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Jacques Alexandre Bixio

Jacques Alexandre Bixio, né Giacomo Alessandro Bixio le à Chiavari dans l'ancien département français des Apennins (Italie) et mort le à Paris, est un agronome et homme politique français d'ascendance italienne.

Jacques Alexandre Bixio
Jacques Alexandre Bixio,
gravure extraite de la Galerie des représentants du peuple (1848).
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Giacomo Alessandro Bixio
Nationalité
Domicile
Hôtel Lefèvre d'Ormesson (d)
Formation
Activités
Père
Tommaso Bixio
Mère
Colomba Caffarelli
Fratrie
Conjoint
Enfant

Biographie

Fils de Tommaso Bixio, directeur de la Monnaie de Gênes[1] - [2] originaire de Chiavari, et de Colomba Caffarelli, son épouse, Giacomo Alessandro Bixio est le troisième d'une fratrie de huit enfants dont le plus jeune fils est Nino Bixio (1821-1873). Son parrain, le sous-préfet français Alexandre Stechs, l'amena avec lui lorsque — après la chute de Napoléon — il rentra avec sa famille en France[3]. Il fit ses études secondaires à Paris au collège Sainte-Barbe, suivit ensuite les cours de la faculté de médecine de Paris, soutint sa thèse[4] et obtint le grade de docteur en médecine en 1833, à l'âge de 25 ans[5]. Le 9 avril de la même année il épouse Mélanie Gaume, le couple a 4 enfants dont l'ainé né en 1836 Maurice Bixio.

Activité journalistique et éditorialiste

Il exerça peu la médecine, préférant se livrer à des publications scientifiques et littéraires. Il publia divers ouvrages relatifs à l'agriculture et écrivit dans Le National sous Louis-Philippe Ier. Il participa avec Buloz à la création de la Revue des Deux Mondes (1829), fonda avec Barral le Journal d'agriculture pratique en 1837, reprit avec Ysabeau la direction de la Maison rustique au XIXe siècle, puis publia l’Almanach du jardinier, l’Almanach du cultivateur, l'Annuaire de l'horticulteur, etc. Bixio dirigea la Maison rustique du XIXe siècle (Paris, Librairie agricole de la maison rustique, 1834-1837, 4 grands vol. in-8° à 2 col.), avec Charles-François Bailly de Merlieux et Malepeyre ; il s'occupe seul de l'édition de 1844[6]. Il dirige aussi le Journal d’Agriculture pratique, de Jardinage et d’Économie domestique de 1837 à 1848 (Paris, au Bureau de la Maison rustique), et le périodique continue jusqu’en 1879 sous le titre de Journal d’agriculture pratique[7].

Activité politique

Bixio, vice-Président de l'Assemblée Nationale.

Au moment de la RĂ©volution française de 1848, il prĂ©sidait le comitĂ© Ă©lectoral du 10e arrondissement de Paris ; le , dĂ©fenseur de l'ordre, il se porta Ă  la tĂŞte de 200 hommes contre les barricades de la rue Saint-Jacques ; après l'abdication de Louis-Philippe, il se prononça pour la rĂ©gence, et fut mĂŞme chargĂ©, a-t-on dit, par les membres les plus modĂ©rĂ©s du gouvernement provisoire d'aller retirer de l'imprimerie royale la proclamation de la RĂ©publique destinĂ©e au Moniteur. Mais, lorsque les Ă©vĂ©nements se furent prĂ©cipitĂ©s, Bixio accepta les fonctions de chef du cabinet du gouvernement provisoire ; puis, l'Italie s'Ă©tant soulevĂ©e contre l'Autriche, il fut envoyĂ©, en qualitĂ© de chargĂ© d'affaires près la cour de Sardaigne. Il y Ă©tait encore lorsque le dĂ©partement du Doubs le nomma reprĂ©sentant Ă  l'AssemblĂ©e constituante. Ă€ la nouvelle de la tentative du , il envoya au ministre des affaires Ă©trangères une protestation contre les promoteurs de l'envahissement de l'AssemblĂ©e, et, prĂ©voyant d'autres Ă©vĂ©nements, sollicita son rappel. Le dĂ©sir de Bixio ne fut exaucĂ© que dans les premiers jours de juin.

Caricature de Bixio en 1848-49, par Cham.

De retour Ă  Paris, il prit part avec les dĂ©putĂ©s partisans de Cavaignac Ă  la rĂ©pression de l'insurrection de juin 1848, qu'il combattit les armes Ă  la main. Le , il se trouvait auprès du gĂ©nĂ©ral Bedeau, lorsque cet officier fut blessĂ© rue Saint-Jacques et obligĂ© de s'Ă©loigner. Bixio ramena alors Ă  l'attaque les troupes, Ă©branlĂ©es par la rĂ©sistance des dĂ©fenseurs, et fut frappĂ© Ă  son tour Ă  la barricade de l'ancienne rue des Noyers d'une balle qui lui traversa la poitrine[8]. La blessure Ă©tant moins grave qu'on ne l'avait cru d'abord, Bixio reprit bientĂ´t sa place Ă  l'AssemblĂ©e, qui le nomma son vice-prĂ©sident, et le confirma cinq fois de suite dans cette fonction. Bixio vota Ă  la Constituante : le , pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière ; le , pour l'abolition de la peine de mort ; le , contre l'impĂ´t progressif ; le , contre l'amendement GrĂ©vy ; le , pour l'abolition du remplacement militaire (amendement Deville) ; le , contre le droit au travail ; le , pour l'ordre du jour de fĂ©licitations au gĂ©nĂ©ral Cavaignac ; le , contre la rĂ©duction de l'impĂ´t du sel ; le , pour la proposition Rateau ; le , pour le crĂ©dit de 1 200 000 francs pour l'expĂ©dition de Rome ; le , pour l'amnistie des transportĂ©s.

Dans le premier cabinet formé par Louis-Napoléon Bonaparte, après son avènement à la présidence de la République, Bixio avait accepte le portefeuille de l'Agriculture et du Commerce le ; il le déposa huit jours après, et fut remplacé le par Buffet.

À la séance du , sous le coup de l'émotion produite par la nouvelle de la défaite de l'armée piémontaise et du roi Charles-Albert de Sardaigne, à Novare, Bixio fut chargé par le comité des Affaires étrangères de proposer à l'Assemblée la résolution suivante : « L'Assemblée nationale, jalouse d'assurer la conservation des deux plus grands intérêts qui lui soient confiés, la dignité de la France et le maintien de la paix fondée sur le respect des nationalités ; s'associant au langage tenu, dans la séance du courant, par M. le président du conseil ; confiante, d'ailleurs, dans le gouvernement du président de la République (Bruits divers), déclare que, si, pour mieux garantir l'intégrité du territoire piémontais et mieux sauvegarder les intérêts et l'honneur de la France, le pouvoir exécutif croyait devoir prêter à ses négociations l'appui d'une occupation partielle et temporaire de l'Italie, il trouverait dans l'Assemblée nationale le plus sincère et le plus entier concours. » (Mouvements en sens divers).

Après une longue discussion Ă  laquelle prirent part le ministre des Affaires Ă©trangères Drouyn de Lhuys, MM. Billault, Thiers, Ledru-Rollin, Cavaignac, Odilon Barrot, prĂ©sident du Conseil, et Jacques Dupont de Bussac, l'ordre du jour pur et simple, rĂ©clamĂ© par le gĂ©nĂ©ral Baraguey d'Hilliers fut rejetĂ©, et l'ordre du jour Bixio, appuyĂ© par Jules Favre et amendĂ© par le reprĂ©sentant Payer (des Ardennes), fut adoptĂ© Ă  444 voix de majoritĂ© contre 320 (la droite tout entière vota pour l'ordre du jour.).

Ascension de Darral et Bixio, le 27 juillet 1850.

Réélu par le Doubs à l'Assemblée législative, le , en même temps que par le département de la Seine, Bixio opta pour le Doubs, suivit jusqu'au bout l'inspiration de Cavaignac. C'est vers cette époque qu'il fit, avec Barral, une ascension aérostatique assez périlleuse, et qu'il eut un duel, sans conséquence sérieuse, avec Thiers, au sujet d'un propos attribué à ce dernier, concernant l'élection du .

Au coup d'État du 2 décembre 1851, il fut un des représentants qui se rendirent à la mairie du 10e arrondissement de Paris et y prononcèrent la déchéance du prince-président. Il portait le décret à l'imprimerie, lorsque ses collègues furent arrêtés. Allant aussitôt réclamer sa place parmi eux, il fut emprisonné pendant un mois, mais non pas exilé.

RĂ©orientation et fin de vie

Bixio photographié par Nadar.

Réduit au silence et à l'inaction politique depuis le coup d'État, Bixio rentra dans la vie privée, et ne s'occupa plus que de science et d'entreprises industrielles. Ami et associé des frères Péreire, il administra de grandes entreprises financières: les crédits fonciers français et italien, les chemins de fer italiens, russes et espagnols, le gaz de Paris et les paquebots transatlantiques[9].

Jacques Alexandre Bixio, veuf depuis 1856, mourut le , à l'âge de 57 ans, entouré de ses enfants et amis, dont le médecin Armand Trousseau qui l'assista dans son agonie[10]. Il repose au Cimetière du Montparnasse (division 4). À la cérémonie civile de ses obsèques, le , le prince Jérôme Napoléon, arrivé de Prangins tout exprès dans la nuit, marchait à côté de Nigra, ambassadeur d'Italie à Paris.

Il est le père de Maurice Bixio qui donna son nom à la rue Bixio à Paris. Il est le grand-père de la Comtesse de Kermel et d'Abeille Villard-Gallay.

Le dîner Bixio

Alexandre Bixio avait déjà l'habitude de recevoir des compagnons à son domicile quand il institua, en 1856, une réunion mensuelle d'hommes autour d'un repas nommé dîner des gens d'esprit par le restaurateur Philippe[11] où il eut lieu d'abord, nom auquel les membres du cercle qui se réunirent tous les premiers vendredis du mois préférèrent celui de dîner de vendredi avant d'adopter celui de dîner Bixio à la mort de son fondateur, survenue en 1865. Le dîner fut dirigé ultérieurement par son fils Maurice et par son gendre Camille Depret[12] à la succession desquels fut proposé en 1906 Maurice Depret, petit-fils de Jacques Alexandre et neveu de Maurice Bixio. Tous respectèrent le rite instauré par le fondateur. Les membres étaient au nombre de vingt, les défaillants furent remplacés, par élection à l'unanimité. Les vingt membres initiaux furent les suivants[9]:

Les réunions eurent d'abord lieu au restaurant Philippe, rue Montorgueil, puis, après la mort d'Alexandre Bixio, chez Paul Brébant, boulevard Poissonnière, et à partir de 1892 dans le « Grand Seize » du Café Anglais, démoli en 1913. Elles furent alors transférées chez Voisin et enfin, vers 1924, chez Larue, rue Royale[9].

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Bixio a été réalisée par le graveur Émile Rogat en 1848, après les journées de juin. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 184).

  • FenĂŞtre de la cour intĂ©rieure du Collège Sainte-Barbe, portant le nom d'Alexandre Bixio.
    Fenêtre de la cour intérieure du Collège Sainte-Barbe, portant le nom d'Alexandre Bixio.

Notes et références

  1. Bertrand Gille, Bixio, Giacomo Alessandro in Dizionario Biografico degli Italiani, volume 10; 1968 (voir en ligne)
  2. Tommaso Bixio s'établit ultérieurement à Gênes. Artisan apprécié pour sa connaissance du travail de l'or et pour son intégrité, il fut nommé essayeur en chef à l'Uffizio del Marchio, c'est-à-dire au bureau de contrôle des titres des métaux précieux, service attaché à la douane de Gênes, alors installée dans le Palazzo San Giorgio (Fiorella Bartoccini, Bixio, Nino in Dizionario Biografico degli Italiani, volume 10, 1968 (en ligne), et L’indicatore ossia guida per la città e ducato di Genova, Pagano, 1835, p. 201 (en ligne).
  3. Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné, Alessandro Giacone, La France et l'Italie, histoire de deux nations sœurs de 1660 à nos jours , Paris, Armand Colin, 2016 (en ligne).
  4. Jacomo Alessandro Bixio, Propositions de médecine et de chirurgie, Paris, Didot jeune, 1833.
  5. Jean-Marie Mouthon, Savoyards, Sardes et autres ressortissants de la péninsule italienne docteurs en médecine diplômés à Paris, Montpellier, Strasbourg, Turin et autres universités au XIXe siècle (1792-1900), Châtillon, 2015 (en ligne).
  6. autre éd., 1847 ; Paris, Libraire agricole de la Maison rustique, 1849 ; Paris, id., 1854-1855, 5 vol. in-4°, 1859-1862, 5 vol. in-4°, 1863-1868, 3 vol. in-8°, et 1878-1881, 5 vol. in-4° / v. Florian Reynaud, Les bêtes à cornes dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, 2009, annexe 2 (4. 1834).
  7. Florian Reynaud, Les bêtes à cornes dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, Caen, thèse de doctorat en histoire, 2009, annexe 2 (périodiques).
  8. En hommage à Alexandre Bixio, Émile Rogat frappa la même année une médaille-portrait dont le Musée Carnavalet conserve un exemplaire (voir en ligne), indiquant par erreur sur son site : [...] Alexandre Bixio mort lors des journées de juin 1848. Bixio survéçut à sa blesseure.
  9. Anne Martin-Fugier, « Convivialité masculine au XIXe siècle : les dîners Bixio et Magny », Romantisme, no 137,‎ , p. 49-59 (lire en ligne).
  10. Prosper Mérimée, lettre adressée à Antonio Panizzi le 27 décembre 1865, citée par Robert Baschet dans Mérimée, 1803-1870 : du romantisme au Second Empire (en ligne).
  11. Jules Claretie : Souvenirs du dîner Bixio, Paris, E. Fasquelle, 1924
  12. Camille Depret (1829-1894), négociant en vins, époux d'Hélène Bixio (1839-1902)

Voir aussi

Bibliographie

  • Luc Wetzel: Alexandre Dixio, MontbĂ©liard, Imprimerie et lithographie de Henri Barbier, 1866
  • « Bixio (Jacques-Alexandre) » dans Gustave Vapereau : Dictionnaire universel des contemporains .., L. Hachette, Paris, 1865, p. 197 (voir en ligne).
  • « Jacques Alexandre Bixio », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition]
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