Hospitalisation et mort de Yasser Arafat
Yasser Arafat (en arabe : Ùۧ۳۱ Űč۱ÙۧŰȘ), nĂ© le et prĂ©sident de l'AutoritĂ© palestinienne depuis , meurt le Ă l'hĂŽpital d'instruction des armĂ©es Percy, Ă Clamart (France).
Aggravation de son Ă©tat
Le , et avec l'accord d'IsraĂ«l, une Ă©quipe de mĂ©decins tunisiens se rend dans la soirĂ©e Ă Ramallah, en Cisjordanie, pour examiner Yasser Arafat. Son conseiller Nabil Abou Roudeina affirme que Yasser Arafat est « OK ». Le lendemain, un proche de Yasser Arafat dĂ©clare que les mĂ©decins tunisiens ont diagnostiquĂ© une trĂšs forte grippe. Le , Arafat est autorisĂ© par IsraĂ«l Ă quitter Ramallah oĂč il est confinĂ© depuis fin 2001. Le mercredi , la radio israĂ©lienne publique indique que Yasser Arafat a perdu connaissance[1], une information dĂ©mentie par plusieurs responsables de l'AutoritĂ© Palestinienne. Les autoritĂ©s israĂ©liennes font savoir quâelles autorisaient le prĂ©sident de lâOLP à « se rendre oĂč il veut pour des traitements mĂ©dicaux, y compris Ă lâĂ©tranger ». Tout en prĂ©cisant quâelles ne garantissaient « pas son retour »[2]. Le , l'ĂlysĂ©e annonce la demande en ce sens de l'AutoritĂ© palestinienne. Le , gravement malade, Yasser Arafat quitte Ramallah pour rejoindre la Jordanie, dâoĂč il se rend en France, Ă bord dâun avion mĂ©dicalisĂ©, afin d'ĂȘtre hospitalisĂ© Ă lâhĂŽpital dâinstruction des armĂ©es Percy Ă Clamart[3]. Son Ă©vacuation de son QG de Ramallah a fait l'objet de plusieurs semaines de nĂ©gociations conduites par son Ă©pouse Souha Arafat[4].
Couverture médiatique
Le , des communiquĂ©s de presse annoncent que Yasser Arafat est tombĂ© Ă plusieurs reprises dans le coma, malgrĂ© les soins intensifs qu'il reçoit[4], dans lâunitĂ© de soins intensifs oĂč il Ă©tait entrĂ© la veille. La deuxiĂšme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision israĂ©lienne, ainsi que la radio militaire israĂ©lienne, annoncent la mort de Yasser Arafat, en se basant sur des sources françaises. La correspondante de la radio militaire prĂ©cise quâelle avait obtenu « confirmation de la mort de Yasser Arafat de source française, mais que lâannonce officielle du dĂ©cĂšs du prĂ©sident de lâAutoritĂ© palestinienne devrait ĂȘtre faite par les Palestiniens eux-mĂȘmes »[5]. Des sources françaises et palestiniennes dĂ©mentent alors le dĂ©cĂšs. Le docteur Christian Estripeau, porte-parole du service de santĂ© des armĂ©es, dĂ©clare ainsi que « M. Arafat nâest pas dĂ©cĂ©dĂ© ». Le Premier ministre palestinien de l'Ă©poque, Ahmed QoreĂŻ, dĂ©ment lui aussi la mort clinique du raĂŻs, et Azzam Al-Ahmad, ministre palestinien des communications de l'Ă©poque, dĂ©clare, pour sa part: « Câest faux! Si le prĂ©sident Ă©tait mort, tout le monde le saurait. Mais il est vrai quâil est dans un Ă©tat trĂšs critique »[5]. Des officiels amĂ©ricains dĂ©clarent quâArafat est maintenu en vie par assistance technique jusquâĂ ce que sa famille et les autoritĂ©s françaises, israĂ©liennes et Ă©gyptiennes se mettent dâaccord sur un lieu de sĂ©pulture[6].
Le 9 novembre, une confusion s'installe autour de l'Ă©tat de santĂ© d'Arafat. Le service de santĂ© des armĂ©es françaises indique d'abord Ă lâAFP nâavoir « pas dâinformations supplĂ©mentaires ». Quelques heures plus tard, le mĂ©decin gĂ©nĂ©ral Christian Estripeau dĂ©clare que lâĂ©tat de santĂ© dâArafat sâĂ©tait « aggravĂ© dans la nuit » et que son coma est « plus profond »[7]. Puis lâagence Reuters annonce le mĂȘme jour : « Il est mort » et, Ă Ramallah, le ministre palestinien chargĂ© des nĂ©gociations, SaĂ«b Erakat, affirme Ă lâAFP que Yasser Arafat est « dans un Ă©tat critique, mais encore vivant ». Un ministre palestinien, Ă Ramallah, dĂ©clare Ă son tour Ă lâAFP quâArafat Ă©tait mort le jour mĂȘme : « la question est de savoir comment et quand nous allons lâannoncer. Mais il est mort, câest sĂ»r », ce que dĂ©ment catĂ©goriquement la dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale de Palestine en France de l'Ă©poque, LeĂŻla Shahid, qui dĂ©clare : « Son Ă©tat est mauvais, mais il est toujours en vie »[5].
Le prĂ©sident de la RĂ©publique française Jacques Chirac se rend Ă son chevet et lui exprime « tous ses vĆux » de rĂ©tablissement.
DĂ©cĂšs
Il dĂ©cĂšde officiellement Ă Clamart le , Ă 3h30, heure de Paris, dans la seconde partie du mois de Ramadan. L'annonce est faite par le mĂ©decin-gĂ©nĂ©ral Christian Estripeau, chargĂ© de la communication au service de santĂ© des armĂ©es[8]. Mahmoud Abbas est nommĂ© chef de lâOrganisation de libĂ©ration de la Palestine, Farouk Kaddoumi est Ă©lu chef du Fatah, et Ahmed QoreĂŻ maintenu dans ses fonctions de chef du gouvernement. AprĂšs un hommage officiel Ă lâaĂ©rodrome militaire de Villacoublay, en prĂ©sence du Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, une cĂ©rĂ©monie officielle se tient au Caire, en prĂ©sence de nombreux reprĂ©sentants politiques Ă©trangers. Le 12 novembre, les funĂ©railles de Yasser Arafat commencent Ă 8h50 au club militaire Al-Galaa, Ă HĂ©liopolis, prĂšs de l'aĂ©roport international du Caire, en prĂ©sence de dirigeants arabes et Ă©trangers, mais en l'absence du public[9]. Yasser Arafat est inhumĂ© le 12 novembre, dans la Mouqataâa, son dernier quartier gĂ©nĂ©ral de Ramallah en Cisjordanie dans lequel il a vĂ©cu confinĂ© durant trois ans, le gouvernement israĂ©lien ayant refusĂ© quâil soit enterrĂ© Ă JĂ©rusalem. Yasser Arafat avait Ă plusieurs reprises exprimĂ© le souhait dây ĂȘtre enterrĂ©. Des pressions sont exercĂ©es sur le gouvernement israĂ©lien pendant ses derniers jours pour quâArafat puisse y ĂȘtre inhumĂ©. La journaliste StĂ©phanie Le Bars explique dans le quotidien Le Monde que « Politiquement, la prĂ©sence de la tombe de M. Arafat sur ce site, Ăąprement disputĂ© depuis des dĂ©cennies, Ă©quivaudrait Ă reconnaĂźtre une souverainetĂ© palestinienne sur le lieu saint », « Les IsraĂ©liens craignent, en outre, que le tombeau ne devienne un lieu de pĂšlerinage et de rassemblements. Ils redoutent Ă©galement le dĂ©ferlement de centaines de milliers de Palestiniens en plein cĆur de JĂ©rusalem pour lâenterrement »[5].
Une foule de prĂšs de 100 000 personnes est prĂ©sente pour accueillir sa dĂ©pouille Ă son retour dâĂgypte. L'AutoritĂ© palestinienne a dĂ©crĂ©tĂ© un deuil de quarante jours dans l'ensemble des territoires palestiniens. Les commerces ont Ă©tĂ© fermĂ©s pour trois jours et les administrations pour sept jours. Pendant les quarante jours qui ont suivi son dĂ©cĂšs, les drapeaux sont en berne et toutes les manifestations de joie sont annulĂ©es[10]. Dans la crainte de dĂ©bordements, l'armĂ©e israĂ©lienne a entiĂšrement bouclĂ© la Bande de Gaza et la Cisjordanie.. Arafat est la seule personnalitĂ© Ă avoir connu des obsĂšques sur trois continents diffĂ©rents : Europe (Villacoublay, France), Afrique (le Caire, Ăgypte), Asie (Ramallah, Palestine).
Une nouvelle affaire Ă©clate aprĂšs la mort dâArafat. Un certificat de dĂ©cĂšs atteste quâil serait nĂ© Ă JĂ©rusalem. IsraĂ«l envoie des documents Ă la municipalitĂ© de Clamart et Ă Dominique de Villepin, ministre de lâIntĂ©rieur Ă lâĂ©poque, attestant quâArafat est nĂ© au Caire, et demande des explications Ă la France. La municipalitĂ© de Clamart indique avoir fourni l'attestation sur prĂ©sentation de la traduction assermentĂ© d'un document en arabe fourni par la famille.
RĂ©actions internationales
France :
Jacques Chirac est le premier chef d'Ătat Ă rĂ©agir. Il dĂ©clare « ĂgĂ© de 75 ans, Abou Amar, de son nom de guerre, a pendant un demi-siĂšcle incarnĂ© la Palestine, donnant une crĂ©dibilitĂ© internationale Ă lâespoir dâun Ătat palestinien, mais sans jamais parvenir Ă concrĂ©tiser cette ambition ni accomplir son rĂȘve de prier Ă JĂ©rusalem »[5].
Vatican :
Le Pape Jean-Paul II, qui a rencontrĂ© huit fois le leader palestinien a priĂ© pour que « Dieu dans sa misĂ©ricorde accueille lâĂąme de lâillustre dĂ©funt et concĂšde la paix Ă la Terre Sainte, avec deux Ătats indĂ©pendants et souverains, pleinement rĂ©conciliĂ©s entre eux », selon le porte-parole du Vatican.
ONU :
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâONU Kofi Annan, « profondĂ©ment Ă©mu », a exhortĂ© Ă une relance des efforts de paix israĂ©lo-palestiniens. Pour la Ligue arabe, câest Ă©galement une « grande perte »., Ă lâinstar de ce que ressent le continent africain[11].
Salvador :
Au Salvador, un parc dans le centre-ville de la capitale a été rebaptisé à son nom pour lui rendre hommage[12].
Turquie :
Une journée de deuil national est décrétée en Turquie le jour de ses funérailles.
Ătats-Unis :
Aux Ătats-Unis, les rĂ©actions sont partagĂ©es. Si le Christian Science Monitor, le Los Angeles Times ou le Washington Post voient en Arafat un leader palestinien, dâautres journaux conservateurs dĂ©crivent Arafat comme « un mafioso corrompu et brutal »[13]. Le prĂ©sident amĂ©ricain, George W. Bush, qui a prĂ©sentĂ© Arafat comme un obstacle Ă la paix, dĂ©clare "Nous espĂ©rons que l'avenir apportera la paix et la rĂ©alisation des aspirations Ă une Palestine indĂ©pendante et dĂ©mocratique, en paix avec ses voisins"[14].
Israël :
CĂŽtĂ© israĂ©lien, deux types de discours ont Ă©tĂ© prononcĂ©s. Shimon PĂ©rĂšs, qui avait participĂ© aux accords dâOslo avec Arafat, a employĂ© un discours assez compatissant avec le peuple palestinien et qui insiste sur l'image du pĂšre : « les Palestiniens voient dans Arafat le pĂšre de leur nation. Comme un pĂšre, il a fait beaucoup pour ses enfants, mais il les a aussi protĂ©gĂ©s de façon excessive. Ses efforts incessants ont portĂ© la cause palestinienne au premier rang des prĂ©occupations mondiales (âŠ). La mort dâun pĂšre crĂ©e toujours une profonde douleur, mais câest aussi lâoccasion pour les Palestiniens de se comporter comme un adulte en pleine maturitĂ© ». Ariel Sharon, Premier ministre israĂ©lien de l'Ă©poque, dĂ©clare que « Les rĂ©cents Ă©vĂšnements pourraient constituer un tournant historique au Proche-Orient. IsraĂ«l est un pays qui cherche la paix et qui poursuivra ses efforts pour aboutir Ă un accord de paix avec les Palestiniens sans retard »[5]. Le ministre de la Justice Yossef Lapid et l'ancien Premier ministre ont insistĂ© sur lâimage du terroriste. Yossef dĂ©clare « Je lâai haĂŻ pour la mort dâIsraĂ©liens. Je lâai haĂŻ pour nâavoir pas laissĂ© le processus de paix (âŠ) aller de lâavant. Câest lâune des tragĂ©dies du monde quâil nâait pas compris que le terrorisme qui a commencĂ© ici sâest rĂ©pandu au monde entier » et Barak « le rĂšgne dâArafat Ă©tait une tragĂ©die pour son peuple et pour nous. Son but nâĂ©tait pas de parvenir Ă la paix, mais dâentretenir le terrorisme et la violence. Il Ă©tait et demeurera un dirigeant terroriste et corrompu »[5].
Conséquences
Question de sa succession
La question de la succession de Yasser Arafat Ă©tait l'un des thĂšmes rĂ©currents durant les deux semaines de son hospitalisation. Le quotidien israĂ©lien Maariv annonçait que Yasser Arafat avait rĂ©digĂ© un testament dans lequel il dĂ©signait comme successeur Farouk Kaddoumi, chef du dĂ©partement politique (affaires Ă©trangĂšres) de lâOLP de lâĂ©poque[5]. Les mĂ©dias français voient en Marouane Barghouti, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Fatah en Cisjordanie et emprisonnĂ© en IsraĂ«l, comme un successeur potentiel Ă la tĂȘte de lâAutoritĂ© palestinienne. Des noms comme Mohammed Dahlan et de Mahmoud Abbas circulent Ă©galement, ce dernier soupçonnant Dahlan d'avoir une part dans la mort du leader palestinien[15]. LâĂ©lection prĂ©sidentielle palestinienne de 2005 se dĂ©roule le 9 janvier suivant la mort dâArafat et dĂ©signe Mahmoud Abbas comme nouveau PrĂ©sident de lâAutoritĂ© palestinienne. Comme stipulĂ© dans la Constitution palestinienne, le prĂ©sident du Parlement Rawhi Fattuh assure l'intĂ©rim[16].
La mort d'Arafat provoque un changement important dans l'équilibre des forces entre le Fatah et le Hamas[17]. Ce dernier remporte les élections municipales de 2005 organisées par Mahmoud Abbas puis les élections législatives de 2006.
Rumeurs et thÚses du décÚs
DĂšs la mort de Yasser Arafat, de nombreuses rumeurs circulent sur la cause de son dĂ©cĂšs. Certains des partisans de ce dernier accusent les autoritĂ©s israĂ©liennes dâavoir provoquĂ© la mort de leur leader par empoisonnement, en prĂ©textant que le poison est l'arme favorite du Mossad[4], ce que nie IsraĂ«l. Dâautres rumeurs disent quâArafat est atteint du VIH et ses dĂ©tracteurs lui reprochent dâĂȘtre homosexuel. D'autres affirment qu'Arafat a Ă©tĂ© la victime de son propre camp dĂ©sireux de tourner rapidement une nouvelle page de l'histoire palestinienne[4]. Souha Arafat accuse Mahmoud Abbas et Ahmed QoreĂŻ de vouloir l'« enterrer vivant » pour hĂ©riter de son pouvoir, dans une dĂ©claration Ă Al Jazeera. Le dossier mĂ©dical d'Arafat rĂ©vĂšle qu'il est victime dans ses derniers jours d'une coagulation intravasculaire dissĂ©minĂ©e et d'une « dĂ©faillance polyviscĂ©rale avec atteinte hĂ©patique et rĂ©nale » qui rĂ©sulte d'une « violente agression initiale, infectieuse, traumatique ou chirurgicale »[18].
Ces rumeurs prennent de l'ampleur lorsqu'en , le journaliste Clayton Swisher (en) de la chaĂźne al-Jazeera contacte Souha Arafat, lui conseillant de rouvrir le dossier et de faire expertiser les affaires et les objets que portaient son mari durant les derniers jours de sa vie[15]. Le documentaire d'al-Jazeera What Killed Arafat ? paru le rĂ©vĂšle des doses anormalement Ă©levĂ©es de polonium sur ses vĂȘtements, ce qui incite la veuve du chef de l'AutoritĂ© palestinienne Ă porter plainte contre X en France pour assassinat le [19]. L'exhumation du corps d'Arafat[20], le , est suivie de prĂ©lĂšvements analysĂ©s par des experts français, suisses et russes dans des laboratoires de ces trois pays[21].
PremiĂšres hypothĂšses d'empoisonnement
Selon son neveu, Nasser Al-Qidwa, qui a reçu le dossier mĂ©dical composĂ© de 558 pages du document (plus des radiographies), lâhypothĂšse dâun empoisonnement nâest pas exclue bien quâ« aucun poison connu » nâait Ă©tĂ© dĂ©celĂ©. Le mĂ©decin jordanien Ashraf Al-Kourdi, mĂ©decin des diffĂ©rents rois de Jordanie et qui suivait Ă©galement le prĂ©sident palestinien, avait examinĂ© Arafat durant la phase critique de sa maladie, avant son transfert en France et il a dĂ©clarĂ© avoir perçu des indices dâempoisonnement peu aprĂšs le dĂ©cĂšs de Arafat[22]. Certaines sources affirment que Souha Arafat a saisi la justice pour quâaucune information de son dossier mĂ©dical ne soit transmise et aurait refusĂ© une offre de 2 millions de dollars en Ă©change de lâaccĂšs au dossier mĂ©dical dâArafat[23]. L'autopsie pratiquĂ©e par les mĂ©decins militaires français ne rĂ©vĂšle aucune trace de poison connu[4].
HypothĂšse du Sida
Un an aprĂšs la mort dâArafat, Ahmed QoreĂŻ, le premier ministre Ă lâĂ©poque, a annoncĂ© que les raisons de la mort de Yasser Arafat restaient toujours mystĂ©rieuses. Selon lui, aucune trace de virus, de germe, du VIH ou de bactĂ©rie nâa Ă©tĂ© trouvĂ©e[24]. En effet, les mĂ©decins tunisiens qui ont examinĂ© Arafat ont procĂ©dĂ© Ă un test VIH qui sâest rĂ©vĂ©lĂ© nĂ©gatif. Selon un expert israĂ©lien « Il est inconcevable quâune maladie qui a durĂ© deux semaines, avec de terribles diarrhĂ©es, des vomissements violents, de graves problĂšmes du systĂšme digestif, et qui a produit de sĂ©rieux phĂ©nomĂšnes de coagulation ait Ă©tĂ© provoquĂ©e par le sida ».
Dâautres experts, consultĂ©s par le quotidien israĂ©lien Ha'aretz, qui sâest Ă©galement procurĂ© le rapport mĂ©dical, tiennent cependant un discours diffĂ©rent[25]. Selon ce journal, les thĂšses de lâempoisonnement ou du sida sont Ă privilĂ©gier au vu du rapport. Mais, dans leur article, les journalistes Amos Harel et Avi Isacharoff, citant un expert israĂ©lien, qualifient de « trĂšs petite » la possibilitĂ© quâArafat ait contractĂ© le sida[22]. Ces experts israĂ©liens concluent que lâhypothĂšse la plus vraisemblable est que Yasser Arafat aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ© lors dâun dĂźner le [26].
HypothÚse avancée par le Canard enchaßné
Le Canard enchaĂźnĂ©, dans son Ă©dition du , citant des mĂ©decins « ayant eu accĂšs au patient Arafat et Ă son dossier », affirme que « les causes de son dĂ©cĂšs sont multiples ». Le journal affirme qu'Arafat Ă©tait atteint d'une cirrhose bien qu'il fĂ»t « un vrai buveur d'eau ». DĂšs son admission Ă l'hĂŽpital militaire Percy de Clamart, Ă©crit l'hebdomadaire, les mĂ©decins « suspectent de graves lĂ©sions hĂ©patiques » susceptibles de perturber la formule sanguine, d'oĂč son placement en hĂ©matologie. Si le diagnostic de leucĂ©mie est « vite Ă©cartĂ©, poursuit le Canard enchaĂźnĂ©, le foie est effectivement en mauvais Ă©tat ». « Pour un public non averti, cirrhose, ça veut dire alcoolo. Et dans le contexte, ça n'Ă©tait pas possible », explique un mĂ©decin de Percy, citĂ© par le journal. Le Canard enchaĂźnĂ© souligne encore que, selon les mĂ©decins, « les conditions de vie qui ont Ă©tĂ© faites ces trois derniĂšres annĂ©es n'ont pas arrangĂ© les choses » et qu'il « n'a pu bĂ©nĂ©ficier de soins adaptĂ©s Ă son Ă©tat »[27].
ThÚse de l'empoisonnement relancée par les experts suisses
Le , la revue médicale The Lancet, qui fait autorité mondiale en matiÚre de publications scientifiques, publie un rapport intermédiaire des analyses conduites dans le cadre des procédures judiciaires lancées pour établir les causes du décÚs de Yasser Arafat[28]. Les six experts[29] qui signent l'article établissent la « possibilité » d'un empoisonnement avec une substance radioactive. Ayant travaillé sur des effets portés ou utilisés par le leader palestinien avant sa mort, ils ont mis en évidence une radio-activité élevée au polonium 210.
Comme le relĂšve Le Nouvel Observateur[30], « aucune preuve » ne peut ĂȘtre apportĂ©e sur les circonstances qui ont conduit Ă l'introduction de ces Ă©lĂ©ments radio-actifs dans le corps d'Arafat. Mais les chercheurs suisses confirment que les syndromes gastro-intestinaux ininterrompus constatĂ©s lors du dĂ©cĂšs de Yasser Arafat, trouvent leur explication dans lâirradiation importante dont ils viennent de dĂ©couvrir la cause.
L'hebdomadaire souligne que le polonium 210 est « hautement toxique à petite dose » (« 250 000 fois plus que le cyanure ») et « qu'il n'existe aucun traitement pour évacuer cette substance de l'organisme ». Il rappelle le précédent de l'opposant russe Alexandre Litvinenko a été, en 2006, empoisonné par une dose de plusieurs microgrammes de polonium introduits dans sa « tasse de thé ».
Une étude faite par le mensuel anversois Joods Actueel (en), auprÚs de plusieurs experts, démontre que les conclusions ne se basent pas sur des éléments scientifiques[31].
Au contraire de l'expertise suisse, lâagence fĂ©dĂ©rale russe, par la voie d'une dĂ©pĂȘche d'agence et sans publier de rapport scientifique, rejette la possibilitĂ© d'un empoisonnement, car ses experts « nâont pas trouvĂ© trace de cette substance » (polonium 210) sur les Ă©chantillons qu'ils ont examinĂ©s[32].
Selon Rudi Roth du mensuel Joods Actueel, le CHUV admet dans un article scientifique publié le dans la revue Forensic Science International[33] que leur analyse ne permet pas de trouver des preuves directes de l'empoisonnement d'Arafat[34]. Le CHUV confirme dans leur texte "Frequently asked questions regarding the expertise conducted on President Yasser Arafat's personal belongings and remains" qu'ils ne peuvent donner par le manque de preuves probantes, une probabilité concernant l'hypothÚse de l'empoisonnement mais précisent toutefois pouvoir conclure sur base d'un analyse bayesienne non-chiffrée que « dans le cadre de l'hypothÚse de l'empoisonnement au polonium toutes leurs observations étaient plus cohérentes qu'avec l'hypothÚse alternative selon laquelle la personne impliquée n'aurait pas été empoisonnée au polonium »[35].
L'enquĂȘte en justice
Ă la demande de Souha Arafat, la veuve de Yasser Arafat, la justice française avait ouvert une enquĂȘte pour assassinat de l'ancien chef d'Ătat palestinien.
La veuve d'Arafat avait fait appel du premier non-lieu en et demandĂ© l'annulation d'une expertise-clĂ© pour l'enquĂȘte.
La justice française a confirmĂ© le le non-lieu prononcĂ© par les magistrats chargĂ©s de l'enquĂȘte pour "assassinat" ouverte aprĂšs la mort en 2004 de Yasser Arafat[36].
Le 2 juillet 2021 la CEDH rejette une requĂȘte dĂ©posĂ©e par la veuve et la fille de Yasser Arafat. Elle juge que « lâenquĂȘte conduite par la justice française avait Ă©tĂ© sĂ©rieuse et quâelle ne portait pas atteinte au droit Ă un procĂšs Ă©quitable[37] ».
Couverture médiatique
Pratiquement toute la presse mondiale avait relatĂ© son empoisonnement probable aprĂšs l'enquĂȘte du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Les dĂ©cisions de la cour de justice en France basĂ©es sur les enquĂȘtes françaises et qui ont classĂ© toute l'affaire sont publiĂ©es dans plusieurs mĂ©dia et CNN a repris un des articles successifs du CHUV qui expliquaient que leur dĂ©cision ne se basait que sur des considĂ©rations gĂ©nĂ©rales Ă cause du manque de preuves directes[38] - [39].
On retrouve l'information concernant la décision en appel dans une dizaine de média comme BFMTV[40], 7sur7.be[41], la RTBF[36], Tribune de GénÚve[42], L'Essentiel.lu[43], le Daily Mail[44], British Telecom site[45], le Belfast Telegraph de l'Irlande du Nord[46], Radio Algérie[47], le Daily Star du Liban[48], CTV Canada[49], National Post Canada[50], 24News Canada[51], Telesurtv Venezuela[52] et CNN[53].
Notes et références
- De Ramallah à Clamart, les derniers jours du président de l'Autorité palestinienne Le Monde (consulté le 5 mars 2007)
- Le Président Arafat, dans un état critique, sera soigné à Paris Al oufok (consulté le 6 mars 2007)
- Yasser Arafat, malade, va ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă Paris Le Monde (consultĂ© le 5 mars 2007)
- Tsahal de Pierre Razoux, p. 467
- La reprĂ©sentation du conflit israĂ©lo-palestinien Ă travers le traitement mĂ©diatique de lâ« Ăšre-Arafat » de Pommeray Anica (consultĂ© le 2 mars 2007)
- (en) Arafat in coma as concerns increase over burial CNN
- Quatre hauts dirigeants palestiniens sont à Paris pour rencontrer MM. Chirac et Arafat Le Monde (consulté le 5 mars 2007)
- Jeune Afrique
- Heure par heure : depuis l'annonce de la mort de Yasser Arafat à son départ pour Le Caire Le Monde (consulté 5 mars 2007)
- Yasser Arafat est mort Le Monde (consulté le 17 février 2007)
- Yasser Arafat est mort Afrik (consulté le 28 octobre 2006)
- (en) Row over El Salvador Arafat park, BBC News, (consulté le 17 novembre 2006)
- SynthĂšse de la presse amĂ©ricaine du 6 au 12 novembre 2004 Ambassade des Ătats-Unis en France (consultĂ© le 15 dĂ©cembre 2006)
- Les dirigeants internationaux présentent leurs condoléances Le Monde (consulté le 5 mars 2007)
- Thomas Liabot, « "La France n'a pas dit la vérité sur la mort d'Arafat" », sur leJDD.fr,
- Yasser Arafat Medea (consulté le 17 février 2007)
- Tsahal de Pierre Razoux p. 467
- Emmanuel Faux, « Affaire Arafat: la France a-t-elle quelque chose à cacher? », sur Huffington Post,
- « Arafat : une enquĂȘte ouverte en France pour assassinat », sur Le Figaro,
- (en) Chris McGreal, « Yasser Arafat exhumed and reburied in six-hour night mission », sur The Guardian,
- Adrien Jaulmes, « Des prélÚvements réalisés sur le corps d'Arafat », sur Le Figaro,
- Yasser Arafat a-t-il été assassiné ? Amnon Kapeliouk, Le Monde diplomatique (consulté le 25 novembre 2006)
- Report: French falsified Arafat death certificate and suppress its release Israel insinder (consulté le 28 novembre 2006)
- (en) Palestinians: Cause of Arafat death remains a mystery, USA Today (consulté le 26 novembre 2006)
- (en) Haâaretz sur la mort dâArafat
- Haâaretz (lien cassĂ©)
- Selon le Canard EnchaĂźnĂ© : Arafat Ă©tait atteint dâune cirrhose du foie (sic) Bab el Web (consultĂ© le 5 mars 2007)
- The Lancet - 12/10/2013 - Improving forensic investigation for polonium poisoning|http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(13)61834-6/fulltext
- Pascal Froidevaux PhD a, Sébastien Baechler PhD a, Claude J Bailat PhD a, Vincent Castella PhD b, Marc Augsburger PhD b, Katarzyna Michaud MD b, Patrice Mangin MD b, Dr François O Bochud PhD - équipe scientifique de l'institut de radiophysique de Lausanne|http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(13)61834-6/fulltext
- La thÚse de l'empoisonnement relancée : Yasser Arafat aurait ingéré du polonium 210 - Audrey Vaugrente - 14/10/2013|http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/Yasser-Arafat-aurait-aurait-ingere-du-polonium-210--3952.html
- Deskundigen maken brandhout van Arafatrapport na vraag Belgische onderzoeker
- AFP cité par Liberation du 15.10.2013
- 210Po poisoning as cause of death: forensic investigations and toxological analysis of the remains of Yasser Arafat, Pascal Froidevaux & al., Forensic Science International, 30 novembre 2015
- Two years after, the CHUV (Swiss scientists) admits no proof of Arafat's poisoning, Rudi Roth, Joods Actueel
- Frequently asked questions regarding the expertise conducted on President Yasser Arafat's personal belongings and remains Lausanne, 15 décembre 2015 (version corrigée du 15 février 2016)
- EnquĂȘte française sur la mort de Yasser Arafat: non-lieu confirmĂ© en appel
- Nicolas Bernard, « Mort de Yasser Arafat : la CEDH porte un coup dur aux thĂ©ories du complot », Conspiracy Watch,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- 210Po poisoning as possible cause of death: forensic investigations and toxicological analysis of the remains of Yasser Arafat
- {http://www.chuv.ch/ira/ira-arafat-faq.pdf Frequently asked questions regarding the expertise conducted on President Yasser Arafat's personal belongings and remains]
- EnquĂȘte sur la mort de Yasser Arafat: non-lieu confirmĂ© en appel
- Non-lieu pour la thĂšse de l'assassinat d'Arafat
- Mort d'Arafat: non-lieu confirmé en appel
- Mahmoud Abbas dit savoir qui a «tué» Arafat
- French court: no murder trial into Arafat's death
- French court rules out murder probe over Yasser Arafat's death
- French court rules out Yasser Arafat murder investigation
- EnquĂȘte sur la mort de Yasser Arafat en France: non-lieu confirmĂ© en appel
- French court: no murder trial into Arafat's death
- No murder trial into Yasser Arafat's death, French court rules
- No evidence of poisoning: French court wonât reopen investigation of Yasser Arafatâs death
- No murder trial into Yasser Arafat's death, French court rules
- Justicia francesa cierra caso sobre la muerte de Yasser Arafat
- Yasser Arafat Fast Facts
Voir aussi
Bibliographie
- Emmanuel Faux, L'affaire Arafat, l'Ă©trange mort du leader palestinien, Ă©ditions de l'Archipel, , 240 p. (lire en ligne)
Article connexe
Liens externes
- (en) Al Jazeera Investigates - What Killed Arafat?, Al Jazeera
- (en) Arafat's death: Global reaction in quotes, BBC News