tromblon Viven-Bessières, dit tromblon VB
Tromblon Viven Bessières monté sur le fusil Mle 1886.
Grenade VB 1916.

Le tromblon VB, du nom des inventeurs, les ingĂ©nieurs Jean Viven et Gustave Bessières., est un dispositif lance-grenade mis en place en 1915. Il se branche sur la bouche du fusil et permet d'envoyer des grenades Ă  fusil en fonte de 490 g chargĂ©es de 60 g d'explosif jusqu'Ă  170 m.

La visée est obtenue avec le dispositif de visée Mle 1917.

L'utilisation du tromblon VB sur un fusil abîme sérieusement l'arme qui n'est plus employée qu'à cet effet.

Il est distribué à raison de deux par section d'infanterie. Lorsqu'il n'est pas utilisé, il se porte dans un support en cuir attaché au ceinturon du servant.

Le tromblon VB est employé jusque dans les années 1990 dans les forces de l'ordre, adapté au MAS 36 dans la gendarmerie ou au mousqueton Berthier Mle 1892 M16 chez les CRS pour lancer des grenades lacrymogènes à longue distance pendant les actions de maintien de l'ordre.

Dispositif de visée nocturne

Le dispositif de visée nocturne consiste en deux cavaliers qui s'adaptent aux organes de visées et qui sont dotés de pastilles fluorescentes. Il se branche pour le tir au crépuscule ou dans la nuit.

Coupe-fils de fer barbelés Filloux

Le coupe-fils de fer barbelés Filloux est distribué au début de la Première Guerre mondiale comme moyen exclusif pour couper les fils de fer barbelés. Il se compose d'une double assise en V, orientée vers l'avant qui se fixe sur la base de la baïonnette. Le principe consiste à glisser le fil de fer barbelé au fond de l'assise en V et de tirer une balle pour couper le fil. Ce système s'avère être une catastrophe. À la décharge de ses concepteurs, tout le monde ignorait la tournure de guerre de position qu'allait prendre le conflit. Il oblige donc le commandement, dès la fin de 1914, à repenser des outils adaptés comme les cisailles Peugeot.

Lunettes pour le tir de précision

La guerre de tranchĂ©es dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de possĂ©der des tireurs de prĂ©cision avec des armes qui excèdent les simples capacitĂ©s du cran de mire et du guidon. Une lunette de tir Modèle 1916 puis Modèle 1917 est donc inventĂ©e Ă  cet effet. Cette lunette dĂ©veloppĂ©e par l'Atelier de construction de Puteaux (APX) se fixe sur la partie gauche de la boĂ®te de culasse. Elle possède un grossissement de 3, un champ de 13 millièmes et un rĂ©ticule dont le trait horizontal est actionnĂ© par un tambour de hausse graduĂ© jusqu'Ă  800 m. Elle est distribuĂ©e parcimonieusement aux tireurs d'Ă©lite. Elle est fixĂ©e sur des armes rigoureusement sĂ©lectionnĂ©es pour leur prĂ©cision. Chaque lunette est rĂ©glĂ©e en usine et elle est strictement associĂ©e au fusil qui la porte. Elle est remplacĂ©e dans l'après-guerre par la lunette Modèle 1922 que l'on retrouve dans l'armĂ©e française au dĂ©but de la Deuxième Guerre mondiale.

Matériel de nettoyage

Le combattant dispose d'un minimum d'outils lui permettant d'entretenir en permanence son arme :

  • le nĂ©cessaire d'arme Modèle 1874 ;
  • la ficelle de nettoyage ;
  • le « lavoir Ă  ficelle » ;
  • la boĂ®te Ă  graisse double, contient d'un cĂ´tĂ© de la graisse d'arme et de l'autre un mĂ©lange graisse et brique anglaise pilĂ©e abrasive pour enlever les taches de rouille ;
  • le tournevis Modèle 1922.
Modèle 1886

La baïonnette épée du Lebel est le modèle 1886, conçue spécialement pour lui. Elle est populairement connue sous le nom de « Rosalie », immortalisé par Théodore Botrel.

La lame quadrangulaire est cruciforme en acier poli, longue de 52 cm. la poignĂ©e est dans un premier temps en Maillechort, Ă  l'entrĂ©e de guerre en Octobre 1914, des poignĂ©es en Laiton moins coĂ»teuses feront leur apparition et en FĂ©vrier 1917, un dernier modèle de poignĂ©e en fonte simple, rapide et peu cher Ă  couler fera Ă©galement son apparition. Elle est fixĂ©e par une douille et possède un quillon pour mettre les armes en faisceaux et casser les baĂŻonnettes ennemies. Sa longueur totale de 65,5 cm, son poids est de 475 g auquel il faut rajouter les 200 g d'un fourreau en tĂ´le d'acier bronzĂ© extĂ©rieurement.

Elle connaĂ®t une variante Ă  la lame de 26,5 cm de long, associĂ©e au mousqueton R.35 et deux variantes d'origine allemande. Ces deux dernières sont dĂ©signĂ©s « Seitengewehr 102 f » pour les 1886 et « Seitengewehr 103 f » pour les modèles 1886-15 et sont raccourcies Ă  460 mm dont 34 cm de lame. Ces deux modèles ont Ă©tĂ© fortement bronzĂ© en noir (certains modèles sont peints) lors de leurs modifications.

Une dernière et ultime variante hautement fantaisiste et purement commerciale apparaît dans le monde des collectionneurs : le modèle dit « de cycliste ». Cette appellation est utilisée pour toutes les baïonnettes qui ont été raccourcies à la suite de la casse de la lame et ne présentant plus les dimensions normalisées. Cette variante, purement commerciale est basée sur la crédulité et la méconnaissance de l'acheteur ainsi que sur l'appât du gain du vendeur. Bien que les bataillons de cycliste aient réellement existé, ils étaient dotés de l'épée-baïonnette 1866 « classique ».

Cette baïonnette est devenue tout un symbole ; cependant, les statistiques d'infirmeries et postes de secours prouvent que le rôle de la baïonnette mle 1886 et 1886-1915 fut réellement marginal. En effet, certains spécialistes estiment que 1 % des pertes l'ont été à cause d'armes blanches durant le premier conflit mondial et de 0,3 % à cause des baïonnettes, ce qui porte un sérieux coup au célèbre mythe de la Rosalie.

Modèle 1886-1915

En 1915, une modification est apportée à la baïonnette épée Modèle 1886. Le quillon est supprimé pour simplifier la fabrication en temps de guerre, le fusil possédant déjà son propre quillon. De plus, le quillon de la baïonnette se prenait dans les barbelés, ralentissant le soldat.

Munitions

Voir article spécifique sur la cartouche mm Lebel.

Statut juridique actuel de l'arme

Le fusil Lebel, arme historique plus que centenaire et dont la munition n'existe plus nulle part dans les dépôts et arsenaux en France, a longtemps été classé dans la catégorie des armes de guerre, au même titre que le fusil FAMAS en service dans l'Armée française. Pour obvier à ce classement périmé qui ne facilite pas la conservation par les collectionneurs et les musées en France, un certain nombre de fusils Lebel ont été légalement rechambrés en calibre civil au cours des dernières années (anciennement 5e catégorie : chasse et tir sportif). Ces Lebel dont la chambre est légèrement élargie acceptent une munition de mm faite à partir de l'étui de 348 Winchester, (la 8/348W « Barrellier »).

Depuis le et la nouvelle réglementation sur les armes et munitions, le Fusil Lebel est classé en catégorie D2, « libre d'acquisition et de détention pour une personne majeure ». Cependant, sa munition (classée CIP depuis 2015), reste elle en catégorie C, accessible seulement aux personnes titulaires d'une licence de tir validée par un médecin ou d'un permis de chasse en cours de validité.

Notes et références

  1. Henri Vuillemin, Gazette des Armes Hors Série no 2 : La grande aventure des fusils réglementaires français 1866-1936, Paris, Gazette des Armes L.C.V. - REGI'ARM, , 100 p., p.63
  2. Par exemple un rapport de L’École Normale de Tir de juin 1893.
  3. « Le fusil Lebel : départ précipité, relève tardive », sur SAM40.fr, (consulté le )
  4. Le colonel Ortus, dans un article du Journal des Sciences Militaires, Tome 42, p. 207.
  5. Claude Lombard, La Manufacture Nationale d’Armes de Chatellerault, Poitiers, (ISBN 2-902170-55-6), pp. 191-192.
  6. Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves : Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris, Éditions La Découverte, , 995 p. (ISBN 978-2-35522-088-3), chap. 12 (« La Belle-Époque, une époque rebelle »), p. 483
  7. Dépêche ministérielle no 2080 213 in L'Armement de l'Infanterie Française 1918-1940, Gazette des Armes Hors Série No 8, Paris 1979

Voir aussi

Sources

  • Henri Vuillemin, « La grande aventure des fusils rĂ©glementaires français 1866-1936 », Gazette des Armes, Hors SĂ©rie no 2, Paris, 1996.
  • Site http://armesfrancaises.free.fr
  • Instruction sur l'armement et le matĂ©riel de tir du (Ministère de la Guerre).

Bibliographie

  • Claude Lombard et Edith Cresson (avant-propos) (prĂ©f. lieutenant-colonel Jacques Furger), La Manufacture nationale d'armes de Châtellerault 1819-1968 : histoire d'une usine et inventaire descriptif de ses cent-cinquante annĂ©es de fabrications, Poitiers, Brissaud, coll. « Art & patrimoin » (no 3), , 398 p. (ISBN 978-2-902170-55-5)
  • Jean Huon, Les cartouches pour fusils et mitrailleuses, Chaumont, CrĂ©pin-Leblond, , 431 p. (ISBN 978-2-7030-0269-7, OCLC 470211185)
  • Bruce Malingue, Le tir sportif au fusil rĂ©glementaire, Chaumont, CrĂ©pin-Leblond, , 2e Ă©d., 455 p. (ISBN 978-2-7030-0265-9, OCLC 469925064)
  • Marc Barret, « "Lebel scolaire" », Cibles, no 607,‎ , p. 82 Ă  86 (ISSN 0009-6679)
  • Martin J. Dougherty, Armes Ă  feu : encyclopĂ©die visuelle, Elcy Ă©ditions, 304 p. (ISBN 9782753205215), p. 124-125.
  • Gary Sheffield, La première Guerre mondiale en 100 objets : Ces objets qui ont Ă©crit l'histoire de la grande guerre, Paris, Elcy Ă©ditions, , 256 p. (ISBN 978 2 753 20832 2), p. 38-39

Liens externes

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